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Ce soir, Chopin jouait pour moi.

Quand je m’ennuie, l’esprit maussade,

par manque d’imagination,

je fais appel à un ami

qui ne manque jamais d’être là, sur le champ.

Je possède en réserve, d’ innombrables amis.

...................................................................................

Chacun d’eux a laissé des oeuvres merveilleuses,

offertes au monde entier.

Je choisis à mon gré et selon mon humeur

laquelle me donnera une énergie nouvelle,

le goût de me surprendre.

.....................................................................................

Mes illustres amis ne restent jamais loin.

Je sais qu’ils sont aussi, par l’âme et la pensée,

intensément présents, en mille lieux ailleurs,

dans le même moment

et cette certitude ajoute à mon émoi.

....................................................................................

Mais cependant, ce soir, Chopin jouait pour moi.

1/11/1990

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Prélude

Les nuits de pleine lune, mes rêves sont plus énigmatiques. De la folie à la raison, il n’y a pas l'espace d’un trait de crayon. Je vous vois prise au piège de mes chimères, de ces fils n’existant que dans mon imaginaire. Ce n’est pas une toile tendue, faite comme par cette Demoiselle aux pattes innombrables où vous pourriez vous faire prendre puis déguster. Ou est-ce le contraire, c’est vous qui nous prendriez au piège pour vous régaler ? Mais alors, seriez-vous un peu comme cette lycose, paraissant gracieuse mais vorace ? Je divague là, c’est impossible, trop de grâce émane de votre vision, trop d’envie de vous sublimer nous gagne ! Et puis, point d’accroche à ces fils, ils tombent de nulle part, donc ce ne peut être cela !

Ils viennent du hasard sans doute, s’échappant ici de cette lune ésotérique ? Bien que je rêve le jour, ce doit être dû au hasard de ces nuits de pleine lune, quand mes rêves se font plus prolifiques ! De toute façon, qu’il est doux de tomber dans vos filets. Oh, Mesdames, j’en frissonne !

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L'aigle noir

Un beau jour ou peut-être une nuit
Près d'un lac je m'étais endormie
Quand soudain, semblant crever le ciel
Et venant de nulle part,
Surgit un aigle noir.

Lentement, les ailes déployées,
Lentement, je le vis tournoyer
Près de moi, dans un bruissement d'ailes,
Comme tombé du ciel
L'oiseau vint se poser.

Il avait les yeux couleur rubis
Et des plumes couleur de la nuit
À son front, brillant de mille feux,
L'oiseau roi couronné
Portait un diamant bleu.

De son bec, il a touché ma joue
Dans ma main, il a glissé son cou
C'est alors que je l'ai reconnu
Surgissant du passé
Il m'était revenu.

Dis l'oiseau, o dis, emmène-moi
Retournons au pays d'autrefois
Comme avant, dans mes rêves d'enfant,
Pour cueillir en tremblant
Des étoiles, des étoiles.

Comme avant, dans mes rêves d'enfant,
Comme avant, sur un nuage blanc,
Comme avant, allumer le soleil,
Être faiseur de pluie
Et faire des merveilles.

L'aigle noir dans un bruissement d'ailes
Prit son vol pour regagner le ciel

Quatre plumes, couleur de la nuit,
Une larme, ou peut-être un rubis
J'avais froid, il ne me restait rien
L'oiseau m'avait laissée
Seule avec mon chagrin

Un beau jour, ou était-ce une nuit
Près d'un lac je m'étais endormie
Quand soudain, semblant crever le ciel,
Et venant de nulle part
Surgit un aigle noir.

Barbara

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Cher Robert,cher administrateur, cher ami,Je n'ai que quatre amis sur ce site, excusez du peu, dans cette course à l'amitié de ce monde au léger facelook.En tant qu'ami d'un administrateur dont j'apprécie le site et les écrits (par exemple sur René Girard et son bouc émissaire), je comprends que ce n'est vraiment pas facile d'être UN maître des Idées.- 22, voilà un gardien de la paix, mettons la rose du petit Prince dans le canon de l'arme et l'on croira que l'Homme va tranquille !- 33, stop ! Docteur,ai-je mal aux idées ?- Dites 33,33,33...c'est un bon chiffre pour arrêter une course quantitative (vous étiez deuxième !) vers une tentative qualitative (vous étiez ...?) de dialogue.- Docteur, ai-je mal aux idées? (arrêter ...dans les deux sens, ah ces mots!, ah ces maux? "....mais cela s'était arrêté tout seul!)- Redites 33,33,33...- Non cela va encore, vous percevez encore l'odeur de la rose, vous admirez encore sa beauté. Vous pouvez remettre vos "fringues" d'artiste et rentrez chez vous,bien au chaud, devant votre boîte à décerveler et à niveler bas et si vous avez encore des bouffées de philoxéra, je vous émigraine.
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Vous pourrez rencontrer les auteurs, Isabelle Bielecki, Yves Caldor, Jacqueline Dumas, Jacques Goyens Stephan Van Puyvelde et Jean-Marc Want.

Entrée gratuite, mais réservation souhaitée au contact Novelas:

Stephan Van Puyvelde: novelasasbl@hotmail.com

La soirée est initiée par le Réseau des Arts et des Lettres.

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Regrets

Chers amis peintres et poètes

Durant le festival des couleurs que la nature nous offre à nouveau, face à la féerie des immenses forêts, ,je ressens le regret de ne pouvoir partager mon émerveillement avec chacun de vous. Mais je sais que vous éprouvez, vous aussi, les intenses émois, souvent inattendus, que cause partout la beauté du monde.

Affectueusement

Suzanne W-S

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Gutta & Astula

les ans passent et ne se ressemblent pas
avec patience, je peins, j'écris, je construis mes projets en atelier

écrire au gré l'essor du quotidien

laisser aller cette écriture au gré

au fur et à mesure de son avancée dans l'indicible

la laisser s'arrêter chaque fois d'elle-même

naturellement

selon son lot propre

puis la laisser poursuivre son cours et aller au-delà

pour se déployer un peu plus loin en raison de ce qui constitue le moment même de
son déploiement

se répandant chaque fois jusqu'au bout de

ce qui fait son possible

comme l'eau qui s'écoule sur le sol se reconfigure continûment

en fonction du terrain

s'étendant chaque fois autant qu'elle y est portée

par sa nature

peinture aussi toujours en cours

donc

peinture en transformation

ne cessant de s'improviser

en se conformant aux limites naturelles de l'invisible

par un épanchement continu et léger


puis vient le jour d'ouvrir les portes de cet atelier
que n'importe qui puisse entrer, lire et voir maintenant
ça a commencé il y a 37 ans
ça s'appelle Gutta & Astula
et c'est sur www.astula.info, essais d'art de l'image et de l'écriture

Daniel Moline

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entretiens et liens

Avec le plaisir de vous faire redécouvrir cet entretien du Peintre Gegout réalisé par:

Frédérico Alagna .

Je vous propose de jeter un oeil sur son site qui vient d'être mis à jour link

l'atelier en janvier 2010


Propos recueillis par mail le 24 juin 2010 © Fdrco

www.fradelrico.com


Frédérico Alagna



Fra DELRICO

Conversation avec…




Alain GEGOUT peintre



Présentation exhaustive

Qui osera encore remettre en question le magnifique outil de communication qu'est d'internet, même pour les arts plastiques!? J'ai découvert l'œuvre d'Alain grâce à Facebook, une œuvre picturale forte et délicate que je qualifierai d'un "maniérisme acidulé", représenté par des figures contorsionnées qui font la part belles aux chevelures, chapeaux, dentelles et autres vêtements qui gardent ainsi toute leur "féminité". Alain, lui, parle "d'art défiguratif" selon son propre terme, qui révèle un sérieux sens de la formule, teinté d'une légère ironie. Dans ses Paysages, il laisse « déborder » ses espaces picturaux sur une feuille accolée aux tableaux, qui prolonge en les magnifiant les effets de coulures. Après avoir échangé quelques mots et nos liens respectifs, Alain a accepté de se joindre à mes invités!


« Flo » par Alain Gegout

Technique mixte sur toile


Frédérico Alagna « Fdrco » - Alain bonjour et merci à toi de te prêter au jeu ! Quel rapport entretiens-tu avec les Arts plastiques au quotidien?


Alain Gegout - Un rapport, disons professionnel même si je n'aime pas ce mot, je préfère le mot "dilettante".

Fdrco - As-tu des préférences, arts plastiques, musiques, poésie ou autres ?


Alain Gegout - J'aime avant tout la peinture pour son aspect direct, en fait je travaille et vis dans l'urgence comme si la vie devait s'arrêter à chaque seconde.


Fdrco - C’est souvent ce que je ressentais, ça s’est calmé depuis que je suis papa ! Alain, évoque ton premier ou le plus grand choc face à une œuvre (et tente si possible d’analyser aujourd’hui pourquoi ou par quoi cette œuvre t'a frappée.)


Alain Gegout - Une peinture de Magritte" Le Jockey égaré". A l’époque, j'aimais les images plus que les peintures. Cette image évoquait l'absurdité de nos vies. Cela n'a pas changé depuis, la seule différence est dans l'acte, le plaisir de peindre qui passe avant une représentation.

René Magritte

« Le Jockey perdu » (2 versions)



Fdrco - On va entrer dans une partie plus technique : Quels sont tes matériaux et outils de prédilection ? Y a-t-il un art, une manière, un support préféré ? Tu as opté pour l'acrylique? Peut-être un mot sur le marouflage que tu sembles affectionner.


Alain Gegout - J'ai fait de la peinture faussement hyperréaliste pendant 10 ans. J'aime la peinture à l'huile, j'ai aimé et je préfère maintenant l'acryl pour ce sentiment d'urgence qui m'anime… Je peins avec des pinceaux, des brosses et tout ce qui permet d'exploiter le geste hasardeux. Le marouflage est devenu est rituel incontournable. Cette technique qui consiste pour moi à dessiner d'une façon aléatoire sur du papier et de pratiquer ensuite une sorte de monotype. Les papiers sont ensuite déchirés et marouflés sur la toile… et je peins à partir de ces hasards à forme humaine.


Fdrco – Je crois que le hasard est un moteur de surprise essentiel à la « régénération » de l’invention dans la création. Mais je crois que c’est surtout la « force » de l’artiste qui fait la force des hasards (quand il parvient à en extraire une œuvre, par son travail intellectuel et manuel.) Car il n’y a que l’œuvre, une fois « terminée » qui puisse cautionner l’emploi de tels ou tels procédés créatifs, fussent-t-ils les plus hasardeux. Cela nous entraine vers les questions suivantes : Figuration ou abstraction? Dessins ou couleur? Démarche traditionnelle ou contemporaine? Est-ce que ce sont des questions si se posent à toi?


Alain Gegout:

« Ambiance tamisée, caresse du genou vers la cuisse,

la mort rode et nous fait chaque jour des avances».


« Triple triptyque » acrylique et marouflages, juxtaposition de 9 toiles



Alain Gegout - Non, seule une certaine évidence me guide loin des modes et courants. J'aime dire que je suis « défiguratif »… pour, peut-être, prouver que seule la beauté que je défends est belle. Belle comme celle de Breton. "La beauté sera convulsive ou ne sera pas".

Fdrco - L’art est-t-il le reflet de ta pensée ou son contraire ? Eprouves-tu un attachement pour tes œuvres?


Alain Gegout - J'apprécie avant tout l'acte, le résultat n'est qu'un état éphémère qui me satisfait rarement... L'acte de peindre nécessite une forme de lâcher prise. Juste faire confiance à l'expérience et la force du doute.

Fdrco - J’aime à te l’entendre dire ! Un ou plusieurs artistes qui résonnent en toi en l’état actuel des choses?


Alain Gegout - Peu de noms viennent parmi les contemporains, je me sens bien sûr proches des expressionnistes. J'aime la peinture héroïque, celle de Eugène Leroy est un bel exemple, Je ne peux nier Bacon et Freud, Turner, Le Titien et Rembrandt.


Eugène Leroy Lucian Freud



William Turner Le Titien



Rembrandt Van Rijn « La fiancée Juive »




Fdrco - J’aime aussi ces peintres que tu cites. Toutefois, l’œuvre de Lucian Freud que j’adorais en bouquin ne m’a pas fait l’effet que j’en attendais en présence lors de son expo à Beaubourg, à l’inverse de Bacon qui m’intéressait peu en bouquin, mais qui gagne à être vu en vrai. Turner à la Tate Gallery de Londres m’avais énormément saisit. Rembrandt reste une évidence, la puissance des sujets traités par Titien que j’adorais me semble « affadie » aujourd’hui, mais côté réalisation il reste extraordinaire. Que penses-tu du marché de l’art actuellement ? C’est important le succès, la célébrité, pour un peintre, un plasticien ? Penses-tu que ce soit représentatif ou qu’il y ait un phénomène de mode ?


Alain Gegout - L'art contemporain est une arnaque le plus souvent. Peu de choses resteront dans l'histoire. Andy W. et quelques autres plus ou moins pop. L'art devenu un produit est condamné à vivre un rythme de produit vite « Has been ». Je n'aime pas l'art gadget, produit à jeter. L'art doit garder une dimension sacrée.


Fdrco - Oui je crois aussi qu’il y a méprise quand l’objet d’art s’apparente aux objets de consommation. Le caractère unique ou rare me semble définitivement un rempart contre la dérive commerciale. Je n’ai cependant rien contre les produits dérivés, tee-shirt, bouquin, carte postales etc. qui peuvent justement être un complément de rendement à même de préserver l’intégrité de l’artiste pour se consacrer à la création d’œuvre originale, sans avoir recours à la création d’œuvres « alimentaires ». LA question « à cent balles »: Si tu ne devais choisir qu'une seule œuvre à emporter avec toi dans la tombe ? (rires.)

Alain Gegout


« Lumière débordante »


Acrylique sur toile

plus feuille blanche



Alain Gegout - J'emporterais un rire de jeune fille "innocente".


Fdrco - Effectivement, qui pourrait réussir à transcrire ça ?? (Rires) Est ce qu'une œuvre doit avoir un sens, donner du sens ou suggérer le sens?


Alain Gegout - Le sujet c'est la peinture. Le sens de la peinture passe par ce postulat. Je n'aime plus les images, vu trop d’images.


Fdrco - Tu parles justement de la saturation d’image, c’est une évidence aujourd’hui, c’est un sujet que j’évoque dans un entretien avec un ami peintre et architecte (cf. Conversation avec Markus Gisin). Pour finir, Un seul mot : qu'est-ce que l’Art?


Alain Gegout - Un cri et une jouissance qui inclut la souffrance.


Fdrco - Là tu as dis trois mots, il faudra choisir !!! Merci Alain, j'attends pour une rencontre "de visu"!


www.sans-pitre.com

www.alain-gegout.odexpo.com ----------------------------



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administrateur théâtres

Pièce Montée (théâtre Argan 42)

croquer la figurine de "La Pièce Montée" De Pierre Palmade

On est allé revoir LAURE GODISIABOIS pour son style. Joli divertissement ! Immense pouvoir comique de « cette vraie actrice » seule en scène, sont les mots susurrés à gauche et à droite que l’on peut entendre à la sortie du spectacle. Le jeu est incessant, à peine moins turbulent que celui d’une jeune chatte enfermée dans une cuisine. Les intonations et la voix sont au bord de l’étrange, sorcière morte de solitude, ou Bobo du XVI è ? Tour à tour pétillante ou frissonnante et inquiète elle se joue du temps qui passe. Duel serré. Heureusement qu’il y a le tiers : dès le début s’installe une absolue connivence avec public puisqu’il est là, lui, alors qu’amis et famille se font désespérément attendre, cela nous mène au bord de l’attendrissement. Pathétique, sa chanson d’accueil, une ode à l’amitié, si dérisoire ! On sortirait bien de son fauteuil pour aller la consoler !

