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Paroles d'enfant ...

Chaque mercredi après-midi,c'était jour de fête ...La tendresse, l'amour, les calins, les rires étaient au rendez-vous .

Dès 11h 45 , je l'attendais devant la grille ... La cloche de l'école maternelle sonnait à midi .

 

Qui de nous deux était la plus impatiente , je ne sais ...

 

Mais ce  mercredi, il y aura un plus , je vais réaliser un de ses souhaits ...

 

Mon petit bouchon aime bien ses crayons, ses feutres , mais depuis quelques temps elle veut 'pintre ' .

 

Je vous laisse imaginer sa joie , ses yeux pétillants de plaisir dès la découverte d'un gobelet rempli d'eau claire, d'un chiffon tout propre, d'une petite toile blanche , d'un pinceau et d'une palette de couleurs.

 

Mon petit bouchon va 'pintre' ...et comme tout artiste ,elle ne veut pas de ma présence à ses côtés .

 

Alors je me fais toute petite, je m'installe dans le fauteuil, un livre à la main mais ne pouvant m'empêcher de jeter des regards furtifs ...et de sourire en voyant mon artiste à l'oeuvre ...Front qui se plisse, les yeux qui se lèvent vers le plafond... le pinceau  voyage du gobelet ,au chiffon , à la palette ..;et termine sa course sur la toile ...Elle me semble bien inspirée ...

 

Voilà la touche finale, un soupir de satisfaction s'échappe et triomphante elle m'offre son chef d'oeuvre ..

'C'est pour toi, Mamy ...c'est beau hein?''

'C'est magnifique ma chérie, c'est un arc-en-ciel?'

Alors là, les poings sur les hanches, le regard réprobateur, la réponse fusse , presque cinglante ...

' M'enfin Mamy , mets tes lunettes !' ( Etonnement, car je ne porte pas de lunettes , du moins pas encore ')

' C'est un coeur avec un corps !'

Oups, j'ai pris rendez-vous chez l'occuliste ...j'avais besoin de lunettes ...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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12272748085?profile=originalConcours annuel 2013 de la Classe des Arts

 

Dès la création de la Société littéraire de Bruxelles, ancêtre de l'Académie, l'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche lui confie l'octroi de deux prix annuels, l'un pour les Sciences, l'autre pour les Lettres. Cette tradition s'est maintenue depuis 1769 et actuellement chaque Classe peut décerner six prix d'égale valeur destinés à récompenser les auteurs des meilleurs travaux présentés en réponse aux questions qu'elle a mises au programme de l'année.

La Classes des Arts de l'Académie a clôturé la liste des questions du Concours annuel de 2013.

Les réponses à ces questions doivent être déposées au plus tard le 31 mars 2013.

Liste des questions

Création artistique

Première question : sculpture
Dans son œuvre, le candidat choisira une recherche tridimensionnelle (sculpture) en accord avec l’environnement. La taille définitive, le choix des matériaux et la technique d’exécution devront être précisés. Le projet pourra être présenté sous forme de maquette ou de montage photographique/infographique.

Deuxième question : art du relief
Même programme que pour la première question, mais appliqué au relief.

Histoire et Critique

Première question
On demande une étude sur la critique et l’esthétique musicales de Boris de Schloezer.

Deuxième question
On demande une étude sur l’architecte Jean Englebert.

Conditions réglementaires générales

A. Histoire et Critique

Prix de 1250 €.

Les mémoires présentés aux concours annuels des quatre Classes de l’Académie sont adressés directement à M. le Secrétaire perpétuel (Académie royale de Belgique, Palais des Académies, rue Ducale, 1 à 1000 Bruxelles) avant le terme fixé. Ceux qui seraient remis après ce terme seront exclus du concours.

Les mémoires doivent être adressés en trois exemplaires. Ils portent normalement le nom et l’adresse de leur(s) auteur(s). Néanmoins, ceux qui le désirent peuvent garder l’anonymat. Dans ce cas, ils joignent à leur travail un pli cacheté renfermant les renseignements ci-avant et portant une devise ou un sigle reproduit en tête de leur mémoire.

Les mémoires déposés devront être originaux et préciser explicitement la question à laquelle ils répondent. Ils consisteront : 
- soit en un document inédit, qui peut cependant inclure des parties de mémoire présenté par ailleurs pour la collation d’un grade académique (licence, doctorat, agrégation de l’enseignement supérieur, diplôme d’études approfondies…), mais en aucune façon un tel mémoire in extenso ; 
- soit en un ensemble de publications, sorties de presse postérieurement à la formulation de la question par l’Académie, constituant un ensemble cohérent et réunies par une présentation et des conclusions générales.

L’étendue des mémoires sera réduite au strict nécessaire (maximum 250 pages de 2 500 caractères par page). Le plus grand soin sera accordé à la correction de la forme et à l’exactitude des citations ; la bibliographie prendra en compte les travaux publiés jusqu’à une date aussi proche que possible de celle du dépôt du mémoire.

Les membres et les associés ne peuvent prendre part aux concours dont le programme a été établi par l’Académie.

Les mémoires soumis restent déposés dans les archives de l’Académie et y sont accessibles aux chercheurs.

Les auteurs peuvent solliciter de l’Académie, si elle en a la possibilité et l’accord de la Classe, la publication en tout ou en partie des travaux couronnés.


B. Création artistique

Prix de 1250 €.

Les envois devront être faits directement à M. le Secrétaire perpétuel de l’Académie (Académie royale de Belgique, Palais des Académies, rue Ducale, 1 à 1000 Bruxelles), avant le terme fixé.

Les concurrents sont tenus de garder l’anonymat ; ils joindront à leur œuvre un pli cacheté renfermant leur nom et leur adresse et portant une brève devise ou marque distinctive qui sera répétée sur le projet même.

L’Académie n’accepte que des travaux complètement terminés. Les auteurs des projets couronnés sont tenus d’en donner une reproduction photographique qui sera conservée dans les Archives de l’Académie avec les autres pièces du concours.

Un délai de trois mois est accordé aux auteurs des projets pour en réclamer la restitution, à leurs frais. Passé ce délai, l’Académie n’est plus responsable de ces projets.

Les compositeurs qui ont obtenu un prix de l’Académie, autorisent celle-ci à faire exécuter l’œuvre couronnée à l’occasion d’une de ses séances publiques.


Pour toute information complémentaire, nous vous prions de contacter Béatrice Denuit.

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Alvéoles - Le voyage de Judith (9)

Valérie précipitamment quitté Judith, prisonnière dand "l'endroit où l'on fait les rêves dont on ne se souvient pas". Elle se retrouve dans notre monde, où la petite famille est menacée. Mais Valérie refuse d'abandonner Judith à son sort. Son attitude inquiète ses parents.

 

Faustine observa l'infirmière dont le regard s'attardait sur les écrans de contrôle, l'air maussade. Après une hésitation, elle déploya une couverture supplémentaire sur le lit de Judith.
— Elle a froid ? tenta Faustine.
— Trente sept, dit l'infirmière, sachant que cette information était loin d'être confidentielle.
— C'est ça qui m'a fait peur, dit Valérie en serrant le cou de sa maman. Enfin, en partie.
— Quoi donc, ma chérie ? Il faisait froid dans ton rêve, c'est ça ?
— Pas dans mon rêve. Dans Judith.
— Ma puce... Ce n'est pas de ta faute.
— Si. Je l'ai laissée toute seule.

 

(...)

Plus tard, Valérie et sa famille doivent quitter l'hôpital avec précipitation.

(...)

 

Valérie se blottit contre sa maman.
— Tu ne veux pas te reposer un peu, ma chérie ? demanda Faustine. Sur le canapé ? Comme ça tu restes près de nous.
— Je ne suis pas fatiguée. Je n'ai pas envie de dormir.
— Mais tu as encore la grippe. Le repos est le meilleur moyen de guérir, je te l'ai déjà expliqué.
— Je voudrais que Judith guérisse aussi.
Faustine eut un sursaut de culpabilité.
Nous l'avons abandonnée.
— Ça va aller, ma chérie. Elle est à l'hôpital, on la soigne.
— Elle n'est pas à l'hôpital, maman, lui dit-elle d'un ton de reproche. Elle est dans le rêve. C'est là qu'elle a besoin d'aide.
La jeune femme s'assit dans le canapé, sa fille à califourchon sur elle, ignorant que c'était là que Dominique avait transporté sa femme juste après l'attaque des abeilles. Daniel, ne sachant que faire depuis leur arrivée à la bastide, avait empoigné l'aspirateur pour débarrasser le salon, la chambre et la salle de bains des cadavres d'hyménoptères
laissés par les pompiers.
— Raconte, dit-elle, laissant à sa fille tout le champ d'expression possible.
Valérie hésita.
— Je ne me souviens plus bien.
— De quoi ne te souviens-tu plus bien ?
— J'ai vu Judith avant qu'elle ne devienne comme une statue.
— Tu veux dire : avant son accident ?
— Non, dit sa fille, dont la nervosité montait. Dans mon rêve. Je l'ai vue tomber dans la rivière noire.
— Et tu te souviens de ce qui s'est passé ensuite ?
Elle commença à se tortiller sur le ventre de sa maman.
— Non.
Faustine serra sa fille contre elle.
— Ce n'est rien, ma chérie. Tu as zappé ce moment-là ? C'est ça ? C'est comme un cauchemar qui joue à cache-cache dans ta tête ?
— Oui. Je ne veux pas dormir.
— C'est d'accord. Tu peux t'allonger dans le canapé, tu peux te reposer sans t'endormir, comme ça tu ne feras pas de cauchemar.
— Oui, mais...
— Quoi, ma chérie ?
— Mais qui va aider Judith ? Elle va mourir si on ne fait rien.

