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"Le don" et "Animus"

Le don
Antonia Iliescu

            Je viens de recevoir un don. Mais pas n’importe lequel. Un don qui oblige à un autre, comme une réaction en chaîne. Don y contenant le tout ou le rien, don qui peut être explosif, s’il n’est pas bien contrôlé, tout comme les réactions en chaîne. Don non palpable et sans prix, mais inestimable, comme le don intime de noce. Don de la grande rencontre avec le monde extérieur, invitation à danser avec l’esprit du monde. Don qui m’arrache les jours et les nuits, dissèque sans pitié mon être en l’éparpillant dans le monde, broyé mais heureux de pouvoir toucher intimement chaque homme. Sel fin du sel grumeleux passé par le mortier, sel qui a enduré des coups et des écrasements pour se faire petit, le sel de la vie prête à se dissoudre dans les eaux du monde, dans les consciences. Don grand qui demande de te faire petit. Ce don qui ordonne est le moment de pause pour l’introspection. C’est le début de l’œuvre au rouge, quand on se jette dans sa propre philosophie. La philosophie de ta propre vie, petite et insignifiante, en tenant dans une main l’œuvre au noir et dans l’autre l’œuvre au blanc. Je sorts lentement, péniblement de mon athanor, pour prendre en possession mon don, tremblant d’émotion. Et je remercie le donneur.

            J’ai reçu comme don un livre. Un don à courte portée mais aussi à longue portée. « Courte », car ce petit livre me met immédiatement au travail, en me faisant sortir du poison d’une vie intellectuelle terne. « Longue », car il m’invite à parcourir un long chemin, renversé, depuis la fin vers le début, un chemin malaisé qui m’oblige à me contempler de l’intérieur, pour un jugement d’aujourd’hui, chemin difficile parmi des papiers mélangés et souvenirs emmêlés, dont il faut que je trouve le sens. J’ai reçu un livre. Mais pas n’importe lequel comme ceux qu’on peut toucher des yeux et peser des mains et qu’on dépose sur une étagère dès qu’on l’a fini, plus en avant ou plus en arrière, selon le besoin de le relire en jour, dans un futur d’une longueur relative. J’ai reçu aujourd’hui le don total, dans le sens du « en donnant tu recevras », don qui enrichit également le receveur et le donneur. J’ai reçu un don multiple, étant offert à la fois à moi et au monde entier.

            J’ai reçu comme don un livre non écrit. On m’a offert mon livre que je n’ai pas encore écrit, le don invisible, qui concentre toute la matière et toute l’énergie du petit univers que je suis maintenant, ici et peut-être pour quelques secondes encore dans un minuscule méandre du Grand Infini. Je feuillette ses pages invisibles, signe que je prends note. Signe que j’ai déjà commencé à écrire. C’est un don pour moi, qui se fera don de moi.

 

16 décembre 2005

 

 

ANIMUS

Antonia Iliescu

Motto : « Je suis Une, mais opposée à moi-même. Je suis à la fois « adolescent » et « vieillard ». Je n'ai connu ni père, ni mère parce que l'on doit me tirer de la profondeur comme un poisson ou parce que je tombe du ciel comme une pierre blanche. Je rôde par les forêts et les montagnes, mais je suis cachée au plus intime de l'homme. Je suis mortelle pour chacun et cependant la succession des temps ne me touche pas. »

Carl Gustave Jung  « Ma vie »

Cher Maître,

Comment suis-je arrivée à vous connaître, vous vous demandez peut-être... Eh bien, par pur hasard. Un jour elle a pris un livre sur l’étagère : c’était « Ma vie ». Dès les premières pages, elle s’est immédiatement rendue compte à qui s’adressait ce genre de texte et qui serait en mesure de le comprendre; c’est ainsi qu’elle me le confia un dimanche, le Jour du Seigneur. Disait-elle: „Dora, tiens, un livre pour toi. Que dirais-tu de le lire? Ce serait une occasion de vérifier si c’est bien lui l’homme arc-en-ciel, que tu cherchais depuis ton enfance”.

