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Il était une fois Nicola - pas le saint - le compositeur italien contemporain, Nicola Campogrande  qui, ayant visité en l’an 2007 la Fondation Folon en Belgique, se prit à rêver de composer un  opéra  greffé sur  ses émotions picturales et le fabuleux chant des couleurs de Folon, prince du graphisme onirique.

 Un autre jour, ce fut L’Opéra de Liège qui contacta ledit musicien, et, 9 mois plus tard, le texte  italien de Piero Bodrato ayant été traduit en français par les soins de Maria Delogu,  l'opéra « #Folon »  était  prêt  pour un  baptême qui eut lieu un 2 mars 2018  à L’Opéra de Wallonie,  en avant-première d’une  belle série de représentations  dites « scolaires » ne laissant que …deux dates libres pour le public.

Le principe veut que les  enfants qui iront voir cet opéra participatif,  soient initiés en classe à chanter eux-mêmes des chansons  pour accompagner chœurs et solistes. Et malgré les notes très aiguës et les tempi fort rapides, cela marche!  Et quelle inoubliable aventure pour les enfants de la Maîtrise de l'Opéra!  Quelle expérience providentielle aussi pour un jeune chef d’orchestre de 28 ans, de pouvoir échanger et travailler avec un compositeur en vie… Nicola Campogrande.  Et de devenir créateur de musique en duo!

 Lors des « scolaires »  il s’est avéré qu’au lieu d’être captivés par leurs smartphones - mais les très jeunes en ont-ils déjà ? On espère que non -  les 800 têtes blondes, vouées aux plaisirs de la découverte, ont, dit-on,  été  happées par  l’environnement de rêve qu’est l’Opéra de Liège, ses dorures, ses lustres, mais surtout  par l'atmosphère magique de l'expérience.

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Les enfants  ont été séduits d'abord  par le bal des couleurs évoqué par la musique  créative du compositeur, miroitante et cascadante, portée par l’énergie de ses 1001 percussions et par la baguette habile du chef d’orchestre Ayrton Desimpelaere, Chef Assistant à La Direction Musicale au sein de l'ORW. Ils ont été fascinés  par la magie chorale des  enfants de la Maîtrise de l'Opéra orchestrée par Véronique Tollet et le talent des solistes lyriques dont la diction leur était suffisamment accessible. Ils ont adoré les merveilleuses graves de Roger Joakim, Monsieur Alphonse, gardien du musée, fascinés par  l’homme bleu incarné par le tendre Pierre Derhet et  par Julie Bailly  la « bestfriend » portant perruque …verte  de  jalousie. Les tout juste 6 ans ne peuvent pas lire les sous titres et ne sont pas portés sur les professeurs doctes et ronchons! Pauvre  Patrick Delcour! Orangine était interprétée par Natacha Kowalski.

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Ils ont été émerveillés par les décors créés par la fondation Folon pour l’opéra, auxquels répondaient  la valse de costumes et de perruques  presque fluorescents de Fernand Ruiz.  Ah les splendides chaussettes!  Pour Ayrton Desimpelaere, le défi était de  diriger  à la fois l’orchestre, les solistes lyriques et le chœur d’enfants en leur tournant le dos, à chaque fois qu’il  devait faire face au public pour le diriger et chanter avec lui.

Un vrai tour de force pour lui,  car aux  séances pour tout public, la « participation » a été moins active et le retour après le tomber du rideau moins délirant, mais cela tient sans doute à une  préparation moins approfondie et au mélange des âges. Les tout-petits (4-6-8 ans) ont sûrement  apprécié leur première exposition au monde lyrique, bien que l’histoire présentée les ait parfois dépassés.

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Sont-ils déjà sensibles aux « growing pains »  des  adolescents? On en doute un peu ! Mais l’interdit qui pèse sur l’utilisation de smartphones dans le musée, et les catastrophes qui peuvent en découler les ont  impressionnés.  Mais, si Folon avait été dans la salle, aurait-il joué au jeu des interdits, lui, l’homme libre comme l’oiseau? En revanche, le baiser  qui sauve, qui est celui d’une « princesse charmante »  et non celui d’un prince, a beaucoup plu! Idée intéressante que l’amour pour sortir du cadre, non?   Si les personnages n’offrent  qu’un minimum de complexité, la morale à tirer sur la surexposition aux écrans, était bien clairement exposée, et le selfie, totalement condamné!   En effet l’objectif de la production est de mettre en lumière et en musique, la banalité des échanges par moyens électroniques, versus l’incommensurable part de rêve qu’offrent les artistes.

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 Une histoire simple donc, pédagogique en diable, trop peut-être, car on se demande si  l’oeuvre n’aurait pas été vécue plus intensément s’il y avait eu une meilleure  pénétration dans l’œuvre même de Folon.  Telle qu’elle est construite, cette histoire pourrait se jouer avec n’importe quel autre artiste peintre…

On se prend à penser que Folon est plus une toile de fond que le fond de l’histoire.  Y aurait-t-il dans cet opéra une part manquante dans la mise en scène, signée Alexandre Tiereliers? The missing link ? On aurait aimé que l’artiste Jean-Michel Folon apparaisse à travers cet opéra avant tout  comme un passeur d'humanité, face à l’isolement urbain du monde moderne, un chantre de la beauté d’une nature bienveillante, un apôtre d’une totale liberté de penser et un adepte inconditionnel  du respect des droits de l’homme. Et bien sûr, par la nature  poétique de ses tableaux couleur d’arc en ciel,  un semeur de rêves qui vous donne la clef des champs oniriques et rêve  lui-même d’un monde sans frontières… Mais sans doute l’opéra conduira, on l’espère, les familles à rendre visite au sanctuaire onirique des couleurs, créé par l’artiste lui-même à quelques pas du Château de La Hulpe.  Finalement, l’opéra est-il  encore toujours en création?

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Néanmoins,  tous les enfants auront  eu l’occasion de saisir l’urgence d’une place de choix à réserver aux artistes dans une société, et leur rôle révélateur , un peu comme les  fées dans les plus belles histoires. Celles-ci leur révèlent la nature dont sont faits les rêves. Ainsi, le chef d'orchestre, qui indique une voie et invite à rentrer dans l'œuvre qu'il a mise en  musique, offrant  à chacun la possibilité de créer et de réentendre sa propre interprétation. Ainsi, Folon, qui  par son art, fait voir la transparence des choses.

Nouvelle production Opéra Royal de Wallonie-Liège en collaboration avec la Fondation Folon

http://www.operaliege.be/fr/activites/folon

#Folon se produira également au Palais des Beaux-Arts de Charleroi le mercredi 14 mars 2018 à 16h.

 

Crédit photos: © Lorraine Wauters / Opéra Royal de Wallonie

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Approche-toi du côté visible. Puis détache-toi.

 

Où est l’envers du décors,  ce qui est caché ?

