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Du miel aux cendres

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C’est l’ouvrage du sociologue français Claude Lévi-Strauss publié en 1967. Ce livre constitue le deuxième volume des "Mythologiques", et la suite de "Le cru et le cuit". Alors que le premier volume traitait des mythes se rattachant au feu et à la cuisine dans le continent sud-américain comme mythes du passage de la nature à la culture, ce deuxième volume, élargissant le champ de la recherche, est axé sur les mythes se rapportant au miel et au tabac. Si le miel et le tabac relèvent toujours du domaine alimentaire, ils échappent au domaine culinaire, le miel, "élaboré par des êtres non humains, les abeilles", se situant en deçà de la cuisine, puisqu'il est comestible tel quel, et le tabac constituant un au-delà de la cuisine, puisqu'il doit se consumer entièrement pour qu'on en absorbe la fumée. Il s'agit donc de l'opposition d'une infra-cuisine à une méta-cuisine. L'auteur commence par l'étude de la mythologie du miel.

Si la collecte du miel s'entoure d'une telle richesse de rites et de mythes, c'est que le miel, aliment des périodes de disette et chargé ainsi d'une grande valeur émotionnelle, est bien plus que le miel: en lui

s'inscrit pour l'homme le risque de la disjonction totale de la culture, de l'indistinction de l'humanité et de l'animalité, comme en témoignent les variantes du mythe de la fille folle de miel, où toujours la séduction d'une fille par un animal particulièrement expert dans la collecte du miel, sème la perturbation dans le groupe social. Dans ces mythes, où les bêtes parlent ou prennent forme humaine, le miel représente la puissance séductrice de la nature, et de l'  amour en dehors des règles qui président à la distribution  des femmes dans la communauté. Cette puissance séductrice de la nature représente un risque de dissolution pour la société, et c'est pourquoi la collecte d'un aliment riche d'une telle charge émotive s'entoure d'une mythologie et d'un rituel dans lesquels l'analyse structurale reconnaît une progression vers la formalisation et l'  abstraction par rapport aux mythes de la naissance de la cuisine, qui constituaient une logique du sensible: en effet, si les mythes de la naissance de la cuisine utilisaient des catégories sensibles comme le sec et le mouillé, le brûlé et le pourri, etc., la mythologie et le rituel se rapportant au miel ne peuvent se contenter de catégories sensibles en face de la menance de dissolution qui vient de la puissance séductrice de la nature. Les rituels entourant la collecte du miel à travers la forme des récipients, les instruments à percussion qu'elle utilise, les critères pour distinguer les arbres à miel, établit une série d'oppositions: plein-creux, sifflé-frappé, contenant-contenu, exclu-inclu, interne-externe, dépassant en pouvoir de généralisation les oppositions sensibles. Ce progrès vers la formalisation met en évidence l'impossibilité pour la pensée sauvage de trouver dans le sensible même le moyen de penser la menace de dissolution de la culture par la puissance séductrice de  la nature. Le progrès de la pensée vers l'  abstraction viendrait donc de la nécessité toujours présente de redessiner la frontière entre l'humanité et l'  animalité en face de la séduction de la nature. La formalisation des mythes et des rites qu'opère l'analyse structurale est lisible selon trois codes: le code alimentaire, le code sociologique, le code astronomique. Ces trois codes sont convertibles et traduisibles l'un dans l'autre: en effet, si l'alimentation est le rapport le plus proche que l'homme ait avec la nature et la contemplation des astres le plus lointain, la périodicité des constellations indique la régularité des saisons et le retour de la disette pendant la saison sèche, où le groupe social est le plus menacé dans sa survie, période, précisément, où la collecte du miel prend toute son importance.

 

De façon symétrique et inverse, les mythes et les rites concernant le tabac indiquent le risque d'une culture coupée totalement de la nature: dans plusieurs mythes d'origine du tabac, le tabac doit être volé à une société d' amazones qui, vivant seules dans une île, ne peuvent procréer et figurent donc le risque d' extinction de l'espèce humaine. De plus, le tabac est souvent consommé à des fins rituelles, médicales, magiques ou religieuses: nourriture, il peut être aussi toxique ou émétique, devenant par là une anti-nourriture. Pouvant être stimulant ou narcotique, il est ainsi symétrique du miel, qui, dilué et fermenté, donne l'  hydromel. L'analyse structurale vérifie cette symétrie à l'aide de l'étude de nombreux mythes qui, par leurs redondances, permettent de déduire une grammaire qui les rend lisibles.

Ainsi, les mythes d'origine du tabac, liés d'une part à ceux d'une société de femmes stériles, d'autre part à ceux de l'origine des pouvoirs chamaniques, toujours acquis à travers une série d'épreuves, de dangers, de deuils qui en font une véritable quête, ces mythes côtoient toujours une anti-nature qui, risquant de disjoindre la société de la nature, la frapperait de stérilité et la condamnerait à mort. Les rites et les mythes concernant le tabac visent donc à penser et éviter sur le plan symbolique cette disjonction de la société et de la nature. Ils présentent par là une homologie avec les mythes et les rites entourant la collecte du miel, qui exprimaient le danger de dissolution de la société par la nature, la même propension à dépasser les catégories sensibles par la formalisation des oppositions. Lévi-Strauss rejette du côté de la contingence de l'Histoire les limites imposées à ce progrès et qui ont interdit la naissance d'une pensée scientifique véritable. Ainsi, l'  analyse structurale constitue-t-elle une méthode qui, en s'incliant devant "la puissance et l'inanité de l'événement", s'interdit l'intelligibilité de l'Histoire, mais qui n'échappe cependant pas à toute dialectique, puisqu'elle situe à l'origine des progrès de la pensée humaine la difficulté de penser à la fois l'animalité de l'espèce et la mort de l'  espèce.

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administrateur théâtres

12272707268?profile=originalL'illusion conjugale    AU CENTRE CULTUREL D’AUDERGHEM  jusqu’au 19 décembre 2010

 

D'Eric Assous, mise en scène Jean-Luc Moreau, avec Isabelle Gelinas et José Paul

 

Après quatre répliques, la salle ronronne déjà sous les  sourires et

 les gloussements approbateurs. Le décor est une épure lumineuse

 couleur arc-en-ciel. Trois grandes marches vers un large balcon aux

  bastingages de voilier de luxe donnent sur un ciel,  une mer, une

  plage, une ville ? L’ensemble a la beauté du désert. Le rideau

 s’est levé sur une pose de pure élégance de la femme, Isabelle 

 Gélinas,  sise dans l’écrin d’un fauteuil design. Déshabillé

 charmeur.  Le mari, Jean-Luc Moreau, en complet veston contemple

l’infini.

 

 Arrêt sur image avant que  le mythe de la transparence absolue ne

 démarre.Etat des lieux : Jeanne a décidé de faire avouer à son mari

 le nombre de conquêtes féminines qu’il a eues au cours de leur

mariage, histoire de remettre les compteurs à  Zéro. « Les

compteurs », insiste Maxime. Maxime est au faîte de la réussite

professionnelle, automobile et féminine.  Piégé par les bonnes

 questions posées par sa  femme maîtresse de ce jeu de dames

 particulier, il ira de consternations en consternations. Il avoue 12

 conquêtes à son actif : que des femmes « solubles », dit- il, des

 « moments suspendus ! » contre une liaison de 9 mois pour sa femme,

 ce qui   soudain le rend fou. Une jalousie lancinante lui fait

interpréter toutes les phrases de la délicate Jeanne à double sens.

 Il est de plus en plus convaincu que Claude, son  meilleur ami,

 l’ex-mari d’Astrid, joueur de tennis est de la partie.

12272707291?profile=original Maxime est doué d’amnésie totale pour ses propres frasques bien sûr,

 et espère  une amnistie sans  conditions. Sauf qu’il n’a pas joué le

 jeu de l’honnêteté à 100%, il est confond u dans le mensonge, et il

 perd  définitivement la joute affective à cause de ses demi-vérités

 et grâce à la patiente adresse de sa femme, si fine, si

 sensuelle,  si  tendrement ironique… Dans la deuxième partie de la

 pièce, le personnage de Claude prend toute son envergure et confond

 le monde de  certitudes  et de mensonges de Maxime. Jeanne , pleine

 d’humour et  de discrète jubilation, a  un plaisir certain à

 le  voir se  déstabiliser par le doute. Maxime, déboussolé,  à

Claude : « Tu le  savais,  toi… ? » réponse : « Pourquoi je le

saurais ? » Sourires  entendus de part et d’autre  de Maxime, et dans

 le parterre. Tout le  monde est suspendu à une parole décisive,

 qui  ne vient pas.

 

 

Répliques comiques, acérées, ambiguïtés pernicieuses, mystifications

 burlesques  s’entrelacent avec de l’émotion profonde. Claude :

 « L’amitié, c’est des devoirs, des  obligations. C’est quoi cette

 morale de chien ?» « Si mon meilleur ami m’avait fait le coup de

 séduire ma femme, cela se serait terminé dans les faits divers! »

Pas dans la compromission. Le dénouement sibyllin laisse le

 spectateur rêveur et dans un océan  de nuances quant à la

transparence … et à l’illusion conjugale.

 

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Merveilleuses interprétations de ce remarquable  trio d’acteurs des

 planches  parisiennes : Jean-Luc MOREAU, Isabelle GELINAS et José

 PAUL. Il nous a livré une prestation méticuleuse autant dans la

 gestuelle que dans le verbe dont ils s’habillent  avec brio.

