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La vie quotidienne de la noblesse au XVIIIe siècle.

L'amabilité aristocratique, amabilité heureuse de verser un baume sur le sentiment d'infériorité de ceux à l'égard desquels elle s'exerce.

Marcel Proust

     Une remarquable exposition devrait attirer l'œil des curieux au château de La Roche-Guyon.
La Roche-Guyon, un des "Plus Beaux Villages de France" (un titre quelque peu usurpé, mais, vous verrez, le village a d’autres lettres de noblesse), est situé dans le Vexin français, à l'extrémité sud-ouest du Val d'Oise, à mi-chemin entre Paris et Rouen.


Intitulée "Être et paraître. La vie aristocratique au XVIIIe siècle", elle présente des pièces du quotidien. Mais entendons-nous bien, il s'agit d'objets de luxe, objets de parure et d'ostentation, reflets d'un art de vivre à la française où il faisait bon montrer qu'on avait les moyens de jouir de sa journée.
Ainsi chaque vitrine découpe la journée en autant de moments privilégiés consacrés d'abord à :

Toilette et soins. L'esprit ne pourra être dispos qu'après que le corps soit apprêté, détendu, rafraîchi, parfumé.

Gorgibus

Où sont vos maîtresses ?

Marotte

Dans leur cabinet.

Gorgibus

Que font-elles ?

Marotte

De la pommade pour les lèvres.

Gorgibus

C'est trop pommadé. Dites-leur qu'elles descendent. Ces pendardes-là, avec leur pommade, ont, je pense, envie de me ruiner. Je ne vois partout que blanc d'œufs, lait virginal et mille autres brimborions que je ne connais point. Elles ont usé, depuis que nous sommes ici, le lard d'une douzaine de cochons, pour le moins, et quatre valets vivraient tous les jours des pieds de mouton qu'elles emploient.

Molière (1622-1673), Les précieuses ridicules.


Dire que cela n’a pas pris une ride !
Pique et pique et anagramme.


Ci-fait Monsieur, il faudra prêter une attention soutenue à la :

Parure et élégance. Pas question de se négliger, fut-il de soie. L'accessoire est essentiel l'hiver au boudoir aussi bien que sur la terrasse par une chaude journée d'été.

Illustration 1 (en-tête) : éventail (détail), parchemin gouaché,

travail parisien de la première moitié du dix-huitième siècle.

Et ce n'est pas de tout repos d'ainsi se préparer.
L’éclat de mon teint sera au mieux révélé par un petit confetti de taffetas noir droit sorti d’une de ces boëttes, objet de vertu et peau de lait.

Ma mouche est-elle bien ajustée ?

Un général d'armée n'emploie pas plus d'attention à placer sa droite, ou son corps de réserve, qu'elle en met à poster une mouche qui peut manquer, mais dont elle espère et prévoit le succès.

                                                                        Montesquieu (1689-1755), Lettres persanes.

Votre coche excité vous révèle le langage des mouches :

Discrète sur le menton ;

au coin de l'œil, assassine ;

effrontée sur le nez ;

majestueuse sur le front ;

galante sur la joue, elle devient enjouée sur une fossette ;

friponne sous la lèvre ou baiseuse à la commissure ;

généreuse sur un téton, elle est receleuse si elle masque un bouton !

Ah traitresses...

Et le loup pouvait bien aussi y être.

12273120682?profile=originalLa toilette d'Esther.

Tapisserie des Gobelins (exposition permanente) sur un carton de Jean-François de Troy (1679-1752).

Une commande de la duchesse d'Enville en 1767, livrée deux ans plus tard (le temps de faire tapisserie). La référence à Esther voulant sauver le peuple juif est surtout ici prétexte à faire étalage du faste entourant le soin apporté à la toilette avant de se présenter au roi de Perse Assuérus et de se prosterner devant son Aman de grand vizir, ministre siégeant au Divan.

Déjà je me consume

- vous éventant vous attisez mon feu -

et vous assure :

Sans diamants vous paraîtrez

Toujours aussi brillante,

Et sans épingles vous serez

Toujours aussi piquante.

Stanislas de Boufflers (1738-1815).


Ainsi est-il temps de s'occuper des :

Arts de la table. Bien sûr, il serait vil de cuisiner, mais la maîtresse de maison, toujours bonne hôtesse, disposera-t-elle - elle-même ! - avec goût quelques fleurs, un chandelier ou un de ces merveilleux centres de tables, le surtout c'est suranné, en porcelaine dure de Saxe.

Vous savez que ces Allemands ont retrouvé le secret de la porcelaine chinoise ?

Oui, un certain Monsieur Böttger, prisonnier d'Auguste le Fort, je crois...

12273120895?profile=originalScène galante de la manufacture de Hoescht, porcelaine dure, XVIIIe siècle.

Et puis le roi lui-même raffole de ça...

"Louis XV était un fervent adepte du luxe, et comme tous ses homologues européens, il nourrissait une passion dévastatrice pour la porcelaine. Depuis qu'il avait entendu parler de la formidable fabrique d'Auguste II, il désirait ardemment se joindre à la course, et parrainer une entreprise similaire - qui éclipserait celle de Saxe. D'ailleurs, un peu plus tard, durant la même décennie, il allait investir dans l'établissement céramiste fondé à Vincennes en 1738 (ce dernier déménagerait en 1756 pour devenir la manufacture royale de Sèvres qui, comme celle de Meissen, subsiste encore à ce jour). Mais en 1730, il n'existait pas de telle industrie sous l'égide du souverain et les fabriques françaises, notamment celles de Saint-Cloud et de Chantilly, n'avaient réussi que de la pâte tendre."

Janet Gleeson, L'alchimiste de Meissen.

12273121860?profile=originalScène galante de la manufacture de Hoescht,

fondée en 1746 dans les faubourgs de Frankfort.

Groupe à la manière de Johann Peter Melchior (1742-1825).

Le corps à ses nécessités, il est temps maintenant de passer aux choses de l'esprit.


« La société est composée de deux grandes classes :

ceux qui ont plus de diners que d’appétit,
et ceux qui ont plus d’appétit que de diners. »

Chamfort (1740-1794).


Ces Dames et ces Messieurs pourront passer au salon pour se livrer à :

Lecture et écriture. Du temps de la duchesse d'Enville (1716-1797), mère de Louis-Alexandre de La Rochefoucauld (1743-1792), qui tenait ici salon, la bibliothèque possédait plus de 10 000 ouvrages. Hélas, les livres ont été dispersés en 1987.

Nous pourrons aussi nous retrouver autour de :

Jeux et divertissements.

"Il y a dans le château tous les amusements imaginables ]...[ ;
les duchesses n'exigent de leurs gens que de s'amuser ; le matin je vais causer ou lire avec l'abbé, ou M. de Foncemagne de l'Académie, vieillard de beaucoup d'esprit ; ou bien, je vais courir à cheval avec Mme de La Rochefoucauld, son écuyer, son palefrenier et ses laquais, ou je reste chez moi. Quoiqu'il y ait plus de cent domestiques dans la maison et près de cent chevaux dans les écuries, le château est si grand que je suis dans un appartement aussi tranquille qu'on peut l'être."

Charles Victor de Bonstetten (1745-1832).

A moins que ces Messieurs n'aiment à se retrouver entre eux, au fumoir, parler de choses sérieuses propres à leur genre, où à leur guise ils pourront :

Pétuner et fumer. Enfin l'homme de goût, de noble lignée, du tabac fera bon usage. Il préférera sans doute, pour bien apprécier toutes les vertus de l'herbe à Nicot, priser. Oui, pétuner (de pétun, tabac)...

12273121691?profile=originalSecouette.

Poire à priser, travail allemand en bois sculpté et argent du début du XVIIIe siècle.

« Le tabac, dont l’usage par la combustion n’est devenu général et excessif que depuis la paix en France. »

Honoré de Balzac, Traité des excitants modernes.

« Le tabac se consomme aujourd’hui par la bouche après avoir été longtemps pris par le nez : il affecte les doubles organes merveilleusement constatés chez nous par Brillat-Savarin : le palais, ses adhérences, et les fosses nasales. Au temps où l’illustre professeur composa son livre, le tabac n’avait pas, à la vérité, envahi la société française dans toutes ses parties comme aujourd’hui. Depuis un siècle, il se prenait plus en poudre qu’en fumée, et maintenant le cigare infecte l’état social. On ne s’était jamais douté des jouissances que devait procurer l’état de cheminée. »

Honoré de Balzac, Traité des excitants modernes.