 

(...)

 

Daniel avait terminé d'aspirer les cadavres d'hyménoptères dans la pièce, au grand soulagement de sa femme et de sa fille. La seconde parce qu'elle avait mal à la tête, la première parce qu'après une telle nuit, même la vue d'une mouche l'aurait fait hurler. Il lui faudrait du temps avant qu'elle ne puisse à nouveau accepter la compagnie de ses propres abeilles.
Valérie s'était allongée sur le canapé. Les yeux fermés, elle tentait de se reposer, mais Faustine, assise auprès d'elle, doutait qu'elle puisse s'endormir. Le visage de sa fille trahissait sa grande nervosité : d'imperceptibles battements de paupières s'associaient à quelques mouvements discrets mais désordonnés au niveau de ses mains, qui
semblaient vouloir saisir quelque chose.
— Ma chérie, je suis désolée que tout ceci nous arrive. Tu n'y es pour rien, tu sais.
Paradoxalement, c'est d'une voix calme et les yeux toujours clos que sa fille lui répondit :
— Je sais bien, maman.
— Je ne voulais pas que tout ceci nous arrive.
— Dominique a dit qu'on est en sécurité ici ?
— Oui, ma chérie, tu n'as rien à craindre.
— Alors Judith est la seule à être en danger ?
— Non, Dominique a dit que les gens qui nous cherchent ne risquent pas de lui...
— Maman, ce n'est pas de ça que je parle !
— Ok, ok, dit Faustine, un peu fâchée que sa fille revienne à nouveau sur le sujet. Mais nous ne pouvons rien faire.
— Il faut la délivrer, dit Valérie après une longue hésitation.
— Comment ? demanda Daniel qui venait de s'asseoir juste derrière Faustine. Tu as une idée ?
— J'ai peur d'y penser.
— Repose-toi, ma chérie, dit Faustine.
— Ma puce, insista-son père, tu ne te souviens pas de ce qui te fait peur ?
— Non, je n'ai pas envie.
— Tu as peur de rêver encore de ça ?
— Oui.
— Et... Tu te souviens de monstre-placard ?
— Daniel ! sursauta Faustine.
— Oui.
— Tu veux que maman...
— Daniel... reprit-elle comme une menace.
— Laisse parler notre fille, veux-tu ? Je crois qu'elle est assez grande pour savoir si c'est une bonne idée ou non. Qu'en penses-tu, Valérie ?
— Je ne sais pas.
— Tu te souviens comment tu lui as donné un gros coup de pied dans le derrière, à monstre-placard ?
— Arrête de lui vendre cette idée, Daniel !
— Moi, je m'en souviens, continua-t-il, ignorant la remarque de sa femme. Vous avez été formidables, maman et toi.
— Mmm... fit la jeune fille, laissant apparaître une petite ride verticale entre ses sourcils.
— Daniel, pour l'amour du ciel !
— Tu sais quoi, ma puce ? Prends le temps d'y réfléchir. Maman et moi allons voir dans la cuisine s'il y a de quoi manger. On peut te laisser quelques minutes ?
— Vous allez vous disputer sans que j'entende ?
Les parents s'échangèrent un regard qui les mit d'accord sur un point : Valérie était bien leur fille, directe comme son père, clairvoyante comme sa mère.
— Nous allons nous accorder, dit-il. Tu sais comment ça se passe.
— Oui.
— Merci ma puce, dit Daniel, invitant Faustine à se lever.
La porte de la cuisine à peine fermée, la jeune femme brandit un index menaçant vers la poitrine de son mari, exactement comme Mimmo l'avait fait envers elle à l'hôpital.
— Daniel ! On ne fait pas ça à la légère !
— Je le sais, dit-il d'une voix calme. Justement. Toi, tu sais comment faire, et je respecte cela. Tu te souviens de notre fille lors de l'épisode de monstre-placard ? De son visage, mangé par les cernes, à force de s'empêcher de dormir ? Dieu sait ce qui se serait passé si tu n'étais pas intervenue.
— Nous n'en sommes pas là.
— Pas encore. Et je sais aussi que tu répugnes à user de ces compétences avec notre fille. Mais regarde les choses objectivement. Jamais nous n'avons vécu quoi que ce soit qui ressemble à ce que nous vivons depuis deux nuits. Notre fille vient de fuir d'un hôpital en compagnie d'un gars qui a mis hors d'état de nuire deux tueurs. Sa maman et son papa ont échappé à la mort. Même si elle ne connaît pas les détails, elle palpe notre angoisse. Et en plus, elle a la grippe A.
— Je sais tout ça, Daniel.
— Elle a cauchemardé à propos d'une femme dans le coma. Crois-tu sincèrement qu'elle va passer à travers ça sans le moindre souci ?
— Ce que tu me demandes de faire n'est pas anodin, Daniel, tu le sais très bien.
— Je sais. Mais tu es une experte, Faustine. Et je te fais confiance. Je ne veux pas que notre fille ait à traîner de mauvais rêves des années durant. Surtout en ces circonstances. D'ailleurs je ne te demande pas de le faire, je te demande de répondre positivement si et seulement si elle te le demande.
— Tu lui as déjà mis l'idée en tête.
— Je lui ai juste rappelé que maman peut l'aider, si elle veut.
Faustine baissa les yeux et sourit doucement. Son mari comprit que la conversation était terminée. Ils revinrent dans le salon où les attendait leur fille.
— Voilà, dit Daniel d'un ton satisfait. Ça va, ma puce ?
— Oui, dit-elle en ouvrant les yeux. Ça a été court.
— Ah bon, tu trouves ? dit Faustine.
— Oui, souvent quand vous vous accordez, vous allez dans votre chambre, et après vous êtes de super bonne humeur. On mange quoi ?

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Sur les chemins de Compostelle ...

 

18 juillet 2011

 

Ah, ça vaut la peine de marcher, de vingt kilomètres en vingt kilomètres, à peu près, chaque jour ... de découvrir des villages, des paysages ...

Ah, ça vaut la peine, aussi, de rencontrer les gens qui vous accueillent chez eux, chaque soir, dans une chambre d'hôte, un lieu d'hébergement ...

 

Y a un jour ou deux, je tombais dans une famille.

 

Les habitudes, les rites, les manies des personnes chez lesquelles on loge.

 

"Monsieur, vous laissez vos sandalettes en bas de l'escalier !", me dit soudain le monsieur qui m'accueille, au moment où je suis prêt à filer dans la chambre où je vais dormir, à l'étage.

 Je m'exécute. Je ne suis pas du genre ... contrariant. J'enlève mes sandalettes.

Et le monsieur continue, aimablement, en souriant, à me dire, fermement, quand même (je le sen) : "Eh bien oui, monsieur, c'est dans les usages !"

 

OK, OK. Je connais, dans ma vie, des gens qui fonctionnent comme ça. Qui retirent leurs chaussures avant de grimper à l'étage. OK, OK. J'y avais pas pensé. Faut dire : j'ai l'habitude, à Etterbeek (Bruxelles), où j'habite toute l'année, de franchir un ascenceur, d'arriver, tout neuf tout frais, au troisième étage de mon flat, sans devoir passer par le rite d'enlever mes chaussures.

 

A un autre moment, chez ce même habitant ...

 

Il me propose, très gentiment, de passer à la salle de bains. Je dis : pourquoi pas. Je m'aperçois très vite que ... j'ai du mal à faire fonctionner les robinets, dont les mécanismes (eau chaude, eau froide) ne ressemblent pas à ceux que je connais, d'habitude. Je tente de me démerder, avec mon bon sens. Sans résultat. Je prends la peine de descendre, d'appeler le monsieur, qui finit par se rendre à la salle de bains, pour me montrer comment je dois procéder. D'accord, d'accord. Et quand nous finissons par entrer (à deux) dans la salle de bains, il y a (et ça me gêne), un peu d'eau sur le sol. Oui, les robinets avaient eu le temps de se mettre un peu en marche !

