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Une mère plus grande que nature

«Avec l'amour maternel, la vie vous fait, à l'aube, une promesse qu'elle ne tient jamais. Chaque fois qu'une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son cœur, ce ne sont plus que des condoléances. On revient toujours gueuler sur la tombe de sa mère comme un chien abandonné. Jamais plus, jamais plus, jamais plus. Des bras adorables se referment autour de votre cou et des lèvres très douces vous parlent d'amour, mais vous êtes au courant. Vous êtes passé à la source très tôt et vous avez tout bu. Lorsque la soif vous reprend, vous avez beau vous jeter de tous côtés, il n'y a plus de puits, il n'y a que des mirages. Vous avez fait, dès la première lueur de l'aube, une étude très serrée de l'amour et vous avez sur vous de la documentation. Je ne dis pas qu'il faille empêcher les mères d'aimer leurs petits. Je dis simplement qu'il vaut mieux que les mères aient encore quelqu'un d'autre à aimer. Si ma mère avait eu un amant, je n'aurais pas passé ma vie à mourir de soif auprès de chaque fontaine. Malheureusement pour moi, je me connais en vrais diamants. »

 

Une interprétation d’envergure

Mangeur d’étoiles, bourré d’humour et de retenue,  homme de qualité, grand maître du seul en scène  sans une minute d’ennui  ou  l’ombre d’une gesticulation,  καλὸς κἀγαθός, est-il un gentleman anglais, ce Michel Kacenelenbogen  qui  endosse l’espace d’ un soir, la personnalité complexe de Romain Gary, héros de guerre, consul de France, écrivain prolifique et énigmatique?   Au pire moment, son interprétation  bouleversante du lien mère-fils, laissera le visage simplement  baigné de larmes. Les spectateurs émus, le visage saoulé de tendresse, redescendent les escaliers de la salle, la plupart en silence, le sourire aux lèvres, l’amour  diamant fiché dans le cœur.    

Le mystérieux Romain Gary dans « La promesse de l’aube » fait revivre son enfance échevelée en 400 pages d’amour absolu pour sa mère, Nina. Couvé par un regard émerveillé, il a été porté et enivré par un amour maternel inconditionnel. Pour lui, elle est le tout ! Et pourtant, indomptable,  colérique, héroïque, intraitable, possessive, se mêlant de tout, elle en fait trop, en tout, et tout le temps. Il en est conscient à chaque étape. Son seul rêve est d'essayer de ne pas la décevoir, mais la barre est bien haut.   De la Russie, à Paris, puis en Pologne et enfin à Nice, elle n’en finit pas d’accoucher du prince de ses pensées qu’elle ne cesse d’auréoler et d’aduler, quelles que soient ses  déboires pécuniaires. Déterminée, porteuse de ses ambitions, envahissante au possible, omnisciente, omniprésente, filivore, sa génitrice adorée …et parfois haïe est le modèle absolu de la Femme pour Romain Gary. Elle est  amour, compassion et tendresse.  Elle est Christique, et juive. Seule en ligne dans l’éducation de son fils unique, elle surmonte tous les obstacles, lui offre la meilleure éducation,  elle vante ses mérites imaginaires, lui rêve son avenir professionnel, encourage sa vie amoureuse, et projette sur lui son idéal masculin. Ce fils est sa victoire, et pas seulement une promesse.

«Ecoute-moi bien. La prochaine fois que ça t'arrive, qu'on insulte ta mère devant toi, la prochaine fois, je veux qu'on te ramène à la maison sur des brancards. Tu comprends ? » lui dit-elle, en lui administrant les premières gifles de sa vie. Il a dix ans et devient le chevalier protecteur de sa mère. A plusieurs reprises, il a  pourtant senti la honte du ridicule et l’humiliation l’envahir devant les autres. La passion se mêle  alors à la douleur. 

 

4029383686.jpg« Tu seras un héros, tu seras général, Gabriele D'Annunzio, Ambassadeur de France – tous ces voyous ne savent pas qui tu es!
Je crois que jamais un fils n'a haï sa mère autant que moi, à ce moment-là.
Mais, alors que j'essayais de lui expliquer dans un murmure rageur qu'elle me compromettait irrémédiablement aux yeux de l'Armée de l'Air, et que je faisais un nouvel effort pour la pousser derrière le taxi, son visage prit une expression désemparée, ses lèvres se mirent à trembler, et j'entendis une fois de plus la formule intolérable, devenue depuis longtemps classique dans nos rapports : - Alors, tu as honte de ta vieille mère ? »

Une chose est certaine, c’est  elle qui  lui a transmis sa force et sa  fierté démesurée. Sa dernière lettre en témoigne : « Sois dur, sois fort et continue… » Souligné trois fois. Quel viatique!

Une mise en scène sans aucune fioriture

Elle est signée Itsik Elbaz, lui qui a joué Momo aux côtés de Janine Godinas dans  « La Vie devant soi ».  Une mise en scène au naturel, comme s'il n'y avait pas de scène, juste de la confidence pleine de pudeur,  adossée à la tôle ondulée d’un hangar sur lequel courent des lucarnes de promesses  et des  images fugaces de  temps et de lieux. Et, au détour de passages particulièrement émouvants,  naît parfois la lumière intérieure de merveilleuses musiques diaphanes, belles comme des berceuses… russes dans l’âme peut-être.

LA PROMESSE DE L'AUBE

De Romain Gary
Mise en scène Itsik Elbaz. Avec Michel Kacenelenbogen

DU 16/05/17 AU 24/06/17

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=468

Mise en scène et adaptation: Itzik Elbaz

Assistanat à la mise en scène : Anne Sylvain

Scénographie et costume : Renata Gorka

 

Lumières : Laurent Kaye

Video : Sébastien Fernandez

Musique : Pascal Charpentier

LIENS/ 

https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Promesse_de_l%27aube

http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Blanche/La-promesse-de-l-aube

http://www.ina.fr/video/I14104478

 

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Coquecigrues par mégarde vient de sortir

COQUECIGRUES par mégarde

Poésie

Jean-Louis Riguet

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Éditeur : PREM'EDIT

ISBN : 9 791091 321686

122 pages - 14 €

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Ce nouveau recueil vient de sortir des rotatives.

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Quatrième de Couverture

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Cet animal étrange et imaginaire créé par François Rabelais dans son roman Gargantua, l'auteur le reprend à son compte pour titre de son deuxième recueil de poésie.

Bien qu'habitué à l'écriture longue comme les romans, l'auteur prend goût à la poésie en vers libres qui l'a conduit à ce recueil articulé auteur de trois thématiques : la nature, les sentiments et les actions qu'il a nommées tressautement.

