Pierre est installé confortablement
dans le bureau de la clinique,
où il exerce sa profession de médecin.
Il travaille avec acharnement sur un
dossier complexe, rédige un protocole
qu'il montrera demain à ses confrères.
Il espère rentrer chez lui pas trop tard,
rejoindre sa "presqu'île" où la lettre
écrite à Isabelle palpite, respire,
aussi blanche que peut l'être une
voile en plein soleil ;
l'écriture y est
fine, turquoise et aérée.
Il s'impatiente déjà de lui écrire,
dans cette vaste pièce claire,
dont la fenêtre restera grande ouverte,
de lui offrir des particules de lui,
à chaque mot posé.
Pierre aurait-il créée un nouvel
alphabet charnel et bleu, parfois
même un peu rouge ?
L'horloge de son bureau affiche 20H,
il s'étire, termine sa tasse de café noir,
fume une dernière cigarette,
ferme quelques instants ses yeux,
puis soupire avec aisance ......
Il se lève,
enfile à la hâte son lourd blouson de cuir,
ferme son bureau, quitte la clinique puis
rentre à pieds chez lui,
sous une pluie grasse et sombre.
Sa tête est remplie d'elle,
de sa clarté solaire.
Il va écrire une bonne partie de la nuit.
NINA