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INLASSABLES HYMENEES.

 

La dentelle des mots couvrait ton visage,

Cabriolait  au  vent  sur les  épis d’amour, 

Des sentiers du désir charmés par le glamour,         

Diffus  et  gracile  de  ton  doux  présage.

 

J’errais dans tes rêves bordés d’herbes folles,

Et  le  vent chuchotait  sur l’onde de tes yeux,

La  saveur  mielleuse  de  ton  souffle  joyeux,   

Répandant  son  rire  parmi  les  lucioles.

 

Sur  le  bûcher  ardent  de  fervente passion,

Nos  rêves  gagnèrent la  clarté  d’un détour,    

Las, je quittais ta nuit, tu rejoignis mon jour,   

Dans  une  brûlante  verve  de  confessions.       

 

Accordailles des voeux  roucoula  l’aubade,     

De temps sitôt bénis pour fêter l’hyménée,     

D’une  idylle  d’hier  convolant  couronnée,   

Au  son  d’une valse sous  un dais nomade.     

 

Sonnent  les  carillons  du  destin  qui  chante,  

Les  ans  ont  défilés  semant  des   souvenirs,

Sur les rides de nos mains complices pour bonnir,

Les  joies  et  les  peines  les  plus  attachantes.  

 

Au  fil  des  aiguilles  d’horloges  passées,

Rangées dans les malles des greniers poussiéreux,

Nos  chimères  expirent  au  frôlement  ombreux,       

Du  néant  de  la  mort  de  nos  brasiers  lassée.    

 

Au-delà  de  sa  Faux  une  aventure  espère,

De nouvelles amours dont nous serons les stars,   

Sous  un  autre  soleil  transcendé  d’avatars,

Qui nous prêteront corps tout comme naguère. 

 

Claudine QUERTINMONT D’ANDERLUES.    

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Société stress.

 

Stress,

Le mot de mode,

Qui  incommode,

Le trouble gagne,

Villes et campagnes,

Tout s’affaire, stress !

 

Stress,

Se  lever  heureux,

Ou d’un air soucieux,

Eustress  positif,

Distress  négatif,

Etre  look a mess.*

 

stress

S’immobiliser,

Se  mobiliser,

Fuite ou attaque,

Dans  un cloaque,

De show-business.

 

Stress,

Tout  ce  vacarme,

L’angoisse alarme,

Le  corps résiste,

A  ces  sadistes,

Monde aigri express.

 

Stress,

Affaiblissement,

Suit l’épuisement,

Thérapeutique,

Problématique,

Mettre un battle-dress.

 

Stress, look a mess, show-business, monde express, battle-dress…. stress, stress, STRESS !

 

Claudine QUERTINMONT D’ANDERLUES.

 

*look a mess : être dans un état épouvantable

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administrateur théâtres

Opéra en plein air: les Contes d'Hoffmann

"La nouvelle production d'Idée Fixe : "Les Contes d'Hoffmann". L'opéra fantastique d'Offenbach, narrant les aventures sentimentales de ce jeune poète ivre d'amour (et d'alcool) regorge d'airs connus, dont la célèbre Barcarolle, et est annoncé comme "un spectacle total, rempli de belles choses", par Cédric Monnoye chez Idée Fixe."12272832688?profile=originalL’occasion de revisiter les fulgurances de l’opéra du siècle passé. En opéra sonorisé devant les portes d’un château, dans la féerie des étoiles d’une soirée estivale. Un public nombreux a poussé les portes d’une autre musique que celle de l’air du temps. Pari gagné, le spectacle a plu.  Et Jacques Offenbach n’est pas mort. L’équipe artistique dirigée par Julie Dupardieu et Stephan Druet est percutante.

 On est dans la taverne de maître Luther, cabaretier quelque part en Allemagne …luthérienne sans doute, à l’époque de l’histoire. On y rencontre le  poète, éponyme de celui des contes ( Ernst Theodor Amadeus Hoffmann), source d’inspiration des librettistes d'Offenbach.   Hoffmann,  flanqué  de son fidèle  Nicklausse - qui n'est autre que la Muse de la Poésie travestie en étudiant - raconte ses trois vies. Ses trois rencontres illusoires  de femmes aux noms italiens qui font rêver. Olympia, poupée mécanique, Antonia, jeune fille maladive  et Giulietta, la courtisane. Ses trois désenchantements: leurs fantastiques trahisons, volontaires ou non,  deviennent de plus en plus infernales. Le mal est partout: le   Diable en personne et sa voix extraordinaire de baryton sous les traits du conseiller Lindorf, de Coppélius,du docteur Miracle, et du  capitaine Dapertutto qui prétendent que la femme est bien pire que le diable.

 Victime du mythe des amours contrariées puis de la Machine Infernale,  voilà le poète échoué à la case départ. Une autre femme l’attend. Stella, prima donna.  Réalité et Idéal. La femme au miroir qui lui rendra son âme ?  Hoffmann, homme de désespoir la rejette avec colère. Puis plutôt que  de retrouver l’appel vibrant de sa muse, le ténor envoûté et envoûtant  la renie aussi et sombre corps âme et plume dans le désespoir, le délire de cette taverne Tango-Vino qui l’emprisonne à jamais. Hotel California des temps anciens. On ne peut s’empêcher d’y penser.

 Par sa mise en scène, Julie Depardieu dépoussière cet opéra qui a fait la gloire du Paris fin de siècle.  La taverne s’accroche au parvis d’un château lissé par la verdure, flanqué de quatre tours majestueuses, glorieusement belge puisqu’il appartenait avant à la famille Solvay.   Une foule de danseurs va et vient et s’évapore. Sweet Summer Sweat. Une chorégraphie que l’on sent millimétrée malgré son apparente liberté de mouvements. Un tapis roulant pour les amours qui se croisent mais ne se rencontrent pas et pour les gondoliers de Venise où l’antique Charron mène sa barque invisible. Des airs connus chantés par les gorges de nos grands-mères d’après-guerre nous frissonnent les oreilles et sont portés par le vent aux confins du domaine  et du cœur pour faire le nid de notre plaisir musical. Les costumes des solistes sont dignes du festival de Venise. Ceux des danseurs figurants flirtent avec un 21e siècle gothisant.   Les voix aux accents mélangés étonnent enchantent  et divertissent. La belle Antonia est d'un romantisme déchirant.  Le spectacle ne manque pas d’inventivité ni de souffle. Veut-il étourdir ? Mais la satire est présente car  pour Nicklausse,  c’est une Fin de partie.  Veritas in Vino-Tango…pauvre nouveau siècle déjà désabusé.

Difficile de résister au plaisir de resaluer toute l’équipe de la première nocturne du Château de la Hulpe et de lui souhaiter un bel avenir:  

EQUIPE ARTISTIQUE

Mise en scène

Julie Depardieu et Stéphan Druet

Direction musicale

Yannis Pouspourikas

Orchestre

Nuove Musiche

Chef des chœurs

Matteo Pirolà

Costumes et décors

Franck Sorbier et Guy-Claude François

Conception lumières

Philippe Lacombe

Chorégraphie et assistance à la mise en scène

Sophie Tellier

DISTRIBUTION

Hoffmann

Mickael Spadaccini

Les Diables

Nabil Suliman

La Muse, Nicklausse et la voix d’outre-tombe

Camille Merckx

Olympia

Anna Pardo Canedo

Antonia

Sabine Conzen

Giulietta

Lies Vandewege

Spalanzani  

Axel Everaert

Luther, Crespel & Schlemil

Thierry Vallier

http://www.ideefixe.be/

Lieux / Dates :

- Du 23 août au 24 août (à 21:00) - Cercle de Wallonie (Namur) - infos - Du 29 août au 1 septembre (à 21:00) - Château de la Hulpe (La Hulpe) - infos - Du 6 septembre au 8 septembre (à 21:00) - Château d'Ooidonk (Deinze) - infos

 

 

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administrateur théâtres

 

De la grâce dans l’humain, du divin dans l’humanité !

Akademie für Alte Musik Berlin

Matthäus-Passion

René Jacobs direction - Werner Güra Evangelist (ténor) - Johannes Weisser Christus (baryton) - Sunhae Im soprano - Bernarda Fink mezzo - Topi Lehtipuu ténor - Konstantin Wolff basse - Akademie für Alte Musik Berlin , RIAS Kammerchor

Johann Sebastian Bach, Passion selon saint Matthieu, BWV 24412272826071?profile=original

Une œuvre-clé de Johann Sebastian Bach, à redécouvrir grâce à la lecture de René Jacobs. En écrivant sa partition la plus imposante, Bach nous a livré l’une des pièces les plus poignantes du répertoire, qui traite en profondeur de la souffrance humaine sous toutes ses facettes. La lecture qu’en livre René Jacobs nous permet de redécouvrir toute la portée de cette œuvre d’art éternelle.

La huitième édition du KlaraFestival s'ouvrait vendredi soir au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles avec le concert "La Passion selon Saint-Mathieu" avec René Jacobs à la tête de "Die Akademie für Alte Musik Berlin", un orchestre baroque de 30 musiciens, le "Rias Kammerchor" et un solide casting de solistes.

 

Ce premier soir du festival Klara 2012,  Knockin’ on Heaven’s Door, les portes du Paradis se sont ouvertes et on les a passées, vivants,  …  pour découvrir l’essence profonde de la musique et une esthétique inégalée. Nous avons vécu une immersion directe dans la grâce dès les premières mesures, aspirés par l’ampleur de  l’harmonie, soufflés par la tenue magistrale des artistes, le génie du chef d’orchestre et la texture pleine d’anima de la partition. On ne peut que  méditer sur la qualité extraordinaire  du travail et la densité musicale qui se développe à mesure…Pas le moindre gramme d’emphase: que du vécu intérieur, distillé et idéalisé, sonorisé. René Jacobs, à la tête de Die Akademie für Alte Musik Berlin  est  au faîte du savoir-faire : son équipe musicale  merveilleusement unie dans la diversité.  Tandis qu’au moment même, la colère et la violence grondent partout dans le monde  et  que la misère reste le lot de beaucoup d’humains, nous sommes face à une œuvre d’art vibrante.  

Et pourtant, même la salle de concert disparaît pour n’être baignée que de l’indicible « dit », chanté, résonné, claironné, célébré. Un rythme sinueux entraine les  spectateurs  et les arrête 7 fois lors des « chorals », stations du chœur qui égrène la mélodie de base, une alternance simple de six et cinq syllabes.  « Wenn ich einmal soll scheiden, so scheide nicht  von mir… » Poésie et musique inspirées se rejoignent. Surviennent les scènes dramatiques d’où coule la compassion où s’éclaircit la simplicité du mystère. Bach le dramaturge fait preuve d’une  écriture puissante et humble à la fois et  d’une fluidité philosophale… jamais égalée qui nous fait assister  dans ce concert à la ré-union des contrastes. 

