Joli mois de mai, j'ai aperçu du muguet (déjà).
Joli mois de mai, j'ai appris qu'un prince, en Angleterre, s'était marié.
Joli mois de mai, en ce jour ensoleillé ...
Je n'irai pas travailler. Je dois prendre les devants. Je ne suis plus trop loin de la ... dépression. Le surmenage fait son effet depuis quelques jours. Je n'ai pas travaillé moins de quatorze heures, trois jours d'affilée, la s'maine dernière. Mes épaules le sentent. Mon dos le sent. Mon coeur le sent.
A 17 heures, je vais voir un méd'cin.
En temps normal, je récupère vite, quand la quantité de boulot reste raisonnable. Mais ces derniers temps, ça se corse. Epuis'ment, épuis'ment, épuis'ment.
Je m'en ressens même le week-end, lorsque je me trouve sur des chemins de campagne ensoleillés. C'est dire ! Bien sûr, je garde le goût d'avancer, de découvrir. Mais je deviens aveugle aux merveilles qui m'entourent. Un peu comme si je perdais le goût. Même quand je fais le choix d'aller me balader, j'arrive à peine, parfois, à franchir une petite route qui monte. Je n'en ai même plus de plaisir. Les loisirs qui me restent (et me sont quand même offerts) deviennent ... des bouées de sauv'tage, des moyens de survie.
Savoir que je marque une pause d'un week-end, tout en sachant, pratiqu'ment, ce qui m'attend, le lundi, quand je démarre, je m'en sens maqué. Je ne sais quand ça se terminera. Quand l'écrivain Céline évoquait son "VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT", eh bien ces mots résonnent très fort dans ma chair.
Burn-out, à nouveau, au bout de la course ? Si je n'agis pas à temps, oui.
Toujours, dans le cadre du boulot ...
Je signalais à une chef ... ma difficulté de poursuivre.
Je signalais ... le fait que je sois rentré, trois jours d'affilée, autour de dix-huit heures.
Je signalais ... que je n'en pouvais plus.
La réponse ne s'est pas faite attendre : "Hugues, tu as eu la possibilité de demander, si ta tournée est trop longue, une personne pour t'accompagner ... tu as le droit de demander un contrôle de service ..."
J'étais au courant, en effet.
La réponse s'est poursuivie : "Tu as le droit de demander une personne pour t'accompagner durant les trois mois qui suivent le dernier Géoroute ... or, tu n'as rien fait de ce côté-là ..."
Exact, exact. J'aim'rais juste dire : je ne mesurais pas, lorsque le dernier Géoroute (le 3) a vu le jour, les répercussions que ça allait engendrer sur mon système nerveux, sur mon rythme de travail. ON m'avait retiré une rue et on m'avait ajouté deux. Le tracé dev'nait plus long. Forcément, la quantité du courrier allait augmenter. Je le savais, mais sans deviner à quel point ça allait dev'nir pesant. Et puis, le dernier Géoroute (3) a démarré, je m'en rappelle, en août 2009. Jusque là, j'assumais encore plus ou moins. J'ai surtout compris les effets du surmenage ... quelque temps plus tard, en octobre. C'est seul'ment en faisant un break de deux mois et d'mie que j'ai pigé à quel point mon corps avait b'soin de repos ... et d'un temps bien à lui pour me permettre d'accomplir ce que je dois accomplir. Quand j'ai repris le boulot, mi-janvier 2010, j'étais (enfin : je me sentais) requinqué pour redémarrer le boulot. Et le temps requis pour demander une personne qui vous accompagne était écoulé. Faut dire, aussi : j'ai beaucoup de mal à demander de l'aide.
Désormais, j'en tiendrai compte, lorsqu'un nouveau Géoroute (peut-être pas si loin que ça) arriv'ra. Peut-être que ... j'aurai repris du service, dans de bonnes dispositions. Peut-être que ... une autre tournée, plus courte, disponible, se présentera (comme j'ai vingt ans d'ancienn'té, je peux demander). Peut-être que ...
"Peut-être faudra-t-il penser à une autre orientation professionnelle", m'a dit un méd'cin, récemment. "C'est que tu n'es plus fait pour ce métier", m'a dit un chef, récemment. Mmm, mmm. Que dire ? Ce n'est, hélas, peut-être, pas faux. Je suis lucide. Quant à décider, maint'nant, aujourd'hui, dans ce sens-là, c'est p'têt encore trop tôt. Je suis capable de faire des choix, mais j'ai besoin de me sentir apte à décider. C'est dur, quand même, de renoncer, même quand on sait que c'est justifié. J'aime mon métier de facteur. J'aime mes clients (qui me le rendent). J'aime travailler dehors. Ca me fout dedans et ... ça m'équilibre aussi, en même temps. Je ne sais pas ce qui m'attend, en dehors. C'est l'inconnu dans toute sa dimension, dans toute sa sphère.
Aussi, aussi ...
Quand j'ai signalé ma difficulté, la chef m'a répondu : "C'est pas pour te critiquer, HUgues, mais ... la plupart des remplaçants rentrent à deux heures et d'mie ...". Bien, bien. Ca se tient. C'est correct. Je n'ai jamais été un as de la rapidité, tout le monde le sait. Je travaille plutôt dans la longueur, dans l'organisation. De fait, les remplaçants rentrent dans les temps. La chef sait ... de quoi elle parle.
J'ai juste envie de dire ...
Quand je rentre tardiv'ment au boulot, je rencontre des collègues, nommés (comme moi), anciens (comme moi) qui réintègrent le bureau au même moment.
Je récupère, sur ma tournée, un certain nombre de lettres envoyées à la mauvaise adresse. Ainsi, le "42 rue de Vergnies" se retrouve carrément au "42 rue des Champs Elysées", et le propriétaire du lieu ne se gêne pas pour me le signifier, sur sa boîte aux lettres, avec la mention "FACTEUR !", qui indique bien son mécontent'ment.
Dans les "refeelbacks" du caddy (qui reviennent in extremis dans un container), je retrouve des lettres (prévues pour le rebut, mention "retour à l'envoyeur") planquées dans des cachettes où le remplaçant de service se doute peut-être qu'on ne s'apercevra de rien. Mais là, j'extrapole ...
Je rencontre plus d'un client qui se plaint parce que le facteur (qui me remplace) n'a pas sonné (quand y a un recommandé à présenter). D'accord, les parlophones sont en mauvais état, souvent, et il est difficile de percevoir la voix de la personne qui vous répond. D'accord, le client est peut-être de mauvaise foi (mais rien ne le prouve). D'accord, le facteur dispose d'un temps réglementaire pour adresser son courrier. Mais ... dans la pratique, où les choses en sont-elles ?
Un autre élément : les remplaçants sont général'ment tous jeunes, leur démarche est a priori rapide et ça ne doit pas leur causer trop de problème, s'ils doivent "gazer" (ou même ... forcer leur rythme de marche ou de course) pour réintégrer le bureau dans les temps. Sans me prendre pour un vieux (loin s'en faut), j'ai 49 ans et non plus ... 20. Biologiqu'ment, ça se ressent. Il est vrai aussi ... que je n'hésite pas à prendre le temps lorsqu'il faut sonner chez un client (et attendre qu'il réponde), que je n'hésite pas, parfois, à faire dix pas en arrière pour mettre en boîte une lettre (que je retrouve dans mon caddy et que je n'avais pas vue au moment opportun), que je pousse un caddy à la suspension lourde (et que je dois tirer lorsqu'il faut traverser la rue et franchir une bordure).
Bien sûr, bien sûr ...