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danse (31)

administrateur théâtres

 Le Monde de Luce et ses Extases

Cette fable chaleureuse en quatre tableaux est avant tout une ode à la sensualité, au plaisir et au ludique.Elle interroge l'austérité sensorielle que notre mode de vie et la morale nous imposent.S'y réconcilient - un instant suspendu - l'âme, la chair et le jeu.(création fév. 2010)

Première à Bruxelles.

Voici une expérience onirique entre théâtre, accordéon (très belle musique originale de Pirly Zurstrassen), danse et chant qui vous est proposée par la compagnie Ah Mon Amour, sous la houlette de Geneviève Voisin, une très jolie bergère qui cite dans sa note d’intention J-C Bologne (Le Mysticisme athée) : « J’appelle «mystique » une expérience de mise en contact directe et inopinée avec une réalité qui dépasse nos perceptions habituelles, et qu’on peut ressentir tour à tour comme en étant le vide ou l’infini. Cet infini étant assimilé à Dieu, le mysticisme s’est développé à l’intérieur d’une croyance religieuse. Mais d’autres absolus, d’autres infinis existent, qui justifient une approche athée (…) Initiatique au sens étymologique, l’expérience mystique - indescriptible et donc intransmissible- est un commencement ; elle ouvre soudain des portes dont on ignorait jusqu’à l’existence ! » Des portes que Geneviève Voisin a bien l’intention de forcer par-delà murs, vents, et murmures.

Ce spectacle, est le premier d’une série de propositions programmées par la Vénerie « Les Vénus de Mars » célébrant la Femme dans tous ses états, puisque nous sommes au mois de mars. Le Royaume Uni ne choisit pas sa date de fête des mères par hasard : c’est le deuxième dimanche de Mars qui voit fleurir compliments et cadeaux de Mother’s day. Si le spectacle est dédié à la femme, la mère y est singulièrement absente. Si le spectacle est dédié à l’extase, pourquoi, murmure-t-on, cette extase ne concernerait-elle que la femme?

Pas de Ying sans Yang! C’est ce qui fait défaut dans ce spectacle un peu réducteur. Au regard de la conception, de la distribution et de la réalisation de Geneviève Voisin, on pourrait penser que l’homme n’a pas les mêmes émois de fusion avec la nature quand il est enfant, ne se fait pas flageller pour être plus proche de l’extase divine, et n’éprouve pas l’extase sexuelle au même niveau d’abandon de soi. Sainte Thérèse d’Avila a un pendant aussi puissant qu’elle : Ignace de Loyola et tous deux ont autant d’adeptes parmi les mystiques. Luce, la folle, la sainte, ou la putain glisse du Carmel au Bordel, sans transition, ceci pour la fable sans doute. Il est vrai que l’on on rencontre moins d’hommes qui sont obligés de vendre leurs services dans les bordels. Puisque c’est l’homme le paradigme dominant de la société. Enfin, puisque nous suivons la trame proposée dans le spectacle, lorsqu‘il ou elle suit le chemin de la décrépitude inévitable, ils seront tous deux à célébrer leurs souvenirs d’extases passées, tous deux à savourer les derniers petits bonheurs du moment présent. Tous deux à force de lâcher prise, capables ou non de fleureter avec l’au-delà, avec sérénité si les chemins de sagesse qu’ils auront empruntés les y mènent.

Ceci étant, le spectacle a une mise en scène très travaillée, très fine et très au point. La découverte scénique géniale est ce multi-paravent immense qui sans cesse bouge et change de forme dans des jeux de lumière très évocateurs. Une sorte de personnage tiers qui semble accoucher du spectacle et à la fois le diriger. Il symbolise avec grande poésie les frontières entre rêve et réalité. La narratrice, sorte de gorgone ailée est la « conscience »de Luce (Geneviève Voisin) qui, à peu près réduite au non verbal, apparait d’autant plus naïve, vierge (!) et martyre. Donc sainte et ingénue à s’y méprendre. Bravo, le jeu de l’artiste frappant de vérité fait de Luce une véritable illuminée. Les trois danseuses accompagnant son parcours sont, à dessein, caricaturales et grotesques. Bien pour la fable, puisqu’elles représentent l’ego, la volonté et l’agressivité. Moins pour la beauté du spectacle et  quand même dérangeant dans un spectacle sur l’extase. Une certitude: le jeu est vital et fait la vitalité de ce spectacle débordant d’énergie.

(Extase, vient de EX-stare…, se tenir en dehors. C’est un état assez rare où l'individu, tout en étant conscient et capable de mémorisation, n'a plus aucune perception de lui-même, tout entier absorbé par un ailleurs (autre, image, fantasme, divinité…). 