L'auteur évoque les éléments, les catastrophes naturelles, l'amour, la haine, les animaux, la fête foraine, le temps avenir, présent, passé et autres sujets.

"Je suis un escroc des mots,

Un voleur de rimes

Un bandit du bon mot

Un receleur de propos"

Coquecigrues par Mégarde, un recueil léger, diversifié.

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PROLOGUE

Merci à François Rabelais qui a inventé ce mot fantasque « Coquecigrue » dans son roman Gargantua. Il envisageait alors que le royaume soit rendu à son roi, Grandgousier, à la venue des Coquecigrues, c’est-à-dire jamais ou quand les poules auront des dents.

La coquecigrue est cet animal imaginaire et burlesque tenant du coq, de la cigogne et de la grue. Elle est très friande de la ciguë, cette plante très toxique, grande ou petite, blanche ou aquatique. Vivant en colonie, ces oiseaux s’envolent dans le ciel à l’approche de l’homme et deviennent très vite invisibles.

De là penser que la coquecigrue s’apparente à un propos dénué de sens comme une baliverne, sornette ou autre billevesée, il n’y a qu’un pas à franchir pour dire qu’elle désigne une personne qui raconte des sottises ou des choses inutiles ou inexistantes.

Cette promenade m’a entraîné par erreur vers cet animal imaginaire et burlesque. Je l’ai, par mégarde, rencontré au détour d’une chimère, d’une absurdité.

Par inadvertance des vers en prose sont nés et je vous les livre comme ils sont venus en trois parties.

La première est intitulée NATURELLEMENT. Elle touche plutôt à cet ensemble de lois qui paraissent maintenir l’ordre des choses et des êtres, des caractères et des propriétés définissant les choses, sans intervention de l’homme. En quelque sorte, c’est naturel.

La deuxième se nomme SENTIMENTALEMENT. Elle évoque une connaissance plus ou moins claire donnée dans l’instant et cet état affectif complexe et durable lié à certaines émotions, tendances ou penchants. On y trouve de l’amour, de la haine, des sentiments.

La troisième est titrée TRESSAUTEMENT. Elle suppose un mouvement, une secousse, une action, une envie d’agir, un mouvement brusque et nerveux provoqués par une surprise ou une émotion vive. On peut y voir une allusion à des situations dramatiques ou émotionnelles.

J’ai pris beaucoup de plaisirs à travailler sur ce recueil et j’espère qu’il en donnera tout autant aux lecteurs qui liront ces chimères ou autres absurdités racontées par un animal imaginaire et burlesque.

Jean-Louis RIGUET

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Les élucubrations de poètes

Songerie

Des désoeuvrés, qui rimaillaient,
Ne demeuraient pas solitaires.
Ils se regroupaient au contraire,
Avaient le choix de dérailler.

Ils formaient une société
À admiration réciproque.
Ce fut une drôle d'époque.
À chacun sa notoriété!

En leur temps, étaient devenus
Les troubadours d'un nouvel âge.
Se trouvent dans leur héritage
Des bavardages incongrus.

Des imitateurs essayèrent
De déraisonner à leur tour,
Battant à contre temps tambour.
Or, assez vite renoncèrent.

Ce qui émeut, ou qui étonne,
Issu d'un courant d'énergie,
Fait surgir de la poésie,
Quel que soit le nom qu'on lui donne.

13 juin 2017

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                          DE L’ESTHETIQUE DU SUJET : L’ART DE JIRI MASKA

Du 03-05 au 31-05-17, l’ESPACE ART GALLERY (35, Rue Lesbroussart, 1050, Bruxelles) a consacré une exposition au peintre et sculpteur tchèque, Monsieur JIRI MASKA, laquelle nous a surpris à plus d’un titre.  

Ce qui, d’emblée, saute aux yeux comme une évidence, c’est le côté « tragique » dans l’œuvre de cet artiste. Même concernant des thèmes qu’il tourne à la parodie, tels que NAKED ABBOT GOING TO VATICAN (102 x 102 – combinaison technique),

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la dimension tragique demeure présente. Certes, à la vue de cet ensemble de formes, entrelacées, prenant naissance l’une dans l’autre, l’on peut éprouver un sentiment pouvant prendre l’aspect de l’angoisse, en ce sens qu’il y a chez cet artiste une « esthétique de la déconstruction », laquelle au fur et à mesure que le regard s’immerge dans la toile, devient un ensemble « cohérent », en ce sens qu’au-delà des entrelacs, la forme se révèle. En réalité, l’artiste conçoit un sujet « caché », car au-delà de la matière étalée, surgit le corps, en ce sens qu’on le devine, circonscrit à l’intérieur d’un trait noir luisant, signifiant le volume. Concernant NAKED ABBOT, L’homme, reconnaissable à ses attributs, nous regarde par delà ses yeux exorbités et sa série de dents inférieurs, à l’intérieur d’une bouche esquissant un sourire ou un cri, nous laisse entrevoir la vaste gamme du tragique. Le cœur, de couleur rouge vif, affirme l’humanité. Conçues comme des aperceptions au sens psychologique du terme, une série de formes d’apparence animales, se distinguent sur la gauche de la toile. Homme et animaux sont réalisés de la même façon. En fait, ils émergent de l’arrière plan dans la magie de l’apparition.

La dimension spiritualiste est également une composante dans l’esthétique de l’artiste.  GOD OR DEVIL ? (102 x 102 – combinaison technique)

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nous entraîne dans les abîmes de l’âme par la conception d’une créature mythologique,  reprenant les attributs de la divinité païenne, celle du « daimon » grec, qui se situe au-delà du « bien » et du « mal » (au sens judéo-chrétien du terme), puisqu’elle les rassemble en sa divine personne. Cette œuvre portraiture une créature inquiétante, entourée de formes fantomatiques, certaines au faciès animal.

Comme pour ABBOT, la couleur dominante est le rouge bordeaux très foncé. A l’instar de cette œuvre, un cœur rouge vif apparaît sur la poitrine de la divinité.

La touche d’humour, typique de l’artiste, se ressent dans la présence du nœud papillon, toujours de couleur rouge, ornant le cou du personnage. L’arrière- plan, conçu en jaune clair, évoquant la lumière, contraste avec la dominante chromatique sombre. Un trait noir luisant entoure le personnage en soulignant le volume. Il y a là l’image à la fois d’un combat intérieur entre les pulsions de vie et de mort mais aussi l’image d’une trajectoire politique qui a conduit la Tchéquie (le pays d’origine de l’artiste) vers la dérive capitaliste, entraînant la société vers la consommation.

Un autre trait d’écriture singularise cette œuvre, à savoir l’espace occupé sur la toile par le personnage central.

