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Compte-rendu d'une conférence donnée par Monsieur Georges Buisson, administrateur du domaine de Nohant, à la salle des festins du palais Jacques Cœur à Bourges, à l'occasion du bicentenaire de la naissance de George Sand :


George Sand est l’auteur de près de 90 œuvres de fiction. On oublie trop souvent qu’elle fut aussi un écrivain engagé et une journaliste politique de talent.

Le XIX°, puis le XX° siècle ont  édulcoré l’aspect politique de son œuvre pour deux raisons exactement opposées. L’académicien Edme Caro, par exemple, reproche à George Sand son engagement politique et contribue à construire l’ image rassurante (et fausse) de « la bonne dame de Nohant », auteur champêtre et régionaliste, qui a largement cours à l’époque. A l’opposé, dans la deuxième moitié du XX° siècle, beaucoup d’ intellectuels  considèrent que George Sand « n’est pas allée assez loin ».

Face à ces visions qu’il juge injustes ou réductrices, George Buisson s’est attaché à illustrer l’engagement profond,  réel et sincère  de George Sand. Un engagement qui s’enracine dans les contradictions et les souffrances de son enfance.

Par ses origines, George Sand  est à elle toute seule une synthèse des contradictions sociales, politiques et économiques de son temps. Elle est confrontée très tôt à l’injustice et à la discrimination sociale lorsque sa grand-mère, Marie-Aurore Dupin de Francueil, descendante du roi de Pologne par son fils naturel, le maréchal de Saxe, la sépare d’une mère aux origines modestes qu’elle juge indigne de l’éduquer.


Par ailleurs, grâce à son  précepteur Deschartres, médecin de campagne à Nohant qu’elle accompagne dans ses visites, la future George Sand découvre la société qui l’entoure et prend conscience de la misère des campagnes. Chaque fois qu’elle le peut, la petite Aurore pousse la porte qui la sépare de la ferme. Rien ne lui est plus étranger que le mépris envers ceux qui ne font pas partie de son milieu social.

Cette vie de « sauvageonne » ne l’empêche pas de « dévorer » dans le plus grand désordre les  volumes de la riche bibliothèque familiale, en particulier Le Contrat social de Jean-Jacques Rousseau dont la lecture est à l’origine de ses convictions républicaines.

Les engagements de George Sand n’ont rien d’abstrait ; ils s’enracinent toujours dans des situations vécues. A la mort de sa grand-mère, elle épouse le baron Casimir Dudevant. Son mariage est  un échec. Mis à part leurs convictions républicaines, ils n’ont rien en commun. Elle fait alors l’expérience intime des injustices et des servitudes de la condition féminine et découvre les rigueurs du code Napoléon qui prive la femme de tous ses droits pour les donner à l’homme. De là  vient son engagement féministe. Romancière prolifique, elle est la première femme à assurer son indépendance grâce à son travail.

L’engagement politique de George Sand se nourrit d’événements et de rencontres : celle de Jules Sandeau tout d’abord, qui l’emmène à Paris en 1830 et auquel elle emprunte une partie de son nom  (Sand est une abréviation  de Sandeau) ; elle assiste à la « Révolution avortée » qui donne le pouvoir au roi Louis-Philippe, s’inquiète des idoles du jour : Thiers,  Talleyrand et  La Fayette qu’elle méprise. Elle est surtout le témoin horrifiée des violences commises contre le peuple aux côtés duquel elle se range résolument.

A 26 ans, sa conviction est faite et elle n’en changera jamais  : elle se déclare  républicaine. Il lui a fallu beaucoup de courage pour rester fidèle à cette République alors considérée comme une utopie et qu’elle ne connaîtra que durant 7 ans. C’est à cette époque qu’elle écrit dans Le Figaro ( un journal « de gauche » à l’époque comparable au Canard Enchaîné ). En 1832, elle assiste aux obsèques du général Lamarque qui sert de prétexte à une manifestation républicaine ; la troupe tire sur le manifestants. « Voir le sang couler est une horrible chose » écrit George Sand ; cette horreur du sang versé explique son pacifisme et son attitude au moment de la Commune de Paris qui lui fut si souvent reprochée.


En 1833, elle rencontre Michel de Bourges. Avocat « éloquent, simple et grandiose », il défend au Palais Jacques Cœur, alors transformé en tribunal, des ouvriers jugés pour faits de grève, un droit qu’elle justifiera, elle aussi, dans ses écrits. Elle fait également la connaissance de La Mennais qui incarne une vision sociale et progressiste du christianisme. Croyante, mais anticléricale, George Sand admire  cet homme qui lui montre une dimension de la foi qu’elle n’avait pas soupçonnée.

L’une des étapes les plus importantes de sa formation politique demeure la rencontre avec Pierre Leroux. Cet ouvrier typographe est un authentique homme du peuple qui lutte à la fois pour l’émancipation économique des prolétaires et pour le développement d’une culture ouvrière, position très originale à l’époque. Elle lui sera toujours fidèle et l’aidera de ses deniers.

Au contact de Pierre Leroux, George Sand comprend que l’émancipation du peuple passe par l’éducation. Consciente que la diffusion des livres est aussi un problème financier, elle fera éditer ses œuvres dans des  éditions « à quatre sous », ancêtres de nos « livres de poches ».
 
A la veille de la Révolution de 48, elle écrit coup sur coup deux romans très engagés, qui comptent parmi les plus forts de son œuvre : Le Meunier d’Angibault qui traite de la question des paysans et des ouvriers boulangers et Le Péché de Monsieur Antoine où elle dénonce les excès de la civilisation industrielle et développe des préoccupations écologiques.

Quand éclate la Révolution de 48, George Sand est consciente de la fracture entre le peuple de Paris et celui des campagnes. Conseillère respectée et écoutée, elle a ses entrées dans tous les ministères du gouvernement provisoire et déploie une activité intense : elle fonde le journal La Cause du Peuple et s’attache dans Les  Bulletins de la République à expliquer et à justifier les grandes décisions de la Deuxième République : abolition de l’esclavage, droit au travail et à la rémunération, instauration du suffrage universel, abolition de la peine de mort…Elle est profondément meurtrie par la répression sanglante du général Cavaignac en juin 48 et par l’arrestation de Blanqui et de Raspail, qui seront  jugés et emprisonnés au Palais Jacques Cœur, à Bourges.

 Après l’élection de Louis-Napoléon Bonaparte et durant tout le Second Empire, elle se dépense sans compter en faveur des prisonniers politiques. « Pour sauver mes amis, affirme-elle, je suis prête à mettre les pieds dans tous les crottins. »

 George Sand a près de 70 ans au moment de la Commune de Paris ; contrairement à Marx, elle ne croit pas aux vertus de la violence et refuse le « dictature de l’idéal » et le mépris du suffrage universel.

Devenue plus sereine et plus « contemplative », elle connaîtra, à la fin de sa vie les débuts de la Troisième République qui règle les grands thèmes sandiens : séparation de l’Eglise et de l’Etat, instruction gratuite et obligatoire.

Dans une lettre de 70 pages adressée à son vieil ami Flaubert (qui, lui,  ne croit pas à la politique), elle écrit cette phrase qui la résume tout entière, avec son constant optimisme et son courage indomptable : « Tâchons d’améliorer l’homme en nous et autour de nous et de pousser le siècle, au risque de nous casser les bras. »

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C'est en 1837 que Frédéric Chopin fit la connaissance de George Sand. Entre ces deux êtres que tout séparait naquit une liaison passionnée qui dura neuf ans.

Musicien de génie, profondément attaché à son pays natal (son père était français et sa mère polonaise), Chopin se fixa à Paris après l'écrasement de l'insurrection polonaise et la mise à sac de Varsovie par les troupes russes en juillet 1831. C'est un homme d'une grande intelligence et d'une profonde noblesse de cœur, mais il est doté d'une sensibilité presque maladive et d'une santé fragile... "Son esprit était écorché vif, écrit de lui George Sand... le pli dune rose, l'ombre d'une mouche le faisait saigner."

Conservateur et sédentaire, il se plaît dans l'atmosphère raffinée des salons parisiens. George Sand, qui préfère la vie champêtre de Nohant aux attraits de la capitale, est son exact opposé ; sa célébrité garde un parfum de scandale, elle aime les changements et l'aventure, prône l'émancipation des femmes et ne cache pas ses sympathies républicaines.

Comme la littérature l'avait rapprochée de Musset, c'est la musique qui rapproche George Sand de Frédéric Chopin. "Je l'ai revue trois fois, écrit Chopin... Elle me regardait profondément dans les yeux, pendant que je jouais. C'était de la musique un peu triste, légendes du Danube ; mon cœur dansait avec elle au pays. Et ses yeux dans mes yeux, yeux sombres, yeux singuliers, que disaient-ils ? Elle s'appuyait sur le piano et ses regards embrasants m'inondaient."

En 1838, pour tenter de rétablir la santé défaillante de Chopin et soigner son fils Maurice, issu de son mariage avec Casimir Dudevant, George Sand les emmena tous les deux, ainsi que sa fille Solange, sur l'île de Majorque, au sud de l'Espagne. Ils sont loin de se douter que cette même Solange, petite fille espiègle et pleine de vie qui batifole gaiement sur le pont du bateau sera, des années plus tard, à l'origine de leur rupture.

Ils trouvèrent à se loger dans le cadre pittoresque mais insalubre de la Chartreuse de Valldemosa, un ancien monastère à moitié en ruine. Si ce séjour fut profitable à George Sand et à ses enfants, il se transforma en revanche pour Chopin, dont la santé se dégrada rapidement en raison du climat humide de l'île en hiver, en un véritable calvaire : les pluies torrentielles moisissent les murs et les chambres sont presque impossibles à chauffer. Chopin, atteint d'une maladie que l'on n'appelait pas encore "tuberculose", mais "phtisie", dont il mourra en 1849 et que l'on ne savait pas soigner, tousse et crache le sang ; le cadre étrange de la Chartreuse suscite en lui des impressions pénibles et jusqu'à des hallucinations. "Le cloître était pour lui plein de terreurs et de fantômes, écrit George Sand dans ses Mémoires, même quand il se portait bien. Il ne le disait pas et il fallait le deviner. Au retour de mes explorations nocturnes dans les ruines avec mes enfants, je le trouvais, à dix heures du soir, pâle, devant son piano, les yeux hagards et les cheveux comme dressés sur sa tête. Il lui fallait quelques instants pour nous reconnaître."