 

http://www.cie-ahmonamour.com/site/index.php?option=com_content&view=article&id=48&Itemid=62

Interprétation : Laurence Crémoux, Onenn Danveau, Roxane Lefebvre, Geneviève Voisin, Monique Gelders en alternance avec Justine Verschuere-Buch

Mise en scène : Geneviève Voisin

Assistanat à la mise en scène : Roxane Lefebvre

Ecriture : Fransua de Brussel, adapté du monologue « Le Livre de l’Extase »

Idée originale et adaptation : G. Voisin

Création scénographie et costumes : Sarah de Battice

Création lumière : Guillaume Pons - site

Création musicale : Pirly Zurstrassen - site

Regard extérieur : Hélène Pirenne et Muriel Clairembourg

Avec l’aide précieuse de Bernadette Roderbourg (costumes et administration), Mathilde Mosseray (stagiaire) et Anne-Sophie Lecourt (costumes)

 Tout le programme des Venus de Mars: http://www.lavenerie.be/agenda.cfm

 

 

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administrateur théâtres

 

Run!

Plus que quelques jours,  au Théâtre Royal du Parc : Oedipe, revisité par un auteur canadien Olivier Kemeid, à ne manquer sous aucun prétexte!

 

Mise en scène éblouissante: jeux de clair-obscurs et  corps à corps bouleversants, voici le texte mythique de l’Œdipe de Sophocle replacé de façon résolument moderne dans la réalité mouvante  de la caverne du  21e siècle.

 Des écrans transparents glissent pour évoquer la prison de verre qui enferme chaque personnage. Des écrans translucides s’allument et s’éteignent comme dans le théâtre d’ombres asiatique. Approche globale oblige.  Ces parois s’animent de fondus éclatés sur des rythmes de musique explosive, et crèvent  comme la succession de jours et de nuits. Mais où donc est passée la lumière? La succession du  Noir et  du Blanc est tranchante et menaçante comme un tribunal. Et comment reconnaître le vrai du faux ? La rumeur de la vérité ?

Ce sera la tâche que se donne Œdipe : sauver la ville par la raison. Retrouver les meurtriers de son père  qui ont attiré la colère des dieux et la malédiction qui s’est abattue sur la ville de Thèbes.  Qui a tué Laios ? C’et Œdipe lui-même qui se charge de l’enquête. A la façon d’une intrigue policière il veut que le coupable soir jugé devant Créon, chef du tribunal.  Dans  un décor stylisé et dépouillé à l’extrême Œdipe ne cesse de se cogner à la réalité.  Jocaste, elle, sait tout. Elle est seule contre l’ombre machiste de son défunt mari. Elle personnifie toutes les femmes : les mères, les sœurs, les amantes, les filles de joie…les consolatrices, toutes aussi impuissantes devant la folie humaine.  Omnisciente car elle a la clé du mystère, elle va s’immoler, sacrifice ultime.

  Voici Œdipe en corps à corps poignant avec celle qui  lui a donné quatre enfants mais qui tait jusqu’au bout qu’elle est aussi sa mère.   Des jeux d’ombre et de lumière projettent la narration de l’histoire que Jocaste révèle. Car c’est à elle, que l’auteur, Olivier Kemeid, rend justice, il lui donne enfin la parole. Elle a été la victime de Laios qui ne la respectait pas, elle a été saoulée et abusée et ainsi est né le malheureux Œdipe. Elle a supplié de pouvoir garder son fils, il lui a été arraché. On connait la suite de l’histoire. La tension dramatique devient aveuglante et  incandescente, jusqu’à ce qu’Œdipe désespéré, abusé lui aussi, se fasse justice.

 L’émoi de la ville est palpable et revient hanter le plateau à chaque découpage de scène. Il est  représenté par cinq danseurs qui personnifient la violence du populisme sous tous ses aspects. Depuis la rumeur pernicieuse et la dénonciation jusqu’à la mise à mort, l’exclusion et l’épuration ethnique. La ville ne souffre pas seulement  de famine, d’infertilité et de la peste ou le choléra mais aussi de la peur chronique de l’autre. La sphynge mordorée est revenue, seule couleur au tableau, sorte de peste brune qui à peine disparue revient encore plus pernicieuse. La  foule a besoin de bouc émissaire, elle est toujours  friande de drame.Elle aime se repaître des malheurs des autres, se poser en accusatrice ou en justicière.  Les profils mouvants des cinq jeunes  danseurs la représentent, cette  « turba » dénoncée par les Anciens, ou cette « mob » haineuse, justement vilipendée par Shakespeare dans son Jules César. Musique, mouvement et murmures accusateurs se combinent pour forcer le trait et ouvrir les yeux du spectateur. La vérité sera aveuglante.

 Œdipe, comme chez Sophocle est profondément humain. Gauthier Jansen, pour ne nommer que lui parmi les excellents comédiens, interprète magnifiquement le personnage. Son cœur bat généreusement et luttant pour la justice,  il veut établir le règne de la paix. Il est courageux, il va jusqu'au bout, au risque de se détruire. Il est inscrit en chacun de nous,  se révolte contre la folie de la malédiction divine. Il ne peut pas  croire à sa culpabilité, sorte de péché originel qu’il ne peut laver que par l’exil et la cécité. Il représente toute notre souffrance humaine.