C’est ainsi qu’elle a mis dans mes bras une multitude de mondes avec des créatures de mon espèce, quelques-unes plus distantes et plus étranges, d’autres plus amicales, qui me ressemblaient en quelque sorte. Vous, cher Maître, m’êtes apparu à la fois étrange, distant et amical. C’est pour ça que je vous écris à cette heure tardive de la nuit, quand je peux enfin me libérer de la tutelle de la femme. Elle jette des coups d’œil furtifs à tout ce que je fais et je n’aime pas. Je suis suffoquée de sa présence tatillonne, de scientifique qui veut tout analyser, même les fines poussières tombant des meubles. Elle veut tout savoir et tout organiser, elle dissèque toute chose aussi petite soit-elle; elle réduit l’entier en miettes, met les insectes au microscope et les abeilles au microphone, pour étudier leurs harmoniques. Elle ne sait plus ce que c’est que la poésie de la vie. L’air marin, au lieu de le percevoir comme nous, comme une brise suave dans laquelle « respire doucement Jésus » - comme le disait le frère Omar Kahyam – elle ne voit que des pourcentages : autant pour cent  d’azote, autant pour cent d’oxygène, d’hydrogène, d’argon... Le mystère de toute chose elle le met dans un minuscule mortier en or (qu’elle tient dans son cerveau), pour ensuite le réduire en particules à peine visibles qu’elle analyse après au spectromètre de masse et RMN[1]. Elle haït tout ce qu’elle ne peut pas comprendre. Je m’étonne comment j’ai pu échapper saine et sauve ! Quelle chance ! C’est donc moi seule qui pourrais comprendre vos pensées, sans les émietter, sans les écraser, sans les couper en morceaux. Oh, combien elles sont belles !

Je vous remercie pour l’invitation de participer avec vos amis à « La table ronde », à Böllingen. Je me suis sentie tellement bien dans votre tour aux murs arrondis et blancs. Je les adore ! J’ai déjà eu un premier frisson, quand vous avez parlé de synchronicité. Car vous devez savoir que ma résurrection s’est produite suite à quelques « synchronicités » comme vous nommez toutes ces bizarres coïncidences qui nous transforment la vie. Et la Vierge, n’a cessé de donner des « signes » à la femme, après la mort de son père. Ces signes venaient sur des ailes arc-en-ciel. Et je me dis alors : « Le saint Graal hante toujours les pensées des chevaliers. Le calice d’émeraude, n’est pas encore trouvé, mais certains boivent depuis longtemps l’élixir vivifiant qu’il contient ».

J’aurais encore un tas de choses à vous dire, mais je dois mettre un point, car la femme curieuse pourrait se rendre compte de ce que je suis en train de faire et alors elle effacera tout ! Je suis forcée de me cacher, car elle est extrêmement lucide et exigeante. Elle détruit tout !

En ce qui vous concerne, j’ai un soupçon : vous avez déjà trouvé la pierre philosophale, n’est-ce pas ? Après l’avoir vidée de son pouvoir, en lui arrachant son secret, vous l’avez détruite (hm !... sur ce point, vous et la femme vous avez quelque chose en commun). Ensuite, les remords vous ont envahi et alors vous avez pensé la partager avec les gens. Vous avez jeté la poudre philosophale dans le monde et vous avez  ri sous votre cape : « Vous n’avez qu’à  recomposer le mystère de la pierre. C’est en définitif votre devoir… enfin, le devoir de quelques uns, sûrement pas le devoir de tous ».

Je ne sais pas combien d’entre nous serons capables de recomposer le mystère de la pierre. Nous demeurerons, nous aussi, penchés sur les eaux, des jours et des nuits, en cueillant l’or des sables souillés de boue ; ou nous nous égarerons dans les déserts, agenouillés sur les grains de sable sec, en cherchant des yeux brûlés de soleil et de ténèbres, les miettes de lumières dissipées dans les mondes qui furent avant nous, jusqu’à nous.

Tonia vient juste de terminer la lecture d’un livre. Elle est occupée : elle pense. Je l’ai surprise imaginer un plan. Je l’ai vue fouiller dans sa mémoire. Elle a pris le crayon et a commencé à gribouiller quelque chose dans un cahier. C’est comme ça que j’ai pu m’échapper et arracher ces quelques instants à ma vie éphémère, pour vous les offrir.

Salutations de ma part à  Anima et à  bientôt (ou à aussi longtemps qu’elle me laissera vivre),

Dora-Dor

*

Mon cher Maître, je m’excuse si je vous ai importuné avec mes extravagances. Ai-je fait une fois de plus l’une de ces bêtises ? En jugeant selon votre silence ce dernier temps, je dirais oui. Voilà pourquoi je vous écris. La femme est triste. Elle s’égare toujours parmi des choses impossibles, comme si elle voulait être sûre que rien ne s’accomplira jamais. Elle s’attache à des causes perdues et veut refaire toute seule l’histoire du monde ; plus que ça, elle veut la revivre ! Elle est toujours avide des mystères. Finalement, en jouant avec le feu, elle devint ce qu’elle devait devenir : « un ange chassé ». Pourrions-nous la mettre sur la bonne voie ? C’est à cette fin que je vous envoie ces quelques récits ci-dessous. Ainsi pourriez-vous, peut-être, vous faire tout seul une idée de la façon dont elle juge la vie en général et surtout de la façon dont elle me voit.
A vous, cordialement, Dora-Dor

 

(fragments du livre « Dora-Dor ou le chemin entre deux portes » - Antonia Iliescu, Kogaïon Edition, Bucarest 2006)

 



[1] Résonance Magnétique Nucléaire

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Eté trop court.