Les habitants de Majorque, effrayés par la maladie de Chopin et prévenus contre George Sand, les tiennent à l'écart...

C'est pourtant au milieu de ce calvaire que Chopin trouva la force d'achever ses admirables Préludes. "Ce sont des chefs-d’œuvre, plusieurs présentent à la pensée des visions de moines trépassés et l'audition de chants funèbres ; d'autres sont mélancoliques et suaves ; ils lui venaient aux heures de soleil et de santé, au bruit du rire des enfants sous la fenêtre, au son lointain des guitares, au chant des oiseaux sous la feuillée humide, à la vue des petites roses pâles épanouies sous la neige."

Le calvaire finit pourtant par prendre fin. Dès que les forces de Chopin le permettent, cette étrange "famille" regagne la France à la fin de l'hiver, via Barcelone et Marseille. "Je quittais la Chartreuse avec un mélange de joie et de douleur. J'y aurais bien passé deux ou trois ans, seule avec mes enfants. Le ciel devenait magnifique et le lieu enchanté. Notre installation romantique nous charmait... Le malade lui-même eût été adorablement bon de guérir. De quelle poésie sa musique remplissait ce sanctuaire, même au milieu des plus douloureuses agitations ! Et la Chartreuse était si belle sous ses festons de lierre, la floraison splendide dans la vallée, l'air si pur de notre montagne, la mer si bleue à l'horizon ! C'est le plus bel endroit que j'aie jamais habité, un des plus beaux que j'aie jamais vus."

Conformément à la conception romantique de la création artistique, ce douloureux épisode se révéla "fécond" puisqu'il fut à l'origine d'un très beau roman de George Sand : Un hiver à Majorque et d'une œuvre musicale qui compte parmi les plus accomplies de la littérature pianistique.

Les citations entre guillemets sont extraites du chapitre V de l'autobiographie de George Sand Histoire de ma vie, texte établi, présenté et annoté par Georges Lubin, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard (1978), et de : Un hiver à Majorque : texte établi, présenté et annoté par Jean Mallion et Pierre Salomon, collection de l'Aurore, Editions Glénat, 1993. Cette édition comporte également en appendice le chapitre V de l'autobiographie de George Sand. Les Préludes de Frédéric Chopin ont fait l'objet de nombreux enregistrements, les plus célèbres sont ceux d'Arthur Rubinstein et de György Cziffra.
 
 
 
 

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Compte-rendu d'une conférence de Monsieur Georges Buisson, administrateur du domaine de Nohant, prononcée à Bourges à l'occasion du bicentenaire de la naissance de George Sand.

Si George Sand se donna parfois des allures masculines et si certains de ses contemporains, et non des moindres, lui reprochèrent "de se comporter comme un homme", elle ne cessa de revendiquer, sa vie durant, sa féminité. Il faut remonter à son enfance pour comprendre ce paradoxe.

Bien avant Freud, George Sand essaya d'analyser certains de ses comportements à la lumière de ses souvenirs d'enfance : "Mes souvenirs, dit-elle, remontent à un âge très ancien"... Une enfance marquée par deux grands traumatismes : la disparition brutale du père et la séparation d'avec la mère, mais une enfance qui eut aussi ses moments de bonheur et ses amitiés passionnées.

Son attitude par rapport au mariage est pour le moins paradoxale. Elle se rend compte très vite que son union avec le baron Casimir Dudevant est un échec et elle fera tout pour y échapper, mais elle éprouve un "attrait naturel et invincible" pour les tâches traditionnellement dévolues aux femmes : éducation des enfants, travaux d'aiguilles, cuisine, soins du ménage...

George Sand considère que le contexte dans lequel les gens se marient à son époque est négatif. Sur l'éducation des femmes et la sexualité dans le mariage, elle a cette phrase terrible : "Nous les élevons comme des saintes et nous les livrons comme des pouliches."

La "posture masculine" de la baronne Aurore Dudevant, sa volonté de s'habiller en homme et surtout son changement de nom correspondent à une volonté d'échapper à une filiation confuse, de renaître, d'être quelqu'un de nouveau. Pour cela, elle se donne un prénom masculin : George, et un nom emprunté à un homme, qu'elle transmettra à ses descendants : Sand, abréviation du nom de Jules Sandeau.

George Sand ne veut pas "singer les hommes", mais acquérir les privilèges de l'indépendance et de la liberté d'action qui leur sont traditionnellement dévolus. Pour le reste, la grande affaire de la vie d'une femme est la maternité : "l'homme produit des idées, affirme-t-elle, mais la femme donne la vie."

Les sentiments d'une mère pour ses enfants

Vis-à-vis de ses amants, Jules, Alfred et Frédéric, George Sand se comporte davantage en mère qu'en amante. Ce qu'elle recherche chez les hommes, ce n'est pas leur force, mais leur faiblesse. Vis-à-vis du peuple, cette autre grande passion de sa vie, elle éprouve aussi les sentiments d'une mère pour ses enfants.

Si elle dénonce l'infériorité dans laquelle la femme est maintenue, George Sand n'en renie pas pour autant sa "part féminine". Après le coup d'Etat de Louis-Napoléon Bonaparte, elle refuse de s'exiler comme Victor Hugo, se dépense sans compter pour sauver ses amis républicains et dénonce la "posture héroïque", orgueilleusement masculine, de ceux qui refusent l'amnistie.

Elle se battra pour le suffrage universel, mais s'opposera à la participation des femmes à la vie politique. Elle ne croit pas qu'une femme puisse concilier engagement politique et vie privée et refusera de devenir députée.

Sa "part féminine", c'est peut-être aussi son rapport particulier à l'écriture, cette "facilité" qu'on lui a parfois reprochée, sa modestie aussi, son sentiment de ne pas être un écrivain de tout premier plan, son horreur du sang versé qui la conduira à une attitude pacifiste au moment de la Guerre de 1870. Elle veut croire en un monde de paix et impute aux hommes, plus enclins que les femmes aux engagements partisans, la reponsabilité de la guerre et de la violence.

Si George Sand s'est parfois servie de sa plume comme d'une épée, elle n'a pas craint, à l'inverse de Flaubert qui revendique pour les auteurs un devoir de réserve, de "mettre son coeur dans ses écrits". "Femme en tout et toujours", écrira Zola, dans un portrait empreint d'une misogynie certaine, George Sand veut préserver les droits de la sensibilité et garder une place à l'espérance. Elle tenta dans sa vie et sa création littéraire de concilier les qualités de la femme et la liberté d'action de l'homme, de n'être, à l'instar de l'une de ses héroïnes, Manon, "ni un homme, ni une femme, mais les deux avec les qualités des deux sexes."

Avec le recul, concluait Georges Buisson, la personnalité et l'oeuvre de George Sand apparaissent comme "une bouffée d'air féminin dans un siècle écrasé par les hommes."

Bibliographie :

George Sand : textes choisis et présentés par Huguette Bouchardeau (HB éditions) - George Sand et le parti du Peuple par Jean-Claude Sandrier - Avez-vous lu Sand ? par Sylvie Delaigne-Moins aux éditions Lancosme - George Sand ou la scandale de la liberté par Joseph Barry, aux éditions Points.
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Un livre d’Isabelle Papieau, paru aux éditions l’Harmattan : Arts et société dans l’œuvre d’Alain-Fournier, montre un écrivain beaucoup plus « moderne » et intéressé par son époque qu’on ne l’imagine habituellement.

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Alain-Fournier, de son vrai nom Henri Alban Fournier, eut une vie brève et intense, marquée par quelques étapes essentielles : son enfance nourrie des paysages du Berry et de la Sologne, sa rencontre et son amitié avec Jacques Rivière, son amour impossible pour Yvonne de Quiévrecourt, croisée à Paris, en 1905, le jour de l’Ascension , le succès de son unique roman Le Grand Meaulnes, paru en 1913, un an avant sa mort sur le front, à l’âge de 28 ans, le 22 septembre 1914.

 

« De quelle façon, se demande l’auteur, à l’articulation des XIXème et XXème siècles, l’oeuvre d’Alain-Fournier traduit-elle sa perception des signes du modernisme et des courants anticonformistes qui estompèrent progressivement l’impact de la culture traditionnelle ? »

 

Isabelle Papieau a cherché la réponse à cette question dans les écrits d’Alain-Fournier (roman, ébauche de roman, nouvelles, poèmes, chroniques littéraires, correspondance avec Jacques Rivière…), ainsi que dans  les souvenirs de sa sœur Isabelle, épouse de Jacques Rivière. L’homme qu’elle décrit est un individu complexe, pris entre l’appel de la vie intérieure et la tentation de l’aventure,  la nostalgie du passé et les séductions de la modernité.

 

On a tôt fait de voir en Alain-Fournier un rêveur nostalgique et introverti, voué à la poursuite d’un idéal passéiste. C’est oublier que cet amoureux des paysages de la Sologne vécut aussi à Paris dont il connut la vie trépidante et mélangée avec ses cafés, ses théâtres, son opéra, ses music-halls…C’est oublier aussi son enthousiasme pour l’aventure et la découverte des pays exotiques à la culture méconnue, son engouement pour le modernisme et ses avant-gardes : fauvisme, symbolisme, Art nouveau…sa passion pour le sport, les nouveautés de son temps et la puissance de la « conquête mécanique » : électricité, bicyclette dont il était un fervent adepte, chemin de fer, automobile, aéroplane…

 

Loin d’être tenus à distance, tous ces centres d’intérêt nourrissent l’ensemble de son œuvre, y compris Le Grand Meaulnes, de même que son attrait pour  les pédagogies nouvelles et les prémisses de la « psychologie des profondeurs ».

 

Autre aspect méconnu d’Alain-Fournier abordé par Isabelle Papieau : le chrétien fervent et compatissant, souffrant des tragédies de l’existence, mais assoiffé de pureté, de plénitude et d’éternité.