 

Destin . toi qui, dans des nuits prolongées, t’affubles de ces couleurs.

 

Profondeurs sous-marines. Enracinements du passé et mélopées du futur.

 

Songeons à tenir le présent, entre voyelles et consonnes.

 

Glaciers, arbres et nuages. Les ciels apparaissent alors

 

au milieu des notes de musique. Inspire cet air qui t’attend dehors.

 

Une main amie t’es tendue par le milieu végétal.

 

La route est sous nos pas, parfois enneigée, parfois ensoleillée.

 

Le chemin sinueux passe à travers des enchevêtrements,

 

Serpente et propose ses embranchements.

 

Choisissons nos itinéraires. Croisons nos vies.

 

Julien Boulier    le 13 mars 2018

poème déposé Sacem code oeuvre 3435784711

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L'aveu

Doux ami,

Vous ai-je dit un jour, ami, que je vous aime?
C'était souvenez-vous, sous la pluie à Paris.
Vous sembliez ému et tellement surpris.
Quarante années de plus et cependant nous-mêmes.

C'était souvenez-vous, sous la pluie à Paris.
Après l'étonnement, votre joie fut extrême.
Quarante années de plus et cependant nous-mêmes.
Notre amour de la vie n'était pas amoindri.

Après l'étonnement, votre joie fut extrême.
Nous avions bavardé mais surtout beaucoup ri.
Notre amour de la vie n'était pas amoindri.
Je vous ai dit combien, de toujours je vous aime.

Nous avions bavardé mais surtout beaucoup ri.
Un hasard provoqué comme un défi suprême.
Je vous ai dit combien, de toujours je vous aime.
Nous marchions en chantant dans les rues de Paris.

23 janvier 2007

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La fin du monde

 

Pantoum

D'une explosion, un tonnerre
Emplit mon âme de terreur.
Dans une infernale fureur,
Je vis se morceler la terre.

Emplit mon âme de terreur
La rage de forces contraires.
Je vis se morceler la terre.
Douloureuse fut ma frayeur.

La rage de forces contraires
Créait des courants destructeurs.
Douloureuse fut ma frayeur.
Or certes ne pus rien y faire.

Créait des courants destructeurs,
Un intolérable mystère.
Or certes ne pus rien y faire.
Au point mort fut figé mon coeur

12 mars 2018

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administrateur théâtres


Ce « Double bill » comme on l’appelle à New-York, surnommé "CavPag"  par certains spécialistes,  est une nouvelle perle  au diadème du répertoire de la Monnaie. Il présente donc deux opéras  "Cavalleria rusticana" et "Pagliacci"  écrits par deux compositeurs italiens différents et  qui se connaissaient à peine mais dont la parenté littéraire est évidente.  Héritières de Verdi,  les deux  œuvres  qui traitent le même thème, se trouvent aujourd’hui liées pour l’éternité dans l’histoire de l’opéra et annoncent déjà Puccini.  Le drame en un acte de Verga « Cavalleria rusticana »,   a inspiré Mascagni et  a permis au souffle vériste de se propager dans le monde de l'art lyrique. La première de l'œuvre eut lieu à Rome en 1890 et  aété pendant deux décennies, la figure de proue de l'opéra italien. « Pagliacci » l’opéra en deux actes de Ruggero Leoncavallo, fut créé le 21 mai 1892 au Teatro Dal Verme à Milan.

A la fin du XIXe,  Pietro Mascagni et Ruggiero Leoncavallo sont les deux porte-étendards  du mouvement vériste qui se greffe sur  l'œuvre littéraire d'Émile Zola (1840-1902)  illustrant  par le nouveau genre de  ses romans réalistes,  la vie  précaire réservée aux couches modestes de la société et aux opprimés.  Ces  deux opéras véristes parlent un langage ordinaire, vivent  humblement par opposition aux figures sublimes qui peuplent les opéras italiens classiques  et mettent en scène des personnages de la vie de tous les jours, aux comportements peu  édifiant et aux réactions spontanées parfois très dévastatrices. En n’excluant pas la violence domestique…et le meurtre passionnel.

Cavalleria rusticana 

 Veristissimo bouleversant ! Tragique destin de deux tranches de vie dépeignant l’amour entre  simples gens du peuple qui,  hantés  par la jalousie,  ne voient comme issue, que la mort.   Mais avant cela, que d’intensité dans l’exposition des deux mélodrames aux contours hyper réalistes! 

Cavalleria rusticana

Créativité intense dans la recherche du sens : la mise en scène de Damiano Michieletto est très adroite  car elle réussit à imbriquer les deux œuvres l’une dans l’autre, en travaillant notamment  sur  des incursions des personnages d’un drame  vers l’autre.  On peut observer soit des signes annonciateurs,  soit des  flashbacks émouvants qui font référence à  l'histoire d'à côté…  En effet Silvio et Nedda apparaissent dans l’intermezzo de la première histoire, tandis que  Santuzza  se retrouve dans les bras de Mamma Lucia dans  la deuxième.  La force  destructive de la jalousie est le point commun des deux œuvres et la confusion entre réalité et fiction est clairement le pivot de «  Pagliacci ». Quant à la jalousie, n’est-elle pas  elle aussi le fruit toxique d’un imaginaire qui prend ses doutes et ses craintes pour de la réalité? Pour couronner le tout, le temps de Pâques et  de l’Assomption se font la révérence, abolissant le temps  et le délires humains, en un clin d’œil farceur…

Cavalleria rusticana

 Créativité intense dans la recherche de l’esthétique : le plateau tournant permet l’utilisation de différents lieux du drame, en variant la profondeur de l’approche, comme une caméra de cinéma italien des années 50. Les moments « d’entre-deux » où l’on peut contempler en même temps la scène qui s’éloigne et  la suivante qui  est en train de surgir  se parent d’émotion presque métaphysique,  car  le spectateur cesse brutalement  de  participer directement  au drame pour accéder à une approche omniscient de l’action.  Esthétiquement, les différents moments de chaque tableau pourraient  chacun constituer des  tableaux très plastiques de la vie simple des petites gens. Pour exemple ces images captant la vie qui palpite dans l’atelier de pâtisserie où la pâte  généreuse se pétrit, la farine vole et les fours s’allument   et celle qui frémit dans la loge de théâtre et dans la salle de spectacles de "Pagliacci".  Les décors, c’est du Hopper live ! ...On est comblé. De très beaux mouvements de foule contribuent aussi  à lisser  le dénominateur commun des deux actions et de fondre  les deux œuvres l’une dans l’autre. 