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http://www.cc-auderghem.be/

 

 

 

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Haïkus de fin d'année

 

Les rois mages passent

A la lueur des bougies

Audace du rêve

 

Les bas suspendus

Devant le foyer ouvert

Viens Père Noël !

 

Retourner chez soi

Messe de minuit finie

Une étoile brille

 

Parmi les déchets

Les emballages cadeaux

Déguster la bûche

 

Sur le carrelage

Une boule de Noël

Le chat est passé

 

Les boules incassables

Le sapin artificiel

Seuls les voeux sont vrais

 

Gui porte-bonheur

Attaché au luminaire

Voler un baiser 

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Œuvres

Le Réveil de l'âme – Théâtre I – Théâtre II – La Vie de la nature

Édition établie et présentée par : Paul Gorceix

 

Voici enfin une édition de l'ensemble de l'œuvre de Maurice Maeterlinck. Elle est publiée à l'occasion du centenaire du prix Nobel qui lui a été décerné en 1911.

Les 4 volumes (près de 2600 pages) de ces Œuvres permettent au lecteur de découvrir le poète sous tous ses aspects : poésie, théâtre, essais, souvenirs, écrits sur la nature (abeilles, fourmis), etc

Argumentaire

"Il y a deux hommes en lui", disait Remy de Gourmont de Maeterlinck
: "le poète dramatique et l’essayiste, et tous les deux ont
renouvelé également dans la forme et dans l’essence les sujets qu’ils ont
abordés."
Gourmont avait vu juste. Avec Maeterlinck, la littérature s’est
agrandie d’une dimension, celle de l’Inconnaissable, et de la manière de
l’écrire, soit de le suggérer.
Poète et dramaturge, Maeterlinck est surtout représentatif du mouvement symboliste. Mais à côté de l’œuvre du poète mystérieux, il y a aussi un Maeterlinck essayiste et observateur de la nature.
Les 4 volumes de ces Œuvres permettent au lecteur de découvrir le poète sous tous ses aspects.

C’est l’"essayiste" que le premier volume, Œuvres I. Le Réveil de l’âme révélera au lecteur. Ce volume le conduit des petits récits et de la poésie des débuts aux souvenirs du grand âge, à travers les ouvrages de réflexion, depuis La Sagesse et la Destinée (1898) jusqu’au questionnement de L’Autre Monde ou le Cadran stellaire (1942). Au miroir de
ses écrits, dont la plupart sont difficiles d’accès, l’esthétique de l’écrivain
s’éclaire, dès lors qu’elle est liée à l’interrogation permanente du penseur
sur le mystère de l’existence. Une ligne de force se dégage pourtant de ces
textes épars : l’interprétation mystique du réel vu dans l’identité absolue de
l’Esprit en nous et de la Nature en dehors de nous.
,

Notes à bâtons rompus, aphorismes, pensées, préfaces, interviews et
comptes rendus, cette disparate de textes doit être lue comme la glose de
l’œuvre dramatique, son éclairage indirect mais indispensable.

Le lecteur trouvera dans les deux tomes du Théâtre, Œuvres II. Théâtre I et Œuvres III. Théâtre II, le choix le plus complet des pièces de Maeterlinck qui ait jamais été publié – de La Princesse Maleine (1889) à La Princesse Isabelle (1935). Il ne manquera pas d’être frappé à la fois par la force révolutionnaire d’une dramaturgie fondée paradoxalement sur l’invisible, et par l’audace d’une écriture qui a libéré la scène française en renversant les conventions du théâtre psychologique et du réalisme, au nom de l’Inconnaissable.
Cette anthologie contient La Princesse Maleine, L’Intruse, Les Aveugles et Les Sept Princesses. Suivent dans un ordre chronologique Pelléas et Mélisande et les petits drames pour marionnettes : Alladine et Palomides, Intérieur et La Mort de Tintagiles. Viennent ensuite les pièces qui inaugurent le "deuxième théâtre" : Aglavaine et Sélysette, Ariane et Barbe-bleue, Sœur Béatrice et Monna Vanna. Outre L’Oiseau bleu, ont été retenues des pièces difficilement classables, telles Joyzelle, Le Miracle de saint Antoine et La Princesse Isabelle. Une place a été faite au théâtre de guerre : Le Bourgmestre de Stilmonde et Le Sel de la vie. En tout dix-huit pièces.

Chaque pièce est replacée dans le contexte de la carrière du dramaturge et dans l’histoire du théâtre. Il s’agit ici de permettre au lecteur de juger de la production théâtrale d’un auteur dont certaines pièces sont considérées comme annonciatrices de la modernité.

Ces deux volumes sont précédés d’un Essai sur le théâtre par Paul Gorceix.


Enfin, le dernier volume du coffret, La Vie de la naturemet en lumière l’aspect observateur de Maeterlinck. Il contient cinq essais, La Vie des abeilles, L’Intelligence des fleurs, La Vie des termites, La Vie des fourmis et L'Araignée de verre qui comptent parmi les travaux d'observation à la fois les plus stimulants et les plus originaux sur la vie naturelle. ,

Le succès de ces ouvrages fut immense – La Vie des abeilles dépassera les 250 000 volumes – : ils assurèrent au poète, dans le domaine des sciences naturelles, une popularité encore plus grande que celle de Jean-Henri Fabre.

Extraits de presse

Radios et télévisions

Le coffret des Œuvres de Maeterlinck sera présenté dans l'émission "Livre de bord" qui sera diffusée chaque jour de la semaine en Belgique et en France sur Liberty TV à partir du 15 décembre 2010.

Jacques De Decker a présenté le coffret Maeterlinck dans l'émission "Mille feuilles" (RTBF) diffusée le 14 décembre 2010. Le coffret a été offert en cadeau aux téléspectateurs

Un seul écrivain belge a été lauréat du Prix Nobel de littérature.

[…] Il s’appelle Maurice Maeterlinck, il a obtenu ce prix en 1911 et l’éditeur André Versaille publie enfin une édition intégrale de ses œuvres à l’occasion du centenaire de l’attribution du Prix Nobel. Cette édition permettra aux lecteurs de découvrir un écrivain protéiforme. Son œuvre de près de 2600 pages et 4 volumes sous coffret réunit de la poésie, du théâtre, des essais et des écrits sur la nature. […] C’est un luxueux coffret, le cadeau idéal pour les fêtes de fin d’année, et puis c’est aussi l’occasion de retrouver l’éditeur André Versaille. On connaît son dynamisme qui s’exprime notamment par son site Internet que je ne saurais trop vous recommander de visiter. Vous pouvez y télécharger des extraits des livres qu’il publie. C’est le cas ici aussi, vous pouvez télécharger gratuitement 56 pages extraites des 4 volumes.

(Jean Jauniaux, "Entre les lignes", Must FM, 12 décembre 2010)

Presse écrite et Internet

En cette veille des fêtes de fin d’année, l’éditeur André Versaille offre un somptueux package : quatre volumes d’œuvres de Maurice Maeterlinck (près de 2600 pages !) rassemblées dans un coffret cartonné. Cet ensemble, qui permet de découvrir le poète gantois (1862-1949) sous tous ses aspects, célèbre magnifiquement le centenaire du prix Nobel de littérature qui lui fut décerné en 1911. Et qu’aucun Belge n’a obtenu depuis.
L’édition a été établie et est présentée par celui qui fut peut-être son meilleur connaisseur, Paul Gorceix, décédé depuis.

[…] Dans un superbe essai de 2005, où il qualifie Maeterlinck d'"arpenteur de l’invisible", Gorceix soulignait combien, sous l’habit du bourgeois conservateur, il avait été un iconoclaste qui fit voler en éclats le système des valeurs traditionnelles sur lesquelles s’était fondée la grandeur de la dramaturgie issue de l’humanisme classique. Il ajoutait : "À sa manière, Maeterlinck est un rebelle, qu’il faut ranger à côté de Rimbaud, Lautréamont et Whitman". […]
Multiple, son œuvre a été répartie pour la présente édition en quatre parties : (1) Le réveil de l’âme conduit des petits récits des débuts aux souvenirs du grand âge, à travers des ouvrages de réflexion […] ; (2) Le théâtre réunit en deux tomes dix-huit pièces […] ; (3) La Vie de la nature. Sous ce titre, le quatrième volume rassemble les Vies des abeilles, des termites, des fourmis qui recueillirent en leur temps un succès considérable.

(Jacques Franck, La Libre Belgique, 13 décembre 2010)

 

Maurice Maeterlinck reçut le prix Nobel de littérature en 1911. Cent ans plus tard, l’éditeur belge André Versaille lui rend hommage en publiant un magnifique coffret de ses œuvres. Coffret orné de tableaux du peintre belge Fernand Khnopff.
Quatre volumes : deux tomes de théâtre (

(Le Soir, 10 décembre 2010)

Il y a cent ans Maurice Maeterlinck (1862-1949) obtenait le Prix Nobel de Littérature (1911). Cet homme de lettres, issu d'une famille bourgeoise, catholique et conservatrice de Gand, sera, jusqu'à nos jours, le seul écrivain belge à se voir décerner cette prestigieuse récompense. À cette occasion, les éditions André Versaille publient un superbe coffret comprenant quelque 2 600 pages et qui permet de découvrir tous les aspects de l'écrivain : poésie, théâtre, essais, souvenirs et écrits sur la nature; et cela dans une édition établie et présentée par le philologue français Paul Gorceix, grand spécialiste de Maeterlinck et de la littérature belge d'expression française.

