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La Haute Solitude de Léon-Paul Fargue, faiseur de vie

Fargue publie en 1941 « Haute Solitude ». C'est l'oeuvre la plus accomplie, la plus dense, et aussi la plus déchirante que nous ait laissée le poète. Reprenant les chemins de cauchemar et de rêves qu'il avait déjà parcourus dans "Vulturenes", Fargue poursuit cette fois on investigation jusqu'à ce point critique où le poète, se séparat de lui-même, s'installe dans cette "haute-solitude", lieu étrange et indéfinissable dont il nous dira les prestiges et les peurs. Par elle, il atteint indifféremment à la nuit des temps préhistoriques comme à celle qui accompagne cette fin du monde dont il nous dit avoir été un des six témoins. Or, c'est bien entre ces deux nuits, nuits de la terre et du ciel en rumeur, nuits de la naissance et de la dissolution, que s'inscrit "Haute solitude". Prince du rêve, Fargue s'y meut avec cette aisance merveilleuse qui appartient à ceux ayant longuement fréquenté la mort, mort du souvenir, Fargue nous a laissé des pages suffisamment éloquentes pour que nous ne puissions douter de la vérité absolue d'une telle expérience. Visionnaire stupéfait d' "avoir vu d'un coup Dieu dans le monde, comme on s'aperçoit dans une glace à l'autre bout de la chambre", il possédait cette puissance verbale propre à nous entraîner dans cette randonnée préhistorique qui ouvre le livre. Nous y assistons à la formation des mondes, dans une débauche d'images, où le concret se marie à l'abstrait, le grotesque à l'inexprimable, où les mots enfantent des monstres: "Un énorme soleil minimum tremblotait dans un ciel de plomb. Des incendies coulèrent... Des lavasses de sabbat ruisselèrent sur la jeune peau du monde, provoquant des explosions de talc et des geysers de sueurs... Des museaux de roc affleuraient. Les premiers songes de la Terre bruissaient... Des festivals de craie s'organisaient. Et déjà des concerts de coraux célèbraient l'anniversaire du soleil, le tricentenaire du plasma, les jubilés du vent, du vacarme de de la couleur". Sous nos yeux, voici recréée, pour notre enchantement et notre frayeur, la succession des époques géologiques, jusque dans leurs guerres et leurs révolutions.

Mais soudain, un "Monstre bizarre" apparaît: "une sorte de machine plutôt qu'un animal, presque une construction, quelque chose de singulièrement développé et de singulièrement stupide": l'Homme. L'apparition de Vénus Anadyomène, comme une "tremblante merveille" épanouie "au milieu des fanons et des grimaces", n'est pas moins émouvante, ni solennelle. Délaissant ces mondes turbulents et chaotiques- après un "Réveil" en veilleuse, -le poète se prépare à explorer cet autre univers non moins fantastique: ce Paris tant aimé, sans cesse parcouru et arpenté ("Géographie secrète"). De sa chambre, chambre d'hôtel ou lieu d'élection, le voici, déambulant à travers les rues, guetté, poursuivi, accompagné par les fantômes et les visages de ceux qu'il aima ("Marcher", "Paris"). Il dira les attentes dans les gares, les banlieues sous la fumée et la suie, les "nuits blanches" remâchées comme un brin de paille, les cafés et la rumeur de la ville en colère, la rue avec ses commères et ses passants, la vie dans son désordre ("Plaidoyer pour le désordre", "Azarel"). Il dénoncera les maléfices et la présence du diable, ou l' insolite, sous toutes ses formes ("Erythème du Diable", "La mort du fantôme"): derrière le masque tranquille des choses et des êtres, voici surgir la turbulence fiévreuse qui les porte. Pas de route qui ne le conduise inexorablement vers ce haut lieu où souffle l'esprit: la solitude. "Mon destin, dira-t-il sans "Horoscope", c'est l'effort de chaque nuit vers moi-même. C'est le retour au coeur, à pas lents, le long des villes asservies à la bureaucratie du mystère".

Certes, toutes les parties qui composent ce livre, tendent implacablemnt vers ce chapitre central, qui les éclaire d'un jour blafard et où toute l'amertume et la conscience désespérée se sont concentrées, chapitre qui donne son titre au livre lui-même: "Haute solitude". Essentiel pour toute l'oeuvre de Fargue, ce chapitre s'ouvre et se ferme sur le royaume de la nuit, dont il attend, chaque jour le retour inquiétant: "Les seuls instants réchauffants, les seuls prolongements maternels sont les heures de nuit, où, pareil à un mécanicien dans sa chambre de chauffe, je travaille à ma solitude, cherchant à la diriger dans la mer d' insomnie où nous a jetés la longue file des morts... Aujourd'hui que je navigue à mon tour, j'aperçois qu'il faut apprendre à être seul, de même qu'il faut apprendre, comme une langue étrangère, la mort des êtres chers. Ce soir, un grand ressac de squelettes et de rafales humaines secoue l'esquif". Après la "Danse macabre", énorme et retentissante fin du monde, alors que tout semblait fini et chaque chose rendue au néant, voici le dernier chapitre: "Encore..." -ou l'éternelle répétition des gestes quotidiens, la monotonie des jours illuminés de fatigue, couleur de chagrin.

Livre déchirant et amer, révélant une parfaite adéquation du language et de la vision, c'est sans doute l'une des proses poétiques les plus importantes des cinquante dernières années. Fargue a parcouru, sans effort, les grands espaces libres du fantastique moderne; mais, à la différence des surréalistes, s'il reconnaît l'importance du rêve et du subconscient, il a toujours maintenu et proclamé la nécessité d'une règle, d'un ordre vivant et intelligible, en dehors duquel toute oeuvre est vouée à la destruction. "Ecrire, dira-t-il, c'est savoir dérober des secrets qu'il faut encore savoir transformer en diamants" (voir "Sous la lampe"). Créateur d'un langage où le réel s'allie au merveilleux, il aura magnifiquement rempli ce rôle qu'il fixait au poète, dans une de ses "Entretiens" avec Frédéric Lefèvre ("Une heure avec..., 5ème série), et que l'on peut résumer ainsi: poète, il fut parmi nous pour préserver la langage de cette "anémie pernicieuse" qui le menace périodiquement

La moindre destinée est couverte d'étoiles et de torrents

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La bibliothèque Max Elskamp de l'ULB (Réserve précieuse) fournit une documentation riche, voire unique, sur le symbolisme littéraire et sur les relations littéraires franco-belge entre 1860 et 1900.

