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Publications en exclusivité (3136)

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administrateur partenariats

 

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Une âme

 

Une âme se promenait, en éveil

Une âme entre mots et merveilles

Un œil attentif sans pareil

Un âme offrant cœurs vermeils,

Accrochant étoiles de miel

Une âme butinait telle une abeille,

Sans relâche et sans sommeil.

Une âme allait et venait en éveil

Une âme entre couleurs et merveilles

offrant musique à nos oreilles...

Afin que chacun au réveil

N'ait que monts et merveilles

Une âme sur le réseau veille...

Robert Paul aux pays des merveilles...

Joelle Diehl

Gloria und credo-Shubert-messe en sol majeur

"La couleur des mots" blog de partenariat dédié à Robert Paul.

 

 

Un partenariat d'

Arts
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Lettres

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                   MICHEL BERNARD : QUAND L’ART DANSE SUR LES EAUX

 

Du 02-05 au 19-05-13, LESPACE ART GALLERY (Rue Lesbroussart, 35, 1050 Bruxelles) a le plaisir de vous faire découvrir les œuvres de Monsieur MICHEL BERNARD, un peintre d’origine suisse dont le talent se mêle au mérite d’exhumer une technique picturale initiée dans les années ’20 et tombée en désuétude au cours des années ’30, celle de la MATIERE LAPIDAIRE. L’eau est l’élément décisif à sa réalisation. Elle détermine sa viabilité. On la nomme également PEINTURE PAR FLOTTAISON. Elle consiste à préparer la peinture en la plongeant dans un bassin d’eau, à la suite de quoi l’on dépose sur sa surface un film infinitésimal très fragile, extrêmement élastique sur lequel l’artiste élabore les sujets. Ceux-ci peuvent varier dans leur posture au fur et à mesure que la pièce est replongée dans l’eau. Enfin, le film est récupéré sur une surface en toile ou dans un moule pour être coulé en « matière lapidaire », ce qui a pour résultat de donner des effets de cristallisation.

Est-ce là l’œuvre d’un peintre ou celle d’un technicien ? En tout cas, c’est assurément l’œuvre d’un artiste car la technique demeure la servante de son discours pictural à la recherche de l’expression.

Il y a manifestement une adéquation entre cette technique et les sujets qu’elle aborde. Sujets oniriques, baignant à l’intérieur d’une nature qui n’en est déjà plus une mais bien le cœur d’un univers personnel où des arbres squelettiques pour la plupart se dilatent à l’intérieur d’une végétation tout en lianes et en fougères étirées, en suspension programmée par la technique de cristallisation précitée, laquelle « fige » le sujet dans sa dilatation et laisse dans le regard du visiteur le souvenir du passage de l’eau.

 

LE RETOUR (40 x 80 cm – peinture par flottaison sur toile et technique mixte)

 

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s’inscrit dans un jeu de perspective où le volume  est segmenté de traits noirs laissant apparaître en son centre la tête d’un loup. Cette œuvre se veut avant tout un manifeste en faveur de la réintroduction de cette espèce dans les forêts.

L’AVENIR EN ROSE (33 x 63 cm – peinture par flottaison sur bois)

 

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est un prétexte à nous offrir une œuvre où l’entrelacs domine dans l’expression de ramages tourmentés, parsemés à l’arrière-plan, par un chromatisme à dominante rose.

Les œuvres de MICHEL BERNARD exposées à l’ESPACE ART GALLERY se caractérisent par ce contraste entre entrelacs torturés et un chromatisme composé de couleurs tendres.

MICHEL BERNARD est un peintre très technique. Bien qu’il ait fréquenté l’Académie de Genève (il fut notamment l’élève de Jean Roll), il a un passé de laborantin. Il a été initié à la peinture précisément par le fils des inventeurs de la « matière lapidaire », ce qui lui permet de composer sa propre chimie pour traiter ses couleurs.

Décidément, ce peintre se situe par son œuvre, au cœur même de la démarche artistique, car il allie l’alchimie du chercheur à la folie de l’artiste.

 

François L. Speranza.

 

Arts 
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Peinture par flottaison (procédé breveté)

 

 

N.-B.: 

Ce billet est publié à l'initiative exclusive de Robert Paul, administrateur général d'Arts et Lettres

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administrateur théâtres

Stanislav Khristenko (Russie, 28 ans)  & Boris Giltburg (Israël, 28 ans)

12272897698?profile=originalStanislav Khristenko (Russie, 28 ans)

Diplômé du Cleveland Institute en 2010, Stanislav Khristenko a commencé ses études au Conservatoire Tchaikovsky de Moscou. Deuxième prix au Concours de Pretoria en 2012, il vient de remporter le Concours International Maria Canals à Barcelone. Ses concerts le mènent à travers les cinq continents. Dès le début des épreuves éliminatoires il a étonné le public par sa stature hors du commun : un alliage étonnant de bienfaisant colosse et de poète fluet dont la patte est d’une efficacité extraordinaire. Un régal d’écoute ! Il n’est pas étonnant qu’il ait choisi la Sonate n. 2 en ré mineur op. 14 (Sergey Prokofiev)  pour débuter son récital. C’est tout lui : une attaque en force qui fait chanter l’instrument et débouche sur de délicates pirouettes. Son jeu vivant et fascinant sonne viril et décidé, le   phrasé est d'une clarté exemplaire, la palette dynamique. Une grande variété de styles anime son interprétation. Hiératique ou trempé de sueur par la transe musicale il agit en véritable force de la Nature tout en maniant le rubato avec délices.  Dream (Frederic Rzewski), joué de mémoire bien sûr,  lui permet des gestes brusques et des grands contrastes. Virtuosité dans les aiguës lâchées par poignées, il égrène des cailloux chargés de mystère dans l’oreille de l’auditeur.  C’est surréaliste et hallucinatoire. Sa Rhapsodie espagnole (Franz Liszt) est un mythe vivant, un pot-pourri d’humeurs ibériques, parsemé de poudre musicale; le pianiste russe imaginatif ne boude nullement son plaisir de jouer et il n’abrite rien moins que la Musique !