La qualité irréprochable des comédiens et des danseurs, le dynamisme extraordinaire du spectacle, la sobriété des textes mettent en scène la profondeur du drame de l’homme toujours seul devant son destin. Une pièce  dense, extraordinaire de modernité et d’intensité. Lors du salut final, on découvre enfin  la texture des costumes  tous entre gris clair et gris foncé,  les artistes nous lancent un ultime message… Rien n’est jamais blanc ou noir.  Never forget !

 

Chorégraphe - Mise en scène: José BESPROSVANY
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Avec:
Gauthier JANSEN
(OEDIPE)
Isabelle ROELANDT (JOCASTE)
Georges SIATIDIS (CREON)
Julien  ROY (THIRESIAS + divers)
Georges SIATIDIS (CREON)
Toussaint COLOMBANI (LE
JEUNE HOMME)
Fernando MARTIN (Danseur)
Yann-Gaël MONFORT (Danseur)
François PRODHOMME (Danseur)

http://www.theatreduparc.be/spectacle/spectacle_2012_2013_003

http://www.mrifce.gouv.qc.ca/portail/_scripts/ViewEvent.asp?EventID=12397&lang=fr&strIdSite=BEL

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Alaska au théâtre Varia

12272839856?profile=originalIl est malaisé d’exposer les thèmes du spectacle Alaska orchestré par Patrick Masset. S’agit-il du 49e état des états Unis d’Amérique  incorporé définitivement en 1959 ? Certes non… Ni non plus de  la fonte des glaces du Pôle et de la détresse des ours polaires, quoique…? Ou  est-ce une allusion à la baleine biblique de Jonas, quoique… ?  Ou à la mort, toujours blanche, façon Permeke ? …  Là on approche, sans brûler d’ailleurs,  car c’est du grand  genre expressionniste!  Voici sans doute une  peinture complexe d’états d’âmes, une superposition de réalités rendues au travers de plusieurs biais artistiques qui se chevauchent.

 

A chacun d’y projeter ses propres obsessions, chimères ou  phantasmes. Les modes d’expression confluent : du chant, à la danse, à l’acrobatie dans un cube gigantesque qui joue au rouleau compresseur, aux marionettes grandeur nature,  à la chorégraphie de costumes surréalistes et à la pop music. Ainsi l'auteur esquisse et exorcise sans doute  des bribes de souvenirs - sanglants - pour la plupart, des bribes de paradis perdu  et des lambeaux d’angoisses. Cela ne se raconte pas, ce sont des installations vivantes qui s’évanouissent les unes dans les autres. A la recherche des cadavres perdus dans les placards… ou d’une ritournelle de grand père qui émerge de la glaciation comme dans le film Rainman,  où Dustin Hoffman interprète Raymond Babbitt.

Un travail artistique intéressant - la salle était comble - ce qui indique l’intérêt du public pour des expressions avant-gardistes originales de l’émotion primale. Ce que l’on peut retenir en tous cas, c’est une résultante totalement  polysémique, à la façon de la poésie, le tout sans paroles compréhensibles ou presque. Du cirque poétique qui table sur  le visuel, le musical et le mouvant. Emouvant si on se laisse prendre, hermétique si on reste de ce côté–ci du miroir.

Et la baleine de se tenir les côtes: de blanche, elle  est passée au jaune fluo et au strass et  paillettes, allez savoir pourquoi!

On n' a pas compris non  plus, pourquoi ce spectacle s'est joué à rideau fermé: une sorte de moustiquaire qui filtre la vue sur le spectacle... et gêne la vision. Et ce n'était pourtant pas un filet de pêche! 

Intervenants:

Véronique Dumont (jeu, chant), Sébastien Jacobs (jeu, chant, mouvement), Sandra Nazé
(jeu, chant lyrique et répétitrice), Laura Trefiletti (voltige), Julien
Pierrot, Valentin Pythoud (portés acrobatiques)
, écriture et mise en scène: Patrick Masset

 

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administrateur théâtres

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Azal Belkadi, voix lyrique kabyle, qui  à bien des égards n’est pas sans rappeler les meilleurs barytons Corses était présent ce mardi 24 avril à 20h00 au Cirque royal de  Bruxelles dans le cadre de la tournée internationale  du « Boléro de Ravel pour Tahar et les Hommes libres ». Les Etoiles de légende (Danse classique et contemporaine) se sont surpassées dans une  fabuleuse  chorégraphie de NIKOLAÏ ANDROSOV. Le célébrissime Boléro de Ravel, au centre de ce spectacle  est encastré dans un florilège de danses et musiques inoubliables : de Tangos à Paris sous le regard d’un tableau de Renoir, en passant par le suicide d’Ophélie, les Coolies des ports de Boston, rythme Noir,  le Lac des cygnes, le Sacre du printemps et  « Chaud » de  Carmen. On a vu tout un siècle de danse passé en revue : beauté graphique et costumes extraordinaires, corps humains en mouvement idéal.  On a été fascinés par les paysages et les tribus  de Kabylie et le message de paix entre les hommes : « les voiles se déchirent quand les cœurs se regardent en face ». Ce spectacle  dansé  dans des couleurs berbères célèbre l’amitié entre Tahar et Michel le français. L'amitié plus forte que la guerre.  Bruxelles était la dernière étape d’une tournée internationale éblouissante.  Après les salves d’ applaudissements enthousiastes,  ne sachant à qui crier leur bonheur, les  trente danseurs démaquillés sont revenus sur scène et ont offert en prime une gerbe de « danse pour le plaisir » autour d’un balai (vous lisez bien !) après le spectacle pour les happy fews qui, encore sous le charme,  ne s’étaient pas précipités vers leur véhicule, leur taxi ou leur métro. Les artistes, fiers et ravis de cette dernière étape de tournée s’éclatent sur la scène, dans la salle presque vide, sur une musique de fête nocturne moderne avec une jubilation rarement partagée. Le public  médusé scande le happening  en tapant dans les mains tant il est bon de rencontrer autant d’énergie et de vérité artistique.