Cela se perçoit parfaitement dans MANITO (62 x 62),

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un excellent exemple de la façon dont l’artiste structure l’espace. Ici, le personnage devient « central », à la fois parce qu’il est le protagoniste du récit pictural mais aussi parce qu’il occupe précisément la partie centrale de l’espace pictural. Et dans cette œuvre, l’espace est structuré en cinq plans :

1)    L’avant-plan, constitué à la fois de la couleur du sol, composée de jaune-sable ainsi que de mauve foncé, associé au noir.

2)    Le centre de la scène, réalisé à la fois par la massivité du corps du personnage (signalé par le fort chromatisme vert) et du paysage dont la note jaune est une extension de celle de l’avant-plan.

3)    Une série de montagnes traitées en bleu fonce.

4)    Une deuxième série de montagnes, traitées en noir pour souligner la distance spatiale d’avec les premières.

5)    Le ciel, en bleu clair maculé de taches blanches, signifiant les nuages.

Notons que le cadre, souligné d’un fin trait noir, est à son tour, « encadré » par un second trait, aussi fin que le premier pour bien faire ressortir tous les aspects de la composition.

MANITO témoigne excellemment de la manière dont le personnage central s’accapare littéralement de domination spatiale. De ce point de vue, force est de constater qu’il n’y a chez l’artiste, aucune volonté de « subtilité » déclarée dans sa façon de concevoir le protagoniste : celui-ci « trône » dans l’espace en éclipsant le reste. Cela est dû, précisément, à cette forte touche d’humour que nous évoquions plus haut.

MANITO traduit, par son volume, sa couleur verte et par l’attitude du protagoniste, une dimension « carnavalesque » qui « grossit » le personnage jusqu’à le rendre gargantuesque. 

Un autre facteur identifie l’œuvre de JIRI MASKA : un sens aigu de l’esthétique du sujet. Qu’entendons-nous par là ? Le « sujet » ne se limite pas au personnage central mais bien à l’ampleur des contextes psychologique et sociopolitique qui l’ont engendré. Cela, l’artiste l’a bien compris lorsqu’il associe personnages (central et subordonnés), décor, contextes personnel et historique dans une même trajectoire narrative. Et cette esthétique du sujet se marie avec ce que nous nommions plus haut, l’ « esthétique de la déconstruction », en ce sens que pour que le sujet s’affirme, il lui faut se dilater, se « déconstruire » au maximum de ses possibilités, pour pouvoir se recréer derrière un écran de formes, sur le moment, inintelligibles afin de se régénérer comme « sujet » dans la totalité de l’espace pictural.

DEAD SOULS (110 x 126 cm – combinaison technique)

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est une petite merveille. Inspirée de l’œuvre littéraire de Gogol, elle s’articule par une forme, en apparence abstraite, de laquelle se détachent des ectoplasmes (les âmes errantes), qui semblent flotter, au fur et à mesure qu’elles se réveillent au regard du visiteur. Autre trait identitaire de l’artiste : les œuvres s’articulent à partir d’une même constante chromatique, faisant office de signature. Ici, le traitement lugubre du bleu donne à l’ensemble une sorte d’intemporalité « mobile », flottant sur la surface de la toile, laquelle devient le théâtre sensible de l’imaginaire.

L’œuvre de JIRI MASKA est peuplée de monstres. Certains d’entre eux sont des monstres de foire, tels que le personnage de ARCHBISHOP FROM CANTERBURY MAKES DEAL WITH DEVIL (51 x 51 cm – combinaison technique),

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où nous assistons à la transformation psychophysique de l’évêque, sur la tête duquel poussent des cornes stylisées. Le personnage est construit sur trois parties :

1)    La robe pourpre qui lui confie son identité. Cette pièce, conçue en rose, est renforcée par un trait rouge vif, lequel se répand sur les contours du cadre.    

2)    un amas de tissus, en réalité, une pièce volumineuse de laquelle apparaît

3)    la tête du personnage qui fixe le visiteur.

Autour de lui, une série de petits personnages, faisant penser à des diablotins, semblent danser une ronde.

La scène est campée sur un arrière-plan de couleur noire, au fond duquel se distingue, en une esquisse stylisée, la ville de Canterbury. Traité de la sorte, le sujet prête au rire et à la bonhommie. Ce qui, concernant l’expression du problème moral, diffère d’avec GOD OR DEVIL ? (cité plus haut). Néanmoins, force est de constater que les personnages qui peuplent ces questionnements sont un « abbot », c'est-à-dire un « abbé » (en anglais), un bishop (à savoir un évêque) ainsi qu’une créature hybride prisonnière d’un ouragan pulsionnel. Par conséquent, des entités évoluant dans la sphère du Sacré, religieux et politique, lesquelles se concentrent et se déflagrent dans les tréfonds de l’individu. 

Si JIRI MASKA est un peintre excellent, il est également un sculpteur hors pair.

DIANNA (combinaison technique),

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représente un buste de femme acéphale. Abordée de face, c’est à partir de ses seins proéminents qu’elle se construit sur toute une série de torsions et de courbes qui confèrent à la pièce la réalité d’une vitesse d’exécution ressentie par le visiteur. Son corps devient alors un entrelacement de pistes que le regard parcoure pour s’arrêter sur tel détail, avant de reprendre son périple. La sinuosité de son buste en « S » s’achève sur des cuisses massives dont l’on ressent l’importance, carrément « architecturale », car elles servent de soutien à l’édifice corporel. Si le buste est acéphale, l’artiste souligne qu’il s’agit bien d’une femme et pour bien le mettre en exergue, il confère aux seins une proéminence soulignée, précisément pour affirmer la féminité du personnage.

Analysée de dos, DIANNA

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constitue un réseau de lignes abruptes, partant du cou jusqu’au creux des reins. Cette peau artificielle sur le derme est un vêtement. Un déroutant drapé, lequel compense, par son habillage, la nudité que le buste exhibe de face. Cette pièce est, de par sa composition, l’association de deux œuvres différentes, scindées en une entité.

Il y a une volonté de retourner à l’Antiquité classique par le biais d’une écriture contemporaine. Le corps est restitué par un volume qui pointe sur la force et les tensions tournés vers l’élan et la puissance. Les plis partant du cou jusqu’au creux des reins, même stylisés, rappellent les cannelures qui structurent les drapés antiques.

L’œuvre, tant picturale que sculpturale, de JIRI MASKA participe d’un expressionnisme abstrait.