Elle révèle la curiosité et la soif de connaissance du poète, et ouvre de multiples domaines: histoire du livre, occultisme, philosophie et psychologie, religions, sciences sociales, folklore et vie sociale, philologie, sciences pures et appliquées - avec un souci particulier pour l'astronomie et la cosmologie - arts, littérature, géographie et histoire.

Ces collections sont complétées par près de 70 titres de revues littéraires quasi complètes, dont la Jeune Belgique et la Société nouvelle. Cet ensemble permet de reconstituer assez finement l'univers intellectuel du poète, de retrouver, grâce aux nombreuses dédicaces, ses amis et correspondants, de connaître mieux ses centres d'intérêt, de le suivre sur les voies de son imaginaire.

 

La bibliothèque Max Elskamp rassemble, dans une atmosphère paisible, la majeure partie du fonds. Certaines pièces remarquables sont présentées sous vitrines: lettres, autographes, bois gravés, ex-libris, volumes dédicacés, documents issus des presses de l'imprimeur Buschmann qui publia les oeuvres d'Elskamp.

 

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Gog


Il s’agit d’un roman de Giovanni Papini publié en 1931. Gog, le personnage central du livre, est un monstre, et, par là, "il reflète, en les exagérant, certaines tendances modernes." Instructif et révélateur, son discours passe du paradoxe à la vulgarité, de l'exagération à la méditation. "Mais dans ce demi-sauvage cynique, sadique, maniaque, hyperbolique, écrit l'auteur, j'ai vu une sorte de symbole de la civilisation cosmopolite, fausse et bestiale -selon moi- et je l'exhibe à mes lecteurs d'aujourd'hui, dans la même intention qui animait les Spartiates montrant à leur fils un ilote abominablement ivre."

Ce livre est censé avoir été composé par l'auteur avec les pages que Gog, rencontré dans un asile, lui aurait remises, mais le ton de l'essayste l'emporte sur celui du romancier: les personnages demeurent statiques, l'action, tout à fait secondaire, n'est qu'un prétexte à des considérations sur les hommes.

Avec ce livre, Papini revient en fait à son thème préféré: la critique de son siècle et de toutes les formes de la décadence. L'auteur critique aussi bien les artistes -des poètes à Picasso- les hommes politiques, les foules, que les vedettes, les nouvelles idoles et toutes les creuses divinités d'un jour. "Gog" est aussi un réquisitoire, une satire impitoyable, comme par exemple les chapitres "le miracle à domicile", "le cannibale repenti", le trust des fantômes", "l' égolâtrie", "l' assurance contre la peur", "l'industrie de la poésie", où Gog, milliardaire ennuyé, décide d' industrialiser la production poétique. Pas de capitaux, une petite typographie, deux dactylos et deux ouvriers; en plus cinq poètes, de différentes provenances, engagés pour "pondre" et diriger l'exploitation. Le poète français, un ex-dadaïste, propose et lit à Gog une poésie polyglotte de sa composition: "Gesang of perduto amour". Le deuxième, un Allemand, prétend que la poésie doit tendre à la concentration et se servir de paroles magiques. Il présente le résultat de trente années de travail: son poème, initialement de cinquante mille six cents vers, a été réduit à un seul mot: "Entbindung" qui possède une infinité de sens, résumant la destinée humaine. Le troisième, un Urugayen, écrit ses poèmes en fabriquant des vers avec des mots n'ayant aucun rapport logique entre eux. La quatrième, un émigré russe, arrive avec son recueil et prétend que la poésie naît d'une collaboration entre l'auteur, qui suggère, et le lecteur, qui intègre. Aussi se borne-t-il à écrire des titres de poèmes dont le premier est "Sieste du rossignol abandonné". Après quoi, Gog refuse de voir le cinquième poète et abandonne son idée.

Il ne faut d'ailleurs pas croire que la satire soit purement négative; voici ce que Papini pense de la poésie et de ses rapports avec notre temps: "On ne fait pas de poésie sans une foi solide. Et l'homme, désormais, ne croit qu'en lui-même -mesure et loi de toutes choses... L'homme après avoir fui Dieu, se fuit lui-même; il s'enfuit désespéré, se servant des machines qui lui donnent l'illusion d'annuler le temps et l' espace; il s'enfuit dans l'abîme de la pensée pure qui lui donne l' illusion d'annuler le monde pratique et vivable; il s'enfuit dans les hallucinations qu'il provoque; celles-ci lui cachent pour quelques instants, sa sordide indigence. Et le fuyard sait hurler, mais il ne chante pas."

L'ouvrage "Le livre noir" (1951) est la suite de "Gog", mais cette série de brèves et souvent brillantes esquisses, offre moins de mordant même si elle a plus d'humour. M. Gog, milliardaire, a continué de voyager à travers le monde, après comme avant la dernière guerre. Il a interviewé des hommes aussi divers que Molotov, Garcia Lorca, Dali, Valéry, Hitler, Huxley. Gog est-il fatigué de voyager? Il ouvre sa collection d' autographes et nous livre des divertissants pastiches d'auteurs qui vont de Gervaise à Kafka, en passant par Stendhal, Browning, Léopardi, William Blake. Et il s'ensuit une série de tableaux statiques, où Papini ne se contente pas de se moquer de son temps, mais, interrogeant les pouvoirs de la culture et de l'exercice de la pensée, retourne son humour contre lui-même. C'est ainsi que dans "Conversations avec Paul Valéry", Papini fait dire au poète: "Tout homme qui sort du commun découvre que la plus haute opération possible est celle de la pensée désintéressée, qui ne s'abaisse pas à servir aux dogmes de l' Etat, ou à consoler les failles des terreurs. Mais la pensée pure est un microscope qui brûle et consume ce qu'il devrait nous faire voir. A force d'analyses, d'approfondissements, de critique, et de décomposition, la pensée la plus indépendante et la plus courageuse se ronge, se mine elle-même, s'aperçoit de sa propre fragilité et inutilité, dissout et détruit l'objet qu'elle se propose. Toute pensée qui ne connaît pas la peur finit toujours par se suicider. La seule activité qui vaille la peine d'être cultivée conduit donc au désespoir et au néant."