 

Ephémère été,

tout juste né,

froid comme le fer,

le baiser d’une mère,

à peine posé, que reparti déjà;

confisquée, pleurée,

l’éternelle disparue,

écrite enfin,

sans fin.

 

Ephémère été,

tout juste né,

par l’automne bousculé déjà,

chute de toi sur le sol mordoré;

neige d’août,

partout !

 

Ephémère été,

tout juste né,

à ton enneigement tiède,

se mêlent les crinolines

des roses inanimées, défuntes

avant la fin du bal,

étrangement étincelantes !

 

Oh larmes,

sur ma joue des couteaux,

puissent-elles les bénir,

les faire refleurir,

puis rire dans le sein de

septembre ?

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Fin de saison,

La glissade du soleil

sur la toiture bleue ;

des bribes d’été

s’y aventurent encore

un peu.

 

Alliage exceptionnel

de l’ardoise et du feu ;

enlacement !

 

Il pleut à peine, tout

doucement. 

 

A quelques chemins

de là, la mer d’étain

s’étire, montante et

rugissante, infinie.

 

Là-bas, vos yeux je les

devine pleins de pluie et

de bruits ; seuls qui

expirent !

 

Chagrin d’hiver

balloté et perdu entre l’été

et l’automne, l'asphalte et

l'eau ; pudique !

 

Ici, mes lèvres dénutries,

de ne pouvoir les toucher,

sont devenues mutiques et

hermétiques.

 

Elles pâlissent, puis sont

bues, avalées par ma peine

trop lourde ; ne plus jamais

vous revoir.

 

Alors,

 

la mer, à marée basse tout le

temps.

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Louise,

 

 

Louise,

une petite fille,

qui attend, s’enfuit

tout le temps,

 les cheveux fous

devant ses yeux

perdus et bleus,

partout.

 

Louise,

près d’un manège est assise,

solitaire, silencieuse,

le cœur prêt à bondir,

pour dire toute la

lourdeur qu’elle porte

dans son corps qui

l’insupporte, d’où

elle ne peut sortir.

 

Louise,

porte tout, toute seule,

même le secret et les

violences des grands !

 

Alors,

chaque jour, elle vient ici,

simplement pour regarder

ce manège tourner

continuellement, puis

entendre  rire ses pairs,

dont les visages superbes

sont marqués par

d’inlassables baisers.

 

Louise,

unique pour personne,

aperçoit une vieille petite fille,

toute petite et fragile

qui s’approche d’elle, le

cœur absent, la tête déjà

partie ; c’est sa mère, dont

elle a un peu honte, dont

elle écoute les mots du matin

jusqu’au soir, ou bien

les silences très noirs.

 

Ces mots qui font mourir,

ou écrire.

 

Louise a choisi de vivre.

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Ma fille,

 

Ma fille,

ma petite terre,

ma boule de chaleur,

ma laine soyeuse, précieuse,

cette vie si grande

de la mienne si proche.

 

D’elle tu y prends ton envol,

tu t’y détaches joyeusement,

attachée mais libre.

 

De presqu’ile sur la mer,

te voilà devenue île

nouvelle et prospère,

verte et fertile,

les plus beaux fruits, les

plus belles fleurs y voient

le jour, sans fin grandissent,

nourrissent et réjouissent

mon cœur et puis ma tête,

de mère.

 

Réciproquement.

 

Ma fille, te voilà femme.

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Poésie,

 

 

Nulle peau, excepté celle des mots que j’écris ne m’atteint,

ne me touche pour de vrai.

 

Sous elle, une chair bleue et chaude palpite, respire le ciel et

la terre, réunis en un corps magnifique, nourricier et infini ;

le parfum de la mer imprègne toute ma tête, l’enivre,

la désincarcère.

 

Oh mon âme n’est point grise mais toute bleue et limpide.

 

Écriture ; vague à l’âme qui respire bien trop fort, s’abandonne ;

puis ce jardin non éclos en soi, vêtu d’ombres, s’ensoleille pour

vous, fleurit et se donne, s’ouvre pour ne jamais mourir.

 

J’y vois des fleurs extrêmement rouges, plus vivantes que les

autres, résistantes,  un peu à part, qui parlent une langue

étrange, minoritaire, que les anges connaissent par

cœur, ainsi que les enfants.

 

Les hommes, les femmes, de temps-en-temps

la balbutient.

 

Multicolore.

