Ce soir je devine puis regarde vos gestes exprimés
ici et là en vous, solaires;
Gestes que vous pensez être nés, juste pour moi seule ;
racines de ces caresses, de ces baisers immatériels,
dont par la pensée vous me couvrez entière !
NINA
Ce soir je devine puis regarde vos gestes exprimés
ici et là en vous, solaires;
Gestes que vous pensez être nés, juste pour moi seule ;
racines de ces caresses, de ces baisers immatériels,
dont par la pensée vous me couvrez entière !
NINA
Quel plaisir de vous retrouver, mes chères et chers amis, après ces longs mois passés loin de vous !
C'est qu'ils n'ont pas été sans action, croyez-le, mon silence n'étant pas synonyme d'oubli. Car ce qui compte, ce n’est pas l’apparence des choses, mais ce qu’elles cachent, ce qu’elles protègent comme un trésor, qui est fragile, presque insaisissable, un secret qu’on ne transmet qu’aux êtres de confiance pour mieux le sublimer.
Venez découvrir mon dernier livre Parlez-moi de vos petits tracas aux éditions Prem'édit et pourquoi pas l'offrir à l'un de vos proches pour Noël ! Ce petit livre aborde avec humour les petits tracas qui pimentent nos vies afin de les dédramatiser et prendre la vie du bon côté. Il est disponible sur Amazon, sur commande en librairie et sur le site Premedit.net.
Il n'attend que vous, alors n'hésitez plus à le commander pour vous ou pour faire un cadeau!
Je contemple le ciel et j'y lis vos pensées ma mère !
Je regarde la terre et j'y devine un amour clair que cet
homme aux yeux bruns-verts pour moi ressent,
mais qu'il ne m'avoue guère !
Mes pensées sont folles peut-être, mais je ne veux
point mourir ; je les laisse donc galoper partout en moi,
me nourrir, me tenir chaud.
Existe t-il au monde une altitude plus haute, que les
élans d'un esprit qui se bat chaque instant pour
grandir et s'élargir encore, pour se remplir de vie ?
NINA
Oh rendez moi mon tablier d'écolière turquoise
ma trousse tout en couleurs,
cette habitude d'oublier l'heure,
mon ardoise noire, mes craies multicolores,
mes balles lancées contre le mur,
la grande corde,
la cour pleine de rires,
mon Vittel-Délice,
mes boucles blondes,
ce désir de devenir grande,
le pain et le chocolat,
l'enlacement de ma mère,
sa main manucurée sur mon visage à l'aube,
le parfum du tilleul dans le jardin d'Angèle,
les parties de cache cache,
les toujours et toujours,
ma première lettre d'amour,
mon amoureux secret,
mon premier vélo blanc,
mes cahiers d'honneur,et du jour,
mes bons points, mes images,
ces jeux en bas de la tour tout le temps,
les poésies apprises,
les dictées trop faciles,
les heures de colle les jours d'automne,
les matinées de catéchisme,
les éclats de rire,
les œufs tout chauds gobés avec délectation,
ces nuits où j'attendais dans mon lit,
les yeux grand-ouverts le père noël,
mon acharnement à vouloir le voir,
ma poupée africaine,
mon livre de jules Verne,
la joie dans les yeux de ma mère, de me voir si heureuse,
la voix de mon père,
les escargots de réglisse, les guimauves et les frais tagada,
mes premiers pas,
cette envie d'écrire déjà dans un cahier tout bleu,
ces heures heureuses.
Rendez moi mon enfance !
NINA
Cueillir l'instant ne le fait point mourir,
contrairement à la rose et ses maints soupirs !
Respirer l'instant nous fait don de la terre toute entière,
alors que la rose nous donne qu'une saison éphémère !
Vivre l'instant immense, à lui nous indifférencie,
tandis que la rose se contemple, se prend et perd vie !
Tombent du ciel uniformément blanc des gouttes de froid,
alors qu' emmitouflée dans l'instant chaleureux, je ressens
comme un noël à l'intérieur de moi !
Merci à ma mère.
NINA
Les sentiments sont comme le vent! Ils sont légers puis forts, tourbillonnants...
Parfois ils s'arrêtent, il font une pause le temps de se rendre compte qu'ils sont incontournables. Ils sont caresse mais peuvent détruire, ils sont tristesse ou immense joie! Ils donnent à nos visages ces rides que leurs procurent la patine de nos âmes...
Et si quelques masques essayent de les résumer, ce ne sont bien souvent que duperie! Nous le savons bien, derrière les pleurs se cache le soulagement et derrière le sourire un désespoir latent...
Les sentiments sont comme le vent, ils font de la vie un puzzle que seule la mort un jour peut apaiser... et encore rien n'est moins sûr!!
Car, il me plait de penser que certains sentiments ont un parfum d'éternité...
J.G.
Jeanne est d’abord un être humain que je veux libérer du poids des clichés.
Romeo Castellucci
Cet automne, La Monnaie programme du 5 au 12 novembre, l'opéra "Jeanne d'Arc au bûcher", oratorio dramatique d'Arthur Honegger sur un livret de Paul Claudel. La mise en scène est signée Romeo Castellucci dont on se souvient lorsque l’an dernier il produisait une mise-en-scène très controversée de « la Flûte Enchantée » de Mozart, dans la même maison. Est-ce sur cette base, que les esprits se sont tout de suite échauffés, pour brûler une nouvelle proie, criant à l’obscénité majeure, pour quelques photos considérées comme choquantes, et sans avoir même réellement assisté au spectacle? Sic la Fédération Pro Europa Christiana, qui promeut les "valeurs chrétiennes à travers l'Europe" et sa pétition qui a recueilli avant la première du 5 novembre plus de 10.300 signatures. Bon, la tolérance ne fait-elle pas partie de nos valeurs chrétiennes, et «Tu ne jugeras point » pareillement ?
Consentir au souffle clair et aux gestes de sable
S’ils avaient été voir ce spectacle, leur âme aurait été emplie de bonheur, naturel et surnaturel tellement la musique d’Honneger fleurait le bienfait rafraîchissant et l'épopée humaine. Un élixir de joie et d’amour. Les chœurs omniprésents étaient installés dans le colombier diffusant leur musique enivrante comme les parfums d’un encensoir diffusant paix, beauté et grâce. Des voix tantôt profondes comme racines de la terre, et tantôt angéliques et inouïes comme in Paradisum. Un enchantement et un mystère qui vous tombe sur les épaules comme un manteau bienfaisant de la Saint-Martin !