 

Une Musique qu’il hume longtemps les yeux fermés, avant de commencer son Concerto n. 23 en la majeur KV 488 (Wolfgang Amadeus Mozart). Le visage est entre la torture et la félicité. Le colosse délivre ses notes comme si elles étaient un peuple de lilliputiens. Mais c’est aussi un géant de la compassion lorsqu’il distille la musique, fondu avec l’orchestre. Après la majesté musicale de l’Allegro, le sublime Adagio en fa dièse mineur dépose des larmes sur le clavier dans un recueillement intense et le sens inné du drame. Déconcertant dans son troisième mouvement très brillant, on croit entendre un jeu ludique et même légèrement swingué ! Il est en finale le commandant d’une armée de doigts qui répondent …au doigt et à l’œil !

http://www.cmireb.be/cgi?usr=cp2agd8snf&lg=fr&pag=1996&tab=102&rec=2711&frm=0&par=secorig1994&par2=atvorig3771&id=6867&flux=79324460

 

12272898274?profile=originalBoris Giltburg (Israël, 28 ans)

Il est attendu avec passion par les auditeurs qui ont découvert chez lui une sensibilité extraordinaire. Né dans une famille de pianistes, Boris Giltburg commence sa formation avec sa mère, puis il devient l’élève d’Arie Vardi. Il est lauréat de nombreux Concours Internationaux : de Santander (2002), de Lisbonne (1er Prix en 2003), et de Tel Aviv (Rubinstein, 2e Prix en 2011). Il joue régulièrement en Europe, en Amérique du Nord et du Sud, en Asie, et en Israël. Dream (Frederic Rzewski) débute son récital après le passage de Stanislav Khristenko.  La lumière se tamise progressivement et voici une musique nerveuse, sérieuse, funèbre presque. Ses trilles chantent à l’infini et une note seule vaut mille tocsins en dépit des explosions macabres de la composition. Boris verse dans les quatre dernières mesures quatre gouttes de perfusion vitale. C’est magnifique. Dans l’Etude-tableau in C minor op. 39/7 (Sergey Rachmaninov)  le pianiste se ramasse sur lui-même, crée comme à son habitude des sonorités rares. Il possède une technique fascinante et use d’une dynamique impressionnante. Sa Sonate in B minor (Franz Liszt) sera spectaculaire de romantisme. Il libères ses doigts d’acier trempés dans la passion, opère des crescendos magistraux, fait pleuvoir des étoiles, donne de l’espace à l’infinie petitesse et à la solitude humaine. Nous avons là un hymne à l’intelligence et à la finesse. Ses développements sont intimistes, des pétales de fleurs tournent à la bourrasque. Non ! au bouillonnement intérieur … maîtrisé. Son introspection minutieuse fouille les tréfonds de l’âme : fragilité et grandeur.

 Il jouera le Concerto n. 15 en si bémol majeur KV 450 (Wolfgang Amadeus Mozart).  Il entre en scène après qu' Arie Van Liesbeth, président du jury, a rendu hommage à l'Orchestre royal de chambre de Wallonie qui a, sous la baguette calibrée et nuancée  de Michael Hofstetter, soutenu avec passion les 24 finalistes. Le pianiste écoule ses sonorités splendides si particulières, cela coule en vagues, cela sonne en carillons, cela explose en pastilles sonores. Le tout coiffé de rideaux de perles musicales et de rythmes éblouissants. C’est lui qui semble donner le tempo à l’orchestre tant il est dans le jeu musical. Puis tout d’un coup, il s’égare, on en pleurerait !... et reprend avec une maîtrise de soi inouïe. Il joue maintenant suspendu aux mains de Michael Hofstetter, un quatre-mains émouvant ! Le pianiste  de génie a retrouvé toute son énergie et ses timbres lumineux dans le troisième mouvement, gracieux, élégant, assumé, spirituel ! Le jury ne tiendra pas compte de ce passage hors du temps.   

 

http://www.cmireb.be/cgi?usr=j4k4rzdma4&lg=fr&pag=1996&tab=102&rec=2668&frm=0&par=secorig1994&par2=atvorig3771&id=6845&flux=79255984

 

 

 

 

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administrateur théâtres

Rémi Geniet (France, 20 ans)  &   Roope Gröndahl (Finlande, 23 ans)

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Rémi Geniet (France, 20 ans) 

