Dentelle noire en fils, lambeaux de rouge sang,
La Mort étend son pouvoir sur les fleuves infernaux,
Dans les larmes surgies d’un silence angoissant,
Et paye le passeur avant les hauts-fourneaux.
Complice d’un instant elle nous délivre,
D’affreux tourments rongeurs qui usent peu à peu,
Âme, corps et cœur avec qui co-vivre,
Ecorchés, mutilés sans un sauve-qui-peut.
Ennemie d’un autre, d’un seul coup de filet,
Elle emporte la vie sans adieu ni pardon,
D’une classe d’enfants à la mer sans gilet,
Sur l’embarcadère se fait croque-lardons.
Embusquée dans un coin elle tue sans prévenir,
Par les mains d’un gangster avide de pognon,
Pour mener un grand train, de la vie se fournir.
Sans pitié, complice et Mort, le sue jusqu’au trognon.
Elle revêt le masque d’un gosse de quinze ans,
Qui a occis ses vieux dont il avait honte,
D’être aussi mal famés, éternels fainéants,
Marre d’être écarté, en laissé pour-compte.
La Mort javellise par épidémies,
La surpopulation en mauvaise santé,
Sur les continents s’étend en pandémies,
Comme peste et sida dans les lieux fréquentés.
Amie ou ennemie, elle appelle l’Ankou,
Fidèle serviteur avec sa charrette,
Qui grince et avertit les âmes brise-cous,
De son avancée que plus rien n’arrête.
Cerbère à la porte garde bien l’entrée,
Des ombres sans force, en lamentations,
Larmoyant la perte des Champs Elysées,
Sur leur sort cloîtrées en vœu d’expiation.
Dentelle noire en fils, lambeaux de rouge sang,
La Mort étend son pouvoir sur les fleuves infernaux,
Dans les larmes surgies d’un silence angoissant,
Et paye le passeur avant les hauts-fourneaux.
Claudine QUERTINMONT D’ANDERLUES