Pièce montée. Comment passer le temps ? Meubler le silence implacable de la rue sans voitures, parler au voisin et son chien par la fenêtre, raconter et vivre un cauchemar, dévoiler avec ironie incisive les inimitiés profondes des pièces rapportées, tout un montage ! S’affairer sans cesse pour les détails domestiques. Elle marche sur le fil poétique: voici un savoureux coup de téléphone où elle n’est pas toute blanche, et où elle épèle son nom un peu comme dans le fameux sketch du Télégramme. « Je m’appelle Françoise Lumière : C’est comme PUMA, mais avec un -L- et à la place du A à la fin : i-è-r-e……» Hier ou Demain ? Consulter les horoscopes, chanter et danser des souvenirs heureux tant qu’on y est, puisqu'on attend!

Broder avec verve et humour quelqu'accent anglais. S’adressant à son seul partenaire, le public : « You’re welcome !» dit-elle avec un clin d’œil irrésistible elle fait de son angoisse une somptueuse dentelle inutile et belle.

La table de style dit tout son cœur débordant d’amour et de brocarts rêvés, l’installation dinatoire pour pages de maisons de charme dit sa solitude profonde. Doux-amer parfait. Loufoque sérieux. Espièglerie et tristesse. D’un bout à l’autre : du vrai talent, à croquer!

Spectacle de clôture du festival d'été de Bruxellons

http://www.argan42.be/fr/piecemontee.html

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administrateur théâtres

…« Je suis née en Algérie de père vietnamien et de mère belge. Quand mes parents se sont séparés, nous sommes venus vivre à Mons avec ma grand-mère maternelle qui développait un racisme totalitaire. Nous représentions le “péril jaune”. Pour elle, éduquer un enfant consistait à l'empêcher de rire, de jouer, d'avoir des secrets. L'adulte avait le pouvoir absolu », raconte la comédienne toute menue.

Devant l’immense mur de briques du théâtre surgit une véritable enchanteresse, légère comme une plume en robe ethnique noire, épaules et pieds nus, cheveux tirés comme une ballerine. Une phrase soudaine détonne dans son cœur fou de vivre. Une phrase innocente de la femme-oiseau, une voisine maghrébine, chaleureuse mère de famille nombreuse chez qui elle se réfugie de temps en temps. Une permission de vivre et d’ouvrir les yeux : « Il faut de tout pour grandir » dit-elle à la petite fille comme la bonne fée… « Pourquoi as-tu besoin de la musique de l’oiseau en cage au bord de la fenêtre?» demande-t-elle, elle qui d’habitude muselée, n’ose que de rares pourquoi. « Pour retrouver mes ailes » répond la voisine sibylline. Son professeur de piano lui disait : « Ecoute le chant, raconte l’histoire, même dans une gamme… ». Mais elle a dû apprendre à rire en silence. Et à fuir sur la pointe des pieds.

Vy en vietnamien veut dire « tout petit », c’est le nom de sa poupée de bois, son doudou, qui raconte ses déboires avec humour et douceur et s’échappe par le verbe gracieux et tendre par-dessus les murs de silence hostile. C’est cette poupée qui a pleuré silencieusement quand la grand-mère a coupé sauvagement les magnifiques cheveux de sa sœur. « J’ai cru que j’allais vomir ! » nous confie-telle, pour l’atteinte symbolique à l’intégrité de sa sœur, en attendant son tour. Touches par touches l’enfance et l’adolescence se disent sur les pages blanches du cahier d’écolière cent mille fois visitées par l’ancêtre curieuse et méchante, comme dans les contes de fée. La poésie, la grâce vont faire d’elle une artiste de gestes et de mots. C’est le conte de fée. Au fond d’elle il y a cette détermination de vie de la mauvaise herbe, « de cochon jaune », oserait persifler la marâtre … et une jeune fille amoureuse de la danse, de la musique et des mots en train d’éclore et de briser sa coquille.

Parfois, dans son lit elle s’écrie en silence « Dis-moi papa je ne sais plus me servir de mes ailes, je ne sais plus où est le ciel». Yen l’hirondelle est au bord du désespoir. Mais quand elle a vu Ismaël, un ange aux yeux si brillants, amoureux des oiseaux, elle a senti « ce battement d’ailes de ce frémissement du ciel ». Au comble du malheur elle dit avec une douceur de papier de soie « la vie est un rêve, je vais me réveiller ou mourir ! » … Et jamais elle n’accusera, pas d’amertume, car elle a découvert la Vie en elle, devenue comédienne … et facteur. Et quoi de plus beau : la Vie ! Les Lettres ! Avec amour, sur la croix noire de sa grand-mère elle grave avec le crayon doré de ses plus beaux poèmes un message de paix:

« Elance ton âme vers le ciel … Vis ! »

« Vy » de et par Michèle Nguyen, Atelier Théâtre de la Vie, 45 rue Traversière, 1210 Bruxelles

http://www.theatredelavie.be/

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Les Essais d'esthétique de Benedetto Croce

La question d'une définition de l' art est sous-jacente à toutes les thèses de l'auteur, qui commence par s'interroger dans ces essais sur ce que l' art n'est pas: il n'est pas la philosophie, parce que la philosophie est une réflexion logique, alors que l' art est irréfléchi. L' art n'est pas l'histoire, laquelle repose sur des catégories critiques, alors que l'art ne vit que de pures images. L' art n'est pas la science, même si l'on constate une force constructrice et unificatrice dans l'esprit poétique. Il n'est pas un simple jeu de l' imagination, mais la préoccupation sérieuse de faire d'un vague sentiment une intuition claire. L' art n'est pas non plus le sentiment immédiat, mais sa contemplation. Enfin, l' art ne saurait être utilisé à des fins morales. Pour Croce, l' art est donc avant tout intuition lyrique pure. L' intuition est l'essence du fait esthétique. Il n'y a pas cependant d'a priori esthétique "en soi", mais plutôt quelque chose d'immanent aux oeuvres singulières.

Le discours sur l' art par excellence est l' esthétique: elle réorganise sans cesse l'univers des oeuvres. L' esthétique est plus qu'apparentée à la philosophie, elle est "toute la philosophie", par-delà le fait qu'elle traite de l' art. Ainsi, l'on ne peut séparer histoire de la philosophie et histoire de l' esthétique, de même qu'une esthétique non philosophique est impossible. L'auteur réaffirme, à la suite de Baumgarten -inventeur du terme d' "esthétique"-, le rôle principal de cette discipline: combler l'espace entre les perceptions confuses du vécu et les intuitions claires dont les oeuvres sont l'achèvement. Croce est aussi d'avis que l' art est fondamentalement Un, et que toute classification ou division est technique, ce qui entraîne une confusion entre art et technique; celle-ci n'est qu'une action pratique pour la conservation et la communication des oeuvres.

La perspective de l'auteur est idéaliste, mais pas intellectuelle, dans la mesure où est affirmée l'immanence de l'esprit à l' art. Ces textes s'opposent à la métaphysique et au positivisme. L'influence de l'auteur, quant aux idées et à la méthode, n'a pas fait l'unanimité; mais elle reste considérable sur l'ensemble de la culture italienne.

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administrateur théâtres

Toute l'ambassade grecque était présente et la salle du Théâtre des Martyrs, comble !

« LES GRECS », épopée en deux parties d’après Homère, Eschyle, Sophocle et Euripide

Fabuleux exploit : le tragique ancien nous revient. Le Théâtre en Liberté se lance à l’assaut des grands mythes méditerranéens qui ont mis en place notre pensée il y a 2500 ans. L’entreprise est osée mais très réussie et dans la tradition grecque du questionnement on ne cesse de se demander : que font les dieux, qui sont-ils ? Nos actions ne sont-elles les reflets de leurs décisions, Le destin est- il tout puissant détermine-t-il nos heurs et malheurs ? Sont-ils dignes de notre respect ? Nos choix sont-ils libres ? Les choix masculins ne penchent-ils pas inévitablement vers le pouvoir et le pouvoir absolu qui tue tout sur son passage ? Quelle est cette soi-disant Nécessité qui fait froid dans le dos, justifie et entraine la folie des hommes et le carnage ? A bout de souffle dans une scène émouvante, Clytemnestre conjure Agamemnon de « ChaN-GeR » ! De ne pas faire les choix « de l’intérêt de l’état » mais de choisir la vie…. Toutes ces questions valent la peine de se poser au bord de la route et de réexaminer nos motifs profonds et notre loi morale, pour nos libérer des démons de la cupidité de l’orgueil et du pouvoir…. « Nous sommes tous esclaves… »

La pièce est faite d’une mosaïque d’éléments qui réactualisent ces questions de cette culture grecque éternelle, avec justesse, finesse et force. Le temps, tout puissant, a consacré les douleurs humaines et en a fait matière de réflexion et d’apprentissage. Qui pourrait sciemment continuer à Choisir Aphrodite plutôt qu‘Athéna ? La pièce s’ouvre sur le chaos aquatique promis par l’imposant Poséidon puis se mue en bord de plage où les prisonnières de la guerre de Troie attendent avec angoisse l’ esclavage….Le rapprochement avec les camps de sinistrés ou de réfugiés modernes …est saisissant et la misère humaine à fleur de lèvres, les costumes et les écuelles sont les mêmes. Hécube, la femme de Priam et ses filles, et la prêtresse Cassandre montrent leur courage dans la défaite et l’émotion est forte. Le Grec victorieux a commis le péché d’Hubris en saccageant les temples troyens, et la Victime en appellera à la justice divine…. Puis il y a cette brisure incongrue du temps et de l’espace, nous sommes à Argos, dix ans plus tôt. Le duo désespéré de Clytemnestre et Agamemnon au moment du choix fatidique du sacrifice d’Iphigénie. Meurtre fondateur d’une Grèce unie et puissante qui abattra l’illustre civilisation troyenne trop prospère. Une scène presque insupportable à nos yeux modernes, c’est que les choses ont peut-être changé et… la preuve que les choses peuvent changer. Cependant que le chœur, les petites gens d’Argos, vêtus d’habits noirs du dimanche argumentent… et que Clytemnestre, forcée au meurtre va accomplir son funeste dessein….La mise en scène, le jeu des acteurs et la vérité éclatent à chaque réplique qui vient du fond des temps et s’articule en toute actualité dans notre réalité. Bravo. Nous attendons la deuxième partie du spectacle avec impatience.

http://www.theatredesmartyrs.be/pages%20-%20saison/grande-salle/piece1.html

Première partie :

La Guerre - Les Femmes Du 15 au 25/09/2010

Deuxième partie :