 

12272802263?profile=originalARTISTES & EQUIPE DU BOLERO

LES ETOILES Farukh Ruzimatov – Danseur Etoile du Marinskii – Kirov
Maria Allash – Danseuse Etoile du Bolshoi Theatre
Anna Antonicheva – Danseuse Etoile du Bolshoi Theatre
Pierre Alain Perez
– Danseur Etoile, Soliste International       Azal Belkadi – La voix Trésor de Kabylie
Pierre Richard - Comédien
CHOREGRAPHIE   Nikolaï Androsov

http://www.myspace.com/azalbelkadi/music           http://www.balletbolero.com/bolero/

 

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administrateur théâtres

12272775258?profile=originalTo the ones I love

Sept notes? Noires, blanches?  Voilà tout ce qu’il faut pour fabriquer l’harmonie la plus pure, la plus austère et la plus éblouissante , cette musique  de Jean-Sébastien Bach, maître du recueillement. Premier cadeau de la soirée, on écoutera les yeux grands ouverts, un merveilleux florilège de ses plus beaux morceaux.

Les yeux grands ouverts, car voici une constellation de neuf notes noires en torse nus et pantalon gris perle qui voltigeront sur portées blanches, ces caissons aux arêtes vives dont la blancheur glisse sans aucun  bruit, sur un plateau éblouissant. Une page blanche, illimitée.

Au début, un premier danseur déploie un premier solo sur caisson. Surprise des figures félines effectuées dans une lenteur coulée et harmonieuse. A travers le décor sonore, Bach paraît, éteignant les bruits du monde.  La proposition est belle comme une cantate jouée dans la jungle. Salutations au soleil, esquisses guerrières, rêves de chasseurs, révoltes d’esclaves ?  Les autres danseurs réarrangent les longues banquettes et s’asseyent un à un dans une invitation à la sérénité, leurs dos magnifiques tournés vers le public, eux faisant  face à l’immensité bleue de l’écran. Cela a la beauté d’une prière. Le métissage des carnations est un appel d’émotion.   Rien que ce premier tableau est saisissant.

Magiques, trois T-Shirts rouges apparaissent sur les dos musclés, brillants d’humanité,  sculptés par des heures de danse et d’hymne à la beauté. Cependant que les autres danseurs, catapultés des quatre coins du monde,  semblent se reposer nonchalamment sur les bancs improvisés, en quête d’inspiration, de rebondissement. C’est ainsi que s’enchaînent toutes ces propositions chorégraphiques : avec spontanéité apparente et vérité profonde. Chaque danseur semble suivre une trajectoire propre et nous offrir ses rencontres éphémères et éblouissantes. Bruits du monde dans les interstices musicaux. Miroitements de couleurs de peau et de couleurs d’arc-en-ciel.

Loin de s’essayer à l’assaut du ciel,  - on a Jean-Sébastien Bach pour cela - on assiste à une communion joyeuse avec le socle de la  terre, le monde qui les entoure. Ils enlacent tour à tour la nature et leur être profond. Tout cela dans une fluidité aérienne ou liquide, un dynamisme et une précision extrêmes. Les regards intérieurs sont étincelants.  Pour le spectateur-auditeur c’est se laisser entraîner dans une authentique aventure. C’est  labourer le sol, remuer la glaise de la création, vibrer dans le plaisir du jeu des collisions souples, des  esquives, des passes esthétiques et du sourire généreux. Beauté des trios.

On se souviendra de  cette longue chaîne de bras incrustés les uns aux autres, qui évoque la solidarité. Miracle, voilà les danseurs subitement vêtus de jaune d’or, déclinés en nuances toutes différentes. Les hommes sont-ils de nouveaux insectes aux élytres d’or crépitant à la vie ? Frottements, glissements, rassemblements, la lumière blanche décroît et deux danseurs s’élancent dans une nouvelle proposition. Ces improvisations de passion, de tendresse et de charme sont méticuleusement préparées et ordonnées comme autant de fugues glissant autour des  socles de blancheur.

Et voilà les mêmes hommes soudain en T-SHIRT verts, out of the Blue, de l’olive profond au sapin,  tilleul ou menthe. L’écran lui-même devient vert. Le dernier danseur a rangé les lignes de sucre en digue continue. A perfect catwalk.  La pesanteur se fait légèreté extrême. Icare a perdu son  orgueil démesuré.  Le danseur virtuose labourera cet espace de son corps parfait comme s’il voletait à la surface de l’eau. Nul ne sait d’où vient l’esprit, si présent. La finale est un mouvement d’ensemble  parfait des neuf danseurs, un avènement, une harmonie nouvelle qui occupe tout le plateau.