L’artiste peint depuis sa plus tendre enfance. Son talent fut détecté par son grand-père lorsqu’il n’avait que six ans. Plus tard, il a fréquenté des écoles d’arts graphiques dans son pays natal d’où, pour des raisons politiques, il a choisi de s’expatrier vers Washington. Là, il a suivi des études de peinture au College Everett. Il expose régulièrement et avec succès de par le monde.

L’appellation « combinaison technique » porte parfaitement son nom. Car l’artiste ne s’en tient pas à une seule technique mais les explore toutes. Il utilise le latex ainsi que le talc. Les spatules de toutes les tailles autant que les mains pour stratifier la matière. L’huile et l’acrylique sont indistinctement usités. Nous évoquions, plus haut, la centralité que le personnage principal occupe dans l’espace. Techniquement parlant, cette figure (que l’artiste nomme « structure ») est la première à être conçue sur la toile. Tout se détermine autour de celle-ci.

JIRI MASKA n’a pas d’influences stylistiques particulières. A y regarder de près, pourquoi en aurait-il ?

La seule préoccupation qui l’anime est, en dernière analyse, ce qui se révèle, au contact de ses œuvres. L’Esthétique : celle du sujet.

François L. Speranza.

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Une publication
Arts
 
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Lettres

N.-B.: Ce billet est publié à l'initiative exclusive de Robert Paul, fondateur et administrateur général d'Arts et Lettres. Il ne peut être reproduit qu'avec son expresse autorisation, toujours accordée gratuitement. Mentionner le lien d'origine de l'article est expressément requis.

Robert Paul, éditeur responsable

A voir:

Focus sur les précieux billets d'Art de François Speranza

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Jiri Maska  et François Speranza: interview et prise de notes sur le déjà réputé carnet de notes Moleskine du critique d'art dans la tradition des avant-gardes artistiques et littéraires au cours des deux derniers siècles

(Mai 2017) photo Jerry Delfosse)

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Signature Jiri Maska

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  Exposition  Jiri Maska  à l'Espace Art Gallery - mai 2017 - Photo Espace Art Gallery

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En l'état de grâce suffisante


Dans une paix certes parfaite,
Quand je suis passive chez moi,
Ne ressentant aucun émoi,
Mon âme reste satisfaite.

Or, le plus souvent m'extasie,
Contemplant la splendeur céleste.
Sans idée de durée, je reste
À savourer la poésie.

Après avoir vécu longtemps,
Tels des animaux attelés,
Très peu d'êtres peuvent aller
Dans un bien-être persistant.

 

N'ont pas la grâce suffisante,
Qui agit efficacement.
Attribuée très rarement,
Elle ouvre une voie apaisante.

Je l'ai reçue, en remercie
À tout hasard la providence
Qui fait que tranquille j'avance
Sans me sentir à sa merci.

12 juin 2017

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12273229278?profile=originalC'est en mars 1847, à l'âge de dix-neuf ans, que l'écrivain russe Lev Nikolaévitch Tolstoï (1828-1910) commença à tenir un journal intime. Les dernières lignes en furent écrites soixante-trois ans plus tard, à Astapovo, trois jours avant la mort de l'auteur. Durant ces soixante-trois années, il n'y eut qu'une interruption importante dans la rédaction du "Journal", entre l'automne 1865 et le printemps 1878-cette période de treize ans correspond aux premières années du mariage de l'écrivain, époque qui vit naître "La guerre et la paix" et "Anna Karénine". Le "Journal" nous rend donc compte de plus de cinquante années -avec plus ou moins de suite d'ailleurs, le "Journal" de l'année 1899, par exemple, ne s'étend que sur douze jours. Malheureusement, il n'existe pas encore d'édition complète de cette oeuvre immense. Quant aux traductions françaises, elles ne nous offrent que des fragments du "Journal": les années 1847-1865, 1895-1899, ainsi que l'année 1910.

Le "Journal" des années de jeunesse de Tolstoï s'étend de 1847 à 1865. Nous y faisons d'abord connaissance d'un tout jeune homme, qui mène une vie dissipée, mais s'efforce de dominer ses passions, et nous le terminons sur l'image d'un écrivain déjà célèbre, marié et "rangé". Le grand intérêt de ce fragment est donc de nous montrer comment le petit jeune homme endetté et paresseux devint un grand romancier, le Tolstoï de la maturité. D'autre part, le début du "Journal" est écrit sans aucun apprêt et Tolstoï est alors à mille lieues de songer à un futur lecteur: il n'utilise le journal intime que comme outil de perfectionnement moral. A cet égard, le "Journal" pourrait même donner une idée par trop sombre de la vie du jeune homme, car ce sont essentiellement les actes qu'il se reproche que note Tolstoï. Avec persévérance et lucidité il s'analyse et, afin de ne pas se laisser emporter par les mauvais penchants qu'il s'est découvert, se fixe chaque jour un emploi du temps pour la journée du lendemain. Mais la passion du jeu, la paresse, la vanité et les appétits charnels viennent souvent bouleverser ces beaux projets. En ces années de jeunesse, sur lesquelles il devait porter plus tard un jugement d'une extrême sévérité, nous voyons pourtant apparaître en Tolstoï des sentiments, des idées, qui annoncent l'auteur de "Résurrection": "Je suis tourmenté du désir d'être utile à l'humanité, de mieux contribuer à son bonheur. Est-il possible que je meure désespéré, sans avoir réalisé ce désir?" (20 mars 1852). Et le 30 juin de la même année il note: "La satisfaction de nos propres besoins ne constitue le bien que dans la mesure où elle peut contribuer au bien en faveur des autres." Les appels de la religion ne lui sont pas étrangers et il termine son "Journal" du 24 mars 1852 par la prière suivante: "Délivre-moi, Père, de la vanité, de la paresse, de la volupté, des maladies et de la crainte; aide-moi, Père, à vivre sans péché et sans souffrance, et à mourir sans angoisse et sans désespoir, avec foi et amour. Je me livre à ta volonté." Nous voyons aussi dans le "Journal" de ces années de formation la naissance du romancier et comment la littérature prit une place de plus en plus grande dans la vie de Tolstoï.

Préoccupations morales, désir lancinant de se perfectionner, éclairs de foi religieuse, chutes dans la débauche et le jeu, remords et nouveaux serments de s'amender, tout cela alimente le grand débat intime du "Journal", débat qui se poursuit tout au long de la vie militaire de Tolstoï, au cours des expéditions du Caucase ou au bruit du canon de Sébastopol. Avec le retour de la vie civile (1856) ce sont les questions pédagogiques et sociales qui vont passionner Tolstoï. Il ouvre une première école pour les enfants de ses paysans en 1857, s'informe des méthodes d' enseignement populaire au cours de son voyage à travers l'Europe de 1860. A son retour à Iasnaïa-Poliana, en 1861, il dépense une grande activité comme "arbitre de paix", prend la défense des paysans, ouvre de nouvelles écoles et commence à publier la revue pédagogique "Iasnaïa-Poliana". Après le grand événement que fut son mariage (1862), Tolstoï bouda quelque peu son "Journal" et finit même par cesser complètement de le tenir (1865). Il ne devait le rouvrir que treize ans plus tard, au printemps de 1878.