Les Crimes - Les Dieux Du 28/09 au 09/10/2010

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La Révolution belge de 1830 est un événement européen. Depuis des siècles, la question des Pays-Bas préoccupait les grands Etats. Dès qu'elles reçoivent la nouvelle de l'émeute du 25 août, les chancelleries sont alertées, car une pièce de base du système établi par le Congrès de Vienne est ébranlée. Les puissances absolutistes, la Russie, l'Autriche, la Prusse, veulent évidemment comprimer cette explosion libérale et nationale. Chacune, cependant, réagit d'une manière différente devant les événements de Belgique. Le tsar Nicolas ler, autoritaire et cassant, encourage son beau-frère, le prince d'Orange, à se montrer énergique. Il se déclare prêt à intervenir par la force et il concentre des troupes. Mais la Russie est loin en 1830! Le roi de Prusse, Frédéric-Guillaume III, beau-frère de Guillaume ler, vient de marier son fils Albert à la prjncesse Marianne, fille du même Guillaume 1er. En 1825 déjà la fille de Frédéric-Guillaume III, Louise -Augusta -Wilhelmina Amalja, avait épousé le prince Frédéric des Pays-Bas. Le roi de Prusse aimerait aider son parent, mais il craint un conflit avec la France. Quant à Metternich, il s'intéresse assez peu aux Pays-Bas, toute son attention étant retenue par l'Italie qui bouge. La Grande-Bretagne, elle, hésite. Wellington n'aime pas les libéraux. Il souhaiterait l'écrasement de la rébellion qui risque de troubler la paix européenne, car qui peut répondre de l'attitude du peuple français? Le 28 août, Guillaume 1er a averti son royal beau-frère des événements de Bruxelles et lui a demandé de pouvoir compter sur la coopération des troupes prussiennes dans le cas oùles moyens à sa disposition ne suffiraient point pour maintenir le royaume des Pays-Bas et ses droits dans l'état assuré par les traités. Immédiatement, des ordres sont donnés à Magdebourg et à Erfurt, afin que de forts détachements des deux divisions du corps d'armée n° 4, soient dirigés vers le Rhin. On compte à Berlin pouvoir mettre sur pied, en six semaines, deux cent cinquante mille hommes et la caisse militaire contient neuf millions d'écus courants, destinés à rendre cette armée mobile. Bruits de bottes à l'Est... mais ils seront vite étouffés.
Frédéric-Guillaume III est prudent. Le 9 septembre, il écrit à Guillaume 1er qu'il s'entendra avec leurs alliés communs, car l'attitude de la France, pour qui toute intervention étrangère aux Pays-Bas justifie sa propre intervention, « nous prescrit une prudence et une circonspection plus qu'ordinaire ».
Une modification de la Loi fondamentale dans le sens d'un relâchement de l'unité était en contradiction avec l'acte du 21 juillet 1814, par lequel Guillaume d'Orange avait accepté les « huit articles » fixant les conditions mises par les Puissances à la réunion de la Belgique à la Hollande. Le consentement des Puissances était dès lors nécessaire. Le 7 septembre, Verstolk, ministre des Affaires étrangères des PaysBas, demanda l'ouverture d'une conférence à La Haye. Avant que toutes les réponses ne lui soient parvenues, les Journées de septembre avaient provoqué une tension diplomatique grave, car Guillaume 1er a pris l'initiative de réclamer l'appui armé des vainqueurs de Napoléon. Le 28, Verstolk annonce aux représentants de l'Angleterre, de la Russie, de la Prusse et de l'Autriche, que Guillaume ler déclare n'être plus assez fort pour réprimer la Révolution et qu'il va, en vertu des traités existants, s'adresser à ses alliés pour solliciter leurs secours, afin qu'ils lui prêtent assistance matérielle pour étouffer l'insurrection et rétablir l'ordre légal dans le royaume. Le lendemain, Guillaume écrit à son beau-frère, le Roi de Prusse « ... la gravité du mal a rendu mes efforts infructueux. Dans cet état de chose déplorable à la fois par l'atteinte qu'il porte au bien-être de mes fidèles sujets et par les complications dont il menace le maintien de la paix en Europe, mon Envoyé accrédité auprès de Votre Majesté aura incessamment l'honneur de présenter à son ministre des Affaires étrangères un exposé de la situation de la Belgique dans lequel j'ai cru devoir demander la coopération militaire de mes alliés ».
Le 2 octobre, le ministre des Affaires étrangères envoie la demande officielle d'assistance militaire. Mais l'attitude prussienne n'a pas changé. Le 6, Bernstorff, ministre prussien des Affaires étrangères, déclara au ministre des Pays-Bas, de Perponcher, que les intentions de son maître « étaient de ne point envoyer immédiatement des troupes dans les Pays-Bas », et que Frédéric-Guillaume III se concerterait avec ses alliés avant d'adopter cette mesure. «La Prusse s'est obligée collectivement avec les Alliés à maintenir le Royaume des Pays-Bas », mais non point à agir seule. La Prusse ne peut risquer une guerre contre la France et quatre millions de Belges. Sans doute peut-elle compter sur l'appui de la Russie, mais elle n'est point encore fixée sur l'attitude de l'Autriche et d'autre part, l'Angleterre prône la conciliation. L'armée prussienne est « l'avant-garde de la Grande Coalition » et « elle ne pourrait pojnt s'aventurer... à moins de savoir les autres armées à portée comme soutien ». Des raisons proprement allemandes empêchaient en outre toute actjon extérieure : des secours en troupes sont réclamés à la Prusse de tous les côtés de l'Allemagne. On ne peut songer à envoyer des troupes hors de l'Allemagne où « l'esprit de vertjge et de révolte qui s'est répandu a pris un caractère si menaçant que pour le comprimer il a déjà fallu aviser les mesures les plus rigoureuses ». Enfin, la situation financière de la Prusse impose la prudence.
L'influence pacificatrice de Bernstorff et du général de Witzleben, chef du Cabinet militaire, l'ont emporté. Les efforts bellicistes du maréchal russe comte de Diebitsch, en mission extraordinaire à Berlin où il promettait, au nom du tsar, l'envoi d'une armée de 150.000 hommes à la frontière de la Prusse et l'embarquement immédiat de 10.000 hommes pour être débarqués en Belgique, ont échoué. Le 15 octobre, Bernstorff répondit à la demande officielle remise le 6 octobre. C'était un refus aimable. Les circonstances exigeaient la circonspection : la solution des problèmes soulevés, d'une gravité considérable pour l'avenir de l'Europe, devait être réservée aux délibérations communes et à la décision unanime des Puissances alliées. Et l'on savait déjà alors que l'Angleterre avait renoncé définitivement à une action militaire.
Quant à Metternich, le 11 octobre, sa décision est prise: la cause des Pays-Bas est entièrement perdue et la demande du roi des Pays-Bas, qui voudrait obtenir de l'Autriche un secours matériel, est irréfléchie, les efforts de l'Autriche devant se porter vers l'Italie, Le 20 octobre, l'empereur François répondra à Guillaume ler d'une manière aussi polie que décourageante pour le roi des Pays-Bas. « La position géographique de nos deux Etats m'empêche de me regarder comme placé sur la première ligne de l'action matérielle dont Votre Majesté m'a adressé la demande. C'est aux puissances les seules à portée de lui prêter un secours pareil, à peser et la position dans laquelle se trouvent placées les choses, et leurs propres facultés. Ce qui, dans le cas présent, est de mon domaine, c'est l'appui moral, que je n'hésiterai jamais à étendre jusqu'à une entière solidarité dans ce que le conseil de l'Alliance arrêtera dans sa sagesse ».
Restait la Russie. Le 2 octobre, Guillaume Ier envoya au tsar la demande de coopération militaire de ses alliés, mais les distances sont longues entre La Haye et Twer Oil se trouve Nicolas ler. Le tsar était prêt à répondre à l'appel angoissé du père de son beau-frère. Dès le ler octobre, il faisait savoir à Londres qu'il était « disposé à mettre en avant immédiatement une armée de 60.000 hommes ». Mais le vice-chancelier Nesselrode et son ambassadeur à Londres l'engagèrent à la prudence et le tsar se résigna à n'intervenir que conjointement avec ses alliés. « Toute action isolée de ma part, loin de répondre au but qu'elle se propose, y apporterait peut-être un préjudice réel ». Ainsi la clef était à Londres... Il y avait plusieurs semaines déjà que les chancelleries savaient que l'Angleterre n'interviendrait pas par les armes. L'opinion anglaise était favorable au nouveau régime français. Les radicaux avaient salué avec joie les «Trois Glorieuses », que les libéraux considéraient comme un nouveau 1688. Deux journaux seulement à Londres avaient pris la défense de Charles X et Wellington lui-même, qui passait pour l'ami des absolutistes, ne pardonnait pas à Charles X la politique d'alliance avec la Russie menée par Polignac, les visées sur le Rhin et l'expansion en Méditerranée. La prise d'Alger avait été une défaite anglaise. Wellington, chef du gouvernement tory, le vainqueur de Waterloo et le constructeur de la barrière de forteresses contre la France était fort occupé par les affaires intérieures anglaises au moment où les nouvelles de l'émeute de Bruxelles arrivèrent. Il espérait que le roi des Pays-Bas rétablirait l'ordre dans ses Etats rendant inutile toute intervention des Puissances. Le maintien de la Barrière était nécessaire à l'équilibre de l'Europe et à la sécurité de l'Angleterre. Cependant Wellington ne désirait nullement provoquer une guerre générale par une intervention armée aux Pays-Bas.
Dès le 31 août, lord Aberdeen, secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, dans l'ignorance de faits précis, déclara au chargé d'affaires de Prusse que l'envoi des troupes prussiennes aux Pays-Bas, ne devrait en tout cas, être adopté qu'après accord et sans précipitation. Cependant il ne pouvait pas davantage être question d'accepter la proposition française d'une démarche franco-anglaise auprès de Guillaume 1er lui recommandant de donner des satisfactions aux Belges.
Ecarter une guerre générale est le souci majeur de Wellington: une intervention armée des Puissances, en application des traités, provoquera une riposte française immédiate, Wellington en est convaincu. Il faut empêcher cette intervention chez les alliés et d'autre part encourager les bonnes dispositions françaises et y renforcer ainsi le courant non-interventionniste. Il ne faut pas exclure complètement la France du concert européen appelé à discuter les affaires des Pays-Bas. Sans doute, la France n'a pas participé à la convention des « huit articles» acceptés par Guillaume d'Orange le 21 juillet 1814 et fixant les conditions de la réunion de la Belgique à la Hollande, mais la France a, affirme Wellington, par les articles secrets du traité du 30 mai 1814, reconnu cette réunion et le traité du 31 mai 1815, fixant le sort et les limites du royaume des Pays-Bas, est inséré dans l'Acte de Vienne signé par la France et confirmé par l'article XI du traité de Paris du 20 novembre 1815 entre la France et les Alliés. La France est liée par cet acte. La question est devenue européenne, le gouvernement français peut faire valoir ses droits. Ainsi, il sera impossible aux quatre puissances alliées d'arranger seules les affaires de Belgique sans entrer en communication avec la France. L'idéal serait que les quatre Cours reconnaissent Louis-Philippe, s'entendent entre elles sur les modifications à faire et les imposent ensuite au roi des Français.
La position de Wellington entre les puissances absolutistes -soutenant avec plus ou moins d'énergie le roi des Pays-Bas -et la France de Louis-Philippe, excitée par les masses populaires et toute la gauche, à intervenir en Belgique, est fort délicate.
Cependant, le premier ministre anglais reste optimiste: « la France ne veut pas, et ne peut pas », appuyer les « messieurs » de Bruxelles, écrit-il le 14 septembre, et il continue à juger l'évolution des événements avec sérénité. Le 27 encore il écrit à Peel, ministre de l'Intérieur: « Je pense que tout fait prévoir que l'affaire des Pays-Bas est en train de s'arranger ». Vraiment il n'est pas nécessaire de convoquer le Cabinet... Mais, le 28, à la réception des nouvelles de Belgique moins rassurantes, Wellington commence à s'inquiéter. Le lendemain, Lord Aberdeen lui transmet de toute urgence, les dépêches reçues, agissant, dit-il, « selon les instructions de Bonaparte qui voulait qu'on ne perde jamais un instant dans les communications de mauvaises nouvelles, si la transmission des bonnes pouvait attendre... », car la GrandeBretagne doit s'attendre d'un moment à l'autre à recevoir l'appel au secours de Guillaume 1er. Les vainqueurs de Bruxelles sont en train d'agiter l'Europe! Heureusement, Wellington ne veut pas une guerre, que l'opinion anglaise n'admettrait pas et, le 1er octobre, sa décision est prise. Il faut informer le gouvernement français, partie au traité de 1815, que Guillaume s'apprête à réclamer l'assistance des puissances garantes. La France est intéressée, aussi bien que les autres puissances, à la fin de l'insurrection en Belgique, condition de sa propre tranquillité comme de la satisfaction des Etats européens qui veulent le maintien de la frontière sud des Pays-Bas.
Wellington a vu Talleyrand le 30, avant de se décider à cette démarche capitale. Il a confiance dans le célèbre diplomate qu'il croit attaché au respect de l'autorité dans les Pays-Bas et adversaire de toute aventure.
Conservateur-réaliste, Wellington entretient aussi les meilleures relations avec les ambassadeurs des « cours du Nord » à Londres. Une grande négociation va s'ouvrir et pour le vainqueur de Waterloo, elle doit évidemment se dérouler dans la capitale anglaise.
La solution pacifique triomphera. En effet, si le gouvernement de Louis-Philippe espère la séparation du royaume des Pays-Bas et l'instauration d'un système nouveau, riche de promesses pour l'avenir à sa frontière nord, il est toujours aussi soucieux du maintien de la paix et dès lors de la non-intervention armée. Il escompte que les quatre puissances alliées entreront en négociations avec lui sur les affaires des Pays-Bas et qu'elles n'adopteront aucune mesure qui ne serait pas le résultat de délibérations communes.
Le 3 octobre, Molé, profitant d'un courrier de M. de Rothschild, affirme à Wellington « son désir sincère de maintenir la paix » et demande l'appui de l'Angleterre pour faire triompher le principe de non-intervention armée. « Il doit rentrer dans ses principes politiques comme dans les nôtres qu'aucune force étrangère ne soit employée à imposer à la Belgique un gouvernement dont elle ne voudrait pas. Ce point d'importance une fois sauvé, la question entrerait dans les voies d'une négociation entre toutes les parties intéressées et serait conduite, je n'en doute pas, à une issue favorable », car « la guerre si elle éclatait prendrait inévitablement un caractère redoutable et qu'elle n'a peut-être jamais eu ».
Mais avant que cette missive pressante n'arrive à Londres, le Roi d'Angleterre, Guillaume IV, avait envoyé le 3 octobre une lettre personnelle à Louis-Philippe. Rappelant tous les traités que la France a signés, il affirme que la France, aussi bien que les autres Puissances, s'est associée à la formation des Pays-Bas. Devant l'insurrection, il est devenu nécessaire, pour les puissances signataires des traités, de respecter leurs engagements et de considérer mûrement l'état actuel des affaires aux Pays-Bas, d'aider le roi Guillaume, par leur coopération amicale et leurs conseils, à trouver un arrangement qui puisse mettre fin à la confusion actuelle. La Grande-Bretagne désire, en accord amical avec la France et avec les autres Alliés, mettre à l'étude cette question si intimement liée aux intérêts généraux de l'Europe. Et le même jour, Lord Aberdeen rendant visite à Talleyrand lui annonça les intentions de son gouvernement. Le lendemain, Wellington confirmait ces vues en répondant à la lettre de Molé du 3 octobre. Il est certain que Wellington a agi rapidement du côté français pour éluder plus aisément la demande d'application du casus foederis faite par le roi des Pays-Bas. Le 5 octobre, la demande officielle néerlandaise « d'envoi immédiat du nombre nécessaire de troupes dans les Provinces méridionales des Pays-Bas, dont l'arrivée retardée pourrait compromettre gravement les intérêts de ces provinces et ceux de l'Europe entière... » était remise au Foreign Office. Elle ne devait recevoir sa réponse, et une réponse négative, que douze jours plus tard...
Les relations confiantes entre la Grande-Bretagne et la France dans les premières journées d'octobre 1830 ont été capitales pour le maintien de la paix. Les puissances étaient alors à la croisée des chemins. De l'attitude des deux Etats occidentaux dépendait la paix de l'Europe et aussi l'avenir de la Belgique. Le génie de Talleyrand a sans doute contribué pour une bonne part au rapprochement franco-britannique. Mais c'est accorder à ses Mémoires -cette habileté suprême -une attention trop grande, que de tout ramener à son action à Londres dans ces journées lourdes de menaces. Dès le 3 novembre, M. Bertin de Vaux, frère du directeur du Journal des Débats et nouveau ministre de
France à La Haye, appréciait plus justement le rôle de Talleyrand au parti duquel il appartenait cependant: « Je ne suis pas, vous le savez, écrivait-il à son ministre, disposé à méconnaître la supériorité de M. de Talleyrand; si, cependant, il croyait que les dispositions pacifiques de l'Angleterre sont l'ouvrage de son habileté, il serait, du moins je le crains, dans une grande erreur. Ces dispositions préexistaient à son arrivée dans ce pays; elles sont le résultat d'une juste appréciation de l'état actuel de l'Europe et des suites, à peu près inévitables, d'une guerre continentale. En effet, cette guerre ne peut manquer d'avoir pour résultat ou la prépondérance française ou la dictature de la Russie en Europe ». Ce n'est pas Talleyrand qui a séduit Wellington et l'a entraîné à proposer une conférence compromettante pour l'Angleterre, c'est le désir invincible de paix qui, bien avant l'arrivée de Talleyrand à Londres, a amené Wellington à envisager la participation de la France à une négociation générale sur les affaires des Pays-Bas. Et s'il précipite son action à la fin du mois de septembre, c'est moins à la suite des manoeuvres du grand Roué qu'à la nouvelle de l'appel prochain, par Guillaume 1er, de l'appui armé, appel attendu après les conversations que, le 26 septembre, l'ambassadeur anglais Bagot avait eues avec le ministre de Russie à La Haye et M. de Verstolk, lorsque l'échec du prince Frédéric à Bruxelles fut connu.
D'autre part on ne peut tenir pour négligeable avant l'envoi de Talleyrand à Londres -et même après -, quels que soient les sarcasmesdont Talleyrand ait accablé Molé, quelque étroites qu'aient été, par l'intermédiaire de Madame Adélaïde, soeur du nouveau roi, les relations entre Talleyrand et Louis-Philippe, on ne peut tenir pour négligeable l'action de Louis-Philippe et de son gouvernement, particulièrement de Molé. L'histoire de la France pas plus que celle de l'Europe en septembre 1830 n'est l'histoire composée par M. de Talleyrand. Dès le 28 août, le ministre Molé écrit au ministre des Pays-Bas, baron Fagel: « Je fais des voeux bien ardents pour que ces troubles s'apaisent, sans que votre Cabinet réclame l'appui d'aucun gouvernement, cela est, croyez-moi, d'une grande importance ». Et le lendemain à son ministre à Bruxelles, le marquis de la Moussaye, il écrivait: « La France et son gouvernement n'interviendront jamais ni directement ni indirectement dans les affaires intérieures des autres Etats, aussi longtemps que ce principe sera respecté par tous les Cabinets. Vous ne pouvez assez faire comprendre combien il importe au repos général qu'aucune nation voisine n'intervienne dans la crise qui se passe sous vos yeux ».
Le 31 août, Molé reçoit le « ministre » de Prusse Werther, qui n'avait pas encore reçu ses lettres de créance et lui affirme « qu'au cas où une puissance étrangère interviendrait par les armes aux Pays-Bas, le gouvernement français ne serait pas en état de contenir le peuple et de l'empêcher de se porter au secours de la Belgique ». Le même jour, à Pozzo di Borgo, ambassadeur de Russie dans la même situation officieuse que Werther, Molé déclarait plus catégoriquement encore que si d'autres puissances voulaient se mêler des soulèvements dans les pays voisins, elles auraient la guerre avec la France.