 

Quelques minutes plus tard, dans cette même salle de bains, seul, à nouveau, au moment où je suis prêt à filer dans la baignoire ...

 

En flanquant le premier pied dans cet endroit béni ...

 

Je m'aperçois qu'il n'y a pas de bouchon, sur la baignoire, pour boucher le trou où l'eau s'évacue. Je cherche un peu partout dans le coin. Rien, rien.

Je prends la peine de m'habiller à nouveau, de filer à nouveau en bas, de le signaler au gars, qui me répond : "C'est pas grave ! Prenez une douche !"

Je ne dis rien. J'agis maint'nant en connaissance de cause. Mais je m'aperçois que c'est pas commode : se mettre dans une baignoire comme si on se mettait dans une douche, bof ! Je me serais tell'ment bien assis pour me laver, avec de l'eau chaude autour de moi. Mais voilà : je suis chez l'habitant (qui ne souhaite probablement pas, pour des raisons d'économie, gaspiller trop d'eau).

 

Faut dire que : je ne suis pas très à l'aise, chez les autres, dans des moments pareils.

Faut dire que : je peux avoir le sentiment d'avoir gaffé, d'avoir commis un impair (j'ai tant de souv'nirs d'enfance, dans ce type de registre).

 

Mais, une heure plus tard : je m'aperçois qu'il y a plus de peur que de mal. Quand, avec un autre pélerin de passage dans ce même endroit, on prend le repas avec toute la famille (dont le fils qui doit, le lendemain, repasser son permis de conduire).

 

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Arrivé à Reims, en début d'après-midi, après avoir posé mes bagages dans une chambre, eh bien, je m'en vais parcourir la ville, oui

 

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Reims : y a des trams, par ici ...

 

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Regarder dans la même direction, quand on est deux ...

 

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Les auteurs classiques nous regarderont toujours, à travers le hublot.

 

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Ca aussi, c'est de la culture.

 

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continents dans l'espace

 

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bonsoir, à demain ...

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L'ORAGE...

L'orage violent, était spectaculaire

Il dégorgeait enfin d'un monde délétère!

Balayés les rancoeurs et les ressentiments

Noyés dans la fureur tous les faux-semblants!

 

L'orage remet à plat avec discernement

Il fait de la place à ce qui est important...

La valeur d'un sourire apparait au matin

Quand la pluie qui perdure nous laisse à notre faim!

 

L'orage, c'est étrange, évoque le soleil...

C'est une nostalgie à nulle autre pareille!

C'est quand les choses manquent que l'on comprend enfin...

Oh! Combien est fragile tout ce qui est humain!

 

L'orage et son tonnerre émettent une semonce

Ecoutons sa colère pour le monde qu'il dénonce!

Reprenons donc courage, oublions nos erreurs

Ce n'était qu'un orage... il faut gérer ses peurs!

J.G.

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Bourses de déplacement pour les auteurs offertes par le Conseil des arts et des lettres du Québec


Le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) a renouvelé l’offre des bourses de déplacement aux auteurs pour la Foire du livre de Bruxelles et pour le Salon du livre de Paris. Heureuse nouvelle, pour 2012, une bourse sera également offerte pour le Salon du livre et de la presse de Genève. La date limite pour soumettre votre candidature est le 1er octobre 2011. Le dossier doit être rempli par l’éditeur et par l’auteur et envoyé aux bureaux de Québec Édition.
Pour de plus amples informations, lire le document sur le site Internet de l’UNEQ (format PDF).

 
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Isaac ou Ismaël ?

 

On ne sait pas très bien encore,

Quand les musulmans commémorent,

Lors d’une fête de l’islam,

Le sacrifice d'Abraham,

 

Comment ils ont eu l’assurance,

Que réduit à l’obéissance,

Il devait offrir Ismaël,

Et non Isaac, à l’Eternel?

 

Or les juifs ayant la mémoire,

Des miracles de leur histoire,

Ont-ils aussi un jour sacré

Pour cette grâce à célébrer?

 

Si les citoyens d’Israël,

Tous égaux devant l’Eternel,

Unis, voulaient se recueillir,

Au moment de se souvenir?

 

23 août2011

 

 

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le ciel change bien de couleur lui aussi

On ne dira jamais  assez la souffrance du peintre face à la peinture à venir. 

Cela dit, la maîtrise existe dans tout métier à force d'expérience, de connaissance. Les artistes qui ne se plagient pas pratiquent un métier dangereux, un métier et un engagement qui rend fou. Je ne vais pas me plaindre de ces journées passées dans l'antre, j'ai le sentiment d'un temps passé intense, un temps ou le temps n'existe plus vraiment.

La maîtrise consiste ici à ne rien savoir, du moins à pratiquer une sorte d'amnésie, faire en sorte que l'acte de peindre reste comme une surprise originelle. J'écoutais ce matin au réveil "la mémoire et la mer" de Ferré. L'écriture automatique est là, fluide. Léo Ferré ne devait surtout pas savoir ou allait ce texte qui s'écrivait devant ses yeux. J'aime l'idée d'une démarche similaire en toutes formes d'art

Flo monomane suite  120x120 acry et marouflages sur toile gegout©adagp2011

flo suite monomane

 

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Au temps des cigales


Ce soir d’été m’est doux;

L’âme paisible, je regarde les arbres,

passés du vert au noir.

 

Mais je suis assaillie par un concert aigu.

Je m’éloigne et m’isole;

me voilà protégée.

 

Les yeux ouverts, le coeur battant, je me sens bien.

j’aime mon coin charmant.

Or j’entends aussitôt ma pensée qui murmure:

 

toute page se tourne irreversiblement.


Je reviens au concert de l’invisible orchestre,

 il ne m'agresse plus.

 

  juillet 1991

 

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Comme vous le savez tous, la mode est au bois " grisé ". Mais comment l'obtient-on ?

Un petit truc simple.

Vous remplissez un récipient de vinaigre. Une vieille tasse par exemple. Vous y incorporer de la fine limaille de fer comme, par exemple, des résidus d'un travail à la disqueuse. Une demi cuillère à café suffit. Vous mélangez puis vous laissez reposer une nuit.

Pour griser un bois vous appliquer le "produit" à l'aide d'un pinceau (ne pas utiliser la limaille et la laisser dans le fond du récipient car sinon un risque de points noirs existe). Vous laissez le bois à l'air à l'abri des intempéries. Le temps fera rapidement le reste. Vous pouvez répéter l'opération plusieurs fois en fonction de l'essence de bois et le ton désiré.

Espérant vous avoir livré un petit truc intéressant. Cordialement, Roger

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Les escaliers de Montmartre

Une lueur ambrée jaillit sur la colline glorieuse

Dôme nacré du Sacré-Cœur épinglé au ciel bleuté

Deux petits cumulus se cachent derrière les anges

Une volée de moineaux dans la lumière tremblante

Au flot incessant des promeneurs sur les escaliers de Montmartre

Il garde ma main dans la sienne murmurant des mots doux

Flânant sur la route des peintres voici la place du Tertre

Battements rouge écarlate ruissèlent dans le creux de mon âme

Nada

18/08/11

 

 

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Je vous laisse une goutte de pensée


  • Diète pécheresse… Je commence chaque journée avec le péché originel : je mange une pomme.
  • Si le dicton "Aurea mediocritas" serait vrai, le monde auquel nous appartenons devrait être un globe d'or, avec quelques impuretés, qui incarneraient les hommes de génie.
  • Les pensées sont des fleurs périssables ; si on ne les donne pas à quelqu’un, elles se fanent et meurent pour rien.
  • Le comble du masochisme : mordre avec volupté de sa solitude.
  • L’amour est comme le vin : si tu le laisses trop longtemps dans ton verre, il tourne au vinaigre.
  • Nos âmes sont des blessures desquelles dégoulinent, de temps en temps, des poèmes.
  • Pour un écrivain, qu'est-ce c'est que l'écriture sinon des eaux qui ont débordé les rivages?
  • Il est impossible d’être uni avec un monde désuni.
  • Les pensées sont nos interlocuteurs silencieux et profonds, que l’on fuit souvent par peur de perdre notre superficialité.
  • La profondeur est la seule dimension de l'âme.
  • Nous avons le devoir de connaître le monde. Mais par quoi devrais-je commencer? Par le grain de poussière que j'écrase en lui marchant dessus, ou par les étoiles vers lesquelles je m'élève, en les contemplant?
  • De la chenille au papillon il y a un long chemin; il s'appelle l'homme qui a connu son "moi".
  • Les astrophysiciens ont proposé récemment une forme possible de l'univers. Il pourrait ressembler à une bouteille, où son cou se retournerait vers le fond de la bouteille, pour ensuite continuer son chemin à l'intérieur de celle-ci, afin de rejoindre le "soi", c'est à dire le "cou de la bouteille". Si l'univers se présente ainsi, alors tout ce qui est vécu suit toujours le même chemin, selon la trajectoire dessinée par les parois de "la bouteille éternelle". Nous sommes tous embarqués dans cette bouteille à forme étrange, jetée peut-être dans une mer sur laquelle nous naviguons sans cesse, portant en elle notre désir de connaître notre Grande Origine Commune.
  • Mes lunettes ont commencé à pleurer; elles ont commencé à voir toutes seules.
    _____________________

    (Extraits du volume « Stropi de gând si muguri de constiintã» (Gouttes de pensée et bougeons de conscience) -  Antonia Iliescu, Ed. Pegasus Press, 2010)

 

 









 

 

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Alvéoles - Le voyage de Judith (8)

Valérie et Judith dialoguent dans un monde, Valérie et Faustine dialoguent dans un autre...