Des noces terrestres ou célestes ? Nul ne sait. Les noces de la beauté musicale et de l’esthétique du corps humain en mouvement.  Hommes et femmes spectateurs sont emportés par la beauté et la vitalité du spectacle « To the ones I love ».

 

extraits:

http://www.thor.be/fr/parcours/to-the-ones-i-love-dp1

 

 Jusqu'au 22/12, 20h30 (sauf me. 19h30). Théâtre Varia, rue du Sceptre 78, 1040 Bruxelles. www.varia.be

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administrateur théâtres

Au KVS (Koninklijke Vlaamse Schouwburg)      Oedipus / Bêt Noir

 

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Voici une aventure scénique impressionnante que l’on rêve de partager. Le  metteur en scène Jan Decorte a relu Sophocle à sa façon. Par la danse, le chorégraphe, metteur en scène et  acteur Wim Vandekeybus s’élance dans l’interprétation  de ce texte dépouillé à l’extrême. Trois voies confluentes : le texte, la musique la danse. Une musique galactique sous la direction de Roland Van Campenhout  nous met presque sous hypnose et le langage expressif d’un ensemble de 16 danseurs acrobates fabuleux  nous  jettent éperdument dans l’histoire mythique et sur les pistes de l’imaginaire ou du subconscient. Mais dès le début, tout est déjà consommé.

A la confluence des trois chemins (Thèbes, Delphes, Corinthe) c’est l’embarquement dans le mystère du Destin, des malédictions, des questions mortifères du  Sphinx et des questions éternelles qui hantent Œdipe. Le parricide, l’infanticide et l’inceste. Œdipus : « “Ik ben e zwart beest van schult. »


La musique bouleversante et omniprésente,  la danse, les mouvements défiant les lois de la gravité, la vitesse, la mobilité extrême des acteurs et le texte épuré participent à une création hors du commun. Le résultat est absolument fascinant. Beauté, étrangeté, talent contribuent au  dépassement de tout ce qu’on a déjà vu. Le tempo est étourdissant. On est emmené dans les dédales infinis de l’imagination, on a sous les yeux l’intérieur d’un kaléidoscope géant dont les derniers miroirs se dérobent à l’infini. On est comme aspiré par l’énigme et par la puissance physique de la représentation.

Géante aussi et spectaculaire la représentation du Sphinx, sous les traits d’un astre céleste, soleil ou lune selon les éclairages. Ce disque d’escalade  immense et multicolore est  composé de pas moins de 20.000  rubans de la taille d’un habit humain, dans lequel grimpent, s’agrippent et se fondent les danseurs, faiblement accrochés sur ce cadran vertical, source de tous les dangers et de tous les effrois. 

Au sol  les danseurs aux pieds légers et aux pas de géants s’approprient l’immense espace glissant, et sont partout à la fois dans des rondes infernales. Danses marathoniennes plus que bacchanales. (Quoique…) Ce sont  des moulinets,  des culbutes et des sauts humoristiques de corps désarticulés, des carrousels vertigineux de corps  morts parfois, puis soudain revenus à la vie, cruelle, violente. Mais il y a quelque chose d’harmonieux de coulé, de souple dans toutes ces postures et ces jaillissements  plus qu’inimaginables. Les chants les plus beaux sont les plus désespérés.

Moyens bruts et efficaces. «Now the blood falls like rain !  » chante le musicien. C’est un des moments chocs : cette ballade du pendu et cette  chute de centaines  de chaussures qui tombent du ciel pour écraser Œdipe, jouet du Destin. Autre moment, presqu’insoutenable: les gémissements de  ce bébé de huit mois  en chaussettes rouges porté sur scène par sa propre mère, une des danseuses. Les pieds ou les chevilles de l’anti-héros tragique  ont été percés par Jocaste avant qu’il ne soit abandonné dans la montagne.  Et elle se percera le cœur avant qu’Oedipe ne se perce les yeux. Sont exposés à notre vue et à tous nos sens le percement de l’énigme et la mutilation volontaire des yeux pour se priver du bien le plus précieux, la lumière.  L’aveuglement et l’ignorance humaine. Les dieux resteront muets.  

 

http://www.kvs.be/index2.php?page=program&discipline=1&vs_id=604

 

 

 

du 15/09/2011 > 01/10/2011
Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche
Langue de la manifestation: NL FR EN
Public: Tous
Où ? au KVS : 9 quai aux Pierres de Taille 1000 Bruxelles
Téléphone pour renseignements : 02 210 11 12
Site web : http://www.kvs.be
E-mail : info@kvs.be
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12272731683?profile=original« LE CIRQUE INVISIBLE » AU THÉÂTRE SAINT-MICHEL  

Les portes sur le rêve s’ouvrent, nous allons rencontrer deux créateurs d’irréel.   À l'inverse du cirque traditionnel  où la prouesse acrobatique, le divertissement et les numéros spectaculaires crèvent l’affiche, ici la recherche d’une esthétique et la poésie se donnent la main pour présenter une vision artistique, vivante et continue d’un couple de   deux vedettes étoiles particulières : Victoria Chaplin et Jean-Baptiste Thierrée. Fille et  beau-fils de Charlie Chaplin.