Ce concert hypnotique dont on sait qu’il va finir inexorablement nous mène de plein pied dans l’infini.

La complexité musicale est à la hauteur de la complexité humaine, mais à la fois d’une limpidité éclatante. Une limpidité qui nous donne tout-à-coup le courage d’ouvrir son cœur et de s’abandonner au tissage méticuleux de l’œuvre, aux flamboyances du récitatif de l’évangéliste (Werner Güra), à la profondeur de la basse (Konstantin Wolff), au charme féerique de la soprano (Sunhae Im), au vécu féminin de la mezzo (Bernarda Fink), à la douleur et à la grandeur de Jésus dont l’âme et le corps sont en souffrance indicible. La figure du Christ était magnifiquement interprétée par Johannes Weisser. On se révolte contre la foule hagarde et aveugle, « Lass ihn kreuzigen ! ». On fond de tendresse avec le pécheur gagné par l’amour dans le magnifique récitatif Nr 57. Les récitatifs suivis d’une aria sont des petits concerts de chambre qui se suffiraient à eux-mêmes insérés comme des incrustations de bijoux dans un grand dessein.  C’est à chaque fois, une apogée de l’émotion esthétique. Bernarda Fink supplie : « Torturé, accablé sous le poids de ses remords, vois mon cœur ! Goutte à goutte que les larmes comme un pur et doux parfum sur ta tête se répandent, divin Maître. » La soprano exquise Sunhae Im continuera :  « Wiewohl mein Herz in Tränen schwimmt… » Son appel est d’une finesse extrême « Ei, so sollst du mir allein mehr als Welt und Himmel sein. » L’appel de Jésus sera déchirant, souligné plaintivement par les larmes délicates des flûtes : « Mein Vater, ist’s möglich, so gehe dieser Kelch von mir ; doch nicht wie ich will, sondern wie du willst…»    

 Et pendant les 78 sections,  on retient son souffle devant cette vivante œuvre d’art,  on ne pense à rien d’autre qu’à planer sur le sourire divin de la musique. L’idylle musicale s’achève dans des applaudissements respectueux,  délestés de barbarie, nourris d’esprit et de cœur. Jamais un concert n’a touché autant que celui-ci, de l’avis de plusieurs spectateurs qui, d’inconnu à inconnu, se  livraient leur émoi profond après le concert.

La lune bleue, c’était ce soir.  Un 31 août 2012. « O schöne Zeit ! O Abendstunde ! » Voici la paix conclue avec le ciel...

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Ce soir, Chopin jouait pour moi

 

Quand je m’ennuie, l’esprit maussade,

par manque d’imagination,

je fais appel à l'un de mes nombreux amis.

Ils ne sont jamais loin, ne se font pas attendre.

...

Chacun d’eux a laissé des oeuvres merveilleuses,

toutes offertes au monde entier.

Je choisis à mon gré, et selon mon humeur,

laquelle me donnera une énergie nouvelle.

...

Je sais qu’ils sont aussi, dans le même moment,

intensément présents ailleurs.

Ce mystique pouvoir m'a troublée bien des fois.

 Mais cependant, ce soir, Chopin jouait pour moi.

1/11/1990

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Venue d'un ailleurs poétique

 

En hommage à mon amie Régine

Il est une joyeuse fée,

Qui fait sourire les enfants,

En les aspergeant de rosée,

Si un matin semble pesant.

...

Elle s'entoure de lutins,

Légers, délicieux, comme elle.

Ils savent ravir les bambins

Et souvent, leur prêtent des ailes.

...

Venue d'un ailleurs poétique,

Où séjournent les enchanteurs,

Elle a un pouvoir angélique,

Qui engendre des coups de coeur.

...

Les fées suprennent à l'extrême.

Les généreuses sont câlines.

Celle attendue, et que l'on aime,

Se fait appeler Rosyline.

...

14 septembre 2012

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On peut toujours rêver.


CHANGER L’HOMME, POUR CHANGER LE MONDE

Si j’étais magicienne… Supposition merveilleuse qui permet tous les espoirs. Du moins à première vue car les souhaits les plus humanistes sont des arbres qui cachent une forêt d’exigences. Les meilleures intentions du monde se bornent trop souvent à des vœux pieux.

Je saisis ma baguette magique et je clame « Que chaque être humain mange désormais à sa faim ». Plus facile à dire qu’à faire, ricane aussitôt un diable  réaliste et philosophe. Vaincre la faim dans le monde suppose que les intérêts économiques des plus forts cessent de faire la loi. Les cultures intensives qui rapportent à quelques-uns devraient céder le pas aux cultures propres à nourrir les populations locales. Les champs d’arachides, de soja ou les légumes exportés du Sénégal, du Maroc, du Kenya et d’autres pays africains, cultivés au profit des nantis de l’Occident, devraient disparaître pour que renaissent les produits qui formaient la base de l’alimentation traditionnelle de ces contrées. 

Il faudrait aussi que les conflits entre les pays, avec leur cortège de factions et
l’antagonisme des intérêts économiques des uns et des autres, soient bannis à jamais. Que le pétrole cesse de faire flamber les convoitises. Que l’or, le diamant, le platine, l’uranium et n’importe quel minerai mirobolant encore à découvrir ne se conquièrent plus au prix du sang et de la souffrance humaine. Que la guerre soit donc mise hors la loi car si elle tue, torture et nous détruit, elle ravage tout autant nos maisons et nos champs, les  pâturages et les troupeaux. Elle induit le déracinement des peuples, les contraint à l’exil, en fait des réfugiés économiques qui ont perdu leur force de travail. Trop souvent ces malheureux sont contraints de survivre grâce à une aide humanitaire. Cette aide, indispensable pour parer au plus pressé dans l’urgence,  ne résout pas les  problèmes de fond qui sont l’exploitation de l’homme par l’homme et l’accaparement des richesses par les plus forts La condition d’assisté fait mauvais ménage avec la dignité humaine.
Les maux surgis de la boîte de Pandore ne sont rien en regard des monstres vomis par la guerre, au nombre duquel il faut encore compter la délation, le marché noir, le viol, le déchaînement des pulsions les plus sombres, la porte ouverte à tous les sadismes et à toutes les exploitations.

Les seuls à profiter vraiment des conflits, ce sont les marchands d’armes qui rivalisent d’ingéniosité pour détruire, mutiler, anéantir, empoisonner leurs prochains, avec un maximum d’efficacité. Il n’y a pas de guerre propre, comme on voudrait nous le faire croire, en parlant de frappes « chirurgicales ». La guerre est sale, inhumaine, abjecte. Ce qui est interdit en temps de paix : tuer ou nuire à son voisin, est hautement recommandé et même obligatoire pour les combattants censés défendre leur pays. Tout cela est bien noir en regard de la magie blanche de tous les Merlins du monde. La lampe enchantée d’Aladin en perd toute sa clarté.

Aurais-je plus de chance avec mon deuxième vœu ?
En Belgique, comme dans la majorité des pays développés, nous sommes tous un peu thaumaturges. Même si nous n’en sommes pas conscients. Nous jouissons, en effet, riche ou pauvre, d’un privilège exorbitant, celui de disposer d’eau potable, sur un simple geste, celui  d’ouvrir un robinet.
Réconfortée, je reprends ma baguette magique et souhaite qu’il en soit ainsi partout dans le monde. Hélas ! Les forces maléfiques sont tellement fortes que ma baguette magique baisse le nez, rouge de honte et de colère. Plouf ! La voilà qui se noie dans un océan d’écueils. Les pauvres gens de partout, avec les femmes en première ligne, continueront  à faire des kilomètres à pied chaque jour, avec une bassine sur la tête, pour aller recueillir une eau saumâtre ou polluée, avec laquelle étancher leur soif, se laver et faire la cuisine. Même si cette eau les rend malades et tue les plus faibles d’entre eux. Cet or bleu, indispensable à la vie, est accaparé par les plus forts, à leur seul profit, gaspillé sans vergogne, quand il n’est pas vendu par ceux qui disposent d’un puits dans les lieux où l’eau manque cruellement.

De braves gens se dévouent pour creuser de nouveaux puits, installer des canalisations, réparer les installations usées. On dessale de l’eau de mer à grands frais, on creuse des canaux, on puise dans les fleuves mais des millions d’hommes ont toujours soif car le bétail et les cultures doivent boire également.  Un nouveau « couac » pour ma baguette magique, impuissante devant le réchauffement climatique, la désertification et l’égoïsme.

C’est le moment de tirer ma troisième et dernière cartouche. Je pourrais peindre le ciel d’un bleu inaltérable, faire luire le soleil en pleine nuit et exiger des quatre saisons qu’elles se muent en printemps éternel.
Foin de ces fantasmes enfantins ! Attaquons-nous enfin au problème de fond.

Que les hommes changent ! Que l’argent et la réussite matérielle ne soient plus l’objet de leur désir le plus ardent ! Devenons plus solidaires, plus fraternels et prêts à contribuer à l’établissement d’un monde plus juste. Alors et alors seulement tout deviendra possible. Chacun mangera à sa faim, étanchera sa soif, gagnera sa vie, vivra paisiblement et en bonne santé. Le chômage et l’angoisse de l’avenir disparaîtront. On retrouvera les vertus du rire et de la bonne-humeur.
Chacun aura alors le loisir d’être amoureux, du cultiver des roses, de chercher le bonheur, de créer, de construire, de jouir de sa courte vie terrestre, au mieux de ses convictions philosophiques ou religieuses. Sans compter sur un paradis hypothétique, après la mort.
Quadrature du cercle ou  miracle remis aux calendes ? Vaincre la violence en douceur ? Quel beau paradoxe !


MARCELLE DUMONT

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Cordoue. poésie illustrée par photos et musique

Bonjour à tous.

 

Ma première contribution à ce forum. J'écris principalement de la poésie, mais j'aime y associer, quand cela est possible, images, photos, toiles, musique. Je vous en propose ici un exemple. Vos avis me seront très précieux pour progresser. Merci d'avance 

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Manuel de Falla: En los jardines de la Sierra de Cordoba
Recital at the Teatro Real in Madrid
Berliner Philharmoniker, Sir Simon Rattle. Joaquín Achúcarro, piano

 

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C’est ce qu’on découvre avec émotion dans « La place », un roman d'Annie Ernaux (née en 1940), publié à Paris chez Gallimard en 1984. Prix Théophraste-Renaudot.

 

Une partie de l'oeuvre d'Annie Ernaux peut être rattachée à la littérature d'inspiration féministe (la Femme gelée, 1981); mais c'est dans l'évocation de son enfance et de ses parents que la romancière trouve ses accents les plus attachants. Le thème central est celui de la déchirure entre ces gens de condition modeste et leur fille, qui, grâce aux succès scolaires, pourra s'émanciper socialement et passer «du côté de ceux pour qui le reste du monde n'est qu'un décor». Quasi rageur dans les premiers ouvrages (les Armoires vides, 1974; Ce qu'ils disent ou rien, 1977), le style d'Annie Ernaux s'adoucit et s'accomplit en une touchante gravité lorsque vient le temps d'évoquer, après leur mort, les figures paternelle (la Place) et maternelle (Une femme, 1987).