Les derniers moments de la pucelle d'Orléans
Et sur scène on assiste à un seul en scène, une traversée du désert en 11 flashbacks, à la recherche de l’amour, terrifiée à l’idée de son supplice. C'est Jeanne (Audrey Bonnet), sorie du monde de silence, qui occupe tout l’espace, seule, avec ses voix. On sympathise au sens propre du terme, avec une lente épure mystique qui délivre Jeanne de son histoire d’héroïne de la France, qui lui ôte sa cuirasse de guerrière, la décape de tous les poncifs historiques qui entourent le personnage. Elle est peu à peu mise à nu, elle se dépouille de tout ce qui lui a été toxique. C’est toujours mieux que d’être mise à mort… Elle perd d’un coup de balai,la détestable image d’idole récupérée par des partis politiques très peu recommandables. Elle retrouve toute sa chevelure de femme, sa force, sa lumière, son corps virginal tout de blanc poudrée. Elle est sortie d’un accès de folie du cerveau d’un concierge d’école. La voilà, naissant du ventre de l’ombre, ressuscitée d’entre les chaises d’une classe de village. Elle creuse le sol, déterre son passé, fouille les souvenirs, retrouve le glaive de saint-Michel et le cheval de bataille, le roi de France, l’amour de la patrie. Elle est cet amour qui réunit les communautés, remembre l’unité, réconcilie les extrêmes, fabrique un corps social unifié! Et ainsi elle atteint l’humus sous le plancher qu’ lance autour d’elle comme pour exalter son humanité et retrouver le sein de la terre féconde. Elle renoue ainsi avec son humilité, sa condition de femme éperdue d’amour, sa nature profonde. C’est une folie sauvage, libre et authentique qui s’attendrit devant les fleurs de pommiers roses de Normandie, qui est bouleversée par un chant de rouge-gorge, - de quoi fondre en larmes - qui tente d’expliquer ce qu’est l’amour à un frère Dominique enfermé dans une cuirasse de bure inexpugnable, incapable de sentir. Cet oratorio est un choc spirituel que d’aucuns voulaient livrer aux flammes… « Comburatur igne ! » ( Le Chœur). Les persécuteurs ont souvent eu bonne presse auprès des foules avides d' événementiel, or il faut toujours revenir à l’essentiel qui fait notre lumière. Ce qu’a voulu chanter, danser et jouer Romeo Castellucci. A tout hasard, La Monnaie a assuré qu'elle prendrait des "mesures de sécurité appropriées afin que les spectateurs puissent profiter des représentations sans dérangement".
Une lecture dramatiquement magistrale, radicalement dépouillée
Dans un rêve fébrile de chants, de textes dits et de musique, cette œuvre d’une extrême originalité nous entraîne à travers quelques passages-clés de la vie de Jeanne d’Arc au moment où, toute seule, à l’approche de la mort, il lui faut faire face à elle-même et à sa France. Qui d’autre que Romeo Castellucci pouvait transposer les visions mystiques et les conflits intérieurs de cette jeune femme en théâtre sublimé ? L’artiste total italien s’est associé à l’ancien directeur musical de la Monnaie, Kazushi Ono, qui s’est retrouvé à nouveau dans la fosse d’orchestre de la Monnaie, dix ans après l’avoir quittée. Le chef nippon nous a livré la fresque musicale dans un chatoiement de timbre et d’effets acoustiques stupéfiants. Ce spectacle est l’œuvre d’une coproduction de la Monnaie, du Theater Basel, du Perm State Opera and Ballet Theatre et de l’Opéra de Lyon, où a eu lieu la création en 2017. Pour nous ce fut un émerveillement philosophique. Bien sûr on pourrait reprocher qu’aucune voix entourant Jeanne ne se trouve réellement présente sur le plateau, mais n’est-ce pas le propre des voix… d’être invisibles?
Visionnaire, prégnant, ambigu : le mystère lyrique d’Honegger
Arthur Honegger (1895-1955) tomba d’emblée sous le charme du texte de Paul Claudel (1868-1955) et de sa musicalité poétique. La musique d’Honegger ne reflète pas seulement les différents registres stylistiques du livret, mais également l’esprit turbulent et survolté des années 20 et 30. Des chants spirituels austères qui rappellent Bach alternent avec de la musique contemporaine française, des comptines hors d’âge, des ritournelles de pastoureaux, des blocs de sons cubistes et même une ligne subversive de jazz et de music-hall. Sorte de théâtre musical, les personnages principaux ont des rôles parlés. L’orchestration fait penser à une tragédie antique ou à un mystère médiéval, mais avec un langage musical chromatique et polytonal extrêmement varié.
Les chœurs ont été renforcés pour l’occasion par les chœurs d’enfants et de jeunes et par l’Académie des chœurs de la Monnaie – tous deux sous la direction de Benoît Giaux. Kazushi Ono avait déjà dirigé cette production avec beaucoup de succès à Lyon aux côtés de Romeo Castellucci et ses collaboratrices attitrées, les dramaturges Piersandra Di Matteo et Silvia Costa. L’actrice française Audrey Bonnet interprétait Jeanne d’Arc et occupait la scène quasi seule pendant près d’une heure et demie. Elle était accompagnée sur scène par Sébastien Dutrieux, dans le rôle du Frère Dominique.
Direction musicaleKAZUSHI ONO
Mise en scène, décors, costumes et éclairagesROMEO CASTELLUCCI
Dramaturgie : PIERSANDRA DI MATTEO
Collaboratrice artistique : SILVIA COSTA
Collaboration aux éclairages : MARCO GIUSTI
Chef des chœurs : CHRISTOPHE TALMONT
Jeanne d’Arc : AUDREY BONNET
Frère Dominique : SÉBASTIEN DUTRIEUX
La Vierge : ILSE EERENS
Marguerite : TINEKE VAN INGELGEM
Catherine : AUDE EXTRÉMO
Une Voix, Porcus, Héraut I, Le Clerc :JEAN-NOËL BRIEND
Une Voix, Héraut II, Paysan : JÉRÔME VARNIER
Héraut III, L'Ane, Bedford, Jean de Luxembourg, Un paysan : LOUKA PETIT-TABORELLI
L'Appariteur, Regnault de Chartres, Guillaume de Flavy, Perrot, Un prêtre GEOFFREY BOISSY
Soprano Solo : GWENDOLINE BLONDEEL
Une Voix d'Enfant : SIOBHAN MATHIAK
Orchestre symphonique et Chœurs de la Monnaie
Chœurs d’enfants et de jeunes et Académie des chœurs de la Monnaie s.l.d. de Benoît Giaux
CoproductionLA MONNAIE / DE MUNT, OPÉRA NATIONAL DE LYON, PERM STATE OPERA AND BALLET THEATRE, THEATER BASEL
Production créée à l’Opéra National de Lyon, 21.1.2017
l
Doté d’une récompense de 2.500 euros, le prix des bibliothèques de la Ville de Bruxelles est décerné tous les deux ans depuis 1995. À l’origine, il récompensait alternativement un roman et un essai de vulgarisation d’un auteur de langue française domicilié en Belgique. Depuis 2001, il récompense exclusivement des romans.
2017 : Marcel Sel, pour Rosa
2015 : In Koli Jean Bofane, pour Congo Inc : Le testament de Bismarck
2013 : Nicole Roland, pour Les veilleurs de chagrin
2011 : Vincent Engel, pour La peur du paradis
2009 : Jacqueline Harpman, pour Ce que Dominique n’a pas su
2007 : Isabelle Bielecki, pour Les mots de Russie
2005 : Armel Job, pour Les fausses innocences
2003 : Corine Jamar, pour Emplacement réservé
2001 : Corinne Hoex, pour Le grand menu
1999 : Xavier Hanotte, pour De secrètes injustices
1997 : Raymond Trousson, pour Isabelle de Charrière. Un destin de femme au XVIIIe siècle
1995 : François Emmanuel, pour La partie d’échecs indiens
Le prix littéraire des Bibliothèques de la Ville de Bruxelles sera remis à Bernard Antoine le 27 novembre 2019, à 11 heures.