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La Chatte,

Sur l’allée bleue et chaude,

une chatte douce et brune

s’étire, se prélasse un instant,

les arbres se sont tus,

silence absolu,

la bise inlassable sur elle

n’en finit plus,

s’éternise.

 

Chut, écoutez la frémir

lorsqu’elle rêve, lovée,

toute petite et tiède dans

l’herbe délaissée.

 

Dissimulée, tranquille,

peinarde,  elle dort !

 

Sur l’allée bleue et chaude,

deux agates ourlées d’ébène,

s’ouvrent, se ferment avec délectation,

les longs arbres frissonnent,

la cloche matinale sonne,

la bise légère fourrage dans la

robe féline, jusqu’au soir

caracole !

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La Pluie, la Mer,

J’étais certaine lorsque j’étais enfant

que l’eau de la pluie jamais n’atteignait la mer,

contrairement aux étoiles qui venaient s’y

éteindre en un céleste chant !

 

La mer est un tombeau en même temps

qu’un berceau ; un ventre pour s’y perdre

ou pour boire le Monde, aller à sa rencontre.

 

Un linceul bleu, tantôt chaud, tantôt froid !

 

Un ciel d’étoiles défuntes que le soleil,

un peu marin, visite sur la pointe des

rayons, pour veiller sur ses sœurs

plus petites, finissantes !

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L'écriture

L’écriture n’est-elle pas au fond ?

 

Ce dessin infiniment sérieux comparativement à tous les précédents,

 

Cette enfance persévérante, encore là, avec des responsabilités, des rides,

une peau lisse, des drames, des joies, une paternité, une maternité, un travail ou pas, une absence,

ou rien de tout cela,

 

Une évidente survivance,

 

Une délinquance licite,

 

Ce grand écart lexical, grammatical,

 

Une grâce immense et grave dans un espace tout rétréci, parfois même insalubre,

 

Un coup de poing à tout ce qui n’est pas soi,

 

Un déséquilibre qui nous maintient debout, un peu bancal peut-être, mais digne,

 

Une déviation enfin trouvée, une allée bleue, une échappée belle ….. 

 

Puis,

 

Cette continuité ascensionnelle de soi,

 

Cet effort et cette nécessité de porter jusqu’au bout certains mots si lourds,

avec en tête, cet obsessionnel dessein d’exister simplement, « en plus grand »,

de sortir, de rencontrer, de partager.

 

Don de l’écriture, mais pas avant ce long cheminement, ce travail.

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Ave Maris Stella.

Ave Maris Stella.

par Dominique Tescher, samedi 27 août 2011, 11:31

Enneigement lumineux,

chaud et bleu,

ici et là, partout.

 

Paix du monde,

inaltérable souffle,

dans ma tête élargie.

 

Drapé céleste,

précieux, chaleureux,

sobrement symphonique.

 

Unique.

 

Oh, innombrables voix,

les unes aux autres

mêlées, accordées,

je reçois.

 

Corps tout en soie,

habité par nos proches,

délestés de tout,

sauf de nous.

 

Vie.

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administrateur théâtres

La fille dans le bocal à poisson rouge / Girl in the Goldfish Bowl

Et si on gardait le titre en anglais ?

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L’histoire : 1962, crise des missiles de Cuba, une pension de famille dans un petit port de pêche au Canada. Iris, 11 ans, bouddhiste et très imaginative, est fermement convaincue que son poisson rouge Alakermaisse, (c’est là qu’on le lui a acheté) récemment disparu, est revenu sous la forme de l’énigmatique M. Lawrence qui débarque dans la pension alors que la famille est en pleine crise de couple. Le poisson ainsi réincarné aura une mission : réparer les tensions entre Owen et Sylvia, les parents d’Iris, sous le regard narquois de Mlle. Rose, cette mauvaise fée-poison, lubrique, alcoolique et méchante qui travaille à la conserverie. Redonner à leurs parents  désunis le goût de vivre, c’est le  rêve de tous les enfants victimes de mésententes.  Voici la cueillette subtile  des derniers instants d’enfance et d’innocence de la petite Iris. 

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Tout touche: le texte  inédit est de Morris Panych, la  mise en scène de Georges Lini et l'interprétation de  France Bastoen, Marc De Roy, John Dobrynine, Nicolas Ossowski et Wendy Piette.