 

Les premières pages sont consacrées à la mort du père, dont le souvenir, en une collusion symbolique, coïncide avec celui du succès de la narratrice au CAPES de lettres. La biographie paternelle est ensuite reprise chronologiquement, du jeune garçon trop tôt retiré de l'école en dépit de sa soif d'apprendre, à l'ouvrier «sérieux», et enfin au petit commerçant fier de son indépendance mais hanté par la «peur continuelle de manger le fonds». L'ordre temporel s'efface parfois devant une mosaïque de souvenirs: moments quotidiens, moments d'émotion non formulée. Viennent le déclin puis la mort, elle-même dépassée par l'incandescence de nouveaux souvenirs.

 

Le monde étriqué des petits commerçants constitue le décor principal du récit. Celui-ci, par de rapides notations aux antipodes de la fresque sociale, suggère la quête dérisoire de «distinction» de ces petites gens, paradoxalement combinée, au moins en apparence, avec le simple souci de «tenir sa place», et dit aussi le sentiment de manque permanent, la «sacralisation obligée des choses». Mais la tension particulière de l'écriture tient à la position de la narratrice; position presque impossible, tant il est difficile de dire «à la fois le bonheur et l'altération». «Écrire, c'est le dernier recours quand on a trahi», prévient Jean Genet, cité en épigraphe. Au-delà du témoignage, la Place devient donc un essai de réconciliation, de rachat par l'écriture d'une distance socialement et surtout culturellement établie.

 

De fait - façon de rendre hommage à son objet et de [re]trouver la voix d'une véritable communication -, Annie Ernaux adopte ici un style volontairement plat, neutre, celui du constat: utilisation du passé composé, phrases brèves tailladées d'ellipses et d'anacoluthes, sobriété de la ponctuation. De rares guillemets, des italiques, des tournures au style indirect libre viennent donner tout leur poids à ces formules figées, à ces «pauvres» mots quotidiens («Il y avait plus malheureux que nous»). Pas de chapitres, mais des paragraphes sertis de blancs plus ou moins importants, comme s'il s'agissait de donner à voir le silence d'où s'extirpe le récit.

 

Car, plus que la différence sociale, c'est le malentendu, la rupture de communication langagière qui forme le noeud de l'ouvrage: «J'écris peut-être parce qu'on n'avait plus rien à se dire.» Du côté des parents, incompréhension presque ambiguë («Et toujours la peur OU PEUT-ETRE LE DÉSIR que je n'y arrive pas») devant cette fille qui «apprend bien» alors même qu'on ne l'a jamais «poussée»; du côté de la narratrice, adolescente à l'époque, ironie, silence, désir de corriger le langage de celui qui «est entré dans la catégorie des braves gens»: «Je croyais toujours avoir raison parce qu'il ne savait pas discuter.» Phénomène sociologique balisé, quantifié, l'ascension sociale est au prix de tels conflits: le mérite d'Annie Ernaux est d'en rendre sensible les muettes douleurs.

Arts 
12272797098?profile=originalLettres

Document INA:

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J'ai le plaisir de vous annoncer qu'à partir de ce jour, les chefs-d'oeuvre classiques d'auteurs belges seront disponibles dans leur version originale sur le réseau

Disponibles actuellement:

 

Max Elskamp: Dominical propitiatoirement orné par Henry Van De Velde, 1892

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Emile Verhaeren: Les ailes rouges de la guerre, 1916
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Clément Pansaers: L'apologie de la paresse, 1921
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Emile Verhaeren: Les Aubes, 1898
12272831267?profile=original 
Odilon-Jean Périer: Le passage des anges, 1926.
12272831060?profile=original 
Odilon-Jean Périer: La vertu par le chant, poèmes, 1920
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André Baillon: Histoire d'une Marie, préface de Charles Vildrac, 1921
12272831501?profile=original 
Camille Lemonnier: Le petit homme de Dieu: roman, 1903
12272831073?profile=originalGeorges Eekhoud: Le cycle patibulaire, 1892
12272831280?profile=original
Georges Rodenbach: Bruges -la-morte (1892)

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H. G Moke: Histoire de la Belgique, 1843

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Emile Verhaeren: Les blés mouvants, 1912

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(Cette liste de titres sera complétée journalièrement au fur et à mesure de leur disponibilité)

 

Si vous souhaitez accéder à la lecture de ces œuvres originales dans leur entièreté, il s'agira expressément de me demander l'adresse du lien donnant accès vers le fichier concerné, par voie de courrier interne du réseau arts et lettres.

Le fourniture de ce lien est évidemment gratuite pour les membres.

Le lien ne sera fourni exclusivement qu'aux membres du réseau et ne sera pas renseigné aux lecteurs non membres.

Le(s) fichier(s) dont vous obtiendrez l'adresse se trouve(nt) sur un de mes serveurs privés. Une fois que vous aurez procédé au téléchargement, vous pouvez sauvegarder le(s) document(s) sur votre ordinateur.

 

Cordialement

Robert Paul


Arts 
12272797098?profile=originalLettres

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Eloge de la dictée

Je voudrais parler d'un sujet très humble et qui ne fera jamais la "Une" des médias, la bonne vieille dictée dont les gens de ma génération ont un souvenir plus ou moins agréable, mais souvent ému, avec son rituel immuable, la première lecture (un texte en général choisi pour ses qualités littéraires), puis la deuxième, la "vraie" qu'il fallait transcrire en pleins et en déliés, en trempant la plume Sergent-Major dans l'encrier de porcelaine blanche, encastré dans le pupitre, (le nettoyage et le remplissage desdits encriers avec la bouteille à bec verseur constituant un autre rituel, mais ça n'est pas le sujet), et enfin la relecture.

 

Un exercice souvent délaissé, alors que remis au goût du jour et adapté aux difficultés actuelles des élèves, il pourrait avoir une valeur formatrice inappréciable.

 

Prenons un texte amusant, cet extrait des "Mots" de Jean-Paul Sartre, dans lequel le philosophe évoque l'estime exagérée que son grand-père maternel avait de ses qualités intellectuelles, sa volonté de le faire entrer directement en huitième, sa première dictée et la déconfiture qui s'ensuivit :

 

"Mon grand-père avait décidé de m'inscrire au lycée Montaigne. Un matin, il m'emmena chez le proviseur et lui vanta mes mérites : je n'avais que le défaut d'être trop avancé pour mon âge. Le proviseur donna les mains à tout : on me fit entrer en huitième et je pus croire que j'allais fréquenter les enfants de mon âge. Mais non : après la première dictée, mon grand-père fut convoqué en hâte par l'administration ; il revint enragé, tira de sa serviette un méchant papier couvert de gribouillis, de taches et le jeta sur la table : c'était la copie que j'avais remise. On avait attiré son attention sur l'orthographe - " Le lapen çovache ême le ten" (le lapin sauvage aime le thym) - et tenté de lui faire comprendre que ma place était en dixième préparatoire. Devant "lapen çovache" ma mère prit le fou rire ; mon grand-père l'arrêta d'un regard terrible. Il commença par m'accuser de mauvaise volonté et par me gronder pour la première fois de ma vie, puis il déclara qu'on m'avait méconnu ; dès le lendemain, il me retirait du lycée et se brouillait avec le proviseur." (Jean-Paul Sartre, "Les mots", Gallimard).

 

 

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Cet texte pourrait être donné en dictée en classe de 4ème, à condition de la préparer soigneusement au tableau et de faire de cette préparation une leçon à part entière portant sur l'orthographe lexicale, grammaticale, le vocabulaire et le contexte, sans oublier d'expliquer aux élèves que sa mauvaise orthographe, quand il était enfant, n'a pas empêché Jean-Paul Sartre de se rattraper par la suite et de devenir un brillant intellectuel (je suggèrerais toutefois de ne pas trop approfondir la question, à moins que les élèves ne le souhaitent, mais l'expérience m'a montré que c'était  rarement le cas !).

 

"Faire une dictée" n'est donc pas vérifier que les élèves connaissent parfaitement les innombrables pièges de l'orthographe du français en choisissant un casse-tête du "Dico d'Or" de Bernard Pivot, mais constitue un exercice de formation à part entière à l'occasion duquel il est possible de faire un véritable cours de grammaire (emploi des temps, conjugaisons, accords...), de vocabulaire (champs lexicaux, champs sémantiques, étymologie), sans oublier le texte lui-même qui, par ses qualités littéraires, peut constituer un exemple pour les élèves.

 

... Mais là n'est peut-être pas l'essentiel : la dictée contribue au développement de l'attention, si indispensable dans toutes les matières (et en particulier les mathématiques), attention dont la philosophe Simone Weill disait que son acquisition était le but principal des études primaires et secondaires (au moins jusqu'à la classe de 3ème).

 

Préparation de la dictée :

 

emmener (deux "m" !)  ; vanter (et pas venter !) ; "je n'avais que le défaut d'être trop avancé pour mon âge" : le narrateur rapporte les paroles de son grand-père sans verbe de déclaration, au style indirect libre ; "le proviseur donna les mains à tout" : il accepta tout ; je pus croire que j'allais fréquenter" (imparfait à valeur de futur proche) ; en hâte (accent circonflexe !) ; une "serviette" : ici, un porte-documents ; "un méchant papier" : un vilain papier ; "gribouillis" ; taches (sans accent circonflexe : salissures et non tâches : travaux !) ; jeter, il jette (présent de l'indicatif), il jeta (passé simple) ; attirer (deux "t" !) ; "dixième" (adjectif numéral ordinal) ; arrêter / terrible, terreur, terrifiant, terroriser, terroriste ; commencer, il commença : on met une cédille devant un "o" (une leçon), "u" (un reçu) et un "a", (un commerçant) mais pas devant un e ("ce") ou un i ("merci", "ceci") ; accuser, accusation, accusateur ; "il déclara qu'on m'avait méconnu" : "on m'avait méconnu" : plus-que-parfait ; composé de l'imparfait de l'auxiliaire et du participe passé du verbe, le plus-que-parfait de l'indicatif évoque une action antérieure à une autre action passée, exprimée au passé simple ("déclara") ; "Il me retirait du lycée et se brouillait avec le proviseur" : remarquer l'emploi inhabituel de l'imparfait qui n'indique ni une action qui se répète, ni une action à durée indéterminée de second plan (imparfaits "flash",  "narratifs" ou "pittoresques").

 

"A trois heures, il franchissait le barrage.» : l'imparfait exprime un procès limité ne se produisant qu'une fois, mais il le montre en train de se produire : on l'appelle souvent imparfait flash.

 

On peut constater qu'au XX ème siècle, surtout, s'est développé un "imparfait narratif" appelé encore aussi "imparfait pittoresque". On le rencontre fréquemment dans les romans policiers.