 

Après avoir commencé sa carrière dans le journalisme et la communication, Isabelle Papieau a été professeur de Lettres modernes. Docteur en sociologie, elle enseigne actuellement cette discipline et effectue parallèlement des recherches sur les représentations.

 

Arts et société dans l’œuvre d’Alain Fournier d’Isabelle Papieau, aux éditions l’Harmattan

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J'aime Mark Twain, son humour, sa lucidité, sa modernité. Volontiers caustique, jamais cynique, il sut raconter la vie des gens simples, parler à toutes les générations.

Il a bien connu la vie rude des bateliers, des mineurs...

12272819071?profile=original"Train de bois sur un fleuve américain" (gravure in Le Magasin Pittoresque, 1849)

Joueur de mots, son pseudonyme d'abord vient de son tumultueuse expérience sur le Mississipi où il fut pilote, avertissant "Mark Twain", "Deux brasses de fond !". Ses héros même, Tom Sawyer qui lui aussi découle de ces bois de dérive appelés, selon la position qu'ils prennent dans le fleuve, "logs", "snags" ou "sawyers", causant des désastres aux bateaux qu'ils défoncent et aux radeaux qu'ils soulèvent et submergent.

Gourme jetée, typographe puis pilote donc, Samuel Clemens partit en Californie avec son frère ainé Orion pour trois mois en 1861, de batelier il deviendrait bateleur ! Il y passa finalement "six ou sept années longues et singulières", en Californie puis au Nevada. prospecteur malheureux, il devint journaliste en signant Josh puis Mark Twain. Il entra au Territorial Enterprise de de Virginia City en 1862 (j'ai pu retrouver, dans un bric-à-brac indescriptible, un article original signé mark Twain pour le Daily Alta California, juste avant qu'il ne s'installe à New York) et s'y taille une petite réputation, ses lecteurs le reconnaissant sous les traits de "Wild humorist of the Pacific Slope" (l'extavagant humoriste des bords du Pacifique) ou de "Sagebrush Bohemian" (le Bohémien de l'armoise sauvage).

d'une blague sur les batraciens colportée dans le comté de Calaveras, et entendue à l'Angels Camp, Samuel Clemens tirera sa première nouvelle. Dans ce coin de Californie on organise toujours, pour en perpétuer le souvenir, des courses pour ces animaux sauteurs. Il publia un récit sur son épopée en 1872 : Roughing it ("Mes folles années années" ou dans une traduction plus récente "A la dure").

Quelques unes de ses impressions tirées de son expérience minière :

"La Gould & Curry n'en est qu'une des mines parmi beaucoup d'autres et, cependant, les rues de ses galeries et de ses tunnels avaient ensemble cinq miles de longueur et sa population était de cinq cents mineurs. Prise dans son ensemble, la ville souterraine avait quelques trente miles de rues et une population de seize mille âmes. A l'heure présente, une partie de cette population travaille à douze ou seize cents pieds de Virginia et Gold Hill et les Sonnettes  qui leur signalent ce que leur surintendant, à la surface, désire qu'ils fassent, sont mises en marche par télégraphe comme nous mettons une sonnette d'alarme en marche. Des homes tombent parfois dans un puits de mille pieds de haut".

Gould & Curry avait bâti là "une fonderie monstre de cent pilons moyennant une dépense qui s'avéra finalement très proche du millions de dollars. Les actions Gould & curry rapportaient de gros dividendes, chose rare et résultat confiné à la douzain ou à la quinzaine de filons sur la veine principale, la Comstock".

Il est facile de trouver un florilège de ses bons mots (y compris sur notre site, cf. Groupe Citations). Pourtant certaines de ces "petites phrases"" sont moins connues et révèlent sa pénétration d'esprit, son humanité sous le masque de l'humour. Un humour de l'Ouest (tale tall) dont il fut le chantre (citons aussi, moins connus chez nous, Bret Harte, son alter-ego, ou O Henry-William Sidney Porter, dit-).

Portait chinois (les Chinois furent parmi les minorités les plus maltraitées, c'est dire) :

"En Californie il tire sa subsistance de vieilles mines que les blancs ont abandonné comme épuisées et sans valeur, et les fonctionnaires leur tombent alors dessus avec une escroquerie exorbitante à laquelle l'administration a donné le nom très large et très général de taxe minière étrangère, mais elle n'est généralement infligée à aucun autre étranger que les Chinois".

"La libre Californie prélève un impôt illégal sur John le Chinois, chercheur d'or, et permet à Patrick l'Irlandais de fouiller le sol gratis. Pourquoi ? Sans doute parce que le Mongol dégénéré ne dépense pas un cent en achat de whiskey, tandis que le Celte civilisé ne peut vivre sans boire".

Les Chinois "sont des gens inoffensifs quand les blancs, ou bien les laissent en paix, ou bien ne les traitent pas plus mal que des chiens".

Du quoi rire, John ?

Sur les pratiques douteuses de ses contemporains :

"La coutume était de chercher le morceau le plus riche et de le faire évaluer ! Très souvent ce morceau, de la grosseur d'une aveline, était le seul fragment d'une tonne contenant du métal, et cependant, l'évaluation le présentait comme représentant la valeur moyenne la valeur moyenne de la tonne de matière sans valeur d'où il venait !". Toujours prévenant, "en son état primitif, l'or n'est qu'une matière terne et sans agrément... seuls les métaux vils excitent l'ignorant par leur brillance ostentatoire" (ce qui est souvent vrai, de la pyrite, l'"or des fous", à la muscovite, "l'or des chats"). Car il faut prendre garde de pécher par excès de confiance, d'optimisme ou de naïveté dans les "mines les plus riches de la terre", selon la désignation locale usuelle" où "la modestie dans la nomenclature n'est pas un trait dominant".

Qu'aurait-il dit de nos modernes traders, avocats, philistins, notaires ?

Amer moqueur ce merle persifleur et pourfendeur poursuit :

"Rien n'offrait un tel champ d'action à l'activité intellectuelle comme de nourrir une batterie et de tamiser les résidus et rien ne stimulait les qualités morales comme de distiller de l'or et de laver les draps, mais je me trouvais, toutefois, contraint de demander une augmentation de salaire".

Voilà pour cette page à son honneur, j'espère ne pas l'avoir trahi ou escamoté l'essentiel de sa pensée. Aussi pour me faire pardonner mon éventuelle offense, j'ajoute qu'un astéroïde a été baptisé "Mark Twain".

Que les feux de l'humour continuent à briller (lorsqu'il se mêle à l'acuité).

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Georges Rouault nous regarde

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« J’ai le défaut de ne laisser à personne son habit pailleté. L’homme que j’ai devant moi, c’est son âme que je veux voir, et plus il est grand, plus on le glorifie et plus je crains pour son âme. » (Georges Rouault)

 

Ecorché vif, Georges Rouault ne s’accommodait pas du monde « comme il va ». Il suffit,  pour s’en convaincre, de regarder ses œuvres : ses pierrots innocents, ses filles déchues, ses clowns vaincus ou triomphants, son squelette en uniforme, ses civils imbéciles, serviteurs de l’apocalypse, son Christ solitaire et bafoué…et son regard à lui, dans cet autoportrait de la désolation.

 

Les marchands de mort, le pharisaïsme,  L’indifférence des riches, l’accablement des pauvres, l’arrogance des puissants, l’humiliation des petits, la niaiserie satisfaite de ceux qui s’accommodent de tout (« Tout cela ne nous regarde pas ! »), le grand cirque du monde…Tout cela le rendait malade.

 

Oui, il suffit de regarder ses œuvres. Mais à vouloir les regarder, l’on s’aperçoit bientôt que ce sont elles qui nous regardent : « Que fais-tu de ce monde ? »

 

Né à Paris, pendant la Commune, le 27 mai 1871, Georges Rouault montre très tôt de grandes aptitudes pour le dessin. En 1885, il entre comme apprenti chez les verriers Tamoni, mais il n’a qu’une idée en tête : devenir peintre. En 1890, il suit les cours de Gustave Moreau. De 1895 à 1901, il expose des tableaux à sujets religieux ou mythologiques influencés par son maître. Dans les années qui suivent, il se lie avec des écrivains et penseurs chrétiens atypiques : Joris Karl Huysmans, Léon Bloy, le philosophe Jacques Maritain. Il fait aussi la connaissance de Jacques Rivière, d’Alain -Fournier, et  d’André Suarès. De 1903 à 1914, il réalise de nombreuses gouaches et aquarelles sur papier, représentant des clowns, des acrobates, des prostituées, des bourgeois infatués, symboles d’une humanité misérable et déchue. La première guerre mondiale est l’occasion d’un nouveau tournant dans son œuvre.

 

Au cours des années 1914-1939, poussé par Ambroise Vollard, Rouault va consacrer, parallèlement à la peinture, une part importante de son activité à la gravure. Chrétien douloureux,  passionné et sincère, il chercha à traduire picturalement sa vision religieuse et tragique de la condition humaine. Ses compositions aux tonalités sombres et mêlées semblent renouer avec l’art des imagiers du Moyen-âge.

 

« Né dans une cave sous un bombardement, pendant la Commune, écrit  Jean-François Garmier, confronté dès son enfance à la misère des banlieues pauvres, ayant expérimenté pendant de nombreuses années une vie de difficultés matérielles (…) Rouault a consacré la majeure partie de son œuvre à l’évocation de l’injustice et de la souffrance. »

 

« Ses œuvres vont droit au but, poursuit Jean-François Garmier… Il n’est pas besoin de temps, de lent décryptage, de supputations, pour percevoir et comprendre instantanément la réalité fulgurante qu’il veut faire partager au spectateur (…) S’il pourfend l’hypocrisie de la société, s’il tonne contre les marchands de canons, les avocats indifférents, les exploiteurs coloniaux, les bellicistes, les conformistes et la bêtise de tout poil, il est rempli d’humanité pour ceux qui ont touché le fond du désespoir ou de l’abjection. Toujours il montre de la compassion (…) Rouault n’est pas un désespéré. Même dans ses œuvres les plus dramatiques, il y a toujours une lueur d’espoir et d’émerveillement… »

 

La gravure occupe une place importante dans son œuvre. Il créa un grand nombre d’estampes souvent rassemblées autour d’un texte dans des livres dont les premiers ont été édités à l’initiative du marchand d’art Ambroise Vollard. 