Salle Gothique – Hôtel de Ville – Grand’Place – 1000 Bruxelles
La cérémonie sera suivie d’une réception.
Réservation souhaitée : bp1@brucity.education – www.amisbiblio.be
Ecoute-moi
Pauvre monde, insupportable monde
C'en est trop, tu es tombé trop bas
Tu es trop gris, tu es trop laid
Abominable monde
Écoute-moi
Un Chevalier te défie
Oui c'est moi, Don Quichotte
Seigneur de la Mancha…
L’Homme de la Mancha 2018, c’était une splendide production du KVS en coproduction avec Le théâtre de la Monnaie l’an dernier. Un spectacle remonté cette année pour Aula Magna avec le théâtre Jean Vilar, et plus une place disponible. Un spectacle qui a voyagé en en mai 2019 à Madrid, en août 2019 à Montevideo, Urugay. Un spectacle délirant, en phase avec l’Eloge de la folie d’Erasme, et tout le monde rit et s’égosille, s'épuisant en bravos ininterrompus. Le livret est de Dale Wasserman, la musique, de Mitch Leigh et la création originale date de 1965 à Broadway. La traduction et adaptation en français ? Signée par notre immense Jacques Brel, pour la Monnaie en octobre 1968, et c’est lui qui endosse le rôle. Pourquoi ? Pour créer à terme un monde meilleur et pas le meilleur des mondes ! La chanson de l’impossible rêve revient comme un refrain insistant tout au long du spectacle, une ritournelle de l’espoir? Dix ans plus tard, le 9 octobre 1978, le célèbre chanteur belge s'éteignait.
Energie, générosité
Cinquante ans plus tard, C’est donc Filip Jordens qui promène le personnage mythique de Miguel de Cervantes, de par le monde en hommage à Jacques Brel, dans la comédie musicale emblématique ressuscitée sous la direction des metteurs en scène Michael De Cock, directeur artistique du KVS, et Junior Mthombeni.
Miguel de Cervantes, poète-donc-coupable, attend son exécution dans les geôles de l’Inquisition. Manuscrit de son roman Don Quichotte sous le bras, il interprète avec ses codétenus, c'est toute l'astuce, les aventures de l’hidalgo errant, flanqué de son fidèle écuyer Sancho Panza. L’auteur et son chevalier fantasque humaniste envoient à leurs persécuteurs un message miséricordieux et idéaliste. « Rêver un impossible rêve... Suivre l'étoile... »
L’homme est le bourreau de l’homme. Le procès du gentilhomme s’ouvre : « accusé d’être idéaliste, poète et honnête homme » Va-t-il plaider coupable ? S’habillant en Don Quichotte, il déclare « J’ai l’honneur d’être moi ! » « Et moi, Sancho, son frère ! » lui vouera un attachement imprescriptible. Superbe rôle joué parle très picaresque Junior Akwety, pas trop pressé de rencontrer l’ennemi : il est urgent de savoir attendre! C’est la magie théâtrale qui fleurit sur le plateau où l’on ne croyait voir que des figurants, chacun reçoit un rôle, on assiste à une genèse virtuose du spectacle, la danse et les chœurs font le reste. Et l'amour de Dulcinée. Un chef-d’œuvre de mises en mouvement et en abîmes tous azimuts. Dans le groupe d’artistes qui se pressent autour de Filip Jordens, il y a la soprano Ana Naqe ( Dulcinée) , le comédien François Beukelaers (chef de l’Inquisition), le chanteur de soul et de hip-hop Junior Akwety (Sancho Panza) , l’ éblouissante artiste de slam Nadine Baboy (Maria, la femme de l’aubergiste), Gwnedoline Blondeel, ( la gouvernante), Geffrey Degives (le padre à qui on donnerait le bon Dieu sans confession), Bertrand Duby (l’aubergiste), Christophe Herrada (le médecin) Chaib Idrissi (Anselmo) et les muletiers de tout poil. Cette équipe crépitante contribue à une réhabilitation opiniâtre des idéaux chevaleresques : l’or de l’amour, la grâce, la beauté, le respect, l’honneur. Et Dieu dans tout ça ? « Pour moi, Dieu ce sont les hommes et, un jour, ils le sauront. » dirait Jacques Brel
« Par son talent, sa voix, son corps, avec la complicité de ses musiciens, Filip Jordens nous convie à retrouver le grand Jacques. C'est la puissance, la force, la rage, l'ironie, la tendresse de Brel qui soudain éclatent de nouveau. Grâce à cet interprète hors pair qu'est Filip Jordens, on peut alors mesurer combien l'œuvre de Brel non seulement est toujours vivante, mais aussi combien elle est singulière et actuelle. Brel poète, Brel visionnaire, Brel musicien, Brel comédien, Brel satiriste, Brel profondément humain. Un maître, en somme. Un classique, servi par un Filip Jordens habité et éblouissant» écrit Philippe Claudel, écrivain et cinéaste, docteur honoris causa de l'Université catholique de Leuven en février 2015.
Et sur scène Antonia, chantée par Raphaëlle Green de donner le ton et ses clef du bonheur : former un foyer, chanter, monter sur scène joindre les talents pour sauver la planète et oser un monde meilleur. L’arrière-plan montre des vidéos de déshérités, de démolitions, de visages meurtris par la misère… « La folie suprême n’est-elle pas de voir la vie telle qu’elle est et non telle qu’elle devrait être ? » Notre capitale actuelle et future est façonnée par les mondes différents qui y cohabitent. Appréhender l’altérité avec la foi en un rêve et la candeur de l’espoir, n'est-ce pas atteindre l’inaccessible étoile?
«Tout le monde est Don Quichotte, je crois. Tout le monde a ce côté-là quand même. Enfin, je le souhaite... J’en suis certain. Tout le monde a un certain nombre de rêves.» Jacques Brel
Se battre sans cesse contre la résignation, voilà le programme!
Dans leur note d’intention, Michael De Cock et Junior Mthombeni, les metteurs en scène renchérissent : « Cette comédie musicale traite de la menace qui pèse sur les gens en quête de sensibilité et d’imagination. Tout le monde s’acharne à crier qu’il faut penser de manière originale, non conformiste, « out of the box » et chercher des solutions créatives, innovantes, mais cela aussi est de plus en plus instrumentalisé, comme s’il s’agissait d’une recette à suivre ! En réalité, il n’y a plus beaucoup d’espace de liberté. L’art comporte par essence une dose de donquichottisme. Si l’on veut être visionnaire et changer quelque chose, il faut continuer à poursuivre cet impossible rêve. »
crédits photos: La Monnaie/KVS lien Detrogh/KVS
Dale Wasserman, Mitch Leigh, Joe Darion, Jacques Brel
Comédie musicale. Un hommage à Brel, à Bruxelles, et à l’imagination !