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Cobalt international gallery

Présente

Elyane Mertens

Anne De Mol

Exposition visible du dimanche 3octobre 2010 >17 octobre 2010

Vernissage le samedi 2 octobre 2010 à 18h.

Cobalt international gallery rue Vandernoot 23/b2 1080 Bruxelles .




Ouverture de la galerie

Le mercredi et le vendredi de 16h. à 19h.

Le samedi et le dimanche de 13h. à 18 h.

http://cobaltinternationalgallery.com

ELYANE MERTENS

Elyane Mertens – Mattielli

Apres avoir suivi les cours de l’académie des Beaux-arts de Bruxelles et une carrière dans le monde de la publicité, elle se perfectionne a partir de 1990 à l’académie de Watermael-Boitsfort.

La découverte de la peinture à l’huile lui ont permis l’expression des émotions que la nature lui procure. Ces joies, ces cadeaux d’un instant privilégié où la lumière révèle la beauté de l’eau, d’une fleur et des arbres lui donnent envie de faire éclater les couleurs et de faire chanter la lumière.

Parcours

De 1956 à 1960 Académie Royale des Beaux-arts

Rue du Midi

1000 Bruxelles

Cours du jour : Fusains, peintures

Publicité, décoration,

Histoire de l’art

Cours du soir : Silhouettes de mode

De 1960 à 1967 Dessinatrice, créatrice au service de

publicité de la Sabena.

De 1990 à 2004 Académie de dessin de Boitsfort

Atelier de Paul Gobert.

De 2005 à 2006 Atelier de Victoria Calleja

Expositions

Salle d’exposition du Logis Watermael-Boitsfort / mai 1991 et mars 1994

Aux maisons des Arts du Goddiarch Villers-la Ville.

Salond’automne – septembre –octobre / 1991, 1993, 1994, 1995, 1996,1999.

Centre culturel du Wau-Hall (Rotary club) nivelles / mars 1995

Maison Haute Athermale – Boit fort / octobre 1995

Fête des 75 ans de la société Le Logis Villa Mira valle / octobre 1996

Galerie Nostalgie Revisitée Uccle / novembre 1997

B.A.S.F. auditorium Harmoir Uccle / mars-avril 1998

Petite Charente /octobre 1998

Boitsfort ma découverte / novembre 2002, octobre 2004, mai 2006

Arcado Boitsfort /décembre 2003, 2004,2005

Cimaise Libre – Maison Haute Boitsfort /septembre 2004

Cobalt Gallery –Rue Vandernoot 1080 Bruxelles/novembre 2007

Elyane Mertens

Elyane Mertens

ANNE DE MOL

Peintre & Sculpteur

BIOGRAPHIE

Anne De Mol est née en Belgique

Elle débute ses études artistiques en 1964 à l’institut Bischoffsheim à Bruxelles, les continue à l’académie

des Beaux -Arts de Watermael-Boitsfort et au Hogere Rijkschool voor Beeldende Kunst (RHOK).

Depuis 1980 elle expose régulièrement dessins, pastels, gravures et peintures et en 2003 présente ses

premières sculptures en bronze, tirées à 8 exemplaires selon la technique de la cire perdue.

1985-1995 Etudie à l’académie des Beaux-Arts de Watermael-Boitsfort

(Cycle supérieur en peinture. – Gravure)

2001-2010 Etudie au RHOK( Hogere Rijkschool voor Beeldende Kunst) à Etterbeek et à Woluwé Saint Pierre

(Gravure - Sculpture - Sculpture monumentale)

DISTINCTIONS

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1984 Obtient le 1 er Prix artistique en dessin, fusain et pastel (Commune de Watermael-Boitsfort)

.

1994 Obtient le prix du public P.W. De Muylder en peinture (Villers la ville. Maison des Arts du Goddiarch)

.

Anne De Mol


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l'obésité peinte

Il y avait longtemps que je n'avais pas travaillé à partir d'une photo. C'est une manière de peindre que je refuse en temps normal. Mes Flo sortent comme ça, sans le moindre support photographique.

Lorsque j'ai fait la photo de cette amie qui fréquente l'atelier, je ne pensais pas à la suite que je pourrais y donner. En fait la photo trouva vite sa place dans ma tête. Je voyais là dans cette pose prise naturellement une réplique à ce portrait d'Ingres "M Bertin" Un Bertin qui aurait perdu son arrogance de banquier, un Bertin humanisé, fragilisé..

Geneviève 80x60 acry sur toile

geneviève

La pose frappe par l'étalage naturel de l'obésité. Obésité qu'on ne peut évacuer, obésité dont on se sert, faute de mieux..!

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Le soleil jouant à coucou

Le soleil, jouant à coucou,

me rapporte ne joie d’enfant,

dans le vent qui fait le grand fou,

qui le chasse et qui le pourfend.

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Mon ami essoufflé pâlit,

le gris pour un long temps triomphe,

mes rideaux, qui en sont salis,

aussitôt reculent, se gonflent.

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Le soleil ,jouant à coucou,

nargue son adversaire aux flèches,

il cligne des yeux fait la roue,

il a la couleur d’une pêche.

................................................................

Le fouet cingle le rieur,

il le poursuit et le harcèle,

m’en reste un rayon intérieur,

goût de mer, algues et sel.

................................................................

Mon ami va faire le tour,

il reviendra sans crier gare,

je devinerai ses atours,

le vent reprendra la bagarre

..................................................................

I8/2/61

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Ce temple à ciel ouvert

Dans le port de Casa, sur le pont des phosphates,

où mon père, impassible, attendait sans paroles,

sa ligne entre les mains,

frissonnant dans le froid humide de la nuit,

je défaillais d’amour en regardant le ciel.