Commençons par saluer son parcours hors du commun et sa filiation avec la très renommée Brigitte Engerer, pianiste française, 3e lauréate au concours Elisabeth en 1978. Le tout jeune  Remi Geniet est dès la première épreuve un favori du public. En 2010, Rémi a été lauréat des concours Adilia Alieva à Gaillard près de Genève et du prestigieux concours Horowitz à Kiev. Il y a en particulier reçu le prix spécial d'interprétation Horowitz. Tout y est chez lui : le style, le phrasé, la sensibilité artistique. Il se démarque par la richesse de sa musique et une attitude  réservée. Serait-il joueur d’échecs à ses heures ? S’il lui en reste… car le mental et la concentration sont ses atouts majeurs. Il semble pousser très loin la mathématique musicale, mettant naturellement en évidence  toutes les articulations de l’œuvre jouée.  Pour preuve, le fait d’avoir choisi délibérément dans son récital la  Partita n. 4 en ré majeur BWV 828 (Johann Sebastian Bach). C’est ciselé, les notes sont luisantes, le rythme précis, le phrasé a l’air intuitif alors que tout est maîtrisé par le virtuose. Il possède une façon lumineuse de  galber les contours de la musique.  Sa palette de colorations décline tout en camaïeux, le toucher est cristallin. La Sonate n. 4 en ut mineur op. 29 (Sergey Prokofiev) le fera sculpter la polyphonie. Quelques allusions jazzy et le voilà qui crève la toile, il joue comme un peintre passionné. Il est de ces variations à peine perceptibles, des mouvements enflammés, des élans chromatiques, de la danse macabre déguisée.  Quant à son interprétation de  Dream (Frederic Rzewski) elle  laisse songeur. Aura-t-il décrit un monde gelé pris par la solitude et le vide effrayant, ses sonorités semblent appartenir à un univers de cauchemar glacé.

 

C’est dans le  Concerto n. 20 en ré mineur KV 466 (Wolfgang Amadeus Mozart) qu’il se révèle totalement le vendredi soir. Son magnifique toucher fait vibrer la musique. Il extrait des perles de son instrument, se passionne avec une volubilité moelleuse, affirme les basses avec vigueur. Sa musique a une source intérieure, c’est sûr ! Son engagement total galvanise l’orchestre qu’il mange d’ailleurs des yeux.  Dans le deuxième mouvement sa puissance devient solaire. Il construit tout de façon méticuleuse, ne laissant rien au hasard. Il possède une sève musicale qui vient des racines même de la musique. Son dernier duo avec les flûtes dans le Rondo final est passionnant : il  renoue avec humour avec l’esprit de compétition entre musiciens. Le voilà soudain méditant, les notes graves déclenchent une envolée de clarté carillonnante, et le cor siffle d’admiration. Pour le public, c’est un triomphe.

http://www.cmireb.be/cgi?usr=gm8m4ke4nm&lg=en&pag=1996&tab=102&rec=2688&frm=0&par=secorig1994&par2=atvorig3771&id=6839&flux=76522223

 

 

 

 Roope Gröndahl (Finlande, 23 ans)

mini_GrondahlRoope19083.jpg  Après avoir étudié à l’Académie Sibelius d’Helsinki, ce jeune pianiste finlandais vit à Londres, étudiant à la Royal Academy of Music. Son récital n’a peut-être pas impressionné par sa clarté mais les œuvres choisies étaient elle-même très complexes: Brahms et Skryabin…. Il semble affectionner la musique moderne, ne ménageant pas ses coups de coude sur le piano dans  Dream (Frederic Rzewski). Il donne une qualité surnaturelle aux sonorités et ne donne pas l’impression d’une œuvre où sont pourtant rassemblées toues les embûches possibles pour un pianiste. Son exécution semble démontrer que tout est possible, … dans le rêve.

Dans les 8 Klavierstücke op. 76 (Johannes Brahms), une œuvre touffue,  l’introduction avec son déferlement de doubles croches ascendantes séduit. Le pianiste lutine son clavier, son visage semble pris d’illumination céleste, infusant la rêverie et les lignes chromatiques syncopées, variant les cadences. Une belle complainte populaire rassure… oui, mais, on aimerait plus de corps à la musique. Un peu plus de tonus et netteté, peut-être moins d’abstraction. cette partition convient sans doute très bien à une  personnalité complexe et intériorisée.  Sa  Sonate n. 10 op. 70 (Aleksandr Skryabin) est plus fougueuse et enflammée. Le pianiste ménage des scènes mouvementées intéressantes et dégage quelques passages plutôt moqueurs. N’empêche, une certaine froideur intellectuelle ressort encore. Parfois c’est comme si la musique parvenait d’une  tour d’ivoire. Un public aime être emmené quelque part dans l’imaginaire musical et ce musicien fait un peu peur avec cette blancheur de vibrations.  Mais voici un bijou : Droit comme le i de inspiré, son Concerto n. 27 en si bémol majeur KV 595 (Wolfgang Amadeus Mozart) a une belle assise et des sonorités claires et agréables. Le musicien tourne presque le dos au public tant il aspire à la communion avec l’orchestre. La musique semble lui tomber du ciel : " demande et il te sera donné !" . Le Larghetto est lent et profond, prenant tout son temps pour ciseler sa mélodie à la manière  d’un conteur. Et l' Allegro final du concerto bouscule les cœurs, tant la joie exulte ! 

http://www.cmireb.be/cgi?usr=jx88mdasc2&lg=fr&pag=1996&tab=102&rec=2698&frm=0&par=secorig1994&par2=atvorig3771&id=6845&flux=76748652

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administrateur théâtres

La proclamation des finalistes du  CONCOURS REINE ELISABETH 2013,  a eu lieu ce samedi 18 mai après minuit trente. 