  • La clef tourna dans la serrure. Monsieur Chabot retirait son pardessus qu’il accrochait à la porte d’entrée, pénétrait dans la cuisine et s’installait dans son fauteuil d’osier. Simenon, La danseuse du Gai-Moulin.

Selon plusieurs linguistes, pour qu’il y ait à proprement parler « imparfait pittoresque », il faut un verbe perfectif à l’imparfait combiné avec un complément temporel. Un test simple pour cet imparfait narratif, c'est qu’il peut être remplacé par un passé simple, auquel cas naturellement l’effet stylistique pittoresque disparaît.

 

L'effet de l’imparfait provient du conflit entre l’aspect non limité de ce temps verbal et son contexte qui impose une vision limitée du procès. K. Togeby dans sa Grammaire française, 1982, donne cet exemple d'imparfait pittoresque :

  • Onze ans après, il perdait la bataille de Waterloo.

Observons avec lui qu'on aurait pu rencontrer des présentations différentes du même événement historique passé :

  • Onze ans après, il perdit la bataille de Waterloo. (passé simple banal)
  • Onze ans après, il perd la bataille de Waterloo. (présent historique)
  • Onze ans après, il perdra la bataille de Waterloo. (futur historique)
  • Onze ans après, il perdrait la bataille de Waterloo. (futur du passé).

Deux autres exemples contemporains d'emploi journalistique de cet imparfait narratif :

  • « Il y a 14 ans, le 26 avril 1986, un réacteur de la centrale nucléaire de Tchernobyl, en Ukraine, explosait.» Propos de Claude Sérillon dans le Journal de TV5, le 25/4/2000.
  • « Un impie nommé Pasolini. Voici juste vingt ans, l'écrivain cinéaste disparaissait violemment.» Titre du journal Le Monde à la date du 27/10/1995.

 

  Ecrire au tableau : "Le lapen çovache ême le ten." ("le lapin sauvage aime le thym.") ; "lycée Montaigne".

 

L'apprentissage de l'orthographe du français doit faire partie des objectifs du cours de français et s'il paraît nécessaire de rappeler cette évidence, c'est que l'évidence a cessé d'en être une depuis longtemps, d'où l'orthographe déplorable des jeunes Français et les problèmes que cette déficience, pourtant remédiable, leur poseront dans leur vie adulte.

 

Je sais bien qu'il y a d'autres causes (les textos, la prépondérance de l'image dans la société moderne, etc.), mais le rôle de l’École n'est pas d'aller dans le sens du courant ;  (ceci dit, en ce qui concerne les méthodes d'apprentissage de la lecture, il est évident que la responsabilité de l’École est directement engagée).

 

Il existe trois façons de procéder à cet apprentissage : la dictée préparée en classe et faite immédiatement après la préparation, la dictée préparée à la maison et/ou en classe et faite en classe et enfin la dictée non préparée qui est l'exercice donné au brevet des collèges (les textes sont de plus en plus courts et de plus en plus faciles, et pour cause.)

 

Les dictées préparées à la maison peuvent être considérées comme des exercices de mémorisation, celles préparées en classe comme des exercices d'application directe et les dictées non préparées comme des exercices de réinvestissement ; on peut attribuer un coefficient différent selon le type de dictée, comme on le fait pour la rédaction qui est un exercice de réinvestissement (coefficient 2 : mobilisation de connaissances acquises dans le long terme en faveur d'un travail d'invention).

 

Les parents peuvent être associés à cet apprentissage quand la dictée est préparée à la maison.

 

Il est évidemment préférable de donner un texte qui a été (ou qui va être) étudié en lecture expliquée et qui pourra ensuite servir de support pour un travail d'expression écrite.

 

La dictée préparée (à distinguer de la "dictée de contrôle" non préparée), loin d'être désuète et "dépassée", est un exercice complet et fructueux.

 

 

P.S. : Merçi 2 meu signalé  lé fôtes d'ortografe queu j'auré  put laissé dan se tesxte ! ;-)

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L'évaluation par compétences

Cet article a été écrit au moment de la mise en place du socle commun et de l'évaluation par compétences en France, sous le ministère de Luc Chatel et le quinquennat de Nicolas Sarkozy.

Il ne mentionne pas un fait très important qui explique pourquoi vous avez la même réforme en Belgique que nous, ici, en France : cette réforme correspond aux "critères de convergence" du Traité de Lisbonne et de la commission européenne concernant l’Éducation.

 

" - A quelle sauce voulez-vous être mangés ?

  - Mais nous ne voulons pas être mangés !

  - Là n'est pas la question."

 

Ce "savoureux" dialogue extrait d'une comédie de Courteline pourrait illustrer à merveille les multiples journées ou demi-journées pédagogiques auxquelles les enseignants de collège sont régulièrement conviés.  .  

 

On pourrait croire qu'il s'agit-là de "consultations démocratiques" où les acteurs de terrain sont appelés à apporter leur pièce à un édifice en construction. Il n'en est rien ; comme toujours dans l’Éducation nationale,  les consultations sont lancées quand les jeux sont déjà faits.  

 

Il en est ainsi de la nouvelle lubie de la rue de Grenelle : "l'évaluation du  socle commun des connaissances et des compétences".

 

Bien que prenant ma retraite à la fin de l'année, je m'étais suis rendu, moi aussi à la grand messe (je veux dire à la réunion "plénière"), après ma journée la plus chargée sur deux établissements, dont un en ZEP, réunion plénière suivie d'une réunion par discipline, au cours de laquelle je m'étais aperçu que l'on nous demandait de copier dans un "document maison" un document national émanant du rectorat, autrement dit, qu'il ne s'agissait nullement d'apporter notre pierre à l'édifice et encore moins de porter un regard critique, mais de montrer notre zèle à s'approprier la vérité révélée.

 

Beaucoup de collègues sont sans doute dans mon cas, partagés entre le scepticisme et le soupçon et aimeraient  bien entendre un autre son de cloche que celle de la "Bonne Parole" officielle.

 

Je les invite donc à lire les analyses que font de la notion de "compétence"  Nico Hirtt, enseignant syndicaliste, agrégé de sciences physiques, enseignant dans le Brabant Wallon, membre fondateur de l'APED (Appel pour une Ecole Démocratique), rédacteur en chef de la revue trimestrielle "L'Ecole démocratique" et auteur de divers ouvrages sur l'école : "sous le couvert d'un discours parfois généreux et moderniste autour de l'obsession des compétences pourrait bien se cacher une opération de mise au pas de l'enseignement : sa soumission aux besoins d'une économie capitaliste en crise."

 

Point de vue complété par Angélique del Rey, professeur de philosophie, auteur d'un ouvrage intitulé "A l'Ecole des compétences" dans lequel elle expose sa réflexion sur la notion pratique de l'évaluation des compétences dans un certain nombre de systèmes éducatifs, dont le nôtre. Que signifie cette "révolution copernicienne" qui consiste à remplacer le savoir par les compétences. Quelles en sont les conséquences, quels en sont les risques, quels en sont les enjeux  réels ?

 

Pour Angélique del Rey, la notion de compétences "est au croisement de trois processus, dont aucun n'est éducatif en son essence : processus de mesures et d'évaluation des aptitudes (issu notamment de la recherche en psychologie cognitive), processus économico-politique (modélisation de l'éducation comme marchandise), processus de gestion des ressources humaines qui a contaminé l'école dans les années 80, via la formation professionnelle et l'orientation scolaire."

 

Extrait d'une discussion entre Daniel Arnaud et Guy Morel sur le blog "Bonnet d'âne" "Bonnet d'âne" de Jean-Paul Brighelli  :

Le socle commun est acceptable  à condition toutefois de mettre en quarantaine la notion de "compétence" et de distinguer nettement entre le "socle commun" des connaissances et l'évaluation proprement dite, inacceptable en l'état.

Après tout le socle commun réintroduit ces indispensables "connaissances" passablement  passées à la trappe  depuis la Loi d'Orientation de 89. (Daniel Arnaud)

Le socle commun  et l'évaluation forment un tout dont la véritable finalité n'est pas le socle, mais l'évaluation. (Guy Morel)

 

La mise en place du socle commun des compétences et des connaissances signifierait donc l'appauvrissement à terme de programmes déjà bien mis à mal, le suppression de la notation, la transformation des établissements scolaires en "lieux de vie" et "de socialisation", la disparition des enseignements disciplinaires et de la rigueur des  apprentissages, au profit d'un vague vernis, d'une "culture de salon" inspirée de celle des médias les moins exigeants.

Il convient d'ailleurs de remarquer l'entente qui règne actuellement entre le ministre de l’Éducation nationale (Droite libérale) et certaines organisations de Gauche, de parents (FCPE), d'enseignants et de lycéens (on l'a vu encore dernièrement avec la Réforme deuxième mouture des lycées, dite Réforme Chatel), qui est en réalité une série de  propositions de certains syndicats d'enseignants de Gauche (le SGEN-CFDT et le SE-UNSA, mais pas le SNES), reprises avec une grande habileté tactique par le Droite.

Le SNALC s'est prononcé contre et le SNES semble avoir enfin compris que la défense des enseignants (et de l'enseignement) était incompatible avec le pédagogisme et la démagogie "new age".

Plus inquiétante est la subtile entreprise de formatage idéologique des élèves et de l'école, sous couvert de "développement de la créativité" et "d'implication dans la vie sociale".


La finalité ultime du "socle commun" et de l'évaluation des compétences est en réalité de supprimer la notion et la réalité même des savoirs et de retirer aux professeurs leurs fonctions d'évaluation pour la transférer aux chefs d'établissement, qui peuvent, à leur gré, valider des "items" refusés (un item est un mot savant pour désigner la déclinaison d'une compétence générale en l'une de ses composantes particulières (ex. : "compétence 1 : la maîtrise de la langue française, "item 1" : lire/ lire à haute voix, de façon expressive un texte en prose ou en vers), comme ils peuvent déjà, depuis la Loi d'Orientation de 89, prononcer le passage en classe supérieure en dépit des recommandations du conseil de classe.

 

Ce nouveau "gadget pédagogique" rejoint donc les différents "bidouillages"  destinés à faire croire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes : note de vie scolaire qui descend rarement au-dessous de 15, quel que soit le comportement de l'élève et qui permet de "remonter" artificiellement la moyenne, baisse drastique des exigences des examens ;  en aval  : confection des sujets et en amont  commissions d'harmonisation ... "harmonisation" : "Ah ! qu'en termes galants ces choses-là sont dites !" Valorisons, valorisons, il en sortira bien quelque chose !

 

(NB : "harmoniser" dans la novlangue Educnat. signifie ajouter des points aux  copies des candidats à un examen (brevet, bac.) indépendamment de la valeur objective desdites copies, de manière à ce que les résultats correspondent au taux de réussite attendu.)