 

Histoire d’eau : l’eau c’est la vie, l’enfance heureuse. Le bocal est vide. Alakermaisse the goldfish est mort. Le décor est quelque peu lugubre pour une fillette de 11 ans. Des murs de papier peint à larges rayures vert/gris. Des meubles inconfortables. Une table roulante chargées d’alcools et une table à dessin chimérique appartenant au père. Lieu géométrique de ses rêves inaboutis et de sa désolation. Sa femme ne l’aime plus. Trop de parallèles qui ne se rejoignent jamais, des angles pas assez ronds. La petite fille au début esquisse des mouvements de nage joyeuse, avec palmes et tuba dans la family room. L’eau c’est la vie, l’enfance heureuse. Son seul compagnon, Alakermaisse the goldfish  est mort. Elle est prête à le faire se réincarner sous les traits de Lawrence, le mystérieux inconnu. Et quand fera-t-elle le pas, quand sautera-t-elle  hors de la prison-bocal ? En attendant, elle saute et bondit partout avec une joie de vivre communicative, qui pourrait ramasser les morceaux épars du couple si sa mère n’avait pas une incapacité chronique à être heureuse. Si le sort n’avait pas fait du père un rescapé de guerre sans emploi et sans avenir.

 

La magie de cette pièce réside dans  la transformation précoce de l’enfant à la jeune fille, qui se déroule  là juste sous nos yeux, comme mise en bocal. La mise en scène est pleine de  finesse, de poésie et de justesse. La palette des comédiens est convaincante, à part cette méchante fée antithèse du poisson. La jeune Iris est délicieuse de vivacité, d'humour et de jaillissement spontané. "Ma petite est comme l'eau, elle est comme l'eau vive..."dit la chanson.

 

La mort du personnage mystérieux aura ressoudé la famille un instant, mais la vie séparera ceux qui sont incapables d’amour réciproque. La vie est injuste et le bonheur pour un adulte, aux dires de la mère désillusionnée, sèche et froide, c’est se souvenir de l’enfance heureuse. « L’enfance est le moment où l’on est heureux. Et être adulte, c’est repenser à ces moments où l’on était heureux » Pauvre Iris, au nom de fleur aquatique et qui ne rêve que de bulles... devant son bocal vide.

 

http://www.theatredumeridien.be/

 

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Du  Mardi, 20 septembre  2011  Au Samedi, 15 octobre  2011

 

Extrait:

IRIS. -   J'habite dans un pays où il ne se passe jamais rien. Dans une ville où il ne se passe jamais rien. Dans une maison où il ne s'est jamais vraiment rien passé. Jusqu'à aujourd'hui. Octobre. Nous sommes à la veille de mon onzième anniversaire. Il y a du brouillard qui rampe dans la rue. Qui se cache dans les fossés. Qui regarde par les fenêtres. Je suis partie marcher au bord de l'eau. Tenant en équilibre sur ma tête le missel du dimanche, introduction de l'Évêque Sheen, je marche prudemment sur les rochers, posant gracieusement un pied devant l'autre. L'aisance est essentielle dans de telles circonstances. Je m'entraîne à être un des membres de la famille royale. Plus loin, il y a des feux et des pêcheurs d'éperlan qui jettent leurs filets, encore plus loin, les coques métalliques cognent contre l'appontement, mais ici, tout est calme. Je commence la cérémonie. La lune fait une brève apparition. Et je sais qu'il y a des crabes cachés sous les rochers, mais en dehors de ça, je suis seule. Là, sous l'arbousier, je prie pour sa petite âme. Quand on veut que son poisson rouge aille au paradis, on évite de le flanquer aux ouatères en tirant la chasse. C'est pourtant ce que ma mère a fait. Et pourquoi j'enterre ce bâtonnet de poisson pané en son honneur.
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Sur mon écran magique

 

 

En hommage à Baudelaire

 

Vous m’êtes apparu. en sage ténébreux,

Proférant calmement les plus beaux de vos vers.

J’en connaissais beaucoup, denses et harmonieux,

Révélant vos émois intenses et divers.

Vous m’êtes apparu en sage ténébreux.

 

J’écoutais fascinée vos phrases envoûtantes,

Disant ce qui vous blesse, ou parfois vous ravit,

Vos craintes se faisant angoisses lancinantes,

Vos rêves cajoleurs où la beauté surgit.

J’écoutais fascinée vos phrases envoûtantes.

 

Candide, je me suis laissé ensorceler,

Emerveillée, comblée par ce bonheur possible,

Vous voir, vous écouter, vous-même, me parler.

L’illusion était forte, quasi irrésistible.

Candide, je me suis laissé ensorceler.

 

26 décembre 2008

 

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À l'ère de la transcendance


 

 

Mes amis s’étant éloignés,

Je m’étais installée, seulette

Dans, la sérénité parfaite,

Jardin des souvenirs soignés.

 

Je n’aurais pu imaginer

De nouvelles et riches rencontres.

Me sentant lasse, j’étais contre

Tout ce qui n’est pas spontané.

 

Or me voilà dans un décor,

Paisible et tout près d’une rive,

Où des murmures à la dérive,

Apportent idées ou réconfort.