 


— C'est bizarre, tes lèvres sont toutes froides.

Judith entendit à peine la remarque de Valérie, tant elle se concentrait pour percevoir les pulsations cardiaques de la jeune fille. Elles étaient bien présentes. Rapides, légères, pleines de vie. C'était comme des vaguelettes sur un lac chauffé par un soleil d'été. La jeune femme se surprit à revivre un fugitif instant l'époque de ses stages en tant qu'interne, dans un service dédié aux grossesses à risques, où le bruit du souffle placentaire était omniprésent à chaque consultation, comme l'évidence de la vie à venir.

La jeune fille rayonnait de la même puissance jusque dans la moindre de ses cellules. Judith sentait la vie au-travers de ses lèvres.

Et moi ? Je suis quoi ? Morte ?

Si Judith avait pu bouger, peut-être aurait-elle tenté de planter ses dents dans les veines offertes de la jeune fille. Tant de vie contre ses lèvres glacées, c'était presque indécent. La jeune femme se ravisa au prix d'un immense effort :

— On dirait bien que tu vas mieux, Valérie. Tu n'as pas l'air d'avoir de la fièvre. Mais tu dois te reposer, tu sais, pour t'aider à guérir plus vite.
— Mais je me repose : je dors, là. Je rêve de toi.

 

(...)

 

Valérie s'était réveillée en sursaut.


Les détails de son cauchemar s'effilochaient déjà, mais il lui restait l'essentiel. Judith avait raconté cette histoire de rocher, mais dès l'instant où elle avait prononcé les premiers mots, l'image du monde où la jeune femme avait erré s'était imposée à Valérie. Elle n'avait pas eu le temps de s'attarder au décor féerique qui lui avait vaguement fait penser à son film préféré, Avatar, tant la menace que représentait l'énorme masse noire glissant sous cet univers semblait n'attendre qu'une occasion pour dévorer jusqu'à la moindre trace de vie et de lumière.
 

Elle aurait voulu dire à Judith qu'elle l'avait vue flotter au gré du vent, puis, comme un avion de papier qui perd de la vitesse, aller lentement à la rencontre du ténébreux océan. Elle aurait voulu dire à Judith qu'elle avait vu ce qui s'était passé ensuite, mais qu'elle ne trouvait pas les mots tant c'était étrange.

 

(...)

 

Valérie s'arrêta de parler.
Sa maman restait muette elle aussi, mais elle avait une tête à poser plein de questions, comme quand ses notes de calcul n'étaient pas bonnes, et Valérie n'aimait pas trop cela.


Elle avait couru depuis sa chambre, de peur que les derniers souvenirs de son cauchemar ne fondent comme en hiver les flocons sur la paume de sa main. Il ne restait d'ailleurs presque rien dans sa petite tête lorsqu'elle avait bondi dans les bras de sa maman, mais la jeune fille
avait tout de suite compris qu'elle avait eu raison de raconter.

— Je lui ai parlé, avait-elle dit tout de suite.
— À qui, ma chérie ?
— À elle, avait-elle laissé tomber en montrant le lit de Judith. Elle va mourir.
 

Elle avait ensuite laissé sa maman la serrer contre elle, et l'emmener dans le fauteuil au coin de la pièce. Là, elle avait déversé en un flot continu de paroles tout ce qui n'avait pas encore été effacé par son réveil brutal : Judith allongée toute nue et immobile comme une statue, l'herbe, les étoiles en plein jour sans soleil.
 

— Et j'ai eu peur.
— À cause de quoi, ma poupée ?
 

Elle avait pris un air grave, presque torturé, comme lorsque le médecin lui avait piqué la fesse pour son dernier rappel de vaccin. Faustine avait ressenti physiquement la concentration de sa fille, car en d'autres circonstances, elle aurait certainement remarqué que sa maman était
elle aussi très bizarre.
 

— Je ne sais pas. Peur, quoi.
— Peur que la madame meure ?
— Non. C'est un truc avec Judith, mais je ne me souviens plus.
 

C'est à ce moment que Faustine s'était tue.
 

Je ne lui ai jamais dit son prénom ?

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Bain de lumière

 

 

Le soleil est ardent, le ciel uniment bleu.

Je me laisse envahir par une douce ivresse.

Ce matin chaque instant déborde de tendresse,

Alors, innocemment, je fais le même voeu.

 

Méthodique et silencieux, mon sablier

Déverse l’énergie qui me fait vivre heureuse.

L’étape où je me trouve est enfin savoureuse,

J’ai passé les tunnels lointains et oubliés.

 

Après bien des efforts et des déconfitures,

Je connais le confort propice à la gaieté.

C’est mon temps de repos, de chère liberté,

Je rêve, en souriant, à d’autres aventures.

 

Je fais, comme souvent, non pas une prière,

Mais plutôt la promesse à tenir, si je peux,

De rester vigilante, active, encore fière,

Et ce malgré les torts du destin tortueux.

 

Le soleil blanc devient lumière éblouissante.

En ce jour de décembre, au gazon resté vert,

Je contemple ma rue, les yeux demi-ouverts.

Dans le calme parfait,modeste, elle est charmante.

                                            

8/12/2005

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Au pays des érables

 

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Le soleil étant en défaut,

Mon salon demeure dans l’ombre.

Comme les choses, j’ai l’air sombre,

Mais je réagis aussitôt.

 

J’allume des lampes au néon,

Lors, la lumière artificielle,

En attente, toujours fidèle,

Noie tout le gris dans la maison.

 

Ne s’égaye pas pour autant,

Mon âme éprise des nuages

Qui survolent le paysage

Et l’enchantent de longs instants.

 

Ce jour, le ciel est sans attraits.

Je surveille ma rue dormante,

Morne, déserte, décevante,

Le charme s’en est retiré.

 

Je pense aux êtres sans recours,

Meurtris en des lieux effroyables.

Ici, au pays des érables,

L’espoir, jamais, ne reste sourd.

 

8 janvier 2007

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Sur le chemin de Toiano

Après des vacances bien méritées (au soleil ! veuillez m'en excuser!) je me relance dans la promotion d'un livre qui me tient particulièrement à cœur. J'en ai commencé la rédaction en 2003 pour le terminer en 2008. S'en est suivie une longue traversée du désert... des remises en question... parfois le découragement. Aujourd'hui, "Sur le chemin de Toiano" sort en septembre des presses des bonnes éditions Chloé des Lys. cette histoire va exister en dehors de mon imagination, Chiara Contini va enfin voir le jour.

Du temps, il m'en a fallu. Mais je ne suis finalement pas pressé. J'aime que tout soit parfait ou presque !

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12272749470?profile=originalEn sa courte vie, le comte de Mirandole et de Concordia compta plus d'ennemis que d'amis, mais sa pensée, à la fois conciliatrice et polémique, provocatrice et séductrice, répétitive et apparemment contradictoire, exerça une influence multiple sur des philosophes appartenant à des horizons fort éloignés les uns des autres.

On peut se contenter de voir en lui, à l'aube de la Renaissance « nordique » - puisque l'Italie avait déjà produit dans tous les domaines de l'art et de la pensée quelques-uns de ses chefs-d'oeuvre -, l'un des pères spirituels de Lefèvre d'Étaples, de John Colet, de Thomas More, pour ne pas parler d'Érasme, qui lui saura un gré infini d'avoir tourné définitivement le dos à la theologia disputatrix  héritée de la scolastique pour poser quelques jalons majeurs dans la voie royale de cette théologie philologique et nourricière de l'âme, où il devait lui-même passer maître.

 

De l'exploratio à la disputatio, de la disputatio à la contemplatio


L'existence de Giovanni Pico della Mirandola peut être divisée en deux périodes nettement distinctes, et même opposées, comme le fit dans sa célèbre Vita  son propre neveu, Gian Francesco. Le point de rebroussement de la courbe serait marqué par la fameuse « dispute » romaine : avant, une période d'erreurs et d'errances, de gloire « mondaine », d'aventures galantes, de recherches passionnées du plaisir et du savoir ; après une plongée dans la foi, un retour à l'esprit du Christ, une visée des joies de la patrie céleste, la gloire de Dieu et la « lumière » submergeant la gloire personnelle et les « ténèbres ». On pourrait parler, avec Giovanni Di Napoli, d'un Pic « explorateur », précédant et peut-être préparant cette contemplation finale.

