Statistiques google analytics du réseau arts et lettres: 8 403 746 pages vues depuis Le 10 octobre 2009

Le rêve d’Eléonore. JGobert

Réveillée en sursaut et en sueur, les dernières images de son rêve la font frissonner. Eléonore a rarement le souvenir de ses cauchemars mais ce matin, elle revoit parfaitement la scène et ressent toute la violence de cet instant comme une réalité. Une réminiscence brutale que son être intérieur couve, niche peut-être depuis des années et garde caché, dissimulé.

Sentir ainsi le danger répond à l’instinct de survie. Eléonore imagine la scène dans un tout autre contexte et reformule les images.  L’escalier droit, raide, la conduit vers le bas où une vieille dame, les pieds dans du verre cassé, la dévisage. Le regard de la dame est apeuré. Elle ne bouge pas, effrayée, inquiète, elle craint pour sa vie. Eléonore, toujours en haut de l’escalier, sent une présence derrière elle. Une jeune fille, farouche, fauve la suit  à quelques marches d’elle.  Eléonore se sent, à ce moment précis, vulnérable, fragile et dans le regard de cette fille voit sa faiblesse et sa peur.

D’un pas vif, elle descend l’escalier et est suivie par cette fille qui la colle maintenant. La voici cernée par deux étranges femmes dans cet espace et son cœur bat de plus en plus vite.

Durant quelques secondes, Eléonore voit défiler les images les plus dures de sa vie. Les incidents, les évènements qui l’ont marquée. Un déroulement automatique de tous ces instants difficiles et toujours avec le sentiment étrange qu’elle s’en est tirée. Les cauchemars de son enfance où petite, en larmes, elle s’éveillait et pleurait à gros sanglots. Le goût salé de ses larmes sur ses joues la fait sourire aujourd’hui. Et ceux de cette adolescence compliquée où la peur du changement lui glaçait le sang, la nuit dans ses rêves. Des songes d’un autre temps.

Eléonore a vécu un festival d’épisodes difficiles et ses chimères lui ont enseigné des façons d’être différentes. C’est la première fois que vivre ainsi par procuration la violence la rend perplexe, désorientée, choquée même.

Arrivée en bas de l’escalier, sentant le danger imminent, Eléonore se retourne et attrape la jeune fille avec force. Elle la maintient  vivement et la cogne avec fermeté contre le mur. Le visage de cette demoiselle, ensanglanté, l’étonne et elle relâche son emprise. La violence marquée par ce sang lui donne une force, une puissance qu’elle ne connait pas dans la réalité. Eléonore est étourdie par sa brutalité. La vieille dame a disparu.

La matinée, teintée de gris, se déroule normalement mais Eléonore croit percevoir un changement. Elle a l’impression de n’être plus la même. Une nouvelle Eléonore est née. Une Éléonore féroce que la peur ne fait plus reculer et qui se sent invulnérable.

La réalité de la vie a vite fait de remettre les pendules à l’heure. Ce sentiment de violence, qu’Eléonore a ressenti, est passager et ce mauvais rêve s’est vite effacé, oublié. Ce n’était qu’un vilain cauchemar.

 

Envoyez-moi un e-mail lorsque des commentaires sont laissés –

Vous devez être membre de Arts et Lettres pour ajouter des commentaires !

Join Arts et Lettres

Commentaires

  • Merci Béatrice. D'accord avec toi pour la passivité de l'homme en général mais mettre en avant le bien n'est pas toujours compris. C'est un long chemin pour accéder à la conscience.

    Bien à toi  Josette 

  • Bonjour Rolande,


    A voir les films et les jeux des adolescents, la violence est partout et tuer est devenu la principale occupation virtuelle de certains jeunes.  Alors comment ne pas associer ces images aux dérives parfois terribles de certains tueurs, armés jusqu’aux dents et qui font des cartons. Reste toujours la question de  la santé psychique de ceux qui passent à l’acte. Et là, cela me dépasse.


    Bonne journée Rolande. Merci pour ton commentaire


    Amitiés


     Josette

  • Bonjour Gilbert,


    Un besoin de violence pour certains qui, de toute part, se sentent prisonniers et impuissants. Une révolte cachée derrière des rêves qui ne demandent qu’à s’exposer. Terrible de vivre cette mauvaise impulsion due à une liberté de paroles souvent réprimée et une mauvaise compréhension des choses. Le résultat conduit tout droit à la violence.


    Merci pour le commentaire.

    Amitiés.


    Josette

  • Qui n'a jamais éprouvé à l'un ou l'autre événement négatif de sa vie, ce sentiment de violence extrême qui risque de virer aux plus sinistres et noirs desseins !

    Selon nos cours de psychologie, les images seraient motrices. A cette époque, il s'agissait du cinéma et certains films étaient interdits de vision aux adolescents et aux enfants. Il y avait un comité de censure.

    Pourquoi ne pas restaurer ces comités pleins de bon sens.

    Les parents ne mesurent pas toujours l'impact que peuvent avoir sur l'esprit de leurs rejetons certaines images violentes.

    Gilbert a raison et toi tu décris admirablement une nuit cauchemardesque ! Bravo  une fois de plus.

    Mille amitiés Gilberte. Bonne soirée et nuit sans cauchemar ! 

  • Eviter toute emprise par le mental d'images violentes ou sanguinolantes. Pour cela ne pas compter sur la télévision qui en fait ses choux gras ou les jeux vidéos qui terrorisent la jeunesse. Le cauchemar devient le nouvel opium du peuple. Son bonheur est constamment aujourd'hui " sous perfusion " Les pendules sont remises à l'heure mais jusqu'au lendemain seulement car le cauchemar semble être parti pour devenir permanent. Belle mise en scène,Josette. Amitiés,gilbert.

This reply was deleted.

Sujets de blog par étiquettes

  • de (143)

Archives mensuelles