Louis-Philippe, lui-même, affirmait quelques jours plus tard au même Pozzo: « Si les Prussiens entrent en Belgique, c'est la guerre, nous ne le souffrirons pas ». Le 6 octobre, le général Mortier, ministre à Berlin, déclare nettement au ministre des Affaires étrangères Bernstorff que la France ferait marcher des troupes en Belgique si préalablement on y voyait entrer celles des puissances étrangères... « Nous ne reculerions pas devant la perspective de la guerre, si elle ne devait être évitée qu'au prix de la dignité nationale ».
Ce n'est pas M. de Talleyrand qui a fait cette politique, mais l'opinion publique française qui ne pouvait tolérer l'écrasement des Belges. La lutte est un conflit d'une singulière ampleur entre deux grandes idéologies. La France des « Trois Glorieuses », c'est celle de la souveraineté nationale et elle a en face d'elle les défenseurs de la légitimité et de l'absolutisme. Les monarchies militaires et les monarchies constitutionnelles sont en présence. La souveraineté des peuples et celle des rois se disputent le monde. Louis-Philippe, le roi des barricades, dont le trône est bien mal affermi, est obligé de répondre aux exigences des Français. Sans doute ne veut-il pas « se croiser » pour la liberté ni pour délivrer les nationalités opprimées, mais il doit donner à l'opinion excitée des satisfactions. Au surplus, au désir d'aider les Belges à se faire une patrie, se mêle chez certains Français –et ils sont nombreux -l'espoir de voir la France retrouver les frontières de la « Grande République » et de l'Empire. Il n'y avait pas plus de seize ans que le Rhin était encore français. Ambitions stratégiques, nostalgie de la grandeur passée, passion de la liberté, sentiments et idées contradictoires se mêlent, sans hypocrisie, dans le coeur et le cerveau des bourgeois et du peuple de Paris et des provinces.
Satisfaire ces voeux ardents sans être entraîné dans une guerre où son trône risque de s' écrouler, voilà la tâche difficile de Louis-Philippe dans les semaines agitées de l'été finissant. Officiellement, avec une constance remarquable, Louis-Philippe et son gouvernement sont décidés à rester dans les limites de la neutralité la plus stricte vis-à-vis des événements des Pays-Bas. « Nous repousserons inébranlablement de la part des Belges toutes les ouvertures qui tendraient à se réunir à nous; mais s'ils étaient les plus forts dans la lutte, s'ils se rendaient indépendants, nous ne souffririons pas qu'à main armée un gouvernement leur fût imposé ». Il n'est dès lors pour la France que de reprendre son thème initial d'une négociation. Le 28 août, Molé a déjà proposé une démarche commune franco-anglaise auprès de Guillaume 1er pour l'amener à donner des satisfactions aux Belges. Le 1er octobre il est revenu à la charge, le 3 c'est lui encore qui écrit ouvertement à Wellington. Pendant les journées décisives de ce début d'octobre il négocie adroitement avec l'ambassadeur d'Angleterre, avec l'ambassadeur extraordinaire de Prusse, l'illustre explorateur Alexandre de Humboldt et avec le ministre de Prusse. Cette entente entre les trois cours inquiète et désole la diplomatie hollandaise. Molé temporise, le déroulement des événements en Belgique est favorable aux Belges. Mais il n'a pas d'ambitions démesurées: la séparation, avec le prince d'Orange à la tête d'un gouvernement belge, lui apparaît comme la solution idéale qui sauvegarde les traités et doit satisfaire l'opinion française. Il mettra un mois cependant pour s'incliner devant les exigences de l'Angleterre, soutenue par Talleyrand, prêt à dire « l'Etat c'est moi ». Wellington réclame le siège de la Conférence à Londres, car il redoute les réactions de la presse et de la foule parisiennes, pour qui l'ouverture de la Conférence à Paris serait une magnifique satisfaction d'amour-propre et une grande revanche de Vienne!
Ainsi, l'action diplomatique française a été décisive; elle a empêché l'intervention armée qui aurait écrasé les insurgés belges. Par sa prise de position catégorique, elle a forcé Wellington, que l'état de l'opinion anglaise inclinait à renoncer à la guerre, à recourir à la négociation. Mais c'est l'agitation populaire, les réclamations de la presse, l'action des partis qui ont inspiré à Louis-Philippe et au gouvernement la crainte des Chambres et de l'opinion. Si les éléments populaires français, si la presse n'avaient pas mis l'épée dans les reins du Cabinet français, la France officielle n'aurait pas montré une attitude aussi résolue et le gouvernement anglais ne se serait jamais engagé dans la voie de la conférence: car il serait insensé de croire que Wellington, le bâtisseur de forteresses, était un chaud partisan des Belges et qu'il ait renoncé à la guerre et recouru à la négociation par amour des rebelles.
Ainsi, en France comme en Angleterre, l'action de l'opinion publique sur le cours de la diplomatie dans les moments critiques a été décisive. Le régime constitutionnel et libéral, l'opinion de deux grandes monarchies occidentales ont empêché les puissances absolutistes de recourir à la guerre et d'écraser les mutins qui voulaient la liberté et l'indépendance. Dans ce sens, il convient de dire que, par cette action, les éléments avancés, les républicains, le parti du mouvement ont sauvé l'indépendance de la Belgique dans les premiers jours d'octobre 1830, beaucoup plus que par l'envoi de quelques centaines de volontaires et de quelques caisses d'armes, arrivées d'ailleurs pour la plus grande part après les journées victorieuses. On a fait beaucoup de bruit autour de ces renforts en armes et en partisans. La diplomatie hollandaise a gonflé l'importance de ces secours, car c'était pour elle le meilleur argument à présenter aux Puissances Alliées pour déclencher leur intervention. Louis-Philippe et son gouvernement ont mis en oeuvre les moyens dont ils disposaient pour appliquer en fait la politique qu'ils défendaient en droit. Armée, police, magistrature, agissent en août et septembre 1830, animées d'un même esprit de pondération et de mesure. Aux frontières, les précautions sont prises. Dès la fin d'août des agents belges ont voulu entraîner les régiments français en garnison à Lille, mais « ces tentatives ont été nulles et de nul effet et toutes ces propositions ont été considérées comme une extravagance » fait savoir l'agent secret d'Herbigny au ministre Verstolk.
Les extrémistes français, qui voulaient aider les frères insurgés, groupés dans des sociétés, certaines secrètes, disposant de fonds, ont-ils réussi à porter aux Belges un appui efficace, avant les combats victorieux de Bruxelles?
L'étude de la politique d'intervention d'un pays dans un autre pays est toujours délicate. Il y a les documents. Mais les documents disparaissent. Il y a des faits aussi qui ne laissent pas de trace. Néanmoins, un faisceau concordant de preuves permet d'affirmer que les secours français avant le 1er octobre ont été d'importance minime.
L'arrivée des exilés, de Potier, Tielemans, Bartels et J .-B. de Nève au début du mois, avait sans doute provoqué une vive curiosité à Paris. Des manifestations de sympathie, des banquets avaient été organisés en leur honneur. De nombreux Belges, des Parisiens, pour la plupart du faubourg Saint-Antoine, venaient offrir à de Potter des « milliers de combattants déterminés à vaincre ou à mourir ». A tous « ces intrépides volontaires », de Potter faisait toucher du doigt qu'il y avait pour le moment impossibilité d'accepter leurs services. dans le journal républicain, la Tribune des Départements, de Potter publiait des articles invitant les Belges à une action énergique: séparation effective, imposée par le pays au souverain, nécessité de s'emparer des revenus publics pour organiser la défense de la patrie. Il critiquait la « révolution légale », mais il attendait vainement de Bruxelles la réponse à sa proposition d'envoi de volontaires.
A ce moment, les sociétés populaires parisiennes étaient elles-mêmes aux prises avec de très sérieuses difficultés. Les principaux groupements étaient Les "Amis du Peuple et la société Aide-toi, le Ciel t'aidera. Celle-ci comptait des membres de la loge maçonnique Les Amis de la Vérité. Son comité de quinze personnes, jouissant de pleins pouvoirs, prenait les décisions essentielles. C'était des gens connus au Palais de Justice et dans le commerce, des propriétaires, des marchands de bois, le premier avocat-général à Paris Berville, les substituts Ferdinand Barrot, Lanjuinais et Dupont, l'avocat Garnier-Pagès. Les réunions étaient secrètes et on ne peut parler à son sujet d'une société populaire, car elle n'avait point de rapports directs avec le peuple. Après la victoire de juillet, elle réunit des fonds pour les réfugiés espagnols qui désiraient gagner leur frontière. Un Comité prépara pour la Belgique des secours en hommes et en argent. Le 30 septembre, Charles-Antoine Teste, frère du général et du futur ministre, écrivait à C. Rogier : « Comme membre du Comité Directeur de la Société Aide-toi etc. je suis aussi du Comité Spécial qui a pour but de vous faire parvenir des secours en hommes et en armes. Je suis en communication avec vos braves compatriotes Thielmans et Vanderling (sic) qui sont ici. Nous espérons sous peu de jours vous envoyer quelques-uns de nos braves ». Les combats de Bruxelles étaient terminés...
En septembre 1830, la plus importante des sociétés populaires était Les Amis du Peuple. Elle avait été formée, le 30 juillet 1830, par un ancien notaire et des hommes de lettres, rédacteurs de la partie du journal Le Pour et le Contre, intitulée La Révolution. Des jeunes gens du commerce, des étudiants, d'anciens militaires formaient le gros de la société qui, à partir de la mi-août tint ses séances au manège Pellier, rue Montmartre. Plus de quinze cents personnes, beaucoup de jeunes gens et de curieux s'y pressaient. Trois tendances, jacobine, saint-simonienne et constitutionnelle y étaient représentées et l'absence de principes communs l'affaiblissait. Des affiches appelant les gardes nationaux, les chefs d'ateliers et les ouvriers à renverser la Chambre furent saisies par la police et leurs auteurs poursuivis. Les bourgeois parisiens s'inquiétaient de l'activité de cette société. Ils voyaient dans ses membres « les jacobins ressuscités ». Le commerce maudissait l'existence de ce club auquel il attribuait le malaise économique général. Le soir du 25 septembre, au local des Amis du Peuple, une foule de gens fort mal disposés » se mêla aux membres habituels. Une foule, toujours plus nombreuse, encombra la cour, puis la rue Montmartre. Coups de sifflet, interpellations, cris « à bas le club! », bagarres. Le saint-simonien Buchez et le philosophe-professeur Marrast ne purent se faire entendre. A la demande de la garde nationale, la séance fut levée dans le tumulte. Le lundi 27, il n'y eut point de séance et le 2 octobre s'ouvrit le procès des auteurs des affiches. Appliquant l'article 291 du Code pénal, le tribunal prononça la dissolution de la société, déclara « bonne et valable » la saisie des registres et condamna le président Hubert à trois mois de prison. Les séances furent suspendues ou demeurèrent secrètes.
Ainsi donc, cette société avait de graves soucis au moment même où elle cherchait à venir en aide aux insurgés des pays voisins. Aussi le « bataillon » qu'elle envoya à Bruxelles, où il fit son entrée le 7 octobre, ne comptait pas cent hommes.
Au ministre des Pays-Bas à Paris, le général baron Fagel, n'avaient naturellement pas échappé les « menées qui se pratiquaient à Paris assez publiquement pour l'enrôlement des Belges », mais après une enquête minutieuse, il écrit le 25 septembre à son ministre qu'il ne considère point comme dangereuse l'action « d'un ramassis de brouillons », qui avait de vagues projets de faire une guerre de guérillas! Aussi bien, ce n'était pas tellement d'hommes qu'on manquait en Belgique, comme l'écrivait Gendebien, mais de fonds. Malheureusement, ceux-ci manquaient aussi en France. Tielemans, qui remplaça de Potter à la présidence de la commission de l'Association Belge, après son départ pour Lille le 18, s'est heurté à de sérieux obstacles pour réunir les sommes nécessaires à l'armement et aux frais de voyage. « Elle n'avait pour toutes ressources que les offrandes de quelques amis de la liberté », écrivit le 16 octobre, dans un rapport découvert par L. Leconte, Tielemans, devenu chef du Comité de l'Intérieur du Gouvernement provisoire. Heureusement, « le général La Fayette offrit de se porter caution d'un emprunt de 12.000 francs que la commission avait jugé indispensable », et le banquier Lafitte avança les 12.000 francs. A Valenciennes, le comte Frédéric de Mérode donna 3.000 francs pour l'achat d'armes destinées à des volontaires.
Ces détachements de Belges et de Français n'arrivèrent qu'après les Journées de septembre. Le détachement Seghers-Coché, comprenant 90 hommes entra à Bruxelles le 1er octobre. Ces hommes portaient sur leur chapeau l'inscription : « Légion Belge de Paris ». La « Légion belge-parisienne » de Cruyplants et le détachement « Gallo-belge » d'Auger, partis de Paris le 29 septembre arrivèrent le 2 octobre; les « Inséparables Belges-Parisiens » formèrent un corps francs à Bruxelles entre le 1er et le 5 octobre sous la direction de Black, américain de naissance, officier d'ordonnance du général Lafayette. Quant au « Régiment des Tirailleurs Parisiens» du vicomte de Pontécoulant, il quitta Paris le ler octobre et arriva à Bruxelles, le 4 à deux heures de l'après-midi. Pour ce qui est des quelques dizaines de volontaires de Roubaix, conduits par un assez triste personnage, Bowens,ils traversèrent Tournai le 29 septembre et les volontaires belges de Lille, dirigés par un Audenaerdois, F. M. Feyerick, qui avait installé à Lille une maison de commerce, n'arrivèrent eux aussi à Bruxelles qu'après les Journées.
Le National du 3 octobre a signalé le départ de volontaires le 30 septembre, acclamés par la population parisienne débordant d'enthousiasme. Trois cents Belges de Paris chantaient la Parisienne et marchaient derrière un drapeau brabançon portant ces mots « les Belges parisiens volent au secours de leurs frères ». Ils remplirent jusqu'à l'impériale les diligences des « Messageries Laffite et Caillard » et prirent le chemin du Nord. Ces divers groupements aux médiocres effectifs et fort indisciplinés arrivèrent trop tard pour prendre part aux journées décisives, mais jouèrent un rôle au cours de la campagne d'octobre.
Quelques Français se distinguèrent cependant au cours des combats de Bruxelles. Le plus marquant est assurément le « général » Mellinet. Ce fils de conventionnel, ce colonel de la République et de l'Empire, cet adjudant général des Cent Jours, proscrit par Fouché, dirigea les évolutions des artilleurs à la Place Royale. Son expérience militaire lui assura une rapide popularité. Don Juan Van Halen l'attacha à son état-major. Mais les autorités belges craignaient une déviation du mouvement et redoutaient les étrangers. Après la retraite des troupes royales, Charles Rogier, dont le père était pourtant né en France de parents belges, déclara à Mellinet qu'on n'avait plus besoin de ses services et qu'il pouvait rentrer en France. Mais plus habile que Van Halen, Mellinet remplit les fonctions de chef d'état-major sous le successeur de Van Halen, le général Nypels, et il se distingua dans la campagne d'Anvers à la tête de sa célèbre brigade.
Ernest Grégoire, né à Charleville, mais docteur en médecine de l'Université de Liège, Charles Culhat, clermontois qui se faisait appeler « vicomte Charles de Culhat » ou le strasbourgeois Ch. Niellon, tour à tour marchand de vin, littérateur, acteur, organisateur de pantomimes militaires jouées par des enfants, sont bien plus révolutionnaires que Français. D'un tempérament de rebelles, aimant la lutte, passionnés de liberté, ils avaient le goût de l'agitation et de la conspiration. C'est le même idéal qui inspire d'autres étrangers: le Rhénan Pierre-Antoine Stjeldorff, lieutenant au corps franc de Pierre Rodenbach et défenseur de la Porte de Schaerbeek le 23, J. J. Tucks, né à Bitburg, près de Trèves, ancien caporal fourrier au service des Pays-Bas, puis commis-voyageur, qui vint de Liège à Bruxelles au début de septembre et se distingua pendant les Journées. Deux Américains, Arthur et Auguste Beaumont, sont animés d'un même souffle de liberté. Ils quittent Paris le 20 septembre pour aider la révolution qui progressait à Bruxelles: « pour déposer le Roi, par la grâce de Dieu, imposé aux Belges par l'ordre des despotes de Vienne ». Ils « souhaitaient rendre à Lafayette la part de la dette que tout Américain doit à ce Patriarche de la Liberté, et que chaque ami des droits de l'homme peut seulement acquitter en faisant tout ce qu'il peut pour la même cause, bienfait de toute la race humaine ». Ces deux Américains « libertaires» ont soin d'indiquer dans l'appendice de la brochure qu'ils publièrent sur « leur aventure à Bruxelles » que « La Fayette, par son éloge récent de la Monarchie, a singulièrement réduit la dette que le monde lui doit, mais qu'il a toujours droit à la gratitude de l'Amérique ». Don Juan Van Halen, Espagnol d'ascendance belge, est aussi un représentant remarquable des chevaliers de la liberté de cette époque agitée. DeParis, dePotter assurait que « Belges, Français, Polonais, Allemands, Italiens, Espagnols, tous mettent leurs bras et leur sang à votre service ». En 1830, l'Internationale de la Liberté était une force.
Un autre caractère commun à bon nombre de ces révolutionnaires actifs, c'est leur qualité d'ancien soldat de Napoléon. Le nombre est considérable d'officiers et de sous-officiers de la Grande Armée qui se sont distingués en 1830 sur les barricades, ou qui ont pris dans leur village le commandement de petits détachements de volontaires et les ont conduits à Bruxelles. Leur expérience militaire a été d'un puissant secours pour les combattants improvisés. Niellon avait été, à dix-sept ans, en Espagne, il avait fait la campagne d'Allemagne et s'était battu à Waterloo. Jean-Joseph Charlier avait gagné une jambe de bois dans les armées de l'Empereur. Le major Kessels, tout jeune, avait servi dans la marine impériale. Maissonneuve qui arriva à Bruxelles avec des Borains, le 26 septembre, était un français de l'Ardèche, ancien major de l'Empire, retiré en Belgique en 1815. Casimir Mention, un framerisous, contrôleur de charbonnages avait servi dix ans au 82e de ligne français. C'est lui qui commanda les volontaires de Frameries le 25 et le 26 septembre. Degallais, chef des Leuzois était ancien officier de l'Empire et Isidore, dit Charles Boucher, commandant des volontaires de Fleurus était aussi « un vétéran des armées impériales ». Ce n'est peut-être pas tellement l'attachement au souvenir de l'Empereur qui est remarquable chez ces vétérans que le goût de l'action violente et de l'aventure.
Parmi les Francais accourus au début d'octobre, beaucoup aussi ont servi sous l'Empire et se sont distingués pendant les « Trois Glorieuses» de iuillet. Un des commandants de ces groupements, le vicomte Adolphe de Pontécoulant, est une figure extrêmement représentative de ces révolutionnaires de 1830. Fait prisonnier à la campagne de Russie, il fut libéré et se battit à Waterloo dans les rangs impériaux. « Républicain », ce fils de l'ancien préfet de la Dyle, pair de France sous Louis XVIII, partit pour l'Amérique du Sud où sa participation aux mouvements insurrectionnels lui valut d'être condamné à mort. Il réussit à s'évader et, fonctionnaire assagi, il resta calmement à Paris jusqu'aux journées de Juillet où il monta sur les barricades. Le 3 octobre, il arrivait à Mons et commençait une nouvelle équipée...
Il ne faut donc point exagérer l'importance de la participation française aux Journées de septembre. Ces constatations ne doivent cependant pas faire oublier l'attitude ferme et résolue du gouvernement français, sous la pression
de l'opinion publique, au cours des mois de septembre et d'octobre 1830. La décision clairement énoncée par la France de ne laisser aucune puissance étrangère envoyer des troupes en Belgique pour mater l'insurrection a sauvé l'Etat naissant.