Né au castello di Mirandola, dans la région de Modène, troisième fils de Gian Francesco Pico et de Giulia Boiardo, le jeune comte possédait dès son berceau les privilèges d'une illustre ascendance et d'un riche patrimoine ; sa prestance, heureusement associée à des dons intellectuels hors de pair, devait être célébrée par Ramusio à Padoue, par Politien à Florence. Il perdit tôt son père, et devint l'objet des soins particulièrement attentifs, sinon exclusifs, de sa mère. Femme d'une grande sensibilité et d'une piété fervente, celle-ci souhaitait pour son fils une brillante carrière ecclésiastique. De fait, à dix ans, l'enfant est nommé par Sixte IV protonotaire apostolique et les insignes de sa dignité lui sont conférés par le cardinal Francesco Gonzaga. La même année, il était proclamé prince des orateurs et des poètes. A quatorze ans, il fréquente à l'académie de Bologne les cours de droit, et en deux ans devient un canoniste réputé. Mais les Décrétales le dégoûtent rapidement : c'est de la nature entière qu'il veut désormais pénétrer les secrets, et son ambition est d'acquérir, ni plus ni moins, la science universelle. Pendant sept ans, il parcourt les plus célèbres universités d'Italie et de France, suivant les leçons des plus illustres professeurs et acquérant, en disputant généralement contre eux, une éloquence et une acuité de jugement inégalables. A Ferrare, il étudie les lettres avec Giambattista Guarino, et, de 1480 à 1482, la philosophie à Padoue, où il affronte les idées de l'averroïste Nicoletto Vernia. A Pavie, il s'adonne à la philosophie avec Maioli et au grec avec Adramiteno. En 1484, à Florence, il se lie d'amitié avec Marsile Ficin, Laurent le Magnifique, Ange Politien, et devient vite l'un des plus célèbres et actifs collaborateurs de l'Académie platonicienne. En 1485, à Paris, il entre en relations avec Charles VIII et les humanistes de la capitale, dont l'historien Robert Gaguin. En même temps qu'une multiplicité de connaissances qu'il maîtrise en quelques semaines sinon en quelques jours, il acquiert une expérience des hommes et du monde qui sert admirablement ses ambitions philosophiques. Au cours de ses voyages, il accumule les livres qui feront de sa bibliothèque l'une des plus réputées, et s'enrichit de mille autres connaissances « pratiques » que ses biographes chrétiens lui reprocheront plus tard. A son retour en Italie, en 1486, il se met à l'étude des langues orientales - l'arabe, le chaldéen et l'hébreu - avec l'averroïste Elia del Medigo. Une lettre à Ermolao Barbaro montre bien qu'à la différence de ses contemporains et contrairement à certaines interprétations de son oeuvre, il ne sacrifiait pas la scolastique à l'humanisme. C'est là un trait de son génie qu'il faut déjà noter : l'esprit de synthèse et de conciliation entre des thèses opposées. Les écrits cabalistiques attirent également Pic de la Mirandole, mais il est difficile de savoir si c'était là de sa part une manifestation de sa curiosité universelle ou celle d'une fascination particulière.

En 1486 s'amorce le tournant de son existence ; il compose ses fameuses neuf cents thèses De omni re scibili (Conclusiones philosophicae, cabalisticae et theologicae)  portant sur tous les domaines de la philosophie et de la théologie et assorties d'un défi à tous les savants, d'un appel à une controverse publique. En véritable seigneur de la Renaissance, mêlant le faste à l'érudition, la générosité à la provocation intellectuelle, il offre de payer le voyage et tous les frais de séjour de ceux qui, désireux d'attaquer ses thèses, seraient trop éloignés de Rome, où doit avoir lieu la disputatio.  Mais, devant ce défi lancé par un jeune homme à peine sorti de l'enfance, une coalition se forme et de graves personnages parviennent à faire interdire la confrontation par un décret de la commission papale. Pic fut même contraint, le 31 mars 1487, de renoncer publiquement à treize conclusions jugées hérétiques. Il n'en publia pas moins, le 31 mai de la même année, une Apologia  dans laquelle il accusait ses juges. La réponse ne tarda guère à venir sous la forme d'une bulle d'Innocent IV en date du 4 août.

Persécuté par la curie romaine, il fut arrêté près de Lyon au cours de son second voyage en France, au début de 1488, et incarcéré au donjon de Vincennes, près de Paris. Libéré, il ne s'en vit pas moins refuser l'accès à la Sorbonne pour la soutenance de ses thèses, et il dut revenir à Turin. Invité par Laurent le Magnifique, il se retira à Florence, qu'il ne devait plus quitter jusqu'à sa mort, le jour même où le roi de France Charles VIII y faisait son entrée.

Giovanni avait beaucoup changé au cours des dernières années : l'« explorateur » s'était fait « contemplateur ». Tout d'abord, Pic n'était plus le jeune « coq » qui se pavanait dans toutes les avenues de la science : il pratiquait la dévotion avec sincérité ; un an avant sa mort, il légua tous ses biens aux pauvres. Après son absolution du chef d'hérésie par une bulle du pape Alexandre VI en 1493, il renonça même à toute autre étude qu'à celle de la littérature sacrée, brûlant ses poèmes de jeunesse. Il avait l'intention de parcourir le monde pieds nus en prêchant la parole de Dieu. Mais une fièvre maligne ne lui permit pas d'accomplir ce voeu. Cependant, le grand prédicateur de Florence, Savonarole, qui exerça indubitablement une influence prépondérante sur l'évolution spirituelle de Pic, fit revêtir son corps de l'habit de l'ordre des frères prêcheurs dans lequel Pic avait si ardemment désiré entrer. Ses restes furent déposés dans le cimetière San Marco sous une tombe décorée d'une épitaphe modeste.

Durant ses années florentines, outre Savonarole, Marsile Ficin eut sur lui une influence qui ne fut sans doute pas négligeable pour le persuader que la religion chrétienne représentait le développement et comme la fine fleur du platonisme de l'Antiquité. D'une manière plus générale, l'un des grands problèmes de Pic, pendant sa période de « contemplation » et d'approfondissement de sa propre pensée, fut celui sur lequel toute la scolastique du Moyen Age avait échoué, à savoir la réconciliation de la théologie et de la philosophie.

C'est surtout à cette période de son existence - la plus féconde en tout cas, celle qui devait finalement porter les fruits de ses explorations multiformes à travers le monde des livres et celui des hommes, et de l'exploration de son univers intérieur - que l'on doit la survie d'une pensée mirandolienne originale.

 