Voici une œuvre en soi, pas un simple spectacle. Cette réinvention du cirque renoue délibérément avec le théâtre, l’illusion, le drame, la chorégraphie.  Le chapiteau a disparu, tout se passe sur un plateau, après un lever de rideau pour un spectacle frontal. Musique, lumières, costumes, danse,  mimes, paroles – plutôt  rares – (hop !), prestidigitation contribuent à l’illusion qui se veut féerique. Le pas vers le monde burlesque et drôle  d’Alice au pays des merveilles est vite franchi. On est de l’autre côté du miroir,  pour plonger dans le fantastique et le  surréalisme : les objets s’animent, les animaux se métamorphosent, les frontières disparaissent,  l’univers poétique  explose.

 

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 Les artistes cultivent le  non-sens qui réveille l’émotion de chacun. Et pourtant, si peu de mots ! Chaque fois, une nouvelle installation visuelle,  vivante et dynamique défie notre imagination, nos rêves et nos vaticinations.      Et à chaque fois que la secrète intention de l’artiste se fraie  un chemin dans notre imaginaire, c’est un sentiment de victoire qui nous inonde grâce à  la découverte émouvante  de l’autre. Comme dans la poésie de Raymond Devos.  On redécouvre aussi cet héritage commun de sentiments et de mythes  qui  nous lie entre humains,  quels que soit notre âge,  nos origines et notre parcours.

 

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 De leurs  fils de soie invisibles les artistes harponnent  un peu plus  notre cœur, et on le leur donne avec gratitude.  Les spectateurs, par leurs rires, alimentent  en continu ces artistes fabuleux et agiles qui  opèrent  sur le modèle d’emboîtement  des poupées russes, tout en construisant surprise et émerveillement  de plus en plus grands, à la façon d’un feu d’artifice. Les voilà devenus de vrais  créateurs d’irréel, à travers leur propre être de chair et d’os car ils ne jouent pas un personnage, ils sont des magiciens qui  appellent la magie et les métamorphoses sans fin. Le public est médusé par les innombrables tiroirs secrets soudains mis à découvert,  le foisonnement de formes et de couleurs, comme dans un immense kaléidoscope. Et ils ne sont que deux !

 

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 Ce qui  rend  aussi leur art  encore plus authentique, c’est l’autodérision, les ratés, une certaine humilité.  Ciselage méticuleux de chaque  proposition, soi n  extrême du détail, variété du cadre musical, changements de costumes magiques et  instantanés, tableaux vivants flirtant avec l’art plastique. On est ébahi par tant de  beauté,  par   l’inventivité  et l’humour de ces enchaînements à couper le souffle.  Car on est enchaîné et on ne quitte le spectacle qu’à regret, les yeux pleins de possibles. Et comme pour un concert, les artistes nous offrirons de multiples bis, chatoyants  d’émotion, devant une salle comble,  debout pour applaudir.

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Visiter leur site: http://www.karavane.pro/16/le-cirque-invisible/

http://www.karavane.pro/wp-content/uploads/le_cirque_invisible-dossier_fr.pdf  Extrait :

« Un origami vivant. Avec son corps de petite fille, Madame Chaplin se transforme en origami vivant, contorsionnant ses membres caoutchouc dans des numéros qui défient les lois de conservation de la masse.

Emmitouflée dans un costume triangulaire qui tourne comme un cerceau, elle se fait soudain engloutir par un vorace cœur d'artichaut. Plus tard, elle revient dans un vertugadin qu'elle transforme en cheval de velours. Tour à tour, femme-ombrelle, femme-oiseau, femme-orchestre ou femme-vélo, l'acrobate crée un bestiaire digne de Lewis Carroll. Comme un clin d'œil à son père en prise avec les machines dans Les Temps modernes, Victoria dompte les mécaniques les plus étranges, de l'horloge sur patte au paravent mobile.

Face à cette équilibriste silencieuse, Jean-Baptiste Thiérrée joue le clown illusionniste aux coups foireux, aux accessoires bricolés et aux costumes excentriques, en rayures de zèbre ou tapisserie ancienne. On sourit quand il allume une bougie, croque dedans, mâchouille et fait soudain apparaître une flamme rouge dans son ventre. On glousse quand il fait chanter toute une chorale de marionnettes accrochées à ses genoux et à ses fesses et on s'étonne de voir apparaître sa ménagerie d'oies et de lapins géants convoquée par magie.

Finalement, pour du cirque invisible, c'est plutôt remuant et coloré! De quoi donner des ailes pleines de plumes roses à notre imagination. Peu importe notre âge.