Le "Journal" des années 1895-1899, dont la traduction française vit le jour en 1917, n'est pas toujours, au contraire de celui des années de formation, écrit pour le seul Tolstoï. L'écrivain a maintenant élaboré une morale, une philosophie: il a des disciples et il sait que ses écrits intimes seront un jour lus et commentés. Aussi arrive-t-il à Tolstoï de considérer que le principal rôle du "Journal" doit être de compléter, d'expliquer, d'éclaircir certains points de sa doctrine. Mais le grand intérêt du "Journal" réside pour nous dans le récit de l'affrontement de l'idéal tolstoïen et de la vie,  affrontement d'où naît telle modification ou tel affermissement l'idéologie que le patriarche de Iasnaïa-Polonia élaborait opiniâtrement.

Le "Journal" de Tolstoï pour l'année 1910 a été publié en traduction française en 1940 -ce volume comprend aussi la traduction du "Journal" de Sophie Andreievna Tolstoï, épouse de l'écrivain, pour cette même année 1910. A côté de son "Grand journal", Tolstoï commença à tenir, à partir du 29 juillet 1910, un "Journal pour moi seul", beaucoup plus intime et qu'il ne laissa lire à personne. Dans le premier, nous trouvons les réflexions et les pensées qui préoccupaient l'écrivain au cours des derniers mois de sa vie: dans le second, la recension détaillée des événements qui devaient conduire Tolstoï à quitter pour toujours Iasnaïa-Poliana. Le "Journal pour moi seul" est donc une pièce essentielle pour qui veut comprendre le pénible conflit qui opposa, au seuil de la mort, le vieil homme et son épouse (l'un désirant que ses oeuvres tombent dans le domaine public après sa disparition, l'autre voulant protéger la fortune de ses enfants). C'est à Astapovo, le 3 novembre 1910, trois jours avant de rendre l'âme, que Tolstoï écrivit les derniers mots de son "Journal

Le "Journal" de Tolstoï ne permet pas seulement de mieux comprendre l'évolution de l'écrivain et bien des aspects de son oeuvre romanesque: il constitue l'un des livres les plus importants que la volonté de parvenir à la connaissance de soi ait pu inspirer à un homme.

 

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Un regain d'énergie


Je flottais dans l'indifférence.
L'envie me prend subitement
De provoquer des changements,
De vivre avec exubérance.

Or rien ne se produit qui fasse
Que je me lève pour danser.
Par quoi pourrais-je commencer?
Je demeure à la même place.

Pourtant en cet instant mon être
Reçoit un courant d'énergie.
Mon envie de créer surgit,
M'appartient de la satisfaire.

Je sais compenser les outrages
Qui m'assombrissent bien souvent.
M'amuse un pied de nez au temps;
Ce petit geste me soulage.

11 juin 2017

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Roman sentimental publié La clé de la vertu

Qu'est-ce que cherche Pauline dans ce grenier poussiéreux ?

Orpheline de la lignée Valentini, la jeune fille va remuer des souvenirs bouleversants au point de perdre son identité.

La clé du bonheur réside parfois dans l'oubli.

 

Mon dernier livre vient de paraître déjà en ebook sur amazon et bientôt en broché. Le titre La clé de la vertu de Lady Daigre, 92 pages à tendance érotique et non vulgaire pour 0,49€ seulement.

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Regrets

Songerie

La nature produit des forces
Dont les humains, toujours, s'efforcent
De bien contrôler l'énergie;
Parfois, ils craignent pour leur vie.

- Quand un étrange événement
Provoque l'ébahissement,
Par ses effets irréalistes
Quelle en est la cause invisible?

- L'action du magicien Hasard.
Cruel, il est nommé Wizard.
Il trouble les rationalistes
Mais n'émeut pas les fatalistes.

Nous ne nous verrons jamais plus.
Certes aucun dieu ne l'eut voulu.
L'apaisement est sur la route,
Inévitable aussi, sans doute.

10 juin 2017

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DOUTES...

Avec nos sentiments

Et nos rêves troublants

Les désirs de caresses

Des relents de sagesse!

Avec l'envie de rire

Des hommes et leurs délires

Garder au creux des yeux

L'image d'un ciel tout bleu!

Avec tant de révolte!

La vie qui virevolte...

Question à méditer

Est-il donc vain d'aimer?

J.G.

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Une fausse réalité


Suis revenue dans mon jardin.
J'étais à l'ombre d'un sapin
Quand s'arrêta mon existence.
Tout disparut dans le silence.

De ce qui m'advint en errance,
Je n'ai aucune souvenance.
En garde l'idée du néant,
L'âme et le corps indifférents.

Rendue à la vie frémissante,
Dans la lumière éblouissante,
M'émeus de l'efficacité
D'une fausse réalité.

Je vais demeurer attentive.
Le ciel me rend contemplative.
Un souffle frais se fait câlin.
Je sens s'animer mon entrain.

9 juin 2017

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12273226268?profile=originalNaissance de Vénus, 1863
Alexandre Cabanel (1823-1889)
(musée d’Orsay, Paris)

       Au commencement, si l’on en croit la Théogonie d’Hésiode, furent d’abord créés Chaos, Gæa (le Terre) et Eros (l’Amour, force primitive)…

Gæa engendra le Ciel, Ouranos, les montagnes, Ori, et la mer, Pontos.

Puis, avec un sens de la famille qui force le respect, Gæa s’unit à Ouranos et ils donnèrent ainsi naissance aux Titans, aux Cyclopes et aux Géants. Sacrée filiation.

      Ouranos était un dieu fort sourcilleux. Il craignait que ses enfants ne lui ravissent le pouvoir, aussi, afin de contrer leurs noirs desseins, les enferma-t-il dans le ventre de Gæa, devenue son épouse. Elle en prit ombrage et ourdit un plan avec son fils Cronos, le plus jeunes des Titans…

Alors qu’Ouranos gagnait sa couche, toujours prêt à honorer sa moitié, Cronos, s’approchant en tapinois, trancha net les parties viriles de son père dépité.

 

12273226862?profile=originalOuranos dépité, la lippe pendante...