Quoique certains aimeront sans doute se délecter d’une bonne pipe. Oh, pas une de ces pipes en terre cuite juste bonnes pour un marin hollandais ou pour le vulgaire. Mais une bonne pipe en bois si habilement sculptée. Qui nous donnera même à penser au sens de la vie, memento mori. D’ailleurs,

« Vous n’avez qu’à vous retourner, celui qui les faisait est mort. »

Gédéon Tallemant des Réaux,
qui vécut au XVIIe siècle

mais ne fut publié qu’au siècle suivant.

Ses Historiettes furent alors fort en vogue.

En suivant les volutes de fumée nous lancerons un de ces subtils traits d’esprit qui rappelleront que nos plaisirs terrestres sont fugaces.


Respice post te ! Hominem te esse memento !

12273121097?profile=originalFourneau de pipe en bois sculpté de la première moitié du XVIIIe siècle.

« Regarde derrière toi ! Rappelle-toi que tu es un homme ! »

12273121900?profile=originalFourneau de pipe en bois scupté et cuivre doré

de la première moitié du XVIIIe siècle.

Oui, « Souviens-toi que tu mourras », mais en attendant amusons-nous à râper une de ces carottes et mettons ce bon tabac dans nos tabatières. Alors :


« Vive Le Sage et les ultramondins. »

Louis Alexandre de La Rochefoucauld,

6e duc de La Roche-Guyon.


Nous sommes dans un siècle de raison, non ? Et cela depuis le Discours de la méthode pour bien conduire sa raison, et chercher la vérité dans les sciences, paru en 1637, autant dire un siècle !


« Vive Descartes, durent à jamais les tourbillons. »

La Rochefoucauld, Mon rêve.


En attendant ces dames pourront s’adonner à quelques :


Ouvrages de dames.

"Bergère, détachons-nous

De Newton, de Descartes ;

Ces deux espèces de fous

N'avaient pas vu le dessous

Des cartes."

François-Joseph de Beaupoil (1648-1742),

marquis de Saint-Aulaire.

A moins qu’elles ne préfèrent :


Prières et dévotions.

12273122469?profile=originalLa Vierge, l'enfant Jésus et saint Jean.

Ivoire sculpté.


« C’est trop pour un mari d’être coquette ou dévote ;

une femme devrait opter. »

Jean de La Bruyère (1645-1696), Caractères.

Nous cultiverons quant à nous un esprit rationnel dans un corps sain. Ce pourquoi nous nous emploierons par :


Chasse et société.
Echauffement fort civil, car il faut bien s’entraîner à défendre nos foyers menacés, voire la patrie toute entière. Mais, préalablement, vous seriez fort avisé d’écouter Alain-René Lesage (1668-1747) :


« Lorsqu’un fils possède tout le bien d’une maison,

je ne lui conseille pas de chasser avec son cadet. »


Trop tard en revanche pour cet avertissement de Rivarol (1753-1801) :


« La souveraineté du peuple tuera tous les rois,

s’ils continent d’avoir le diadème sur les yeux
au lieu de l’avoir sur le front. »,


malgré tout :


Armement civil et militaire.


Ainsi l’exposition s’articule-t-elle autour de ces dix activités qui ponctuent la journée des gens de qualité. Evocation du raffinement qui régnait dans la bonne société du XVIIIe siècle, de l’activité artistique et intellectuelle.
Bien sûr je ne vous ai présenté qu’une petite sélection d’objets qui répondaient à mes centres d’intérêt. Vous connaissez par ailleurs mon mauvais esprit et n’avez pas pris à la lettre mes plaisanteries. La duchesse d’Enville tenait à La Roche-Guyon un salon fort prisé, disposait d’un laboratoire de chimie, entretenait avec Turgot une correspondance serrée où elle montrait un goût prononcé pour l’économie notamment, et par-dessus tout s’était constituée une collection fournie de minéraux pour son cabinet de curiosités. Etude et frivolité font étrange ménage.
Les salons, par la confrontation des idées, par le brassage des gens et bien que réservés à une certaine « élite », permettaient la diffusion des Arts, des Lettres, des Sciences. On discute, on philosophe, on théorise, on rivalise, on libertine et poétise. On herborise aussi, expérimente, échantillonne, taxidermise. On s’égaye dans la nature, on observe, décrit et classe, systématise, taxonomise. Bouillon de culture. Germes de révolutions.


« Il y a dans l’étude de l’histoire naturelle

deux écueils également dangereux : le premier,

de n’avoir aucune méthode,

et le second,

de vouloir tout rapporter à un système particulier. »

Georges-Louis Leclerc de Buffon (1707-1788).


Nombre de salons sont animés par des femmes. Marie du Deffand, Julie de Lespinasse, amie de d’Alembert, Marie-Thérèse Geoffrin, Marie-Madeleine de La Reynière, Suzanne Curchod-Necker…


« Si vous voulez avoir quelques succès dans le monde, il faut, en entrant dans un salon, que votre vanité fasse la révérence à celle des autres »

Marie-Thérèse Geoffrin (1699-1777).


Nobles ou roturières. Ces dames s’émancipent. Tous veulent entrer dans le cercle, appréhender les lois de Kepler, de Huygens son Traité de la lumière, Descartes versus Newton, Euler et d’Alembert… en connaître un rayon de la terre. Vertus des grands principes.


« J’aime l’étude avec plus de fureur que je n’ai aimé le monde. »

Emilie du Châtelet (1706-1749).


Et Voltaire,


  " Tous les Anciens qui ont raisonné sur la physique, sans avoir le flambeau de l’expérience, n’ont été que des aveugles qui expliquaient la nature des couleurs à d’autres aveugles. "

Bien que furent les Lumières,

  " Nous ne sommes encore qu’au bord d’un océan immense : que de choses restent à découvrir !
Mais aussi que de choses sont à jamais hors de la sphère de nos connaissances ! "


A chacun de composer son propre musée, son itinéraire. Par le choix des citations j'ai aussi essayé de montrer le tourbillon que fut le XVIIIe siècle. Mais dépêchez-vous car, détenus à l’origine par le musée de Cluny, consacré au Moyen-Âge, pour gagner le musée d’Ecouen, ce sont des anachronismes qui risquent de n’être pas revus de si tôt car ce dernier est dévolu à la Renaissance et ont quitté momentanément leur réserve.
Ceci dit, ils seront visibles jusqu’au 29 novembre 2015. Et le château lui-même, auquel je consacrerais bien un billet, est d’une haute curiosité.

Michel Lansardière (texte et photos).

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Nous ne pouvons rien...

Nous ne pouvons rien contre le destin.
Agrippé à nos pas comme un chardon,
L'écarter pour de multiples raisons
Paraît une saison qui toujours va et vient.

Ce feu-là brûle sans qu'on l'allume,
Chercher la flamme dans un tiroir
Pour dire je t'ai et gare tu vas voir
C'est retenir au vent l'intrépide plume !

Dans le berceau pour l'enfant l'affaire est claire.
Le coton, la soie, arceaux et cerceaux luisants,
Douces paroles, gais sourires de père et mère
Ou parfois amères faces vinaigre le terrifiant !

Quand l'école étendra son voile protecteur,
Que les maîtres avisés et pleinement instruits,
Sages, les mèneront sur la voie du bonheur,
Certains glisseront tout acide dans l'oubli !

Et lorsque de tant de tendres largesses
Les portes de l'Amour s'y grefferont,
Qu'un voile léger en d'infinies promesses
Couvrira les élus de ses précieux dons
Les mal-aimés, les rebelles, les malandrins
Crieront qu'on ne peut rien contre le destin !

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Le rêve d’Eléonore. JGobert

Réveillée en sursaut et en sueur, les dernières images de son rêve la font frissonner. Eléonore a rarement le souvenir de ses cauchemars mais ce matin, elle revoit parfaitement la scène et ressent toute la violence de cet instant comme une réalité. Une réminiscence brutale que son être intérieur couve, niche peut-être depuis des années et garde caché, dissimulé.

Sentir ainsi le danger répond à l’instinct de survie. Eléonore imagine la scène dans un tout autre contexte et reformule les images.  L’escalier droit, raide, la conduit vers le bas où une vieille dame, les pieds dans du verre cassé, la dévisage. Le regard de la dame est apeuré. Elle ne bouge pas, effrayée, inquiète, elle craint pour sa vie. Eléonore, toujours en haut de l’escalier, sent une présence derrière elle. Une jeune fille, farouche, fauve la suit  à quelques marches d’elle.  Eléonore se sent, à ce moment précis, vulnérable, fragile et dans le regard de cette fille voit sa faiblesse et sa peur.