Laurent Ancion » LE SOIR 2008

 

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administrateur théâtres

Le Géant de Kaillass ( Atelier Jean Vilar )

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Atelier Jean Vilar                      Le Géant de Kaillass
Du 15 mars au 1 avril 2011       Compagnie Arsenic

texte de Peter Turrini


Au Parc à Mitrailles à Court-Saint-Etienne
Sous chapiteau numéroté – Navettes au départ de Louvain-la-Neuve
Avenue des Combattants, 19b – 1490 Court-St-Etienne
Représentations à 20h30 sauf le jeudi à 19h30 et le dimanche 27/03 à 15h

Ensuite le spectacle sera visible à L’esplanade Saint-Léonard (Liège) du 26 avril au 4 mai

Tél. gratuit : 0800/25 325  E-mail : reservations@atjv.be

 

 

Un théâtre qui se déplace, qui va vers les gens, qui part à la rencontre des publics c’est le théâtre sous chapiteau. Ce théâtre renoue avec la fête, le conte et le mythe.

 

Dans le village de Kaillass vit un jeune géant qui pleure. Il est le souffre-douleur des villageois moqueurs, qui l’accusent de tous les maux qui les accablent. Il  rêve d’une vie à sa mesure, du  vaste monde au-delà des esprits étroits, qui aurait quelque chose de grand à offrir, un Ailleurs : L’Amérique, lieu de tous les possibles? Un lieu large comme deux bras ouverts, un lieu au large de l’espoir d’exister tel qu’il est. Il est en même temps écrasé par l’impératif de ressembler aux autres. Ainsi son vain souhait de réintégrer la chorale des petits chanteurs de Kaillass, dont il a été exclu, va lui donner le désir chimérique d’acheter «  un pré si grand qu’assis dans l’herbe, il y paraîtra enfin petit. »

  

 Une naine rondelette et délectable, Irmeline tombe amoureuse de lui : voilà l’amour impossible qu’il accueille  certes, mais qui  ne l’empêche pas d’accomplir une odyssée aride qui le mènera de ville en ville à travers l’Europe, de champs de foire en cours royales de Prusse ou Angleterre, jusqu’au  au pied de la tour Eiffel, à la poursuite de son rêve d’enfant.

 

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 Son voyage  héroïque sera comme un conte initiatique, mais hélas un voyage intérieur qui ne le mènera nulle part, tant le trou dans sa poitrine demeure béant et triste. Il s’agit de quitter l’enfance, il faut rompre avec la mère, il faut cesser de croire à la légende par laquelle elle le berce d’une origine mythique et fabuleuse : celle d’un arbre. Il faut, et c’est le comble pour un géant, se décider à grandir, alors qu’il rêve de rapetisser! A peine parti, il veut rentrer dans son village natal. Le géant, bébé sans nom dira : «  Dedans moi, il fait noir. J’ai un tel désir. Laissez-moi de nouveau être avec vous. Est-ce que je peux de nouveau chanter avec les petits chanteurs ? 

 

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 « C’est loin l’Amérique ?  » Grandir est pénible, il tousse, il est chétif malgré son format extraordinaire, et son compagnon de voyage est terriblement avide. « Je veux retourner chez Hannia » « Tu es maboule ? Toutes les célébrités de Berlin rivalisent pour te rencontrer ! Un empereur est assis sur tes genoux et toi, tu veux rentrer dans ce trou perdu ? ». Et le géant alors : « Le trou dans ma poitrine est de nouveau là. » Peut-on combler ce trou avec un cœur qui bat ? Las, l’amour et  la musique sont absents.  Son guide intéressé lui répète sans cesse qu’il n’y a pas d’argent et qu’il faut « avancer ». Un impératif de production fait du géant maladif et incapable de quitter l’enfance une victime de choix, et le tue à petit feu. Il s’éteindra dans le champ originel,  les bras aimants  de sa mère, vaste pré d’amour. Elle n’a jamais reçu d’argent de l’ignoble Crochetailleur.   Mais au-delà de la mort, il y a cet autre amour inaltérable, celui  d’Irmeline  la jeune naine, l’amour au-delà de la mort, qu’elle a perçu tout au fond de ses yeux… Voici une histoire triste comme celle du « Meilleur des Mondes » de Aldous Huxley où John le Sauvage, incapable de se conformer aux impératifs de la société, s’éteint dans son phare. Ici cynisme absolu, les braves villageois récupèreront son image et en feront de juteux bénéfices pour la sainte ville de Kaillass. 

 

 

                                          Très beaux, ces  costumes de cirque ambulant. Belle, la  musique de fanfare joyeuse des bateleurs – le soubassophone étonne – et les voix « d’oiseaux »féminines. Magnifiques, la mise-en-scène et la mobilité corporelle de tous les artistes: une œuvre théâtrale pleine de recherche et d’authenticité. Un spectacle total, fait pour toucher et émouvoir, malgré l’humour grinçant et l’accumulation de scènes grotesques que d'aucuns adorent pour leur dérision.

 

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Au bout de la nuit


Au bout de la nuit

 

Sur la lune timide et blême danse un voile.

Mes yeux rougis et fatigués par les sanglots

Ne s’ouvrent déjà plus aux éclats des étoiles.