Cavalleria-Rusticana-400x215.jpg

Interprétation primordiale : Dans ce genre d’opéra, en dehors des couleurs totalement pittoresques portées par un orchestre sous la baguette narrative d' Evelino Pido, l’interprétation est primordiale et le défi de chanter, jouer et convaincre est pleinement réussi dans cette extraordinaire  production de la Monnaie.   Pour les voix, nous avons été bouleversés par Mamma Lucia, plus vraie que tout, d'une cuisante d’humanité, incarnée à la perfection par Elena Zilio. Chacune de ses paroles, chacun de ses gestes pèse un million  d’affects et de justesse de sentiments. La jeune excommuniée, Santuzza (Eva-Maria Westbroek) aux abois est en tout point plus vraie que nature…et surtout stupéfiante dans ses côtés sombres. Elle est très convaincante aussi  dans ses échanges désespérés avec Turridu (Teodor Ilincai)   qui brandit de  très beaux vibratos. Le ténor projette avec éclat le machisme made in Italy et une violence qui n’a rien de larvé.  L’immense Sylvio, symbole du pouvoir et de la frime est joué par un formidable Dimitri Platanias, baryton plein de panache qui s’alimente  au monstre aux yeux verts de Shakespeare, mais n’aura jamais l’occasion de regretter son geste.

Pagliacci

Dans "Pagliacci", franchement plus manichéen, on retrouve une  très habile mise en abîme de scènes naïves de la Passion rappelant le temps de Pâques,  -  anges y compris - …alors  que les pittoresques processions mariales du 15 août que l'on a pu admirer dans le premier opéra devraient battre leur plein devant la salle des fêtes où se jouera le drame à 23 heures… Le personnage de Canio (Carlo Ventre) très attendu  et brillant dans son « Recitar ! - Vesti la giubba », impressionne tandis que le jeune couple Nedda-Silvio, joue l’amour innocent,  léger et bucolique. On est  franchement gâtés par les duos  de Simona Mihai et de Gabriele NaniEt Tonio (Scott Hendricks) s’avère bien  lourd, harcelant et écœurant, après un prologue pourtant très  "matter-of-fact" ... mais cela, c’est sans doute la faute au vérisme!  

Pagliacci

https://www.lamonnaie.be/fr/program/427-cavalleria-rusticana-pagliacci

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La feuille, diras-tu, brillait sous la lumière.

 

Aujourd’hui, c’est la pluie qui répond.

 

Nulle floraison encore. Juste comme un rêve.

 

De l’aurore qui boit son visage. L’éclosion de la fleur.

 

Ton souffle avec toute la musique des mots.

 

Allons, continuons nos routes et nos découvertes.

 

La terre et ses giboulées. Toujours marchons.

 

Alors le soleil, l’océan, leurs forces et leurs coups de vent.

 

Appelons-les de nos vœux.

 

Nature, prépare tes couleurs, tes nuances et tes contrastes.

 

Voici le temps venu de récolter tes saveurs.

 

Julien Boulier   le 12 mars 2018

poème déposé Sacem code oeuvre 3435731111 

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ENVOL

12273271272?profile=originalPar la fenêtre de la Tour aux quatre vents

le drapé de pierre , soudain s'est envolé

comme une  âme  longtemps emprisonnée

AA    Arles  esquisse   Jacques Réattu Musée Réattu

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PEUT-ON?

Peut-on danser avec le temps

Et si oui, pour combien de temps?

Conserver cette lumière

Qui tient debout, nous garde fiers!

Peut-on penser sans se tromper

Qu'avec la vie on doit jouer

Et que tenir les yeux ouverts

Nous aide à trouver nos repères?

Quand de la nuit,  si bien tapies

Surgissent d'un coup les insomnies

Se réjouir de temps gagné

Pour qu'aboutissent nos pensées.

Jouir de l'instant immobile

Où tout devient bien plus subtil

Et puis rêver tout éveillé!

Peut-on ainsi vision gardé?

C'est un défi à la jeunesse

Pour qu'enfin le monde progresse...

J.G. 

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Un déterminisme agaçant

Mon cerveau me mène où il veut.
Il prend possession de mon être,
Ferme de mes yeux les fenêtres,
Me tient des propos ennuyeux.

Lors, demeure à sa merci
Mon âme aspirant au silence,
À l'harmonie, à la brillance.
De vérités n'a le souci.

Me trouve où règne le langage,
Prête l'oreille, or désolée,
N'entends de paroles ailées
Mais un maussade bavardage.

Au coeur de cet étrange état,
Je me sens être prisonnière.
Pour trouver une issue, j'y erre
Mais, hélas! n'en trouve pas.

9 mars 2018

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"Les grands-pères sont les maîtres, les véritables philosophes de tout être humain, ils ouvrent toujours en grand le rideau que les autres ferment continuellement. [...] Les grands-pères placent la tête de leur petit-fils là où il y a au moins quelque chose d'intéressant à voir, bien que ce ne soit pas toujours quelque chose d'élémentaire, et, par cette attention continuelle à l'essentiel qui leur est propre, ils nous affranchissent de la médiocrité désespérante dans laquelle, sans les grands-pères, indubitablement nous mourrions bientôt d'asphyxie."  (Thomas Bernhard, Un enfant, trad. Albert Kohn, p.26, Folio n° 2542)

En regardant ce film et en écoutant la voix de Prévert, je pense à mon grand-père paternel, gazé à Verdun, blessé aux Dardanelles, militant SFIO tendance Blum, qui a participé activement aux grèves de 36, qui a travaillé toute sa vie chez Citroën. Quand je pense à lui, je pense au tire d'un roman de Maurice Blanchot : "Le dernier homme".

On lui a généreusement octroyé une médaille du travail à la fin. Il n'avait jamais eu de quoi s' acheter son appartement (un deux pièces rue des Prouvaires au 5ème sans ascenseur).

Tout le monde s'en fout, mais pas moi. Je me souviens. Merci Monsieur Prévert !

Et maintenant, les ouvriers, les artisans, le petit peuple, on les chasse vers la banlieue. On appelle ça d'un joli nom bien prétentieux, bien niais, la "gentrification", comme tout le quartier des Halles et les anciens quartiers populaires qui faisaient le "brassage social" et tout le charme de Paris...

On les chasse, façon de parler. Pas de rafles, de déportations massives comme en 42. Non, tout se fait en douceur, avec l'argent, entre gens "raisonnables". Un beau jour, on fait ses comptes et on s'aperçoit qu'on n'a plus les moyens, surtout qu'entre temps les loyers ont monté et on cède l'appartement à un bobo de la nouvelle Gauche.

Et on ne comprend pas pourquoi je suis de l'ancienne et pourquoi j'ai fait Mai 68 dont on va fêter cette année le 50ème anniversaire. Quelle dérision ! Comme d'habitude Daniel Cohn Bendit, "l'european young leader",  va parler à la place des camarades suicidés...

Un "has been" qui n'a pas su y faire, alors que tout le monde  maintenant est "En Marche"... En marche vers quoi ? 

Nous étions au bord du gouffre, mais Dieu merci, nous sommes en marche et nous avons fait un grand pas en avant !