* * *

Reste enfin à examiner l'attitude de la puissance internationale par essence, le Saint-Siège, à l'égard de notre Révolution. Le Saint-Siège, depuis le Congrès de Vienne, s'est voué à la défense des monarchies légitimes et du système de Metternich. Le Pape Pie VIII, son secrétaire d'Etat Albani, son successeur Grégoire XVI, Lambruschini, nonce à Paris au temps des « Trois Glorieuses », secrétaire d'Etat en 1836, n'ont aucune sympathie pour les « révolutionnaires », fussent-ils belges et désireux de se libérer d'un roi protestant. Hommes d'Ancien Régime, ils se défient du clergé gagné aux idées menaisiennes et ont en horreur les conquêtes libérales. L'encyclique Mirari vos, en 1832, condamnera les idées nouvelles. Déj à le ler décembre 1830, le futur secrétaire d'Etat se livrait à une charge à fond contre le projet de Constitution en discussion devant le Congrès national, en des termes sévères et extrêmement représentatifs de la mentalité de l'époque: « Pour ce qui est de la religion, je veux bien admettre que les Hollandais avaient des torts immenses envers les Belges, mais n'empêche que le projet de constitution, pour une nation entièrement catholique, est athée. La religion catholique n'est même pas nommée et ce que l'on appelle la liberté de conscience est garantie; cette liberté, au fond, n'est rien d'autre que la proclamation de l'indifférentisme religieux et l'expression de l'incrédulité. Voilà la religion que cette révolution offre aux peuples ».
Après les journées de Juillet, le nonce à Paris Lambruschini vivait dans la crainte de « la guerre civile, du terrorisme, de la spoliation des propriétés et de tous les massacres de la révolution de 1789 ». Aussi sera-t-il partisan d'une intervention des puissances responsables de l'ordre et de la légitimité contre les Belges révoltés. L'internonce Cappacini -dès le 31 août 1830 -pour éviter de se compromettre, se réfugia chez des amis à la campagne, à la «Haie Sainte» près de Waterloo, puis se rendit à La Haye. II revint avec le Prince d'Orange à Anvers le 5 octobre pour essayer de lui concilier les faveurs du clergé, ce qui indique bien les intentions de la Curie Romaine, tandis que son secrétaire, le chanoine Antonucci, sauf un bref séjour à Bruxelles dans la seconde décade du mois, résida aussi à la «Haie Sainte». Celui-ci n'aime point les rebelles et ce n'est sûrement pas lui qui aurait lancé les mots d'ordre de soulèvement au clergé belge. Quant au secrétaire d'Etat Albani, il espérait le 11 septembre que le clergé belge en restant sur la réserve, s'était conduit comme il convenait à son caractère et il ajoutait: « je le suppose d'après le silence des ,journaux à ce sujet, mais il me serait très utile de le savoir avec précision ».
Ainsi la Curie Romaine et ses représentants aux Pays-Bas en 1830, loin de contribuer au soulèvement de la population catholique contre un roi calviniste, ont regretté les événements en Belgique. C'est une erreur de croire, selon l'avis exprimé dans les pays protestants, que le Saint-Siège salua avec une joie indicible l'indépendance de la Belgique et la création d'un nouvel Etat catholique en Europe occidentale.
Mais la politique de Rome est une chose et la conduite du clergé belge en est une autre. Le clergé belge, à la fin de 1829, s'est lancé dans la mêlée politique et a soutenu les pétitionnements. La lutte entre l'Eglise et l'Etat n'avait d'ailleurs jmnais cessé depuis 1815 et la conclusion du Concordat, dont l'application était lente, n'avait pas rallié au régime le clergé belge. La formule Domine salvum fac regem Gulielmum était abrégée en 1830, les prêtres laissant tomber le nom du souverain. La lutte sourde entre les deux pouvoirs continuait. Ni le roi, ni les ministres, ni les conseillers d'Etat ne sont mieux disposés au début de 1830 à l'égard de l'Eglise romaine qu'ils ne l'étaient auparavant. Le roi réagit en calviniste, dont les prétentions sont irréductibles, en homme féru du pouvoir absolu, dont les concessions aux catholiques ne sont que pur opportunjsme et espoir de briser le bloc de l'Union des opposjtions. Les ministres, tous calvinistes et hollandais, à l'exception de deux belges qui n'aimaient pas le clergé, n'ont qu'un but: favoriser les protestants et les Hollandais. Tels étaient les jugements portés par l'internonce Cappacini le 22 février 1830, dans un rapport circonstancié envoyé à la Curie.
La suppression du Collège Philosophique, le 9 janvier, n'a donc pas calmé les « apostoliques ». Les concessions n'ont pas séparé libéraux et catholiques. L'Union était solide, sans quoi les journées de Juillet et les manifestations anticléricales qui ont eu lieu dans de nombreux endroits en France où l'on fêtait la disparition du régime du « Trône et de l'Autel» et de la domination de la « Congrégation » auraient séparé les « alliés », qui s'étaient coalisés contre le pouvoir.
Les libéraux ont salué avec joie la Révolution française. « Ils sont au septième ciel» écrit Cappacini le 2 août 1830, tandis que les incidents de France (prêtres molestés, évêques en fuite, croix brisées) relatés par la presse des Pays-Bas alarment singulièrement de nombreux catholiques. Les journalistes de l'opposition catholique sont mal à l'aise et les ministériels insistent sur la gravité de ces manifestations dans le but de séparer libéraux et « apostoliques ».
A en croire le chanoine Antonucci, secrétaire de l'Internonce, le clergé et les catholiques seraient restés indifférents devant la Révolution de Paris, parce qu'ils appréhendaient une domination libérale et ils auraient encore gardé la même attitude au début de la Révolution belge jusqu'au retour de de Potter à Bruxelles, c'est-à-dire le 28 septembre. Ce serait seulement alors qu'ils auraient cédé aux manoeuvres de de Potter qui voulait les gagner à ses vues pour stabiliser un gouvernement républicain en Belgique. Mais il est bien forcé de reconnaître que le clergé et la noblesse ne font rien pour calmer l'enthousiasme populaire et il admet qu'ils partagent, mais secrètement, le désir du peuple de voir réaliser l'indépendance de la Belgique.
Il est certain que le haut clergé, au cours des semaines difficiles de septembre est resté à l'écart. Le 23, l'archevêque Prince de Méan écrit à son vicaire général Sterckx : « Depuis hier soir, on entend ronfler le canon du côté de Bruxelles. Musique fort désagréable pour des gens pacifiques comme nous ». C'est l'époque des confirmations et l'occasion est excellente pour Mgr Van Bommel, évêque de Liège, de rester éloigné du siège épiscopal, menacé d'ailleurs par des troublions. Il passe tout le mois de septembre dans le Limbourg, de même que l'évêque de Gand, Mgr Van de Velde, parcourt la campagne flamande. Ils ne cherchent pas à exciter la population. Au contraire, ils la calment et le gouverneur du Limbourg, de Beckman, se félicite de l'action modératrice de Mgr Van Bommel auprès des populations foncièrement catholiques de cette province. A Liège, le vicaire général Barret est également absent. A la demande du gouverneur, son remplaçant Tilquin fait lire le 16 septembre au prône un appel au calme et au respect de l'ordre. A Gand, l'évêque promet une enquête à l'égard d'un vicaire qui, le 18 septembre, a fait afficher le texte d'une adresse au roi demandant la séparation.
Il y a donc des prêtres moins prudents. Le bas clergé, moins subtil et qui ne se soucie pas de diplomatie européenne ou ecclésiastique, est pour la plus grande part du côté des « patriotes ». Les idées menaisiennes ont fait leur chemin et l'idéal de liberté brûle l'âme de nombreux curés et vicaires. Les journaux de l'opposition: le Courrier de la Meuse, le Catholique des Flandres, le Vaderlander, Den Antlverpenaer, sont lus par ces hommes, qui, Belges, n'éprouvent aucune sympathie et ne s'en cachent pas, pour la Hollande calviniste.
A Anvers, en Campine, dès la fin août, des prêtres excitent le peuple. En Flandre, vers la mi-septembre, les autorités s'inquiètent de l'activité du clergé dont l'influence est immense. A Liège, les curés de Saint-Denis, de SainteVéronique et de Saint-Pholien sont suspects aux yeux des ministériels. Duvivier, curé de Saint-Jean, fut décoré de la croix de fer pour son patriotisme et son dévouement lors du combat de Sainte-Walburge. Des prêtres ont ouvertement excité les rebelles au combat, ainsi Jean Antons, à Louvain, le 23 septembre. Dans les campagnes brabançonnes, ils bénissent les volontaires et font prier pour la victoire. Un observateur français Rey, le 30 septembre, insiste sur la présence à Bruxelles de «beaucoup de curés, ce qui imprime au mouvement un caractère sérieux », car le clergé est dans ce pays une « corporation extrêmement influente ». Une fois les troupes chassées de Bruxelles, le ralliement sera général et le rôle du clergé dans les régions où son prestige est considérable et son autorité incontestée a été alors décisif.
Les grands courants internationaux d'idées ont donc profondément marqué les populations belges en 1830. Le mouvement du cathlolicme libéral a entraîné de nombreux, membres du clergé, et d'autre part, à l'idéal de liberté, des jeunes libéraux étaient prêts à sacrifier la domination intellectuelle de l'Etat. Les radicaux, les « jacobins » comme on les appelait, brûlaient de l'espoir d'une rénovation profonde de la société politique. Ils étaient animés des mêmes enthousiasmes qui soulevaient Espagnols, Grecs, Italiens, Français vers la conquête de la liberté. Certains étrangers, parmi lesquels des adhérents de sociétés secrètes, vinrent même se battre sur notre sol et y retrouvèrent des amis, ardents défenseurs des idées libérales. Don Juan Van Halen, Alexandre Gendebien, Joseph Lebeau, voilà trois noms parmi d'autres, de patriotes de 1830, qui avaient été initiés à la Franc-maçonnerie. Mais,de même que la hiérarchie catholique, attachée au conservatisme, était très prudente en 1830, de hauts dignitaires de la Franc-maçonnerie -le prince Frédéric était grand-maître de l'Ordre et son frère, vénérable de la loge bruxelloise l’Espérance -cherchaient aussi à freiner le mouvement, comme nous l'apprennent les Mémoires de Gendebien et du lieutenant général Du Monceau.
Ainsi, la Révolution belge de 1830 est inséparable de l'idéologie libérale et nationale de l'époque. Il n'y a pas que le sort diplomatique du nouvel Etat qui soit lié intimement à l'histoire générale de l'Europe.

Histoire de la révolution belge chapitre 1:

Histoire de la révolution belge de 1830: chapitre 2: Du côté de La Haye

Histoire de la révolution belge de 1830: chapitre3: Les divisions dans les camps des patriotes

Histoire de la révolution belge de 1830 -Chapitre 4: Le glas du régime

Histoire de la révolution belge de 1830 Chapitre 5: L'aube d'un Etat

Histoire de la révolution belge de 1830 Chapitre 6: Le soulèvement national

Histoire de la révolution belge de 1830 Chapitre 7: La Révolution et l'Europe

Histoire de la révolution blege Chapitre 8: Conculsion

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Thé vert ou café noir

Ou comment remettre les choses en place, avec une tasse de thé vert...

T gun

Un coup d'œil par la fenêtre ... on sait jamais , il aurait pu neiger..bien refermer la boite de thé "gun powder" en fait la météo s'est planté, le soleil fait le maximum ce matin, the T pot aussi, noir un peu ébréché sur le rebord, curieusement le bouton du sommet est intact..

T pot émaillé de noir, la confiture déjà remise au frais, les miettes de galettes sont sous la table, je n'aime pas marcher dessus.