 

Des groupes de récents amis,

Sensibles et généreux, échangent.

Certains me paraissent des anges.

Les vilains ne sont pas admis.

 

À l’ère de la transcendance,

Mais aussi des calamités,

D’une affreuse réalité,

La douceur côtoie les outrances. 


20/10/2005

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administrateur théâtres

"Le bruit des os qui craquent " Suzanne Lebeau 
   

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Du 27 septembre au 22 octobre 2011, à 20h30, au Théâtre de Poche.

L'histoire de deux enfants-soldats en fuite et celle d'une infirmière qui témoigne. Une pièce pour tous, dès 14 ans. De Suzanne Lebeau, mise en scène de Roland Mahauden.  Avec : Aïssatou Diop, Olga Tshiyuka-Tshibi, Angel Uwamahoro

 

 

Le cahier ou la kalachnikov

Quel que soit l’âge où leurs yeux se fermeront pour la dernière fois, ils resteront désorientés et perdus, ces enfants volés par des barbares, ces enfants dont on a volé le corps et parfois l’âme. Que peuvent  en effet faire  les enfants-soldats que l’on a  traqués, drogués, et à qui on n’a appris qu’à tuer, brûler et piller, …lorsqu’enfin leur pays accède enfin à la paix ? Ils n’ont ni éducation, ni moyens de subsistance. Aucun avenir. Quelle école les sauvera de la prison ? La question est grave et choquante.

 

Elikia, arrachée à 12 ans  à sa famille et à son village est l’un de ceux-ci. Mais vivre avec les rebelles ses nouveaux frères assoiffés  de sang et de diamants, constitue un perpétuel danger de mort. Quitter le groupe maudit l’est tout autant. Comment garder sa dignité, elle qui est née enfant libre ? « La tête haute chez les rebelles, c’était la mort.» Seule l’obéissance maintenait en vie.  Mais Elikia décide quand même de sauver son âme et fuit avec une compagne d’infortune plus jeune qu’elle,  qu’elle force brutalement à la suivre. « Toute seule, j’ai trop peur ! » Elle est convaincue que « si le fusil tue le corps de celui qui a peur, il tue aussi l’âme de celui qui le porte ».  

 

Un an d’errance dans une forêt tropicale hostile,  avec pour tout bagage, une gourde, sa kalachnikov reçue en cadeau de mariage de son époux, le chef des rebelles, et la fragile Josepha. Sans son arme Elikia se sentait «  comme un oiseau fragile avec le bruit des os qui craquent. »  Elles ont 14 et 10 ans. La nuit elles marchent sans la moindre indication d’orientation, le jour elles se cachent des militaires et des rebelles. « Elikia, mais comment reconnais-tu l’ennemi ? » demande Josepha de sa voix douce. Réponse : « il n’y a pas de bons, rien que des méchants ! » Elle met militaires et rebelles sur le même rang.  Assoiffés de pouvoir et de cupidité.

 

Elles ne parlent pas le même dialecte mais se comprennent. La grande protège la petite et des sentiments humains refont surface. Plus la petite est épuisée par la faim, la soif,  la marche forcée vers la mer, plus la grande sent battre en elle un cœur de grande sœur, jusqu’à lui proposer ses bottes. «  La mer ? Je ne sais pas où elle est, je l’imagine. Je ne connais pas le chemin, mais j’en suis sûre » dit Elikia pour consoler Josepha exténuée.

 

Après avoir enfin rejoint l’hôpital de Kena, tout ceci sera consigné par Elikia dans un cahier, que l’infirmière Angelina lui donnera après maintes tractations en échange du talisman mortifère de  la kalachnikov. Angelina raconte avec tendresse : « Elle ne parlait que quand son monologue intérieur débordait. » Elikia écrira  donc « car les mots de bouche sont trop près de la haine et de la vengeance. »  Elikia souhaite livrer un témoignage juste de cette réalité insoutenable, un témoignage qui interrompe la chaîne de violence dans laquelle elle a été entraînée. Un texte fort, souple, cru, intense. La jeune adolescente ne pourra pas se présenter devant la commission d’examen. Le cahier ne sera pas pris en compte, car écrit de la main d’un enfant.

 

L’enfant et le cahier glisseront dans l’oubli, à moins que vous n’écoutiez avec votre cœur cette petite voix duelle et solidaire, que vous ne soyez touchés par leur espoir démentiel, et que vous ne décidiez de dénoncer l’insoutenable. Changer l’avenir de milliers d’enfants comme elles. Comme eux.