Fonds de pension, spéculation, profits, dette souveraine, surendettement des ménages, crise, austérité, chômage structurel, délocalisations, gouvernance européenne, réchauffement climatique, disparition des espèces animales... Mettons-nous bien ça dans la tête : "le capitalisme mondialisé est l'horizon indépassable de notre époque." 

La voix de Jacques Prévert a parlé en moi. Merci Monsieur Prévert !... Même si ça ne sert à rien, même si ça continue comme avant, même si, comme dit le Prince Salina dans Le Guépard, "pour que rien ne change, il faut que tout ait l'air de changer".

Et tant pis si tout le monde s'en fout !

  

En mémoire de ce qui fut…

La machine à coudre Singer, les clafoutis aux cerises de ma grand-mère, les bouquets de violettes, les poinçonneuses du métro, les marrons brûlants dans les cornets de papier journal, les bouchers couverts de sang, les hirondelles à bicyclette : pèlerines bleues et bâtons blancs… Le chien qui fume, le chat Lucifer qui n’était pas gentil, mais que j’aimais bien quand même, les enfants de Montmartre, l’odeur des vieux escaliers, la plainte de l’accordéon, les chansons d’Edith Piaf, les clowns du cirque d’Hiver, le Guignol du jardin du Luxembourg, les bateaux de la fontaine des Tuileries, les chevaux de bois du manège, les apéritifs Dubonnet, les Tractions Citroën, les autobus à pont, Notre-Dame de Paris…

Rue des Halles, rue des Lavandières-Sainte-Opportune, rue de la Ferronnerie, rue Saint-Honoré, rue de la Lingerie, rue de la Poterie, rue des Bourdonnais, rue au Lard, rue Pierre-Lescot, rue Vauvilliers, rue Montorgueil, rue Rambuteau, rue de la Réale, rue Pirouette, rue Mondétour, rue de la Parcheminerie, rue de la Grande-Truanderie...

Sur les bords de la Seine, le long des échoppes ombragées des bouquinistes, sous la vieille horloge de Saint-Germain l’Auxerrois, sous les arcades de la rue de Rivoli, dans la cour mal pavé des rois, dans le frais silence de Saint-Eustache où repose la mère de Mozart, sous les poutrelles des halles de Baltard, parmi les cris joyeux des marchands de légumes, rue Berger, rue du Roule, rue des Prouvaires…Sur le vieux Pont-Neuf où Molière enfants découvrit la commedia dell’arte.

Et derrière les façades obscures, toutes les joies et tous les malheurs du monde.

J’ai dix ans, je me promène avec mon grand-père dans le Paris d’autrefois. Il me tient par la main.

Je me souviens et je voudrais casser les portes de la mort.

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Jacques Prévert, Le capitalisme en 1933

https://youtu.be/d97sfLW9tBk

"Les grands-pères sont les maîtres, les véritables philosophes de tout être humain, ils ouvrent toujours en grand le rideau que les autres ferment continuellement. [...] Les grands-pères placent la tête de leur petit-fils là où il y a au moins quelque chose d'intéressant à voir, bien que ce ne soit pas toujours quelque chose d'élémentaire, et, par cette attention continuelle à l'essentiel qui leur est propre, ils nous affranchissent de la médiocrité désespérante dans laquelle, sans les grands-pères, indubitablement nous mourrions bientôt d'asphyxie."  (Thomas Bernhard, Un enfant, trad. Albert Kohn, p.26, Folio n° 2542)

En regardant ce film et en écoutant la voix de Prévert, je pense à mon grand-père paternel, gazé à Verdun, blessé aux Dardanelles, militant SFIO tendance Blum, qui a participé activement aux grèves de 36, qui a travaillé toute sa vie chez Citroën. Quand je pense à lui, je pense au tire d'un roman de Maurice Blanchot : "Le dernier homme".

On lui a généreusement octroyé une médaille du travail à la fin. Il n'avait jamais eu de quoi s' acheter son appartement (un deux pièces rue des Prouvaires au 5ème sans ascenseur).

Tout le monde s'en fout, mais pas moi. Je me souviens. Merci Monsieur Prévert !

Et maintenant, les ouvriers, les artisans, le petit peuple, on les chasse vers la banlieue. On appelle ça d'un joli nom bien prétentieux, bien niais, la "gentrification", comme tout le quartier des Halles et les anciens quartiers populaires qui faisaient le "brassage social" et tout le charme de Paris...

On les chasse, façon de parler. Pas de rafles, de déportations massives comme en 42. Non, tout se fait en douceur, avec l'argent, entre gens "raisonnables". Un beau jour, on fait ses comptes et on s'aperçoit qu'on n'a plus les moyens, surtout qu'entre temps les loyers ont monté et on cède l'appartement à un bobo de la nouvelle Gauche.

Et on ne comprend pas pourquoi je suis de l'ancienne et pourquoi j'ai fait Mai 68 dont on va fêter cette année le 50ème anniversaire. Quelle dérision ! Comme d'habitude Daniel Cohn Bendit, "l'european young leader",  va parler à la place des camarades suicidés...

Un "has been" qui n'a pas su y faire, alors que tout le monde  maintenant est "En Marche"... En marche vers quoi ? 

Nous étions au bord du gouffre, mais Dieu merci, nous sommes en marche et nous avons fait un grand pas en avant !

Fonds de pension, spéculation, profits, dette souveraine, surendettement des ménages, crise, austérité, chômage structurel, délocalisations, gouvernance européenne, réchauffement climatique, disparition des espèces animales... Mettons-nous bien ça dans la tête : "le capitalisme mondialisé est l'horizon indépassable de notre époque." 

La voix de Jacques Prévert a parlé en moi. Merci Monsieur Prévert !... Même si ça ne sert à rien, même si ça continue comme avant, même si, comme dit le Prince Salina dans Le Guépard, "pour que rien ne change, il faut que tout ait l'air de changer".

Et tant pis si tout le monde s'en fout !

  

En mémoire de ce qui fut…

La machine à coudre Singer, les clafoutis aux cerises de ma grand-mère, les bouquets de violettes, les poinçonneuses du métro, les marrons brûlants dans les cornets de papier journal, les bouchers couverts de sang, les hirondelles à bicyclette : pèlerines bleues et bâtons blancs… Le chien qui fume, le chat Lucifer qui n’était pas gentil, mais que j’aimais bien quand même, les enfants de Montmartre, l’odeur des vieux escaliers, la plainte de l’accordéon, les chansons d’Edith Piaf, les clowns du cirque d’Hiver, le Guignol du jardin du Luxembourg, les bateaux de la fontaine des Tuileries, les chevaux de bois du manège, les apéritifs Dubonnet, les Tractions Citroën, les autobus à pont, Notre-Dame de Paris…

Rue des Halles, rue des Lavandières-Sainte-Opportune, rue de la Ferronnerie, rue Saint-Honoré, rue de la Lingerie, rue de la Poterie, rue des Bourdonnais, rue au Lard, rue Pierre-Lescot, rue Vauvilliers, rue Montorgueil, rue Rambuteau, rue de la Réale, rue Pirouette, rue Mondétour, rue de la Parcheminerie, rue de la Grande-Truanderie...

