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Mon premier baiser fut comme une friandise , de celles que l'on voit quand on est haut comme trois
pommes dans la devanture d'un confiseur. Même si à l'époque je n'avais pas le centime pour me la payer.
Ce soir... enfin! J'étais riche... Les portes du paradis s'étaient entrouvertes, cette fois, le bonheur
n'avait pas été facturé.
La chanson s'était tue si soudainement que tous les couples enlacés continuaient de danser perdus dans la lascivité de leurs rêves.
Complètement déboussolé, j'étais resté là, planté comme un piquet, ne parvenant pas à lâcher ma
cavalière, ce qui permit au juke-box de déloger un 78 tours d'une de ses alvéoles et de la présenter à l'aiguille de diamant qui grinça une fraction de seconde " Tell me why " chantèrent les Four Aces.
Françoise leva les yeux, son regard me disait.. " On continue "? Je la serrai contre moi en appliquant ma joue contre la sienne et comme Fred Astair je l'entraînai dans une ronde à lui faire perdre le souffle comme le firent Reth Buttler et Scarlet, héros du film "Autant en emporte le vent", mais cette fois, je n'étais plus un spectateur mais un exécutant.
C'est vrai que la vie pouvait être belle.
Le disque égrena ses dernières notes et j'eus droit à un second baiser qui me laissa pantelant, je sus à cet instant que j'appartenais corps et âme à cette femme.
Elle était devenue ma religion, elle venait d'aliéner ma liberté.
Aux oubliettes Carly, à moi ma Françoise, ma nouvelle ivresse.
Ivre, je l'étais. L'alcool et l'amour étaient un mélange plus fracassant que la nitro, mais bien que le
monde tournât autour de moi comme un manège en folie, je reconnus juchée sur un tabouret face au comptoir, Maud, l'entraîneuse qui avait levé le copain Jules.
Françoise s'approcha d'elle et elles se firent la bise.
- Tu sors avec les clients, maintenant ?
- Jean est mon ami rétorqua Françoise en saisissant ma main.
- Ah ?
- Regarde-le bien ... Ce n'est plus Jean la honte.. Demain nous irons chez Louis, le coiffeur de la rue de Namur. Tu verras, mon Jean-Jean, dit-elle en s'adressant à moi, il te coupera les cheveux à la brosse italienne. Tu te feras pousser la moustache puis nous irons chez Le Grand Charles, rue de Gretry, le plus grand des tailleurs. Il est né avec un dé à coudre en or au doigt, il te confectionnera un costard de star. Puis je connais un artiste dans son genre, un nommé Charpentier, orthopédiste qui transforme les culs-de-jatte en joueurs de tennis... Laisse-moi faire, mon grand!
- Mais ...t'es amoureuse ma vieille s'exclama Maud!
- Peut-être...

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m e r c i .....

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