D’un pas vif, elle descend l’escalier et est suivie par cette fille qui la colle maintenant. La voici cernée par deux étranges femmes dans cet espace et son cœur bat de plus en plus vite.

Durant quelques secondes, Eléonore voit défiler les images les plus dures de sa vie. Les incidents, les évènements qui l’ont marquée. Un déroulement automatique de tous ces instants difficiles et toujours avec le sentiment étrange qu’elle s’en est tirée. Les cauchemars de son enfance où petite, en larmes, elle s’éveillait et pleurait à gros sanglots. Le goût salé de ses larmes sur ses joues la fait sourire aujourd’hui. Et ceux de cette adolescence compliquée où la peur du changement lui glaçait le sang, la nuit dans ses rêves. Des songes d’un autre temps.

Eléonore a vécu un festival d’épisodes difficiles et ses chimères lui ont enseigné des façons d’être différentes. C’est la première fois que vivre ainsi par procuration la violence la rend perplexe, désorientée, choquée même.

Arrivée en bas de l’escalier, sentant le danger imminent, Eléonore se retourne et attrape la jeune fille avec force. Elle la maintient  vivement et la cogne avec fermeté contre le mur. Le visage de cette demoiselle, ensanglanté, l’étonne et elle relâche son emprise. La violence marquée par ce sang lui donne une force, une puissance qu’elle ne connait pas dans la réalité. Eléonore est étourdie par sa brutalité. La vieille dame a disparu.

La matinée, teintée de gris, se déroule normalement mais Eléonore croit percevoir un changement. Elle a l’impression de n’être plus la même. Une nouvelle Eléonore est née. Une Éléonore féroce que la peur ne fait plus reculer et qui se sent invulnérable.

La réalité de la vie a vite fait de remettre les pendules à l’heure. Ce sentiment de violence, qu’Eléonore a ressenti, est passager et ce mauvais rêve s’est vite effacé, oublié. Ce n’était qu’un vilain cauchemar.

 

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Une fenêtre, des nuages.

 

J'aime surprendre, puis regarder

le glissement lent, le dessiné des nuages

sur les vitres des maisons, des building ;

on croirait voir des tableaux, c'est apaisant,

ça vous empli la tête en même temps que

les yeux d'un calme infini, d'un bien-être silencieux.

C'est comme un secret.

ça me plaît autant que les yeux monumentaux

des chats lorsqu'ils contemplent l'espace,

qu'ils cueillent en vous d'un regard complice,

l'onctuosité d'un mot, puis l'amplitude d'un

geste de vous à lui ; une caresse toute bleue,

venue de l'entre-deux.

NINA

 

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12273118856?profile=originalIl s'agit d'un ouvrage de Louis, duc de Saint-Simon (1675-1755). Restés sous scellés jusqu'à la Révolution parce que "concernant les affaires du Roi", les Mémoires furent rédigés de 1739 à 1749, mais ne seront édités qu'au tournant du siècle, et sous la forme d'extraits: Pièces intéressantes pour servir à l'Histoire (extraits réunis par J.-L. Soulavie), à Bruxelles et à Paris chez Prault de 1781 à 1790 (10 vol.). Le nom de Saint-Simon n'apparaît sur la page de titre qu'en 1788: Mémoires de M. le duc de Saint-Simon, ou l'Observateur véridique sur le règne de Louis XIV et sur les premières époques des règnes suivants, édition parue à Londres et à Paris chez Buisson en 1788. Les publications vont se suivre au XIXe siècle, principalement sous la forme d'extraits; la première édition complète (21 volumes), intitulée: Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon sur le siècle de Louis XIV et la Régence, et publiée sur le manuscrit original entièrement écrit de la main de l'auteur, par le marquis de Saint-Simon, voit le jour à Paris chez Sautelet en 1829-1830.

 

"Embastillés" pendant près de cent ans, les manuscrits de Saint-Simon furent ainsi patiemment exhumés, malgré le séquestre discret des Archives des Affaires étrangères. Mais ce dépôt recèle encore bon nombre d'inédits.

Dès l'âge de dix-neuf ans, Saint-Simon commence à réunir des matériaux "pour des espèces de mémoires de [sa] vie". En 1729, il annote le Journal de Dangeau et rédige ses Additions jusqu'en 1738. En 1739, il commence la rédaction définitive des Mémoires, qui se poursuivra pendant dix ans. La majeure partie de l'oeuvre, soit la chronique des années 1701 à 1723, semble avoir été rédigée de 1740 à 1749. L'ensemble des Mémoires couvre donc la période qui s'étend de 1691 à 1723, date à laquelle le duc tombe en disgrâce et se retire à La Ferté, sur ses terres. A sa mort, en 1755, on découvre 3 000 cahiers de documents, manuscrits et lettres, qui seront saisis et mis au secret par ordre du roi, en 1760, aux Archives des Affaires étrangères. Mais l'oeuvre de Saint-Simon ne reste pas longtemps à dormir sous la poussière: de 1763 à 1770, Duclos et Marmontel explorent les Mémoires, dont les copies commencent à circuler chez Mme de Pompadour et Mme du Deffand. Empêcheur de tourner en rond de son vivant, Saint-Simon joue encore les fâcheux outre-tombe: cet ouvrage monstrueux ternit la mémoire du Grand Siècle et fait ombrage à la postérité. Qu'importe, on le lit et on s'en délecte.

 

Chronique des Mémoires (scènes, tableaux, portraits principaux). La tomaison et la pagination indiquées entre parenthèses renvoient à l'édition Coirault de la "Pléiade".

Les jeunes années, 1691-1701: "Je suis né la nuit du 15 au 16 janvier 1675 de Claude, duc de Saint-Simon, pair de France, etc., et de [...] Charlotte de l'Aubespine, unique de ce lit." L'épopée familiale. Description du règne de Louis XIII, "digne de Saint Louis"; débuts sous les armes (dans les mousquetaires gris) et mariage; premières disputes et querelles de rang, sur fond de politique intérieure et extérieure de Louis XIV (le procès en préséance avec le duc de Luxembourg; la création d'un rang intermédiaire pour les bâtards du roi); mort de Monsieur, frère du roi (II, 4-19).

 

Premières disgrâces, 1701-1710: Saint-Simon démissionne de l'armée, lors de la guerre de Succession d' Espagne. Le roi le boude; affaire de la quête; explication avec le roi (1703). Saint-Simon calme sa pétulance et reprend du service à la cour; la princesse des Ursins est à Versailles (1705); mort du petit duc de Bretagne et de sa mère la duchesse de Bourgogne; tableau de la cour. Le clan des bâtards (II, 939-940). Cabale autour du Grand Dauphin; description de la sombre période du roi vieillissant: "Le royaume [est] entièrement épuisé..."

 

Grandes espérances, 1710-1715: Saint-Simon se réconcilie avec le roi. Le Grand Dauphin meurt: "Un magnifique et prochain avenir s'ouvrait devant moi" (IV, 62-80); mort de la Dauphine et du Dauphin, le duc de Bourgogne (IV, 401-428); le règne de Louis XIV est à son crépuscule. La paix d'Utrecht est signée; conversation de Saint-Simon avec le père Tellier (IV, 705-711); mort de Louis XIV et bilan de son règne: "Le roi est peu regretté" (V, 468-619).

 

L'ami du Régent, 1715-1720: le testament de Louis XIV est cassé, le codicille abrogé (V. 635-639); le Conseil de Régence (V, 661). Influence de Saint-Simon, le "petit boudrillon"; opposition du Parlement de Paris au gouvernement du Régent (V, 881); début de la banque de Law, "un Écossais, je ne sais de quelle naissance, grand joueur et grand combinateur..." (V, 883); Saint-Simon décrit la situation des protestants en France (VI, 3); affaire de la bulle Unigenitus, (VI, 317); le tsar Pierre le Grand à Paris (VI, 352-363); état de la France et de l'Espagne avant et après les traités d'Utrecht. Fortune du cardinal Alberoni (VII, 78-19); dégradation des bâtards de Louis XIV, et lit de justice du 26 août 1718: "Je triomphais, je me vengeais, je nageais dans ma vengeance; je jouissais du plein accomplissement des désirs les plus véhéments et les plus continus de toute ma vie" (VII, 261-283); arrestation du duc et de la duchesse du Maine (VII, 362); Saint-Simon se plaint de "la mollesse, de la faiblesse et de l'ensorcellement du Régent par Dubois" (VII, 409).