Sur les bords de la Seine, le long des échoppes ombragées des bouquinistes, sous la vieille horloge de Saint-Germain l’Auxerrois, sous les arcades de la rue de Rivoli, dans la cour mal pavé des rois, dans le frais silence de Saint-Eustache où repose la mère de Mozart, sous les poutrelles des halles de Baltard, parmi les cris joyeux des marchands de légumes, rue Berger, rue du Roule, rue des Prouvaires…Sur le vieux Pont-Neuf où Molière enfants découvrit la commedia dell’arte.

Et derrière les façades obscures, toutes les joies et tous les malheurs du monde.

J’ai dix ans, je me promène avec mon grand-père dans le Paris d’autrefois. Il me tient par la main.

Je me souviens et je voudrais casser les portes de la mort.

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L'énergie conservatoire


Songerie

L'existence des gens vieillis
Leur conserve des avantages,
Ne dépendant pas de leur âge
Mais certes de leur énergie.

Celle-ci provient des courants
Qui circulent dans la nature.
Jamais constante ne perdure,
Or pénètre tous les vivants.

Du fait de son intensité,
Elle peut rester stimulante,
Ou, devenue insuffisante,
Contraindre à l'inactivité.

Si le temps l'a trop affaiblie,
Elle n'est que conservatoire,
N'ajoute rien à la mémoire.
La vie persiste au ralenti.

8 mars 2018

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À monsieur Robert Paul

Conduite au temple des poètes,
Conviée à les célébrer,
Je m'étais certes préparée
À une somptueuse fête.

Ce lieu, qui m'est familier,
Ne semble pas toujours le même.
J'y retrouve tous ceux que j'aime,
Leur serai à jamais liée.

Ce jour surgit dans la brillance
Un inconnu plein de ferveur.
Je ressentis un coup de coeur
Fascinée par son élégance.

Quatre qui pleurent, quatre qui rient,
D'une structure harmonieuse,
Huit chansons sages, délicieuses.

Mise en gaieté, j'ai applaudi.

7 mars 2018

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DU CIEL INTERIEUR A LA CHAISE HUMAINE : L’ŒUVRE DE NEGIN DANESHVAR-MALEVERGNE

Du 01-02 au 25-02-18, l’ESPACE ART GALLERY (Rue Lesbroussart 35, 1050 Bruxelles) propose une exposition divisée en deux thématiques, consacrée à la photographe française, Madame NEGIN DANESHVAR-MALEVERGNE, intitulée : LES CIELS INTERIEURS et LA THEORIE DE LA CHAISE,  laquelle s’avère être une réflexion complexe sur la condition humaine.

Illustrer une humanité prise dans ses propres problématiques par le biais de la photographie. Voilà une tâche considérable! Surtout si l’on limite la photographie au reportage d’actualité montrant souvent une humanité en guerre, s’entredéchirant dans la tragédie quotidienne. L’optique abordée par cette exposition nous montre une vision de la tragédie totalement différente.

Comme le titre l’indique (LES CIELS INTERIEURS), il s’agit de l’extériorisation des ciels appartenant essentiellement au for intérieur de l’artiste, lesquels prennent leur source dans l’humanité pour s’y réfléchir. Ces ciels sont ceux de l’Homme Elémentaire aux prises avec l’essence même de sa condition. Cette condition est savamment soulignée par une esthétique oscillant entre cinétisme et surréalisme.

Ces œuvres, s’il fallait les analyser d’un point de vue cinématographique, seraient des « fondus enchaînés avec double (voire multiples) exposition ». A’ un point tel que plusieurs plans se superposent, comme pris à travers un prisme posé sur l’objectif de la caméra. L’élément surréaliste apparaît dans les vues du ciel, d’un bleu « Magritte » parsemé de nuages lourds. Au fur et à mesure que le regard se rapproche de la composition, le visiteur se rend compte qu’il n’y a pas de « centre » à proprement parler. Car tout est, pour ainsi dire, « barré » par d’autres plans : en réalité, un plan barre l’autre dans une transparence englobant toutes les données pour aboutir vers une complexité sémantique faisant œuvre de totalité. Le jeu sur les nuages est une constante de l’artiste, au point de provoquer des aperceptions. Mêlé à un océan de cumulus, une forme étrange émerge lentement au regard. Une forme, à première vue, indéfinissable que l’on pourrait aisément prendre pour les plis d’une robe.

En réalité, l’artiste a incorporé les plis d’un drap blanc, ajoutant une part de mystère à ce magma nuageux. (LES CIELS INTERIEURS-n°1-80 x113-argentique sur papier RC satiné)

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Ces compositions acquièrent leur force plastique en superposant, en outre, cadre sur cadre, dans une même transparence. Cette superposition confère à l’œuvre, non seulement une dimension de nature cubiste, combinée à cet univers diaphane se perpétuant encore plus lorsque tout se joue sur un arrière-plan d’un noir absolu. Mais encore il renoue, plastiquement, avec une technique usitée dans les trente premières années du siècle dernier, à savoir le « collage ». Superposés en fondus enchaînés avec multiples expositions, le drap blanc (évoqué plus haut) se confond avec le blanc des nuages, eux-mêmes occultés par l’image fantomatique d’une façade présentée en diagonale dans toute sa force. Cette façade est, selon l’artiste, une image de la modernité devant servir d’équilibre tant au point de vue humain que politique et économique mais le fait qu’elle soit floue fait que le visiteur reste dans l’incertitude du devenir humain. La conception plastique de l’espace composé de figures géométriques à l’intérieur d’une multitude de cadres superposés, traversés par une série de stries a pour effet de « soutenir » la composition par des « échafaudages », renforçant précisément cette nature à la fois diaphane et cubiste évoquée plus haut. Néanmoins, rapportés à la mythologie personnelle de l’artiste, ces stries (des câbles à haute tension) barrant le ciel représentent les obstacles que nous impose l’existence et qu’il faut dépasser. L’artiste nous avoue qu’à la vue d’un ciel bleu barré par ces câbles, l’idée d’intituler cette thématique CIELS ENCHAINES lui a traversé l’esprit. D’une image, elle n’attend aucun émerveillement mais bien le besoin impératif de la concevoir, en la réinterprétant tant dans la forme que dans le sens.

A côté de cet ensemble enlevé par un surréalisme vital, se dessine également une voie essentiellement cinétique. Il s’agit d’un cinétisme renouant à la fois avec les effets lumineux produits par l’aventure expérimentale cinématographique du cinéma muet ainsi que des constructions géométriques à la Vasarely. 

(LES CIELS INTERIEURS n°7-80 x 110 cm-argentique sur papier satiné)

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Le cadre engendre le cadre : à partir de la base s’élèvent quatre cadres.