 

Ce n'est pas l'approche par compétences et la mise en place d'un "socle commun" qui diminuera la "reproduction" sociale et  régulera la sélection par l'argent, les relations, le lieu d'habitation et les "habitus" de classe pour parler comme Pierre Bourdieu, pas plus que la mise en place de la "discrimination positive" au mépris de la tradition républicaine de l'anonymat des concours que veulent mettre en place Richard Descoins et Alain Minc à l'entrée des Grandes Écoles (c'est fait)

 

Le système scolaire français, l'école primaire "lieu de vie" où l'élève "construit son propre savoir" et se contente "d'observer la langue", ainsi que le collège unique prétendument "démocratique", contribue au renforcement des inégalités sociales qu'il prétend combattre. La solution n'est pas dans le "socle commun", mais dans la mise en place de programmes exigeants, notamment en français et en mathématiques.

 

NB : "observer la langue" ; l'expression est une allusion à l'ORL ("Observation raisonnée de la Langue") qui a remplacé dans les écoles primaires l'étude systématique de la grammaire, du vocabulaire et de l'orthographe ; avec la méthode globale ou prétendument "semi-globale" d'apprentissage de la lecture et de l'écriture, en lieu et place de la méthode traditionnelle d'association graphème/phonème, cette méthode préconisée par une agrégée de grammaire (!) a fortement contribué au désastre actuel.

 

Voici une réflexion de fond sur le sujet d'Estelle Manceau, professeur de Lettres :

 

Quelques réflexions sur le socle commun

 

On peut déjà s’interroger sur la place du socle commun par rapport aux programmes : la formulation du texte* est en effet extrêmement ambiguë " Bien que désormais il en constitue le fondement, le socle ne se substitue pas aux programmes de l’école primaire et du collège ; il n’en est pas non plus le condensé. Sa spécificité réside dans la volonté de donner du sens à la culture scolaire fondamentale, en se plaçant du point de vue de l’élève (…) ". Qu’est-ce que cela signifie ? Cette formulation reprend un cliché : les programmes ne constitueraient qu’un empilement de connaissances dans lequel les élèves ne verraient aucun sens. Le socle serait une sorte de synthèse, unifiant les connaissances dispersées parmi les différents programmes dans un but cohérent. On peut déjà contester le fait de se placer " du point de vue de l’élève " : ce sont en réalité les concepteurs du socle qui imposent le sens qu’ils souhaitent à l’élève, alors que c’est justement en intégrant les connaissances définies dans les programmes que l’élève leur trouve un sens. En outre, nous avons ici le risque d’un tri dangereux et arbitraire, entre ce qui pourra trouver sa place dans l’objectif global défini par le socle, et ce qui en sera exclu ; ce tri risque d’être à la fois qualitatif (définition d’un socle réduit) mais aussi idéologique (le choix des compétences retenues valorise un certain type de société et d’individu).

 

Le socle met en avant sept compétences : cinq déjà mises en œuvre (maîtrise de la langue française, pratique d’une langue vivante étrangère, mathématiques et culture scientifique et technologique, techniques usuelles de l’information et de la communication, culture humaniste) et deux auxquelles on a porté moins d’attention jusque-là (compétences sociales et civiques, autonomie et initiative des élèves). Cette structuration en compétences a déjà pour but de casser l’organisation de l’enseignement par disciplines, ce qui ne constitue pas une tentative nouvelle : les compétences énumérées pourraient être enseignées dans toutes les disciplines et celles-ci concourent toutes à l’acquisition du socle ; la conclusion de l’annexe du décret conclut sur l’aspect global du socle (à l’inverse d’une division en disciplines). On peut deviner quelles conséquences concrètes cela pourrait avoir : plus aucune discipline ne devient vraiment indispensable, il sera donc possible de diminuer les horaires ; c’est aussi une manière de préparer le terrain pour les professeurs bivalents.

 

En outre, la liste de ces compétences m’inspire de réelles inquiétudes quant à leur contenu. D’abord, on remarque de grands absents, l’histoire et géographie, les langues anciennes, l’EPS, les sciences physiques, les sciences naturelles, la langue vivante 2 ; je laisse de côté la philosophie, puisque le socle concerne l’école primaire et le collège, mais que dire d’un socle censé être le " ciment de la nation ", privé d’une originalité remarquable de l’enseignement français ? Mais cela pose la question de l’âge de la scolarité obligatoire et de la poursuite d’études après le brevet. On remarque aussi qu’en structurant le système par le socle, on exclut la dissertation, exercice central dans l’enseignement français. Revenons aux disciplines du collège et examinons leur sort dans le socle

 

L’histoire et la géographie sont noyées dans la " culture humaniste ", de la même façon que sciences naturelles (biologie et géologie) et sciences physiques sont noyées dans la " culture scientifique et technologique " ; on voit ici un risque évident d’abandon de la rigueur propre à l’étude des différentes disciplines : analyser un document historique, ce n’est pas lire un texte littéraire. De plus, le programme des disciplines (même s’il est souvent critiquable) propose un ensemble de savoirs articulés ; le socle commun risque d’aboutir à une vision très superficielle de ces disciplines : il s’agit d’avoir un vernis, d’être capable de soutenir une conversation sur le sujet à un niveau sans doute proche de celui des médias.

 

L’EPS disparaît en tant que discipline, il est éparpillé parmi les différentes compétences, d’une manière qui confine parfois au ridicule : c’est ainsi que dans la compétence " autonomie " après une liste de connaissances concernant essentiellement l’économie, il est mentionné " avoir une bonne maîtrise de son corps, savoir nager " ; si j’avais mauvais esprit, je serais fortement tentée de donner un sens figuré à l’expression " savoir nager ". Cette fragmentation de la discipline aboutit aussi à sa récupération idéologique, puisque dans les capacités développées par la " culture humaniste " il est demandé de " développer par une pratique raisonnée, comme acteurs et comme spectateurs, les valeurs humanistes et universelles du sport " ; notons au passage la démagogie qui consiste à " caser " le sport dans la culture humaniste, car je ne crois pas du tout à une référence à la culture gréco-romaine (ou alors les rédacteurs n’auraient rien compris au rôle du sport dans l’Antiquité) ; on le voit aussi dans la rubrique " capacités " de la culture scientifique " comprendre le fonctionnement de son propre corps et l’incidence de l’alimentation, agir sur lui par la pratique d’activités physiques et sportives ". Le sport est donc avant tout compris comme un instrument du contrôle social de l’individu : contrôle du corps, avec toutes les dérives qu’entraîne cette conception (l’idée selon laquelle on est totalement responsable de son propre corps est très pernicieuse sur le plan personnel et elle est source d’un conformisme physique dangereux), contrôle social, le sport étant associé, de façon parfois illusoire, à la solidarité, au respect des règles. Cette vision du sport est réductrice, car il n’a pas forcément vocation à transmettre des valeurs, et celles qu’il véhicule sont parfois très contestables ; je souhaiterais que les auteurs du texte (re ?) lisent W ou le souvenir d’enfance de Georges Perec.


Les disciplines que je viens d’évoquer ont au moins le privilège d’apparaître dans le socle ; mais je suis extrêmement inquiète en ce qui concerne les langues anciennes, qui en sont totalement absentes ; dans la " culture humaniste ", il est fait allusion aux textes antiques, mais jamais aux langues anciennes ; qu’est-ce qu’une " culture humaniste " privée de ce qui est au coeur de l’Humanisme, la découverte des textes dans leur langue d’origine ? Il est étonnant également que la " maîtrise de la langue française " et la " pratique d’une langue étrangère " oublient cet atout essentiel qu’est la connaissance du latin ou du grec.

La mention d’une seule langue vivante dans le socle commun donne évidemment, même si ce n’est jamais dit explicitement, une place de monopole à l’anglais.

Je suis également inquiète quand je vois les " techniques usuelles de l’information et de la communication " mises en avant : le medium est donc mis sur le même plan que le contenu : nous assistons là à une véritable dérive, puisque les élèves sont incités à imiter le modèle superficiel, fondé sur l’apparence, que leur offrent les médias ; savoir communiquer devient aussi important, peut-être plus, que savoir tout simplement. Le texte définit cette " compétence " en disant " La culture numérique implique l’usage sûr et critique des techniques de la société de l’information " ; or, ce qui permet cet " usage sûr et critique ", c’est le savoir. Le texte insiste également beaucoup sur la notion de " responsabilité " dans l’usage de ces techniques : redouterait-on un usage plus subversif, pourtant déjà avéré ? Les concepteurs du socle n’ont même pas le courage d’assumer jusqu’au bout leur confiance dans les TIC.

 

Définir " l’autonomie et l’initiative " des élèves comme une compétence, n’est-ce pas absurde ? L’autonomie et l’initiative s’acquièrent avec les connaissances, la pratique régulière des exercices dans les différentes disciplines, cela n’a aucun sens d’en faire une compétence. On observera que " l’autonomie et l’initiative " recouvrent l’orientation et la connaissance de l’environnement économique ; pour les rédacteurs, environnement économique = entreprise (et l’Etat, dans tout ça ?) ; le texte préconise " une ouverture d’esprit aux différents secteurs professionnels et la conscience de leur égale dignité " : il s’agit ici d’inciter les élèves à s’orienter vers l’enseignement professionnel et l’apprentissage ; je ne doute pas de " l’égale dignité " de tous les secteurs professionnels, mais dans une société où existent de tels écarts dans les salaires, les conditions de travail, la liberté d’agir et de se défendre, dans l’image et la considération, je crains que cette expression n’apparaisse comme un gros mensonge… Enfin, faire de l’orientation une compétence, n’est-ce pas oublier que le but de l’école est d’abord de donner l’instruction la plus complète possible, seule vraie garantie d’une orientation judicieuse, quel que soit le domaine professionnel choisi ?

 

Plus grave encore, définir des " compétences sociales et civiques " me semble un danger grave pour la démocratie ; qui décrète qu’un citoyen est compétent ou non ? Comment évaluer ces compétences ? Les enseignants eux-mêmes ont-ils ces compétences " civiques " ? Le risque de formatage idéologique est évident, surtout si l’on évalue ces " compétences " : on voit aussi la confusion que cela entraîne entre civisme et conformité à une norme sociale et morale. Dans les capacités attendues, il est recommandé de " rechercher un consensus " : gare à la différence et à l’audace ! Et gare à la démocratie, système politique qui intègre le conflit des idées et des intérêts dans son fonctionnement même. En outre, le texte propose une définition intéressante de la solidarité : " nécessité de la solidarité : prise en compte des besoins des personnes en difficulté (physiquement, économiquement) en France et dans le monde " : cela ressemble plutôt à de la charité (que je ne considère pas forcément comme un mal, mais qui n’est pas l’objectif de l’école) ; mettra-t-on un bonnet d’âne à ceux qui refusent de vendre des petits pains à l’occasion du prochain raz-de-marée ? Ne devrait-on pas plutôt donner les moyens aux élèves de réfléchir à l’organisation des sociétés, à leur économie, à leurs systèmes politiques ?