 

L'ambassade d'Espagne, 1720-1723: exil du Parlement à Pontoise. Faillite et fuite de Law. Dubois est fait cardinal; départ de Saint-Simon pour l'Espagne en qualité d'ambassadeur; son séjour à Madrid; il fait la liste des Grands d'Espagne et décrit leur généalogie (VIII, 94-258); retour de Saint-Simon à Paris. La cour s'installe de nouveau à Versailles; Saint-Simon déplore une fois de plus "la faiblesse incroyable du Régent" à l'égard de Dubois (VIII, 699-506)... tandis que le cardinal devient Premier ministre.

 

La dernière disgrâce, 1723: Saint-Simon fait remarquer la "stérilité des récits de cette année", et ajoute: "J'étais ulcéré des nouveautés du sacre..." (VIII, 554); gouvernement de Dubois. Rétablissement des rangs et honneurs des bâtards (VIII, 567); mort de Dubois. Mort du Régent et ses suites (VIII, 645-656). Saint-Simon est invité à quitter la cour; conclusion des Mémoires (VIII, 662).

 

Étrange destinée que celle de cette oeuvre qu'un style et une pensée à rebours des Lumières naissantes rattachent au XVIIe siècle, conçue néanmoins en plein XVIIIe siècle, publiée enfin au XIXe siècle. Ce n'est pas seulement la matière et le genre des Mémoires qui relient Saint-Simon au passé; ce duc et pair de France, viscéralement attaché à l'ordre aristocratique, à ses prérogatives et à ses étiquettes, rêve d'un idéal monarchique que l' absolutisme royal et les prétentions du tiers état travailleraient à corrompre.

 

Les Mémoires évoquent donc le règne finissant de Louis XIV et les premiers feux de la Régence comme une inexorable décadence. A la recherche du temps perdu, Saint-Simon décrit cette maladie de consomption qui mine la société depuis la mort de Louis XIII, le bienfaiteur de la famille, dont il célèbre, seul de toute la cour, les messes anniversaires. Loin de voir dans le règne du Roi-Soleil l'apogée du pouvoir royal, il y voit sa défaite et le crépuscule de la monarchie. A cet égard, les troubles de la Régence et son étalage de "prostitutions" ne constituent pas une ligne de fracture. Le mal est déjà ancien et, dans ce théâtre d'ombres où les principaux accessoires se fissurent, résonne un chant funèbre.

 

Aujourd'hui comme hier, un coup d'oeil rapide sur l'univers des Mémoires peut aisément rebuter. Malheur à celui qui, lecteur non averti, tombe sur la litanie des étiquettes (comme les cent pages insipides de 1701, consacrées à la comparaison des princes espagnols et français, ou les cent cinquante pages de 1721 qui passent en revue les Grands d'Espagne... et leur cérémonial: une vraie merveille pour Saint-Simon!), des rituels monarchiques, des grand-messes et des protocoles! Esprit vétilleux, intraitable sur les questions de bienséance et de préséance, Saint-Simon nous fait entrer de force dans les catégories mentales d'un grand aristocrate imbu de sa caste: un système clos, anachronique, avec ses généalogies effrayantes, ses rites et ses tabous. Considéré depuis Versailles, le monde paraît singulièrement mesquin, réduit, étriqué.

 

Les hommes des Lumières n'ont pas manqué de noter que l'Histoire, chez Saint-Simon, est vue par le petit bout de la lorgnette: Marmontel, le premier, remarque "cette ostentation de franchise et de probité [...], cet intérêt personnel qui le domine à son insu au point de ne lui laisser voir dans la nation que la noblesse, dans la noblesse que les ducs et pairs, dans les ducs et pairs que lui-même". Cette réduction de la perspective est pourtant compensée par l'extraordinaire acuité d'un regard scrutateur. Dans la galerie des Glaces où semble se réfléchir l'histoire d'une nation, Saint-Simon a placé quelques miroirs grossissants. Pour recueillir tous les indices du vrai, il faut "tenir les yeux ouverts à tout" (IV, 849), et savoir retenir "la plus petite et la moins importante vérité, qui est l'âme et la justification de toute histoire" (I, 15). Mais on ne dira jamais assez à quel point la philosophie des petites causes, chère à Pascal, dessert l'historiographie officielle. Ravalées au rang de passions égoïstes ou vénales, les actions des grands hommes perdent de leur mystère et de leur magnificence. A cent lieues de toute simplification apologétique, ces tensions sont des signes d'authenticité. Les causes secondaires deviennent les causes principales, et l'on sait depuis Saint-Simon que "la fenêtre de Trianon fit la guerre de 1688" (IV, 959; la formule, expéditive, fait référence à l'amour-propre blessé de Louvois). Dans le tableau de l'Histoire, l'essentiel de son attention se porte sur les marges ("J'aurais acheté cher une cache derrière la tapisserie"), sur d'infimes détails qui vont modifier définitivement la distribution des parties et la signification de l'événement. Cette attention détournée est aussi un détournement du sens.

 

Saint-Simon est le premier à défendre l'idée que le mémorialiste est un véritable historien. Certes, les Mémoires ne sont que le supplément de l'Histoire, puisque l'essentiel est supposé connu. Mais c'est dans ces petits riens que réside le travail de l'historien: "Écrire l'histoire de son pays et de son temps, c'est repasser dans son esprit avec beaucoup de réflexion tout ce qu'on a vu, manié, ou su d'original sans reproche, qui s'est passé sur le théâtre du monde, les diverses machines, souvent les riens apparents qui ont mû les ressorts des événements qui ont eu le plus de suite, et qui en ont enfanté d'autres" (Avant-propos).

 

Sans rien perdre de la richesse concrète des actes quotidiens, Saint-Simon mobilise toute une série de facteurs pour restituer la logique des événements. Il faut que le récit des faits découvre leur origine: "C'est ce qui rend nécessaire de découvrir les intérêts, les vices, les vertus, les passions, les haines, les amitiés, et tous les autres ressorts tant principaux qu'incidents des intrigues, des cabales et des actions publiques et particulières qui ont eu part aux événements qu'on décrit, et toutes les divisions, les branches, les cascades qui deviennent les sources et les causes d'autres intrigues, et qui forment d'autres événements" (I, 6). Aussi les Mémoires oscillent-ils entre une conception accidentelle de l'Histoire, liée aux personnes (bâtards, maîtresses ou courtisans), à la psychologie, et une conception plus structurelle. Malgré leur apparente dispersion, l'unité des Mémoires tient au dessein historique qui les anime et à l'idéal politique qui les justifie. Mais Saint-Simon n'est pas dupe. Son pessimisme historique vient de la rupture consommée entre la société corrompue et avilie d'aujourd'hui et le monde hiérarchisé d'autrefois. Il n'empêche: il rêve toujours d'endiguer les abus et les dégradations, et les Mémoires gardent la trace, jusque dans l'écriture, d'une volonté d'infléchir une Histoire désespérante. D'où cette peinture critique de la société de cour que la violence du sentiment monarchique pousse sans cesse à noircir. On a surtout retenu de Saint-Simon ses truculents portraits, exutoires de ses antipathies, magnifiés par la force d'une écriture faite de passion et d'humeur. Sous sa plume, le duc du Maine, le duc de Noailles, le cardinal Dubois deviennent des figures démoniaques. Bâtard de Louis XIV, le duc du Maine se prête "à toutes les souplesses et les bassesses les plus rampantes auxquelles le diable ne perdait rien" (II, 939-940), tandis que Noailles, le "démon", est capable des "noirceurs les plus longuement excogitées" (V, 283-285). Il n'y a rien de plus fréquent dans les Mémoires que les mots de "monstre" ou de "prodige", qui donnent à cette galerie de bossus et de gnomes un éclairage presque surnaturel.

 

Saint-Simon rend à chacun des êtres sa parcelle de difformité naturelle. Le jeu peut être féroce, et le duc semble parfois se complaire dans la laideur (tel ce visage, "qui avec force bourgeons ressemblait pas mal à un abcès"). Mais la laideur physique est souvent associée à la noirceur de l'âme, et c'est bien ce secret qu'il faut aller chercher sous la grossièreté de l'enveloppe. La richesse de ses portraits tient à la dualité même de l'être et du paraître: il s'agit d'abord de percer le mystère qui entoure les êtres et leurs actes, de sonder leur complexité; l'exigence de connaissance ne peut faire l'économie d'un démasquage généralisé. L'enquête sera longue et patiente. Les Mémoires chercheront dans le foisonnement et le changement la permanence des signes et des symboles. Quelquefois la tâche est facile: le mal est gravé sur un visage comme sur de l'airain. C'est le cas de Dubois, dont l'envie de plaire est gâtée "par une fumée de fausseté qui sortait malgré lui de tous ses pores et jusque de sa gaieté, qui attristait par là" (V, 243).