 

Le Miserere occupe une position centrale dans l’œuvre gravé de Rouault. Il y travailla de 1912 à 1928. Cet ensemble qui porta d’abord le nom de Miserere et Guerre constitue un poème dédié à la douleur, où l’on voit défiler toutes les souffrances humaines. Les caricatures grimaçantes, les paysages, les scènes allégoriques ou symboliques se rapportant à la guerre restituent avec une acuité exceptionnelle l’inconscience, la bêtise, la force aveugle et brutale, la folie meurtrière de l’homme. La figure du Christ y est centrale. Christ honni, toujours flagellé, souffrant des mêmes maux que les hommes, offrant sa vie pour eux.

                                                                                                    

  

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Philippe Baudouin, Corps et âme

 Philippe Baudouin, Corps et âme

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La photographie est un art qui encore aujourd’hui n’a pas toujours la place qu’elle mérite lorsque est évoquée la pluralité artistique.

C’est pourquoi j’avais envie de mettre en lumière le travail d’un photographe qui allie écriture corporelle et photographie, inscrivant ainsi l’acte graphique dans une forme pérenne et non éphémère.

Philippe Baudouin a beaucoup voyagé à travers le monde, appareil photos en bandoulière ; musicien, dessinateur, c’est un touche-à-tout de talent qui a trouvé dans son projet « Ecrits de corps » une manière de sublimer et l’écriture et le corps féminin.

Expérimentant tant les idéogrammes que les alphabets grec, russe, les formules mathématiques, les chiffres mais aussi les hiéroglyphes, Philippe Baudouin nous donne à approcher un autre versant du langage écrit…

La poésie est omniprésente dans sa création puisqu’il s’inspire des poèmes chinois de Li Bai, rappelant ainsi son attachement à l’Extrême-Orient (Chine, Japon)…

Nouant avec ses modèles une relation basée sur l’humain, l’échange, Philippe Baudouin pose un regard sans voyeurisme sur le corps calligraphié de la femme, jouant des effets de matière (peau, cheveux, tissu des vêtements…), travaillant les contrastes, les reliefs, sachant suggérer la pose qui mettra en valeur l’écrit et le corps, réinventant le mystère des êtres et du savoir.

Par le truchement du texte, Philippe Baudouin redessine le corps et illustre par le biais de la photographie un instant arrêté, soustrait à notre impermanence humaine…

Les photographies de Philippe Baudouin invoquent les origines du monde et nous entraînent dans une déambulation intime et universelle tout à la fois, diseuse de poésie, de paysage intérieur, de cheminement initiatique au cœur des arcanes de la vie… et c’est tout simplement beau et bouleversant.

 

 

 

Nathalie Lescop-Boeswillwald

Docteur en Histoire de l’Art

Agent d’art, critique, poète

Directrice de Espace NLB.

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été 2012

Cet été vous pourrez voir les toiles

de

BENOIT-BASSET

à

KNOKKE-LE-ZOUTE

GALERIE DANIEL BESSEICHE

                                                     Dumortierlaan 111 -   8300 - Knokke

                                                                             Belgique

                                               http://www.dbesseiche.com/knokke-le-zoute.html

 

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La dame qui m'habite

 

Restée naïve, elle a vieilli dans l'innocence,

Certainement longtemps, sans s'en apercevoir,

Joyeuse, entretenant un enfantin espoir:

Retrouver la saveur d'une tendresse intense.

...

Elle aime à réciter de célèbres poèmes,

Jaillissements d'émois et de riches pensées.

Ne se berce jamais de phrases insensées,

S'émeut à voir pousser les graines qu'elle sème.

...

Depuis un temps lointain, elle existe sans larmes.

Or, en ce bel été, impuissante, blessée,

Ses efforts restants vains, elles insiste, et essaie

Un sourire des yeux. Ô visage sans charme!

...

Renoncer à jamais, s'impose au cours des ans.

Le besoin d'être aimé pousse au souci de plaire.

Elle était embellie, pouvant le satisfaire.

Des photos en témoignent, occultant le présent.

...

Elle recourt au chant pour calmer une peine.

L'harmonie a sur elle un effet apaisant.

En des pauses, elle vit d'indicibles instants.

Son désir essentiel est de rester sereine.

...

12 août 2012

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Le ministère de la Culture et de la Communication (France) attribue le label Maisons des Illustres. 

De la maison au domaine, du château à l’appartement et du musée à l’atelier, les « Maisons des Illustres » constituent un ensemble patrimonial original dont le ministère de la Culture et de la Communication entend faire reconnaître la valeur culturelle. Le label « Maisons des Illustres » signale des lieux dont la vocation est de conserver et transmettre la mémoire des personnalités qui les ont habitées.
Les « Maisons des Illustres » composent un ensemble de lieux de mémoire majeurs pour la compréhension de l’histoire locale et nationale, et du rôle joué par ses acteurs politiques, religieux, scientifiques et artistiques.
Elles témoignent de la diversité patrimoniale de notre pays, dans ses traces monumentales comme dans celles laissés dans l’imaginaire collectif.
Créé par le Ministère de la culture et de la communication, le label « Maisons des Illustres » signale à l’attention du public les lieux dont la vocation est de conserver et transmettre la mémoire de femmes et d’hommes qui les ont habitées et se sont illustrés dans l’histoire politique, sociale et culturelle de la France.
Le Label est attribué aux maisons qui ouvrent leurs portes au visiteurs plus de quarante jours par an et qui ne poursuivent pas une finalité essentiellement commerciale. Il garantit un programme culturel de qualité (authenticité et originalité du contenu muséographique, organisation régulière de manifestations culturelles) et propose des formes d’accompagnement à la visite adaptées à tous, notamment au public scolaire.

Le Label des Illustres a été accordé en 2011 à 111 maisons

 

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60 nouveaux sites viennent d'être labellisés en 2012:

Alsace

Musée Jean-Frédéric Oberlin – Waldersbach (67) – Jean-Frédéric Oberlin
Chartreuse de Molsheim – Fondation Bugatti – Molsheim (67) – Ettore Bugatti
Aquitaine

Château des Milandes – Castelnaud-la-Chapelle (24) – Joséphine Baker
Maison Chrestia – Orthez (64) – Francis Jammes
Tour Moncade – Orthez (64) – Gaston Fébus
Maison Arnaga – Cambo-les-Bains (64) – Edmond Rostand
Maison natale de Félix Arnaudin – Labouheyre (40) – Félix Arnaudin
Auvergne

Maison-musée Emile Guillaumin – Ygrande (03) – Emile Guillaumin
Maison natale de Charles-Louis Philippe – Cerilly (03) – Charles-Louis Philippe
Basse-Normandie

Hauteville House – Guernesey (Iles anglo-normandes) – Victor Hugo
Bourgogne

Maison natale de Nicéphore Nièpce – Saint-Loup-de-Varennes (71) – Nicéphore Nièpce
Maison natale de Colette – Saint-Sauveur-en-Puisaye (89) – Colette
Maison Jules Roy – Vézelay (89) – Jules Roy
Centre

Maison-école du Grand Meaulnes – Epineuil-le-Fleuriel (18) – Alain-Fournier
Château de Sagonne – Sagonne (18) – Jules Hardouin-Mansart
Prieuré Saint-Cosme – La Riche ( 37) – Pierre de Ronsard
Musée Descartes – Descartes (37) – René Descartes
Champagne-Ardenne

Auberge de Verlaine – Juniville (08) – Paul Verlaine
Château de Cirey – Cirey-sur-Blaise (52) – Emilie de Breteuil, marquise du Châtelet
Guadeloupe

Maison Schwarz-Bart – Goyave (97) – André Schwarz-Bart
Haute-Normandie

Château de Vascoeuil – Vascoeuil (27) – Jules Michelet
Fondation Monet – Giverny (27) – Claude Monet
Clos Lupin – Etretat (76) – Maurice Leblanc
Château de Miromesnil – Tourville-sur-Arques (76) – Guy de Maupassant
Maison de Gustave Flaubert – Canteleu/Croisset (76) – Gustave Flaubert
Maison natale de Pierre Corneille – Rouen (76) – Pierre Corneille
Ile-de-France

Musée Louis Pasteur – Paris (75015) – Louis Pasteur
Musée Clemenceau – Paris (75016) – Georges Clemenceau
Bibliothèque de l’Arsenal – Paris (75004) – Charles Nodier
Le Clos des Metz – Jouy-en-Josas (78) – Léon Blum
Château de Médan – Médan (78) – Maurice Mæterlinck
Château de Vaux, « Castello de Marochetti » – Vaux-sur-Seine (78) – Carlo Marochetti
Propriété Caillebotte – Yerres (91) – Gustave Caillebotte
Bibliothèque Paul Marmottan – Boulogne-Billancourt (92) – Paul Marmottan
Languedoc-Roussillon

Maison natale de Gaston Doumergue – Aigues-Vives (30) – Gaston Doumergue
Musée du désert – Le Mas Soubeyran – Mialet (30) – Pierre Laporte dit Rolland
Lorraine

Maison natale de Jeanne d’Arc – Domrémy-la-Pucelle (88) – Jeanne d’Arc
Midi-Pyrénées

Maison natale de Pierre Bayle – Carla-Bayle (09) – Pierre Bayle
Nord-Pas de Calais

Maison Forestière – Ors (59) – Wilfried Owen
Nouvelle-Calédonie

Maison de Tiendanite – Tiendanite (Nouvelle-Calédonie) – Jean-Marie Tjibaou
Pays-de-la-Loire

Maison des Champs – Cossé-le-Vivien (53) – Robert Tatin
Manoir des Sciences – Réaumur (85) – René-Antoine Ferchault de Réaumur
Maison Julien Gracq – Saint-Florent-le-Vieil (49) – Julien Gracq
Picardie

Maison familiale d’Henri Matisse – Bohain-en-Vermandois (02) – Henri Matisse
Maison natale de Condorcet – Ribemont (02) – Nicolas de Condorcet
Poitou-Charentes

Château La Rochefoucauld – Verteuil-sur-Charente (16) – François de La Rochefoucauld
Château des Ormes – Les Ormes (86) – Marquis d’Argenson
Polynésie Française