 

Le risque de formatage est donc aussi psychologique, puisque le préambule du socle définit ce que sont les " attitudes indispensables tout au long de la vie " : " ouverture aux autres, le goût pour la recherche de la vérité, le respect de soi et d’autrui, la curiosité et la créativité ". Si certaines des qualités énoncées sont incontestables, on peut souligner la démagogie et le conformisme de ce portrait d’un individu idéal ; quelle va être la place des timides, des discrets, de ceux qui ne brandissent pas une nouvelle idée, un nouveau " projet " à tout instant ? Etre compétent ne signifie pas forcément être créatif : là encore, on risque de favoriser outrageusement l’individu qui sait se mettre en avant, pas nécessairement le plus savant ou le plus… compétent. Que signifie de plus l’éloge systématique de la " créativité " dans une vision si uniforme des individus ? Nous sommes ici en contradiction avec la recherche du consensus réclamée plus haut : un individu créatif est parfois celui qui justement sait aller contre une opinion consensuelle.


Bien sûr, on se réjouit de l’accent mis sur la maîtrise de la langue française, en particulier sur l’orthographe et la grammaire. Mais la définition de cette compétence comporte des points à mes yeux inquiétants ; d’abord il est dit que " la fréquentation de la littérature d’expression française est un instrument majeur des acquisitions nécessaires à la maîtrise de la langue française " : même si la lecture des œuvres littéraires concourt à la maîtrise du français, il me semble réducteur de ne la faire apparaître que comme un outil pour apprendre la langue (on retrouve les travers de l’enseignement en séquences) ; il est regrettable que l’inverse ne soit pas dit, à savoir qu’il faut maîtriser le français pour accéder aux œuvres littéraires ; est-il si inconcevable de présenter la lecture d’une œuvre littéraire comme un but en soi ?

 

Autre problème, en affirmant que l’acquisition de la langue française est le rôle de toutes les disciplines, on légitime la réduction des horaires alloués à la discipline. J’ai déjà soulevé la question pour l’ensemble des disciplines, mais c’est bien en français que la réduction des horaires a eu les conséquences les plus catastrophiques.

On observe une autre perversion de la fragmentation en compétence : le développement de l’esprit critique devient l’apanage de la culture scientifique et technologique, alors que la maîtrise du français y joue un rôle essentiel. Cela prouve un peu plus l’aberration de cette structuration en " compétences ".


La définition de la compétence " pratique d’une langue vivante " comporte des éléments dangereux, en particulier la mention du " cadre européen de référence pour les langues ", conçu par le Conseil de l’Europe, avec la précision du niveau A2 comme objectif. Pourquoi ne pas élaborer des références proprement françaises et pourquoi surtout abdiquer notre capacité à évaluer les élèves selon nos propres critères ? On peut redouter des ambitions très limitées pour l’enseignement des langues, surtout si on relève les buts énoncés " des situations courantes de la vie quotidienne ", " bref propos
 ", " brève intervention ou échange court " ; par ailleurs dans les " attitudes " (je ne m’explique pas le choix de ce terme autrement que par l’obsession des apparences) préconisées, on recommande la lecture du journal, la consultation des médias, le visionnage des films, mais le livre n’apparaît pas.


Cette insistance sur la " vie quotidienne " revient régulièrement dans la compétence " mathématiques, culture scientifique et technologique " : on peut relever " compréhension de l’univers quotidien
 ", " approches concrètes et pratiques ", la résolution de problèmes " à partir de situations proches de la réalité ", plus loin " le fonctionnement d’objets de la vie courante " ; or l’approche de la science par la vie courante est une impasse, car cela fait intervenir des notions très complexes. On remarque aussi une atteinte à la liberté pédagogique, puisque il est fortement recommandé de faire appel à " l’habileté manuelle ", et que plus loin la méthode de " la Main à la pâte " est explicitement mentionnée ". Il est dangereux d’orienter ainsi les pratiques pédagogiques. On peut aussi regretter l’influence de l’actualité médiatique (puisque dans les " capacités ", les élèves doivent être capables de comprendre le discours médiatique sur les sciences), qui impose une vision à court terme : la science et les média sont deux domaines évolutifs par nature ; ce sont donc les notions qui doivent s’imposer dans un ordre cohérent, indépendamment de l’air du temps. Et là encore, on retrouve la volonté de donner un cadre idéologique à l’enseignement puisqu’il est écrit que " les élèves doivent comprendre que les sciences et les techniques contribuent au progrès et au bien-être des sociétés " ; je suis la première à reconnaître les bienfaits de la science et de la technologie, mais on n’a pas à imposer cette idée dans la tête des élèves : après tout, tout le monde a le droit de penser le contraire (ne voyez pas dans ma remarque une volonté de retour aux cavernes !).


Bien sûr, je l’ai déjà en partie évoqué, je n’ai pas du tout le même avis que les auteurs sur ce que doit être la " culture humaniste " : elle est définie ainsi " la culture humaniste participe à la construction du sentiment d’appartenance à la communauté des citoyens " ; la volonté de rassembler apparaît très nettement dans ce chapitre du texte, puisque vers la fin on lit " Elle [la culture humaniste] développe la conscience que les expériences humaines ont quelque chose d’universel ". Je suis étonnée (mais je m’exprime là avec toute ma subjectivité) que l’on utilise à ce point la culture humaniste comme un instrument de cohésion sociale. La culture humaniste permet aussi de prendre conscience de sa singularité : en tout cas, elle ne saurait être récupérée pour construire une illusion de communion universelle.

 

Estelle Manceau

 

* B.O. n° 29 du 20 juillet 2006 : Socle commun de connaissances et de compétences

10/2006

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Du désir d'apprendre

 

Généralement, les enfants, surtout s'ils sont très intelligents, posent de nombreuses questions et insistent parfois pour mieux comprendre.

Les petits apprennent aussi en observant les grands et en les imitant.

Quand on s'aperçoit qu'un enfant manque d'intérêt, il faudrait essayer de trouver ce qui pourrait le motiver et le tirer de son indifférence.

Petite fille, je n'aimais que le jeu. Contrainte d'aller à l'école, je m'y sentais malheureuse. La période de récréation, où je pouvais être moi-même, me paraissait vraiment trop courte.

Au secondaire, dès la première année, sortie du purgatoire, je me suis trouvée dans un ailleurs passionnant.

Les cours de français m'enivraient, les cours d'histoire me fascinaient, les cours de physique et de chimie faisaient mes délices. Mon ravissement était provoqué par la façon talentueuse dont ces matières étaient présentées.

À la faculté de Droit d'Alger, je fus comblée par la manière particulièrement intéressante qu'avaient les professeurs pour transmettre leur savoir. C'étaient des êtres cultivés,qui me donnèrent l'envie de m'instruire.

Apprendre demande à faire des efforts soutenus et parfois décourageants. On ne persévère que si le désir demeure malgré tout intense parce que l'on a côtoyé des personnes stimulantes, préoccupées par l'élégance et la beauté qui accompagnent le savoir et la créativité.

Il est triste de constater que la médiocrité devient de plus en plus acceptable et bien peu souvent critiquée.

4 septembre 2012

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ADMINISTRATEUR GENERAL

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Manolo Yanes

"Mythochromie"

Peintures

 

Exposition du 05/09 au 23/09/2012

De 11h 30 à 18h 30

Vernissage le 05/09/2012

De 18h 30 à 21h 30

 

 

Peintre de la transcendance

 

Les maîtres du Quattrocento et ceux du XXe siècle jalonnent la réflexion et le parcours pictural de Manolo Yanes. Il les a assimilés dans son œuvre parvenue à maturité. Assimilation qui lui permet de créer un univers à part entière à la symbolique très forte.

 

Né à Santa Cruz de Ténérife (Îles des Canaries) en 1957, il est viscéralement habité par la mythologie grecque, dont il décline tous les thèmes étonnamment proches du quotidien des hommes et en même temps de l’inconscient humain. Sa peinture se situe à la même charnière que la psychanalyse, sauf que ce sont des images au lieu des mots qui explorent ce questionnement fondamental de nos origines à travers la mythologie grecque.

 

Mythologie dont il s’est sans nul doute imprégné lors de ses études de Géographie et d’Histoire à l’Université de La Laguna à Ténérife, puis de dessin et de peinture à l’Ecole des Beaux-Arts, Santa Cruz de Ténérife. L’autre source d’inspiration est le surréalisme auquel Manolo Yanes fait toujours référence comme en un clin d’œil à l’esprit de ses maîtres.

 

Dans ses derniers travaux (Pastorale, Pothos, Hortus conclusus), il prend clairement son envol, en faisant siennes toutes les références passées, à travers la création minutieuse d’un cadre récurrent qui ouvre le champ d’une transcendance spectaculaire.

 

C’est sans doute là la clé d’entrée dans l’œuvre de Manolo Yanes : la recherche incessante d’une transcendance par l’expression picturale de la beauté charnelle.

 

Une fois adopté un thème qui le hante, Manolo Yanes le décline en autant de toiles qui forment une série dont la totalité exprimera l’idée initiale, dans toute sa splendeur, juste avant épuisement de la source d’inspiration. Une fois conçus les dessins de chaque toile, tel un démiurge façonnant le squelette des êtres, Manolo Yanes place sur les toiles des alignements de points en arcs de cercle et verticales, évoquant une mystérieuse géométrie symbolique, qui offre une voûte céleste à ses personnages en quête d’absolu et ouvre sur le silence des espaces infinis.

 

C’est dans ce cadre strict, que l’artiste donne vie aux différentes scènes, exprimant la liberté de ses couleurs, donnant du relief et de la matière à ses toiles. C’est dans ce cadre, que se raconte l’histoire de nos origines, se dit la sensualité des corps, s’exprime aussi le monde contemporain matérialiste.

 

Dans la série intitulée Pothos, la mise en scène de chaque tableau est aussi répliquée à l’identique avec la présence d’un personnage de la mythologie associé à un objet du monde moderne qui fait écho à son histoire. Association qui rend ludique la lecture du tableau.

 

Autre thématique ludique traitée de la même manière : la création d’un espace onirique et en même temps hyperréaliste autour d’Alice en son pays des merveilles, sublimée en un magnifique triptyque.

 

L’univers de Manolo Yanes constitue un raccourci saisissant de Fra Angelico à Dali avec à la clé, la création et la maîtrise de couleurs très spécifiques – au ton pastel avec des touches presque fluorescentes. Au-delà des thèmes mythologiques, ses couleurs montrent un continuum où l’on reconnaît la perfection de son style.

 

Dans sa recherche obstinée de la beauté, l’œuvre de Manolo Yanes vise une transcendance où l’intemporalité et la richesse des références offrent au regard des autres le plaisir d’une découverte tant intellectuelle que sensuelle.