Spectacle en français, surtitré en anglais
Mise en scène Michael De Cock, Junior Mthombeni
Avec Junior Akwety, Nadine Baboy, François Beukelaers, Gwendoline Blondeel, Geoffrey Degives, Bertrand Duby, Raphaële Green, Christophe Herrada, Chaib Idrissi, Filip Jordens, Ana Naqe, Enrique Kike Noviell
LES VALEURS HUMAINES ... PEUVENT-ELLES SAUVER LE MONDE?
Mon second livre vient de sortir :
SOUS TITRE :
"L'éveil de la société française aux valeurs humaines peut-il sauver notre modèle humaniste et démocratique ?
Ce nouvel ouvrage sur les valeurs humaines vient de paraître aux éditions de la "Société des Écrivains" (Paris) … Pour le découvrir, voici le lien de présentation chez l'éditeur : https://www.societedesecrivains.com/les-valeurs-humaines-peuvent-elles-sauver-le-monde.html/?
1. 1.Pourquoi cet ouvrage a-t-il été rédigé?
« Ce livre s'adresse à toutes celles et tous ceux qui veulent que notre monde change et perdure, les hommes et les femmes qui pensent que les valeurs humaines valent mieux que l'argent et les valeurs boursières, qui croient vraiment que notre société peut et doit pouvoir évoluer vers davantage de considération pour les plus humbles et ceux qui travaillent pour le bien de tous, une population capable de s'humaniser en ouvrant son cœur, en plaçant ses ressentis avant les caprices de son mental. »
....Cet essai analyse les points positifs et négatifs de notre vie quotidienne, et de notre pays, afin de proposer des règles et paramètres permettant de chercher puis d'appliquer des solutions pratiques pour un mieux vivre collectif. L'auteur nous incite à réfléchir dans le but de trouver, ensemble, des évolutions et d'œuvrer vers des changements de comportements et de pensées pour organiser une vie harmonieuse. Guy Lheureux promeut une spiritualité laïque qui puisse ouvrir les qualités du cœur et tisser, fil à fil, nos interrelations afin que notre vivre ensemble progresse vers une existence respectant les valeurs humaines, humanistes et démocratiques! Riche de références et de principes philosophiques accessibles à tous, cet ouvrage donne enthousiasme et foi au lecteur pour apporter sa contribution à la bonne évolution de notre monde.
2. 2.Qui est donc l'auteur de cet ouvrage?
Guy Lheureux, picard d'origine âgé de 72 ans, est Inspecteur de l'Éducation Nationale & Docteur Ès Sciences Humaines. Il fut instituteur 20 ans (Nord de la France) et 20 ans Formateur d'Enseignants (Anjou). Après avoir réussi une thèse sur la spiritualité laïque qui propose une alternative à l'éducation morale aujourd'hui à l'école, il a publié un livre préfacé par Stéphane Hessel et postfacé par P. Rabhi. Peintre angevin et poète amateur, il publiera bientôt un livre de poèmes sur l'amour. Étudiant permanent, il poursuit des hautes études en pédagogie, philosophie et psychologie dans les Universités de Amiens, Paris, Nantes, et Rennes. Il est aujourd'hui doctorant à l'Université de Tours, ses recherches actuelles portent, dans un cadre philosophique, sur les liens entre sacré, laïcité et spiritualité.
3. Pour découvrir les textes et recherches de l'auteur, voici trois liens utiles :
-1- lien du site de recherches de Guy : http://www.recherche-lheureux.com/
-2- lien avec le blog de l'auteur chez la Société des Écrivains : https://guy-lheureux.societedesecrivains.com/
-3- lien avec la page auteur chez l'Harmattan : http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=auteurs&obj=artiste&no=25890
Il n’est même plus question de surcharge de travail. Il est question d’impossibilité de faire son travail. De prodiguer des soins dans de bonnes conditions. De prendre un peu de temps pour parler à chacun.e. De prendre les gens en charge dans des délais raisonnables. De pouvoir exercer dans un bon état d’esprit. De pouvoir travailler, tout simplement.
Infirmièr·e·s, sages-femmes, médecins, brancardièr·e·s, aides soignant·e·s, psychologues, personnel de la lingerie, de la restauration, de l’entretien ménager, technicien·ne·s, secrétaires, laborantin·e·s, ambulancièr·e·s, patient·e·s, les témoignages affluent. Les mots "burn out" sont sur toutes les lèvres. Les mots "mise en danger des patients" aussi. La colère gronde et s’exprime, notamment via le collectif belge La santé en lutte, fondé le 21 juin dernier, via les Mardis des blouses blanches, via des meetings et événements divers.
Le 7 novembre prochain dès 18h30, nous accueillerons ces combattant.e.s, autres victimes d’un capitalisme qui désormais tire sur l’ambulance. Témoignages, débats, analyses, images et rencontres seront au programme de cet Apéro-Expo :
Paroles de soignant.E.s en lutte
En partenariat avec La santé en lutte et ZIN TV
À l’ARC – Action et Recherche Culturelles asbl
Rue de l’Association 20, 1000 Bruxelles (métros Madou et Botanique)
communication@arc-culture.be 02/219.68.88 - email: communication@arc-culture.be
Entrée gratuite – Bar et petite restauration à prix modiques
Photo : Krasnyi Collective
La poésie..l’âme des peuples.
La poésie.. La trame de fond de la sensibilité humaine à travers les siècles.
La poésie.. Un vrai indicateur de l’évolution de l’Homme.
Sa richesse, sa diversité et sa place dans une société, à une époque donnée, marque le niveau de qualité et de l’essence de cette époque.
Son déclin ne peut être que le signe avant-coureur de la décadence.
On peut voir aisément, à travers le vécu quotidien, ce que notre société réserve à la poésie comme place dans la vie publique.
Je considère que continuer à écrire la poésie actuellement ne peut être que synonyme de « militantisme » et de « résistance esthétique » face à la « médiocrité des valeurs sociales qui se démarquent, de façon consciente, de la nécessité, pour notre société, de faire toute forme de promotion de l’acte poétique ».
JEAN LHASSA - .IL NEIGERA DANS TON JARDIN
Jean Lhassa est un écrivain belge. On lui doit de nombreux ouvrages, dont des recueils de nouvelles, des romans et des essais sur le cinéma. Il a acquis une notoriété avec une trilogie sur le western italien (éditions Grand Angle) et une étude sur le compositeur Ennio Morricone (paru chez Pierre-Marcel Favre). Depuis, il a régulièrement publié au Centre d’Art d’Ixelles, notamment avec plusieurs recueils de récits fantastiques coécrits avec le scénariste Mythic. « Il neigera dans ton jardin » est un recueil de 25 nouvelles publiées aux Editions Ménadès (Belgique). Des textes qui tutoient le quotidien et nous offrent, parallèlement, quelques envolées dans le registre du fantastique.
(Ed. ménadès - 242 pages)
Retourner en enfance,
ce temps des insolences,
des silences tout bleus,
des fiançailles tout le temps,
des jours heureux,
de cap et des pas cap !