 

En dépit de ces anamorphoses, de cette dilatation et de ce gauchissement des contours qui rendent difficile la distinction entre le portrait et la charge, on est frappé par l'éclat lyrique de ces visions, qui semblent anticiper sur les magasins d'horreurs d'un Goya. Toute l'énergie de l'esprit est rassemblée dans un regard, dans la profondeur de ses observations malveillantes. Saint-Simon ne donne pas du monde une vision statique, il convertit au contraire son observation du monde en spectacle. Il n'immobilise pas ses personnages dans une pose, mais recueille plutôt une série d'instantanés. Le portrait, à cet égard, n'est pas isolé d'une vision plus générale du groupe social. Sa galerie de spectres, son bestiaire, ses figures hideuses et grimaçantes sont une représentation baroque de la comédie humaine. Ils disent à leur manière l'agitation grotesque d'un monde condamné.

 

Et pourtant Saint-Simon peint un monde plus vrai que nature. Mieux: il recrée une société, un univers foisonnant, ce qu'aucune étude objective, aucune analyse érudite ne saurait vraiment faire. Au diable l'encre froide des chroniqueurs! elle est le signe de l'indifférence. Saint-Simon ne se pique pas d'être impartial, pourvu qu'il dise la vérité, qu'il stigmatise le vice et l'infamie. D'où ce saisissant paradoxe: par la vertu d'une écriture enragée, les Mémoires disent la formidable vivacité d'un monde à l'agonie. Cette force et cette démesure sont les marques d'un style inégalé. Dans ce domaine, Saint-Simon ne se soucie guère de savoir si les mots qu'il emploie sont en usage à la cour ou dans les salons, pourvu qu'ils aient la vigueur nécessaire pour parler à l'imagination. Il affectionne les termes pittoresques, insolites ou familiers. Le portrait de la princesse d'Harcourt débute ainsi: "Elle avait été fort belle et galante; quoiqu'elle ne fût pas vieille, les grâces et la beauté s'étaient tournées en gratte-cul" (II, 271-275). Mieux vaut l'apparente impropriété d'un mot hardi que la platitude d'un vocable inexpressif! Contre la pureté un peu exsangue de la langue classique, Saint-Simon choisit les audaces d'une langue résolument concrète et expressive, souvent savoureuse, toujours imagée. Accusant les contrastes, jouant sur les oppositions, les Mémoires de Saint-Simon ne dissertent donc pas sur le sens de l'évolution historique, ils en dessinent la dramaturgie. Mais l'acuité d'un regard dispersé - dont la cohérence tient au sentiment d'assister à une vaste comédie humaine - porte essentiellement sur le dévoilement d'un envers de l'Histoire, qui est aussi le contraire d'un panthéon mystificateur.

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Je me croyais abandonnnée

Pantoum

Dans le silence ensoleillé,
Est revenue à tire d'aile
Ma muse demeurée fidèle,
Par la splendeur émerveillée.

Est revenue à tire d'aile,
L'amie habile à m'égayer,
Par la splendeur émerveillée.
Je reste attentive auprès d'elle.

L'amie habile à m'égayer
Me murmure des phrases belles.
Je reste attentive auprès d'elle.
Nulle grâce n'est gaspillée.

Me murmure des phrases belles.
Dans la lumière éparpillée,
Nulle grâce n'est gaspillée,
Elle en capte chaque parcelle.

13 août 2015

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Mon style

Dans mon travail, j’utilise des clichés, mais il s’agit alors de m’approprier ces images à un degré ou à un autre.

Le style, la composition , les couleurs utilisées, varient ainsi d'une facture à une autre, d'un sujet à un autre. Tous mes portrait sont peints d'une manière qui correspond à l'histoire du modèle.

Je ne cherche pas à mettre le sujet à son avantage, mais à révéler son être profond. et si la valeur n'attend pas le nombre des années, les années autorisent une maturation qui seule permet d'accomplir son œuvre dans la liberté de créer.

 

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BOUQUETS...

Bouquet de mots

Rien que pour vous

Il porte haut

Les désirs fous...

Destin fragile

Illuminé!

Dessin subtil

De nos pensées...

Bouquet d'idées

Désir de vie...

Visite guidée

De nos envies...

Petite pluie

Divine fraîcheur!

Une accalmie

A nos langueurs...

Bouquet pastel

Ou passionné...

Gage éternel

De la beauté...

Foisonnement d'ailes

Clin d'œil des cieux!

Nouvel éveil

Juste, être heureux...

Bouquet figé

Une illusion...

Regain d'été

Amour fusion...

J.G.

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Une tâche ardue

Songerie

Pour ma bonne santé mentale,
J'accumule des biens acquis
D'une valeur sentimentale,
Gardant souvent un charme exquis.

Chaque année, le stock augmentait,
Nombreux achats, cadeaux-surprises,
Or je n'ai pas su me douter
Que viendrait le temps d'une crise.

Contrainte de quitter la place,
Peut-être en un proche avenir,
Je dois vider certains espaces
De très encombrants souvenirs.

Ne mettrai pas dans la corbeille,
Sans gros regrets et nostalgie
De vieilles choses qu'ensoleille
L'énergie de la poésie.

13 août 2015

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Il n'est jamais trop tard !

Ce que tu as ne m'intéresse pas,
Ce que tu es me comble de joie.
Ne jette ces yeux fixés tout autour,
Crispés en griffes de vautour !

Ils paraissent bêtement retenir
Ce qui file comme le temps d'un soupir.
Conte nous inlassablement quel est ton rêve,
Et en as-tu freiné ou non sa quête ?

As-tu décidé l'éveil ou la grève,
Dors tu béat comme finie la fête ?
Où sont tes joies et tes cris d'enfant
Enfouis pour quelques pièces d'argent ?

Ces manèges qui tournent à la folie,
Ces portes sans portes où les gens rient ?
Des siècles n'ont pas été utiles
Pour qu'un fier ne devienne docile !

Qu'il pleure alors sur ce qu'il n'a pas fait
Quand au bon moment il le pouvait.
La peur de n'avoir plus de confort
L'a jeté aux enfers des remords !

Ce qu'il a ne l' intéresse même plus,
Ce qu'il est ressemble au temps perdu !
Que demain trop tard ne le désespère
Et déride enfin ses maudites serres !

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12273116693?profile=originalStatue de Herder à Riga