Maison-musée James Norman Hall – Arue (Tahiti) – James Norman Hall
Provence-Alpes-Côte d’Azur

Maison de Nostradamus – Salon-de-Provence(13) – Michel de Nostradamus
Villa Michel Simon – La Ciotat (13) – Michel Simon
Musée de l’atelier Paul Cézanne – Aix-en-Provence (13) – Paul Cézanne
Villa Noailles – Hyères (83) – Charles et Marie de Noailles
Musée François Pétrarque – Fontaine-de-Vaucluse (84) – Pétrarque
Cabanon Le Corbusier – Roquebrune-Cap-Martin (06) – Le Corbusier
Rhône-Alpes

Domaine du Pradel – Mirabel (07) – Olivier de Serres
Maison des Frères Montgolfier – Davézieux (07) – Raymond et Michel Montgolfier
Maison Ravier – Morestel (38) – François-Auguste Ravier
Musée Hébert – La Tronche (38) – Ernest Hébert
Presbytère du Curé d’Ars– Ars-sur-Formans (01) – Jean-Marie Vianney
Maison de Monsieur Beynier – Chatillon-sur-Chalaronne (01) – Vincent de Paul

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administrateur théâtres

Les concerts de Chambre de l’Orangerie de Seneffe12272747075?profile=original

 

                         Ils se donnent chaque été dans le domaine du Château de Seneffe. La session 2012 a commencé à bureau fermé, c’est dire le succès remporté par cette festivité de charme et de beauté musicale. Le jeudi 19 juillet, « Brillant et Virtuose » a réuni  des compositeurs et des interprètes prodigieux. Fauré, Saint-Saens et Beethoven avec rien moins que Lorenzo Gatto et Jean-Claude Vanden Eynden. Le lendemain « Fêtes Nocturnes »  réunissait Schubert, Brahms, Michel Lysight - une première mondiale - et Martinu avec six artistes d’exception. Les sons du violon et du piano se sont invités avec leurs comparses dans les cœurs qui  ont vibré sous l’archet dynamique de la  talentueuse de Véronique Bogaerts et gémi avec la violoncelliste extraordinaire Marie Hallynck. La créative Sophie Hallynck nous a joué de la harpe d’une  façon innovante et inoubliable. Les musiciens masculins  n’étaient pas en reste avec le jeu subtil au piano de l’impétueux Muhiddin Dürrüoglu, la clarinette pleine de verve de Ronald Van Spaendonck et Vincent Heppe, alto aux modulations élaborées tantôt romantiques, tantôt mutines.

Mais le morceau qui a retenu particulièrement notre attention est cette pièce composée en 2010 par notre compatriote Michel Lysight appelée « Oxymores ». Une musique qui remplirait d’aise Claude Debussy qui trouve que la musique « doit chercher humblement à faire plaisir au public ». Le premier mouvement débute dans des gazouillis qui s’affrontent et se font des pieds-de-nez, clarinette vs violoncelle. Le piano intervient pour remettre un peu de sérieux sur scène. Rappelée à l’ordre, le violoncelle bascule dans une complainte jusqu’aux tréfonds de la gravité. Bien sûr la clarinette prend le contrepied ! Fâcherie syncopée du piano, moquée aussitôt par les deux instruments de mèche. Gloussement indigné du piano et chacun joue ensemble et tout seul. L’oxymore dans toute sa splendeur. Silence assourdissant du public, créativité muette du compositeur.  Le deuxième mouvement change de tempo car le piano a pris les rênes d’une mélodie triste, doucement musée par la clarinette puis par le violon. Les instruments s’entendent sur la tristesse. Le thème lancinant produit de purs soupirs. Un canon à trois voix émerge mais les dissonances sont dans l’air. L’air de rien, ils s’écoutent et des pizzicati en forme de gong scandent le diminuendo. Le troisième mouvement est fait de bulles sèches (oxymore, tu nous tiens !) au piano puis à la clarinette et enfin sous les doigts de Marie Hallynck. Les notes pointées s’accordent avec humour et frénésie. L’interaction  subtile de la partition, des interprètes et du public forme un moment musical inoubliable. Et des applaudissements nourris saluent cette première mondiale. Le compositeur Michel Lysight qui est présent est sans doute ravi.

« Fêtes Nocturnes » (1959), de Bohuslav Martinu est une pièce non moins intéressante et réunit les six artistes. « Yavait-t’une ville » de Nougaro s’insinue dans l’introduction. De subtils mélanges de timbres piano et harpe chatouillent l’imagination tandis que les cordes font superbement bande à part à la façon d’un antique folklore Ecossais ou Irlandais. La clarinette s’insinue dans les pauses et le piano a ri, d’une seule dent. Au deuxième mouvement la harpe sonne le glas, les violons gémissent la clarinette succombe. Puis la harpe se transforme en guitare, Fêtes Galantes ? Les ondes du piano s’y mêlent. C’est Beau. Place aux autres : les  cordes. Un vent s’engouffre par toutes les fenêtres et fait voler les mousselines. On est décidément dans le Lake District avec Keats. Mélancolique, son dernier souffle peut-être. Le troisième mouvement est fantastique, de la berceuse à l’appel au clairon… de la harpe. Souvenirs de boléro de Ravel, Sophie Hallynck, la harpiste frappe les cordes avec un battoir. C’est un mode de Niebelungen ou de Little People façon Murakami (1Q84) qui pirouettent devant un public médusé. Le dernier mouvement rejoué en bis entraîne encore plus d’applaudissements. Une nocturne musicale hors du commun, venez donc  emprunter cette sente magique l’an prochain ! Le plaisir durera jusqu’au dimanche et peut-être au-delàs. 

Préparez-vous à venir écouter les concerts « Classics &Classics »  organisés aussi par L’Orangerie asbl. Ils  se déroulent pendant tout l’automne à Bruxelles  dans la  D’ieteren Gallery. Ils proposent de découvrir des chefs-d’œuvre musicaux et de caresser des yeux  les très belles carrosseries du temps passé.

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Cette célèbre toile de Vincent Van Gogh "représente" la terrasse d'un café, un soir d'été, à Arles.

Le peintre s'est placé perpendiculairement à la terrasse (et non en face), ce qui lui a permis de créer un effet de profondeur et d'enrichir sa toile d'un grand nombre d'éléments, en perspective : un cheval tirant un fiacre avec ses lanternes allumées, le ciel avec des étoiles en forme de fleurs, les maisons, la rue avec ses pavés, des personnages attablés, d'autres, dans la rue, un homme et une femme qui semblent converser, un balcon, l'embrasure d'une porte au premier plan à gauche, la frondaison d'un arbre, à droite.

Le store et les murs du café, éclairés par une lampe à gaz,  sont comme revêtus d'une substance précieuse. On pense à la vue de Delft de Vermeer et au "petit pan de mur jaune" que contemple Bergotte dans "La Recherche du temps perdu".

Les pavés eux-mêmes sont colorés et semblent refléter la lumière qui émane du café et des étoiles ; ils semblent même réverbérer le bleu du ciel nocturne. On y voit toutes les couleurs et les nuances de l'ensemble de la toile. On peut parler de métonymie (la partie pour le tout). Tout est déjà, mais rien n'est encore, nous cheminons sur des pavés disjoints, entre la tristesse et l'extase, la naissance et la mort, au seuil d'un mystère qui nous dépasse. Ces pavés cernés de noir préfigurent l'art abstrait. On les retrouve dans une toile de Paul Klee.

La silhouette blanche, étrangement allongée du garçon de café dans le trois quart inférieur de la toile retient particulièrement le regard. On a le sentiment que tout s'organise autour de cette silhouette. Roland Barthes parlerait du "punctum".

Mais ce garçon de café n'est ni le Christ, ni un ange ; Van Gogh communique un sentiment "mystique", paisible et joyeux, non en peignant un sujet "religieux", mais  à travers une scène de la vie quotidienne.

Tous les éléments de la création sont présents dans cette toile : le monde minéral (les pavés), végétal (la frondaison de l'arbre, les étoiles en forme de fleurs qui font penser au vers de Stéphane Mallarmé "Neiger de blancs bouquets d'étoiles parfumées"), animal (le cheval), humain et céleste. Ces éléments sont en profonde harmonie les uns avec les autres.

Le bleu (saphir) et le jaune (d'or) couleurs primaires complémentaires, sont les couleurs dominantes. Il y a également des touches de vert absinthe, (en particulier sur le mur du café et ce n'est sans doute pas un hasard), de vert émeraude, de mauve et de noir. L'embrasure de la porte est de la même couleur que le ciel : bleu saphir et le sol de la terrasse est rouge orangé (la chaleur humaine). Le bleu saphir symbolise le mystère le plus profond, l'amour divin (il n'est d'ailleurs pas tout à fait approprié de dire que les couleurs symbolisent, elles "incarnent") ; nous ne savons pas ce qu'il y a "derrière" cette porte. Il en filtre un peu de cette lueur dorée (la joie parfaite ?) que l'on retrouve sur le mur du café. Le peintre a placé son chevalet près de cette porte. Être homme, c'est se tenir au seuil du mystère.
 
Pour peindre le ciel, le peintre a utilisé plusieurs nuances de bleu, du bleu clair au bleu marine (on parle de "camaïeu"). Ce ciel est à la fois "le ciel qu'on voit" et celui qu'ont découvert les astronomes dans leurs télescopes. On y voit s'y dessiner des galaxies, des trous noirs, des naines blanches, des amas d'étoiles... on y pressent une profondeur infinie. Le ciel révélé par la science est encore plus mystérieux aux yeux de l'artiste. La science ne dissipe pas le mystère, elle le renforce. Ce ciel n'est pas celui de Pascal ("Le silence éternel de ces espaces infinis m'effraie") et n'a rien d'effrayant  ; il est à la fois mystérieux et  familier. C'est aussi le ciel vu par un enfant, un "primitif" : deux étoiles dessinent des yeux, on devine une forme humaine ou angélique à la verticale du garçon de café, les étoiles, on l'a dit, ressemblent à des bouquets de fleurs, mais ce peut être le fruit du hasard, d'une interprétation subjective.
 