 

Sylvie Darreau, Urrugne, le 1er juillet 2009

 

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Angela Magnatta

"Femmes-combats et rêves"

Affiches

 

Exposition du 05/09 au 23/09/2012

De 11h 30 à 18h 30

Vernissage le 05/09/2012

De 18h 30 à 21h 30

 

 

Parcours

 

Diplômée de l'Ecole Boulle, Angela Magnatta est graphiste de profession. Elle a travaillé de nombreuses années dans une importante agence de publicité parisienne, au service d’imposantes marques et multinationales. En 2009, elle débute son activité en free-lance et commence également à se pencher sur ses travaux personnels.

 

Commençant son parcours d’artiste en exposant ses peintures, elle décide, par la suite, de se concentrer sur la création graphique en mettant en exergue son savoir-faire dans une démarche purement artistique.

L'essentiel de son œuvre est, dès lors, dédié à la création d'A che. Elle conçoit l’A che comme une œuvre, en la libérant de tout message propagandiste et publicitaire, L’A che est déviée de tout contenu vulgaire, retrouvant alors sa place noble : le papier, sur lequel on écrit et on dessine, devenant ainsi le réceptacle de l’imagination, de pensées et émotions. Le thème unique de son travail est La Femme, elle parle d'héroïnes, de pionnières, de combattantes pour les droits de l’Homme et de la Femme, mais aussi de femmes invisibles, inconnues ou oubliées.

 

Ce travail naît d’un besoin de mettre en image ses réflexions et de rendre hommage aux

Femmes en rappelant leurs luttes et leurs mérites... leurs combats et leurs rêves.

 

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Jean-Pierre Mazubert

"De pierre et de mer inconnue"

Sculptures

 

Exposition du 05/09 au 23/09/2012

De 11h 30 à 18h 30

Vernissage le 05/09/2012

De 18h 30 à 21h 30

 

Né en 1958 Tailleur de pierre "Ornemaniste " Académie des Arts d'Ixelles (Bruxelles)

 

Comme dans les sculptures de l'art Africain, la question n'est pas de trouver une ressemblance d'après un modèle, mais d'essayer de reproduire via la sculpture, une entité douée de vie, comme c'est le cas dans l'art classique. La sculpture cubiste ne fonctionne pas comme un miroir de la réalité, mais en dissociant le contenu de la forme. Ce qui rend cet art difficile vu l'absence de détails, tout en devant restituer clairement le motif représenté.

 

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Olivier Filleul alias Ofil

"De pierre et de mer inconnue"

Peintures

 

Exposition du 05/09 au 23/09/2012

De 11h 30 à 18h 30

Vernissage le 05/09/2012

De 18h 30 à 21h 30

 

Démarche artistique :

 

« C’est en janvier 2009, sur un coup de colère, que je me suis lancé dans l’aventure de la peinture, en vue d’essayer de témoigner et de sensibiliser mes contemporains sur la fragilité et l’urgence à sauvegarder un cadre de vie, un patrimoine qu’il soit naturel, bâti ou de main d’homme en pleine déshérence.

Mon but est de témoigner de la beauté fragile des paysages essentiellement bretons ; je cherche à partager avec l’observateur, l’émotion qu’a provoqué en moi la vue d’un lieu, une atmosphère, qui de prime abord peuvent paraître quelconque mais qui recèle pour celui qui veut bien se donner la peine de regarder, de ressentir, une beauté simple mais vraie. Il s’agit pour moi d’essayer de sublimer un lieu, un instant, d’attirer le regard et l’attention sur des lieux menacés à plus ou moins long terme de disparition et peut-être susciter l’envie de les admirer et pourquoi pas, de les protéger. »

 

 Préface pour Olivier Filleul « Ofil »

 

" La peinture serait-elle sous influence, un art soumis au caprice du temps ? Il y a quelques décennies, tous ou presque annonçaient sa mort. Peu d’années auparavant, on ne valorisait de tous côtés qu’une tendance révolutionnaire, surgie dans les premières années du siècle pour dominer toutes les expressions et rénover radicalement la plastique. Pour nommer le changement, on hésitait, l’annonçant tantôt abstraction, tantôt non-figuration : autant proclamer son caractère radical ! Mais on le constate, la tradition millénaire avait la peau dure. De plus, à Barbizon comme à Pont-Aven, en passant par la vallée de la Seine, le XIXe siècle l’avait élaguée, oxygénée. Aussi le réalisme résistait-il, florissant, voire épanoui bien que la mode lui fût contraire.

 

Et dans ses trois composantes principales, la figure, l’objet, le paysage, son pouvoir d’attraction restait intact sur tant d’artistes, émérites ou débutants.

 

De fait, lorsque lui pesèrent les contraintes de la vie parisienne et le tracas professionnel de la gestion, la nature séduisit Olivier Filleul, l’engageant à la rupture ; à ses yeux, la campagne, la province n’avaient en rien perdu leur charme. Après quelques pérégrinations insulaires, il s’établit en Bretagne, choisissant le bocage, peu éloigné des polders dégagés du pays de Dol ou des anses, des ports de la côte. Le pari de ce virage hardi paraissait téméraire. Même s’il avait toujours baigné dans le milieu – ses parents et ses grands-parents étaient peintres – la distance reste longue entre affirmer par le dessin un talent de caricaturiste et vivre de ses gouaches, sur une terre où de surcroît les peintres pullulent en tout endroit. Mais depuis 2009, la volonté fut tenace et le travail assidu, moins pour découvrir des sujets (tous avaient été exploités depuis deux siècles) que pour définir une façon nouvelle de les traiter.

 

Là, l’originalité du jeune peintre s’affirme déjà et il convient d’y voir un signe des plus encourageants. D’abord, le réalisme le porte à traiter des champs, les prés, les haies, les ruisseaux et les chemins ruraux et il s’efforce d’en saisir ce qu’il appelle « le mystère ». Mieux, l’artiste lève les yeux vers la lumière haute et la masse des nuages qu’il perçoit lourds, épais. Il sait les traiter de gris et de noir ; il capte au sol les trouées claires, les taches de soleil, jouant avec finesse des reflets, des flaques, des ornières, ultimes traces de l’averse récente. Ce faisant, il entre de plain-pied dans une traduction subtile du paysage breton, retenant l’essentiel : le caractère maritime, mais aussi l’accessoire : les clôtures, les arbres émondés, le contraste entre le clos et l’étendue ouverte. Existe-t-il, pour un peintre, meilleur signe de réussite qu’approcher le secret d’un pays, que dépasser la petite réussite de ceux qui l’on précédé ?

 

Voilà le but déjà deviné et sitôt visé : imprimer sa vision au paysage et la faire reconnaître par tous, comme autrefois John Constable en 1816, face aux nuées au-dessus de Weymouth Bay, ou Rosa Bonheur modelant en 1849 la terre épaisse, labourée par les bœufs blancs du Nivernais, sans oublier le rapport qu’en 1895 sut établir Henry Moret, entre la fin de l’hiver et le sol rose violacé que l’on roule en avril. Autant d’images vraiment inoubliables, qui transformèrent le regard commun sur la nature. Puisse Olivier Filleul suivre cette voie difficile et marquer son art d’une empreinte indélébile."

 

René Le Bihan (Août 2011)

- ancien conservateur du musée des Beaux-Arts de Brest (1964-2002)

- critique d’art, écrivain.

Espace Art Gallery

35 rue Lesbroussart

Ixelles

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Gregorio Allegri : la voix des anges

Né à Rome en 1582, Gregorio Allegri fut tout d’abord soliste à la maîtrise de l’église Saint-Louis des Français (1591/1596). Devenu prêtre, il fut admis, sur concours, le 6 décembre 1629, dans le chœur de la chapelle Sixtine, au Vatican, où il travailla jusqu’à sa mort, survenue en 1652, en tant que chanteur et  maître de chapelle.


L’un des rares témoignages que nous possédions sur sa vie personnelle le décrit comme « fortement disposé à la charité, visitant les prisons quotidiennement pour offrir aux prisonniers toute l’aide dont il était capable ».

 Composé en 1638, Le Miserere (Miserere mei, Deus) demeure son œuvre la plus célèbre. Il s’agit de la mise en musique du célèbre psaume L qui contient, selon la tradition, la supplication du roi David en proie aux remords. Au-dessus des versets chantés à 4 parties (Bassus, tenor, altus, cantus II)  par un chœur à  8 voix (deux par partie), un sopraniste chante un déchant (cantus I), extrêmement orné, un « abellamenti », qui était, au XVII° siècle, en grande partie improvisé.
 
Chanté à la chapelle Sixtine, une fois l’an, au cours de la Semaine Sainte, à la fin de l’Office des Ténèbres, pendant que le pape et les cardinaux s’agenouillaient et que l’on éteignait un à un les cierges de la chapelle, Le Miserere fut longtemps entouré d’une aura de mystère : les papes gardèrent le manuscrit secret pendant plus d’un siècle, la publication en étant interdite sous peine d’excommunication. Le secret fut éventé en 1770 lorsque Mozart, alors âgé de 14 ans, l’entendit à Rome, pendant la Semaine Sainte et  transcrivit Le Miserere de mémoire après seulement deux auditions.

« La beauté est une promesse de bonheur », disait Stendhal. Le bonheur qu’il est donné, dans ce chant, d’entrevoir, est presque insoutenable de n’être que promesse. Mais il y a aussi dans ces voix d‘enfants, l’enfance terrestre, notre « pommier en fleurs » qui veille à jamais dans le jardin de la mémoire.

 Il y a encore la « sainte enfance » dont parlait Charles Péguy, celle qui nous offre, dans le miracle d’un sourire, la bouleversante sincérité d’un cœur sans détours…Vertige d’opale, leur voix a la fraîcheur d’une brassée de fougères… Secrète transparence, énigme dont le temps est chiffre… et la douleur.                   

Le Miserere d’Allegri: déchirante vibration d’une nostalgie douloureuse mêlée d’une indicible espérance.

Plus encore peut-être que ces voix d’enfants, ce qui émeut, c’est le contraste avec les voix d’adultes et ce mélange de crainte, de respect, de tendresse et d’admiration éperdue des adultes, que l’on imagine retenant leur souffle au moment de l’envol du sopraniste vers le « Très Haut » (« Altissimus » )…C’est ainsi qu’il faudrait laisser les enfants « s’élever ».

 La musique  n’est pas un simple divertissement, elle est le chant de la terre et des étoiles, le bruissement continuel de l’âme, l’en-deçà indicible de la parole. Des œuvres comme Le Miserere de Gregorio Allegri existent pour nous le rappeler.

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Bonjour à tous,
 
 
En tant qu'auteur moi-même, je suis heureux de vous annoncer que j'organise :
La première foire du livre neuf (et des métiers qui y sont liés) de Blégny.
Elle se déroulera les 13 et 14 octobre 2012 et se voudra haut de gamme.
Elle aura lieu dans les halles du site très connu et fréquenté de Blégny-Mine http://www.blegnymine.be/
 
En tant qu'acteur du monde littéraire, vous y êtes conviés.
Auteurs, dessinateur de BD, éditeurs, libraires, métiers du livre et du papier, illustrateurs, vous êtes tous les bienvenus.
Réservez vite votre emplacement et n'hésitez pas à me contacter pour obtenir le formulaire d'inscription.
Un événement qui sera relayé par les médias locaux et par la province de Liège.
 