En ordre alphabétique, les 12 finalistes sont : Mateusz Borowiak,   Tatiana Chernichka,   David Fung,   Rémi Geniet,   Boris Giltburg,   Roope Gröndahl,   Sean Kennard,   Stanislav Khristenko,   Sangyoung Kim,   Yuntian Liu,   Andrew Tyson,    Zhang Zuo.


Ils se produiront du 27 mai au 1er juin au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles. Ils seront accompagnés par l'Orchestre National de Belgique, dirigé par Marin Alsop. Des places sont toujours en vente au +32 2 507 82 00 et sur www.bozar.be(prix et plus d'information).

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Grâce à Belgacom, la finale pourra être suivie en direct sur le site internet du Cmireb. Toutes les prestations seront disponibles en VOD, sur  le site et sur Belgacom TV. Réécoutez les prestations des candidats dans la médiathèque  du Cmireb.

vous pouvez suivre  la diffusion du Concours sur les chaînes et sites internet de la RTBF et de la VRT.

 

L'ordre de leurs prestations en finale est le suivant : 

Lundi ▪  27/05 [20:00]

Tatiana Chernichka (Russie, 28 ans) | pause| Zhang Zuo (Chine, 23 ans)

Mardi ▪ 28/05 [20:00]

Rémi Geniet (France, 20 ans) | pause |  Roope Gröndahl (Finlande, 23 ans)

Mercredi ▪ 29/05 [20:00]

Stanislav Khristenko (Russie, 28 ans) |pause | Boris Giltburg (Israël, 28 ans)

Jeudi ▪ 30/05 [20:00]

Yuntian Liu (Chine, 23 ans) | pause | Andrew Tyson (USA, 26 ans)

Vendredi ▪  [20:00]

Sangyoung Kim (Corée, 29 ans) | pause | David Fung (Australie/Chine 30 ans)

Samedi ▪ 01/06 [20:00]

Sean Kennard (USA, 29 ans) | pause | Mateusz Borowiak (Grande-Bretagne, 24 ans)

 avec l’ Orchestre national de Belgique sous la baguette  de  Marin ALSOP

Retrouvez en vidéo les prestations des candidats de ce samedi 17/05

Durant les demi-finales, chaque candidat s'est produit deux fois (en concerto avec l’Orchestre Royal de Chambre de Wallonie placé sous la direction du chef allemand Michael Hofstetter. Ils ont  tous joué  l’œuvre imposée, "Dream" de Frederic Rzewski dans leur proposition de récital  choisie par le jury. 

Revivez toutes les prestations des demi-finales en vidéo 

Les finalistes suivent à présent une semaine de masterclass à la Chapelle Musicale Reine Elisabeth. Les  12 finalistes présenteront une sonate (de Haydn, Mozart, Beethoven ou Schubert), suivie de l’œuvre imposée inédite et d’un concerto au choix. Les candidats seront accompagnés par l’Orchestre National de Belgique sous la direction de la chef américaine Marin Alsop. Le classement des finalistes sera dévoilé par le président du jury, le samedi 1er juin en fin de soirée.

Pour la 1ère fois cette année, la couverture de la semaine de finale est commune aux trois média (radio, télévision et web). Les six soirées de finales sont ainsi diffusées en direct dès 19h50 sur La Trois (en TV), Musiq’3 (en radio) et sur les sites www.musiq’3.be, ARTE-Liveweb, le site du Concours Reine Elisabeth et Cobra.be. Toutes les prestations sont également rediffusées chaque soir en différé sur ARTE Belgique. 

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ADMINISTRATEUR GENERAL

L’Espace Art Gallery a le plaisir de vous présenter du 22/05 au 09/06/2013 l’exposition  événement des artistes suivant : Bogaert (Fr) peintures, Marie-Noëlle Krenger (Suisse) peintures, Mich.K (Suisse) peintures et Philip Pontay (Fr) sculptures.

 

Le VERNISSAGE a lieu le 22/05 de 18h 30 à 21h 30 et l’exposition du mardi au samedi inclus de 11h 30 à 18h 30. Et sur rendez-vous le dimanche.Le  vernissage sera agrémenté d’extraits de Musique Celtique interprétés par la harpiste Françoise MARQUET.

 

Espace Art Gallery 35 rue Lesbroussart 1050 Bruxelles. Ouvert du mardi au samedi de 11h 30 à 18h 30. Et le dimanche sur rendez-vous. GSM : 00 32 497 577 120

BOGAERT (Fr) peintures

« Voyage en atelier »

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Marie-Christine van den Bogaert peint sous le nom de Bogaert depuis 1998.

Au fil des années elle a développé un style personnel qui privilégie, au démarrage de chacune de ses toiles, l’utilisation de couleurs de terre, sur lesquelles se superposent peu à peu des glacis de couleurs de plus en plus variées. Celles-ci élargissent la palette de chaque œuvre en une gamme subtile de teintes obtenues progressivement par la superposition de couches, gras et maigre, opaques et transparentes, traitées selon une méthode traditionnelle, héritée de la Renaissance.

Ses tableaux, pour la plupart des huiles sur toile, de petit et moyen format sont à la jonction de l'art figuratif africain et de l'art abstrait cubiste. BOGAERT s'inspire simultanément des arts primitifs et de la modernité des arts plastiques.