L'artiste ne peut se détacher de son époque, il en vit intensément les doutes, les interrogations et les tourments. Si la question de Dieu est au cœur de son œuvre et de sa vie (on sait que le peintre se destinait à la prédication), Van Gogh, contemporain de Nietzsche, sait bien qu'on ne peut plus l'aborder "comme avant". Le génie (Bach, Mozart, Van Gogh...) s'aventure, armé de sincérité, dans l'espace infini qui sépare le signifiant du Signifié, le verbe du Verbe.
 
Un "mystère familier" : "Une odeur de mûres traîne au fond des galaxies.", dit magnifiquement Jean Mambrino.

Des étoiles qui ressemblent à des fleurs, un mur recouvert d'or, des pavés semblables à des pierres précieuses... On reconnaît la figure poétique par excellence de la poésie : la métaphore. La toile de Vincent Van Gogh est une "transfiguration" du monde. "Transfigurer" (le contraire de "défigurer") ne veut pas dire "transformer", embellir, mais révéler, dévoiler. "C'est ainsi que je vois le monde, pourrait nous dire Vincent, c'est ainsi qu'il est vraiment et c'est ainsi que vous le verriez si vous preniez la peine de le regarder avec les yeux du coeur, de l'habiter en poètes (Hölderlin) et non en prédateurs et en blasés."

Dans "Les Portes de la perception", Aldous Huxley se demande si certains artistes comme Van Gogh et certains mystiques n'auraient pas le don naturel de percevoir les choses telles qu'elles sont, d'accéder naturellement (et non, comme le fait Huxley, en absorbant de la mescaline) à ce que les bouddhistes appellent "Sat Chit Ananda" (la félicité de l'avoir conscience), et la mystique rhénane "l'Istigkeit", expression dont maître Eckart aimait à se servir pour définir l'Etre. Cette expérience se caractérise, selon Huxley par un rehaussement des couleurs, une perception particulière du temps et de l'espace et quelque chose d'ineffable qu'il nomme, faute de mieux, "vision de béatitude", "grâce et transfiguration", "présence sacramentelle de la beauté". "Si les portes de la perception étaient nettoyées, disait le peintre et dessinateur anglais William Blake, toute chose apparaîtrait telle qu'elle est."

Le peintre a planté son chevalet en plein air, ici en pleine ville, comme il le fait aussi en plein champs.

Ce qui caractérise la peinture de Van Gogh et celle des Impressionnistes en général est le délaissement des sujets mythologiques ou religieux, des "natures mortes", de la peinture d'atelier  au profit de la peinture "en plein air" au contact de la nature et de la lumière naturelle dont l'artiste s'efforce de capter les nuances changeantes, l'emploi de couleurs pures, le choix de sujets profanes, extraits de la vie quotidienne dont l'artiste magnifie (ou plus exactement "rend visibles") le mystère et la beauté.

L'artiste vraiment créateur, ne se contente pas "d'imiter la nature" (Aristote) ; c'est pourquoi le verbe représenter ("cette toile représente une terrasse de café à Arles, en été, la nuit...") n'est pas adéquat.

Vincent Van Gogh n'a pas "représenté" une terrasse de café, il a rendu visible un étonnement joyeux, une secrète espérance, la nuit transfigurée.
 
 
Apparition 
 
La lune s'attristait. Des séraphins en pleurs
Rêvant, l'archet aux doigts, dans le calme des fleurs
Vaporeuses, tiraient de mourantes violes
De blancs sanglots glissant sur l'azur des corolles.
- C'était le jour béni de ton premier baiser.
Ma songerie aimant à me martyriser
S'enivrait savamment du parfum de tristesse
Que même sans regret et sans déboire laisse
La cueillaison d'un Rêve au coeur qui l'a cueilli.
J'errais donc, l'oeil rivé sur le pavé vieilli
Quand avec du soleil aux cheveux, dans la rue
Et dans le soir, tu m'es en riant apparue
Et j'ai cru voir la fée au chapeau de clarté
Qui jadis sur mes beaux sommeils d'enfant gâté
Passait, laissant toujours de ses mains mal fermées
Neiger de blancs bouquets d'étoiles parfumées.
 
 Stéphane Mallarmé
 
 


Ravel - Piano Concerto in G major - Argerich... par PaGoO

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Unique en Belgique par son caractère collectif, la Résidence invite une dizaine d’écrivains francophones, chaque année au mois d’août. Au-delà d’être une belle opportunité d’écrire en toute quiétude, dans un décor magique et loin des soucis du quotidien, elle sort l’écrivain de son isolement, le met en exergue, lui offre un espace de travail, de représentation et de rencontres.

Favoriser la création littéraire et créer du lien social entre les écrivains, voici les objectifs de la Résidence d’auteurs du Pont d’Oye.

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Ci-dessous le dossier de presse complet

 

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Les amours jaunes

12272815093?profile=original"Les amours jaunes" est un recueil poétique de Tristan Corbière, pseudonyme d'Édouard Joachim Corbière(1845-1875), publié à Paris chez Glady frères en 1873.

 

Les poèmes des Amours jaunes, oeuvre unique de Tristan Corbière, ont été vraisemblablement composés à partir de 1862 et jusqu'en 1873. Le poète fit éditer le recueil à ses frais et le livre passa inaperçu. Il fallut attendre le premier article des Poètes maudits de Verlaine, en 1881, consacré à Corbière, et A rebours de Huysmans, en 1884, dont le héros, Des Esseintes, range les Amours jaunes parmi ses ouvrages favoris, pour que l'oeuvre de Corbière sorte de l'ombre.

 

Le recueil contient quatre-vingt-quatorze poèmes répartis en sept sections: «Ça», «les Amours jaunes», «Sérénade des sérénades», «Raccrocs», «Armor», «Gens de mer» et «Rondels pour après». Cette disposition est le fruit d'un travail de composition et ne reflète pas l'ordre chronologique de rédaction des poèmes. Bien que les renseignements sur ce sujet soient peu nombreux - les indications de date ou de lieu qui accompagnent souvent les textes sont fictives -, on peut avancer que les sections «Armor» et «Gens de mer», qui chantent la Bretagne natale du poète, ont été écrites à Roscoff, entre 1862 et 1871. La rencontre, en 1871, d'une jeune femme, nommée Marcelle dans la dédicace versifiée qui ouvre le recueil, engendre une rupture tant dans la vie que dans la poésie de Corbière qui effectue de nombreux séjours à Paris, entre 1872 et 1874, pour retrouver Marcelle. Les poèmes des «Amours jaunes», de «Sérénade des sérénades» et de «Raccrocs», composés sans doute entre 1871 et 1873 et caractérisés par une thématique amoureuse et un cadre urbain, sont d'une inspiration différente de celle des sections consacrées à la Bretagne.

 

L'organisation des Amours jaunes est donc le fruit d'une architecture concertée. Après une première partie, «Ça», consacrée à une présentation, ironique et dramatique à la fois, du livre et du poète, Corbière choisit de placer en tête du recueil les pièces parisiennes où s'expriment la détresse sentimentale et la distance douloureuse et hostile qui sépare l'homme de la femme («les Amours jaunes», «Sérénade des sérénades», «Raccrocs»). Ce ton pathétique et grinçant trouve une sorte d'apaisement dans les sections suivantes («Armor», «Gens de mer»), la terre natale apparaissant comme un refuge salvateur. La dernière section, «Rondels pour après», contient des poèmes en forme de berceuses qui font de la mort l'ultime havre libérateur.

 

Le titre du recueil est énigmatique et crée d'emblée, par les termes qu'il associe, une dissonance, élément clé pour l'ensemble de l'ouvrage. Le mot «amours», en effet, semble placer l'oeuvre dans la continuité d'une tradition poétique lyrique et sentimentale (on pense aux Amours de Ronsard) mais l'adjectif «jaunes» perturbe les repères et fait vaciller le premier signifiant. L'amour jaune serait-il une analogie du rire jaune, rire sans vraie gaieté, c'est-à-dire faux et douloureux? Ce rire jaune apparaît, explicitement lié à l'amour, dans "A l'Etna" («Raccrocs»): «- Tu ris jaune et tousses: sans doute, / Crachant un vieil amour malsain.» Le jaune est aussi la couleur symbolique de la tromperie («couleur de Judas», dit le Littré) et de la dégradation (par opposition à la pureté idéale du blanc). Le syntagme nominal «amours jaunes» place le recueil sous les auspices de la disharmonie.

 

La femme, objet d'un impossible amour, est toujours cruelle. Elle dit par exemple dans "Pauvre Garçon": «J'ai fait des ricochets sur son coeur en tempête. [...] / Serait-il mort de chic, de boire, ou de phtisie, / Ou peut-être, après tout: de rien [...] / ou bien de Moi.» Le poème "Bonne fortune et Fortune" est une sorte de fable symbolique qui conte l'échec de l'union amoureuse: la passante désirée par le poète prend celui-ci pour un mendiant et lui donne «deux sous». Lorsque le sentiment amoureux est miraculeusement partagé, un écart infranchissable persiste entre la femme et l'homme: «Lui - cet être faussé, mal aimé, mal souffert, / Mal haï - mauvais livre... et pire: il m'intéresse. - / [...] / Cet homme est laid... - Et moi, ne suis-je donc pas belle, / Et belle encore pour nous deux! - / En suis-je donc enfin aux rêves de pucelle?... / - Je suis reine: Qu'il soit lépreux!» ("Femme"). C'est seulement avec la mort que semble pouvoir advenir une fusion apaisée, à la fois érotique et idéale: «Sentir sur ma lèvre appauvrie / Ton dernier baiser se gercer, / La mort dans tes bras me bercer... / Me déshabiller de la vie!...» ("Un jeune qui s'en va").