L'un et le multiple, Dieu et le monde

Dans aucun de ses traités, Pic n'a fait un exposé complet et systématique de sa philosophie, mais on peut également dire que les thèmes dominants de sa pensée apparaissent dans la plupart d'entre eux, l'Heptaplus , le De ente et uno , l'Oratio de hominis dignitate.  Philosophe de la conciliation - princeps concordiae , comme l'appelaient ses contemporains en jouant sur le mot de Concordia qui désignait par ailleurs la principauté dont il était le comte -, il prétend parvenir à une synthèse des philosophies de Platon et d'Aristote, comme à celle de la philosophie et de la théologie. Affirmant l'identité de l'objet que celles-ci visent l'une et l'autre, à savoir la vérité, il résume sa pensée en une formule fameuse : « Philosophia veritatem quaerit, theologia invenit, religio possidet . » Il affirme aussi l'unité de l'être et de l'objet de la connaissance, unité qui est Dieu lui-même. Entre le monde et Dieu existent les mêmes rapports dialectiques qu'entre le multiple et l'un, puisque s'est opérée une sorte d'identification substantielle entre ces termes, pris deux à deux. L'univers, synthèse du multiple, se compose de trois ordres de réalité, le monde intellectuel - celui de Dieu et des anges -, le monde céleste - celui des corps célestes ordonnés en dix sphères concentriques, dont la dernière est l'empirée ou coelum empireum , source et origine du mouvement dans l'univers - et enfin le monde élémentaire ou sublunaire - celui des êtres terrestres. L'homme est un microcosme, et, en tant que tel, il est composé d'éléments empruntés à ces trois ordres de réalité, formant en quelque sorte un monde en soi. Ces éléments infus dans la substance humaine sont le corps, l'âme et l'esprit, ce dernier ayant une fonction de synthèse unifiante entre les deux premiers. Ainsi se trouve réalisé un véritable miracle de la nature humaine, une synthèse de l'un et du multiple. Dans le meilleur des cas, il arrive à l'homme d'atteindre à la plénitude de l'être ou à la félicité suprême : dans le cas où il réalise sa propre essence, c'est-à-dire en parvenant à une parfaite harmonie entre les éléments qui le composent. En effet, le grand principe de la félicité qui s'étend à toutes les créatures est celui de leur retour à leur origine spécifique. Ces idées sont en grande partie dérivées de la tradition néo-platonicienne et des écrits du pseudo-Denys concernant l'organisation du monde en harmonie avec les sphères célestes et la transmission des effets d'En Haut à la sphère terrestre. On peut également supposer qu'en dépit de la christianisation de sa vie et de sa pensée dans les années florentines, Pic demeura fidèle à l'enseignement padouan et à l'averroïsme d'Elia del Medigo. On sait que, dans les limites prescrites par l'image médiévale du monde, l'averroïsme tentait de donner une explication rationnelle de la nature, sans l'intervention d'aucun dogme théologique. C'est donc dans le cadre d'un déterminisme universel que le problème de l'un et du multiple pouvait se poser. La nature n'est pas érigée en un principe transcendant, car elle n'a ni commencement ni fin dans le temps, elle exprime la totalité de la matière et du mouvement. A la catégorie théologique de la création comme à la catégorie métaphysique de l'émanation était opposée la doctrine de l'éternité du monde. En fait, si l'on examine attentivement son oeuvre, on se rend compte que Pic utilise simultanément le schéma créationniste, le schéma émanationniste et le schéma rationaliste et naturaliste des commentateurs arabes d'Aristote. Mais aucune de ces solutions ne lui paraît capable de résoudre le problème philosophique des rapports de l'un et du multiple, pas plus que le problème théologique des rapports de Dieu et du monde. Si l'on en croit l'analyse de Cassirer au sujet de la philosophie de Pic, il faudrait adopter le point de vue de la pensée symbolique pour comprendre ces problèmes dans la juste perspective. On peut dire que l'un ne contient pas le multiple en un sens substantiel, ou encore que l'unité ne produit pas la pluralité par un quelconque processus causal : Pic envisage le multiple plutôt comme les expressions , les images  ou les symboles  de l'un. Et ce n'est que par cette voie médiate et symbolique que l'un absolu et l'Etre absolument inconditionné peuvent se manifester à la connaissance humaine. Cette position n'est pas entièrement neuve et maints mystiques s'y étaient ralliés. Mais ce qu'il y a de nouveau chez Pic, c'est la conscience qu'il se fait de son statut de penseur et le rang qu'il assigne délibérément à la philosophie : il est et il se veut avant tout un théoricien de la pensée. Quant à la philosophie spéculative - ici encore, pour lui, les deux mots se résolvent en un seul -, elle n'est ni l'esclave ni l'annonciatrice de la théologie : elle est la théologie même. L'amour de Dieu, c'est pour lui l'amour intellectuel de Dieu (comme dira plus tard Spinoza), car c'est seulement à l'intellect qu'est révélé le véritable universel, qui constitue comme un moment nécessaire et la marque authentique de la divinité. « L'intellect agent, écrit-il dans ses Conclusiones  (Opera , 71), n'est rien d'autre que Dieu. » Il semble bien que les interprétations mysticistes de la pensée de Pic échouent devant ce fait assuré que, pour lui, la visio intellectualis  n'est pas un sentiment mystique. Tout en cherchant à accroître le pouvoir de l'intellect jusqu'à son point ultime, il pense qu'en aucun cas il n'est en mesure d'exprimer adéquatement le divin. Mais cette limite même du pouvoir de l'homme est l'expression de sa dignité, de même cette dignité dont il a voulu faire en un discours célèbre le principe de son anthropologie.

 

L'idée du microcosme et la « dignité de l'homme »

Le discours intitulé De hominis dignitate  (ou Oratio de homine, in qua sacrae et humanae philosophiae mysteria explicantur ) constitue en fait la préface que Pic avait rédigée pour la défense de ses neuf cents thèses. On peut considérer ce texte, en dehors de toutes les idées de Pic. Il constitue également, dans cette dernière partie du Quattrocento, comme la proclamation urbi et orbi  de l'avènement d'un monde nouveau, la charte en quelque sorte de l'humanisme, d'un humanisme assurément christianisé, et même d'un humanisme chrétien, quoique en un sens différent de celui d'Érasme, de More ou de Vivès.

Certes, l'image de l'homme-microcosme n'est pas nouvelle, et il n'est pas de culture ou de pensée mythique qui ne l'ait abondamment exploitée. Les philosophes s'en sont emparés à leur tour, ces philosophes grecs et orientaux dont Pic avait lu tous les livres, comme les philosophes plus récents qu'il connaissait aussi. Il ne se satisfait pas cependant de l'idée commune de l'homme, composé de deux natures, l'une corporelle et l'autre spirituelle, car, dit-il, qu'aurait alors cet être de spécifiquement humain ? Ce qu'il veut démontrer, ce n'est pas la similitude  substantielle de l'homme avec le monde, mais plutôt sa différence  spécifique : ce par quoi l'homme occupe une position privilégiée et même exceptionnelle parmi toutes les créatures. L'homme est un être libre, autrement dit son essence ne lui est pas conférée par la providence divine ou par la force aveugle de la nature : il se la donne à lui-même, il est  ce qu'il devient , et il devient ce qu'il se fait.  L'homme est l'artisan de son propre destin - ne disons pas de sa nature -, à moins de voir dans la nature de l'homme non pas une donnée  de base, mais la réalisation  ou l'actualisation  d'une essence. Pensée audacieuse qui, présentée ex abrupto , pourrait évoquer un anthropocentrisme renaissant fort éloigné de l'enseignement théologique traditionnel. Si l'homme est l'artisan ou l'architecte de sa destinée, quelle part est laissée à Dieu ? La lecture attentive et généreuse de Pic montre que cette dignité essentielle de l'homme qu'il voulait affirmer à Rome en 1486 n'est pas en contradiction avec l'attitude humble et repentante du frère prêcheur, disciple de Savonarole, soumis à la volonté de Dieu : tout au plus, la notion judéo-chrétienne de la similitude entre l'homme et Dieu (l'homme « créé à l'image de Dieu ») se présente-t-elle dans l'Oratio  de 1486, sous son aspect créateur et dynamique. Et d'ailleurs, la libre soumission à la loi divine n'est-elle pas de la part de l'homme un acte créateur ? Cette idée de Pic aura une grande fortune à l'époque de la Renaissance et plus tard, bien que cette anthropologie ait donné naissance à des thèses qui se sont déployées dans des directions très différentes de sa propre inspiration. Mais, pour rester dans sa lignée spirituelle, comment ne pas évoquer le mot célèbre d'Érasme dans son Traité de l'éducation des enfants  de 1529 : « L'homme ne naît pas homme, il le devient » (ou plutôt, pour rendre exactement l'expression latine, fingitur , « il se fabrique tel »). C'est à la grâce divine que l'homme doit ce bien précieux d'être, à la deuxième puissance et dans les limites tracées par l'ordre du monde et la volonté de Dieu, son propre créateur.

Il s'agit là d'une philosophie de l'homme essentiellement activiste, dont la forme importe peut-être plus que le contenu : car ce qui est intéressant ici, c'est moins l'affirmation du libre arbitre de l'homme, avec l'argumentation habituelle à Pic, que l'attitude même du philosophe italien, et l'ardeur juvénile et dévorante dont il anime tout son discours. Comme l'écrit Ernst Cassirer, seul un âge inspiré et profondément imprégné d'un nouvel idéal de l'homme pouvait faire jaillir de tels accents.