 
PLUS D'INFOS SUR :WWW.LARTDELIVRE.SITEW.BE
 
 
Merci de l'attention que vous porterez à ce billet d'information,
 
 
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Priez pour que le Printemps revienne !

Bouche au ciel, les chevaux forcenés des fontaines pleurent dans leurs prisons de pierre... Une couronne rayonne en entrelacs compliqués... Les parcs exhalent la vaste fraîcheur des valses... Des fantômes tristes et anciens hantent la gloire abolie des palais déserts...

Comme un triste bruissement de fontaine, comme la joie inaccessible d'une claire matinée de neige, comme une barcarolle désaccordée, comme une jubilation secrète, prisonnière du gel et du temps...

Vieille Europe, je te porte en moi...

"Oui, je suis vieille, j'ai trop porté le poids de la douleur, mais je suis belle encore...

 

Priez pour que le printemps revienne !"

Prague, la couronne, le fleuve, la ruelle des alchimistes, la boutique des orfèvres, la nuée des anges extasiés...

Le lierre obscur du cimetière juif et le regard hanté de Kafka... Il erre dans les ruelles de Mala Strana... Sur le cœur de la nuit privée d'étoiles, au-dessus du chemin qui mène au camp de Theresin, les bourreaux ont cousu des étoiles de David. Le golem du rabbin Löw ne protège plus le ghetto de Josephov. Ils ont brisé les vitres de la synagogue, ils ont ouvert les portes de l'enfer.

Une famille juive célèbre la Pâque dans une pauvre maison, quelque part en Biélorussie... Le grand-père porte encore le caftan traditionnel.  La joie brille dans les yeux, la joie brille dans les cœurs, le vin brille dans la coupe... "L'année prochaine à Jérusalem !"

Que deviendront-ils ?

Un train à vapeur chemine interminablement dans l'océan de la plaine. Le Palais d'Hiver est tombé, mais ce n'est pas le printemps. Les nouvelles vont plus vite que le bonheur. Mais pour les cœurs que réjouissent la pie perchée sur la barrière, non, ce n'est pas le même hiver.

"Demain, la Russie sera belle !"

... Demain !

Un vieil homme lit Finigan's Wake dans une bibliothèque dévastée à Londres, à la lumière des projecteurs de la DCA, dans le fracas de bombes et le sifflement doucereux des V2...

Un vieil homme lit Le général de l'armée morte à Sarajevo, dans la bibliothèque dévastée.

Priez pour que le printemps revienne !

"Heureux les pauvres, heureux les doux, heureux ceux qui pleurent, heureux les affamés et assoiffés de justice, heureux les miséricordieux, heureux les cœurs purs, heureux les persécutés pour la justice... "

Là-bas, en Russie, à la lisière d'un village près de Kostroma, dans l'Anneau d'or, une jeune fille porte les espoirs et les tourments de tous... Son cœur est le monastère intérieur, la poustinia... Bientôt, il n'y aura plus d'églises, plus de monastères, plus de prêtres, plus de moines, plus d'ermites... Tout disparaîtra dans la nuit de la dictature. Mais la poustinia, le monastère intérieur de ceux qui portent le monde entier dans leur cœur, quelle nuit pourra l'engloutir ?

Dans les sous-bois embaumés des fées du Limousin, parmi les fraîches jaseries des geais aux couleurs éclatantes, un enfant ramasse des champignons.

Quand la nuit tombe pour la première fois sur la vieille Europe, il part à son tour, à 17 ans, vers le grand casino de la mort. De la Galicie, du Chemin des Dames, des Dardanelles, il ne dit rien. Il n'est pas de ces anciens combattants qui ressassent "leur" guerre. Il porte au cou la cicatrice d'un coup de baïonnette. Ses poumons lui font mal... Le gaz moutarde.

Pendant les grandes grèves ouvrières de 1936, sa femme, la souris de Cendrillon, lui passe son casse-croûte à travers les grilles de l'usine. Il est mal vu quai de Javelle. Il fait partie des "meneurs". Il sera bientôt licencié.

Bouche au ciel, le cheval fou de Guernica agonise avec la République espagnole.

Quand une nuit plus noire encore engloutit, pour la deuxième fois, la vieille Europe, l'ange de la dignité le tient toujours par la main.

Il arpente Les falaises de marbre, il cherche dans le grand livre de Dieu le sens de tant de malheurs. Il prie pour que le printemps revienne.

 

"Heureux les pauvres, heureux les doux, heureux ceux qui pleurent, heureux les affamés et assoiffés de justice, heureux les miséricordieux, heureux les cœurs purs, heureux les persécutés pour la justice..."

 

Les déportés, les internés, les fusillés, les martyrs de la Résistance...

 

Geneviève Anthonioz de Gaulle, qui grignotait à Ravensbrück le pain des anciens poèmes...

 

Celui qui souriait à la mort...

 

Alberto, l'ami de Primo Levi, "l'homme fort et doux contre qui venaient s'émousser les portes de la nuit"...

 

Les fusillés de Châteaubriant, les maquisards du Vercors, les enfants d'izieux, les martyrs d'Oradour-sur-Glane...

 

"Le pays qu'on enchaîne"...

 

"Paris ! Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! ..."

 

Les résistants allemands, les enfants de la rose blanche... Alfred Stancke, le franciscain de Bourges, le sourire dans la prison, la bonté qui allège...

 

" - Mais qui es-tu, frère franciscain, et pourquoi risques-tu ta vie pour des inconnus et même pour des ennemis de ton pays ?

 

  - Tout homme qui souffre est l'ami d'Alfred, quel qu'il soit, quelle que soit la couleur de sa peau, quelles que soient sa religion, son origine, sa nationalité, quoi qu'il ait fait pour mériter la prison... "

 

Ceux qui ont grandi dans la guerre et que la guerre n'a pas grandis car ils n'étaient pas faits pour le malheur...

 

Celui qui demanda pardon...

 

Celle qui pardonna...

 

Joseph Roth : "J'écris pour que le printemps revienne."

 

Paul Celan, écrivant, après la Shoah, Les pavots de la mémoire, dans l'ombre de sa mère assassinée : "Le lait noir de l'aube, nous te buvons la nuit nous te buvons midi la mort est un maître venu d'Allemagne son œil est bleu elle te frappe d'une balle précise elle te frappe... Tes cheveux d'or Margarete, tes cheveux de cendre Sulamith..."Paul Celan, tombé du Pont Mirabeau...

 

"Comme la vie est lente

Et comme l'Espérance est violente."

 

Michael Boulgakov : "camarade Staline, laissez-moi écrire ou faites-moi fusiller !"

 

Alexandre Soljénitsyne, le cri du goulag, la mémoire espérante...

 

Jan Palach, qui devança le jour...

 

Jerzy Popieluszko, qui donna sa vie pour ses amis.

 

Primo Levi, le dernier homme...

 

Le poète roumain Radu Marès , qui un jour ne m'a plus jamais écrit et que je n'ai pas su aider.

 

Celui qui servit de modèle au starets Zossim des Frères Karamazov : " Chaque homme est coupable devant tous et pour tous, seulement les hommes l'ignorent, s'ils l'apprenaient, ce serait aussitôt le paradis."

 

Lanza del Vasto, l'ami de Gandhi, le serviteur de la Paix, le pèlerin prophétique qui repose, en vêtements de noces, à la Borie Noble, près de Lodève, veillé par les flammes des grands pins.

 

Janusz Korczak, le raccommodeur d'enfants, qui partit pour Treblinka avec les orphelins du ghetto de Varsovie...

 

Serge de Beaurecueil, l'ami des enfants d'Afghanistan et de partout, le partageur de pain et de sel, le merveilleux témoin du Christ des cœurs purs...

 

Les victimes de la folie humaine, ceux de la guerre, qui est la pire de toutes les folies...

 

Celui qui s'inclina devant l'infortune d'Oscar Wilde en le saluant respectueusement de son chapeau soulevé au milieu de la foule hurlante...

 

Ceux qui n'insultent pas le malheur...

 

Ceux qui l'allègent...

 

Ceux qui préservent en eux le précieux capital de la sympathie humaine...

 

Ceux qui ne tuent pas ceux qu'ils aiment...

 

"Un signe grandiose apparut dans le ciel : une Femme ! Le soleil l'enveloppe, la lune est sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête ; elle est enceinte et crie dans les douleurs et le travail de l'enfantement..."

 

Manhattan, Grosny, Bagdad, Kaboul...

 

Le monde a changé de millénaire, mais dans le monde, rien n'a changé...

 

Le monde a faim, le monde a soif, le monde a peur... Le monde gémit sur la croix.

 

Vieille Europe, je crois en toi... Retourne aux eaux de ton baptême, réconcilie, soulage, guéris, instruis et aide avec respect ; sois la lumière et la tendresse !

 

Bernard, osseux amoureux courroucé qui bâtit la maison de l'Ange, François, troubadour de la Haute Joie et benoît, clairière du silence, saint patron de la vieille Europe... Thomas, le bœuf de la crèche et l'intelligence de l'Ange, traçant son sillon dans le champ du Très-Haut... Dominique, assis, doucement pensif, une main apputée à la joue, une étoile au front, l'intelligence du cœur... saint Paulin de Nole, dont la porte n'était jamais fermée et le malicieux, tendre, cocasse clown de Dieu, Philippe de Néry, avec son chat sur l'épaule... Thérèse d'Avila, l'amour infatigable et Thérèse de Lisieux, l'aube au sourire de myosotis...

 

Priez pour que le printemps revienne...

 

Ô Marie, couronnée d'étoiles

Protectrice de la vieille Europe,

Faites que le printemps revienne !

 

 

 

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Louis II de Bavière

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Souverain du pays des neiges et du royaume de la douleur, ils te bandèrent les yeux, pauvre agneau des outrages : « Devine qui t’a frappé ! »

 

Ils ne pardonnaient pas au roi d’être royal et de haïr la guerre.

 

Edelweiss d’argent blessé par la bassesse, où sont les singes qui te bafouèrent ?

 

 Qui consola les gentianes bleues de ton regard ?

 

Où sont les lanternes de lune du traîneau de cristal où t’emportait la nuit ?

 

Où vit le cygne au chant magique ?

 

Tant d’amour et si peu de partage !

 

Tant de montagnes et de glaciers où nul ne pouvait te suivre !

 

Tant de châteaux et n’habiter nulle part !

 

La foudre qui s’abat choisit les plus beaux arbres.

 

 Désormais consolée d’étoiles, ta solitude se berce à l’infini dans la constellation du cygne.

 

 

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