"Idées sur la philosophie de l' histoire de l'humanité" est un ouvrage philosophique en trois volumes de l'écrivain allemand Johann Gottfried Herder (1744-1803), publié en 1784. Contrairement à Vico qui commença par établir l'ordre de succession entre les divers moments de l' esprit, pour tracer ensuite une histoire idéale éternelle dans le cadre de laquelle se déroule le cycle de l'histoire phénoménale qui s'y insère en tant que pur symbole, Herder s'élève des manifestations physiques naturelles, de l'étude de la terre, de ses montagnes, de ses mers, de son atmosphère, de l'immense laboratoire au sein duquel se préparent l'organisation des plantes et la vie des animaux, jusqu'aux structures physiologiques les plus complexes, aux instincts animaux les plus surprenants, jusqu'à l'homme, résumé de la création. Celle-ci cependant se scinde alors comme en deux mondes: celui de l' espace, où les lois physiques, les saisons et les climats obéissent à un rythme, fait en apparence de mouvement, en fait d' éternel repos, et construisent la demeure de l'homme; l'autre qui évolue dans le temps et comme lui en perpétuelle transformation, avec ses progressions, ses régressions, ses déviations et ses répétitions, variable à l'infini, apparemment sans loi ni fin, mais en réalité en continuel mouvement: le règne de l'homme. Doué de sens plus parfaits et d'instincts plus purs que ceux des animaux, et partant organisé en vue de la liberté d'action, pour l'art et le langage, pour l'humanité et la religion, pour les espérances d' immortalité, l'homme nanti de facultés spirituelles, est le dernier anneau de la chaîne des créatures terrestres et le premier dans celle d'un ordre supérieur: d'où la contradiction immanente de son être, du citoyen de deux patries à la fois. Herder fait naître ces deux mondes l'un de l'autre: s'il est vrai que les lois physiques ont construit l'univers et que les lois de l'humanité ont édifié celui de l' histoire, l'homme, dans sa multiplicité de sa nature, n'est que le résumé et le point de convergence de toutes les forces organiques. Formé et modelé par le milieu physique, le climat, les besoins vitaux, etc., il serait demeuré nature, fleur de la nature, mais placé dans l'impossibilité d'échapper à son déterminisme, contraint de marquer le pas de génération en génération, s'il n'y avait eu la Révélation originelle et fondamentale, cette communication de Dieu qui, trouvant l'homme tel une chose parmi les choses le doua d'un langage et d'une forme de religion, de tradition et d'humanité. "Seule la religion introduisit parmi les peuples les premiers éléments de la civilisation et des sciences, qui ne furent rien d'autre à l'origine qu'une sorte de tradition religieuse". L'auteur passe alors en revue les plus anciennes traditions de l' Asie et l'histoire des grandes nations du passé, montrant que l'évolution humaine se poursuit désormais de façon autonome, confiée à des forces immanentes. "Le but de la nature humaine, c'est l' humanité"; et Dieu, en donnant cette fin aux hommes, a placé leur sort entre leurs propres mains, à partir des fondements de la raison et de la justice, sous l'impulsion d'une suprême bonté législatrice, dont dépend notre bonheur suprême dans la mesure où nous y collaborons. Le troisième livre envisage l'histoire des nations européennes, surtout pendant l'ère chrétienne, et en particulier l' empire romain, les Germains et l' Eglise, les causes de leur succès partiel et de leur décadence. L'ouvrage s'achève sur l'interrogation: "Quand viendra l'époque de l' éducation universelle et réciproque des peuples au moyen des lois, de l' instruction, des constitutions politiques?"

Relevant typiquement des "Lumières" dans ses origines (l'amour fervent de la nature et la haine du despotisme tient de Rousseau; la séparation -artificielle- du monde de la Nature de celui de l' histoire), l'ouvrage se révèle comme un compromis entre les préoccupations d'un déterminisme naturaliste et une conception optimiste et théologique de la Providence. Mais c'est précisément ce compromis fécond, ce net effort pour dépasser la transcendance dans l' immanence, qui est à la source de tout le Romantisme dont Herder fut un des précurseurs. En dépit de ses insuffisances dans les domaines économique et juridique et l'absence d'une exposition critique de la matière historique, cette oeuvre s'offre comme une vision grandiose, d'une éloquence inspirée, pourvue d'éléments vigoureux et souvent originaux, enrichie de vues amples et d'une véritable noblesse de style.

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Savoir dire et savoir faire

Soliloque

Pour convaincre ou pour charmer, il faut connaître l'art de dire. Les politiciens l'ont appris et leur succès certes en dépend.
Maintes fois, un propos suggère comment il conviendrait d'agir. Créer de la beauté ou transformer ce qui existe, avec des effets souhaitables, semble impossible sans savoir faire.
Si le savoir vivre accompagne le savoir faire, le meilleur se réalise.
Savoir dire, en littérature cause un plaisir parfois intense aux amoureux du beau langage. Pouvoir séduire avec tendresse restera sans doute une grâce.
Pour les beaux-parleurs, savoir dire peut être un atout efficace s'ils désirent abuser autrui.
Les escrocs se servant des mots en font une potion magique.

11 août 2015

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Du 05 – 08 au 30 – 08 – 15, l’ESPACE ART GALLERY (Rue Lesbroussart, 35, 1050 Bruxelles) a le plaisir de vous proposer une exposition intitulée ECLECTIQUE, consacrée à l’œuvre de Madame ELIZABETH BERNARD, une peintre française dont l’écriture picturale ne manquera pas de vous intriguer.

La peinture d’ELIZABETH BERNARD se distingue principalement par l’importance de l’apport chromatique, décliné en une série de contrastes faits de tonalités vivaces. Des notes telles que le rouge, le jaune ou le bleu sont jetées sur la toile dans des accords vifs, créant ainsi des symphonies de couleurs chatoyantes.

Il y a de l’abstraction lyrique dans cette œuvre. Une abstraction ornée d’éléments géométriques structurant la toile en des rangées de segments et de formes trahissant une mise en confrontation de l’onirisme poétique et du rationnel le plus déterminé. Un sentiment d'élément figuratif intrigue le regard. LE CADEAU D’ANNA (1 m x 1 m – acrylique sur toile)

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expose dans sa partie droite, campée en une zone à dominante jaune, ce que l’imaginaire peut interpréter comme étant un profil, mis en valeur par une paire d’yeux saillants, terminé par une bouche aux lèvres rouges. Tandis que la partie gauche est dominée par la présence géométrique, structurée à l’intérieur d’un carré. L’ensemble de la composition est encadrée d’une haute note rouge vif. Cela se retrouve souvent dans l’écriture de l’artiste, à savoir que le sujet de la toile se développe en son centre, entouré de zones chromatiques de différentes intensités.

Nous insistions plus haut sur l’élément géométrique lequel revient comme un leitmotiv dans l’ensemble de son œuvre.

TRACES (1 m x 1 m – acrylique sur toile)

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nous propose une toile divisée en quatre zones distinctes, décrivant quatre figures-symboles, telles que la spirale (en haut, à gauche), le labyrinthe (en bas, à droite), la pyramide (en haut, à droite – conçue comme une coupe plongeante), la piste en zigzag (en bas, à gauche).

En la décortiquant, l’on s’aperçoit que la figure, quelle qu’elle soit, abrite toujours en son sein, un symbole. En ce sens qu’elle est le signifié matérialisé d’une conception abstraite que les cultures ont balisé au fil des siècles.

Ainsi, peut-on voir dans la spirale le symbole de l’infini. Dans le labyrinthe, l’image de la recherche de la liberté à partir d’un parcours complexe. 

Dans la pyramide, l’union mystique du chtonien et de l’ouranien – ou pour mieux dire, le mariage entre la terre et le ciel. La piste en zigzag est sans doute ce qui représente le plus l’artiste en son for intérieur, en ce sens que, composée de lignes droites, elle associe la recherche vitale de liberté tout en rationalisant le trait dans son parcours. Car jamais ce dernier ne déborde des limites du cadre.

L’ensemble de la composition baigne dans un chromatisme bipolaire composé de blanc et de gris, donnant à l’ensemble une douce tonalité cendrée.

Comme nous l’indiquions plus haut, le figuratif n’est pas totalement absent de l’œuvre de l’artiste.

SON AND DAD (80 x 80 cm – acrylique sur toile)

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nous convie vers une volonté expressionniste exprimée dans une sorte de « coupe au scanner » dans laquelle le corps est souligné, en son contour, par la blancheur du trait. L’intérieur est évidé, en son milieu, par la zone noire laquelle sert de couverture chromatique à l’arrière-plan, faisant ressortir la figure humaine de façon saillante.

PETIT ROBOT, AS-TU DU CŒUR ? (50 x 100 cm – acrylique sur toile)

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associe les aspirations profondes de l’artiste, en ce sens qu’il unit une dimension abstraite, laissant deviner la structure (rendue onirique) de la machine à une approche figurative de conception expressionniste, laissant apparaître le « visage » (si tant est qu’un robot en ait un….), traité à la façon d’une figure christique, laquelle ressort irradiée par une série de stries réalisées à la spatule. Dans cette composition extrêmement intéressante dans son approche, l’artiste a voulu marier anthropomorphisme (le visage sacré du robot) et anthropopathisme (dans la question de savoir s’il éprouve des sentiments). C’est sans doute le défi qui agite aujourd’hui les concepteurs de robotique, à savoir concevoir un alter ego mécanique pouvant servir de présence « domestique » à l’être humain.

Insistons sur le fait que dans la composition, la partie mécanique du robot est supplantée par un écran onirique, brouillant toute référence possible à la machine. Il ne subsiste de lui que le « visage » rayonnant de sainteté mystique, l’associant de ce fait à son démiurge, l’Homme.

L’Homme qui a conçu Dieu comme il a conçu le Robot, à qui l’artiste demande (dans l’humanité qui l’anime) s’il a du cœur.

Le figuratif se manifeste également dans L’ÉTÉ A TABLE (80 x 80 cm – acrylique sur toile),

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concrétisé dans la « nature morte », laquelle, malgré la volonté ouvertement expressionniste d’exécution, ne sort pas des conventions du StillLeben (nature en suspension).