Retourner en enfance,
les pots de colles sentant l'amande,
les ardoises noires, fleuries de mots,
l'encrier renversé sur le pupitre usé,
des éclats de rires pour un rien,
des mots inventés, vachement beaux !
Retourner en enfance,
les marronniers immenses dans la cour,
les jeux à la récrée,
les bons points dans la trousse,
des crayons de couleurs ici et là,
les leçons de choses,
le plaisir de quitter l'école le samedi à midi,
de retrouver ma mère, me promener avec elle,
des coquillettes au beurre me régaler,
en bas de la tour m'amuser, faire des bêtises,
à la corder, sauter avec Michèle et Louise,
en un mot exister !
Retourner en enfance,
échanger nos goûters,
pain et chocolat, berlingots de Nestlé,
diabolo menthe ou lait chocolaté,
retourner s'amuser, créer sur l'asphalte
des maisons à la craie, bleues, vertes ou blanches,
des débuts de baisers,
dire des "j'attends à la sortie",
j'vais te casser la figure,
acheter des scoubidous, des carambars,
des malabars et dire des bobards !
Retourner en enfance,
aller la messe tous les dimanches,
en robe et socquettes blanches,
en secret tirer la langue au curé,
et à toutes les grenouilles de bénitiers,
marcher sur la pointe des pieds dans
l'herbe, pour ne pas réveiller les
demoiselles coccinelles !
Retourner en enfance est
mon plus grand désir.
NINA
Orphée et Eurydice à l'Opéra Royal de Liège
Une production spectaculaire tout en français!
En déployant les couleurs les plus variées des sentiments d’amour, d’espoir, de chagrin et de détresse, Varduhi Abrahamyan nous a donné une interprétation passionnée du rôle principal dans l’opéra de Gluck arrangé par Berlioz. En 1859, Berlioz arrangea l'opéra de Gluck afin qu'Orphée puisse être chanté par la grande mezzo-soprano Pauline Viardot, avec laquelle il travaillait en étroite collaboration. Il modifia la structure formelle de l'opéra, l en divisant l'œuvre en quatre actes au lieu de trois et plaça les scènes chez Hadès et aux Champs Élysées dans des actes séparés. Il modifia également certaines parties d’Orphée, principalement dans les récitatifs, tout en reprenant la majeure partie de l’orchestration de Gluck. L'Orphée de Varduhi Abrahamyan affiche une ligne solide, étendue et puissante tout au long de son voyage amoureux dans le séjour des morts. Permettant de franchir les portes de l'enfer et de braver ses féroces gardiens, la beauté de sa musique a fait oeuvre de magie. Varduhi Abrahamyan a plongé les spectateurs dans les brumes bleues du mystère. Le décor très onirique conçu par Pierre Dequivre est décliné en cinquante nuances de bleu. Cependant, la prononciation plutôt médiocre du chanteur en français nous a poussés à utiliser les sous-titres plus d'une fois, ce qui était en quelque sorte agaçant. Néanmoins, vocalisant aisément à travers la vaste gamme de matière vocale, la voix superbe de Varduhi Abrahamyan se frayait un chemin à travers les flots d'émotions, soulignant à la fois le pouvoir de guérison inhérent à la musique, en tant qu’art suprême. En quête de la note bleue? Il demande à Eurydice de l'écouter… Ce qu'elle fait, même si elle ne souffrait plus de la moindre douleur, un fois échouée dans la paix du royaume des morts. En accord avec la vision paisible de Socrate!
« Cet asile aimable et tranquille par le bonheur est habité. Nul objet ici n’enflamme l’âme; une douce ivresse laisse un calme heureux dans tous les sens. Et la sombre tristesse cesse dans ces lieux innocents. C’est le riant séjour de la félicité. »
Les débuts de Melissa Petit dans le rôle d’Eurydice à l’Opéra Royal de Wallonie ont été lumineux et applaudis avec entrain, dès la chute du rideau. Née à Saint-Raphaël dans le sud de la France, Melissa Petit a commencé à étudier le chant à 14 ans à l'École de musique de Saint-Raphaël. En 2009, elle a fréquenté l'Université de musicologie de Nice et a travaillé comme soliste avec l'orchestre de chambre de Saint-Raphaël. La même année, elle remporte le 2e prix du concours international «Concorso Musica Sacra di Roma» et plus tard, récolte le 1er prix du concours national de chant à Béziers en France. Inutile de dire que sa prononciation aux impeccables sonorités était du pur bonheur et impeccables sonorités à l'oreille française. Sa performance cristalline semblait appeler la célèbre étoile inaccessible, celle décrite par Jacques Brel, celle qui symbolise un amour et un désir inaccessibles. Rappelée à la vie par l’art de son amant, Eurydice supplie Orphée de lui parler ... Ce qu’il ne fait pas, parce que les Dieux le lui ont interdit. Donc, le voilà pris dans une double impasse! Entraîné dans des souffrances insurmontables et, bien sûr, comme il ne pouvait s'empêcher de lui jeter un regard, voilà Eurydice ravalée par la tombe, pour la deuxième fois!
La délicieuse soprano belge Julie Gebhart a chanté le troisième grand rôle: celui de l'Amour, l'allégorie utilisée comme tiers dans l'opéra de Berlioz. Amour ou destin?
« Apprends la volonté des dieux: sur cette amante adorée garde-toi de porter un regard curieux, ou de toi pour jamais, tu la vois séparée. Tels sont de Jupiter les suprêmes décrets; rends toi digne de ses bienfaits. »
Son engagement scénique très admiré, toujours en phase parfaite avec les gracieuses modulations de son chant. Quel talent!
D'ailleurs, selon Gluck, «l'opéra et le théâtre vont de pair et doivent être unis jusqu'à la fusion pour exprimer la quintessence du drame». C'est le défi qu'Aurélien Bory a relevé dans une mise en scène à couper le souffle. Il a tout d'abord évoqué un tableau extrêmement bucolique «Orphée ramenant Eurydice des Enfers» de Camille Corot (Musée des beaux-arts de Houston, 1867). Celui-ci capture l'instant même où Orphée est sur le point de se tourner vers Eurydice… Cette image gigantesque de L'Arcadie se reflétait ensuite dans un dispositif constitué d'un immense miroir pivotant, qui au départ faisait plutôt penser au couvercle d'une boîte de Pandore. Diverses positions d' écrans dévoilaient également une suite de passages secrets vers des réalités mystérieuses. Quoi qu'il en soit, les choeurs vibrants de Pierre Iodice se sont finalement installés dans un cercle lumineux au centre du plateau, de même que les six danseurs qui tissaient l'histoire sans relâche, bercés par l'opulente matière orchestrale dirigée avec une énergie de feu par l'admirable maître de musique, Guy Van Waas, homme d'une rare sensibilité. Les chœurs et les danseurs s'unissaient pour soutenir corporellement la moindre phrase musicale, fabriquant au fur et à mesure une sorte de tapisserie vivante bouleversante. La matière de rêves ? Orphée et Eurydice, contrairement au reste des artistes se mouvaient peu et lentement, comme s'ils étaient englués dans la toile de la destinée. Le déploiement sonore était également accompagné de mouvement fluides de voiles balayant le sol, prêts à emporter les protagonistes impuissants. Ce spectacle a donc témoigné d'une créativité visuelle particulièrement hypnotisante, mêlant rêve et imagination, et faite pour souligner de visu, les performances vocales parfaites des chœurs et des solistes au service de la musique de Berlioz. Au final, un spectacle d' une modernité absolue, consacrant une histoire légendaire immortelle et bouleversante.