Dans les deux tomes consacrés au théâtre,

(José Vanderveeren, Dépêche de l'Agence Belga, 3 décembre 2010)

Extrait

Maurice Maeterlinck a fait un chef-d’œuvre, non pas un chef-d’œuvre étiqueté chef-d’œuvre à l’avance, mais un admirable et pur et éternel chef-d’œuvre, un chef-d’œuvre qui suffit à immortaliser un nom et à faire bénir ce nom par tous les affamés du beau et du grand. Enfin, Maurice Maeterlinck nous a donné l’œuvre la plus géniale de ce temps, et la plus extraordinaire, et la plus naïve aussi, comparable – et oserai-je le dire ? – supérieure en beauté à ce qu’il y a de plus beau dans Shakespeare. Cette œuvre s’appelle

Octave Mirbeau

Maeterlinck apparaîtra alors comme un auteur romantique maniéré à l’extrême, chez lequel les scènes frisent souvent le ridicule alors qu’il est en réalité un précurseur profondément sérieux et subtil d’un théâtre à venir qui célébrera en lui son père-fondateur.

Rainer Maria Rilke

Il ne faut pas s’y tromper. Maeterlinck est un iconoclaste. Au-delà du théâtre, c’est un véritable changement de paradigme en littérature que laisse entrevoir celui auquel le romantique allemand Novalis avait soufflé la phrase admirable : C’est là où l’homme semble sur le point de finir que probablement il commence.

Maeterlinck, disait Gourmont dans Le Livre des masques, fait partie des êtres douloureux qui se meuvent dans le mystère de la nuit.

Le biologiste Jean Rostand rendit en 1965 un hommage éclatant à l'auteur de La Vie des abeilles :

Dans cette

Vie des abeilles, de genre inclassable comme le sont beaucoup de vrais chefs-d’œuvre, Maeterlinck nous communique, nous fait partager l’émotion qu’il éprouve lui-même devant ce petit univers que constitue une ruche. Émotion que provoquent en lui non seulement l’aspect visible, le spectacle fascinant et pittoresque de la frémissante cité, mais aussi tout ce qui fait la vie profonde de ses habitants, l’intimité de leurs mœurs, le secret des consignes séculaires que leur imposent les besoins de la collectivité et les nécessités de l’espèce.
Reproduction, sexualité, parthénogenèse, rivalité des reines, soins donnés aux jeunes, discipline sociale, soumission de l’individu au groupe : sur tout cela, il médite, s’interroge passionnément… Par la vertu de son génie, Maeterlinck fera entrer dans le patrimoine littéraire un peu de l’âme du naturaliste. La Princesse Maleine. Existe-t-il dans le monde vingt personnes qui la connaissent ? J’en doute. […] on ne manquera pas d'être frappé à la fois par le force révolutionnaire du dramaturge fondée paradoxalement sur l'invisible, et par l'audace d'une écriture qui a libéré la scène française et qui, avec celle de Anton Tchékhov et de Henrik Ibsen, a transformé la conception du drame, renversant, au nom de "l'Inconnaissable", les conventions du théâtre psychologique et de réalisme. Chaque pièce est replacée dans le contexte de la carrière du dramaturge et dans l'intérêt du théâtre. Il s'agit de permettre au lecteur de juger de la production théâtrale d'un auteur dont certaines pièces sont considérées comme annonciatrices de la modernité. […] La princesse Maleine, La princesse Isabelle, Aglavaine et Sélysette, Le sel de la vie, etc.), un consacré à la Vie de la nature (La vie des abeilles, L’intelligence des fleurs, La vie des fourmis…) et un au Réveil de l’âme (La sagesse et la destinée, L’autre monde ou le cadran stellaire…) Vous avez compris : une somme.
Maeterlinck, c’est le poète de l’inconnaissable, de la suggestion, du symbolisme, du mystère, de l’interprétation mystique du réel. Et en même temps l’observateur de la nature, qui est transcendée chez lui comme une émanation au-delà du réel. Dans ce coffret, il y a de quoi picorer des perles d’écriture et de pensée.

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la crainte de la peur

Aragon .. quel con..

Je l'aime quand il est chanté par Ferré ou Ferrat..Le poète est respectable,mais aller dire que la femme est l'avenir de l'homme, c'est trop gentil pour l'homme en question. D'abord, quel homme..? vous, moi l'homme est avec un grand H.

Flo fleur jaune 100x80 acry et marouflage sur toile

sa-fleur-jaune.jpg

La peur a toujours été l'avenir de l'homme, la peur et rien d'autre, la peur de vivre, la peur de mourir..

la peur de lui-même, la peur de la femme..

la peur de la peur..

l'être humain est un lapin plus ou moins chaud, j'allais dire cheval, cet animal à l'apparence de force et de puissance... qu'un rien affole.

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Les Romances sans paroles de Verlaine

Il s’agit d’un receuil de vers de Paul Verlaine publié en 1874. Renchérissant sur la manière qu'il avait inaugurée dans "La bonne chanson", l'auteur évolue hardiment vers un art beaucoup plus libre. Dépris de l'influence parnassienne, il se dépouille par surcroît de ses autres masques. Il devient cet homme véridique, soucieux de tirer toute chose de lui-même, qu'il demeurera jusqu'à sa mort -pour le plus grand bien de la poésie française. Sa voix prend un nouvel accent, riche en inflexions inouïes et mûr pour ce chant profond qui sillonne toute son oeuvre et demeure inimitable.

On sait que la matière de "Romances sans paroles" se rattache aux heures les plus noires de sa vie sentimentale: la liaison particulière avec Rimbaud, la rupture dont l'épilogue fut le fait-divers de Bruxelles, le tribunal correctionnel et les maux qui s'ensuivirent. Verlaine compose tout son livre en prison. Bien qu'il n'y chante encore que des amours profanes, il se révèle poète lyrique dans toute l'acception du terme. Le recueil comporte une vingtaine de brefs poèmes qui sont groupés de la manière suivante: "Ariettes oubliées", "Paysages belges" et "Aquarelles". Il faut y ajouter un texte de plus longue haleine, intitulé "Birds in the night" ("Vous n'avez pas eu toute patience, -Cela se comprend par malheur, de reste -Vous êtes si jeune et l' insouciance - C'est le lot amer de l'âge céleste"). La plus subtile naïveté se fait jour dans les "Ariettes": "Il pleure dans mon coeur - Comme il pleut sur la ville. - Quelle est cette langueur - Qui pénètre mon coeur?" Ou la mélodie la plus imprécise: dans l'interminable "ennui de la plaine - La neige incertaine - Luit comme le sable". Il arrive même que tout se réduise à un simple balbutiement: "O triste, triste était mon âme - A cause, à cause d'une femme". Dans "Aquarelles", on trouve l'incomparable élégie intitulée "Green", laquelle passe à juste titre pour un des morceaux les plus achevés de la poésie universelle: "Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches - Et puis voici mon coeur qui ne bat que pour vous. - Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches - Et qu'à vos yeux si beaux l'humble présent soit doux". (Yves-Gérard Le Dantec observe que ce poème rend exactement le même timbre que les "Roses de Saadi" de Marceline Desbordes-Valmore: "J'ai voulu ce matin te rapporter des roses..."). On sait que le recueil de Verlaine passa d'abord inaperçu. Il n'obtint un certain succès que douze ans plus tard, lors de sa réimpression, en 1887. Aujourd'hui, certes, la plupart de ces poèmes vivent dans la mémoire des hommes. On le conçoit: pareille musique prévaut sur bien des sortilèges. Thibaudet, d'ailleurs, y voyait "le point le plus haut de la fusée verlainienne".

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administrateur théâtres

Mon chat s'appelle Odilon (au théâtre de la Samaritaine)

Un spectacle de la Compagnie des Chercheuses d'Or : MON CHAT S’APPELLE ODILON.

Natacha a perdu son chat ! « Partagée entre l’amour qu’elle éprouve pour son nouvel amant et celui qu’elle éprouve depuis peu pour un jeune chat, devenu envahissant, Natacha se retrouve embarquée dans une succession frénétique de rencontres avec des personnages hauts en couleurs.
Comédie et drame sont ici habilement entrelacés et servis par une interprétation remarquable, entre humour et émotion. »

Extrait : Mais avec Odilon blotti sur mes genoux…

Au début, il était encore un peu timide.

Très vite il a couru partout, nous avons fait mille folies.

Jusqu'à ce que la fatigue, paf ! nous terrasse d'un coup.

Alors, je me suis étendue sur le lit et là, j'ai vraiment craqué : en ronronnant, Odilon est venu se poser délicatement sur mon cou et n'a plus bougé.

Tout chaud, tout doux, tout mimi !

Je n'ai plus bougé non plus…

C'est Barnabé qui nous a réveillés en rentrant.

— Qu'est-ce que c'est que ça ?

— C'est Odilon.

— Manquait plus que ça, il a dit.

— Il est si craquant, j'ai dit.

Barnabé n'a plus rien dit.