Mais... c'est une fille... bah, appelons-la Aphrodite Ourania

(falaise proche de Pétra to Romiou, Paphos, Chypre)

 

Et le sang*1 s’épandit dans la mer…

 

12273227253?profile=originalVénus anadyomène

Jean Auguste Dominique Ingres (1780-1867)

(musée Condé, Chantilly)

 

De l’écume (aphros) se forma, d’où surgit Aphrodite Anadyomène (« sortie de la mer »). A Cythère précisément, une île grecque entre la Crète et le Péloponnèse, et, de là, portée par le doux Zéphyre, gagna Chypre, l’île d’Aphrodite.

 

12273226679?profile=originalPétra tou Romiou

« Le souffle du vent d’ouest l’a portée

De l’écume jaillissante et par-dessus la mer profonde

Jusqu’à Chypre, son île, aux rivages frangés de vagues. »,

Homère (VIIIe s. av. J.-C.)

 

Là, exactement, sur la plage d’Achni, à Pétra tou Romiou, le rocher d’Aphrodite, près de Paphos. Elle prit ainsi le nom de Kyprogéneia, « née à Chypre » (il est vrai qu’à Cythère, de mauvais esprits sans doute, la disent Kythéreia, née là-bas !).

« Tous furent émerveillés à la vue de Cythérée

Aux cheveux ceints de violettes. », id.

Dont elle n’avait ni la discrétion ni la pudeur, nous le verrons.

Et l’onde de choc se propagea…

 

12273227471?profile=originalVénus à Paphos (ca 1852)

Jean Auguste Dominique Ingres (1780-1867)

(musée d’Orsay, Paris)

 

Dire qu’elle était parfaite…

Que la colombe était son emblème.

 

12273227095?profile=originalAphrodite, « radieuse déesse dorée »,

ointe qu’elle fut d’huile immortelle à sa sortie de l’onde par les Charités.

Elle reprend ici le modèle créé par Praxitèle à Cnide,

qui vaut mieux que les vertus aphrodisiaques prêtées à la cantharide.

(marbre, 1er siècle av. J.-C., musée de Chypre, Nicosie)

Blanche comme l’écume, dure comme le marbre, aux proportions idéales, telle le nombre d’or. Un canon vous dis-je, la callipyge. Et ardente avec ça, voire impertinente, l’innocente !

 

12273228088?profile=originalAphrodite callipyge (« aux belles fesses »)

(marbre, début XIXe, d’après l’antique.  

Parc du château de Chantilly.

Original conservé au musée archéologique de Naples)

 

Dessous le nom de Vénus belle-fesse ;
Je ne sais pas à quelle intention ;

Mais c’eût été le temple de la Grèce

Pour qui j’eusse eu le plus de dévotion.

Que jamais l’art abstrait qui sévit maintenant

N’enlève à vos attraits ce volume étonnant.

(La Fontaine, pour les quatre premiers vers, Brassens pour les deux suivants. Nos deux poètes auraient, n’en doutons pas, apprécié ce partage)

 

Qui vous embarque pour ses fêtes galantes.

Laissez-vous donc emporter par ce tourbillon…

      Aphrodite, déesse de l’Amour, préside au bonheur et à la fidélité des couples… Pourtant, de son temps, la déesse de la Volupté, mit plus que de raison le feu au panthéon, multipliant les accrocs, déclenchant les passions.

      Elle se maria à Héphaïstos, maître du feu, patron des forgerons, difforme il est vrai, mais qui ne portait alors de cornes !

 12273227868?profile=originalNaissance de Vénus, 1879

William Bougereau (1825-1905)

(musée d’Orsay, Paris)

 

A Chypre même, elle recueillit Adonis bébé, qu’elle confia à Perséphone, reine des Enfers. Toutes deux s’enamourèrent du bel adolescent qu’il était devenu. Zeus intervint avant que l’orage ne gronde et ne devint tempête. Il demanda à sa fille Calliope, une des Muses inspiratrices des Arts et Lettres, de trancher le différend. La messagère partagea équitablement le temps entre les deux rivales, tout en laissant quatre mois l’an à la guise d’Adonis.

      D’une liaison avec Arès, dieu de la guerre et son propre beau-frère, Aphrodite eut quatre enfants, dont un petit Eros, enfant charmant certes, ailé et joufflu, mais archer maladroit ou facétieux, c’est selon. Et qu’il ne faut pas confondre avec le dieu primitif de l’Amour. Car il pouvait taper sur la mandoline, bambino !

       Ce qui n’empêchait pas Aphrodite d’être toujours éprise d’Adonis qui, pour se distraire, partit à la chasse. Arès, éternel tempérament orageux, de l’éphèbe envieux, se changea en sanglier et chargea mortellement l’impudent imprudent qui saigna abondamment. A tire-d’aile la déesse en détresse « sur son char traîné par des cygnes, s’élance dans les plaines éthérées. », Ovide. Elle « ne touchait pas encore au rivage de Chypre, mais elle reconnait de loin les gémissements d’Adonis mourant. » D’une flaque répandue elle fit éclore l’anémone, d’une goutte naquit l’adonide goutte-de-sang. Une épine au pied piqua la déesse et que croyez-vous qu’il advint ? une rose blanche pour la jolie maman se mua en rose rouge. Si ce n’est pas du charme, je rends les armes!

12273228289?profile=original

Vénus conduite par l’Amour auprès d’Adonis mort

Bertoja (Jacopo Zanguidi, dit ; 1544-1573)

(musée du Louvre, Paris)

Funeste destin et gros chagrin pour notre héroïne après ce coup de boutoir. Elle obtint de Perséphone qu’il revint la moitié de l’année au Royaume des vivants.

 

12273228856?profile=originalVénus et l’Amour

(Ecole française, XVIe s ; musée Condé, Chantilly)

 

De Poséidon (Neptune), qui préside aux profondeurs marines, et sacré « ébranleur de la terre », deux enfants naquirent, dont une fille, Rhodos, dont l’île de Rhodes tient son nom.

De Dionysos, né de la cuisse de Jupiter (Zeus), dieu de l’ivresse et de la transe - enfin elle le prétendit, il était en voyage… mais Adonis passait par là – elle accoucha de Priape, dieu de la fécondité, pas vraiment attirant mais au naturel si érectile…

Tandis que d’Hermès (Mercure), un dieu très leste et remuant, elle aurait eu Hermaphrodite, au caractère ambivalent hérité de ses parents.

      Et lorsqu’elle ne séduisait pas le tout Olympe, elle semait la zizanie dans les couples les plus unis !

Belle d’entre les belles. Les têtes tournaient, la jalousie rongeait les cœurs les plus endurcis…

 

12273228879?profile=originalAphrodite et Eros, dite Vénus Felix

Alors, heureuse ?