Il est à remarquer la présence physique de la matière (traits de couleur rouge sur l’assiette ainsi que sur la panse du vase). Le choc des couleurs vives assure à l‘ensemble une atmosphère festive.

L’œuvre d’ELIZABETH BERNARD se définit par trois variations sur un même style : le géométrique – l’abstrait – le figuratif. Tout cela étant uni par le dénominateur commun de l’expressionnisme lyrique.

La démarche de l’artiste est spontanée, libre, non préméditée. D’où son grand besoin de liberté. Néanmoins, ayant à la base une formation scientifique (elle a  été kinésithérapeute libérale pendant trente ans), cette même formation scientifique se manifeste dans la volonté exprimée de contrôler….l’incontrôlable, en imposant l’assise cérébrale sur le déploiement du geste (pensez à la piste en zigzag de TRACES dont les droites, désarticulées, libres en apparence, ne sortent jamais de l’espace du cadre.  

L’artiste est autodidacte. Le dessin a été son premier medium et comme elle se plaît à le dire : « on dessine avant d’apprendre à écrire ». Elle aurait aimé fréquenter les Beaux Arts. Et comme cela n’a pas pu se réaliser, elle s’est dédiée à la Médecine ainsi qu’à la peinture avec le même sérieux.

Au premier regard, l’on s’aperçoit que pas un iota de toile n’est privé de couleur. La peinture prend tout l’espace ! Cela, parce que, comme elle le dit elle-même : « la vie ne lui suffit pas ! ». L’Art la conduit au-delà de la vie dans la réalisation d’elle-même.

La création lui apparaît alors comme un défi : préférant l’acrylique aux autres matières, celle-ci a pour caractéristique de sécher très vite, ce qui l’oblige à agir rapidement car une fois sèche, l’acrylique ne permet aucune marche arrière ! De plus, la matière faisant corps avec la forme et dans une mesure certaine, primant sur celle-ci, les premiers gestes sont décisifs.

Subjuguée par les nombreuses problématiques posées par l’Histoire de l’Art, admiratrice, notamment, de l’école américaine de l’expressionnisme lyrique de l’Après-guerre, elle a cultivé plusieurs influences, en particulier celle de Robert Rauschenberg.

Le titre de l’exposition présentant ses œuvres résume parfaitement ses aspirations ainsi que son itinéraire : ECLECTIQUE. Un univers où forme et couleur irradient l’espace, contraignant le regard à en saisir l’essence.

François L. Speranza.

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Une publication
Arts
 
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Lettres

N.-B.: Ce billet est publié à l'initiative exclusive de Robert Paul, fondateur et administrateur général d'Arts et Lettres. Il ne peut être reproduit qu'avec son expresse autorisation, toujours accordée gratuitement. Mentionner le lien d'origine de l'article est expressément requis.

Robert Paul, éditeur responsable

 

A voir: 

Focus sur les précieux billets d'Art de François Speranza

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François Speranza et Elizabeth Bernard: interview et prise de notes sur le déjà réputé carnet de notes Moleskine du critique d'art dans la tradition des avant-gardes artistiques et littéraires au cours des deux derniers siècles 

(5 août 2015  -  Photo Robert Paul)

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Exposition Elizabeth Bernard (Photo Espace Art Gallery)

           

N.B.:Elizabeth Bernard est membre du réseau Arts et Lettres

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Le mythe d'un don reçu

Je ne peux pas, en haïkus,
Mettre des images troublantes.
Or cela me surprend beaucoup.
Déçue, je demeure en attente.

Ma muse ne reviendra pas.
Mes vers étaient dictés par elle.
À l'aveuglette, à petits pas
Je glane quelques étincelles.

J'ai lu un jour qu'un pouvoir cesse,
S'il dépendait d'un interdit
Non respecté par maladresse.
Être étourdi n'est pas permis.

Durant ce mois, me sentant lasse,
Dans le doute ayant médité,
Oubliant ce qu'est une grâce,
Ai-je dit je dois arrêter?

9 août 2015

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12273122692?profile=original"Démocratie et Education" est un traité pédagogique du philosophe nord-américain John Dewey (1859-1952), publié en 1916. Le livre, comme le déclare l'auteur dans sa préface, a pour but de recueillir et d'énoncer les idées que suggère implicitement une société démocratique et de les appliquer aux problèmes de l' éducation: c'est-à-dire, de fixer les grandes lignes constructives d'une éducation démocratique digne de ce nom. L' éducation, dit Dewey est à la vie sociale ce que la nutrition est à l'organisme. Eduquer signifie communiquer aux autres notre expérience afin qu'elle devienne un trésor commun, et comme cette transmission s'opère par le milieu, l'ambiance, il importe avant tout de créer une ambiance propre à diriger et à canaliser l'énergie des jeunes. Le résultat fondamental de l'éducation est d'ouvrir la porte au progrès ultérieur. Dewey critique les idées pédagogiques de Platon, fondées sur les classes sociales et non sur l' individu, de même qu'il critique celles des partisans du "Siècle des lumières" qui confondent la société avec tout le genre humain et compromettent le progrès en prêchant le retour à la nature, ou les doctrines chères aux idéalistes du XVIIIe siècle en ce qu'elles soumettent l'individu à la nation, celle-ci servant d'intermédiaire entre l'humanité en général et en chaque homme en particulier. Après une série de chapitres dans lesquels sont exposés divers problèmes philosophiques relatifs à l' éducation, l'auteur aborde le problème central du livre, celui des valeurs éducatives et de la distinction entre la culture et l' utilité pratique. Il rappelle comment cette distinction eut son origine en Grèce et souligne comment les Anciens considéraient qu'une vie vraiment digne d'être vécue ne pouvait l'être que par ceux qui vivaient du travail des autres, en un mot par ceux qui pensaient et non ceux qui oeuvraient, distinction qui, en termes pédagogiques, sépare l' éducation libérale de l'éducation professionnelle. L'invention de la machine a certainement émancipé l'homme des fatigues du travail mais, tant que l'éducation des travailleurs restera limitée à une  instruction scolaire élémentaire, telle qu'apprendre à lire, à écrire et àcompter, leurs esprits resteront inaptes à profiter des heures de loisir que le progrès leur procure. Dewey suggère alors l'idée que dans une société démocratique, toute distinction entre une instruction libérale et une éducation technique doit disparaître et que, de plus, l'éducation ne doit pas exclure une formation spirituelle. Une telle éducation atténuerait certainement les défauts du système économique actuel; unifiant les tendances des divers membres de la société, elle unifierait fatalement cette société elle-même. En conclusion, l'auteur tente également de concilier le dualisme entre l'homme et la nature, dualisme qui a son origine dans la division entre les sciences naturelles et les humanités, lesquelles tendent à s'identifier à de simples souvenirs littéraires. Le livre s'achève sur l'exposé d'une théorie de la connaissance et de la morale appliquée à la pédagogie.

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L’air du vent JGobert

Au carrefour du jour et de la nuit, sur les routes défoncées, les plaines brulées, déambulent des hommes soldats. Un grand nombre enrôlé, recruté, engagé dans des batailles meurtrières, sanglantes.  La mort circule, rôde et s’installe. Elle ravage celui qui la frôle. Un vent de mort monte et couvre les champs de guerre de dépouilles. Les hommes sont devenus fous, cruels, barbares. La haine et les ordres assassins se répandent sur la terre. Tuer. Dénaturer. Détruire. Réduire à néant. L’air du vent ne parvient plus les apaiser.

Le jour se lève dans l’humidité, dans le froid mortel. Les mains, les pieds ont du mal à se réveiller. Les âmes et les cœurs sont figés dans l’horreur.  Les vivants marchent vers le nord, vers le sud, vers l’est, vers l’ouest. Tout est à feu et à sang.

Les populations sont maltraitées, arrêtées, déportées. Des camps enferment, des ghettos étouffent. Les captifs meurent par centaine, par millier. Une agression injuste que subissent les populations sans défense.

Pendant que sur les grandes avenues paradent les légions, les uniformes flamboyants et les bannières rutilantes, applaudis par des peuples aveuglés, pleurent des petits enfants. Des criminels pensent des plans abjects. Ils sont étudiés, expérimentés, installés pour tuer en masse, d’une manière froide et radicale.  L’âme destructrice de ces tortionnaires, éclaboussée du sang des innocents, sèche à l’air libre et la rend résistante, avide de reconnaissance. L’air du vent ne les atteint plus.