Barnabé, il ne parlait jamais beaucoup…

Texte de Paul Emond. Avec Marie-Astrid Legrand. Mise en scène de Suzanne Emond.
Venez nombreux ! Du 14 au 30 décembre à la Samaritaine à 20h30. ( 02 511 33 95)
Plus d'infos : lasamaritaine.be/​saison2009-2010/​index.html#bv000014



Mouvements scéniques imaginatifs, présence juvénile, sourire de jeune

féline craquant d’innocence, aucun maquillage, des cheveux attachés

n’importe comment, comme si on débarquait dans son appartement un

jour où elle assemble un maître-achat de chez Ikéa: c’est la jeune

comédienne Marie-Astrid Legrand. Avec la fraîcheur d’une étudiante,

elle va nous transporter dans sa vie intérieure et ses tribulations

amoureuses entre son magnifique chat mâle d’1 mètre 07 cm et son

amant, ledit Barnabé, amant fixe pour une fois, mais souvent

hypocrite, égoïste, infidèle, macho et aviné. On la suit avec une

émotion intense, de déchirement en déchirements, passés et présents.

Le pire est à venir : le partage du chat. C'est moi qui ai crié

'NOoooon!' quand vous écarteliez le chat avec Barnabé hier soir. Je

l'ai "vu" se casser en deux. Votre jeu est superbe. J'ai été prise

par l'imaginaire avec une force incroyable! Ce « non! » venait du

fond de mes entrailles! Que dire… quand on se bat pour un enfant de

couple de divorcés! Cette pièce est d’une sensibilité remarquable,

écrite par un homme, qui pénètre les félinités et les féminités

avec une perception très vive… et qui sait prendre ses distances

par rapport à tous les Barnabés du monde. La comédienne projette

les nombreux personnages de ses mésaventures avec une vérité et

une variété des tons, détonante! Courrez voir ce bijou de spectacle!

Tout sonne juste !

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Lorsque Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) commence les "Rêveries", il sait qu'il n'en a plus pour longtemps à vivre; il sait qu'il n'a plus rien à attendre des hommes, avec qui il ne veut même plus avoir de rapport. Depuis 1770, après son séjour en Angleterre qui a si mal tourné, Rousseau vit à Paris dans son quatrième étage de la rue Plâtrière. Il vient de terminer ses "Confessions", mais il leur donne un complément: les "Dialogues" ("Rousseau juge Jean-Jacques"), plaidoyer frénétique où, pour la dernière fois, il se défend contre l'immense conspiration qui le cerne, conspiration ourdie par Diderot, Grimm et Hume, mais dont tout le genre humain est complice. Les "Dialogues" sont de géniales divagations où, avec une logique implacable, s'étale la folie de Rousseau. En ce sens, elles sont un document plus riche, plus original, en tous cas plus curieux encore que ses "Confessions". Ces années, dans la vie de Rousseau, sont des années de folie: tous ceux qui l'approchent lui sont suspects, il n'est en sécurité nulle part, pas même dans la rue où il s'imagine que tous les passants le reconnaissent, se moquent de lui et lui veulent du mal. Cependant, au printemps 1776, son état mental s'améliore: maintenant qu'il s'est soulagé dans ses "Confessions" et dans ses "Dialogues", qu'il a livré à la postérité (les deux oeuvres ne seront éditées qu'après sa mort) sa justification, il sent qu'il a accompli sa tâche. Il décide de ne plus se défendre, d'oublier dans la mesure du possible ses ennemis et de jouir dans le calme des dernières années qui lui restent à vivre. Ce détachement lui assure une stabilité et une quiétude qu'il n'avait plus connues depuis longtemps. Il fait chaque jour de longues promenades à pied qui le conduisent dans la campagne autour de Paris; il revient à ses paisibles occupations et herborise en marchant. Rousseau attend la mort avec sérénité; pour se préparer à rendre ses comptes à Dieu, il s'examine; avec détachement, il revit les heures les plus heureuses de son passé. C'est ainsi qu'il se trouve amené à reprendre la plume, probablement dès le printemps 1776. Cette oeuvre l'occupera jusqu'à sa mort. Il semble en effet qu'on puisse dater approximativement les quatre premières "Promenades" d'une période qui va du printemps 1776 au printemps 1777; les quatre suivantes seraient de 1777; enfin les neuvièmes et dixième "Promenades" auraient été écrites entre janvier et le 12 avril 1778. Lorsqu'il quitta Paris pour Ermenonville (20 mai 1778), où il se décidait enfin à accepter l'hospitalité du marquis de Girardin, Rousseau emportait avec lui le manuscrit inachevé des "Rêveries". Il ne devait pas les terminer. Il mourut subitement le 2 juillet suivant. A sa mort, sa femme remit le manuscrit à Moultou, ami de l'écrivain, qui le publia en 1782, à la suite de la première partie des "Confessions".

Les dix "Promenades" qui composent les "Rêveries" ont été écrites au jour le jour, sans ordre préétabli, au hasard des rencontres, des méditations, des souvenirs. La première "Promenade" expose la situation présente de Rousseau: "Me voici donc seul sur la terre n'ayant plus de frère, de prochain, d'ami, de société que moi-même. Le plus sociable et le plus aimant des humains en a été proscrit par un accord unanime". Ainsi ses hantises ne se sont pas dissipées; maintenant seulement il s'y résigne. Rousseau définit ensuite ce que seront ses "Rêveries": "Ces feuilles ne seront proprement qu'un informe journal de mes rêveries...; elles peuvent être regardées comme un appendice de mes "Confessions"; mais je ne leur en donne plus le titre, ne sentant plus rien à dire qui puisse le mériter." Rousseau sent que ses forces physiques et mentales déclinent et l'abandonnent peu à peu; son imagination devient moins vive: "Il y a plus de réminescences que de création dans ce qu'elle produit désormais". Sa faiblesse physique fait dégénérer en accident grave une simple chute: il a été renversé par un chien danois à Ménil-Montant. Son retour, sanglant, chez lui provoque les cris et l'effroi de sa femme. Son retour à la vie, après un évanouissement prolongé, lui semble délicieux: "Tout entier au moment présent, je ne me souvenais de rien,; je n'avais nulle notion distincte de mon individu, pas la moindre idée de ce qui venait de m'arriver; je ne savais ni qui j'étais, ni où j'étais; je ne sentais ni mal, ni crainte, ni inquiétude." Il reçoit plusieurs visites d'une dame, à la suite desquelles le bruit de sa mort est répandu par ses ennemis. On veut ouvrir une souscription pour l'impression de ses manuscrits (Deuxième "Promenade"). Un vieillard doit apprendre à mourir, mais il faut qu'il ait, pendant sa vie, établi solidement ses principes d'action. C'est ce que lui-même a voulu faire, surtout à partir de sa quarantième année, époque qu'il s'était fixée "comme le terme de ses efforts pour parvenir". Le principal résultat extérieur de cette réforme morale et religieuse fut de provoquer l'hostilité universelle et les attaques de ses ennemis qui se révélèrent alors. A l'évocation de la persécution qu'il a subie, Rousseau ne peut retenir son amertume. Il n'en a pas moins persévéré dans son attitude, et c'est ce qu'on ne lui a pas pardonné. Aussi, maintenant, ne lui reste-t-il plus qu'à "consacrer le reste de sa vieillesse à la patience, à la douceur, à la résignation, à l'intégrité, à la justice impartiale" (Troisième "Promenade"). Poursuivant cet examen de sa conduite, Rousseau proclame sa haine du mensonge; il se rappelle avec honte un mensonge qu'il a fait dans sa jeunesse, en accusant une cuisinière du vol d'un ruban dont il était le seul coupable. Il reconnaît qu'il y a même dans les "Confessions" quelques mensonges, mais ils sont involontaires: "J'avais mon intérêt à tout dire et j'ai tout dit". Dans sa vie, il s'est toujours efforcé d'être véridique et il a plus souvent gardé le silence sur le bien qu'il a fait que sur le mal (Quatrième "Promenade"). La Cinquième "Promenade" est à juste tire la plus célèbre. Rousseau y évoque un des moments les plus heureux de son existence, son séjour à l'île de Saint-Pierre, située au milieu du lac de Bienne, pès du lac de Neuchâtel, en Suisse. Là, il put se livrer pendant quelques mois à son goût de la méditation au milieu de la nature, à sa passion pour la botanique: ce fut comme une trêve dans sa vie, qu'il se rappelle avec émotion. C'est de loin la plus caractéristique des "Promenades"; Rousseau fait de la rêverie, telle qu'il la comprend, une analyse subtile: l' âme, dégagée du passé, indifférente à l'avenir, toute occupée du présent, goûte le vrai bonheur. Il trouve, pour évoquer la seule consalation efficace, des accents magnifiques qui allient la simplicité et le dépouillement à l'émotion la plus sincère et la plus communicable. Reprenant ses promenades dans les environs de Paris, Rousseau ve herboriser à Gentilly. Il y rencontre un petit mendiant, auquel il a toujours donné de bon coeur son aumône; maintenant il s'est presque créé une obligation vis-à-vis de cet enfant et elle lui pèse, d'autant plus que le petit, ayant appris qui il est, l'appelle de son nom. Rousseau, découvert, fait désormais un détour pour ne plus rencontrer le jeune garçon. Il en tire la conclusion que, porté par sa nature à bien traiter ses semblables, il en est détourné aussitôt qu'il paraît y être obligé. Il ne peut admettre de contrainte dans ce domaine. Voilà qui explique ses tristes relations avec la société de son temps. C'est bien la preuve qu'il n'est pas fait pour la vie sociale (Sixième "Promenade"). La septième promenade est un éloge et un hymne de reconnaissance à la botanique. Rousseau s'étend sur les plaisirs qu'elle lui a procurés. Grâce à eux, il a eu de nouvelles occasions d'adorer la nature et d'oublier les persécutions des hommes. Cette promenade annonce particulièrement les oeuvres du disciple de Rousseau, Bernardin de Saint-Pierre. La huitième "Promenade" est une nouvelle méditation sur ses misères d'autrefois et le calme de sa vie présente. Bien qu'elle ait été déplorable, Rousseau ne changerait pas sa destinée contre celle du plus fortuné des mortels. Et cependant, alors même que le monde le fêtait, il n'était pas vraiment heureux. Puis a éclaté le complot universel contre lui. Il a d'abord essayé de se défendre. Il n'a pu retrouver le repos qu'en se résignant et en étouffant les derniers sursauts de son amour-propre. Il est maintenant récompensé de sa patience, puisque, même si, au contact des hommes, il éprouve encore quelques mouvements d'humeur, la solitude lui apporte désormais l'apaisement. Avec la neuvième "Promenade", Rousseau revient sur une question pénible dont il a déjà parlé dans ses "Confessions": l'abandon de ses enfants qu'il a mis, malgré lui, aux Enfants-Trouvés. Ses ennemis en ont profité pour faire de lui un père dénaturé et pour l'accuser d'haïr les enfants. Cependant, il éprouve beaucoup de tendresse pour l' enfance et a toujours énormément de plaisir à voir et à observer la jeunesse. S'il a dû se séparer de ses enfants, c'est qu'il se savait incapable de les élever. "Plus indifférent sur ce qu'ils deviendraient et hors d'état de les élever moi-même, il aurait fallu, dans ma situation, les laisser élever par leur mère qui les aurait gâtés, et par sa famille, qui en aurait fait des monstres. Je frémis encore d'y penser". Après une nouvelle évocation de ses marches dans la campagne proche de Paris, en particulier à Clignancourt et à la muette, il se souvient d'une fête champêtre chez Madame d'Epinay. Enfin, il s'étend sur sa rencontre avec un vieil invalide qui, ignorant qui il est, le traite comme un être humain. La dixième "Promenade" ne comprend que deux pages; sa rédaction a été interrompue par la mort de l'auteur. C'est un dernier hommage ému à Madame de Warens, à l'occasion du cinquantième anniversaire de leur première rencontre.