Le ciel se couvre


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Le rôle de Bruxelles, dans les événements de 1830, est capital. L'émeute du 25 août, après la représentation de La Muette de Portici, est la première manifestation révolutionnaire. La victoire du Parc est le signal de la libération nationale. Sans la résistance héroïque des obscurs combattants des barricades, le 23 septembre, le cours de l'histoire de la Belgique aurait été très différent.
La place que Bruxelles occupait dans les anciens Pays-Bas catholiques était certes considérable, mais lorsqu'elle eut été élevée en 1815 au rang de capitale du Royaume des PaysBas, son importance et son prestige grandirent singulièrement. Ville symbole de la « nation belge », c'est là que le Courrier des Pays-Bas et que le Belge lancèrent leurs attaques contre les ministériels, c'est là que de Potter, Bartels, Nève et Tielemans furent condamnés à l'exil.
Liège, autre capitale d'un Etat naguère indépendant, est davantage encore à la pointe du combat pour la liberté. Le 26 août au soir, à la nouvelle de l'émeute bruxelloise, les premiers mouvements populaires inquiétèrent l'autorité: l'on chanta dans les cabarets les « Marseillaises parisiennes ». Le lendemain, le gouverneur Sandberg prit une décision audacieuse. Il créa une « Commission de sûreté publique », composée de leaders de l'opposition constitutionnelle et d'industriels. Le comte Eugène d'Oultremont en fut le président et elle compta parmi ses membres, Constantin de Gerlache, Lebeau du Politique et D. Stas du Courrier de la Meuse. La garde communale avait occupé les postes tenus par la troupe qui s'était retirée à la Citadelle. Une garde bourgeoise fut constituée. Le 28, les deux gardes prirent les couleurs liégeoises rouge et jaune. Sandberg avait cédé très vite: la garnison lui paraissait insuffisante, la garde communale peu sûre, la Régence sans ascendant « dans une ville comme Liège, entourée de communes remplies d'ouvriers armés, et pouvant vomir sur Liège 30 à 40 mille ouvriers », comme il l'écrivit le 29 août. Il a choisi pour faire partie de la Commission, des gens « qui avaient pouvoir sur les masses, sur les gazettes paraissant 2, 3 fois par jour ». Et quant à son titre il avait reculé devant « Salut public, qui sonnait mal par les souvenirs... ».
Mais cet organisme apparut dès le lendemain trop ministériel aux yeux des Liégeois avancés. Ses membres furent rudoyés parce qu'ils ne distribuaient pas de fusils à tout le monde, n'ordonnaient pas la construction de barricades, n'exigeaient pas l'occupation de la moitié de la Citadelle, n'organisaient pas une sortie armée contre les dragons qu'on supposait venir de Maestricht.
Un homme bien mis criait tout haut: « sans ces c... vendus au gouvernement et leurs faibles mesures, dix mille Liégeois seraient en armes, sur le chemin de Bruxelles ». D'autres, dans le vestibule de l'hôtel de ville déclaraient « que l'on devait pleurer de rage en songeant que Liège ne donnait plus l'exemple, mais allait à la remorque de Bruxelles »; le Courrier de la Meuse et le Politique, jugés trop modérés, furent déchirés dans les cabarets...
Puis l'agitation ouvrière s'envenima. Le pain était cher et rare, car les grains n'arrivaient plus au marché. Il fallut réduire le prix du pain de huit cents, mais les attroupements ne cessèrent point. La nouvelle de l'approche de renforts de troupes, le bruit d'opérations militaires sur Bruxelles, le retour de La Haye, les mains vides, de la députation envoyée le 28 auprès du roi, excitèrent la population. Des attroupements tumultueux parcoururent la ville le 2 septembre et le soir deux mille six cents fusils, destinés à l'Espagne, entreposés chez le fabricant d'armes Devillers, tombèrent aux mains du peuple. Les gardes communale et bourgeoise furent débordées, la Commission de sûreté démissionna. Charles Rogier fut mis à la tête du mouvement populaire et il organisa le départ de volontaires pour Bruxelles. Les patriotes liégeois et bruxellois étaient, en effet, en relations suivies. A Tirlemont se rencontraient leurs émissaires. Le 2, Ducpétiaux, Claes et Jottrand rédacteurs au Courrier des Pays-Bas avaient eu, à Liège, une conférence avec le comte d'Oultremont et les deux frères Rogier et la décision fut prise de porter secours à Bruxelles. Cinquante et un jeunes gens des plus fougueux à la tête desquels se trouvait Firmin Rogier partirent par la diligence et par la poste. Charles de Luesemans, un jeune stagiaire qui avait été envoyé en mission, rentra de la capitale avec une demande de secours. Quelques heures plus tard, dans la matinée du 3 septembre, le jeune Chazal et un
vétéran des guerres d'Italie et d'Amérique, BellPellafinet, vinrent aussi demander de l'aide. Le soir, à dix heures et demie, cent trente volontaires conduits par le chevalier de Bosse de Villenfagne partirent avec deux pièces de canon et un caisson. Pendant la journée, par la diligence, sur l'impériale de laquelle cinq caisses d'armes étaient arrimées, s'en étaient allés quatorze jeunes gens de bonne famille, guidés par le chevalier de St-Roch. Le lendemain, le 4, à neuf heures du soir, « sur un cheval blanc, en frac et en chapeau, ceint d'une écharpe aux couleurs liégeoises », Charles Rogier prit la direction d'un détachement de cent trois volontaires, qui tous chantaient la Marseillaise. Dans la cour du Palais des Princes Evêques, il avait harangué ces hommes et leur avait promis « de la liberté, de la gloire, mais point de richesses ». A Jodoigne, la troupe s'augmenta de seize unités. Les deux groupes de Bosse et de Rogier, réunis à Auderghem, firent une entrée impressionnante à Bruxelles le 7 septembre.
La bourgeoisie liégeoise, dès le 3 septembre dans l'après-midi, avait organisé une nouvelle garde, commandée par un ancien militaire, Charles Behr. Le 4, la Régence, qui surnageait après tous les bouleversements, la déclara ouverte à tous les citoyens âgés de 18 à 50 ans.
Le 7, le comte Clément de Berlaymont, membre des Etats-Provinciaux, remplaça Behr, fils d'un général au service du roi, au commandement de la garde urbaine qui prit de plus en plus une allure militaire. Dandelin, professeur à l'Université, dirigea la commission de défense. Les jeunes gens furent exercés aux manouvres de l'artillerie, des dizaines de milliers de cartouches furent fabriquées. Les manifestations patriotiques se succédèrent: le 7, la remise des drapeaux aux quatre légions se fit solennellement pendant que la musique jouait 1e Valeureux Liégeois. Cet air qui rappelait d'anciens souvenirs produisit un effet magique sur la garde et sur la foule immense qui assistait à cette cérémonie. Le 12, une brillante revue se déroula place Saint-Lambert. Cependant, l'agitation populaire ne cessa pas. L'activité et le redressement de la Régence, orangiste, l'inquiétaient. Le 13, la foule empêcha une expédition d'armes pour la Basse Meuse. Deux jours après, elle s'assembla à nouveau pour réclamer des armes. La masse hurlait: « à bas la Régence! », voulait aller incendier la maison du bourgmestre, des échevins, du directeur de la police. Deux patrouilles de la garde firent feu.
Les « libéraux purs », c'est-à-dire les antiunionistes, cherchèrent à diviser l'opinion. Une campagne de dénigrement contre les catholiques fut menée subtilement. D'Oultremont, l'avocat Etienne de Sauvage, Stas furent accusés de pousser au désordre. On voulait ainsi détacher du mouvement les bourgeois libéraux-unionistes. Le 15, la Régence désigna une « Commission consultative » composée de libéraux ennemis de l'apostolisme. Mais les efforts des futurs orangistes échouèrent. Le Politique et les libéraux-unionistes ne se laissèrent pas entraÎner dans le traquenard préparé. Le Politique défendit le Courrier de la Meuse, l'organe catholique, et riposta en accusant les agents ministériels d'avoir provoqué les troubles de la mi-septembre. «L'argent de la Hollande a été semé... On espérait, à la suite des désordres, faire réarborer la couleur orange, ôter le drapeau liégeois, et, par l'intervention de quelques citoyens effrayés, faire solliciter l'arrivée des troupes de la Citadelle et de Maestricht... » Au surplus, le palais de l'évêque, menacé d'incendie dès la première journée des événements, le fut encore le 17 au soir par quelques mauvais sujets. On ne pouvait vraiment mettre ces tentatives sur le compte des catholiques!
Le parti patriote déjoua donc la manoeuvre et réagit avec énergie. L'attitude du pouvoir militaire l'inquiétait. Le 19, un jeune Liégeois est abattu par une sentinelle hollandaise. Le peuple s'émeut et la Chartreuse, qui n'était plus tenue que par quelques soldats, est occupée, le 20, par la compagnie d'artillerie de Dandelin. Le 22, la maréchaussée -qui cependant faisait le service en blouse -fut désarmée et une véritable expédition militaire alla surprendre un détachement des troupes royales, à Oreye, sur la route de Bruxelles.
Les bruits de l'attaque contre Bruxelles, les menaces de bombardement font perdre rapidement à la Régence le peu d'autorité qu'il lui restait. Le 22, elle est prête à se dissoudre. Le gouverneur, resté à son poste, renonce à constituer une nouvelle Commission de sûreté. Il en donnait les raisons au ministre de l'Intérieur, le 24 septembre: « Pour qu'elle eût force et pouvoir, il fallait qu'elle fût dans les opinions du moment, et les hommes pris dans cette opinion; or, cette opinion, depuis quatre semaines, n'est pas restée stationnaire, et si au 27 août on voulait la sûreté publique, on voulait au 8-15 septembre des comités de défense et depuis 5 ou 6 jours on ne parle que d'attaquer: ma commission instituée et dirigée par moi devrait donc organiser l'attaque contre les troupes royales, envoyer secours sur Bruxelles, etc., etc. Cela ne pouvait être... Depuis le 19 septembre, même pour ce gouverneur indulgent: « jamais l'état de guerre ne fut plus signalé ».
Les patriotes triomphent donc. Le 23, on pille de nouveaux marchands d'armes et dans la nuit un premier détachement de volontaires vervjétois, drapeau vert et blanc en tête, vient renforcer les hommes prêts à se battre. Le 24, l'alarme est donnée. « Les Hollandais descendent de la Citadelle! ». On bat la générale, le tocsi sonne, des barricades sont dressées, des pavés portés aux étages, des femmes s'arment de fusils. Des compagnies de houilleurs accourent de la banliue. Plus de dix mjlle personnes en armes étaient résolues à défendre la cité. Mais ce n'était qu'une fausse alerte: une corvée de soldats à la recherche de pommes de terre avait été prise pour l'avant-garde d'une sortie en masse de l'armée. Cependant, l'anxiété grandit parmi les initiés. Depujs le 22 on est « sans nouvelles directes de Bruxelles ». Les patriotes font des conjectures, sont rongés par le doute et espèrent malgré tout. « ...(Les nouvelles) qui nous sont parvenues par Namur annoncent qu'on se bat et qu'on fait des sorties et des prisonniers. Un homme, venu de Saint-Trond, dit qu'il y est arrivé plusieurs charrettes pleines de Hollandais blessés. Les gens de la campagne prétendent entendre le canon dans la direction de Malines. Au milieu de tous ces bruits, ce qui semble probable, c'est que le prince Frédéric n'a pas l'avantage, puisqu'on l'ignore encore ici. S'il triomphait, 20 estafettes nous l'auraient déjà annoncé », écrit Firmin Rogier à son frère Charles le 25 septembre. Et Firmin qui vient de recevoir une lettre de son frère Charles, datée de Genappe, 23 septembre, écrit: « ...nous ne comprenons pas ici comment l'ami C(harles) écrit de Genappe... s'il s'est éloigné de Bruxelles, tout y est donc désespéré; pour moi, je m'y perds... Où est donc Paul D(evaux) et L(ignac) qui ne nous écrivent pas plus que s'ils étaient morts ». Mais malgré l'absence «d'hommes supérieurs », le « manque de direction », Firmin Rogier et avec lui les patriotes liégeois, conservent encore de l'espoir. « Si Bruxelles se soutient et repousse les attaques, tout ira bien. Sinon... ».
Aussi le commandant en chef de la garde urbaine, Berlaymont, donne ordre au maréchal des logis, Alexandre Lucas, chef d’une douzaine de cuirassiers qui ont déserté à Vroenhoven le 11 septembre, d'organiser une expédition pour « marcher au devant des ennemis de la liberté ». Il s'en va le 26 à quatre heures de l'après-midi, avec six cents hommes et deux pièces de canon. Il se dirige à travers la Hesbaye, mais en cours de route reçoit l'ordre de Berlaymont de rejoindre un second détachement armé, celui du major Mathot : « D'après les nouvelles reçues aujourd'hui (le 27), nous sommes vainqueurs à Bruxelles et ils n'ont plus besoin de renforts; mais des déserteurs arrivés de la Citadelle nous ont appris qu'ils étaient prêts à se rendre, si on la cernait, ils sont dans la plus grande misère, et maintenant on sonne les cloches de joie à Liège ».
L'investissement de la Citadelle, où Van Brecop est enfermé avec huit cents Belges et sept cents Hollandais, menacés par la famine, commence le 27. Les efforts du général Dibbets, commandant la Place de Maestricht pour ravitailler son subordonné, échouent. Le 28, un premier convoi est repoussé. La tentative du général Daine que Dibbets envoie avec un convoi de vivres et des moyens importants, provoque le 30 un véritable combat à Ste-Walburge. Les volontaires « franchimontois », accourus de Verviers, de Hodimont, de Dison et ceux du plateau de Herve sont bousculés par les cuirassiers, mais les barricades et le feu qui part des maisons de Ste-Walburge brisent l'élan de la cavalerie. Daine se replie vers Tongres... Une sortie de trois cents soldats réussira cependant à repousser les insurgés, mais il était trop tard: Daine et son convoi avaient disparu.
L'échec de ces opérations renforce l'excitation de la garnison belge, qui conspire, médite d'incendier le quartier des Hollandais. Le conflit devient aigu. Van Brecop, irrité, songe à un pillage des maisons en dehors de Hocheporte, mais ce serait le signal d'un combat sanglant entre les soldats des deux nations. Le major l'Olivier, un Belge, convainc son chef de renoncer à la lutte. Le 6 octobre, Van Brecop et les neuf cents Hollandais sortaient de la Citadelle et rejoignaient Maestricht, abandonnant la place aux Belges du major l'Olivier, chargé de la remettre à la garde urbaine liégeoise.
Les Liégeois ont donc mené une lutte remarquable pour se, libérer de l'armée royale et leurs volontaires à Bruxelles ont pris une part importante aux combats. L'entente entre les patriotes des deux cités est significative. Dès le 3 septembre, le Politique écrivait: « le courage des habitants de Bruxelles fait la plus profonde impression à Liège. » Le lendemain il ajoutait: « (A Bruxelles) on appelle les Liégeois comme des frères » et il affirmait que « Les Bruxellois ne compteraient pas vainement sur le patriotisme et la valeur des Liégeois ».
C'est la même étroite entente qui règne entre Louvanistes et Bruxellois. A la nouvelle du soulèvement dans la capitale, le peuple de Louvain se mit en branle. Le souvenir du 1789 brabançon n'était pas évanoui. Les couleurs rouge, jaune, noire, furent arborées et « les patriotes de 1789 exhibèrent leurs décora tions ornées du portrait de Henri Van der Noot ». Une garde bourgeoise fut constituée. Elle était commandée par Jean de Neeff qui s'était déjà signalé au temps de Van der Mersch. Le 2 septembre, le peuple attaqua la caserne. La troupe résista, des hommes furent tués, mais impuissante devant l'émeute, l'armée abandonna la ville subrepticement. Une « Commission de sûreté », composée de patriotes, domine la ville et la garde bourgeoise a pour mission première de « repousser l'ennemi à l'extérieur ». Dès le 13, une compagnie mobile soldée montait la garde aux portes de la ville. Le 21, pour répondre aux manoeuvres des ministériels qui voulaient désarmer les Louvanistes par des promesses doucereuses et par des raisonnements subtils, le peuple fut appelé à défendre sa ville « qui jamais ne fut prise d'assaut ». Les arguments des « orangistes » sont les mêmes ici qu'ailleurs: la tranquillité est compromise, l'ordre social menacé, bourgeois! laissez rentrer l'armée gardienne de l'ordre. La réponse des patriotes est tranchante: « Les traîtres voudraient vous imposer le régime des bayonnettes, rétablir l'ordre aux dépens de la liberté et du bonheur publics. Mais la tranquillité n'est pas troublée, rien n'est changé dans l'ordre social, les citoyens se sont armés pour la défense de leurs droits et de leurs libertés, voilà tout. Il n'y a que la tranquillité du despotisme hollandais qui soit compromise ».
Les Louvanistes sont prêts à défendre leur ville, mais ils répondent aussi à l'appel des Bruxellois. Le 21, une troupe de jeunes bourgeois, d'hommes du peuple, conduits par Pierre Rodenbach et d'autres membres de la Réunion centrale se sont réfugiés à Louvain n'ayant pu regagner Bruxelles après une reconnaissance audacieuse. Ils rencontrent l'avocat Van Meenen et les chefs révolutionnaires louvanistes, et la décision est prise de renforcer la défense de la capitale. Le soir même, Adolphe Roussel, étudiant en droit de vingt ans et futur professeur à l'Université Libre de Bruxelles, et un officier de police Van den Bussche, ex-maréchal de logis-chef au service de la France, à la tête d'une centaine de leurs concitoyens prenaient le chemin de Bruxelles, accompagnant Rodenbach et ses hommes. Parmi eux, un gamin de quatorze ans, Charles Jourdain, qui combattit aux côtés de son père et un tambour de seize ans, Joseph Depauw, attiraient les regards. Le 22, à dix heures du matin, leur entrée dans Bruxelles, ranimait des enthousiasmes défaillants. Le 23, ils feront le coup de feu à la Porte de Schaerbeek.
Le même jour, Louvain fut aussi attaquée par l'armée royale. Le prince Frédéric a combiné une attaque d'une partie de la division Cort-Heyligers, au départ de Saint-Trond, et une autre opérée par un fort détachement cantonné au Sas van Campenhout. Le général Everts fut accueilli à midi, à la porte de Tirlemont, par la fusillade des bourgeois, soutenus par les volontaires des villages voisins qui harcelèrent sans arrêt les troupes. Après trois heures de combat, Everts ordonna la retraite. La jonction n'avajt pu être établie avec le bataillon qui avait été repoussé le matin à la porte de Malines. La retraite fut pénible. Une tentative le même soir de pénétrer à Tirlemont échoua
aussi, car les patriotes y étaient également maîtres de la ville. Ainsi les « républiques municipales », Liège et Louvain sont avec Bruxelles à la tête de la Révolution. Ce n'est pas un simple hasard que la fermentation des esprits soit plus grande dans ces centres universitaires et intellectuels, dans ces villes où la presse d'opposition est ardente, dans ces vieilles cités au passé glorieux où le sens des libertés est affiné. A Liège, on chante le Valeureux Liégeois et on se rappelle 89, à Louvain, on n'a pas oublié la Révolution brabançonne. Mais Liège comme Louvain ont sur place des ennemis à vaincre et c'est là qu'elles déploient leurs efforts. Cependant qu'elles aient envoyé des volontaires hardis à Bruxelles témoigne de l'ardeur du sens national belge en ces semaines où se joue le destin de la patrie.