Voyageuse, collectionneuse de souvenirs, ouverte aux rencontres et à la découverte des cultures du monde, elle vit entourée d’objets auxquels s’attache pour elle une histoire particulière. Le continent noir constitue pour Bogaert une inspiration toujours renouvelée. Elle ressent de la complicité avec les peintres Africanistes qui l’ont précédée mais aime aussi regarder ailleurs. L’histoire des civilisations, ainsi que la diversité des mondes lui offrent un vaste champ dont elle nourrit son inspiration. Son travail dans l’abstraction, joue sur les volumes, les transparences et les lumières afin de susciter l’émotion personnelle du spectateur. La montée en gamme de ses couleurs au fur et à mesure du processus de création traduit la vitalité et la liberté de son regard, tant dans ses tableaux abstraits que figuratifs.

BOGAERT vit à Paris. Exposée en Belgique, au Canada et dans de nombreux salons parisiens,

Marie-Christine van den Bogaert est par ailleurs Chevalier de la Légion d’Honneur et Officier de l’Ordre National du Mérite.

Marie-Noëlle KRENGER (Suisse) peintures

« Couleurs et sentations »

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Marie-Noëlle Krenger vit à Corminboeuf (Fribourg Suisse). Elle a suivi des cours à l’école d’art Ceruleum (dessin, aquarelle, huile, acrylique, aérographe).

S’est formée à la sérigraphie. A produit diverses maquettes pour textile (soierie). A gagné un concours de créativité pour Nestlé (10 lauréats ex-æquo pour la Suisse). A abordé la peinture traditionnelle avec le peintre Chinois Loh Yuen Ting (édité Chez Dessain et Tolra).

Après avoir travaillé ces diverses techniques picturales, Marie-Noëlle Krenger s’est passionnée pour l’expression au moyen d’encres sur papier japon.

Voici ce qu’évoque l’encre qu’elle appelle« multiple » :

Encre vagabonde ou maîtrisée, se laissant guider par le pinceau…

Encre aux traits fermes ou aux fondus mêlés par le hasard…

Encre se jouant du papier ou dominée par celui-ci…

Enfin l’encre magique dont la fabrication s’est développée en Chine en 200 avant J.C.

Pour conclure, voici cette citation : « Se laisser gagner par l’étonnement, chercher et accueillir l’inattendu, laisser exprimer la spontanéité, saisir l’esprit, l’essence du sujet ». Pour l’artiste le point de départ se trouve principalement dans la nature.

Mich.K (Suisse) peintures

« Couleurs et sentations »

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Michelle Röthlisberger, pseudonyme Mich.K, vit à Marly, près de Fribourg, en Suisse.

A suivi des cours de dessin et peinture pendant plus de 15 ans chez un peintre renommé du canton (Ferruccio Garopesani). A poursuivi sa formation dans diverses techniques, pastel, huile, acrylique, aquarelle auprès d’autres artistes-peintres. Le cheminement de la peinture figurative à une forme d’abstraction s’est concrétisé par la découverte de l’utilisation des encres et du marouflage. Ce moyen d’expression l’a enthousiasmée.

"Ce qui m’intéresse c’est saisir l’instant en un trait. Le trait qui saisit la vie, la liberté d’inventer un univers. Une forme, une couleur…tout est prétexte à émotion et donc à sujet. C’est également une invitation au partage, à l’amitié et à l’épanouissement. En peignant, je sais où je vais mais je ne sais pas où je vais arriver".

« Les peintres et les poètes ont toujours eu le droit de tout oser »

Horace

Philip PONTAY (Fr) sculptures

« Du rêve à la réalité »

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La sculpture, un rêve de toujours qu’il mit en pratique tardivement. Par peur peut-être de se confronter à lui-même ; Certainement par l’accueil mitigé de ses proches pour un métier artistique,ses proches qui confortent et persuadent que des études de gestion sont plus conformes à un avenir certain, voire serein.

Mais les années auront raison de cette envie qu’il souhaite aujourd’hui concrétiser. Et ce pain de terre, là planqué dans un coin de sa tête le nargue depuis. Doit-il attendre qu’il sèche et que l’artiste se dessèche ?

A l’ombre des yeux de Carpeaux, au faciès exacerbé d’un Messersmith, aux cervidés de Gardet, et tous les autres dont la diversité et l’éclectisme, l’inspirent. Il reste humble et fasciné devant la puissance d’expression et la plasticité de ces grands maîtres.

Du succès d’un premier taureau, au portrait de Paul Léautaud pour son futur musée, au philosophe Bachelard, travail de commande pour sa ville natale, il fera également quelques éléments de décoration pour des propriétés d’exception.

L’homme est perfectible dans la vie comme dans l’art et ce profane y travaille avec plaisir et envie.

 

Collectif de la GALERIE :

        

         Michel CASTANET alias MICA (Fr) peintures

         Michel BERNARD (Suisse) peintures par flottaisons cristallisées en LAP « Matière Lapidaire »

         Pierre CONTENT (Fr) sculpture

 

A voir également « La grande table en bois » réalisée par l’artiste

         Louis de VERDAL (Fr) sculptures

 

Exposition du 22 mai au 09 juin 2013.

 

Information pratique : Pour les visiteurs de la galerie qui viennent en voiture. Les parkings rue Lesbroussart et environs sont payant jusqu’à 20h 30 ! Si vous ne trouvez pas de places dans le quartier il est tout à fait possible d’utiliser le parking Flagey sous la place. Il est à 5 minutes de la galerie et cela sans tourner en rond à la recherche d’une place disponible. Ou alors venir après 20h 30 et trouver une place en surface. Et il y a aussi les transports publics : le tram (lignes 71 et 81) et le bus (lignes 38, 54 et 60).

