1/ Bonjour, Virginie, et mes félicitations! Tu en es à huit publications avec un parcours en tant qu'auteure relativement atypique et plutôt éclectique: fascicule d'exposition, autobiographie, essais, roman,... Faut-il voir dans ce parcours une logique, un plan, une stratégie avec un but final déjà bien défini, ou fonctionnes-tu au feeling, au coup de cœur et en fonction de tes états d'âme?
1/ Merci à toi ! C’est vrai que je ne peux pas affirmer avoir travaillé suivant une certaine ligne conductrice. J’ai toujours fonctionné au coup de cœur. C’est toujours un matin, à l’aube, que je me réveille en me disant : « Tiens, si je mobilisais une semaine ou deux pour écrire mon premier jet ? ». Il ne faut qu’une bonne idée, de l’isolement et une passion presque charnelle pour ce que je vais entreprendre afin de « m’y mettre », comme on dit.
2/ Aimes-tu ce sentier littéraire que tu as pris? Es-tu satisfaite de tes écrits?
2/ Je mentirais si je disais que je suis satisfaite de tout à 100%. Mais j’aime avoir pris ce chemin de traverse, cette route peu fréquentée, parfois agréable, parfois abrupte. Je ne me sens bien qu’en dehors des sentiers battus, que ce soit comme auteure ou comme être humain.
3/ En quelques mots, comment définirais-tu ton style, ta façon d'écrire?
3/ Instinctive pour tous mes livres. Mais j’ai une façon différente d’aborder chaque ouvrage. Je me sens changer, mûrir, à chacune de mes nouvelles parutions et j’aime alterner la légèreté et la gravité, suivant les saisons de mon cœur.
4/ "Battue!" est un ouvrage autobiographique fort, impitoyable, dans ton parcours d'auteure. Y a-t-il selon toi un avant et un après "Battue" ? Considères-tu cette œuvre comme étant un tournant dans ton cheminement?
4/ Oui, mais pas pour les raisons que l’on peut imaginer. J’ai écrit « Battue ! » avant mon mariage, et l’ai publié après mon veuvage. A la mort de mon mari, j’avais l’impression que je ne serais plus jamais capable d’écrire. Cette parution a été le premier pas vers une renaissance de mes mots. Quant à l’histoire de ce livre, elle est si ancienne que malgré son extrême violence et les séquelles physiques que cela m’a laissé à vie, je n’ai presque plus l’impression que je parle de moi. Même métaphorique, c’est le livre qui m’est le plus personnel, et qui me ressemble le plus.
5/ "Les sous-Teckels" et "Les recettes de tante Dédé" semblent de l'extérieur former un tout, l'un étant un peu le pendant de l'autre... Qu'en penses-tu?
5/ Il s’est écoulé pas moins de 4 ans entre l’écriture des deux, même si ces deux ouvrages sont parus la même année. Le premier est plus adulte, plus construit, c’est un cri de révolte contre tous les types de processus de normalisation, dont mes proches et moi avons tant souffert. Je l’ai argumenté grâce à mes connaissances acquises par la lecture d’autres essais, et aussi par différents récits que j’ai entendus. Je voulais pousser mon lectorat à la réflexion.
Quant à « Tante Dédé » n’est qu’une simple amusette, un petit livre d’humour noir que j’ai écrit dans le seul but de faire rire.
6/ Souvent dans une œuvre romanesque, l'auteur aime placer beaucoup de lui-même, le physique, le tempérament, des faits de vie, dans l'un de ses personnages, de préférence en une personne qui ne tient pas un rôle secondaire. Te sentirais-tu capable d'écrire un roman dans lequel il n'y aurait rien, pas un élément de ta personne?
6/ Malheureusement non. Je ne suis pas capable de narrer quelque chose que je n’ai pas ressenti au plus profond de moi-même.
7/ Il semblerait que ton dernier ouvrage "Le Spectateur" laisse prévoir, en fonction de la fin - je l'ai lu en entier -, une possibilité de suite mais je n'en suis pas certain... Tu envisages de reprendre le personnage d’Alexandra...ou pas?
7/ Alexandra risque de me survivre ! Mais je n’en dis pas plus ! (rires)
8/ As-tu des retours positifs concernant tes ouvrages? De bonnes critiques en tant qu'auteure?
8/ Mon Dieu, les louanges pleuvent sur « Le Spectateur » ! Mes autres livres plaisent à une majorité, sans faire une totale unanimité, sauf « les Fractales de l’Ame » qui n’a jamais rencontré son public. « Battue ! » connait aussi un joli petit succès. Mais les compliments, parfois énormes, que je reçois sur « Le Spectateur » me surprennent. Je ne m’attendais pas à cela, surtout que pour des raisons personnelles, j’ai accouché de ce livre dans une extrême douleur, dont je ne suis pas encore remise. Et je n’ai jamais été sûre de la qualité de ce livre car je l’ai écrit de nuit, en décembre 2014, une époque où les insomnies me pourrissaient la vie. J’ai écrit tous les autres, même « Battue ! », dans plus de joie et de sérénité. Quant aux « Sous-Teckels », j’y ai été un peu fort, j’ai vraiment trop « secoué » le cocotier, mais ma motivation était due à une révolte latente qui durait depuis des années. Je crois que c’est à cause de ce que j’appelle « l’effet-choc » que la presse en a si peu parlé.
9/ N'envisagerais-tu pas la création d'un site web en tant qu'auteure, tes écrits étant devenus conséquents? Ta production augmente.
9/ Pas vraiment. J’ai une page « auteure » sur mes différents sites, pas mal d’informations circulent partout sur le net. Pour l’instant, tout cela est grandement suffisant.
10/ Te considères-tu comme une auteure heureuse ?
10/ Tout dépend de quel livre, de ce que je ressens personnellement pour chacun d’entre eux.
« Le Mâle Moderne », « La Femme Moderne, « Tante Dédé » sont l’expression de mon sarcasme dans la joie, « Battue ! » est mon cri de victoire, « Ideat » et « Les Fractales de l’Ame’ sont l’expression allégorique de certains de mes tourments, « Les Sous-Teckels » sont le produit de ma déception sur l’aspect grégaire de notre société et « Le Spectateur » est mon cri d’amour, celui qui rompt la gorge et brise le cœur. L’auteure est plus ou moins heureuse, mais l’être humain, pas trop….