Toutefois, ce serait une erreur historique et méthodologique, contraire à l'esprit mirandolien de « concorde » et de « conciliation », que de vouloir dissocier ce discours sur la dignité de l'homme de l'ensemble de l'oeuvre. Métaphysique, psychologie, théologie, éthique et philosophie naturelle, tous les aspects de l'oeuvre rayonnent à partir de cette idée centrale et de cette image du microcosme. La liberté de l'homme signifie qu'il est à tout moment capable de transcender les déterminations de sa nature ; cela implique, sur un plan théologico-métaphysique, qu'il est capable, par la force de sa volonté et la puissance de son intelligence, de s'élever même au-dessus des êtres qui se trouvent plus haut que lui dans l'ordre hiérarchique. En effet, alors que les anges et les intelligences célestes ont une nature qui a été déterminée depuis le début de la Création, l'homme ne s'accomplit véritablement qu'en agissant sur la base d'une libre décision. Et ce qui est vrai de l'homme individuel l'est également des sociétés, des cultures, des époques historiques. L'histoire universelle ne se déroule pas tout entière selon un plan déterminé à l'avance ; Dieu ne s'est pas donné en aparté la représentation de la destinée des peuples et des civilisations : idée profonde et moderne de la liberté comme agent de l'histoire et facteur de différenciation, germe de toutes les luttes, de tous les progrès, de toutes les connaissances, de toutes les réalisations anciennes. Pour Pic, la tradition - qu'il s'agisse de la Bible, du « corpus » patristique, des idées cabalistiques, de la sagesse enclose dans la littérature gréco-latine, de l'enseignement de saint Thomas ou de celui d'Averroès..., et de omni re scibili  - n'est pas un trésor définitivement acquis et jalousement gardé, mais un capital que l'esprit humain doit continuellement faire fructifier : en termes plus abstraits, Pic a introduit, avec la liberté de l'esprit critique, le libre mouvement dialectique de la pensée. Même la foi, pense-t-il, a son histoire ; et sa vérité ne peut être révélée qu'à celui qui dominerait la totalité du mouvement de l'histoire. Nul plus que lui n'a admiré Platon et Aristote, ou respecté les Pères de l'Église, mais il n'admet aucune cristallisation dogmatique à leur sujet, aucune proclamation d'infaillibilité : ce serait faire injure à l'intelligence de l'homme et mal servir la mémoire de ces grands hommes. Mais, et ceci est essentiel, avant d'entreprendre ce travail de dialecticien, l'homme - disons l'homme-philosophe - doit être un « synopsiste », car il doit examiner attentivement tous ces microcosmes intellectuels que constituent les pensées et les oeuvres des autres esprits. Ce faisant, l'examinateur - qui est lui-même un parvus mundus  - n'opérera pas un mélange indifférencié ou une plate synthèse, mais, en rendant à chacun ses mérites et en situant chacun dans sa propre perspective, il sera en mesure de tracer sa voie dans un monde aussi unifié et diversifié qu'il est possible. Le « prince de la concorde » n'est pas un théoricien du juste milieu ; mais, à la manière dont Bruno et Leibniz comprendront le système de l'univers, Pic voit la réalité comme un tout composé d'entités indépendantes, chacune d'entre elles exprimant la totalité de l'univers et se le représentant de son propre « point de vue ». Toute la monadologie est déjà chez le grand humaniste italien.

 

Philosophie naturelle et critique de l'astrologie

La métaphysique et la théologie - mieux vaudrait dire, d'après ce qu'on a vu, la philosophie spéculative - occupant la première place, la philosophie naturelle n'aura droit qu'à la seconde. Mais plus intéressante que le contenu de cette philosophie de la nature est la conception typique que le penseur italien se fait de la nature, car elle a déterminé dans l'histoire des idées, et d'abord dans l'univers intellectuel de la Renaissance, un courant de pensée passablement unitaire, compte tenu de la fluidité des concepts, de la continuelle imprégnation des idées par les images, et de la permanente irrigation des mythes et des symboles. Avant Agrippa de Nettesheim, Paracelse, Cardan et les Padouans, le modèle que Pic propose à la réflexion est celui d'un universel vitalisme. La nature n'est pas comparée à un grand livre où tous les phénomènes seraient classés et étiquetés ; elle ne se compose pas de parties, subdivisées elles-mêmes en genres et en espèces, qui différeraient substantiellement les unes des autres. Elle forme un immense réseau, mieux vaudrait dire, pour poursuivre avec les images aquatiques, un immense fleuve de vie. Chaque élément vital, chaque créature vivante - plantes, animaux, humains, et aussi les minéraux dont l'auteur décrit si souvent la naissance, le développement et le lent dépérissement - est un reflet ou plutôt un souffle du mouvement de vie universel. Par une « sympathie » universelle - l'harmonie du monde interprétée en termes musicaux est une image qui vient de Pythagore et dont la fortune sera immense à l'époque de la Renaissance et bien au-delà -, chaque élément est lié à tout le système d'occurrences. On reconnaît aussi la présence de la philosophie stoïcienne dans cette idée-image de l'univers comparé à une corde tendue dont chaque pulsion, en un quelconque de ses points, est propagée jusqu'à ses deux extrémités. C'est là une conception peut-être anthropocentrique de la nature, calquée sur la métaphysique de Pic, mais dont les prolongements se retrouveront dans les philosophies de Bruno, de Leibniz, de Schelling et des néo-kantiens. Pour paraphraser Leibniz lui-même, cette conception est « chargée du passé et grosse de l'avenir ». La nature, d'autre part, doit être interprétée comme le premier moment de l'esprit. Elle est raison, non pas encore la raison claire et consciente d'elle-même, mais la raison obscure et cachée, ratio mersa et confusa , selon ses propres expressions. On est encore ici près de Leibniz et de sa conception de la mens momentanea.  Nature, humanité et Dieu se trouvent reliés entre eux, selon une analogie familière à Pic, comme le sont les couleurs, l'oeil et la lumière. On pense inévitablement à Platon et à sa notion de l'idée de Bien, soleil du monde intelligible. Cette référence ne saurait surprendre de la part du grand académicien de Florence. Mais ce qui n'est pas chez Platon, défenseur héroïque des deux mondes séparés, c'est cette fonction centrale de l'homme, oeil du monde (oculus mundi ) qui unit en lui-même et comprend dans une seule vision la totalité de l'univers. Entre les idées du De dignitate hominis  et la philosophie naturelle de Pic, le lien est substantiel : c'est l'opérateur humain (« la vision est une opération active ») qui décidera, par un décret de sa volonté et la puissance de son intelligence, de capter cette lumière, qui est Dieu, ou qui émane de Dieu, et qui se confond avec la vérité. Nul besoin dès lors de recourir à la magie ou au surnaturel - comme on l'a parfois reproché à Pic -, ou plutôt, les deux idées de magie et de surnaturel doivent être soigneusement séparées : la magie n'est pas pour lui l'utilisation de forces obscures, démoniaques, et indépendantes des lois de l'univers ; elle est une opération naturelle , dont la science peut ou pourra rendre compte un jour, mais qui tire parti de « secrets », de « mystères », c'est-à-dire de propriétés insuffisamment connues de phénomènes naturels. Ici encore, Pic ouvre la voie à tous les traités de « magie naturelle » qui pulluleront tout au long du XVIe siècle.

Sa polémique contre les astrologues et l'astrologie s'explique dès lors très aisément. Ses Disputationum adversus astrologos libri , qui comptent avec le De dignitate hominis  parmi ses plus célèbres écrits, sont dirigés contre tous ceux qui prétendaient voir dans les signes  de la nature, et notamment dans les astres, des indications concernant le futur et, plus encore, des causes déterminantes de ce futur. Pic ne jouait pas une partie facile, car, pour attaquer l'astrologie qu'on appelait « judiciaire », il ne pouvait s'appuyer sur une base rationnelle ou scientifique indiscutable ; et son assimilation du Christ au vinculum mundi  ou magicien suprême ne lui assurait pas de la part de l'Église (qui d'ailleurs ne s'accommodait pas toujours mal des spéculations astrologiques) un concours spontané. Il considérait, contre les astrologues, que parler d'opérations des astres est un futile bavardage tant qu'on n'a pas déterminé et démontré les moyens techniques de ces opérations. La marche de l'univers et les destinées individuelles ou collectives ne dépendent pas de forces mystérieuses. On l'a vu, l'homme n'est pas soumis à un supradéterminisme aveugle et terrifiant : sa dignité, qui repose sur son libre arbitre et sur sa raison, et la puissance de Dieu, créateur de l'univers et maître de toutes les forces qui le régissent, s'y opposent l'une comme l'autre. Ni les positions des étoiles, ni les « maisons » du ciel qu'ont inventées les astrologues n'ont d'influence causale. « En dehors de l'influence commune de la lumière et du mouvement, proclame-t-il avec force, aucune puissance particulière n'existe dans les cieux. » La voie est ainsi ouverte au cartésianisme.

 

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Alvéoles - Le voyage de Judith (7)

Dans l’extrait précédent, Judith perd espoir, et plonge vers l’obscurité.

 

Le ciel était très clair, comme au beau milieu de l'été, et pourtant des milliers d'étoiles y brillaient. Judith n'aurait pu dire où était le soleil, bien qu'elle en sentît les bienfaits sur sa peau. La jeune mariée était posée là, immobile et nue, au beau milieu d'une prairie d'un vert intense. Tout autour d'elle était figé, jusqu'au moindre brin d'herbe. Aucun bruit ne semblait pouvoir troubler le monde où elle venait d'atterrir, à tel point qu'elle se mit à douter de ses capacités auditives.

Jusqu'à ce qu'une voix lui dise :

— Tu m'as fait peur.

(…)

Judith aurait donné une fortune pour pouvoir sursauter en entendant la voix qui l'avait interpellée, mais elle était restée immobile, à l'image de tout ce qui l'entourait. Elle s'étonnait même d'avoir pu entendre quelque chose, tant le monde où elle s'était retrouvée lui avait paru figé. Une vague de soulagement l'envahit lorsqu'elle put s'entendre dire :

— On se connaît, non ?