Epoque romaine impériale,

d’après l’Aphrodite de Cnide de Praxitèle

(musée Pio Clemento, Vatican)

 

      Au mariage de Pelée, roi d’Egine, et de Thétis, la splendide Néréide, Eris, la déesse de la discorde ne fut pas de la noce. Lors du repas, elle lança « à la plus belle » une pomme d’or cueillie au jardin des Hespérides. Héra, Athéna, Aphrodite se reconnurent dans l’invective. Chacune voulut donc, à juste titre, gouter à cette golden et la défendre de la convoitise des deux autres.

12273228676?profile=originalLe jugement de Pâris, 1562

Léonard Limosin (ca 1505-1576)

Email de Limoges ; d’après une gravure de Marc-Antoine Raimondi

exécutée d’après un tableau perdu de Raphaël.

(Musée national de la Renaissance, Ecouen)

Pâris, le petit berger, simple mortel, quoique fils de Priam, roi de Troie, à la demande de Zeus, dut trancher le différend. Aphrodite lui promit alors la Belle Hélène et, Pâris ainsi tenté élit Aphrodite évidemment. Pomme de discorde qui déclencha la guerre de Troie… Le ver était dans le fruit.

 

12273227695?profile=originalMars et Vénus

Paolo Caliari, dit Véronèse (1528-1588)

Taquin, Cupidon (Eros) badine avec un chien, symbole de fidélité, tandis que Mars (Arès) se désarme devant Vénus (Aphrodite) qui s’amuse d’une girouette. Au moulin elle batifole, au four Vulcain (Héphaïstos) forge sa vengeance.

(musée Condé, Chantilly)

      Couchée dans le foin, le Soleil fut témoin, selon Ovide, « du commerce adultère de Vénus et de Mars » et celui-ci livra « au fils de Junon (Vulcain-Héphaïstos) les infidélités et l’asile qui en est le théâtre. » Alerté, Vulcain les surprend « réunis dans la même couche ]…[ et les enchaîne au milieu de leurs embrasements. » Il fit alors entrer les dieux de l’Olympe ; à la vue de ce spectacle « les Immortels éclatèrent de rire, et cette aventure servit longtemps d’entretien à la céleste cour. »

Vulcain, à la demande expresse de Neptune, libère pourtant les amants de leurs liens. Ce qui ne suffit pas à calmer l’ire de la déesse.

« La déesse de Cythère tire de cette révélation une mémorable vengeance ; elle veut qu’à son tour celui qui a trahi ses mystérieux amours soit trahi dans des amours semblables. Que peuvent, ô fils d’Hypérion (le Soleil, que les Romains assimilèrent à Apollon), ta beauté, ta chaleur, et l’éclat de tes rayons ? » Elle frappe le Soleil d’un désir ardent pour Leucothoé, un feu irréfléchi. N’ayant plus d’yeux que pour cette vierge, il délaisse ses amours passés, Rhodos, Clyméné et Clytie.

Pour la séduire et l’abuser, il prend la forme de sa mère, Eurynome. Clytie, folle de jalousie, dénonce le subterfuge au père, Orchamus. Scandale dans la famille, ce dernier, implacable, fait enterrer sa fille vivante. Le Soleil, n’y pouvant mais, répand sur le corps de Leucothoé un nectar odorant. Et la Nymphe, trempée de l’essence divine, devint encens (boswellia).

Eplorée, Clytie se tourna vers le Soleil, changée en héliotrope (ou en tournesol*2 dans une version courante de la légende). Depuis elle suit éternellement sa course.

 

 

12273229253?profile=original

La métamorphose de Clytie en tournesol

Un… De… Troy… Soleil !

Jean-François de Troy (1679-1752)

(musée Bossuet, Meaux)

 

Honteuse malgré tout des conséquences de son effroyable courroux, Vénus partit se rafraîchir les idées dans sa retraite de Paphos, tandis que Mars battait la campagne en Thrace.

Ah l’Amour !

Et vous, sacrifierez-vous à son culte ?

A suivre…

 

Michel Lansardière (texte et photos)

*1 De ce sang primordial et de la divine semence naîtront également des Géants et les Erinyes (Furies), dont la charmante Mégère. Quelle engeance !

*2 Le tournesol, ou girasol ou soleil, de nos campagnes aurait été introduit en Europe par les conquistadors au XVIe siècle… alors que l’héliotrope d’Europe était répandu dans tout le bassin méditerranéen. L’héliotrope, ou jaspe sanguin, est aussi une variété de calcédoine verte mouchetée de rouge évoquant des taches de sang. Taches que l’on observera plus aisément en mouillant la pierre et en la tournant vers le soleil avant de la sculpter (« pierre des martyrs ») et de la polir. Tandis qu’en peinture l’héliotrope est une nuance de violet. Le girasol également est une variété d’opale ou de quartz chatoyants qui accrochent les rayons du soleil.

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8 JUIN 1936, Etienne DRIOTON était nommé
DIRECTEUR GENERAL du SERVICE des ANTIQUITES d'EGYPTE, AU CAIRE
Il fut le dernier Français à occuper cette fonction prestigieuse.

"...Au service des antiquités, le poste de directeur général est resté vacant après le départ à la retraite de Pierre Lacau. Il dépend directement du ministère de l'Instruction publique. Depuis auguste Mariette Pacha, fondateur du service, cette responsabilité a toujours été confiée à un Français. L'action du roi Fouad Ier s'inscrit dans cette continuité, il ne faillira pas à la tradition. Parfaitement informé de la compétence d'Etienne Drioton, il le choisit pour occuper cette haute fonction. Néanmoins autour du souverain de multiples pressions s'exercent aussitôt afin que ce soit confié à un Egyptien ; Malgré ce courant d'opposition qui prévaut dans son entourage, le roi maintient sa décision en faveur du Français, bien que celui-ci soit un ecclésiastique qui porte la soutane lorsqu'il est au Caire. Nous sommes en pays musulman, le chanoine en sera bien heureusement dispensé par ses supérieurs. C'est donc en tenue civile et coiffé du tarbouche qu'après sa nomination il se présentera lors des réunions officielles en sa qualité de haut fonctionnaire du gouvernement égyptien. [...] Malheureusement un événement inattendu va considérablement la retarder. Le roi Fouad décède le 28 avril. Son fils, âgé de seulement seize ans est rappelé d'Angleterre pour lui succéder. il monte sur le trône sous le nom de Farouk Ier. A ce moment la nomination du nouveau directeur n'est pas encore effective. Elle tarde à être officialisée. Nous pourrions comprendre que ce retard soit dû aux nombreux problèmes qui se posent après le décès du roi. Cependant les courants d'opinions politiques hostiles aux étrangers qui circulent ainsi que l'opposition de personnalités influentes a probablement joué un rôle important dans ces atermoiements. 
Enfin, le 8 juin 1936, le décret royal est promulgué, suite à la décision du conseil des ministres qui s'incline finalement devant le choix de feu le roi Fouad Ier. Etienne Drioton est nommé directeur général du Service des antiquités et des musées d'Egypte. Un autre candidat, égyptien lui, briguait ce poste qu'il n'a pas obtenu : il est nommé dans le Service à une place importante ; de très hautes personnalités égyptiennes appuyaient sa candidature. Il deviendra un ennemi redoutable. Dans un climat social et politique difficile nous verrons que le nouveau directeur rencontrera nombre de difficultés dans l'exercice de sa fonction." 
(extrait de "Etienne Drioton, l'Egypte, une passion" p. 55-56)