..............................................................................

L’eau noire faisait tanguer les formes des navires,

pointillées de lumières.

Je n’osais pas troubler le silence du temple

et dans l’obscurité, j’écrivais mon émoi.

J’avais dix ans alors.

.................................................................

20 juin 1989

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Mon premier baiser fut comme une friandise , de celles que l'on voit quand on est haut comme trois
pommes dans la devanture d'un confiseur. Même si à l'époque je n'avais pas le centime pour me la payer.
Ce soir... enfin! J'étais riche... Les portes du paradis s'étaient entrouvertes, cette fois, le bonheur
n'avait pas été facturé.
La chanson s'était tue si soudainement que tous les couples enlacés continuaient de danser perdus dans la lascivité de leurs rêves.
Complètement déboussolé, j'étais resté là, planté comme un piquet, ne parvenant pas à lâcher ma
cavalière, ce qui permit au juke-box de déloger un 78 tours d'une de ses alvéoles et de la présenter à l'aiguille de diamant qui grinça une fraction de seconde " Tell me why " chantèrent les Four Aces.
Françoise leva les yeux, son regard me disait.. " On continue "? Je la serrai contre moi en appliquant ma joue contre la sienne et comme Fred Astair je l'entraînai dans une ronde à lui faire perdre le souffle comme le firent Reth Buttler et Scarlet, héros du film "Autant en emporte le vent", mais cette fois, je n'étais plus un spectateur mais un exécutant.
C'est vrai que la vie pouvait être belle.
Le disque égrena ses dernières notes et j'eus droit à un second baiser qui me laissa pantelant, je sus à cet instant que j'appartenais corps et âme à cette femme.
Elle était devenue ma religion, elle venait d'aliéner ma liberté.
Aux oubliettes Carly, à moi ma Françoise, ma nouvelle ivresse.
Ivre, je l'étais. L'alcool et l'amour étaient un mélange plus fracassant que la nitro, mais bien que le
monde tournât autour de moi comme un manège en folie, je reconnus juchée sur un tabouret face au comptoir, Maud, l'entraîneuse qui avait levé le copain Jules.
Françoise s'approcha d'elle et elles se firent la bise.
- Tu sors avec les clients, maintenant ?
- Jean est mon ami rétorqua Françoise en saisissant ma main.
- Ah ?
- Regarde-le bien ... Ce n'est plus Jean la honte.. Demain nous irons chez Louis, le coiffeur de la rue de Namur. Tu verras, mon Jean-Jean, dit-elle en s'adressant à moi, il te coupera les cheveux à la brosse italienne. Tu te feras pousser la moustache puis nous irons chez Le Grand Charles, rue de Gretry, le plus grand des tailleurs. Il est né avec un dé à coudre en or au doigt, il te confectionnera un costard de star. Puis je connais un artiste dans son genre, un nommé Charpentier, orthopédiste qui transforme les culs-de-jatte en joueurs de tennis... Laisse-moi faire, mon grand!
- Mais ...t'es amoureuse ma vieille s'exclama Maud!
- Peut-être...

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administrateur théâtres

La nuit de l'audience (théâtre Royal du Parc)

La nuit de L’audience

De Jean-Claude Idée & Jean des Cars

Année 1900. On s’attend à un piano à queue caché sous le drap, et on découvre un empilement de chaises dorées au milieu d’une pièce fastueuse et vide ! Empilement de barreaux dorés , car la pièce qui se joue est une prison. Des colonnes grises comme la pluie belge rendent l’endroit encore plus sinistre. Loin des palmeraies du Mexique… Au pied du balcon, les douves glacées du château de Bouchout, sont nettement plus carcérales que les jardins français du château de Tervuren qui vient de brûler ! Charlotte, impératrice du Mexique y est enfermée avec sa folie ou non, soumise à la volonté de son frère Léopold II qui l’a dépouillée de ses biens, de ses droits de son identité et même de sa filiation. Avec sa dot il a acheté le Congo et la sœur se meurt, par raison d’état, pour raison de folie. Qui eût cru que de si sombres desseins puissent se tramer au nez et à la barbe de l’Europe entière ? Camille Claudel revisitée. La visite : l’autre femme, Agnès de Salm-Salm, femme d’extérieur, aventurière hors du commun, n’ayant peur de rien, entreprenante, guerrière même, qui s’est « battue contre la guerre », belle, par ce que c’est Brigitte Fossey, vient la délivrer et peut-être l’aider à fuir. Armée, elle a balayé les geôliers, le docteur et sa seringue calmante et la gouvernante allemande.

Les deux femmes qui ne se connaissaient que sur dossier détaillé se rencontrent enfin, se mesurent, se jaugent, se scrutent, s’auditionnent, s’esquivent, et tombent dans la connivence des secrets partagés. Le duo de femmes devient alors musique de cœur, un peu de tequila - Mexique oblige. Agnès a quitté son chapeau de voyage et la coiffe de folle de Charlotte tombe après avoir revêtu sa dérisoire couronne. Elles sont devenues « sœurs d’orgueil !». Emergeant par dessus la camisole de forcenée, le cheveu vivant, brouillon, blanc et court apparaît, une vie volée renait. La vérité aussi…. se dévoile, petit à petit. Carlotta est femme victime, Agnès est femme protectrice. La condition de la femme ? Comment s’advenir ? Comment refaire surface dans la réalité après 25 ans d’internement ? « Vous avez peur de la réalité ! … C’est que j’en ai perdu l’habitude ! » Comment s’extirper de la machination machiste, des serres de l’avidité qui méprise superbement la vie ? Léopold a enterré sa sœur vivante. La pièce réhabilite sa mémoire, fait revivre un pan de l’histoire belge très peu glorieuse et soigneusement dissimulée dans nos cours d’histoire.

Le seul refuge pour Carlotta sera dans les chimères du monde intérieur, la magie de la folie, feinte ou non, loin de la « volupté des fonctions végétatives ! ».