 

Et à titre d’information voici les quatre prochaines expositions:

 

-Titre : « La collection permanente à l’espace Yen »

Artistes : collectif d’artistes de la galerie.

Vernissage le 20/03/2013 de 18h 30 à 21h 30 en la galerie même.

Exposition du 20/03 au 30/06/2013 à l’Espace Art Gallery II.

 

-Titre : « Œuvres revisitées »

Artistes : Claude Aiem (Fr) peintures

Vernissage le 12/06 de 18h 30 à 21h 30

Exposition du 12/06 au 30/06/2013.

&

-Titre : « Transcriptions chamarrées »

Artistes : Roland Vromant (Be) photographies.

Vernissage le 12/06 de 18h 30 à 21h 30

Exposition du 12/06 au 30/06/2013.

&

-Titre : « Collectif de la galerie »

Artistes : Solange Onesta alias Sapphyre (Fr) peintures, Philippe Pelissier (Fr) peintures.

Vernissage le 12/06 de 18h 30 à 21h 30

Exposition du 12/06 au 30/06/2013.

 

Et qui sera agrémenté d’extraits de musique celtique

Interprétés par la harpiste Françoise Marquet

 

 

En juillet la galerie est fermée

 

En août c’est un collectif d’artistes de la galerie

 

La rentrée culturelle est le 04 septembre 2013

 

Au plaisir de vous revoir à l’un ou l’autre de ces événements.

 

Bien à vous,

 

                                                         Jerry Delfosse

                                                        Espace Art Gallery

                                                        GSM: 00.32.497. 577.120

                                                        Voir:      http://espaceartgallery.be

 

Le site de l'Espace Art Gallery se prolonge dorénavant sur le Réseau Arts et Lettres à l'adresse: http://ning.it/KUKe1x

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ADMINISTRATEUR GENERAL

L’Espace Art Gallery a le plaisir de vous présenter du 02/05 au 19/05/2013 l’exposition  événement d’un collectif d’artiste : Claude Dejaegher (Fr) peintures, Michel Snoeck (Be) sculptures et Philippe Louguet (Fr) peintures (du 08/05 au 19/05).

 

Le VERNISSAGE a lieu le 02/05 de 18h 30 à 21h 30 et l’exposition du mardi au samedi inclus de 11h 30 à 18h 30. Et sur rendez-vous le dimanche. Un deuxième VERNISSAGE a lieu le 08/05 de 18h 30 à 21h 30 pour l’artiste Philippe Louguet seul.

 

Espace Art Gallery 35 rue Lesbroussart 1050 Bruxelles. Ouvert du mardi au samedi de 11h 30 à 18h 30. Et le dimanche sur rendez-vous. GSM : 00 32 497 577 120

 

Claude DEJAEGHER (Fr) peintures

« Atmosphère d’une âme »

 

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« Je peins pour créer quelques heures de sérénité autour de moi.

Les couleurs, la musique la nature sont pour moi inséparables d'une exigence spirituelle et m'aident à mieux vivre sur cette planète aux énergies difficiles.

Je n'utilise pas de technique particulière, je laisse sa liberté à ma main qui tient le pinceau et je m'abandonne aux émotions.

Je suis venue à la peinture grâce à un vieil ami décédé depuis plusieurs années.

Propriétaire d'une galerie à Paris, il était intime de Picasso, Balthus. C'est en petit comité que j'ai pu admirer de grandes expositions et il m'a appris à me promener dans une toile.

Je remercie donc aujourd'hui André Gomes, puisse-t-il de son ciel jeter un coup d'œil bienveillant sur mon travail. »

 

 

Michel SNOECK (Be) sculptures

« Horizons et séduction »

 

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Biographie

Michel Snoeck est né à Lamain (Tournai) le 14 mars 1948.

 

Formation

Années 2000 : cours de gravure à l’Académie Portaels de Vilvoorde, professeur Paul Van Namen.

Années 80

Cours de sculpture à l’Académie de Saint-Josse-ten-Noode (Bruxelles), professeur Jacques Talmar.

Années 60

Initiation artistique à l’Ecole de l’Etat de Pecq, professeur Charles Dedessus-Lez-Moustier.

Dessin artistique à l’Académie de Tournai, professeur Jean Winance.

 

Techniques

Crayon, fusain, pastel, encres, huile, aquarelle, terra-cotta, polyester, bronze, eau-forte, lithographie.

 

Expositions personnelles

2011 Fragments et défragmentations

2008 Dans l’onde du vent

2007 Les miroirs mobiles

2006 Envahissement et osmose

2005 Un trait plus loin

2004 Des arbres et des hommes

2003 Bancs publics et regards privés

2002 Toi, émoi

2001 Du pain et des vœux

2000 D’un paysage à l’autre

2000 Des f., des fe., des feuilles et des femmes

1986 Casino Koksijde

1984 Galerie Monte-Carlo Charleroi

1981 Galerie Monte-Carlo Charleroi

1979 Galerie Monte-Carlo Charleroi

1978 Centre Winterthur Bruxelles

1977 Galerie Gerly Mouscron

 

Expositions collectives

2007 Sabam Dexia à Natuur Art à Waterloo

2006 Sabam Dexia à Natuur Art à Manage

2005 Centre Peugeot Paris

2004 Salle Galileo Saint Ghislain

2003 Salle Galileo Saint Ghislain

         Sabam Dexia Femme-Vrouw à Kapelle-op-den Bos

2002 Salle Galileo Saint Ghislain

         Salle Galileo Saint Ghislain

2001 An Hyp Bruxelles

1982 Credit Communal Bruxelles

1981 Festival International de Peinture St Germain-des-Prés Paris

1978 Art Pour Tous Palais du Centenaire Bruxelles

1976 Kunst Event Antwerpen

1975 Centre Winterthur Bruxelles

 