La base (elle-même servant d’arrière-plan à la totalité de la composition) est irradiée par le premier effet lumineux.

Un second cadre, entre l’intérieur d’un autre cadre intermédiaire portraiturant un ciel gris, prend son essor, dans lequel un deuxième effet lumineux apparaît. Un troisième cadre montrant un ciel orageux laisse deviner le soleil. Enfin, le ciel gris pluvieux servant de quatrième cadre, comprenant les deux autres, termine la composition. Ce dernier cadre est strié de droites, en diagonale. Les sources lumineuses irradiant l’arrière-plan d’un noir intense, rappellent les jeux de lumière réalisés par le cinéma expérimental des années ’20, tant par l’intensité lumineuse que par la forme des faisceaux de lumière déployés dans l’espace de l’image.

Comme nous l’avons indiqué plus haut, à côté de ce cinétisme cinématographique primitif, figure également des références manifestes avec le cinétisme essentiellement géométrique à la Vasarely. (LES CIELS INTERIEURS n°8-80 x 110 cm- argentique sur papier satiné).

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Dans cette œuvre, géométrie et cinétisme se superposent. Et, pour la première fois (dans le cadre de cette première thématique) l’artiste s’accorde la liberté de jouer avec les couleurs. Des couleurs vives, de surcroit, telles que le rouge (en dégradés), rappelant à la fois par le chromatisme ainsi que par la structure de la forme, la calligraphie cinétique de Vasarely.   

Avec cette artiste, peinture et photographie se confondent. Le socle de l’œuvre est incontestablement la photographie. Néanmoins, des traits à la fois fins et épais, comme chargés de matière, viennent strier la composition. (LES CIELS INTERIEURS n°3-80 x 110 cm-argentique sur papier satiné)

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Le ciel, envisagé en contre-plongée, est pris de telle façon qu’il se présente comme cadré en plan. Le ciel est face à nous et non au-dessus de nous. Le visiteur est confronté à une vision frontale de l’Ether. Il ne se sent pas dominé par ce dernier. Dans l’Histoire de l’Art, et ce à la suite des diverses mythologies, le ciel est avant tout la demeure du divin. Non seulement le ciel nous domine mais il nous observe et nous juge. Ici, nous ressentons l’emprise directe de l’artiste sur l’élément ouranien. Si la terre est invisible, cela ne signifie aucunement qu’elle n’existe pas, car cet espace bleu, tant et tant de fois traité, symbolise l’Etre dans toute sa perfectibilité. Ces traits striant la surface, évoqués plus haut représentant les obstacles existentiels à franchir, en sont la preuve.  

Abordons, à présent, la deuxième thématique de cette exposition, à savoir LA THEORIE DE LA CHAISE.

Même si, d’un point de vue plastique, les œuvres sont d’une autre nature, la philosophie de cette seconde thématique rejoint la première dans sa dialectique.

Cette thématique est animée par la notion de la déconstruction ou si l’on veut, de la construction déconstruite.

De l’ensemble vivant déstructuré tombant en ruines, la chaise acquiert ici une dimension anthropologique mise en exergue par l’élément psychanalytique : la chaise humaine se démultiplie, se dédouble, s’atomise, se dissout en s’anéantissant dans un chromatisme terne : (LA THEORIE DE LA CHAISE n°7-40 x 60 cm-argentique sur papier satiné).

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Remarquons, d’emblée, l’importance de la position « debout » de la majorité des « personnages » (car la chaise revêt ici la dimension, spirituelle et physique, de l’Homme). Même en perte d’équilibre, la chaise se dresse tel un bouclier de Résistance. A l’instar de cette composition, la chaise bouge debout, presque sur une corde raide, dans un chromatisme symbolisant sa propre détresse tout en affirmant sa volonté de résister. Cette théorie dont l’humanisation de la chaise se veut l’exemple, se révèle être un discours sur la philosophie de l’image. Sur sa surconsommation sans esprit critique de la part de ceux qui la reçoivent, les aliénant de leur intelligence innée. Résister à cela, à notre époque hyper médiatisée et à tous les dangers qu’elle comporte (vitesse de la réception du produit iconique, violence de ses propos…), permettra à l’esprit humain de rester debout.

Néanmoins, l’œuvre ne se cantonne pas dans une tristesse chromatique, elle se dynamise également dans des couleurs fauves, appuyant ainsi ce jeu de construction-déconstruction cubique, à l’instar d’un Braque (LA THEORIE DE LA CHAISE n°8-40 x 60 cm-argentique sur papier satiné)

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Cette chaise est l’image d’une humanité vulnérable qui s’est perdue et se (re)cherche dans chacun des fragments qui se disloquent de son corps. 

Ce qui témoigne de l’implication de l’artiste dans l’héritage ainsi que dans l’évolution de l’histoire de l’Art consiste dans le fait que le visiteur est pris à témoin de l’abolition de la frontière visuelle entre la plastique du tableau et le relief de la photographie dans la construction d’une œuvre « totale ».  

L’écriture demeure la même : le cadre engendre le cadre, reprenant chaque élément de la chaise en tant que donnée objective, par toute une série d’attributs « physiques » la composant (tels que le dossier démultiplié) (LA THEORIE DE LA CHAISE n° 2 et 3-40 x 60 cm-argentique sur papier satiné).

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Mais, à y regarder de près, construction, déconstruction ne sont-elles pas, en dernière analyse, l’amorce d’un même acte? Un acte que l’artiste applique à la modernité comme un appel, voire une stimulation à faire triompher l’humain, pris comme une dynamique évolutive devant passer par tous les stades pour se retrouver. Néanmoins, même si cela s’accorde à une esthétique contemporaine, cette démarche appartient, en définitive, à tous les siècles. Car si l’Homme a un destin, c’est précisément celui de se renouveler.

Et se renouveler sous-entend se déconstruire pour se ressouder à nouveau, riche d’expériences vécues. Le traitement que l’artiste apporte à l’œuvre efface définitivement toute différence entre la photographie et la peinture. Les notions de « paysage » et de « portrait » demeurent présentes. Le paysage se révèle à travers l’univers surréaliste de l’artiste, symbolisant ses diverses facettes oniriques. Le portrait se distingue par la mise en exergue d’une série d’états d’âme.

L’art numérique s’est, depuis maintenant des années, extrêmement bien implanté dans la sphère des techniques artistiques.

Par le passé, il se cherchait en ayant tendance à aborder des sujets figuratifs réfléchissant, notamment, son intérêt pour la science fiction, le cinétisme ou le conceptuel.