 

Le manque d'harmonie ne concerne pas seulement la relation amoureuse. Il est inhérent au poète lui-même. Corbière endosse volontiers, dans ses poèmes, les masques de la laideur, de la misère et de l'infirmité. Ainsi, le poème "le Crapaud", sorte d'écho grinçant, car dépouillé de tout idéalisme, de "l'Albatros" baudelairien, s'achève par ces mots: «Ce crapaud-là c'est moi.» Ailleurs, le poète apparaît sous les traits du «lépreux» ("Femme", "le Poète contumace"), du «paria» ("Paria"), du «sourd» ("Rapsodie du sourd"), du «borgne» ou de l'«aveugle» ("Cris d'aveugle", "la Rapsodie foraine et le Pardon de sainte Anne"). Ces avatars d'un moi estropié et souffrant disent la difficulté d'être qui ne cesse de tenailler Corbière: «- Manque de savoir-vivre extrême - il survivait - / Et - manque de savoir-mourir - il écrivait» ("le Poète contumace"). D'autres périphrases délivrent pourtant une image lumineuse du poète: «beau décrocheur d'étoiles» ("Sonnet posthume"), «voleur d'étincelles» ("Rondel"), «peigneur de comètes» ("Petit mort pour rire"). Mais ces visions radieuses appartiennent toutes à l'ultime section du recueil «Rondels pour après», c'est-à-dire à l'univers de la mort réparatrice.

 

Ici et maintenant, la plénitude et l'harmonie sont refusées. Les multiples antithèses qui apparaissent dans les poèmes traduisent une identité douloureuse, écartelée toujours entre des postulations contradictoires: «Oiseau rare - et de pacotille; / Très mâle... et quelquefois très fille; / Capable de tout, - bon à rien; Gâchant bien le mal, mal le bien. Prodigue comme était l'enfant / Du Testament, - sans testament» ("Épitaphe"). Cette infernale lucidité dans l'analyse de soi donne le vertige et paralyse: «Trop Soi pour se pouvoir souffrir, / L'esprit à sec et la tête ivre, / Fini, mais ne sachant finir, / Il mourut en s'attendant vivre / Et vécut, s'attendant mourir. / Ci-gît, - coeur sans coeur, mal planté, / Trop réussi, - comme raté» ("Épitaphe"). L'effort de définition de soi tord le langage pour lui faire exprimer le paradoxe d'une existence déchirée par l'impossibilité de vivre: «Lui, ce viveur vécu, revenant égaré» ("le Poète contumace").

 

Le malheur et la souffrance sont donc au coeur de cette poésie. Toutefois, celle-ci mêle constamment, toujours selon le principe de l'éternelle réversibilité de toute chose, le rire au désespoir: «Viens pleurer, si mes vers ont pu te faire rire; / Viens rire, s'ils t'ont fait pleurer.../ Ce sera drôle... Viens jouer à la misère» ("le Poète contumace"). Cette constante présence de l'humour éloigne radicalement la poésie de Corbière de l'effusion romantique.

Cet humour frappe la poésie elle-même: des titres de sections tels que «Ça» ou «Raccrocs» témoignent d'une volonté de déjouer le sérieux et le formalisme de l'entreprise poétique. Ainsi, le premier poème du recueil, "Ça?", après de vaines tentatives pour définir la poésie des Amours jaunes, conclut: «C'est, ou ce n'est pas ça: rien ou quelque chose... Un chef-d'Oeuvre? - Il se peut: je n'en ai jamais fait. / [...] / C'est un coup de raccroc, juste ou faux, par hasard... / L'Art ne me connaît pas. Je ne connais pas l'Art.» Radicale et dévastatrice, l'ironie s'enracine dans le déchirement intérieur du poète. Le langage lui-même est frappé de suspicion car il peut sans cesse mentir. C'est pour cela que Corbière ne cesse de raturer, de retourner les énoncés.

 

Sa poésie puise sa force dans une sorte d'élan cahotique qui la caractérise. Une abondante ponctuation, à grand renfort de tirets et de points de suspension, bouscule le rythme et crée une respiration singulière. Images, idées ou mots paraissent s'enchaîner au fil de libres associations, si bien que les surréalistes ont cru déceler dans la "Litanie du sommeil" les prémices de l'écriture automatique. Or les témoignages de contemporains ou l'examen des brouillons et manuscrits de Corbière révèlent que cet apparent désordre est au contraire le fruit d'un minutieux travail. Jules Laforgue, dans «Une étude sur Corbière» (Mélanges posthumes, 1903), prétend qu'il est impossible d'extraire un seul beau vers des Amours jaunes. La remarque est peut-être excessive mais elle est fondée: Corbière travaille à désarticuler le vers. Sa poésie refuse les harmonies trop faciles et ne cède pas aux charmes de l'esthétisme: «Ce fut un vrai poète: il n'avait pas de chant» ("Décourageux").

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"Concentration intérieure", acrylique sur toile, 50x100

La toute jeune Julie Laï-Pei crée l’événement dès sa première exposition, dévoilant un indéniable talent qui par son âge, 19 ans, laisse augurer un avenir plus que prometteur…

Elève de l’école Pivaut à Nantes, se destinant plus particulièrement à l’illustration, Julie Laï-Pei s’intéresse aux arts plastiques depuis toujours –pourrait-on dire-, tant le dessin fait partie intégrante de son quotidien, ainsi adolescente s’adonnait-elle à l’art du manga, la culture japonaise l’attirant fortement… Ayant choisi la filière arts appliqués, elle a également très tôt croqué scènes et personnages de son environnement sur ses carnets…

Ainsi a-t-elle développé de réelles qualités de dessinatrice, sachant saisir une attitude, appréhender l’instant…

Se documentant beaucoup, étudiant l’histoire de l’art, Julie s’est depuis une pleine année tournée vers la peinture, trouvant dans l’abstraction une forme d’expression propice à une écriture personnelle, en phase avec son univers intérieur riche d’une poétique existentielle libre et plurielle.

Dès ses premières toiles, le geste est là, maîtrisé et spontané tout à la fois.

Travaillant une palette réduite aux noir, blanc, violet et rouge, elle possède un sens instinctif des fondus, crée des évanescences noires, anime la surface picturale de signes qui rappellent la calligraphie orientale (assurément une réminiscence intuitive de ses racines chinoises paternelles), couvre ses toiles de zones colorées grattées, griffées, démontrant l’importance fondamentale de la matière dans ses compositions d’une réelle densité plastique.

Julie investit la technique du dripping, tout en expérimentant tous les possibles du champ pictural, se révélant proche d’un abstrait lyrique mais pas seulement…

Elle réinvente gestuelle et langage, cherche à pénétrer entièrement l’acte créateur, à se l’approprier pour mieux le dominer jusqu’à créer –qui sait… un jour- une voie originale et autre…

La peinture de Julie Laï-Pei est époustouflante de maturité, là où certains mettraient une décennie à apprivoiser technique et traitement, Julie a déjà tout assimilé et peut tendre à une affirmation de son « moi » artistique… mais ce serait bien mal la connaître que s’imaginer qu’elle puisse s’en enorgueillir…

Humilité et travail sont l’apanage des grands…

Julie n’en est qu’à ses débuts, son parcours à ses balbutiements mais je ne doute pas de sa volonté et sa capacité à bâtir une œuvre diseuse d’humanité et de vérité, digne de nos espérances…

Prêtons-lui attention, suivons-la au fil de ses créations et expositions, soutenons son travail et le futur nous donnera raison…

De la chrysalide émerge une authentique artiste, accordons-lui notre confiance…

Julie Laï-Pei nous éblouira !

 

 

Nathalie Lescop-Boeswillwald

Docteur en Histoire de l’art

Agent d’art, critique

Directrice de l’espace NLB-Limoges

Et de Espace NLB Galerie en ligne.

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À la case «Âge d'or »

Doux ami,

Soudain, je pense, avec tendresse,
À cette si lointaine adresse,
Où tu m’accompagnais souvent.

Je te taquinais tout le temps.
...
Devant nous, une longue route,
Semée d’embûches et de doutes.
Nous avons fait de notre mieux,
Nous sommes rejoints, déjà vieux.
...
Mais que m’importe l’âge d’or,
S’il ne me cause pas de torts.
Je suis redevenue coquette
Et fais de nouvelles conquêtes.
...
Je ne crie pas sur tous les toits
Que j’eus vingt ans plus d’une fois.
D’ailleurs je n’en suis pas très sûre,
Quand je me réfère à l’usure.
...
À distance, aux jeux de l’esprit,
On échange sans parti-pris.
Je me prévaux de ma sagesse,
Toujours empreinte d'allégresse.
...
Tu vois, je garde mon allant
Et toi, tu en fais tout autant.
Il nous fallut beaucoup de chance,
Du courage et de l’endurance.
...
Rue Rovigo, t'en souviens-tu?
Une impasse peu attrayante,
Dans une ville pétillante.
Alger, la Fac et ce qui fut !

Ier février 2006

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 Christian Boeswillwald, cet arpenteur d’étoiles…

 

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 Photo de S. Pailler

Christian Boeswillwald est Le créateur par excellence : Poète, Artiste Plasticien, Photographe, il a un talent quasi inné pour exprimer l’être dans sa quintessence et mettre en lumière le monde dans ce qu’il a de plus beau et de plus douloureux aussi.

Né en 1950 à Rouen, il est de cette génération qu’on a appelée « soixante-huitarde », a bourlingué sac à dos sur les routes népalaises, péruviennes, thaïlandaises et bien d’autres… Dès l’adolescence, la poésie s’est littéralement emparée de lui et fut une époque où il s’astreignait à écrire un sonnet par jour, où il rédigeait ses devoirs d’économie et de philosophie en alexandrins, où tout était prétexte à poème, à chanson…

Parallèlement, il s’essayait aux arts plastiques, à la peinture, menant de véritables expériences en s’immergeant dans sa baignoire avec encres et papier et réalisant ainsi de très belles réalisations picturales, proches du tachisme, pleines d’originalité… exposant le fruit de ses recherches en groupe à Strasbourg et ailleurs…

Puis le temps de la maturité est venu et avec lui celui de l’écriture solitaire, dans l’antre de sa chambre, où le verbe se révélait à lui comme une respiration intérieure… Ainsi a-t-il composé des milliers d’œuvres, classiques ou non, publié des recueils, conquis des prix et distinctions… dont dernièrement le Prix Michel Ange 2010 décerné par Le Cénacle Européen des Arts et Lettres pour « Juste une vie qui passe… », ouvrage de photos d’art et de poèmes.