Le charme des "Rêveries" vient principalement de ce qu'on y trouve Rousseau à l'état pur. Sans doute, ses hantises ne l'ont pas encore tout à fait abandonné, mais il est maintenant capable d'en parler avec un peu plus de détachement et d'abandon. Et c'est un nouveau visage de lui qu'il nous donne, épuré et comme définitif. Ici, nous le retrouvons avec son ingénuitité naïve, sa sincérité indubitable, son intelligence qui n'est plus troublée par les polémiques et la passion. Surtout, les "Rêveries" nous dévoilent ses rapports si apaisants avec la nature. La perfection des végétaux satisfait les exigences du savant et elle prouve au croyant que l'Etre éternel ne cesse de veiller sur ce monde qu'il a créé et qu'il continue inlassablement d'embellir. Pour Rousseau, la nature est une personne avec qui il s'entretient, auprès de qui il rêve; aussi se soucie-t-il moins de la décrire que d'évoquer l'état qu'elle détermine en lui, que de reproduire les contemplations, les méditations et les rêveries qu'elle lui suggère. Ce sont ces contacts avec elle qui lui imposent ce style d'une très grande simplicité, d'un caractère très musical, dicté uniquement par le sentiment qui fait tout le prix des "Rêveries". L'éloquence de Rousseau, encore un peu laborieuse dans les premières oeuvres, déjà assouplie dans "La nouvelle Héloïse" et dans les "Confessions", s'adoucit en un véritable chant intérieur. On n'en finirait pas d'énumérer les oeuvres où l'influence du Rousseau des "Rêveries" fut déterminante. C'est elle qu'on retrouve chez son disciple le plus direct, Bernadin de Saint-Pierre; c'est elle qui détermine (ainsi que les "Souffrances du jeune Werther" de Goethe) Chateaubriand à écrire "René". Tous les poètes romantiques français subirent plus ou moins l'influence de ce modèle, depuis les "Méditations poétiques" de Lamartine et certaines pièces des "Odes et ballades" ou des "Feuilles d'automne" de Victor Hugo jusqu'aux visions panthéistiques de Leconte de Lisle. L'influence des "Rêveries" ne fut pas la moindre sur les prosateurs du XIXe siècle: on peut dire que partout où l'on trouve une évocation fraîche, vivante et sentimentale de la nature, aussi bien chez Michelet que chez George Sand, par exemple, on peut reconnaître la marque de Rousseau. Plus près de nous, il n'est pas douteux que Rousseau a été le précurseur des "populistes", qu'ils soient poètes comme François Coppée, ou prosateurs comme Charles-Louis Philippe. De toutes les oeuvres de Rousseau, c'est celle qui est la plus proche de nous, celle qui semble bien demeurer comme le véritable chef-d'oeuvre de l'auteur.

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Kees van Dongen

Ibéria au cou des longues espagnoles aux yeux bordés de nuit où percent en silence , la nostalgie et la sourde colère et puis aussi parfois, comme des frissons sur l'eau trouble du miroir, ces éclats fatalement incertains venus d'ailleurs étranges et tellement humains.

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« La Religieuse » est un roman de Diderot (1713-1784), écrit en 1760 et publié en 1796. Cette satire, pleine de mouvement, des moeurs dans un couvent de femmes au XVIIIe siècle est une chaleureuse apologie de la liberté individuelle. Comme "Le neveu de Rameau", ce roman procède à la foi du réel et de l'imaginaire, ayant pour origine les mésaventures de certaine demoiselle Suzanne Delamare, ou Saulier, ou encore Simonin, qui, en 1758, avait accusé sa mère de l'avoir enfermée de force à l'abbaye de Longchamp, puis au couvent Sainte-Marie de la rue du Bac, et une amusante mystification ourdie par Diderot, Grimm et quelques autres compères, au détriment d'un de leurs amis, le marquis de Croismare, homme sensible qui s'était fort intéressé au sort de la jeune fille, sans parvenir à lui faire gagner son procès. Trois ans plus tard, le marquis, se trouvant dans ses terres de Normandie, se laisse aisément persuader que Suzanne, transférée dans un autre couvent, a réussi à s'échapper. Ces lettres, soi-disant signées par l'ex-religieuse, émeuvent à ce point leur destinataire, qu'il invite Suzanne à venir à Caen où il lui trouvera un emploi honorable. La plaisanterie dura longtemps, jusqu'au jour où Diderot se décida enfin à faire mourir l'héroïne. Mais l'écrivain ne s'en tint pas là. En marge de cette correspondance, il avait entrepris un récit des malheurs de la religieuse, qu'il ne devait terminer que plus tard. Telle est l'origine de cet ouvrage, la contrepartie, disait Diderot, de "Jacques le fataliste", et qu'il estimait de ses meilleurs. Il y mit toute sa conviction: "Un jour, rapporte Grimm, qu'il était tout entier à ce travail, M. D'Alainville le trouva en larmes, disant: Je me désole d'un conte que je me suis fait". Rien de plus sublimement malicieux que ce "conte", où sont croyonnéses sur le vif des figures de moniales et de confesseurs, notamment la tendre abbesse de Longchamps dont le dessein "n'était pas de séduire, mais certainement c'est ce qu'elle faisait", la Mère Sainte-Christine, méchante et férue de théologie, qui inflige à la jeune Suzanne un vrai martyre, la faisant flotter "entre la résignation et de désespoir", et surtout l'inoubliable supérieure de Saint-Eutrope, si prompte à déshabiller ses filles, à les baiser sur la bouche, et qui éprouve pour Suzanne le "goüt" le plus vif "Elle baissa les yeux, rougit et soupira; en vérité, c'était comme un amant". Le caractère, surtout de Soeur Marie-Suzanne, religieuse malgré elle, approfondi dans son humanité charmante où la candeur fait si bon ménage avec la coquetterie ("Il y avait bien quelque chose de vrai dans ses louanges, dit-elle à propos de la supérieure de Saint-Eutrope, j'en rabattrais beaucoup, mais non pas tout"). Et de conclure avec gentillesse: "Je suis une femme peut-être un peu coquette; que sais-je? mais c'est naturellement et sans artifice". Soeur Suzanne en fin de compte, suivant les conseils d'un Bénédictin, son confesseur, qui, lui aussi, est entré en religion malgré lui, recouvre la liberté, rompant ainsi des voeux qui, selon l'idée très chère à Diderot, "heurtent la pente générale de la nature".

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Immaculée jupe blanche

Après trente années de peinture, je réalise que je suis un maniacopsycho... dépressif à tendance skizo de pente raide..

Je m'explique:

et merde..

Ma dernière peinture le fera mieux que tous les discours.

Flo sa jupe blanche immaculée 100x80 acry et marouflage sur toile

flo jupe blanche bon end

La voici, je l'aime comme j'aime ce qu'elle évoque pour moi.. Le monde immaculé de la neige

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Je ne suis pas cet ami Pierrot, ce personnage lunaire et je ne vous vois pas en Colombine, Mademoiselle.

Je n’ai pas la candeur de Pierrot, ni vous l’indécence de Colombine. J’aimerais avoir parfois le machiavélisme d’Arlequin pour que ces belles se laissent séduire.

Vous connaissez sûrement cette légende ?