Dominique-Hélène Lemaire, pour Arts et Lettres
L'article en anglais :ici
crédits photos: OPRLW
Prochain spectacle à L'opéra royal de Liège : Ve. 08 Novembre 2019
https://www.operaliege.be/spectacle/les-pecheurs-de-perles-2019/
Mardi 29 octobre 2019: thématique: "Rêves d'ailleurs", présentation et animation: Gérard Adam, l'enregistrement pour Radio Air Libre par Guy Stuckens, les écrivains en scène: Florence Richter, Joseph Ndwaniyé et Michel Joiret. Il est évident que nous rêvons tous d'ailleurs à un quelconque moment de notre existence, de manière consciente ou inconsciente... Et le rêve éveillé? Est-il le propre de l'Homme?
Ecrivain et infirmier belge né en 1962 et ayant quitté le Rwanda en 1986 pour s'établir chez nous, détenteur d'un Baccalauréat en biologie médicale et d'un Master en gestion hospitalière, Joseph Ndwaniyé nous fait visiter son ouvrage "Le Muzungu mangeur d'hommes": un jeune couple idéaliste débarque au Rwanda, souhaitant y voir s'accomplir son rêve de bonheur mais la quête prendra pour chacun d'eux un chemin différent. Ce roman est une exploration des relations entre l'Europe et l'Afrique, le troisième personnage du récit, un récit d'une grande tendresse et qui nous dévoile que le bonheur ne se trouve pas toujours là où on l'attend...
Analyste criminelle, responsable des "Midis de la Poésie", également éditrice à la Renaissance du Livre et chercheuse pour le groupe FNRS, Florence Richter nous a présenté quant à elle "Qui est Georgette?", sorte de roman-pamphlet (ce sont ses mots) dénonçant les excès de l'humanité et mêlant thriller, étrange et poésie. Sexe et fin du monde seraient-ils liés? 2046, de Bruxelles à Calvi, une impressionnante puanteur s'étend. Chef d'orchestre, Rose Apari se met à enquêter, finissant par découvrir l'existence d'une tribu aux moeurs bien particulières. Tout un programme...
Ecrivain, poète et essayiste né en 1942, qui fut professeur en Tunisie et dans l'enseignement provincial du Hainaut, et animateur du Projet-Lecture et d'Ecriture Charles Bertin Charles Plisnier, Michel Joiret nous a de son côté fait vibrer avec "Les Larmes de Vesta": deux mille ans séparent le destin de Luna de celui de Maman Lune, le voyage de Lucius de celui de Luc Rodin, professeur de latin. Deux récits qui s'intercalent, de nombreux points communs entre les deux hommes. Ayant découvert le triste journal de sa mère Maman Lune, Luc passe du temps à le lire, des surprises au détour des pages...
En introduction, Gérard Adam, concentré, nous a cité Brel avant de questionner tour à tour les écrivains en présence notamment sur les interrogations que font naître leurs ouvrages. A l'aise et souriant, Joseph Ndwaniyé nous a appris que son récit se déroule dans les années 70-80: à la suite d'un rêve, un couple décide de partir. Il vivra sur place la tentative de l'intégration et bien des étonnements, schéma inversé et relations amoureuses particulières accompagnées de complications. Les mots-clés? Départ, quête de soi, parcours initiatique, métamorphose.
L'assurance tranquille et la voix claire et distincte, Florence Richter nous a dépeint son thriller dans un futur relativement proche. L'enquête de Rose paraît complexe, le ton de l'auteur manifestement outrancier et c'est, semble-t-il, une pieuvre qui nous narre les faits. Ce qu'il y a de beau dans l'humain n'est bien sûr pas en reste. Du réel et de l'imaginaire à la clé, symboles non exempts, de l'humour également et entre autre ce message que la technologie ne peut tout solutionner...
Posé, concentré, Michel Joiret nous a évoqué Luc Rodin, professeur proche de la cinquantaine, dont l'univers se dissout, sa vie se révélant un vaste naufrage...mais Rome a toujours été proche de lui! Rodin tente de transmettre sa passion à ses élèves, il finira par glisser vers un dédoublement de sa personnalité. Fantasme et rêve absolu des Romains, Pompéi nous est conté, également la vie des gens à Rome, une vie d'injustice sociale souvent extrême, l'imagination au pouvoir, de cette imagination qui mène au delà du temps...
"Le rêve est-ce voir les choses comme elles sont et non pas comme elles paraissent?" C'est la question que Joiret soulèvera en finale, les interactions entre auteurs non absentes de cette rencontre au sommet sous le toit de l'Espace Art Gallery. E.A.G., Evocation, Attention, Génération(s).
Thierry-Marie Delaunois, auteur, rédacteur et chroniqueur, le 1er novembre 2019
Une giclée de mots de la tête à la main...
Une bouffée de vérité qui tend vers demain?
L'écriture se libère et nous revient l'envie
Au profond d'la nuit où s'installe l'insomnie...
Le cerveau fatigué, mais qui encore s'emballe
C'est la preuve que la vie triomphe de ses dédales!
Alors, le cœur s'accroche, se maintient en douceur
Pour laisser de côté nos si stupides peurs!
J.G.
Mexico, 1902-1969
Hommage à José Guadalupe Posada
(gravure sur linoléum, 1953)
On reconnaîtra au premier plan José Guadalupe Posada (1852-1913), burin en main, observant hors champ les exactions de la soldatesque sur les paysans. A gauche, les révolutionnaires Ricardo Flores Magόn (1873-1922) et, derrière ce dernier, Lázaro Guttiérrez de Lara (1870-1918). Au travail devant la casse d’imprimerie, un ouvrier typographe, qui pourrait être Leopoldo Méndez lui-même, son disciple né en 1902 comme le rappelle l’affiche à droite. Tous dénoncent la répression exercée par le président Porfirio Díaz (1830-1915). İ Revoluciόn !
(gravure sur linoléum, 1953)
« Tu as fondé ici l’imprimerie,
La lettre arriva à la nuit du peuple,
La nouvelle secrète ouvrit les lèvres.
Tu as fondé ici l’imprimerie.
Tu as implanté l’école au couvent.
La toile d’araignée a reculé,
Et le recoin des dîmes étouffantes.
Tu as implanté l’école au couvent. »
Pablo Neruda*1
Durango, 1886-Mexico, 1946
La poétesse
(huile sur toile, 1917)
Sans même remonter aux fondamentaux que sont les fresques naturalistes de l’époque classique maya, je pense en particulier aux peintures murales de Bonampak ou de Cacaxtla, ce « ballet de formes et de couleurs franches » (Octavio Paz), il m’a semblé intéressant dans un premier temps de nous pencher sur les origines de la peinture mexicaine.
