Isabelle quitte le chemin bleu,
s'en éloigne majestueuse,
ses cheveux longs et roux,
parent joliment ses immenses yeux verts.
Au loin, les rumeurs de la ville
se font entendre, résonnent ;
elle tremble.
Début novembre,
en cette heure matinale,
le vent se glace un peu,
lui fait fermer les yeux.
Ses paupières tombent,
alourdies par cette plénitude,
de l'absence-présence !
Pierre s'imprime en elle,
l'ensoleille, fait d'elle se qu'elle
doit être fondamentalement.
La lettre au fond de sa poche
se fait murmurante,
en harmonie totale
avec le chant ébène
des arbres alentours ;
ils se dévêtissent
un peu plus chaque jour,
attendent l'étole blanche.
Isabelle avec lenteur se rapproche
de ce monumental bâtiment
tout en verre et en transparence,
où susurent des livres
dans les têtes d'hommes, de femmes,
puis dans celles bien plus larges
et plus claires encore d'inombrables enfants.
Elle s'arrête un instant
sur le bord du trottoir,
aspire profondément le
souvenir de Pierre,
puis résolument
pousse la porte de la bibliothèque,
où elle travaille chaque jour ;
elle rejoindra ce soir le café
du Bld Richard Lenoir ;
sait-on jamais ?
NINA
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