Je vacille comme la flamme d’un falot

Qu’un vent de tempête giflerait sans pitié.

Quelque part, au bout de la nuit, un cri s’élève.

Est-ce une bête agonisante ou un nouveau-né ?

Peut-être n’est-ce que moi au milieu de mon rêve !


Plus rien n’est réel, ni les formes, ni leurs ombres.

Ta silhouette floue envahit ma vision.

Mes morts marchent à tes côtés et en grand nombre.

Leurs mains froides et maigres cherchent ma raison.

A nouveau, au loin, résonne ce cri d’effroi.

Des réverbères aux rayons ocre s’alignent

Au milieu de nulle part pour un chemin de croix

Dont je suis l’unique fidèle qui se signe.

Au devant du cortège, tes doux cheveux d’or

Volent au vent glacial. Ta voix soudain m’appelle.

Le voile de brume descend, je ne vois pas ton corps.

Ce cri terrifiant encore une fois m’ensorcelle.

Un tambour, je ne sais où, scande cette marche.

Sont-ce les aiguilles de l’horloge ou bien mon cœur ?

Soudain, tout se tait et la lune bleue se cache.

Tu n’es pas là ! Je suis seule avec ma douleur.


Sur la lune timide et blême danse un voile;

Du ciel impuissant se sont enfuies les étoiles.

Tout devient réel. Ce n’était donc pas un rêve,

Cette vision funeste où je marche sans trêve.

Mes yeux las sont ouverts malgré les sanglots.

Je vacille et me laisse envahir par leurs flots.

Le vent a suspendu son souffle dans la nuit.

Sans toi, je suis perdue ; sans toi, l'agonie.

 

Arwen Gernak -  2006

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administrateur théâtres

Primé meilleur spectacle de danse 2009/2010 par les Prix de la Critique !

Voici : l’assaut des cieux ! Au théâtre Marni

Ce magnifique spectacle largue toutes les amarres des conventions. Depuis quand jette-on quelques matelas au fond d’une scène pour que s’y réveillent des ouvriers ? Des prisonniers, des chômeurs ? Des réfugiés, des conjurés? Ils sont six au pied du mât du bateau ivre, ils vont à l’assaut des cieux, revisitent le rêve d’Icare, convient le peuple ailé, par le geste, le mouvement, le mime et le jeu. Tiens voilà un faucon: tout en plumes et en vol plané! Grâce, mystère poignant de la vie. A moins que ce ne soit pour Prométhée…

Arthur Rimbaud nous souffle: « J'ai tendu des cordes de clocher à clocher, des guirlandes de fenêtre à fenêtre, des chaînes d'or d'étoile à étoile, et je danse. » Illuminations. Elévation, les six danseurs veulent percer le mystère de ce ciel s’il existe. Ils sont libres, jeunes, musclés, barbus, vêtus d’aventure et de blue jeans . Ils deviendront par la danse tous les miroitements du Bleu infini. Ils se délivrent de la pesanteur! Le talc vole, les mains et les pieds blanchissent ! A chacun son voyage. Depuis les acrobatiques figures frôlant la mort sur le mât chinois, jusqu’aux jeux innocents de marelle. Un christophore? Un géant radieux ? Le courage humain pour appréhender les mystères n’a pas de limites. The sky is the limit !

Élans, culbutes, transports. Arc-en-ciel inlassables, les corps à corps sont souples, presque aquatiques, mais pas d’étreintes, l’autre échappe toujours…vaines luttes. Les danseurs ont beau se mettre des étoiles aux pieds, des chaussons magiques, les pyramides éphémères basculent, Ciel où es-tu ? Les danses infusent et deviennent harmonies, mais la mort fondra soudain sur les danseurs sans prévenir. Non ce n’était pas de l’orgueil, comme Icare. L’espoir, tout simplement ! Une fatalité roulera leurs corps épars sur la terre hostile, terrassés par le désespoir et un souffle destructeur. Mais les voilà qui se relèvent avec courage pour aller mourir debout, dans la lumière et l’éternité du sable qui coule.

Et la musique ?

Une composition moderne de Yves De Mey…. Elle évoque les travaux et les jours, les constructions de sable, la lutte contre l’enlisement le triste terre à terre, tandis qu’Haendel, puissance musicale mythique transporte chorégraphie et spectateurs dans la surprise de l’envol. Dans un premier chant : « Rejoice ! » il nous mène droit au ciel avec la voix sublime d’une jeune femme de 20 ans, une véritable révélation, qui remplaçait ce soir-là Elise Gabele. D’autres chants lyriques suivront, postés aux portes du ciel, épanouis, ailés, d’une vérité et d’une profondeur sublimes.

Conception et chorégraphie Claudio BERNARDO

Création et interprétation Benjamin KAHN, Diogo DOLABELLA, Mikael BRES, Ondrej VIDLAR, Benoit FINAUT, Steven BERG,

Chant et conseil musical Elise GABELE,

Musique originale Yves DE MEY, Musique Georg Friedrich HAENDEL, Henry PURCELL, Jim MORRISSON

www.theatremarni.com

http://www.balsamine.be/site/spip.php?rubrique12

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