Expression du talent féminin : Ce duo de femmes, Brigitte Fossey et Frédérique Tirmont, totalement opposées tant par la voix que le langage corporel, les postures et la photogénie jouent chacune dans leurs registre, superbement. « Le jour où je cesserai d’être neuve je serai morte ! » Maîtrise totale et nuancée de l’élocution et de la théâtralité…Jeu comparable à une orchestration de musique faite de contrebasse et violoncelle…Emouvant et beau.

http://www.theatreduparc.be/spectacle/spectacle_2010_2011_001 Mise en scène: Patrice KERBRAT.
Décor: Edouard LAUG. avec: Brigitte Fossey (Agnès) Frédérique Tirmont (Charlotte) Nathalie Stas (La suivante) Olivier Cuvellier (le médecin)

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L'art en apesanteur

"C'est à la fois infime et persistant, un cri qui commence par un bourdonnement d'oreilles, des acouphènes peut-être dérobant le silence de la nuit ou un son venu d'ailleurs. Je le suis jusqu'à n'y entendre que l'écho de mon propre cri. Et le murmure devient mélodie : un chant, une voix, un hymne au coin d'une rue, au détour d'un couloir de métro et le mendiant lance au hasard la corde d'évasion pour flotter au-dessus du réel.

Ils sont peintres, écrivains, musiciens, chanteurs relégués dans les limbes. Le seul miracle de leur vie est ce talent que Dieu leur a accordé. Je me souviens d'un homme aux cheveux blancs faisant la manche en chantant le répertoire classique avec une voix d'opéra. Et ces mots brûlants d'une beauté poignante éparpillés sur un blog par un authentique écrivain, comme autant de bouteilles à la mer à consommer sans modération, mais à ouvrir absolument... Le contenu de ces bouteilles ne saoule pas mais fait mal à l'âme car il raconte la dégringolade d'un jeune qui voulant s'affranchir de sa famille devient SDF en quelques jours. À partir de là, le malaise s'installe. Est-il possible d'écrire aussi bien et d'être à la rue ? Quelle est la vérité d'une personne qui parvient à me faire ressentir la solitude, le froid et la détresse comme si j'y étais, avec un style dont la beauté me coupe le souffle ? Clochard ou écrivain ? Des préjugés tombent mais l'angoisse pousse à détourner le regard ou à parler d'autre chose. Si cette personne écrit, elle est comme moi et me rappelle qu'au-delà des apparences, des silhouettes voûtées et des visages las que plus grand monde ne regarde, des gens pensent aussi fort que moi avec une souffrance à la puissance infinie.

Et tous ceux que l'on dit fous parce que trop singuliers pour être mis dans les petites cases que la société réserve aux uns et aux autres ? Lorsqu'ils font éclater les couleurs et donnent forme à des visages, des papillons et des étoiles filantes pour faire tomber les murs et mettre des fenêtres à la place des lucarnes, sont-ils des dingues qui s'expriment ou des artistes ?

L'art est ce petit torrent impétueux qui circule en nous aussi sûr que le sang coule dans nos veines. Il connaît pourtant des périodes de sécheresse et nous invite à nous laisser guider par le courant. La capacité de créer est un don que le ciel a mis en chacun de nous pour nous abreuver quand nous avons soif de ce que la communauté humaine nous refuse. Quand des personnes que la société cherche à jeter sentent vibrer en eux la fulgurance d'un rayon solaire faisant danser les couleurs des vitraux d'une église, elles sont debout et prolongent l'espoir de faire reculer la nuit. Elles vivent en apesanteur. "

extrait de mon livre : "une aventurière de Dieu"

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A l'invitation du Réseau des Arts et Lettres, en date du Samedi 6 novembre 2010 se dérouleront deux activités à l'Espace Art Gallery.

De 15 H 30 à 17 H 30, vous aurez l'occasion de faire une rencontre informelle avec l'auteure Pascale Lora Schyns qui vous dédicacera volontiers son dernier ouvrage "Les survivants de Sallimoc" et vous aurez l'occasion de converser à bâtons rompus avec elle.



De plus, le même jour, en soirée, de 20 H à 21 H, ce livre sera présenté sous forme de dialogue entre l'auteure et la poète-écrivain Dominique Aguessy.

Au sujet des Survivants de Sallimoc:

Entourée des légendes de la région qu’elle habite aujourd’hui, « l’Irlande en Espagne », Pascale Lora Schyns s’est mise à croire que les fées et les sorcières existent vraiment. Il lui est même arrivé à l’aube lorsque la brume s’élève tel un nuage aspiré par le ciel au dessus des falaises de voir quelques petits lutins, découverts, prendre la fuite et plonger dans l’océan. Elle a vu leurs petits corps se fracasser en bas contre les rochers. Ou peut-être s’agissait-il de leurs ombres ?

Sallimoc existe et ses curieux habitants aussi même si parfois l’imagination de l’écrivain prend un peu le dessus, juste un peu. Comment être sûr de quoi que ce soit dans cet univers étrange où Fanny Poinsettia, l’héroïne bien décidée à percer le mystère des grottes de Talarami se retrouve au sortir d’une jeunesse dorée confrontée à tout ce que la vie recèle de contrastes. Le monde que découvre la jeune femme est troublant. Il est même effrayant lorsque l’on sait que toute légende est basée sur une histoire vraie.

Au cours de son enquête, Fanny se rendra vite compte que les choses sont rarement ce qu’elles ont l’air d’être et qu’il ne faut jamais se fier aux apparences. Elle apprendra que toutes les vérités ne sont pas nécessairement bonnes à dire et que la limite entre le bien et le mal n’est pas toujours facile à discerner; que toutes les questions ne trouvent pas nécessairement une réponse, en tout cas pas celle que l’on attendait, et que si parfois notre imagination nous joue des tours, on est bien loin souvent de savoir ce qui se trame dans notre dos.