Avec cette artiste, nous entrons de plein pied dans la réflexion humaniste, entreprise comme exploration d’un intime prenant sa force aux sources mêmes du questionnement. De ce point de vue, elle donne à l’art numérique ses lettres de noblesse. Car c’est grâce à des personnalités comme la sienne que cette forme artistique atteint des sommets d’expression. Encore étudiante, elle superposait des diapositives pour arriver à un résultat sans comparaison aucune avec ce qu’elle réalise aujourd’hui. Déjà en gestation, l’idée s’est pleinement concrétisée avec l’arrivée du numérique. Et pourtant (est-ce conscient ou non?) il y a un héritage artistique dans ce qu’elle crée, tel que les collages du début du 20ème siècle, l’association au cubisme de Braque ou les effets lumineux du cinéma muet expérimental, évoqués plus haut.

L’artiste a obtenu un Doctorat d’Etat * ès Lettres et Sciences Humaines à la Sorbonne. Elle a enseigné la Littérature comparée et francophone jusqu’en Master à l’Université de Cergy Pontoise tout en se dirigeant vers la recherche et la photographie qu’elle considère comme consubstantielles à son parcours créateur.

En parlant du numérique, il est  intéressant de constater que cette branche des arts plastiques ne se contente pas d’une appellation aussi simple que « numérisme » à l’instar du « cubisme » ou du « fauvisme ». Il est constamment précédé du mot « art » comme pour appuyer ses potentialités créatrices.

Sans doute a-t-on voulu attribuer au mot « numérique » une dimension ostensiblement technologique à l’heure où l’informatique trône dans presque tous les domaines. Néanmoins, même si cela était le cas, c’est oublier un peu trop vite que le mot « art » vient du latin « ars » lequel provient intellectuellement du grec « technè » (technique). Il n’y a pas d’art sans technique. Le fait de faire précéder le mot « numérique » par « art » est un pléonasme. L’artiste ne sculpte pas, ne joue pas du pinceau. Elle joue de l’ « ordinateur ». Ce mot, créé en 1955 par le philologue Jacques Perret, renoue avec la phraséologie biblique présentant Dieu mettant de l’ordre dans le Monde, à l’instar de l’artiste mettant de l’ordre et de l’équilibre dans l’image qu’elle conçoit après l’avoir reçue. L’émergence du cadre engendrant le cadre, structurant la première thématique, correspond d’ailleurs à une confusion volontaire entre présent, passé et futur que le visiteur reçoit dans l’immédiateté du contact provoqué par l’œuvre.

L’art, en l’occurrence, numérique se veut avant tout une aventure expérimentale mettant en exergue le but de se démarquer des sentiers battus.  Car il n’a jamais été question, du moins pour l’artiste, de noyer une technique des arts plastiques dans le bourbier de la technologie.

L’humanité intense qu’exhale l’œuvre de NEGIN DANESHVAR-MALEVERGNE nous en confère la preuve absolue.  

François L. Speranza.

* N.D.L.R:

Doctorat d’Etat ès Lettres (définition)
Le Doctorat d’Etat est l’héritier du doctorat institué par Napoléon qui conférait le plus
haut grade universitaire destiné à accéder aux postes de Chercheur, de Maître de
conférences ou Professeur à l’Université. Il correspondait à un très long travail
approfondi de recherche sur des sujets rares ou peu documentés. N’ayant aucune
correspondance internationale, il disparaît en France vers la fin du 20 e siècle par souci
d’homogénéisation et correspond actuellement à l’Habilitation à Diriger des Recherches
universitaires du niveau Doctorat.
 Communiqué par Philippe Malevergne

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Une publication
Arts
 
12272797098?profile=originalLettres

N.-B.: Ce billet est publié à l'initiative exclusive de Robert Paul, fondateur et administrateur général d'Arts et Lettres. Il ne peut être reproduit qu'avec son expresse autorisation, toujours accordée gratuitement. Mentionner le lien d'origine de l'article est expressément requis.

Robert Paul, éditeur responsable


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                                       Signature de l'artiste - Negin Daneshvar-Malevergne    

A voir:

Focus sur les précieux billets d'Art de François Speranza

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L'artiste et François Speranza: interview et prise de notes sur le déjà réputé carnet de notes Moleskine du critique d'art dans la tradition des avant-gardes artistiques et littéraires au cours des deux derniers siècles
R. P.

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administrateur théâtres

LE ROI PERCHE est  un drame historique en 3 actes,  librement inspiré de la vie de Louis II de Bavière écrit par Olivier Schmidt12273280080?profile=original

Les PERSONNAGES: 

LUDWIG

Connu sous le nom de Louis II de Bavière

RICHARD WAGNER

Compositeur

ELISABETH « SISSI »

Impératrice d’Autriche

SOPHIE CHARLOTTE DE BAVIERE

Première épouse de Ludwig

RICHARD HORNIG

Ecuyer et amant de Ludwig

BERNHARD VON GUDDEN

Psychiatre

MARIE DE HOZENZOLLERN

Mère de Ludwig

OTTO

Frère de Ludwig

Et LES AMANTS DE LUDWIG ,  Page… Ecuyer…

 

 

                                                                              « Ludwig » :

                                    Spectacle éligible aux P'tits Molières 2018  joué à la Clarencière

                                                   Les vendredi 2 et samedi 3 mars 2018 à 20h30

                                         Ecriture et mise en scène de Olivier Schmidt
                                                                                 Sur une idée originale de Kevin Maille 
                                  Par : Julien Hammer, Rafael Vanister, Charlotte Moineau, Olivier Schmidt et Séverine Wolff

 

 Regarder: 

12273280680?profile=originalUn fils rebelle à l’emprise  d’une mère castratrice ? Un homme faible et enfermé dans ses chimères? Un jeune homme lunaire, exalté et romantique dont on contrarie les pulsions « malsaines » vis-à-vis de ses nombreux écuyers  et que l’on veut faire épouser par une cousine, …à effet thérapeutique ?   Louis Il de Bavière fut  surnommé le roi perché pour le nombre de ses châteaux fantastiques exaltant l'éthique de la chevalerie médiévale et le génie de la France du Grand Siècle. Inspiré par les travaux de Violette le Duc, Louis II  fit construire de  superbes châteaux de style  romantique flamboyant dont  le plus célèbre est le Neuschwanstein.  Il  sauva de la faillite Richard Wagner,  avec qui il éprouvait en plus de l’admiration sans bornes,  une attirance sexuelle non déguisée, mais à sens unique, selon ce que nous raconte Olivier Schmidt, l’écrivain et le metteur en scène. Victime de son homosexualité le révulsait et défrayait la chronique.  Mécène du musicien visionnaire, il dépensa des sommes démesurées pour lui, finançant, contre l’avis du conseil d’état, la construction du Palais des festivals de Bayreuth. Il imposa  l’œuvre  de Wagner mais fut  finalement contraint de l’exiler en raison de son comportement totalement intéressé. Il fut  aussi l'étrange confident et protégé de sa belle cousine, la célèbre Sissi, impératrice d'Autriche et reine de Hongrie, la seule qui échappa à sa solitude, sa misanthropie et sa  misogynie chroniques.  Il guerroya néanmoins  pour défendre l'identité de son royaume,  au sein de  l'Empire allemand. Accablé par l'effondrement français en 1870, il se réfugia dans ses montagnes, construisant ses fascinants palais  de légendes et s'isolant dans un monde que personne ne pourrait atteindre ni détruire… Comme le héros wagnérien, Tannhäuser, Louis II  était à la recherche de l'impossible rédemption. Destitué pour " aliénation mentale » et enfermé au château de Berg, il trouva la mort, à l'âge de quarante et un ans, dans le lac de Starnberg dans des circonstances énigmatiques. Accident? Suicide? Assassinat?12273281265?profile=original

