Cette décharge monumentale de déchets divers est presque à la porte. Il faudrait lever les bras pour avertir la machine d’arrêter de pousser devant elle ces tonnes ennemies de liberté. Il va falloir quitter ce petit château d’enfant, les rêves sont finis. Les machines ont gagné. Les oiseaux ne chantent plus. Les fourrés ont disparu. Des tracteurs remuent la terre autour, de plus en plus nombreux, et agacent l’air paisible qu’ils inondent de fumées.Je suis encerclé. La colline je la connais bien, je la gravis tous les jours. Elle est ma première bibliothèque aux livres partiellement brûlés. Je pense qu’ils doivent révéler d’importants secrets et être le seul à pouvoir les toucher éveille ma curiosité. Peut-être vais-je y trouver une explication pour vaincre l’ennemi ! Je vois des dessins de locomotives, de roues, de rails, des plans grandioses, des chiffres, des écritures sur de petits carnets aux feuilles détachables sur lesquelles il est écrit B O N . Je peux lire ce mot qui résonne dans ma tête. C’est le premier mot que je peux lire sans l’avoir appris mais pour l’avoir entendu. Voilà donc comment BON s’écrit ! BON, je sais ce que c’est : c’est comme gentil, synonyme de liberté et ma rancoeur contre l’usine à trains est un peu atténuée. Les BON sont signés avec de grandes et belles signatures, sûrement des gens importants qui délivrent des bontés autour d’eux, feuille par feuille, quotidiennement. Ma mère me dit qu’elle avait connu un temps où l’on donnait ce genre de bons pour avoir du pain. Je me dis que si la bonté est écrite ici c’est qu’il est normal que nous partions et que la machine qui avance est là pour nous le dire. Oui, la machine est forte, grande, on ne pourra pas l’empêcher d’avancer. La colline est mon premier livre. Je saurai plus tard que ces bons étaient des bons de livraisons, d’expéditions de marchandises. Des marchandises comme nous, qui nous baladons au gré des bons. Je les aimais au fond ces papiers, ces signatures grandiloquentes , impressionnantes d’autorité et de vérité.
Vous devez être membre de Arts et Lettres pour ajouter des commentaires !
Poème sur la mort, prière amérindienne magnifique, à lire si vous vous sentez mal suite à la perte d'un être cher.
Publié(e) par Dominique Prime le 15 juillet 2012 à 10:27
De l’art d’être malheureux dans « Capitale de la douleur »
Publié(e) par Robert Paul le 25 août 2012 à 11:30
Sujets de blog par étiquettes
- théâtre (443)
- musique (288)
- peinture (239)
- JGobert (233)
- classique (213)
- amour (206)
- comédie (195)
- poésie (192)
- art (192)
- de (143)
Archives mensuelles
2025
- janvier (8)
2024
- décembre (14)
- novembre (25)
- octobre (16)
- septembre (40)
- août (25)
- juillet (29)
- juin (13)
- mai (13)
- avril (17)
- mars (28)
- février (30)
- janvier (30)
2023
- décembre (17)
- novembre (3)
- octobre (22)
- septembre (24)
- août (23)
- juillet (6)
- juin (3)
- mai (6)
- avril (11)
- mars (28)
- février (22)
- janvier (38)
2022
- décembre (29)
- novembre (25)
- juillet (1)
- juin (4)
- mai (1)
- avril (2)
- mars (3)
- février (16)
- janvier (23)
2021
- décembre (37)
- novembre (35)
- octobre (23)
- septembre (31)
- août (24)
- juillet (32)
- juin (42)
- mai (53)
- avril (52)
- mars (51)
- février (25)
- janvier (50)
2020
- décembre (33)
- novembre (30)
- octobre (44)
- septembre (30)
- août (35)
- juillet (24)
- juin (41)
- mai (73)
- avril (64)
- mars (46)
- février (33)
- janvier (19)
2019
- décembre (25)
- novembre (39)
- octobre (46)
- septembre (41)
- août (20)
- juillet (19)
- juin (29)
- mai (33)
- avril (28)
- mars (37)
- février (34)
- janvier (33)
2018
- décembre (40)
- novembre (40)
- octobre (48)
- septembre (50)
- août (61)
- juillet (73)
- juin (71)
- mai (75)
- avril (93)
- mars (100)
- février (95)
- janvier (92)
2017
- décembre (70)
- novembre (94)
- octobre (109)
- septembre (92)
- août (88)
- juillet (89)
- juin (85)
- mai (80)
- avril (78)
- mars (102)
- février (91)
- janvier (91)
2016
- décembre (93)
- novembre (80)
- octobre (132)
- septembre (98)
- août (64)
- juillet (90)
- juin (97)
- mai (95)
- avril (112)
- mars (98)
- février (122)
- janvier (110)
2015
- décembre (105)
- novembre (98)
- octobre (108)
- septembre (100)
- août (76)
- juillet (106)
- juin (113)
- mai (106)
- avril (128)
- mars (119)
- février (127)
- janvier (139)
2014
- décembre (131)
- novembre (122)
- octobre (157)
- septembre (115)
- août (138)
- juillet (159)
- juin (128)
- mai (185)
- avril (164)
- mars (149)
- février (163)
- janvier (180)
2013
- décembre (229)
- novembre (184)
- octobre (164)
- septembre (139)
- août (128)
- juillet (118)
- juin (172)
- mai (179)
- avril (180)
- mars (205)
- février (168)
- janvier (153)
2012
- décembre (148)
- novembre (151)
- octobre (159)
- septembre (185)
- août (169)
- juillet (150)
- juin (213)
- mai (149)
- avril (197)
- mars (218)
- février (181)
- janvier (190)
2011
- décembre (182)
- novembre (196)
- octobre (174)
- septembre (181)
- août (177)
- juillet (184)
- juin (199)
- mai (235)
- avril (216)
- mars (235)
- février (161)
- janvier (203)
2010
- décembre (153)
- novembre (161)
- octobre (169)
- septembre (165)
- août (88)
- juillet (58)
- juin (60)
- mai (73)
- avril (75)
- mars (77)
- février (47)
- janvier (25)
2009
- décembre (23)
- novembre (31)
- octobre (32)
- septembre (1)
- juillet (13)
- juin (6)
Commentaires
Merci Gilbert, pour cette suite de l'histoire.
Bonne fin de journée.
Amitiés.
Adyne