* * *

L'évolution différente dans d'autres centres peut être expliquée, ou par l'énergie du commandement militaire, ou par l'audace moins grande des patriotes. Dans la plupart des places fortes de la ligne Wellington dressée contre la France, grâce à la présence de troupes nombreuses, la légalité l'emporta pendant plusieurs semaines. A l'exception du fort de Huy, d'où le peuple chassa, le 7 septembre, sans combat, les quelques vétérans qui l'occupaient et à l'exception de la Chartreuse, à Liège, dégarnie de troupes, occupée sans coup férir le 20 septembre -ces deux forteresses avaient été négligées dans le système général de défense aucun des ouvrages d'art de la « Barrière » n'est tombé aux mains des insurgés avant le 27 septembre. Les autorités militaires ne cédèrent pas et l'armée réprima les mouvements populaires. Cependant des révolutionnaires ardents de ces régjons réussirent à gagner Bruxelles. Un docteur en sciences, employé du génie civil, le futur général Bruno Renard, se mit à la tête d'une vingtaine de Tournaisiens. Des Namurois parmi lesquels le fils d'un brasseur, Isidore Gillain, des isolés venus de Wallonie et de quelques villes flamandes échappèrent à la surveillance de la police et de l'armée. De Genappe, le 6 septembre, un clerc de notaire Adolphe Jottrand a conduit trojs petits canons àBruxelles et une partie de l'escorte qui les accompagnait y resta.
Mais dès que les combats eurent commencé dans Bruxelles et que l'armée eut été bloquée dans le Parc, le tocsin commença de sonner et la nouvelle de l'attaque se répandit dans les environs. De la banlieue Sud, restée libre, des volontaires sont accourus. Ceux d'Uccle sont dirigés par un « cabaretier et maréchal ferrant » Charles Dandoy. Un négociant de Boitsfort, H. J. Van Billaert, paya et arma des paysans de sa commune qui partirent pour Bruxelles. Un fabricant de caisses à sucre de Watermael-Boitsfort, Jean François Van Antwerpen, vint se battre avec ses trois fils. Théodore Brisack, boulanger à Hal, s'est rendu àBruxelles le 23. Il s'y battit puis retourna dans sa commune pour y demander du renfort. Il fit sonner le tocsin et le 24 repartit pour Bruxelles avec cent cinquante hommes. De Wavre, un groupe de volontaires se mit en route. Le juge de paix, Albert Noperez, accablé de rhumatismes, se fit porter pour être présent au départ des hommes qu'il avait armés. Ils arriveront trop tard à Bruxelles pour combattre le 23, mais dès l'aube du 24, ils se battront rue de Namur. François de l'Escaille, chasseur d'élite, se distingua surtout parmi eux. A Tervueren. le 24 septembre, le meunier Jean Mellaerts rassembla au son du tocsin, une soixantaine d'hommes de bonne volonté et, en route pour la ville, tirailla, à la Maison Blanche, sur la chaussée de Louvain, avec un détachement de troupes. Le 24, à Braine-l'Alleud, un négociant, Félicien Mercier, rassemble des volontaires. A Marbais, Phjlippe Delestanche, « sans profession » fit de même. A Genappe, un « propriétaire sans profession », Jules-Joseph Milhoux, fut choisi comme commandant par les volontaires qui se battront bravement les 25 et 26, comme se distingueront ceux de Waterloo, qui ont à leur tête un cultivateur, Maurice Boucqueau. Le 24, un second groupe de vingt-sept Jodoignois arriva à Bruxelles. Le premier s'était joint au détachement de Charles Rogier dès le 6 septembre. Le notaire Henri commanda trente volontaires de Perwez les 25 et 26. A Rebecq-Rognon, le 24, un maître de carrières, père de neuf enfants, Charles de Groodt, fit sonner le toscin, puis partit pour Bruxelles avec deux de ses fils et plusieurs de ses ouvriers. Le 26, un clerc de notaire, Théophile Collette, et un étudiant, Alexandre Thiry, partjrent pour Bruxelles à la tête des volontaires de Grez-Doiceau et ceux de Limelette s'en allèrent aussi ce jour-là.

* * *

Pour recruter des combattants, des émissaires quittèrent Bruxelles. Pletinckx et son ami Godefroid Nique allèrent à Nivelles. Ils y arrivèrent le 23 à la nuit tombante. Leur arrivée provoqua une petite émeute, la garde bourgeoise, commandée par le chevalier de Cléty, s'opposant par la force à la distributjon d'armes aux volontaires qui voulaient aller à Bruxelles. Les patriotes restèrent les maîtres du terrain et, sous la direction de François Queval, fils d'un brasseur, cent soixante volontaires prirent le chemin de la capitale, guidés par G. Nique.
Le pays de Charleroi fut sillonné par Henri Rosart. Fils du propriétaire de l'Hôtel du Grand Café, à Bruxelles, très fréquenté par les gens de cette région, il y comptait beaucoup de relations. Genappe, Gosselies furent alertés. De Gosselies, un premier départ fut réglé pour le soir du 23. Tandis que Joseph Nique courait à Valenciennes prévenir Van de Weyer et Gendebien de l'heureuse tournure des événements, Rosart démentit à Lodelinsart les racontars des ministériels, puis se précipita à Charleroi où il rencontra un patriote éprouvé, Fafchamps. Le 24 au matin, cent trente carolorégiens, par petits groupes, s'en allèrent aussi. La mission de Rosart fut difficile car il se heurta à mille obstacles dressés par les autorités toujours fidèles au pouvoir légal. Elle fut cependant fructueuse. L'arrondissement de Charleroi envoya à Bruxelles, plus de six cents volontaires, des jeunes gens, des ouvriers, des petites gens, mais parmi leurs chefs se distinguèrent le maître de verreries, Léopold de Dorlodot et François Rucloux co-propriétaire et directeur du charbonnage du Mambourg et Bavette.
C'est le Brabant wallon et le Centre que l'avocat Isidore Plaisant et le professeur Lesbroussart visitèrent le 23 et le 24. Ils rentrèrent à Bruxelles avec une soixantaine d'hommes parmi lesquels les Dechamps, dont l'un deviendra cardinal et l'autre ministre.
De certaines villes du Hainaut, où l'on était sans nouvelle précise des événements, des émissaires furent envoyés dans la capitale pour recueillir des renseignements. Les récits qu'ils firent à leur retour provoquèrent le départ de volontaires. Ainsi à Soignies, c'est le commerçant Bersou qui fit deux fois la route le 24 et repartit le soir avec trente-sept volontaires, commandés par un autre commerçant, Plasschaerd. A Leuze, à onze heures du soir, avant le retour du patriote envoyé en reconnaissance, une centaine d'hommes, tous armés de fusils de la garde communale, s'en allèrent, commandés par un négociant, Degallais, capitaine de la garde communale, ancien officier de l'Empire. De Thuin, le 25, vingt-cinq volontaires s'en furent vers Bruxelles. Le même jour, à Binche, ce furent les deux frères Blairon, négociants en vin, qui prirent la direction d'un détachement. Dans le Borinage, les autorités ne cédèrent pas. Elles avaient l'appui de l'armée qui avait brisé, à Mons, le soulèvement populaire. Elles s'opposèrent à la distribution des armes de la garde communale aux volontaires. Charles-Albert Sapin, savonnier en 1830 et général commandant le 1er corps d'observation en 1870, avec Joseph-Félix Bodson, commis-voyageur, envoyé par le « Club patriotique » de Jemappes, qui désirait savoir « si c'était vrai qu'un gouvernement provisoire eût été formé et en quelles mains se trouvait la direction des affaires », partirent en poste pour Bruxelles l'après-midi du 22 et arrivèrent à la porte d'Anderlecht à onze heures du soir. A l'hôtel de ville, les rares personnes qu'ils trouvèrent étaient assez découragées. Ils repartirent pourtant avec une proclamation appelant le brave peuple du Borinage à voler au secours de la capitale. Rentré à Jemappes à sept heures et demie du matin, Sapin fit des copies de l'appel qu'il adressa aux patriotes dont il était sûr. « Mais l'effet en fut presque nul, raconta-t-il plus tard, parce que le jour même, le gouverneur fit répandre partout des bulletins imprimés portant en substance: « le prince Frédéric est entré hier soir dans Bruxelles, la tranquillité est rétablie... ». La force de la propagande était telle que Sapin eut beau protester que cela était faux, la plupart des patriotes auxquels il avait envoyé cet appel firent défaut. Il fallut attendre la confirmation de la résistance victorieuse au Parc pour qu'un revirement se produisît. Le 25, une quinzaine de Jemappiens se mirent en route, conduits par Sapin et un commissionnaire en charbon, Benoît Duez. De Dour, le 26, l'avocat Cambier, à onze heures du soir, s'en ira avec cent trente hommes. De Saint-Ghislain et des environs, un commis voyageur, Leleux, emmène soixante-huit volontaires qui arriveront à Bruxelles le 27, tandis que le chirurgien Malengrau quittera Pâturages le 26 avec un autre groupe de combattants.
Ainsi, des petites villes et des campagnes wallonnes sont venus dans la capitale des hommes qu'enivraient la haine du hollandais et l'amour de la liberté. Bruxelles rendit bientôt à la province le service reçu. La victoire du Parc entraîna l'effondrement du pouvoir militaire dans les places fortes et le soulèvement général du Pays.

* * *

Les mutins ont chassé l'armée royale. La nouvelle fut portée à travers tout le pays et fit céder les hésitations des timorés. Des autorités communales, qui le 24 encore refusaient de mettre des armes à la disposition des volontaires, « parce qu'à défaut de nouvelles précises de la capitale, elles trouvaient le mouvement prématuré », s'inclinèrent. Le plat pays fut vite gagné au régime nouveau. Mais dans les places fortes du système défensif dressé contre la France, la présence de troupes considérables risquait de gêner longtemps l'action du Gouvernement provisoire et même de briser finalement la révolution nationale. Cependant, la médiocrité du haut commandement néerlandais fut ici également manifeste. Les relations entre les diverses places étaient rares et il n'y avait point sur les lieux de chef suprême pour centraliser les opérations et diriger avec méthode la réduction de l'insurrection. Le commandement encourt ainsi une lourde responsabilité. En outre, la troupe dont il disposait s'est vite révélée d'une valeur quasi nulle pour l'exécution d'un plan d'ensemble. Si les troupes qui attaquèrent Bruxelles avaient été choisies minutieusement et si elles comptaient peu de Belges, par contre, la présence de soldats originaires des provinces du Sud dans les diverses places fortes, brisa l'homogénéité et la résistance de l'armée. Les désertions, cependant, avant le 25 septembre, ne furent pas nombreuses et, au témoignage des officiers, l'esprit resta bon jusqu'à cette date. Il faudra la nouvelle de la résistance acharnée du peuple à Bruxelles et surtout celle de son triomphe, pour entraîner la désertion des soldats belges, décourager leurs compagnons hollandais, réduire à néant les tentatives des officiers qui songeaient encore à réprimer les manifestations nationales.
Si la désagrégation de l'armée royale fut une des causes essentielles du succès de la Révolution en province, il ne faudrait point négliger pour autant la part du peuple dans la liquidation du régime hollandais. Sans doute, n'y eut-il nulle part assaut de forteresse par la masse populaire, mais de l'agitation, des troubles, des démonstrations violentes du peuple qui fit pression sur les autorités locales pour qu'elles s'abouchent avec le pouvoir militaire et l'amènent à la capitulation. Ainsi, les places fortes sont libérées, Ath le 27, Mons le 29 septembre, Tournai le 2 octobre, Namur le 4, Charleroi e 5…
Dans ces villes forteresses comme dans le plat pays, pendant les premières semaines de septembre, la lutte des tendances a aussi divisé les opposants au régime, tandis que les ministériels trouvaient dans la présence de l'armée un
singulier renfort. Les Régences s'appuyaient sur la troupe. Le malaise économique, le chômage, la cherté du pain excitèrent le peuple, tandis que les mouvements de troupe l'énervaient. Cependant, jusqu'à la victoire de Bruxelles, aucun mouvement insurrectionnel ne réussira. A Mons, le 3 septembre la foule s'est emparée des portes de la ville lorsque courut la nouvelle de l'envoi de l'artillerie royale vers la capitale. Mais, le lendemain l'ordre fut rétabli et l'armée réoccupa tous les postes. Le 19 septembre, une tentative révolutionnaire fut réprimée dans le sang. Un régime très dur pèse sur la ville, les gardes communale et bourgeoise sont dissoutes et le 23 septembre, 1263 fusils sont remis à l'autorité militaire. A Namur, l'état de siège est proclamé le 17 septembre. A Tournai, la Régence, foncièrement orangiste, s'appuie sur une garde bourgeoise fidèle et ne veut entendre parler à aucun prix de la constitution d'une Commission de sûreté.
Mais une fois la résistance de Bruxelles connue, l'agitation populaire reprend, les appels à la désertion se multiplient. Dans les cabarets on verse à boire aux soldats, on leur distribue de l'argent et les visites des parents sont l'occasion d'une propagande efficace. A Mons, la désagrégation de l'armée explique la capitulation du général Howen, le 29 septembre. Ironie du destin, le jeune Chazal, envoyé du Gouvernement provisoire que le général Howen avait fait arrêter l'avant-veille, règle maintenant le sort du Hollandais. A Tournai, le peuple s'est soulevé le 28 et a remporté une demi-victoire: une caserne est tombée en son pouvoir. Les effectifs de l'armée fondent comme neige au soleil. Le 29 septembre le général de Wauthier mande à La Haye: « Du 27 au 28 : 635 déserteurs. La situation est désespérée ». Et dans la nuit du 30, la capitulation de la place est signée entre les mains des commissaires du Gouvernement provisoire Nieuport et Hotton.
A Namur, l'effondrement de l'armée précéda le soulèvement populaire. A l'aube du 1er octobre, le jour de la « classe » pour les rappelés, plus d'un millier de soldats rebelles furent conduits hors de la ville. L'autorité préférait s'en débarrasser. Quelques heures plus tard, le peuple attaqua les postes militaires. Aux portes Saint-Nicolas et de Fer, la lutte dura toute la journée. Aidés des volontaires d'Andenne, de Fosses, de Gembloux et de la banlieue, les Namurois remportèrent des succès. Le général Van Geen, commandant le 3e grand commandement militaire, ne disposant plus que de trois cents hommes, capitula dans la nuit du 2 au 3 octobre.
Le pays de Charleroi a manifesté très tôt un esprit révolutionnaire. Depuis le 6 septembre, l'armée a abandonné la ville basse. La garnison est cependant renforcée d'un bataillon d'infanterie, le 14 septembre, mais les hommes du Pays Noir ne se laissent pas impressionner. Dès que la nouvelle de la bataille de Bruxelles est connue, la troupe resserrée dans la ville haute est bloquée. Le 27, une véritable mobilisation rassembla des milliers d'hommes armés. Le commandant de la place renvoya prudemment les militaires belges, mais cette précaution fut vaine. Le 5 octobre, il capitulait... Et ce fut aussi le sort de Philippeville, de Mariembourg, de Dinant, de Bouillon...
Le 6 octobre, la Wallonie entière est libre. L'influence de la victoire du Parc a été décisive. En Flandre, le contre-coup des événements de Bruxelles est aussi brusque. L'effondrement du pouvoir royal est tellement rapide qu'il ne peut s'expliquer si l'on n'accorde pas au sentiment national de la population une force considérable. A Bruges, le 25 septembre, le peuple s'ameute, parcourt les rues en un cortège précédé d'un drapeau tricolore, mais se contente de briser des réverbères. Le lendemain, des gamins chantent sur la Grand'Place et narguent les soldats du corps de garde, puis se promènent dans la ville. Des jeunes gens, escortant un grand drapeau belge, les rejoignent. La bande grossit et le soir une bagarre se produit Grand'Place, entre la foule et les soldats. La troupe fait feu, tue trois manifestants, en blesse cinq autres et disperse le peuple qui passe la nuit à se procurer des armes. Les autorités militaires prennent peur, elles se retirent sur Ostende le 27 septembre à huit heures du matin. La joie la plus folle règne en ville; partout on arbore des drapeaux, on distribue des cocardes, on verse à boire...
L'arrivée du millier d'hommes ayant abandonné Bruges, pour Ostende, loin d'y renforcer la garnison, accentue le mécontentement des soldats, que les patriotes excitent à la désertion. Une première manifestation, le 26, a été réprimée, mais elle a éclairé les autorités militaires sur les sentiments de la population. La nuit du 27 au 28, la troupe se rebelle, beaucoup de soldats belges désertent. Aussi le général Goethals force les officiers hollandais à partir pour Flessingue. L'embarquement de ceux-ci et de leurs « nationaux » a lieu le 29. Ostende est libérée, le même jour que Mons, avant Namur et Liège. Le 30 septembre, Nieuport est tombée sans coup férir. Ypres et Menin ont capitulé le 1er octobre. Chaque fois la mutinerie de la troupe a forcé le commandement à cette triste humiliation.
Le ler octobre, toute la Flandre Occidentale est libre.
A Gand, la présence de deux mille soldats et l'énergie du gouverneur Van Doorn, la fidélité du patronat au régime, retardent l'explosion populaire. Les journaux locaux, qu'une haine féroce sépare, le Catholique des Pays-Bas et le Journal de Gand, à coup d'éditions spéciales annoncant les fluctuations de la lutte à Bruxelles, cherchent à impressionner l'opinion hésitante. Les nouvelles de Bruges renforcent le courant patriote et, le 28, lorsque la victoire du Parc est une certitude, le peuple s'agite. Des barricades sont dressées place des Récollets et sur le Marché-aux-Grains au moyen de diligences et de charrettes. Une bagarre sérieuse oppose la troupe et le peuple et il y a des tués et des blessés des deux côtés. Le lendemain, de nouveaux désordres se produisent. Le pouvoir militaire cède en partie. D'accord avec les autorités civiles, il fait retirer la troupe à la Citadelle. Mais le 2 octobre, une partie des troupes se mutine et des miliciens désertent pour rentrer chez eux. Cependant les orangistes sont puissants à Gand, les patriotes divisés et il faudra attendre l'arrivée de la légion belgo- parisienne du vicomte de Pontécoulant et la menace d'un assaut en règle de la Citadelle pour que la place capitule le 17 octobre.
Dans de nombreuses villes de la province, la victoire du Parc entraîne le ralliement au nouveau régime: ainsi à Ninove et à Grammont. A Audenaerde, les miliciens se dispersent et ce qui reste de soldats se replie sur Gand le 2 octobre. Dans le pays de Waes. les bourgeois orangistes ne réussissent pas longtemps à contenir le peuple.
A Anvers aussi le petit peuple s'agite et s'inquiète du sort des armes à Bruxelles. Il est maté cependant par les troupes de Chassé et par la garde bourgeoise farouchement orangiste. Cependant les autorités s'inquiètèrent là aussi de la mentalité populaire et de l'indignation manifestée à la vue du sort réservé aux malheureux prisonniers amenés de Bruxelles et que l'on promène à travers la ville le 25 septembre. « Nous sommes sur un volcan» déclarent les autorités au consul de GrandeBretagne le 27 septembre. Aux dires du chef de la police, les jeunes gens, « les petits avocats », les étrangers, les cléricaux excitent les esprits. Le 28, la nouvelle de la victoire de Bruxelles est saluée avec joie. Un maître-plafonneur ose parcourir les rues d'Anvers avec ses ouvriers ayant tous la cocarde tricolore au chapeau et le ruban à la boutonnière. Ainsi les « esprits sont extrêmement montés », constatait Staedtler qui s'était rendu dans cette ville le 27 septembre. « J'ai trouvé établi le régime militaire le plus sévère. A peine osait-on parler politique. Les feuilles de Bruxelles n'y entraient pas... ».
L'épuration des tièdes de la garde bourgeoise, empêche les « classes inférieures », hostiles au gouvernement, de se soulever. Une bagarre éclatera le 17 octobre entre le peuple et la troupe, mais la libération ne se fera qu'à la fin du mois. Le 27, le peuple désarme les postes militaires à l'intérieur de la ville et le lendemain tendra la main aux blouses bleues de Mellinet et de Niellon.