De nombreuses années se sont écoulées depuis ces atrocités et les témoignages filmés nous ramènent toujours devant ces portes de l’horreur, pour ne pas oublier.

D’autres conflits ont vu le jour. Les hommes continuent à tuer, à massacrer. Beaucoup meurent encore aujourd’hui. Des mots toujours aussi barbares s’écoutent, se répandent.  D’autres s’expriment pour dénoncer des génocides, des pogromes, des nettoyages ethniques.

La  violence prend des formes toujours nouvelles et réapparait une autre terreur. Des attentats meurtriers tuant à l’aveugle  Des assassinats, des tueries, des meurtres se répètent chaque jour. Le monde entier est concerné. L’époque a changé mais pas le crime, la haine de l’autre attisée par des mots. Les esprits guerriers renaissent et reprennent le combat.

L’air du vent a pour mission de propager le progrès, l’instruction, l’éducation, rétablir l’amour du prochain et le dialogue entre les hommes. Son travail est immense, seul rempart pour l’homme du XXI siècle.  

 

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Il marche JGobert

Mon maître parcourt le monde pour éveiller les consciences.  Répandre la bonne parole. Il visite la terre pour alerter les habitants et leur expliquer l’histoire, le chemin. Son domaine n’est pas Dieu mais l’homme. Il marche pour lui.

Portant les paquets, je le suis docilement. Je m’attarde le long des routes pour flâner et cueillir l’herbe tendre. J’aime les jeunes pousses et les fleurs odorantes. Toujours à quelques pas de lui, je ne cherche pas à le dépasser, le devancer. D’un pas ferme, il se déplace vers sa destinée, son avenir, convaincu de ce qu’il dit. Il a la foi du prêcheur. La détermination, la volonté de vouloir  le bien d’autrui.

L’appel est né quand il vivait en ville. Les trottoirs couverts d’infortunés, de sans-abris, d’immigrés, de femmes et d’enfants lui étaient depuis longtemps insupportables. Le nombre toujours croissant de ces déracinés, sans avenir, arrivant chaque jour le désespérait.  Les solutions constamment insatisfaisantes, le sentiment d’être inutile à cette masse humaine le rendait malheureux.

Il frappait à toutes les portes pour avoir de l’aide, prenait des rendez-vous pour essayer d’obtenir des fonds, des médicaments, de la nourriture et s’épuisait sans trop de résultat. Une quête dans la nuit qui lui devenait fatal.

Moi, je sors d’un refuge. Mon propriétaire  m’a séparé de ma mère et m’a vendu à un citadin qui avait une belle propriété.  Je faisais partie du magnifique décor.  Une belle maison, une belle voiture, une belle femme, de beaux enfants et des animaux pour égayer tout ce beau monde. Ma vie était parfaite mais j’avais un défaut. Je sautais la barrière et je gambadais dans les rues. Je mangeais les parterres et piétinais les plates-bandes.  J’étais indocile, sauvage, têtu.  

Un matin, ils sont venus me chercher et  enfermé dans un établissement spécialisé .Un réduit minable que je partageai avec un autre de mes tristes congénères. J’avais fini par me plaire et les volontaires qui s‘occupaient de moi étaient sympathiques.

La première fois que j’ai vu passer mon maître, il marchait seul, droit devant lui. Son sac sur le dos, il peinait sous le soleil, dans la sueur. Il cheminait sur les pavés de l’inacceptable, de l’intolérable, investi d’une mission. Quelques jours plus tard, il est revenu par hasard et je ne sais par quel miracle, j’ai continué la route avec lui. D’une bonté sans borne, il a fini par m’adopter et rendu la liberté.

Je suis donc libre de venir et aller comme il me plait sur les routes. Depuis, je le suis dans son interminable voyage. Je marche à ses côtés. Je l’aide comme je peux. Je lui donne toute ma tendresse, mon affection et mon temps. Il me parle parfois quand le chemin est monotone, ennuyeux, quand les hommes sont fermés, égarés dans des idées fausses.  Il lui arrive de me raconter ses rêves, ses doutes aussi. Et souvent, ses désillusions, ses déceptions qu’il tire péniblement derrière lui et dont je partage le poids.

Des hommes viennent parfois le rejoindre et faire un bout de chemin en sa compagnie. Ils sont intelligents, convaincus, persuadés de connaître la vérité mais ils ont vite fait de se fatiguer, s’épuiser et disparaissent à l’aube d’un petit matin. D’autres parlent de lui, écrivent quelques articles, le prennent en photo et le louangent. Le résultat est rarement à la hauteur de la tâche. Peu de gens se sentent concernés, intéressés par cette manière de revendiquer.

La mission n’est pas facile. Corriger l’intolérable, l’insupportable.  Réveiller la lucidité des hommes pour un monde meilleur. Eclairer les esprits n’est pas aisé, les persuader de changer est un travail difficile.  J’avoue être perdu dans son discours. Mais ses paroles me font du bien, m’apaisent même si je n’en comprends pas toujours le sens. J’écoute sans rien dire et j’aime ses mots de partage, d’amour, de paix, de liberté.

Cet homme de bonne volonté a tout quitté pour éveiller les consciences, pour aider d’autres hommes. Il marche droit devant lui pour dénoncer l’injustice, l’indifférence, la misère. Il met au jour d’autres hommes exploités, rejetés, vidés de leur âme, mis à nu au fond du fond de l’humanité et qui fuient leur terre pour un monde meilleur.

 

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Rose d'hiver

C'était un jeudi. Elle s'en souvient, un jeudi d'automne. Ce jour-là, il avait plu, une pluie fine, monotone.Des feuilles mortes flottaient sur les flaques d'eau. En rentrant chez elle, un instant, elle eut l'idée saugrenue de sauter dans les flaques. Des pensées sombres alourdissaient son corps, elle renonça.

Alors qu'elle voulait prendre son courrier, elle vit la rose posée sur sa boîte aux lettres. Surprise, elle l'a saisit, une rose rouge avec un ruban vert et un billet blanc plié en deux. Elle respira la fleur, son parfum était enivrant, Elle déplia le billet. Ecrits à la main, elle lut ces deux mots: "Pour toi".

Son coeur se mit à battre. En entrant dans l'appartement, elle pensa que ce n'était pas son mari qui avait déposé cette rose sur la boîte aux lettres, il n'était pas encore rentré. Dans sa tête, elle passa en revue tous ses collègues, les quelques copains qui lui restaient. Rien ne lui permis d'affirmer que c'était l'un d'eux.

Elle mit la rose dans un vase et le posa sur la table de la cuisine. Quand son mari rentra, pour éviter une scène de jalousie, elle lui mentit.

Le lendemain matin, elle sourit en voyant la rose sur la table et elle respira son parfum enivrant.

Matin et soir, elle regarda la rose et la respira, jusqu'à ce qu'elle se fane.

Le jeudi suivant et tous les jeudis de cet hiver-là, elle trouva une rose rouge avec un ruban vert et un billet blanc et toujours ces deux mots écrits à la main: "Pour toi".

Chaque jour, cette rose rouge la faisait sourire et l'enivrait de son parfum. Longtemps, elle s'était creusée la tête espérant trouver celui qui lui offrait cette rose. Ou était-ce une femme qui n'osait pas, ou simplement une amie fidèle?

Le printemps revient avec ses primevères, ses jonquilles.

C'était un jeudi, le coeur battant, elle marchait vite, elle rentrait chez elle.

Sur la boîte aux lettres, elle ne trouva rien. Un instant, elle pensa qu'elle s'était trompée de jour.

Mais non, c'était bien jeudi.

Elle ne trouva plus jamais de rose sur sa boîte aux lettres mais le souvenir de ce parfum enivrant la fit sourire encore longtemps.

Les années passèrent, son mari s'éteignit doucement.

Seule dans son appartement, elle perdit ses repères, elle ne reconnaissait plus sa cuisine, son lit devient étranger.

On la conduisit dans un home. Là où le temps coule très lentement, où les jours, rythmés par les repas, perdent leur nom.

Un jour qu'elle retournait dans sa chambre, elle vit sur sa table une rose rouge. Quelque chose qu'elle avait oublié cogna dans sa poitrine. Elle s'écria: " C'est jeudi !!".

L'infirmière qui l'accompagnait ne réussit pas à la convaincre que c'était un dimanche de fête des mères. Elle la laissa seule respirer cette rose, persuadée que cette fois-ci, elle avait vraiment perdu la tête.

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