Une pensée pour le Japon...si peu de chose...mais peut-être cela restera-t-il ainsi en ma mémoire. Nous ne gardons point de souvenirs de nos poumons qui s'ouvrent pour la toute première fois, nous ignorons le jour où la vie nous ouvre les bras. Ainsi reste secret le jour où elle nous sera reprise. Et le temps court si vite....
Ainsi Marie me racontait sa peine. A cinquante et un an, elle m'avouait son angoisse du temps qui passe, des accidents qui surgissent n'importe quand et n'importe où. Elle me disait que sa tête n'avait que vingt ans et que son corps ne voulait pas le reconnaître. Je l'ai vue, Marie, des larmes plein les yeux de ne pouvoir pactiser avec un diable. Je l'ai entendue me dire qu'elle offrirait son âme pour obtenir l'éternelle jeunesse. Je l'ai prise dans les bras, sans trembler, sans douter un instant qu'elle pensait vraiment ce qu'elle disait. Je l'ai serrée très fort et au travers de quelques larmes, lui ai rappeléqu'on ne change pas le voyage qui nous est destiné le jour de notre naissance. Je lui ai murmuré que demain n'existe pas et qu'il est bien inutile de se gâcher le jour présent en lui refusant la possibilité d'être vécu avec joie et à pleines dents.....Marie ne m'a pas entendue et est rentrée dans son épouvantable angoisse, la mort déjà au fond des pupilles....
Au Japon, là où la mort menace, de petites mains s'affairent à survivre....Pauvre Marie, pars et va voir que la vie est un bien si précieux qu'on ne le gaspille pas en lamentations. La seule façon de vivre est d'agir sur le jour qui passe et de l'imprimer de tout notre être.