Les lèvres de Judith n'avaient pas bougé. Ses poumons n'avaient pas expulsé la moindre particule d'air. La réponse était pourtant venue immédiatement :

— Oui, j'étais avec maman dans la grande salle où il y avait tous ces gens malades. Pourquoi tu t'es battue avec les docteurs ?

La jeune fille apparut enfin dans le champ de vision de Judith. Elle s'assit, cligna des yeux comme si elle était gênée par un hypothétique soleil, et regarda Judith comme une maman son enfant malade. Elle avait le visage rond, de vilaines cernes sous les yeux. Elle pouvait visiblement se mouvoir librement dans cet environnement d'une totale immobilité.

— J'avais des convulsions, dit Judith.

— Des quoi ?

— Des convulsions. Un peu comme le hoquet, mais en beaucoup plus fort. En fait, je ne pouvais pas contrôler ce qui m'arrivait. Mes bras et mes jambes faisaient ce qu'ils voulaient. Dis-moi, tu n'as pas une mine de petite fille en pleine forme, toi. Tu manques de sommeil ?

— Je suis malade. J'ai le virus de Justine Henin, mais maman m'a dit que je m'étais trompée, que c'est la grippe.

À nouveau, Judith ressentit comme un sursaut immobile. H1N1. Elle serait comme moi ? Dans le coma ?

— Tu es malade ?

— Je vais mieux, a dit le docteur. Comme papa, il va mieux aussi.

— Tu vas mieux ? Tu es sûre ?

— Oui, oui, d'ailleurs, j'ai faim, j'aimerais bien que maman m'apporte quelque chose à manger, mais elle est loin.

— Tu t'appelles comment, encore ?

— Valérie.

— Valérie, je ne peux pas bouger. Tu veux bien faire quelque chose pour moi ?

— Tu voudrais savoir si je suis vraiment vivante ?

Judith marqua un temps avant de reprendre.

— Tu lis dans mes pensées ?

— Je ne sais pas, répliqua la jeune fille après une courte hésitation. Ta bouche ne bouge pas.

— Mais tu m'entends ?

La jeune fille émit un petit rire amusé :

— Ben oui, sinon, je pourrais pas te répondre !

— Bon, tu veux bien ?

— Je dois faire quoi ?

— Approche ton poignet de ma bouche, juste contre mes lèvres, comme si j'allais lui donner un bisou. Je ne peux pas bouger, mais je vais peut-être pouvoir sentir si ton cœur bat.

Valérie considéra la jeune mariée avec des yeux ronds.

— Pour quoi faire ?

— Je voudrais savoir, Valérie. Je suis docteur, donc je suis curieuse.

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Sur les chemins de Compostelle ...

 

18 juillet 2011

 

Ca fait une semaine, aujourd'hui, que je suis parti ... tenter la suite de cette belle aventure.

 

Heutregiville.

 

Ouf ! J'arrive à retenir le nom de la localité où j'ai atterri, hier. Pas des moindres. Il s'agit d'un lieu connu, dans le coin. Eprouvé par la guerre de 14. Faut dire : Verdun n'est pas loin. Brigitte, la dame de l'endroit, m'a montré de vieilles cartes postales, d'avant la première guerre, avec, notamment ... la ferme où nous nous trouvions et l'église de l'époque (détruite lors de la guerre 14-18).

 

J'ai partagé la chambre (de l'endroit) avec un pélerin hollandais, Frans. Ca s'est bien passé. Sur son lit, le gars lisait un bouquin (en néerlandais, bien sûr) sur une espèce de mini-ordinateur de la taille d'un livre.

J'ai juste eu un peu peur, à l'idée que, la nuit, je peux ... ronfler. Et que ça puisse causer des problèmes.

J'ai juste eu un peu peur, vers deux heures du matin, lorsque j'ai du, dans le noir, tenter de quitter la chambre pour me rendre à la toilette, dans la salle de bain située elle-même à côté de la chambre. Final'ment, lorsque, le plus discrèt'ment, j'ai réintégré la chambre, c'est lui qui se levait ... pour se rendre au même endroit que moi.

Comme quoi !

 

Il a soixante-quatre ans, le FRans. Il est taillé comme un athlète.

Ce qui est fou, c'est que la rencontre entre lui et moi aurait pu se passer mal. De ... ma faute, cette fois, je l'avoue.

 

Faut dire ...

 

J'étais parti, le matin, de Château-Porcien. J'avais un peu tourné en rond dans le village, avant de trouver les bonnes balises. J'avais eu un mal fou à repérer les deux bras de l'Aisne, le canal des Ardennes, le terrain de sport, la coopérative agricole.

Ca f'sait plus d'un jour que je tentais de contacter un hôtel, à Bazancourt, renseigné dans le dépliant, où devait, logiqu'ment, se trouver la fin de l'étape. Sans réponse. Or, il était bien dit : réservation 48 heures à l'avance. Bien, bien. Heureus'ment que, dans le sillage, deux ou trois autres numéros de téléphone étaient renseignés. J'avais fini par tomber sur une dame qui m'avait dit de la contacter vers 18 heures, car son lieu d'hébergement se trouvait à dix kilomètres de là.

 

Faut dire, aussi ...

 

C'était la quatrième ou cinquième journée que je me remettais en marche, en repartant d'un point où j'étais arrivé, la veille. C'est passionnant, oui. On voit du paysage, oui. Mais ... poser ses bagages quelque part, dormir, reprendre ses bagages le lend'main, c'est de l'énergie physique, psychologique. Et je commençais à me dire qu'il serait temps que je me pose plusieurs jours quelque part, sans bouger. Heureus'ment que Reims n'était pas loin.

 

Faut dire, aussi ...

 

En chemin, une des bretelles de ma guitare a laché.

 

Alors, bon ...

 

Quand je suis arrivé, d'abord, à Bazancourt, que je suis tombé, une fois de plus, sur le premier bistro venu, c'était la Providence, la délivrance qui s'imposait d'elle-même. Et là, j'ai reçu un chouette accueil du tenancier et des clients du lieu.

A un moment donné ...

Le tenancier du coin me dit : "tiens, voilà un pélerin !". Il sort et appelle le gars en question. Je me réjouis. Je suis curieux. Un grand gars, avec des lunettes, une casquette et un sac-à-dos, entre dans l'enceinte. Mince : il parle pas français. Mince : il me rappelle sans doute quelqu'un que je ne garde pas dans mon coeur. Et ... quand il me parle, je m'arrange pour écourter. Je suis trop fatigué. Je veux pas écouter, c'est une torture. Et ... je lui tourne le dos. Le client, à côté de moi, a vu la scène et ... me comprend.

Quant au gars, lui, il ne désarme pas. Il s'assied, prend son portable (ou GSM), tente d'appeler des endroits pour loger. Et ... il repart.

 

Silence dans le bistro. Je sympathise avec la serveuse. Je sympathise avec un voisin de comptoir (venu de Guyane, je crois).

Et je commence à me dire : et si le gars "hollandais", que je viens de croiser, devait se trouver, ce soir, dans le même endroit que moi !

Et je commence à me dire : Hugues, prépare-toi, si le cas se présente, à retrouver le gars "hollandais", et à le vivre bien (il n'a pas à subir tes états de mauvaise humeur ... légitimes).

 

Et ... une heure plus tard (toujours dans le même bistro) ...

Une dame sort d'une voiture. Elle appelle un certain "Hugues" qui l'a contactée le matin. C'est bien là que j'irai loger ce soir. Et devinez qui je vois, dans sa voiture, qui l'a prévenue qu'il y avait un pélerin qui attendait au bistro : eh bien, Frans, le pélerin hollandais, comme je l'avais imaginé, comme je l'avais supposé ...

Et ... ça commence à bien se passer.

 

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On ne passera qu'un jour à Heutregiville ... déjà le jour suivant, on nous conduit, Frans et moi, au début d'une espèce de voie romaine qui nous mènera vers Reims

 

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on se salue bons amis ... on se reverra ...

 

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allez : juste un regard vers la gauche

 

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Frans me devance vachement, déjà ...

 

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j'ai eu le temps de bifurquer par un village et d'app'ler des amis en Belgique

 

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une grand'route ... un bar-tabac ... un SMS venu tout droit de Belgique (dont je me s'rais bien passé) ... des chemins, des chemins ... Reims, nous voilà, enfin !

 

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une première église ... des échafaudages ... une boulangerie ... quelqu'un qui m'a déjà abordé

 

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Reims : des animaux vont donc sortir de la cathédrale

 

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juste à côté de la cathédrale

 

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les vitraux de Chagall, dans la cathédrale de Reims

 

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à la maison diocésaine, là où je logerai au moins deux jours ...

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