Trois comédiennes généreuses,  craquantes de soif de vivre, de compassion et de colère justifiée investissent à fond  l’admirable texte de Suzanne Lebeau  sur les planches du Poche : Aïssatou Diop (l’infirmière), Olga Tshiyuka-Tshibi, Angel Uwamahoro.  Voici un début de saison  fracassant, qui fait ouvrir grand les yeux, les oreilles et le cœur. Le rôle essentiel du théâtre.

 

 

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La genèse de la pièce

 

(Interview de Suzanne Lebeau)  / …/  J’ai ensuite passé presque deux années à faire des recherches, en lisant notamment les écrits de la journaliste belge Colette Braeckman. Je suis allée jusqu’en Belgique, au GRIP, le Groupe de Recherche et d’Information pour la Paix. Mais quand je suis arrivée à la fin de l’écriture, je me suis mise à douter de manière extrêmement violente de la possible résilience de ces enfants-là. Je suis donc partie cinq semaines à Kinshasa pour écrire les récits d’ex-enfants soldats.

C’est là que vous avez rencontré Amisi et Yaoundé...

Suzanne Lebeau: Je passais chaque jour 3 ou 4 heures à noter les récits qu’ils me faisaient. J’écrivais en pleurant et je pleurais en écrivant. Tout ce qu’ils avaient vécu pendant les 5 années où ils avaient été enfants soldats était insupportable, pour la femme, pour la mère, pour la personne qui sait à quel point l’enfance est une période de formation, décisive pour ce que l’être humain peut développer de pire et de meilleur. C’est grâce à eux que j’ai pu terminer la pièce et y croire. Le jour où j’ai mis le point final, j’ai eu le sentiment de retrouver ma respiration normale.

Quand on parle d’enfants soldats, en général, on pense à des garçons.

Suzanne Lebeau : Pour moi, prendre un personnage de fille, c’était aller au bout de l’horreur. Parce que le sort des filles soldats est 100 fois plus terrible que celui des garçons. Quand elles reviennent dans leur village, ce sont comme des marchandises dévaluées.

 

http://www.poche.be/saison1112/le_bruit_des_os_qui_craquent/index.html

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Face aux jardinets verts

 

 

Quand, en fin de parcours, on aspire au repos,

On accueille ravi chaque moment de grâce.

On essaie de flâner aux endroits trouvés beaux,

L’âme sevrée d’envies, dans la paix, se prélasse.

 

En ce jour, je me sens joyeuse d’exister,

En parfaite harmonie, dans la lumière tendre.

Le feuillage des arbres est celui de l’été,

Pour le voir flamboyer, il faut encore attendre.

 

La magie des couleurs, féerie prévisible,

A sur moi, chaque année, un effet exaltant.

La beauté qui surprend peut paraître indicible

Des incendies figés envoûtent, en persistant.

 

Face aux jardinets verts, aux érables géants,

Je médite soudain sur le sort et la chance.

Îlots de liberté où survit l’espérance,

Et partout la fureur destructrice des vents.

 

27 septembre 2011

 

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Nues en diptyque

 Pour en finir avec la peinture, je recommence.. Comme après chaque break.. grande timidité..

 Un diptyque  20x15 traine dans un coin et je  l'attaque prudemment.

 Les couches et marouflages se superposent et chaque fois, je suis proche de l'exercice sans intérêt.. Faut avec petits comme avec grand se fâcher.. Pas de bonne peinture sans colère.. Hein.!

 Voici enfin un résultat digne de la bonne surprise.

 diptyque 20x15 sans titre acry et marouflage sur toile gegout©adagp2011

diptyque 

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Je lance un appel à qui voudra bien l'ententre...

Restaurateur de tableaux anciens par le passé, mon parcours est une suite de créativité sans cesse renouvelée, libérant des énergies positives, afin de traduire un monde idéal tel que je l’imagine.

Dans ce cheminement de ma création, les images capturées témoignent d’une vision de ce monde où il fait bon rêver, pour fuir les mauvais aspects de certaines réalités. Dans cet esprit, je pense sincèrement que rien n’est plus beau qu’un corps nu.

 

Etre peintre aujourd’hui, c’est faire preuve d’une certaine forme d’optimisme, ou d’un esprit de résistance, mais c’est avant tout être le témoin de son temps.

A l’époque où il était et, où il est encore de bon ton de n’être qu’un « abstrait », je persiste et signe pour une peinture résolument moderne, grâce à un mélange subtil d’hyperréalisme et d’abstraction par la couleur.

Comme une station de radio se distingue à l’écoute par « sa couleur », j’affiche moi aussi « ma couleur », l’amenant au paroxysme de son intensité, jouant sans restriction avec l’ombre et la lumière.

Pourquoi le bleu ?

Qu’il soit aérien ou océanique, le bleu évoque de vastes espaces calmes et sereins. Cette couleur symbolise la paix (le drapeau des Nations Unies et les Casques bleus en témoignent), appelle à l’évasion et au rêve.