Ecouter:

Sur le plateau tourbillonnent seulement cinq comédiens, que l’on croirait  bien plus nombreux, tant le rythme des entrées et des sorties et des jeux de miroir de l’histoire est intense. Ils  jouent une bonne dizaine de personnages historiques… les costumes  uniquement noir et blanc au début sont rutilants, le charme des deux comédiennes, une souvenir de Romy Schneider.   Et tous  sont   taillés dans la beauté, sombre, sauvage,  lisse ou élastique d’êtres en pleine exaltation. Ils projettent  leurs  répliques à la diction parfaite  avec une splendide justesse de ton: Julien Hammer, Rafael Vanister, Charlotte Moineau, Séverine Wolff, Olivier Schmidt  manient la palette théâtrale des mouvements  avec une aisance tout aussi parfaite, malgré … ou à cause peut-être de l’exiguïté des lieux. La mise en scène se doit d’être millimétrée. On a droit à un concentré  de pureté d’expression comme si le jeu théâtral devenait l’objet d’une mystérieuse alchimie. Le texte, écrit  un peu à la  manière de Jean Teulé  est bourré de vivacité, de surprises,  de belles phrases bien balancées ; on tombe très rapidement  amoureux, non des pulsions avérées du roi « fou » mais de cette langue belle et rythmée qui fouille les tréfonds de l’âme, et de la construction de l'intrigue tendue  et en forme de  crescendo infernal et inéluctable.12273281684?profile=original

 

Méditer:

Les thèmes développés nous concernent et nous touchent au plus près, qu’il s’agisse de l'intégrité de la personne, de liberté, de tolérance et de respect de l’autre pour un être « borderline »  comme l’était Louis II de Bavière  ou  qu'il s'agisse de la quête du bonheur versus les contraintes d’une société avide de formatage, ... Et de la Mort, bien sûr. En un mot : c’est émouvant et  brillant, à tout point de vue!

apprécier:  

https://www.theatrelacroiseedeschemins.com/ludwig

 

 

voyager: 

http://www.liberation.fr/voyages/2014/08/01/louis-ii-le-roi-perche_1074218

http://programme-tv.nouvelobs.com/magazine/secrets-d-histoire-s4185/louis-ii-de-baviere-le-roi-perche-1238004/

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Adieu la vie sauvage ! ( 10 )

                                                                   Adieu les arbres et ce petit chateau aux allures de palais enfantin, là où rien n’a encore pollué l’air frais des saisons. Tout était beau et respirait le bonheur même si les premières rencontres avec la réalité des autres ont été difficiles, y revenir à chaque fin de journée fut un baume apaisant. Plus tard cette façon de vivre ne m’a jamais quitté : le feu le jour et la paix profonde, calme, régénératrice le soir. Les premières années de notre vie nous marquent à jamais et nous suivent comme des ombres tenaces. Adieu donc paradis de mon enfance, je ne t’oublierai jamais. J’entendrai toujours tes piaillements, tes bruits de charrue quand arrive le printemps et la neige l’hiver sur l’étendue déserte des champs faisant penser à des mondes inexplorés, tes chênes gigantesques que j’avais appris à gravir et qui me faisaient découvrir le village au loin comme un monde hostile au bonheur.

                                                                                          *

                                                                   Mes parents poursuivaient l’aventure sans l’électricité et l’eau courante et pour mieux bercer mes rêves la proximité presque à bras tendu d’une ligne de chemin de fer ! Ce fut donc l’éclairage à la bougie et l’eau au puits laquelle était d’une fraîcheur et d’une limpidité sans nulle autre pareille. Le train de marchandises faisait ses aller-retours incessants faisant trembler la maison à chaque passage. C’était comme un rituel devenu nécessaire. A 10h le soir, de mon lit, je voyais le fanion rouge du dernier wagon qui annonçait le dernier train et le dernier tremblement. Je pouvais alors me glisser sous la couverture avec le transistor, magique irruption du progrès, entrer dans le monde de la radio avec ses animateurs, puis découvrir ce que je n'avais jamais entendu : la musique . 
                                                                   
                                                                                          *                        
                                                                      Je m’éveillais au modernisme et déjà les réclames pour le ” génie sans bouillir ” , le cassoulet “william saurin “, le banania ou les cures à Evian vagabondaient dans ma tête la nuit. C’était un nouveau refuge tout aussi extraordinaire de par la force de la découverte, un monde tout aussi irréel où la chicorée Leroux, la quintonine et la boldoflorine allaient bercer mes soirées dès la fin du dernier wagon. C’était une révolution que ce poste à transistor, il remplaçait cette lourde machine aux nombreuses lampes grésillantes qu’était la radio d’après guerre, logée dans une boîte en bois et où de multiples stations du bout du monde nous faisaient craindre de mauvaises nouvelles . Cette radio de bois je ne l’ai connue que plus tard car elle fonctionnait à l’électricité et est devenue comme tout les vestiges objet de collection chez les antiquaires. Le transistor, lui, allait partout, au jardin, à l’atelier, à la cuisine, au lit. Nous étions ainsi poursuivi par la réclame partout et presque tout le temps car il fonctionnait tout le temps ! 
                                                                   
                                                                                          *
                                                                           
                                                                        A force d’entendre toutes ces réclames, il devint normal de vouloir se les procurer. Le désir de consommer était né et comme tout désir il fallait l’assouvir. Un nouveau baume à souffrances était né : la publicité. Une page était tournée, celle de la vie sauvage, une autre s’ouvrait : celle des achats pour la plupart inutiles. Bizarrement, alors que l’achat inutile faisait son apparition, beaucoup le trouvèrent utile et se précipitèrent pour l’acquérir. Je me suis mis à aimer l’ambiance qui régnait à la supérette du quartier. J’y trouvais la chicorée en question et la boldoflorine. Je pouvais ainsi toucher de mes propres doigts ce qui sortait de ma radio, cela me rendait riche à mes yeux. Un sentiment d’être le bienvenu dans un nouveau monde avec de beaux emballages, de belles formules de bonheur, de beaux sourires permanentés à la sortie du magasin et avec la pensée prémonitoire qu’au vu de tout ce monde heureux il faudrait rapidement agrandir la supérette et acquérir de nouvelles sacoches à vélo pour tout transporter !

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