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Cette décharge monumentale de déchets divers est presque à la porte. Il faudrait lever les bras pour avertir la machine d’arrêter de pousser devant elle ces tonnes ennemies de liberté. Il va falloir quitter ce petit château d’enfant, les rêves sont finis. Les machines ont gagné. Les oiseaux ne chantent plus. Les fourrés ont disparu. Des tracteurs remuent la terre autour, de plus en plus nombreux, et agacent l’air paisible qu’ils inondent de fumées.Je suis encerclé. La colline je la connais bien, je la gravis tous les jours. Elle est ma première bibliothèque aux livres partiellement brûlés. Je pense qu’ils doivent révéler d’importants secrets et être le seul à pouvoir les toucher éveille ma curiosité. Peut-être vais-je y trouver une explication pour vaincre l’ennemi ! Je vois des dessins de locomotives, de roues, de rails, des plans grandioses, des chiffres, des écritures sur de petits carnets aux feuilles détachables sur lesquelles il est écrit B O N . Je peux lire ce mot qui résonne dans ma tête. C’est le premier mot que je peux lire sans l’avoir appris mais pour l’avoir entendu. Voilà donc comment BON s’écrit ! BON, je sais ce que c’est : c’est comme gentil, synonyme de liberté et ma rancoeur contre l’usine à trains est un peu atténuée. Les BON sont signés avec de grandes et belles signatures, sûrement des gens importants qui délivrent des bontés autour d’eux, feuille par feuille, quotidiennement. Ma mère me dit qu’elle avait connu un temps où l’on donnait ce genre de bons pour avoir du pain. Je me dis que si la bonté est écrite ici c’est qu’il est normal que nous partions et que la machine qui avance est là pour nous le dire. Oui, la machine est forte, grande, on ne pourra pas l’empêcher d’avancer. La colline est mon premier livre. Je saurai plus tard que ces bons étaient des bons de livraisons, d’expéditions de marchandises. Des marchandises comme nous, qui nous baladons au gré des bons. Je les aimais au fond ces papiers, ces signatures grandiloquentes , impressionnantes d’autorité et de vérité.

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Journée d'intense jardinage

Je me suis servi du champagne.
Cela m'arrive quelques fois
Quand je suis contente de moi
Ou bien perdante à qui perd gagne.

Aux échecs, je reste minable
Et ne compte plus mes défaites.
Cependant, je suis satisfaite
Que rien de cela ne m'affecte.

 

En cet instant je me repose.
J'ai rapidement travaillé,
Comme un employé surveillé.
Ce printemps la nature explose.

L'arrêt, qui m'était nécessaire,
Ne pourra pas se prolonger;
Je n'avais certes pas songé
Que j'aurais tant d'efforts à faire.

8 juin 2017

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ADMINISTRATEUR GENERAL

Dans le cadre du 10ème anniversaire d’activités de l’Espace Art Gallery en 2015, celle-ci édite 1 nouveau recueil d’art reprenant des billets d’art concernant 12 artistes qui ont exposé leurs œuvres dans la galerie.

 

Ce recueil est publié dans le prolongement de ceux déjà parus dans la collection « États d’âmes d’artistes » publiée par © Les Éditions d’Art EAG. Il s’agit d’un partenariat entre le Réseau Arts et Lettres et l’Espace Art Gallery.

 

Cette collection présente les billets d’art de François Speranza, historien de l’art, attaché au Réseau Arts et Lettres.

 

Une fête-concert dans la Galerie est prévue afin de remettre gracieusement le dernier volume, nouvellement paru, aux artistes ayant bénéficié d’un article d’exposition sur Arts et Lettres en 2016. Ce recueil constitue déjà le volume 5 !

 

 

 

La fête :

 

Aura lieu le 24 juin 2017 de 18h 30 à 22h 30

 

Au programme:

 

18h 30 accueil des artistes et visiteurs

 

18h 45 présentation de la soirée

 

19h 00 à 19h 45 concert de la chanteuse Fabienne Coppens

 

20h 00 à 20h 30 remise des recueils aux artistes

 

20h 30 à 22h 30 verre de l’amitié et petits sandwichs fourrés

 

Réservations obligatoires :

 

Au 00 32 (0) 497.577.120 /ou par E-mail : eag.gallery@gmail.com

 

Entrée libre sur réservation au préalable.

 

Jerry Delfosse

Directeur de l’Espace Art Gallery et les Éditions d’Art EAG

 

Photos de la soirée fête-concert à suivre…

 

 

Le cinquième recueil est dédié aux billets d’art concernant les artistes suivants :

 

(Exposés en 2016):

 

CHRISTIAN BAJON-ARNAL

 

VICTOR BARROS

 

CATHERINE FECOURT

 

GHISLAINE LECHAT

                                                                           

FREDERIQUE LACROIX-DAMAS

 

FRED DEPIENNE

 

LYSIANNE MATISSE

 

RODRIGUE VANHOUTTE

 

MARIE-CLAIRE HOUMEAU

 

MARC BREES

 

ODILE BLANCHET

 

CHRISTINE BRY

 

Recueil publié en juin 2017.

 

Couverture-recueil-n-5-001.jpg?width=218

Fabienne Coppens chante:

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Le goût de chanter le bonheur

« La ballade des gens heureux »

Donnait le goût de l'espérance,
Était chantée les jours de chance.
Le malheur rend silencieux.

Était chantée les jours de chance,
La paix planait sur le ciel bleu.
Le malheur rend silencieux.
Sévit un vent de violence.

La paix planait sur le ciel bleu,
Semblait, bonne la providence.
Sévit un vent de violence.
Resta passive autant que dieu.

Semblait bonne la providence,
Avant les crimes odieux.
Resta passive autant que dieu.
Fera retrouver l'espérance.

7 juin 2017

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