Ce Pierrot, ce personnage couleur farine, était boulanger et Colombine blanchisseuse, des gens simples. Lui, malheureusement travaillait la nuit et elle, le jour. Elle se lassait de cette vie, de ne voir que rarement cette homme lui déclarant son amour ; car il était amoureux ce petit homme de la nuit. Un beau jour, arriva un théâtre ambulant avec Arlequin, paré de couleur vive. Beau parleur, aux mille et une facettes ; d’ailleurs pour évoquer ce personnage virevoltant, on lui fit porter un masque. Comment deviner ainsi qui il était vraiment. Il conta fleurette à Colombine et profita de son désespoir pour l’enjôler. Pour la séduire, tous les moyens furent bons, il repeint même la boulangerie. Il vanta, la belle Colombine, prit un moment domicile chez elle, profitant ainsi de son travail. Il s’ennuyait le bougre, toujours disposé à faire le pitre, à faire rire, à vivre libre. Il se mit à convaincre Colombine de vendre sa blanchisserie et de le suivre sur les routes. Le pacte fut fat, le pactole vite épuisé et la belle vie devint difficile, Colombine ne mangeait pas toujours à sa faim. L’hiver, ce fut pire !

Pierrot apprit la chose et lui écrit, la suppliant de revenir. Elle arriva la nuit et trouva la boulangerie illuminée. Etait-ce de l’hypocrisie mais elle dit même qu’elle était belle, chaleureuse. Pierrot fit des brioches à l’effigie de Colombine, elles se vendirent… Comme des petits pains. Il put même prendre du personnel et ainsi passer plus de temps avec sa bien aimée. Arlequin revint, il avait froid, faim, lui aussi avait appris la bonne fortune de Pierrot et de Colombine. Mais la belle était bien près de son amoureux, bien au chaud, câlinée et l’ignora. Bon cœur, Pierrot fabriqua alors une immense brioche à l’effigie de Colombine et l’offrit à Arlequin. Le fourbe ne la tint pas comme une relique, cette réplique de celle qu’il disait aimer, il l‘emporta et la m…

Mais au fait, pourquoi je vous conte cela, Mademoiselle ?

Ah, oui, j’aime ces Colombines qu’il m’arrive de séduire et devant leurs charmes, je préfère jouer Arlequin que Pierrot !

A la différence qu’une fois séduite, Arlequin disparaît et je deviens pire que Pierrot !

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Cet ouvrage, plus connu sous le titre de "Maximes", obtint dès sa parution, en 1664, un succès où le scandale avait la plus grande part. Il avait pour auteur un très grand seigneur, François VI, duc de la Rochefoucauld (1613-1680), mais il était né de circonstances très particulières dont il faut dire quelques mots. François de La Rochefoucauld, qui venait d'atteindre la cinquantaine, avait fait pendant longtemps carrière d'ambitieux. Non content d'appartenir à une des premières familles de France, il avait comploté, lorsque Richelieu, puis Mazarin ne lui avaient pas accordé les faveurs auxquelles il croyait avoir droit. Il se lance à corps perdu dans la Fronde, appartenant à la cabale des Importants, devenu lieutenant-général de l'armée rebelle, tentant de soulever la noblesse de sa province; non seulement il ne tira aucun bénéfice de ces hauts faits, mais il jugea prudent de se retirer pendant quelque temps dans ses terres. Enfin, il fit sa paix avec le roi et revint s'installer à Paris. Définitivement écarté de la scène politique et des champs de bataille, La Rochefoucauld se tourne vers les lettres, en écrivant ses "Mémoires", qui ne furent publiées qu'au XIXe siècle. Il fréquente assidûment les saisons du temps, ceux de Mlle de Scudéry, de Mlle de Montpensier, de Madame de Sablé. C'est chez cette dernière et surtout à partir de 1659 que La Rochefoucauld rencontra l'abbé Esprit, l'abbé d'Ailly, le jurisconsulte Domat, la maréchale de Schomberg, la duchesse de Longueville, les Montausier. Si chez la Grande Mademoiselle, on faisait des "portraits", ches Madame de Sablé on se passionnait pour les maximes. Quelqu'un proposait une opinion, sur une question de morale, les habitués le discutaient. Chez soi, entre deux scéances, on tentait de mettre par écrit son sentiment sur le sujet traité et de lui donner un tour vif et piquant. Tous le monde s'y mettait. On rassemblait ensuite ce qui avait été trouvé de meilleur. C'est ainsi que parurent, après les "Maximes" de La Rochefoucauld d'ailleurs, les "Maximes de Madame la marquise de Sablé", publiées par l'abbé d'Ailly, qui y joignit les siennes, celles de l'abbé Esprit de Domat, de Méré et d'autres. Mais, dans ce petit groupe, c'était La Rochefoucauld qui remplissait le plus souvent la charge de "greffier"; aussi, avant de publier son recueil consulta-t-il ses amis sur ces "Maximes" où ils avaient eu tant de part. Mais, avant même que La Rochefoucauld ait remis son manuscrit à son éditeur, Barbin, une édition en avait paru, sans le consentement de l'auteur chez Stencker à La Haye (1664). La véritable première édition est de 1665, mais il y en eut, presque aussitôt après, trois contrefaçons; La Rochefoucauld revit lui-même et à plusieurs reprises les "Maximes". Sous l'influence de Madame de La Fayette, à qui l'unissait une tendre liaison, il en atténua quelque peu le ton très absolu et l'amertume excessive, en se contentant d'ailleurs d'ajouter des mots tels que "presque", "le plus souvent", ou "la plupart". Chaque nouvelle édition fut enrichie de nouvelles maximes: c'est ainsi qu'il parut, du vivant de La Rochefoucauld, quatre éditions en plus de la première, en 1666, 1671, 1675 et 1678. Celle-ci, la dernière que revit l'auteur, est donc l'édition définitive; elle est la plus coplète, comprenant 504 maximes alors que l'édition de 1665 n'en comptait que 371.