Le récit est mené à un rythme rapide, presque sans aucune respiration. Passé, présent et futur ne forment qu’un jusqu’au dénouement final qui est celui qu’on attendait le moins. Dans un monde où rien ne semble être comme ailleurs, où le symbolisme et l’histoire avec un grand H ne sont jamais très loin et se confondent parfois, Fanny Poinsettia s’unira-telle de la plus étrange des façons à Pablo Albas qui est peut-être un ange qui est peut-être le diable ? Quoi de plus normal dans un livre sans cesse à la limite entre le réel et le fantastique; où l’horreur côtoie le merveilleux, où le rêve est cauchemar et le cauchemar rêve ?

J'ai eu, à l'époque, le grand plaisir de faire -dans ma série "Le testament des Poètes"- un CD-ROM sur l'oeuvre de Pascale Lora Schyns ainsi que sur celle de Dominique Aguessy, deux grandes dames de notre littérature belge.


Je me réjouis de revoir ensemble ces deux auteures de qualité et vous invite à participer à ces rencontres au sein de L'Espace Art Gallery, 35 rue Lesbroussart à Bruxelles-Ixelles.

Entrée libre

Robert Paul

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Le jardin des tentations + Leny Escudero



"Enfin, je vais être ce que tu as voulu
Voici le jour des jours, une autre humanité
Ils vont enfin savoir pourquoi ils sont venus
Et le prix de la vie et de l'éternité

Je vais marcher la tête haute, me tenir droit
Tu peux me regarder tu seras fier de moi
Je vais chanter ton nom tout au long du chemin
Pour leur apprendre à vivre, leur montrer le divin

Ils peuvent me frapper et me jeter des pierres
Ils peuvent rire de moi, de ma bouche tordue
C'est vrai que ça fait mal sur les reins la lanière
C'est vrai que ça fait mal qu'ils me crachent dessus

Mais surtout n'aie pas peur, aie confiance en moi
Je sais je vais tenir parce qu'il faut que je tienne
Et chasser le désordre pour que ton ordre vienne
Pour qu'ils sachent enfin qu'ils ont besoin de toi

Mais ça fait mal tu sais, ça tourne dans ma tête
Mais ils frappent trop fort, je n'en peux plus déjà
Et ils chantent, ils rient, ils se croient à la fête
Parce qu'ils ne savent pas, parce qu'ils ne savent pas

Je ne sais pas non plus et je ne comprends pas
Mais je ne renie rien, j'ai accepté le rôle
Mais je ne savais pas le prix de chaque pas
Ton dessein est trop grand, trop grand pour mes épaules

Arrêtons maintenant et dis-leur s'il te plait
Oui dis-leur qu'ils me laissent m'en retourner chez moi
Surtout ne m'en veux pas, j'ai essayé tu sais
Le chemin est trop long et trop lourde la croix

Oh, viens je t'en supplie, viens pour que tout s'arrête
Et dis-leur maintenant ce qu'ils doivent savoir
Dis-leur tout si tu veux, mais maintenant arrête !
Je vais pleurer, je vais crier, j'ai peur du noir

Mais dis-leur maintenant, dis-leur que tu es Dieu
Dis-leur que tu es bon, généreux et puissant
Garde pitié de moi et regarde mes yeux
Deux trous d'éternité et de larmes de sang

Mais tu n'écoutes rien du haut de ton empire
Mais je suis à leurs pieds et je vais te maudire
Arrête maintenant ! Arrête, je n'en peux plus !
Je vais te faire honte et me pisser dessus

Non ça n'est pas Judas qui m'a trahi le plus
Même trente deniers, la pauvreté est garce
Judas criait famine, Judas marchait pieds nus
Mais toi, dis, toi, c'est pour la sainte farce !

Je voudrais maintenant, je voudrais qu'une femme
Me fasse enfin crier, tout comme au premier jour
Et tant pis pour l'enfer et tant pis pour mon âme
Mais avant de mourir, mourir aussi d'amour

Tu m'as fait fils de Dieu, sur l'épaule une croix
Et moi, je voulais vivre et avoir des enfants
Et vieillir près d'une femme qui me dirait parfois
«Tu t'en souviens dis, tu t'en souviens d'avant ?»

Enfin tu as gagné, enfin je me résigne
Je vais dire les mots, tous les mots que tu veux
Je vais jouer le jeu, je vais faire le signe
Pour que le feu enfin me délivre du feu

Je vais parler d'espoir et de miséricorde
Dire qu'il n'y a que toi quand on parle d'amour
Oui, mais je t'en supplie qu'ils tirent sur la corde
Et qu'ils frappent plus fort et qu'ils frappent plus lourd

Je sais que c'est la fin, que tu ne viendras pas
Moi je suis jeune encore et je suis vieux déjà
La parole donnée, c'est vrai j'ai cru en toi
Mais tu veux qu'on te craigne et tu ne m'aimes pas

Regarde-moi mon père, j'ai rempli mon office
Je t'ai suivi en tout, jusqu'au dernier supplice
Mais je crie maintenant, mais je crie maintenant
Sois maudit, sois maudit jusqu'à la fin des temps !

Oh non, je te le jure, je n'ai pas dit cela
Oh non, je t'aime, je t'aime et je n'aime que toi
Mais j'ai si peur, mais j'ai si peur et j'ai si froid !"
Ainsi parlait Jésus sur son chemin de croix.



Leny Escudero




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Quand on ramène un oublié des amoureux d'Arts et de Lettres, s'appuyer sur un grand nom de la littérature belge me semble une manière plus que logique.
Je vous livre donc la préface du recueil ' L'heure équilibre' de Gaston Godfrin par Michel Joiret en 1982. Tous les recueils de ce poète sont en possession de ma famille. Ce que je trouve le plus regrettable c'est que le sang de son sang ne prête pas plus d'attention à celui qui les aima tant. Je prends le relais, ne lui arrivant pourtant pas à la cheville. Aujourd'hui, mieux que jamais, je comprends d'où provient cette hypersensibilité qui m'habite.

Voici donc cette préface, qui vous fera sans doute comprendre et connaître qui était ce poète belge:

"Peut-être oserais-je mourir
Un rêve fou entre les dents...."