Les Trois Grands, Rivera, Orozco, Siqueiros, par leurs talents respectifs et leurs fortes personnalités ont éclipsé les autres muralistes mexicains. Cet art se voulait pourtant collectif, et ils furent nombreux à se fondre dans ce mouvement, à un moment au moins de leurs carrières.
Ces petits sur l’affiche, qui ne manquaient pourtant pas de caractère, je vais donc simplement les citer pour mémoire et surtout, pour, quelques-uns d’entre eux, en profiter pour aussi abondamment que faire se peut illustrer ce billet.
Le muralisme n’est pas une génération spontanée de peintres décidés à s’exprimer hors les galeries et musées. Il est né bien sûr de la Révolution mexicaine de 1910, mais aussi des journaux, des affiches, de la caricature, de la tradition populaire. Ferments puissants qui lui ont permis d’éclore et de fleurir sur les murs. Et acte politique visant à unir la Nation grâce à cet « art collectif par excellence, qui appartient à tous et est accessible à tous », selon la formule de Diego Rivera.
Il eût donc ses précurseurs, ses éclaireurs, dont beaucoup rejoindront le muralisme après l’avoir inspiré…
La veillée funèbre (détail)
« Qu’il y ait encore des échanges
ici-bas, avec vous, mes amis !
Seulement ici-bas sur la terre !
Demain ou plus tard,
selon ce que voudra le cœur
de l’Auteur de la Vie,
nous quitterons sa demeure. »
Les chants de Nezahualcόyotl*2
Mais il fallut d’abord se libérer. Après la longue période de colonisation et de domination espagnole, la révolte est portée par « le cri de Dolorès » du père Miguel Hidalgo y Costilla (1753-1811), le 15 septembre 1810 :
« Mes enfants, voulez-vous être libres ? »
Après la rébellion et malgré une sanglante répression, le pays devint indépendant en 1821 pour se proclamer République fédérale des Etats-Unis du Mexique en 1824. Las, en 1864 Maximilien d’Autriche, porté par Napoléon III, est fait empereur du Mexique. Défait par Benito Juárez (1806-1872), le monarque est destitué puis exécuté trois ans plus tard. La république est à nouveau instituée, pour entrer de 1876, date de son élection, sous la trop longue présidence de Porfirio Diaz qui installa peu à peu un régime dictatorial jusqu’en 1911 et la Révolution menée au nord par José Doroteo Arango Arámbula, dit Pancho Villa, et Emiliano Zapata, El Caudillo del Sur.
« La cucaracha,
La cucaracha,
Ya no puede caminar
Porque no tiene,
Porque la falta,
Marijuana que fumar »
Air traditionnel devenu chant révolutionnaire
(Le cafard, le cafard, ne peut plus cheminer, parce qu’il n’a pas, parce qu’il lui manque, de la marijuana à fumer. Cucaracha, le cafard, étant bien sûr l’occupant, l’exploiteur ou le tyran du moment)
« Terre et liberté ! »
clamaient les peones réunis autour d’Emiliano Zapata
pendant que Pancho Villa faisait son cinéma (La vida del general Villa, 1914*3).
« Droit de vote pour tous ! »,
« Non à la réélection ! »
tonnaient ceux qui soutenaient Francisco Madero qui,
une fois élu président en 1911,
ne rendit pas leurs terres aux paysans indiens.
Une période de troubles et de luttes intestines s’ensuivit jusqu’en 1920 et l’élection d’Álvaro Obregόn. Les temps resteront agités, néanmoins les commandes publiques de fresques stimuleront la création.
En matière d’art, un rejet de l’académisme, des relents du colonialisme, dès lors s’impose. Certains artistes fréquenteront assidument les sites archéologiques afin de plonger aux racines préhispaniques de leur culture.
Cependant je ne saurais oublier ces portraits de villageois peints avec beaucoup de naturalisme par un indigène.
Purisíma del Rincόn, 1832-1907
Portrait de famille
(huile sur bois)
(photo captée sur le Net)
Facteur rural comme Cheval et tout aussi singulier. Un indien pieux aux multiples talents, grand portraitiste au demeurant.
Précurseur ?
Pas vraiment, il n’y eut ni avant ni après, il ne quitta jamais son canton, définitivement hors courant. Une sorte de primitif flamand égaré dans l’espace et le temps, « peintre amateur, sans maître » tel qu’il le revendiquait.
Pas plus que ne le sont les peintres de la Nouvelle-Espagne, Juan Correa (1646-1716), Cristόbal de Villalpando (1649-1714), José de Ibarra (1685-1756), ou même Miguel Mateo Maldonado y Cabrera (1695-1768), un peintre d’origine zapotèque, ou encore José de Páez (1720-1790), tous ces « Vieux Mexicains » versés dans l’imagerie religieuse.
Pas d’avantage José Augustín Arrieta (1803-1874), peintre de genre, Felipe Santiago Gutiérrez (1824-1904) ou Tiburcio Sánchez de la Barquera (1837-1902), tous deux bons portraitistes au style un peu hiératique, le très romantique Manuel Ocaranza (1841-1882), José María Velasco Gomez (1840-1912), excellent paysagiste, Gonzalo Carrasco Espinosa (1859-1936), un jésuite qui peignit essentiellement des sujets religieux. Ou encore El Velorio, tel qu’on surnomme José María Jara (1866-1939). Ce dernier, un extraordinaire artiste mexicain pure souche, n’affirma pas davantage un style personnel, pourtant ce nocturne, d’un caravagisme très tardif certes, ne cesse d’imprimer ma rétine…
José María Jara, dit El Velorio
Orizaba, 1866-Morelia, 1939
La veillée funèbre
(huile sur toile, 1869)
« Le vendredi à sept heures du soir
tu es morte
en regardant vers la porte
et la lumière t’a inondée.
Depuis un cercueil en bois
arbre creux endormi
ton corps retournera
dans un drap blanc
à l’ombre fraîche de la terre. »
Mόnica Mansour
(poétesse mexicaine née en Argentine en 1946,
extrait de Lumière)
En revanche, il fallait bien ouvrir la fenêtre au modernisme et entrer, après s’être malgré tout imprégné des avant-gardes européennes (cubisme, fauvisme, futurisme), dans une pure mexicanité.
Lumière donc sur quelques autres de ces véritables précurseurs évoqués plus haut…
Teziutlán, 1824 – Mexico, 1884
Paysage
(huile sur toile ; musée insulaire de La Palma)
Aguascalientes, 1887-Mexico, 1918
La moisson
(huile sur toile, 1909)
Guadalajara, 1885-Mexico, 1968
Pêcheur de Majorque
(huile sur toile, 1915)
Durango, 1886-Mexico, 1946
Portrait de Pierre Bonnard
(huile sur toile, 1920)
Nous ferons juste allusion à Joaquín Clausell (1866-1935) et Alfredo Ramos Martínez (1871-1946), tous deux fortement marqués par la France et les impressionnistes. Plus important certainement fut le rôle joué par Germán Gedovius (1867-1937), déjà à l’avant-garde à sa manière, mais encore trop pénétré de culture européenne. Ou celui de Julio Ruelas (1870-1907), peintre symboliste et illustrateur, un Mexicain à Paris (il est enterré au cimetière du Montparnasse) que l’on peut voir comme un précurseur de Posada.
