Au bout de la nuit
Sur la lune timide et blême danse un voile.
Mes yeux rougis et fatigués par les sanglots
Ne s’ouvrent déjà plus aux éclats des étoiles.
Je vacille comme la flamme d’un falot
Qu’un vent de tempête giflerait sans pitié.
Quelque part, au bout de la nuit, un cri s’élève.
Est-ce une bête agonisante ou un nouveau-né ?
Peut-être n’est-ce que moi au milieu de mon rêve !
Plus rien n’est réel, ni les formes, ni leurs ombres.
Ta silhouette floue envahit ma vision.
Mes morts marchent à tes côtés et en grand nombre.
Leurs mains froides et maigres cherchent ma raison.
A nouveau, au loin, résonne ce cri d’effroi.
Des réverbères aux rayons ocre s’alignent
Au milieu de nulle part pour un chemin de croix
Dont je suis l’unique fidèle qui se signe.
Au devant du cortège, tes doux cheveux d’or
Volent au vent glacial. Ta voix soudain m’appelle.
Le voile de brume descend, je ne vois pas ton corps.
Ce cri terrifiant encore une fois m’ensorcelle.
Un tambour, je ne sais où, scande cette marche.
Sont-ce les aiguilles de l’horloge ou bien mon cœur ?
Soudain, tout se tait et la lune bleue se cache.
Tu n’es pas là ! Je suis seule avec ma douleur.
Sur la lune timide et blême danse un voile;
Du ciel impuissant se sont enfuies les étoiles.
Tout devient réel. Ce n’était donc pas un rêve,
Cette vision funeste où je marche sans trêve.
Mes yeux las sont ouverts malgré les sanglots.
Je vacille et me laisse envahir par leurs flots.
Le vent a suspendu son souffle dans la nuit.
Sans toi, je suis perdue ; sans toi, l'agonie.
Arwen Gernak - 2006