Gaston Godfrin parle si doucement de la mort que d'obscures connivences se tissent entre le poète et sa lyre noire. On ne peut en effet être dupe : chez un être dont l'intelligence des choses est toujours en éveil, une connaissance profonde de l'espace et de ses limites prend des formes concrètes et nuancées. N'est-ce pas Camus qui disait que la lucidité est une forme supérieure du désespoir ? Godfrin ne définit pas la poésie mais il parle d'un état de grâce et de disponibilité second à aucun autre........

"Longues rames d'ennui
Dans les gares sans tête
Un train trébuche et tette
Le sein plat du ciel gris."

On observera l'aisance de la transcription métaphorique, la disposition classique d'un hexamètre très souple, la musicalité des syllabes élues semble-t-il pour leurs vertus acoustiques, l'intériorité d'un ensemble que le confort du genre dispute à la fantaisie, voire à l'audace du trait. Poète rassurant par le ton et l'obédience à la tradition, Gaston Godfrin cède à l'inquiétude quand elle s''écrit en filigrane de la tendresse d'être, cette même tendresse qui est le patronyme de la poésie de Godfrin, présente à tous les échelons d'une existence aux sens tendus comme les conques, toujours à l'écoute des êtres et des choses. L'heure équilibre est le recueil d'un autre temps, sorti vivant des " yeux du Grand Meaulnes".

" Seul l'homme est briseur d'équilibre
Ses mains ouvertes sont plateaux
D'une balance que ne vaut
Pas le poids clair d'un oiseau libre "

Dieu, la femme, l'enfant, la mort sont les protagonistes d'un drame dont le poète distribue les rôles selon l'humeur des choses et du temps. "'Refermons ce silence" dit le poète sensible à la vie intérieure, à l'absence même de la vie là où Dieu s'arrange avec l'image qu'il laisse de lui aux hommes de passage.

" Crane à l'envers
Où roucoule la pluie"

Il est clair que Gaston Godfrin a toujours recherché la vérité par de fréquentes plongées dans l'inconscient, il est évident qu'il vivait en poésie comme on vit en religion, toujours prêt à assumer l'indifférence des tribuns et des marchands.
Qu'on se garde de "tuer quelqu'un
à coup de mémoire"
le poète, lui, résistera à la vanité des thuriféraires comme au geste débonnaire des indifférents. " J'ai le bonheur profond au sein de ma maison", disait-il en substance à ceux qui voulaient bien l'écouter. Mais écoute-t-on les poètes dont l'engagement est bien plus un acte de foi qu'une incitation à la parole ?

Il se devait que Marin mourût au cœur de la bataille de la lys et que Périer s'éteignît tout près du Bois de la Cambre. Il est juste, sans doute, que Gaston Godfrin trouve au terme de ses jours, des accents nouveaux, qu'il avait appelés de toutes ses forces mais qui l'attendaient au terme de son existence, comme s'il fallait les mériter, les voir venir, comme si la douleur et l'ombre négociaient pour s'approprier avec l'âme, la charpente verbale du poète. Ainsi, Godfrin restera le poète d'ombre et de lumière comme chez Périer, comme chez Marin. A nous de faire le jour au-delà de l'éloignement.

" Laissons mourir le rêve
D'avoir été nous-mêmes"

Tout ceci est simple, presque évident. Carême se rapproche. On se souvient de Bernier, de Périer, de Marin. On dresse le couvert pour l'éternité et les mots circulent. Gaston Godfrin nous parle avec lenteur, ce ralenti d'un vécu intense, d'une circulation vive de l'essentiel.

Décidément, il y a des mots qui nous font douter de la mort elle-même....


Michel Joiret
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Gaston Godfrin, poète oublié


Il était vital pour moi de ramener à la lumière du présent ce poète belge, originaire de Neer-Heylissem.
Il publia son premier recueil en 1950. Le dernier, il ne le vit pas paraître. Sa femme, Vony, son épouse de toute éternité veillera à le faire éditer. Son titre: 'L'heure équilibre' paru aux éditions ' LA DRYADE'.

Voici quelques extraits de cette 'HEURE ÉQUILIBRE':

Au fort du rêve

Ourle ton âme
D'orages verts,
Recouds de flammes
Le cœur ouvert
Qui, sous le marbre,
Corne l'oubli.
Crois en ton arbre
Malgré Midi
Brûlant les feuilles.
Au fort du rêve,
Que tu le veuilles
Ou non, se lève


La folie d'être


Gaston Godfrin


L'heure équilibre


Peut-être, oserai-je mourir
Un rêve fou entre les dents,
Comme un faucon dans l'air ardent
Et que Midi vient éblouir.

Je grifferais la peau du ciel
D'un grand coup de songe affûté
Au diamant de mes étés
Quand giclent les roses de sel.

Mes dieux à peine éteints fuiraient
Sur d'asiatiques cavales;
Je volerais à ras d'étoiles,
Piqué d'orages et de forêts.

Sevré de l'arbre aux apparences
Comme l'écho de son métal,
Je peuplerais mon champ spectral
Des photons d'or de mon enfance.

Je planerais longtemps ainsi
A voir naître l'heure équilibre
Où sur le corps, l'âme éclôt, libre,
Et le calcine au flanc d'un cri.


Gaston Godfrin


Le transétoiles


Je prendrai le transétoiles
A la tombée des regrets
Dans la gare provinciale
Qui ne compte plus d'arrêt.
Par un beau clair de coeur
Comme il en fait quand on prie,
Les volets verts du bonheur
Redescendront sur ma vie.
Dans mes valises, l'amour,
Torturé comme les rues
A la queue des vieux faubourgs,
Se souviendra de la nue
Où il faisait bon rêver
Entre une lune bien rousse
Et un brin de vent bleuté.
Sans sous, je paierai ma course
Avec l'air grue du voisin
Qui n'a jamais rien compris
A l'horaire de mes trains.
Le quai désert, mes amis,
Attablés à mon passé,
Mâcheront un pain d'épeautre,
Se boiront morts pour chasser
Le vide qui remplit l'autre.
Je brûlerai les signaux
Où tout songe est un flambeau
Des nuits ferrées de folie
D'où fusent nos autres vies.
La Terre me croisera
Qui fut l'arc de mes poèmes;
Brillant de mille carats
Y dansera ma bohème.
Comme un pays de moineaux
Peuplé de vertes prières,
A Dieu tirant ses rideaux
Je tendrai ma foi première.
Je prendrai le transétoiles
A la tombée des regrets
Dans la gare provinciale
Qui ne compte plus d'arrêt.