Dans la Grèce et la Rome antiques, le bleu était la couleur des dieux Zeus et Jupiter.

Le bleu possède de grandes vertus : il est calme, apaisant, pacifique ; mais il a aussi un côté plus dynamique, puisqu’il favorise la créativité et l’inspiration.

J’ai réalisé de nombreuses expositions, tant en France qu’à l’étranger, j’ai reçu de nombreuses récompenses, de nombreux prix…

 

Et, à ce moment de ma création, je constate que je ne peux pas, en plus de peintre, devenir le marchand de mes propres œuvres …

Je lance donc un appel à qui voudra bien l’entendre…

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Réaliste ? Hyperréaliste ? Peintre figuratif comme l’on dit aujourd’hui ? Non !
Rien de tout cela.

Du réel, Philippe PIANA ne retient qu’un rêve, un
rêve de réel. La peinture a le charme du silence!
Talent sûr de lui, poignant, immédiat, virtuosité technique sont mis ici au service,
de la tendresse, de la pudeur, d’une discrétion étrange.
De chaque toile émane une magie immobile !
Les nus sont nombreux dans cette œuvre ; nus sensuels,
chaleureux, mais si lointains, si « vaporeux » dans leur précision
anatomique ! L’amour de la femme s’allie toujours à une distance
un peu mélancolique, à une tendresse marquée de respect et parfois
d’une discrète compassion. Toutes ces belles filles nues émanent
d’un rêve. « J’ai fait ce rêve étrange et pénétrant… »Onirisme et
douceur, un rien d’amertume. Femmes de rêve qui rappellent des
amours perdus, souriantes ou graves, femmes figées dans un
« instant », mouvantes et pourtant immobiles et, pour tout dire,
imprégnées d’une nostalgie de monde perdu.
Maître du trait et de la perspective, usant sans façon de la contre-plongée
chère aux peintres de la renaissance, Philippe PIANA joue avec la
proximité et l’éloignement, l’intimité et la distance.
Peintre figuratif ? Réaliste ? Sûrement pas, une fois encore ! Quelle
« réalité » possèderait ces tableaux quasi monochromes, où le brun, le bleu et le
blanc se marient, s’effacent, se retrouvent de façon subtile, si subtile,
qu’ils en sont convaincants. Ombre et lumière, précision de la forme
sont bien présentes, mais par un jeu léger, elles ne sont qu’apparences,
outils du rêve.
De cette œuvre de Philippe PIANA, ce qui enchante, ce sont ces belles
filles qui sourient et rêvent, surtout, dans un univers où tout s’atténue
comme une musique venue de très loin.
Ce peintre est d’abord un poète ! Il peint pour dire ! Et ce qu’il dit, avec
discrétion et tendresse est émouvant et beau. Toujours !

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 http://www.edilivre.com12272757886?profile=originalà  toutes les femmes de cette Terre qui ont su obtenir  le Droit au Plaisir  ... et à tous les       hommes qui ont su ou savent les ravir ...

                                  Ravie

Ravie

Les tendres joues rosies

Ma radieuse Mie

Se déhanche lascivement

Sur l'éternel Air de « Va et Vient »

Du vieux fauteuil patiné qui nous fait Siens

 

Et la douce monotonie

Du rythme déjà établi

Dément son teint cramoisi

Fugace Instant où le mantelet de la Vieillesse

Enfin me délaisse

Lors mes mains parcheminées épient

Les prémices de cette Juvénile Agonie

 

À la Chevauchée étourdie des Interdits

Aux corps excédés mais en Furie

À nos Suées Grisantes

À  la Rose gémissante

Succède l'intense Sanglot

Né de notre « Histoire d'Eau »

 

Pâle et transie

De cet incroyable Lacis

De songes, la Jouvencelle revient

Du creux de mon Tréfonds sans Faim

Alanguie mais ... Ravie. 

                                                 JDFM 

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Tentation

 

 

 

 

 

 

 

 

Ma vie semble s’être figée.

J’entends souvent: non, plus jamais!

Ou, quelquefois: c’est bien trop tard!

Je n’attends plus rien du hasard.

 

Mon innocence était mon charme.

Or j’ai perdu ma meilleure arme.

N’ayant aucun souci de plaire,

Sans allant et vélléitaire,

 

Je songe dans l’oisiveté.

Mon esprit erre en liberté.

Il s’engourdit, parfois sommeille.

Or voilà que je m’émerveille:

 

Des dessins noirs sur le mur blanc.

Je ressens un plaisir troublant,

Tentée de capter l'éphémère.

N’ai pas l’énergie de le faire.

 

8/2/1997

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