Par contre nous noterons surtout au passage le rôle particulier que joua la gravure, avec ce fort pouvoir de diffusion culturelle qu’elle exerce et d’influence qui en découle. Avec ces devanciers que furent Gabriel Vicente Gahona (1828-1899), dit Picheta, Manuel Manilla (1830-1895) et ses gravures de Calaveras*4, Santiago Hernández (1832-1908), autre créateur de Calaveras, et José Trinidad Pedroza (1837-1920). Et trois activistes qui se signalèrent notamment dans ce domaine, José Guadalupe Posada (1852-1913), Leopoldo Méndez (1902-1969) et Pablo O’Higgins (1904-1983), originaire des Etats-Unis, qui devint l’assistant de Diego Rivera avant de s’affirmer comme peintre et illustrateur.
Populaire Posada… Possédé par la gravure, pointe incisive, subversive, force de la caricature. Initié à la lithogravure par José Trinidad Pedroza, il prit son essor notamment grâce à sa collaboration avec l’éditeur et imprimeur Antonio Vánegas Arroyo (1850-1917) qui lui permit de propager son œuvre à grande échelle sur une multitude de supports, des feuilles volantes pour l’essentiel. Lui, que son travail rapproche de Goya, Daumier ou Dubout, finit sa vie démuni quoique toujours très crâne, ses os jetés à la fosse commune. Au Panteόn de Dolores.
En retour de flamme, outre ses milliers de gravures restées dans la mémoire populaire, il eût trois grands admirateurs, José Clemente Orozco (https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/jos-clemente-orozco-l...), Diego Rivera ( https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/diego-rivera-los-tres...), et Leopoldo Méndez, qui, à leur manière, poursuivirent son œuvre. On connait moins bel héritage.
Songe d’un dimanche après-midi à l’Alameda Central (détail, 1948)
Le petit garçon au parapluie, c’est Diego Rivera, il a dix ans il sait que ce n’est pas vrai mais il a le droit de rêver. Il est fier, il est grand, il porte élégamment le canotier. Derrière lui, protectrice, entre fantasme et possible équilibre, Soleil et Lune, yin et yang, Frida Kahlo. Il tient la main de La Cavalera Catrina, la Mort joyeuse, bras dessus, bras dessous avec son créateur, José Guadalupe Posada, chapeau melon et canne en main dans l’Alameda Central, le jardin public du centre historique de Mexico.
(Museo Mural Diego Rivera, photo captée sur le Net)
Aguascalientes, 1852-Mexico, 1913
Squelette des braves Ku Klux Klan
(typogravure, ca 1913)
Et Billie Holiday chantera en 1939
“ Southern trees bear a strange fruit
Blood on the leaves and blood at the root. ”
(« Les arbres du Sud portent un étrange fruit
Du sang sur les feuilles et du sang aux racines »)
sur une composition d’Abel Meeropol*5
De l’autre côté de la frontière,
là où la ségrégation sévissait,
avec son lot de lynchages.
Et enfin, l’art eût ses agitateurs d’idées… Tels le Docteur Atl (Gerardo Murillo, dit ; 1875-1964), Marius de Zayas (1880-1961), caricaturiste installé à New-York, promoteur notamment du cubisme et du futurisme, ou Ramόn Alva de la Canal, figure du stridentisme puis du trentetrentisme (le mouvement İ 30-30 !) :
Mexico, 1892-1985
Les collines de Guerrero
(huile sur toile, 1920)
Dans le mouvement furtif du trentetrentisme pointèrent, entre autres, Fernando Leal (1896-1964), Francisco Díaz de Leόn (1897-1975) ou Gabriel Fernández Ledesma (1900-1983), seconds couteaux au trait vif et incisif comme une balle de carabine İ 30–30 !
Beaucoup d’autres ensuite viendront, suiveurs, suivistes, stridentistes, contemporáneos… ou inclassables, tous dignes d’intérêt que nous découvrirons dans un prochain chapitre…
İ Adelante caballeros ! Tel Dom Quichotte en avant pour de nouvelles aventures !
Il y a encore de l’eau au moulin et des batailles à mener… Chargez !
(gravure de José Guadalupe Posada)
Michel Lansardière (texte et photos)
*1 Ricardo Eliécer Neftalí Reyes-Basoalto, alias Pablo Neruda (1904-1973). Le poète chilien chante en fait ici les louanges du général José Miguel Carrera Verdugo (1785-1821), héros de l’indépendance de son pays. Cette ode à la liberté, pour laquelle tous les deux sont morts, m’a semblé tout à fait adaptée au Mexique comme à Posada.
*2 Ou Chants d’orphelin (icnocuica) de Nezahualcόyotl (1402-1472), traduits du nahuatl par Georges Baudot (1935-2002). Des vers d’époque aztèque d’une poignante beauté.
*3 On pense que Zapata signa aussi un contrat avec la Mutual Film Corporation, mais moins charmeur que Villa, il ne devint pas un héros de « Western ». Des documentaires furent néanmoins réalisés. Zapata fut abattu lors d’un guet-apens le 10 avril 1919, Villa assassiné le 20 juillet 1923. De l’un comme de l’autre le cinéma en a fait ses choux gras.
Le président Madero fut lui aussi abattu, le 21 février 1913, en même temps que son vice-président, deux jours après son frère Gustavo.
*4 Calaveras : figures populaires représentant crânes et squelettes toujours très présentes lors de fêtes, carnavals et chez les graffeurs que nous découvrirons aussi au chapitre suivant. La Catrina en est le type, créé par Posada, moderne vanité virevoltant au rythme endiablé d’une danse macabre. El Día de muertos, jour de liesse populaire qui dure en fait du 31 octobre au 2 novembre, coïncidant ailleurs à Halloween, à la Toussaint et au Jour des défunts, est classé au patrimoine culturel de l’Unesco.
La Cavalera Catrina
Force dévastatrice, libératrice de la caricature.
En France à la même époque, on peut rapprocher les Calaveras des « Diableries », qui furent très en vogue dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Créées par Louis Alfred Habert (1824-1893) et Pierre Adolphe Hennetier (1828-1888), ces saynètes bouffonnes publiées sous forme de vues stéréoscopiques par Adolphe Block (1829-1903).
Mlle Satan en costume d’homme prône l’émancipation féminine
par la grève des crinolines.
*5 Abel Meeropol (1903-1986), auteur-compositeur, publia son poème Strange fruit en 1937 sous le pseudonyme de Lewis Allan, après avoir vu la photo du lynchage d’Abram Smith et de Thomas Shipp en 1930. Plus tard il adopta les enfants d’Ethel et Julius Rosenberg après leur exécution en 1953 dans la prison de Sing Sing pour espionnage au profit de l’URSS.