Christian Boeswillwald est tout cela et bien plus encore… Allons par-delà les apparences… Qu’est-ce qu’un curriculum vitae face au talent génial d’un authentique artiste ? Christian Boeswillwald nous enchante l’âme au gré de ses poèmes ciselés, de ses photographies bouleversantes d’humanité, de ses dessins et peintures qui s’enracinent dans l’intime…

Ecrire, peindre, photographier en un mot créer est son seul devenir… Poète jusqu’au bout des doigts, il n’en est pas moins homme parmi les hommes et sait ce que le monde porte de misère, d’horreur, ainsi en témoigne-t-il avec ses maux d’encre, ses instantanés de vie…

Christian Boeswillwald a la faculté de pouvoir s’extraire de la cacophonie des jours pour flâner au pays des voyelles et des couleurs… et nous offrir une vision tout à la fois destinale et revisitée de l’humain.

Dans la terre du chemin, dans l’humus de la forêt, dans la vague océane, il décèle l’indicible et nous en rend compte avec cette délicatesse, cet éblouissement qui le caractérisent… car Christian Boeswillwald est cet enfant vieillissant, qui crinière au vent, regarde les étoiles et se souvient que la mémoire des hommes n’est rien face à l’Univers…

Malgré tout, l’envie de laisser une trace est là et bien là, une empreinte apposée en marge de la folie des hommes pour dire que le beau et l’émouvant existent bel et bien ici-bas… N’est-ce pas le propre de toute création ?…

Christian Boeswillwald sait que du bric à brac d’une vie, seuls quelques fragments de Vérité subsistent au dernier soir… donnant à l’âme, qui sait, cette ultime paix tant espérée…

Avec le trio « Les maux de Coco », Christian Boeswillwald retrouve ses premières amours, celles de la scène, du théâtre… En compagnie de son fils Yacha, aux percussions et de Fred Depret aux instruments à corde et à l’harmonica, il défriche pour nous des terres-poésie où la parole musique le temps, berce les chagrins, redessine les contours de l’être jusque dans son âpreté… Christian Boeswillwald se joue des maux et de l’espace, interprète le poème, la voix pour seul étendard…

S’il s’investit entièrement avec la passion qui est la sienne pour toute forme artistique, il n’en préserve pas moins une distanciation qui lui permet de revendiquer son appartenance à cette foule humaine qu’il vitupère parfois dans ses textes, car le poète a pleinement conscience de l’improbable de toute existence… Il suffirait de si peu pour que tout vole en éclats… C’est donc avec pertinence, sens de la nuance, qu’il observe et s’implique dans cette Humanité aux oripeaux froissés...

Faisant preuve de candeur et de lucidité mêlées, Christian Boeswillwald, sculpte l’espace scénique et nous raconte notre histoire d’hommes et de femmes à travers le kaléidoscope de nos songes et de nos légendes d’êtres… tentant de nous éveiller à nous-mêmes par le Mot.

Christian Boeswillwald est cet arpenteur d’étoiles qui nous murmure à l’oreille que la Vie peut être belle…

Magique !

 

 

 

Nathalie Lescop-Boeswillwald

Docteur en Histoire de l’Art, 

Agent d'art, critique, poète.

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Aquarelles dans le Haut-Atlas


Voici le dernier article que j'avais consacré dans mon blog français au stage carnet de voyage au Maroc 2012 que j'ai eu le plaisir d'animer dans ce beau pays il y a quelques semaines déjà .

Ce stage fait partie des formations arts plastiques, aquarelle et carnets de voyages que j'ai le bonheur de diriger depuis plus de trois décennies aussi bien en institutionnel qu'en privé dans tout l'Hexagone et en Europe, Afrique et Asie .

Si je partage l'expérience de ce vécu avec vous c'est pour témoigner (s'il en était besoin) de tout ce que peut apporter l'affirmation d'un accomplissement créatif dans des milieux très différents de notre quotidien lorsque l'élan d'une passion commune, du partage, de l'estime et de l'amitié, du respect et de l'enthousiasme s'unissent pour élargir les horizons nous reliant à autrui, au monde et à la vie .

C'est aussi pour vous faire connaître le travail de stagiaires méritoires qui ont suivi un cursus sans prétention mais assez efficace pour procurer un véritable plaisir d'aborder sur le motif des thématiques parfois difficiles sans le moindre complexe .

Aujourd'hui je vous emmène donc avec toute l’équipe de la session «Mystérieuse Marrakech» au pied du Toubkal, en plein Atlas .
Cette fois ce sont des mélodies picturales et sonores très attachantes que vous allez découvrir : il fallait qu’avant de repartir cette atmosphère si particulière
des hautes montagnes d’Afrique du Nord soit un rêve touché du doigt et une nouvelle invitation au voyage pour plus tard, lorsque nos pas et nos aquarelles nous ramèneront ici pour de nouvelles découvertes
aussi inoubliables
Atlas 4 


Cliquez sur le lecteur ci-dessus : au fond de la vallée c’est Imlil, dominé par les neiges du Toubkal (4167 m) . De toutes parts bondissent les torrents descendus des sommets . Vous approcherez en venant jusqu’ici ce qu’ont découvert les participants à notre stage 2012 : une beauté sauvage, des paysages grandioses et un peuple attachant, dont le cœur est aussi grand que celui des cîmes où il bat …  Atlas 1Nous sommes partis de bonne heure et il fait encore frais (nous sommes en

montagne) lorsque nous commençons notre première page à la sortie de Tahanaout sur la route de l’Atlas .
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Mais le paysage est si beau que nous oublions la fraîcheur et les premiers rayons de soleil nous réchauffent vite ! (Ici, une partie de l‘équipe en plein travail).
Atlas 2Nouvel arrêt en amont de la vallée, à l’entrée des gorges du Ghighaya qui creuse une profonde saignée à travers la montagne ... 
Atlas 3Plus en amont encore dans la vallée non loin d‘Asni, lors d’une étape au bord de l’oued pour déjeuner dans un petit café, nous avons la surprise d’avoir une séance d’aquarelles toute en musique : des musiciens berbères viennent nous jouer des airs traditionnels tout en posant patiemment pour nous avec une immense gentillesse …
Françoise BOYER 4aTerres rouges et paysage quasi désertique du plateau contrastent avec la verdoyante vallée de Tahanaoute dans le panoramique de Françoise …
Martine Mouchet 5Nos deux premières haltes vues par Martine sur sa page d’amorce illustrant son voyage dans l’Atlas .
Particia Casanova 5Patricia quant à elle aborde toujours ses motifs avec la plus grande synthèse possible, donnant juste sa place à l’essentiel, une autre façon d’être totalement dans le paysage ...
Particia Casanova 6Des profondes gorges de l’oued Ghighaya elle retire cette originale page ou graphisme et couleur pure s’opposent dans la continuité du paysage comme les contrastes d’ombre fraîche et de brûlante lumière auxquels nous sommes confrontés .
Françoise BOYER 4bFrançoise préfère mettre en valeur ces contrastes matinaux par une opposition franche des tonalités (tons chauds - tons froids), et une dualité accentuée des valeurs : c’est aussi une très bonne solution pour traduire ce type de sujet rendu plus difficile encore par l‘effet de contre-jour .
Martine Mouchet 6Nous voici avec les musiciens de Martine : on les voit s’approcher et jouer tout près de nous, enchantés d’être aussi bien auditionnés ! (je vous invite à cliquer sur le lecteur audio de fin d'article en regardant ces aquarelles et croquis de voyage)...
Annick CLAUDE 7Ceux d’Annick  mettent bien en valeur les différents instruments : Le ribab à gauche (instrument de musique Amazigh - très utilisé dans le Sous et la région d’Agadir -), le loutar au centre (sorte de banjo), et le bendir à droite (grand tambour plat généralement sur cadre circulaire - mais aussi carré ou rectangulaire -) qui rythme d’un son à la fois métallique et sourd la mélodie .
Abdelkarim nous dit dans son blog : «Il y a une langue internationale qu' on sent dans nos âmes , c' est la musique .
Les Berbères sont les premiers habitants du Maroc. Ils sont venus du Yémen . La musique berbère date de ce temps-là . Des
études  ont prouvé qu' il y a une même formation des phrases musicales et aussi des rythmes .

La poésie berbère est écrite comme la poésie de la langue arabe littéraire . Elle traite les mêmes sujets : l'amour, la fierté, la
nature, la vie, la mort ... et elle est aussi une poésie philosophique très profonde»  .

À voir en bas du carnet le non du village d’Asni noté par l’un des garçons du café en berbère, arabe et français …
Particia Casanova 7Les musiciens de Patricia : traités au crayon aquarelle avec un minimum de couleurs, une autre façon intimiste de s’approcher de l’âme envoûtante de cette musique venue du fond des âges  et des vallées reculées de ces hautes montagnes .
Martine Mouchet 4Martine nous en indique le chemin avec ses deux aquarelles juxtaposées traduisant les vallées élevées qui nous dominent, dessinés depuis Imlil au pied des plus hauts sommets … Nous sommes encore au milieu des arbres en fleur (à noter le retard de floraison dû à l’altitude en comparaison avec les vergers de la région de Marrakech déjà chargés de fruits) .
Particia FROT 2Patricia FROT met quant à elle l’accent sur l’abondance du manteau neigeux en altitude . Seul un petit village accroché à la pente se découpe en ombre chinoise, présence de la vie jusque dans les plus hautes contrées …
Particia Casanova 8Enfin ce panoramique double page de Patricia CASANOVA résume à lui seul la splendeur de cette excursion : paysages somptueux, contrastes permanents entre mille beautés, rencontres fortes et intenses moments d’émotion sous un soleil éclatant …
Ainsi se termine notre stage carnet de voyage «Mystérieuse Marrakech» .
Avec les deux excursions à Essaouira et au cœur du Haut-Atlas Occidental, c’est à d’autres découvertes que nous sommes invités . Nous y reviendrons plus tard pour nous enfoncer dans les montagnes, pour les traverser et aller à la rencontre d’autres paysages, d’autres aventures, d’autres sonorités …
Et si cette musique si particulière vous a envoûté (e), je vous offre pour terminer ces extraits incomparables qui pourraient accompagner votre voyage si un jour
vous nous suiviez jusqu'
ici

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