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La nuit est tombée.
De la journée, il n’a pas plu.
Dans 15 jours, ce sera la Noël et je n’aime pas les fêtes.
Il fait froid. Les vieux de mon quartier disent qu’il va neiger. L’hiver accentue leurs rides et
parchemine leurs mains, ils connaissent le langage du vent, de la pluie, des saisons, ils savent
de quoi ils parlent mais ils n’ont pas connaissance de tout. Mon voisin s’est pendu. Sa femme
s’est cassée en emportant tous les meubles excepté une chaise qui lui a servi d’échafaud. Ils
étaient mariés 28 jours.
Il y a plus d’un an que j’ai perdu ma compagne depuis lors, je ne supporte plus mon lit.
Il est trop grand, trop large pour moi seul. Lorsque je ferme les yeux, j’ai l’impression de
reposer sur une épave qui dérive vers des rêves qui sentent la femme.
Si j’ouvre les yeux, la nuit, la solitude m’étouffe. Si j’allume une lumière, ma silhouette
sur les murs, n’est qu’une interlocutrice muette.
Je suis mal dans ma peau.
Ce que je croyais oublié resurgit et je revois une suite interminable d’inutilité, d’échecs. J’ai
trop dansé avec le diable, Françoise est morte emportant avec elle le peu de religion que
j’avais et cependant, je suis toujours accro au parfum de sa peau mais paradoxalement je ne
me souviens plus de notre dernière étreinte.
Je la vois partout, dans la rue, dans le bus, dans ma tête….Dans le vent je crie son nom, dans
la pluie j’écris notre histoire, dans une chanson je chante notre amour perdu….
Elle m’a trahi mais elle me hante. Ma vie actuelle a l’aspect d’une photo jaunie par le temps.
Jadis le Technicolor illuminait tous mes instants.
Aujourd’hui le blanc et le noir ont pris possession de mon âme.
Conneries que toute cette littérature derrière laquelle, je cache mes désarrois.
« Le facteur sonne toujours deux fois « J’ai été revoir le film en fin de matinée.
Le ticket d’entrée est moins cher.
Je connais l’histoire mais si je me suis enfermé dans cette salle obscure, c’était pour voir
revivre sur la toile l’image de Lana Turner qui ressemble à s’y méprendre à la femme que
j’aimais.
Je suis parti avant la fin de la séance. J’ai le coeur brisé et cependant il continue de battre.
On ne meurt pas d’amour tout au plus peut-on le noyer dans une bouteille d’alcool.
Il devrait pleuvoir pour rincer ma tête de mes souvenirs.
Dans ma chambre, j’ai retrouvé mon ombre qui désormais est ma seule amie, mes fantômes
ne sont pas encore exorcisés. Ma solitude est trop étouffante, trop glauque.
Malgré le vent froid du nord, j’ai laissé une fenêtre ouverte. Au loin, j’entends Nat King Cole
chanter « Mona Lisa « Cela me fout le cafard, il vaut mieux se lever et partir.
Sur le crâne, j’ai vissé un chapeau mou en feutre noir, endossé un manteau en tweed avec la
large martingale dans le dos et je me suis enfui comme un voleur.
Il est vingt heures.
Au rez-de-chaussée, ma logeuse eut un sursaut en me voyant :
- Seigneur, s’exclama-t-elle … Vous ressemblez à un truand !
Au bout de la rue, pas d’horizon si ce n’est que les arbres d’un jardin publique.
Au sud, les bâtiments noircis par la fumée des locomotives de la grande gare du Midi.
Bâtisse trapue d’un autre temps avec sa galerie marchande et son fronton en pierres grises
surmonté de quatre chevaux en bronze.
Là, on quittait la banlieue pour entrer dans le coeur de la cité.
Les néons de la ville cachaient le scintillement des étoiles, c’est là que je me dirigeai car
j’avais abandonné ma voiture garée près de ma porte.

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