Œuvres dans les collections

Ville de Charleroi

Ville de Koksijde

 

Œuvres dans les collections privées

France et Belgique

 

Distinctions, récompenses, prix

1987 Prix Van Cutsem Académie de St Josse-ten-Noode Bruxelles

1986 Prix à la Flander’s Expo de Gent

1978 Grand Prix humanitaire de France

1970 Grande distinction en … Dessin Artistique à Académie de Tournai

 

Bibliographie

Piron Dictionnaire des artistes du XIX et XX ième siècle.

Femmes Vrouw Dexia Sabam Edition Labor.

Natuur Art.

Dexia Sabam Edition La Renaissance du livre.

 

Extraits de presse

•…il y a chez Michel Snoeck une fantaisie allègre qui séduit par un manque de conformisme total. Réalisme peut-être mais le produit semble avant tout joyeux jeune et croquant sous la dent … …

• … on ne peut pas dire que cet artiste manque de bonne humeur et d’imagination humoristique. Les tableaux à caractère symbolique qu’il propose, ont la simplicité joyeuse des inventions friponnes … …

• De symbolisme autour de la nature : il nous convie à un voyage onirique. Ses œuvres à tendances symbolistes sont une représentation momentanée du rêve, images de l’inconscient, telles ces gouttelettes d’eau que l’on retrouve dans bon nombre de toiles et qui se seront évaporées au petit matin. …

 

 

Philippe LOUGUET (Fr) peintures

« Traces projetées »

 

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« Je peins quasiment toujours par séries, épuisant à chaque fois une expérimentation spécifique. Je recherche une expression la plus directe possible, mêlant parfois le dessin à la peinture.

Bien que mon travail ne soit pas du tout figuratif, je me laisse surprendre par la place de la figure dans ma production, peut-être une obsession de l'autre... Chaque peinture est une aventure où se jouent des rapports complexes entre matières, graphies et éventuellement figures- lorsqu’elles surgissent. Dans une abstraction-mentale, j’interroge sans fin le réel. Les matières me fascinent par leur capacité à absorber la peinture et à s’enfouir.
La peinture est alors également le lieu du sacrifice; La figure y évoque l'énigme de l'incarnation, qui reste selon moi l'énigme picturale.

Depuis quelques années, l’enfouissement se produit au sein des couches picturales - parfois jusque quatorze couches de drippings, et l’encre, quasiment omniprésente dans mon travail apparaît alors comme une révélation - je reproduis à l’encre ce que je vois dans les drippings. Le texte prend également une certaine place dans ma pratique : le travail pictural ne se détache pas de l’écriture, il y a toujours une recherche de la totalité. La peinture, le dessin, c’est avant tout la rencontre de papiers, d’encres, de médiums…

La question de la fragilité est au centre de mes préoccupations: l’accident, la tâche, le papier Tibétain, le trait actif et fragile à la fois, l’équilibre toujours à retrouver, la réconciliation entre la verticalité occidentale et l’horizontalité orientale, la ténuité des mots…Tout cela dans une quête manifestement inépuisable. »

 

Collectif de la GALERIE :

 

Michel BERNARD (Suisse) gravures cristallisées en LAP « Matière Lapidaire »

Pierre CONTENT (Fr) sculpture

 

A voir également « La grande table en bois » réalisée par l’artiste

Louis de VERDAL (Fr) sculptures

 

Et à titre d’information voici les six prochaines expositions:

 

-Titre : « La collection permanente à l’espace Yen »

Artistes : collectif d’artistes de la galerie.

Vernissage le 20/03/2013 de 18h 30 à 21h 30 en la galerie même.

Exposition du 20/03 au 30/06/2013 à l’Espace Art Gallery II.

 

-Titre : « Voyage en atelier »

Artistes : Bogaert (Fr) peintures

Vernissage le 22/05 de 18h 30 à 21h 30

Exposition du 22/05 au 09/06/2013.

&

-Titre : « Couleurs et sensations »

Artistes : Marie-Noëlle Krenger (Suisse) peintures.

Vernissage le 22/05 de 18h 30 à 21h 30

Exposition du 22/05 au 09/06/2013.

&

-Titre : « Couleurs et sensations »

Artistes : Michelle Röthlisberger alias Mich.K (Suisse) peintures.

Vernissage le 22/05 de 18h 30 à 21h 30

Exposition du 22/05 au 09/06/2013.

&

-Titre : « Du rêve à la réalité »

Artistes : Philip Pontay (Fr) sculptures.

Vernissage le 22/05 de 18h 30 à 21h 30

Exposition du 22/05 au 09/06/2013.

 

-Titre : « Collectif de la galerie »

Artistes : Michel Bernard (Suisse) gravures cristallisées en LAP « Matière Lapidaire » et Michel Castanet alias Mica (Fr) peintures.

Vernissage le 22/05 de 18h 30 à 21h 30

Exposition du 22/05 au 09/06/2013.

 

Au plaisir de vous revoir à l’un ou l’autre de ces événements.