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La libération des places fortes est capitale pour la Révolution. L'effondrement rapide du système militaire en Belgique a permis l'établissement du régime nouveau. La seule présence de troupes à Anvers et à Maestricht a pesé longtemps sur les destinées dunouvel Etat.
Avec des troupes fermement installées à travers tout le pays, dans des places récemment restaurées, pourvues d'un matériel excellent, le roi Guillaume 1er aurait pu longtemps menacer l'existence de la Belgique naissante. L'explication de cette chute rapide de toute l'armature militaire se trouve dans la conscience nationale des soldats des provinces méridionales. Le mauvais esprit, puis la désertion des troupes a empêché une résistance efficace. Les rixes, les bagarres entre soldats belges et hollandais se sont multipliées, les officiers hollandais ont été insultés, menacés, tandis que les officiers belges, se sont ralliés assez vite au nouveau régime et en tout cas n'aimaient pas d'ouvrir le feu sur leurs compatriotes.
L'organisation militaire hollandaise doit être critiquée. Le recrutement régional, les congés fréquents des miliciens et le système de licenciement des trois quarts du contingent pour une longue période avec de courts rappels fort espacés, ont eu, au moment même des événements révolutionnaires, une singulière influence. Lorsque octobre arriva, les miliciens rappelés pour un service d'un mois se mutinèrent aux cris de « notre mois est fini! ». Un officier de la garnison de Gand a consigné dans ses notes que « ces miliciens, à l'époque du grand Congé (le ler octobre), avaient toujours un violent désir de retourner dans leur pays et que cette époque était toujours caractérisée par diverses désertions! ». Au surplus, ces soldats dont la formation était imparfaite, revenus sous les armes pour quelques semaines, ignoraient leur service, « tandis que d'autres qui venaient de Wallonie se plaignaient qu'on leur donnait des ordres dans une langue qu'ils ne connaissaient pas». Aussi ne faut-il pas s'étonner si dans plusieurs places fortes le commandement a préféré se débarrasser de ce poids mort. Néanmoins l'exemple de ce licenciement a été funeste. Les « rappelés » ont entraîné leurs camarades belges, le mauvais esprit s'est répandu et le découragement a miné les troupes hollandaises. La médiocrité de l'armée royale est une des causes essentielles de l'échec du pouvoir dans la poursuite de sa politique. Si la troupe n'avait pas déserté, les insurgés auraient eu bien des difficultés à faire capituler les places fortes, car les attaques directes du peuple ont été aisément repoussées en plusieurs endroits. Pourtant, c'est au peuple qu'il faut finalement revenir: sans la victoire " du Parc, les miliciens frondeurs n'auraient pas été aussi audacieux; sans elle les patriotes de province n'auraient pas réussi à les débaucher. Ainsi, tout s'enchaîne et tout se ramène aux Quatre Journées de Bruxelles.

Histoire de la révolution belge chapitre 1:

Histoire de la révolution belge de 1830: chapitre 2: Du côté de La Haye

Histoire de la révolution belge de 1830: chapitre3: Les divisions dans les camps des patriotes

Histoire de la révolution belge de 1830 -Chapitre 4: Le glas du régime

Histoire de la révolution belge de 1830 Chapitre 5: L'aube d'un Etat

Histoire de la révolution belge de 1830 Chapitre 6: Le soulèvement national

Histoire de la révolution belge de 1830 Chapitre 7: La Révolution et l'Europe

Histoire de la révolution blege Chapitre 8: Conculsion

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La nuit est tombée.
De la journée, il n’a pas plu.
Dans 15 jours, ce sera la Noël et je n’aime pas les fêtes.
Il fait froid. Les vieux de mon quartier disent qu’il va neiger. L’hiver accentue leurs rides et
parchemine leurs mains, ils connaissent le langage du vent, de la pluie, des saisons, ils savent
de quoi ils parlent mais ils n’ont pas connaissance de tout. Mon voisin s’est pendu. Sa femme
s’est cassée en emportant tous les meubles excepté une chaise qui lui a servi d’échafaud. Ils
étaient mariés 28 jours.
Il y a plus d’un an que j’ai perdu ma compagne depuis lors, je ne supporte plus mon lit.
Il est trop grand, trop large pour moi seul. Lorsque je ferme les yeux, j’ai l’impression de
reposer sur une épave qui dérive vers des rêves qui sentent la femme.
Si j’ouvre les yeux, la nuit, la solitude m’étouffe. Si j’allume une lumière, ma silhouette
sur les murs, n’est qu’une interlocutrice muette.
Je suis mal dans ma peau.
Ce que je croyais oublié resurgit et je revois une suite interminable d’inutilité, d’échecs. J’ai
trop dansé avec le diable, Françoise est morte emportant avec elle le peu de religion que
j’avais et cependant, je suis toujours accro au parfum de sa peau mais paradoxalement je ne
me souviens plus de notre dernière étreinte.
Je la vois partout, dans la rue, dans le bus, dans ma tête….Dans le vent je crie son nom, dans
la pluie j’écris notre histoire, dans une chanson je chante notre amour perdu….
Elle m’a trahi mais elle me hante. Ma vie actuelle a l’aspect d’une photo jaunie par le temps.
Jadis le Technicolor illuminait tous mes instants.
Aujourd’hui le blanc et le noir ont pris possession de mon âme.
Conneries que toute cette littérature derrière laquelle, je cache mes désarrois.
« Le facteur sonne toujours deux fois « J’ai été revoir le film en fin de matinée.
Le ticket d’entrée est moins cher.
Je connais l’histoire mais si je me suis enfermé dans cette salle obscure, c’était pour voir
revivre sur la toile l’image de Lana Turner qui ressemble à s’y méprendre à la femme que
j’aimais.
Je suis parti avant la fin de la séance. J’ai le coeur brisé et cependant il continue de battre.
On ne meurt pas d’amour tout au plus peut-on le noyer dans une bouteille d’alcool.
Il devrait pleuvoir pour rincer ma tête de mes souvenirs.
Dans ma chambre, j’ai retrouvé mon ombre qui désormais est ma seule amie, mes fantômes
ne sont pas encore exorcisés. Ma solitude est trop étouffante, trop glauque.
Malgré le vent froid du nord, j’ai laissé une fenêtre ouverte. Au loin, j’entends Nat King Cole
chanter « Mona Lisa « Cela me fout le cafard, il vaut mieux se lever et partir.
Sur le crâne, j’ai vissé un chapeau mou en feutre noir, endossé un manteau en tweed avec la
large martingale dans le dos et je me suis enfui comme un voleur.
Il est vingt heures.
Au rez-de-chaussée, ma logeuse eut un sursaut en me voyant :
- Seigneur, s’exclama-t-elle … Vous ressemblez à un truand !
Au bout de la rue, pas d’horizon si ce n’est que les arbres d’un jardin publique.
Au sud, les bâtiments noircis par la fumée des locomotives de la grande gare du Midi.
Bâtisse trapue d’un autre temps avec sa galerie marchande et son fronton en pierres grises
surmonté de quatre chevaux en bronze.
Là, on quittait la banlieue pour entrer dans le coeur de la cité.
Les néons de la ville cachaient le scintillement des étoiles, c’est là que je me dirigeai car
j’avais abandonné ma voiture garée près de ma porte.

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Version livre: 14.-€

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Emois de Toi

Emois de Toi

Lorsque ton désir se fond en moi

Que se mêlent nos doigts

Que naissent de nos regards… nos émois

Mon plus beau poème… c’est Toi

Lorsque tes mains… timidement

Me découvrent avec ravissement

Que mes dentelles tombent… sans fracas

Mon plus beau poème… c’est Toi

Lorsque nos cœurs s’accélèrent

Que tes gestes s’affairent

Que ta langue s’immisce en moi

Mon plus beau poème… c’est Toi

Lorsque nos soupirs fusent

Tels les chants des muses

Aimant mon corps soumis à ta loi

Mon plus beau poème… c’est Toi

Lorsque tu effleures de ta main

Cette perle… la libérant de son écrin

Me laissant entrevoir le monde et son toit

Mon plus beau poème… c’est Toi

Lorsque de nos corps alanguis

Monte … un seul cri

Celui de l’Amour roi

Mon plus beau poème… c’est Toi

Lorsque repus, confiants, aimants

Nos regards se cherchent tendrement

Nous montrant le chemin… la voie

Mon poème le plus tendre, le plus doux … c’est Toi

Jeanne-Marie

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Je t'Aime

Je t'aime

Je t'aime dans la douceur d'un soir

Dans l'ivresse de l'espoir

Dans la chaleur de tes bras

Dans le plissé de tes draps...

Je t'aime dans le matin levant

Dans le désir naissant

Dans les baisers enivrants

Laissant nos corps ardents...

Dans le frisson assoiffé

Sublime de volupté

D'une caresse faite de sensualité

D'un moment de tendresse à hurler...

Je t'aime le jour et la nuit

Sous l'étoile qui luit

Dans le calme du ruisseau

Dans la force du roseau...

Dans le sourire et dans les larmes

Dans la pureté de mon âme

En attente d'éternité

A jamais... je t'aimerai...

Jeanne-Marie - 09.05.2003

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Volubilité du Qui suis-je ?

Volubilité du Qui suis-je ?

Pourquoi donc ne suis-je libellule, me posant sur ses paupières ?

Survolant doucement ses lacs clairs…

Butinant ses lèvres, au goût de miel

Me faisant caressante, douce, sensuelle

Pourquoi donc ne suis-je africaine ?

Veillant sur lui… le soir venu

Lui contant des histoires d’ébène

Provoquant ses sourires émus

Pourquoi donc ne suis-je drap de soie ?

Glissant, la nuit, sur sa peau comme... bouts de doigts

M’enroulant tel le gui

Me fondant en lui, sous la lune qui luit.

Pourquoi donc ne suis-je sensation ?

Belle et pure comme le diamant

Scintillement serein de la raison

Ouvrant ce cœur… que je sais aimant

Dur et doux d’ainsi aimer

Perdue… un jour parmi les grains de sable.

Volant parfois au vent capricieux et léger

Telle une feuille détachée de son érable

Ne sachant s’il est plus doux de voler que de se poser.

Jeanne-Marie – 17.09.2004

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Clin d'oeil au temps

Clin d'oeil au temps

Serait-ce les montres molles de Dali

Qui me donnent tant de soucis

Qu'il est dur de lire l'heure ainsi

4 heures du matin... pfff …

Yeux ouverts ...tout grands !

Pas moyen de se débarrasser du temps

J'écris, j'écris tout le temps

Comprenez mon désarroi naissant

Morphée s'en est allée gaiement

Diantre, fichtre ! Suis-je malade maintenant ?

Ai-je avalé un ver(s) luisant

Pour me permettre d'écrire tout le temps ?

De quoi donc suis-je souffrante

Dites-moi, manant !

Quel diagnostic troublant !

De plumite aigüe ? C'est embêtant ?

Cela me gratte, cela me gratte tout le temps !

Rien à faire! Je vais donc rejoindre mon temps...

Et en profite pour faire… en passant

Un clin d'oeil au beau D'Artagnan

Jeanne-Marie

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