Pour expliquer le caractère intransigeant des jugements de La Rochefoucauld sur l'espèce humaine, ainsi que l'aigreur, voire le cynisme qu'il y distille, il faut se souvenir que lorsqu'il compose son oeuvre, La Rochefoucauld est un homme revenu de tout, vieilli avant l'âge, à demi-aveugle, mélancolique, circonspect, habituellement silencieux, mais laissant tomber des sentences profondes, des propos sans mansuétude. Il n'avait conservé de ses folles aventures d'ambitieux, de ses entreprises guerrières, et de ses exploits d'amoureux toujours déçu et trompé, qu'une amertume sans remède. C'est cette absence totale d'illusions, cette sévérité brutale qui heurtèrent les contemporains et valurent aux "Maximes" le succès que l'on sait. En effet, l'image idéalisée de l'homme, telle que l'avait imposée les romans précieux, les tragédies de Corneille, et l'éblouissante gloire d'un jeune roi en qui elle semblait prendre corps, tombait, d'un coup, de son piédestal. Venant du grand seigneur qu'il était, cela parut une trahison. "Nos vertus ne le sont le plus souvent que des vices déguisés", telle est l'idée maîtresse de l'auteur; il la reprend sans cesse sous des formes diverses: "Ce que le monde nomme vertu n'est d'ordinaire qu'un fantôme formé par nos passions, à qui on donne un nom honnête pour faire impunément ce qu'on veut". Selon lui, tous les hommes sont menés par l' intérêt, c'est-à-dire par l'amour-propre, et, en cherchant bien, on retrouvera ces sentiments à la source de toutes nos actions et de nos soi-disant qualités. Ainsi la sincérité n'est "qu'une dissimulation pour attirer la confiance des autres"; la bonté, "une paresse ou impuissance de la volonté"; l' humilité, "une feinte soumission, dont on se sert pour soumettre les autres,... un artifice de l' orgueil qui s'abaisse pour s'élever". La libéralité "n'est le plus souvent que la vanité de donner, que nous aimons mieux que ce que nous donnons"; la pitié, "un sentiment de nos propres maux dans les maux d'autrui,... une habile prévoyance des malheurs où nous pouvons tomber". La Rochefoucauld ne croit pas à l' amitié (qu'il appelle "un ménagement réciproque d' intérêts,... un commerce où l'amour-propre se propose toujours quelque chose à gagner") et encore moins à l' amour. Les maximes qu'il lui consacre sont la négation des théories cornéliennes qui fondent l' amour sur l' estime, sur le mérite de la personne aimée. La Rochefoucauld met l'accent au contraire (et dans le siècle, il est un des premiers à le faire) sur l' irrationalité de la passion; c'est un "enchantement", sur lequel notre volonté n'a pas prise... du moins quand elle est sincère: en effet "il en est du véritable amour comme de l'apparition des esprits: tout le monde en parle, mais peu de gens en ont vu". Les femmes prennent souvent la coquetterie pour de l' amour, car elles sont toutes coquettes et leur sévérité, quand elles en montrent, n'est "qu'un ajustement et un fard qu'elles ajoutent à leur beauté"; leur honnêteté "n'est souvent que l' amour et de leur réputation et de leur repos". Rappelons que ces "souvent", ces "d'ordinaire" légèrement restrictifs, ne figurent pas dans les premières éditions. C'est Mme de La Fayette qui le lui avait demandé: l'auteur de "La princesse de Clèves" croyait à la vertu. Mais ce fut là tout ce qu'elle obtint de son ami et l'affection de quinze années qu'elle lui voua ne semble pas avoir suffi à convaincre ce misanthrope qu'il existait des femmes fidèles et des attachements durables et désintéressés. Peut-être aussi l'auteur, en La Rochefoucauld, s'insurgeait-il à l'idée de changer un iota à ces maximes qu'il avait mis tant de soin à polir (il n'est que de lire ses lettres à Mme de Sablé, qui fut sa collaboratrice, pour s'en rendre compte: certaines pensées furent refaites plus de trente fois!). En effet, ce grand seigneur, qui méprisait les gens de plume, en était devenu un lui-même avec tous les travers inhérants à la profession. Mais n'était-il pas destiné de tous temps à devenir auteur? Ce "je ne sais quoi", cette "irrésolution habituelle" que lui reprochait pendant la Fronde son ennemi le cardinal de Retz, c'était déjà le défaut ou la qualité du moraliste qui, réfléchissant trop, aperçoit, avant d'avoir agi, le néant de toute action. Sa trop grande lucidité, aurait toujours empêché La Rochefoucauld d'être le grand ministre ou le grand diplomate qu'il aurait voulu être. Il était au fond, comme nous dirions aujourd'hui, un "intellectuel". Sa disgrâce, en le retirant de la vie publique, lui fut moins néfaste qu'il croyait. Car s'il n'avait écrit, qui connaîtrait aujourd'hui La Rochefoucauld? Bien plus, ses échecs et ses déceptions ont fait une partie de son talent: sans eux, il n'aurait pas ce ton d' amertume farouche et hautaine qui s'empare du lecteur et le force à réagir, à moins qu'il ne l'émeuve; souvent, en effet, on sent, derrière une réflexion générale, le souvenir personnel d'une expérience malheureuse, dont les "Mémoires" nous donnent parfois la clé. Ainsi "Il est plus facile de paraître digne des emplois qu'on n'a pas que de ceux qu'on exerce"; "Il n'y a guère de gens qui ne soient honteux de s'être aimés quand ils ne s'aiment plus"; "Il y a de bons mariages, mais il n'y en a point de délicieux". Voltaire a dit des "Maximes": "On lut rapidement ce petit recueil; il accoutuma à penser et à renfermer ses pensées dans un tour vif, précis et délicat. C'était un mérite que personne n'avait eu avant lui, en Europe, depuis la renaissance des lettres". En effet, la grande production littéraire du XVIIe siècle ne commence qu'en 1669. La Rochefoucauld est donc, avec Pascal, le premier psychologue classique. Le premier, il fait preuve de cette lucidité, de cette concision, de cette vivacité qui seront l'apanage de la grande prose française. Il a, de plus, un humour, un don de l'image et de la présentation qui lui permettent de rajeunir et de donner une force nouvelle à des pensées souvent assez communes. Ainsi "il est quelquefois agréable à un mari d'avoir une femme jalouse: il entend toujours parler de ce qu'il aime"; "L'enfer des femmes, c'est la vieillesse"; "Le soleil, ni la mort ne peuvent se regarder fixement". La Rochefoucauld cependant regarda assez "fixement" la mort. "Croyez-moi, ma fille, écrivait Mme de Sévigné, ce n'est pas inutilement qu'il a fait des réflexions toute sa vie; il s'est approché de telle sorte de ses derniers moments qu'ils n'ont rien de nouveau, ni d'étranger pour lui". Courage tout humain, et auquel les sacrements reçus par pure bienséance, n'ajoutèrent rien. Car, si La Rochefoucauld se rapproche des penseurs chrétiens et de Pascal en ce qu'il nous peint la faiblesse et la misère de l'homme, il s'en écarte en ce qu'il ne recourt pas à la grâce pour y remédier. La Rochefoucauld ne nie pas Dieu: il s'en passe, tout simplement. D'aucuns s'autorisent de cela pour dire qu'il lui manque une dimension et qu'on ne saurait le ranger parmi les philosophes. Laissons-le donc parmi les moralistes, où il occupe sans peine l'une des premières, sinon la première place.

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L’influence de Bruxelles sur le français en Belgique

Le lexique d’origine flamande ou néerlandaise
« Ostracisme ! Ostracisme ! Ouille, moi je n’aime pas ce garçon ! », cette phrase du Mariage de Mademoiselle Beulemans met en scène le rapport difficile du Bruxellois à la langue française. M. Beulemans vit mal l’aisance langagière de son employé, lui qui apparaît comme malhabile avec les mots. Loin de cette caricature, on peut se demander si Bruxelles, en tant que ville bilingue mettant au contact des langues germanique et latine, ne peut être considérée comme une réelle source de richesse pour le français de Belgique.
Michel Francard, dans le numéro 45 de Brussels Studies, s’interroge ainsi, non seulement sur les particularités lexicales des parlers français à Bruxelles, mais aussi sur leurs apports au vocabulaire du français de Belgique.
Quels sont les belgicismes spécifiquement bruxellois et quelle est leur pénétration en Wallonie ? Telles sont les deux questions principales abordées dans ce texte. L’auteur y apporte une réponse nuancée, montrant à quel point il est malaisé de définir quelle est la langue source d’une série d’expressions. Les pratiques bruxelloise et wallonne du français apparaissent en effet intimement liées.
Par ailleurs, Bruxelles est une zone de contact entre néerlandais et français, mais elle met également en présence nombre d’autres langues, dont l’impact n’est aujourd'hui pas étudié. La richesse lexicale du melting pot bruxellois demeure largement inexplorée. Un appel à se pencher sur la richesse linguistique de notre ville !

Brussels studies numéro 45 décembre 2010

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André GOB: "Le musée, une institution dépassée?"

L’exposition « Jardin d’hiver » propose de découvrir au MAMAC une sélection d’oeuvres contemporaines du Bonnefantenmuseum de Maastricht du 26 novembre 2010 au 27 février 2011.

A côté de la série de photographies de Marcel Broodthaers sur le Limbourg du Sud, on retrouvera entre autres le travail de Hugo Debaere, Paul Chan, Sol LeWitt, Mario Merz, Michael Krebber, Roman Signer, Pawel Althamer & Artur Zmiejewski ou encore Bas de Wit. Le plus grand ensemble d’igloos de Mario Merz, issu d’une collection privée anglaise et à disposition du Bonnefantenmuseum pour un prêt de longue durée, sera aussi exposé spécialement pour l’occasion.

Dans le cadre de cette exposition, Monsieur André GOB, professeur à l’Université de Liège, donnera une conférence le jeudi 16 décembre à 18h: Le musée, une institution dépassée ?

L'auteur présente les lignes essentielles de son dernier ouvrage, qui interroge la place du musée dans la société du XXIe siècle, notamment dans ses rapports avec l'économie, avec la politique internationale, avec la société hyper-médiatique que nous connaissons. Le projet du Louvre Abou Dabi servira de point d'ancrage de l'exposé.

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Wikileaks : quand l'heure est venue de choisir son camp

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« Les sociétés démocratiques ont besoin de médias forts, et WikiLeaks fait partie de ces médias. Les médias aident à préserver des gouvernements honnêtes. WikiLeaks a révélé des vérités solides à propos des guerres d'Irak et d'Afghanistan, et a sorti des affaires de corruption de la part d'entreprises ».

Julian Paul Assange, spokesperson and editor in chief for WikiLeaks

La chasse est ouverte. La guerre contre Wikileaks est engagée.

Un certain nombre d'actions » pourraient être menées.

Victime de nombreuses attaques informatiques, sous la pression des autorités de plusieurs pays, le site a perdu son adresse Wikileaks.org et a été transféré sur Wikileaks.ch.

Wikileaks est décrété « menace pour l’armée » par le pentagone...


La France par l’intermédiaire d’Eric Besson, nain politique et ministériel, propose de mettre un terme à l’hébergement sur le territoire français du site Wikileaks ; une France qui est passée en cinq ans, dans le classement de Reporters sans frontières, du 11e rang au 44e rang de la liberté d'informer…

Jusqu'où la classe médiatique et la classe politique dans son ensemble entendent-elles laisser filer cette liberté ?

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« Dans une décision-clé concernant les documents du Pentagone, la Cour suprême américaine a déclaré que “seule une presse libre et sans restriction peut efficacement révéler ce que cache un gouvernement”. Aussi, la tempête qui entoure WikiLeaks aujourd'hui renforce le besoin de défendre le droit de tous les médias de révéler la vérité. »

Julian Paul Assange, spokesperson and editor in chief for WikiLeaks

wikileaks-notes-diplomatie.jpgCertes, WikiLeaks n'est pas à l'abri de critiques, pas plus que n'importe quel autre média.

Mais qu’il soit ici permis de rappeler ce qui suit :


Sans briser le off, sans « indicateurs », sans le vol, sans le recel, sans la dénonciation de clause de confidentialité ou du devoir d’une quelconque réserve, sans la rupture de la loi du silence, sans « traitres "...

PAS D'INFORMATION !


Ou bien alors : quelle information ?!

Celle qu'on aura bien voulu nous concéder au journal de 20H ?!


En France, les 50 ans d’activité du “Canard enchaîné” (Claude Angeli, son rédacteur en chef, parle d’une "société molle" dans sa défense de la liberté d’information et d’opinion) et plus récemment le journalisme d’investigation de Rue89, Bakchich et Mediapart sont là pour nous le confirmer.