Gaston Godfrin


Oubli

Comme une armée de pas longtemps en marche
Comme dans les branches du poème
Les mots assassinés
Comme on descend ses Champs-Elysées
Dans une coque de bois mort.

Oubli

Retourner soi-même
A la vague première
Comme la première mer.

Oubli

Chance de n'être
Qu'une rumeur à naître
Dans le silence fruité
D'un grand songe d'été.




....A Gaston Godfrin mon grand-oncle
....mon maître
....celui que je n'oublierai jamais.



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administrateur théâtres

Histoires Comme ça ( au théâtre des Martyrs)

Un gâteau, dans un gâteau, dans un gâteau...

Comment le Rhinocéros acquit sa peau,

Comment le Léopard acquit ses taches,

Comment la Baleine acquit son gosier,

L'Enfant Éléphant,

La rengaine du père Kangourou,

Comment naquit la première lettre,

Drôle et poétique, ce spectacle réveille les histoires comme ça de Kipling. Nostalgique aussi, car Best Beloved , sa fille Joséphine, est morte de pleurésie à huit ans…

Elle n’a plus de regard pour s’émouvoir des couleurs, la lumière lui a été ravie… mais elle entend toujours la voix du cœur paternel qui bat pour elle. Son père lui parle inlassablement, à peine s’il fait face au public… Il brandit un atlas pour témoigner de la véracité des histoires à prendre au sérieux. Tout ça s’est passé quelque part, dans des temps lointains, une réalité contée, pour taire l’immensité du chagrin. Fataliste mais tendre, comique à dessein, il commente les vraies estampes de l'écrivain projetées sur les cartons, et, à force de détails répétés, il ponctue les histoires si vivantes avec des accents d’incantation: ...Best beloved !

La scène est jonchée de caisses de déménagement, il est entre deux. La voix sauve, qu’importent le décor ou la réalité. « Un jour, les hommes appelleront ça l’écriture… »

Elle n’est plus, il est Orphée et ressuscite les mots avec attendrissement, pour la faire rire et la surprendre encore, recréant l’amour….un monologue sans fin. Langue loufoque par moments, mime théâtral passionné, les silences aussi sont éloquents. Chemin faisant, un mystérieux gâteau se prépare, voici des miettes de bonheur pour la petite fille. Là-bas, à gauche sur la scène derrière le rideau, qu’y a t- il ? On imagine, sans doute un gouffre béant et vide vers où se tourne inlassablement le visage du père illuminé du sourire de la tendresse pour l'absente…

Pour qui est le gâteau ? Et voici des broderies musicales enthousiastes sur piano à queue Hanley… qui scandent joyeusement la vigueur des histoires et la blancheur des falaises d’Albion. Quelques chansons anglaises farcies d’humour. La salle acquiesce, rit et murmure, l’émotion est palpable. Comme un refrain toujours renouvelé de la dernière histoire, voici le crescendo : les variations de Mozart sur « Ah vous dirais-je maman» et en point d’orgue, l’adagio. Que d’amour dans cette musique qui, plus que les mots encore, enlace et découvre l’invisible…

Nous avons reçu en plein cœur cette interprétation très fine du comédien et artiste Bernard Cogniaux, on a redécouvert des histoires très touchantes….

Un gâteau, dans un gâteau, dans un gâteau…

http://www.theatredesmartyrs.be/pages%20-%20saison/atelier/piece1.html

…Très originale, la mise en scène signée Marie-Paule Kumps

Du 21/09 au 30/10/2009

Dim : 26.09 et 03.10

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Sous la nacre lunaire....Comme un rêve



Dans Bruges, la belle dentellière,
Sous les rayons de la nacre lunaire,
Dorment les vieux et longs canaux.
Les silences de ces miroirs d'eaux
Règnent sur une ville assoupie
Dans les bras généreux de la nuit.
Ô lune, belle comme une perle,
Bientôt tu rendras aux jeunes merles
Le pouvoir d'éclairer
De leurs courts becs dorés
Les voies aux arcs voutés,
Petits ponts ombragés.
Dont les passants curieux
Sont les plus amoureux.
Mais dors encore, Bruges ma toute belle !
Repose-toi sous les draps du ciel..






Comme un rêve


Tandis que j'admire le jour
Dans son sublime abandon
Livrer à la nuit son agonie

Comble de tous ses amours
Un soupir franchit mes lèvres.
Alors, dans un élan de sérénité
Quand vous quitte la fièvre
Et l'oubli vous fait don
De quelques secondes d'Éternité
J'offre les pauvres fruits
De mes errances quotidiennes
Misères que l'on égrène,
Aux bras tendus de l'Infini.

Arwen Gernak

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Fast-finger lady

Fast-finger lady
You're stealing in the shop

Fast-finger lady
The item is away with a hop

If they're not looking to you
They will never know who

Fast-finger lady
You don't care what they think

Fast-finger lady
You don't care what they care

You'll always be stealing
It's your way of living

Fast-finger lady
The police is after you
Like a sword above your head

Fast-finger lady
You're always on the run
And you can get no aid

You're always pushing the line
Looking for more adrenaline.
You know that some day you'll be caught
It's the rules of the game,...
And noone to give the blame

It's too bad...

It was your one last shot
But maybe the one too hot
You got a bullet in the head, it's too bad...

You got a bullet in the head
It's the rules of the game...
And noone to give the blame.

It's too bad...
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Baiser fugace

Délicate rose sur mes lèvres toute douce appuyée
Ebranlement des sens, chavirement du coeur redouté, désiré
Maladresse équivoque ressassée, retournée par mon esprit mutiné.

La déesse de la nuit devait nous recouvrir
De son étole parfumée, complice éphémère.

Uns et légion nous étions dissimulés
Aux yeux d'Argus de la multitude.

Etre aimé, obsession avouée, inassouvie
Et suave qui ne me laisse aucun répit.



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