Quant à ceux qui tentent d’amalgamer (*) le souci de transparence chez ceux qui soutiennent mordicus Wikileaks (souci propre au régime démocratique : droit à une information indépendante et honnête pour le plus grand nombre) avec le fascisme et les régimes nazi, stalinien et maoïste, on leur rappellera que ces régimes n’ont jamais cultivé cette transparence mais bien plutôt la propagande, la falsification, le mensonge, l’intimidation, l’assassinat et le meurtre de masse.

* – Ce sont l'identité et l'idéologie mêmes des détracteurs de Wikileaks (la droite autoritaire et toute la classe médiatique) qui nous poussent aujourd'hui à soutenir cette agence d'information : à ce sujet, il suffit de se reporter à la revue La règle du jeu de BHL qui publie un article d’une imbécilité sans nom.


En revanche, si on oublie un moment les amalgames malhonnêtes ou plus simplement des rapprochements qui ne sont que le fruit d’une ignorance crasse, un parallèle peut être fait : le parallèle entre certaines des révélations de Wikileaks et les « Pentagon papers », diffusés à l'époque de la guerre du Vietnam, et qui ont joué un rôle important dans l'évolution de l'opinion publique américaine contre cette guerre aussi cruelle que stupide.

***


Les journaux partenaires qui se font les relais de Wikileaks - Der Spiegel, The Guardian et The New York Times l’attestent : Wikileaks fait vivre la démocratie bien plus sûrement que ceux qui comptent dans les mois et les années à venir, s’acharner à détruire cette agence.


Et même si de nombreuses défections sont déjà attendues à Gauche (et plus particulièrement au Parti Socialiste qui n'a de cesse depuis trente ans de cultiver non pas le courage mais... la dérobade et les compromis proches du déshonneur politique et moral)...

Il semble bien que l'heure soit venue pour chacun de choisir son camp.

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La quadrature du sexe

Il s’agit d’une oeuvre de l' humoriste américain James Thurber publiée en collaboration avec EB White, en 1929. La préface, due à un hypothétique lieutenant-colonel français, après avoir énoncé l'axiome suivant lequel "les hommes et le femmes ont toujours cherché, par un moyen ou par un autre à être ensemble plutôt que séparés", pose aussitôt la question: "Qu'est-ce qui ne va pas dans la sexualité?"

Huit chapitres vont exposer les données de ce problème fondamental: le premier traite de la triste situation du mâle américain qui, pour son malheur, ne sait plus faire descendre la femme du piédestal où il a eu le tort de la mettre; le second, tout classique, porte sur l' "agréable confusion dont nous savons qu'elle existe", c'est-à-dire sur l' amour, et sur l'erreur capitale qui consiste à le confondre avec la passion. Puis vient une discussion sur les différents types de femmes, qui arrive à la navrante conclusion qu'"une chose est sûre [c'est qu']elles ne sont jamais du Type Calme". Les auteurs passent ensuite à la révolution sexuelle, qui "commença avec la découverte par l'Homme qu'il n'avait rien d'attirant pour la Femme en tant que tel", mais aboutit, comme n'importe quelle autre entreprise féminine, au mariage -donc à l'asservissement de l'homme. Trois édifiants chapitres sont consacrés aux préjugés: d'abord la méconnaissance, chez les jeunes gens des deux sexes, des aspects purement matériels de la sexualité (ou Psychose des Oiseaux Bleus), due à la pudibonderie de leurs parents et susceptible de faire naître entre les jeunes mariés des difficultés quasi insurmontables; le corollaire en est que la difficile éducation sexuelle des parents incombe aux enfants et doit être poursuivie avec "tact et intelligence"; et enfin mise en garde devant la claustrophobie masculine, ou ce que toute jeune femme doit savoir ("un homme grandit avec le désir d'être libre et sans chaînes"). Le traité se clôt sur une étude courte -mais capitale- sur la frigidité de l'homme qui a pour manifestations le "genou rétractile" et le "refus d'embrasser", et dont il ressort qu'elle est "infiniment plus préoccupante" que la frigidité féminine. Un glossaire et une note de E. B. White sur les dessins du livre, dus à Thurber, complètent cette étude finalement très incisive malgré son travestissement humoristique. En effet, elle fut écrite à une époque où, aux Etats-Unis, la vulgarisation des théories psychanalytiques suscitait chez le grand public une floraison de névroses. Or, loin de se contenter de faire de l'esprit sur un sujet à la mode, l'ouvrage, avec une feinte naïveté, met en lumière bon nombre des aspects les plus négatifs des relations entre femmes et hommes américains, tout en indiquant au lecteur le vrai remède à ses faux problèmes: la thérapeutique du rire.

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Prométhée est l'une des plus puissantes figures nées de la légende et dont la littérature et les différents arts n'ont cessé de s'inspirer depuis la plus haute antiquité jusqu'à nos jours. A l'origine, divinité du feu, les poètes et les conteurs lui ont peu à peu conféré maintes attributions et un sens philosophique et moral: il en est venu à symboliser l'esprit humain aspirant à la connaissance et à la vertu.

C'est dans le "Prométhée enchaîné" d'Eschyle que le mythe s'offre avec le plus de grandeur et de vérité. C'est à la fois la plus facile et la plus difficile des tragédies d'Eschyle (525-456 av JC): la plus facile quant à l'interprétation littérale, la plus difficile quant à l'interprétation critique. Elle fit partie d'une trilogie dont nous savons exactement l'ordre de composition; ce qu'il est permis d'affirmer, c'est que le "Prométhée délivré" suivait le "Prométhée enchaîné". Quant à savoir si le "Prométhée porteur de feu" ouvrait ou terminait cette trilogie, l'une et l'autre hypothèse sont également valables. La date à laquelle Eschyle l'écrivit est de même inconnue, mais il est permis d'en situer la composition entre celle des "Perses" et celle des "Sept contre Thèbes". Les personnages en sont tous des divinités: Kratos, Bias (rôle muet), Héphaïstos, Prométhée, le Choeur des Océanides, Océan, Io (fille d' Inachos), Hermès. La scène se passe dans une région désertique de la Scythie, sur les flancs d'une montagne, non loin de la mer. Nous sommes aux premiers temps du règne de Zeus qui, aidé de Prométhée, a renversé depuis peu la tyrannie de Cronos et des Titans. Prométhée, coupable d'avoir ravi le feu céleste et d'en avoir enseigné l'usage aux mortels, est conduit en ces lieux par Kratos et Bias, les deux principaux serviteurs d'Héphaïstos, qui est lui-même aux ordres de Zeus. Tandis qu'on l'enchaîne, Prométhée se tait; mais sitôt il commence son long et célèbre monologue: "Ether divin, vents à l'aile rapide, eaux des fleuves, sourire innombrable des vagues marines, Terre, mère des êtres, et toi, Soleil... je vous invoque ici". Du fond de la mer, les Océanides ont entendu sa plainte et les voilà qui surviennent. Prométhée leur fait le récit de ses fautes et reconnaît avoir révélé aux hommes les bienfaits du feu. Océan paraît à son tour. Il conseille au Titan de se montrer moins fier de cet exploit, de faire preuve d'humilité et de repentir; à cette seule condition, il lui viendra en aide. Prométhée ironise et le repousse, ainsi que ses conseils, puis continue à raconter aux Océanides les nombreux services qu'il a rendus à la race infortunée des mortels. "Ne va pas, Prométhée, pour obliger les hommes, jusqu'à dédaigner ton propre malheur". Un jour viendra aussi où Zeus devra céder au destin, répond fièrement le Titan et, le plus mystérieusement du monde, il fait allusion à un terrible secret qui sera l'arme de sa délivrance. A cet instant même, une jeune fille, dont le front est orné de deux petites cornes, entre en scène en courant, affolée: c'est Oi (la lointaine aïeule d' Héraklès, le futur libérateur de Prométhée). Condamnée à parcourir la terre, elle est inlassablement poursuivie et piquée par un taon: telle est la vengeance de la jalouse Héra qui a connu sa liaison avec Zeus. Si Io se trouve en ces lieux, c'est par hasard; elle ignore devant quel captif elle se trouve et s'étonne fort en apprenant son nom. Comme elle se lamente et pleure sur elle-même, Prométhée lui annonce que le règne de Zeus prendra fin quand, lui, sera libéré: ce mystère lui a été révélé un jour par Thémis, sa mère. "Mais qui serait capable de te délier en dépit de Zeus?" demande Io. -"Un de tes descendants..., trois générations après le petit-fils d'Io à la douzième génération). Ainsi le voile du destin s'entrouvera-t-il légèrement; le drame approche de sa conclusion: Zeus envoie Hermès auprès du Titan pour qu'il révèle le secret qu'il prétend si orgeuilleusement détenir; mais, tandis que Prométhée refuse, voici qu'un cataclysme boulverse le ciel et la terre, et que le rocher auquel Prométhée est enchaîné se fend: on voit disparaître le prisonnier dans l'abîme. Nous le retrouverons sur le Caucase dans la tragédie suivante; c'est là qu'il fera connaître son secret et qu'Héraklès brisera ses liens. Plus que toutes les autres pièces d'Eschyle, le "Prométhée enchaîné" connut une vogue immense, il y a un demi-siècle environ dans les cénacles à tendances révolutionnaires dressés contre toute autorité établie (en particulier l' autorité religieuse). Inutile de dire que, de toutes les façons d'interpréter le drame, celle-ci, pour opposée qu'elle puisse être à la pensée d'Eschyle en général et au sens de son Prométhée en particulier, n'en est pas moins valable, prouvant aussi combien le mythe de Prométhée est fécond et bien propre à exalter l'imagination.

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