 

Bien à vous,

 

                                                        Jerry Delfosse

                                                        Espace Art Gallery

                                                        GSM: 00.32.497. 577.120

                                                        Voir:      http://espaceartgallery.be

 

Le site de l'Espace Art Gallery se prolonge dorénavant sur le Réseau Arts et Lettres à l'adresse: http://ning.it/KUKe1x

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administrateur théâtres

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Who's who du  jury du concours Reine Elisabeth 2013

 and how it works!

Bien que la composition du jury puisse varier d'une épreuve à l'autre, les membres du jury assistent à l'ensemble de la compétition l’entièreté de l’épreuve pour laquelle ils ont été appelés à siéger.  Chaque membre du jury donne ses notes pour tous les candidats à l’huissier de justice  à la fin de chaque session. Les membres du jury ne peuvent pas voter pour leurs propres étudiants. Aucune consultation n'a lieu entre eux. Il n'y a pas de délibération du jury dans le sens habituel du terme. Chaque membre du jury s'engage en effet à ne pas discuter des prestations des candidats avec d'autres membres du jury. Les notes sont traitées de manière confidentielle et le palmarès est, après ajustement éventuel, calculé sur base de ces notes. Le rôle du président du jury (Arie Van Lysebeth) est de diriger les opérations de la session. Il est assisté dans cette tâche par un secrétaire (Nicolas Dernoncourt). Ils ne prennent pas part au vote. Les noms des membres du jury sont annoncés à la veille des premières éliminatoires.

Arie Van Lysebeth – Belgique  

Arie Van Lysebeth commence le violon à l’âge de quatre ans. Il accomplit ensuite ses études supérieures au Conservatoire de Bruxelles: piano, basson, musique de chambre, et direction d’orchestre. Premier lauréat ex-æquo du Concours International de Prague, il se voit octroyer le poste de basson soliste à l’Orchestre Symphonique de la Radio-Télévision Belge. Il s’est produit partout dans le monde à la tête de grands orchestres belges , travaillant avec des solistes renommés tels qu’Igor Oisttrakh, José Van Dam Murray Perahia ou Augustin Dumay. Il a également régulièrement dirigé l’Orchestre Symphonique du Conservatoire de Bruxelles. Pendant de longues années, il a été professeur de musique de chambre au Conservatoire Flamand de Bruxelles, dont il a assumé la direction de 1994 à 2003. Il est actuellement directeur artistique de la Chapelle Musicale Reine Elisabeth.

Diane Andersen - Belgique

Diane Andersen, dont le maître fut Stefan Askenase, reçut également les conseils précieux de la pianiste hongroise Annie Fischer. Elle poursuit une brillante carrière de soliste, de chambriste et de pédagogue, et donne des concerts à travers le monde dans des salles mythiques comme le Carnegie Hall, le Rudolfinum, le Concertgebouw, le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, La Fenice. Présidente d’EPTA-Belgium Wallonie-Bruxelles et professeur honoraire du Conservatoire Royal de Bruxelles, elle dirige aujourd'hui des master classes en Amérique du Sud et du Nord, au Japon, en Chine, en Corée et en Europe. Elle est aussi invitée régulièrement comme membre du jury de grands concours internationaux.

Frank Braley - France

Frank Braley effectue ses études au Conservatoire National Supérieur de Paris. En 1991, il remporte le 1er Prix et le Prix du Public du Concours Reine Elisabeth. Régulièrement invité au Japon, aux États-Unis, au Canada et dans toute l’Europe, il se produit en récital, en musique de chambre et en soliste, avec des formations telles que l’Orchestre de Paris, l’Orchestre National de France, l’Orchestre National de Belgique, le Philharmonique Royal de Liège. Il a été dirigé par Jean-Claude Casadesus, Charles Dutoit, Armin Jordan, Hans Graf, Günther Herbig, Christopher Hogwood, Marek Janowski, Kurt Masur, Yehudi Menuhin, Antonio Pappano, Walter Weller. Dès 2014, Frank Braley succèdera à Augustin Dumay au poste de Directeur Musical de l’Orchestre Royal de Chambre de Wallonie.

Abdel Rahman El Bacha - Liban

Né à Beyrouth en 1958, Abdel Rahman El Bacha vit en France, où il se perfectionne dès l’âge de seize ans dans la classe de Pierre Sancan, au Conservatoire National Supérieur de Paris Abdel Rahman El Bacha, maître de piano à la Chapelle Musicale Reine Elisabeth, est également compositeur. Ses intégrales des sonates de Beethoven et de l’oeuvre pour piano seul de Chopin sont un très grand succès, tant au concert qu’en CD.

Peter Frankl - Grande-Bretagne

D’origine hongroise, Peter Frankl se produit en concert à travers le monde depuis les années 1960. Il a été membre du jury de nombreux concours internationaux  de Van Cliburn, Leeds, Rubinstein, Clara Haskil, Santander, Cleveland, Paderewski, Hong Kong, Shanghai, etc. Sa vaste discographie comprend l’oeuvre complète pour piano de Schumann et de Debussy ; les concertos pour piano, les sonates pour violon et les trios de Brahms ; les concertos de Mozart ; les quintettes de Schumann, Brahms, Dohnányi, Dvorák et Martinu, et bien d’autres enregistrements. 

Dae Jin Kim - Corée du Sud

Kim Daejin est diplômé de la Juilliard School, où il a étudié avec Martin Canin. En 1985, il remporte le Concours International Robert Casadesus (Cleveland), et, l’année suivante il fait ses débuts à New York. Sa récente discographie comprend deux concertos pour piano de Mozart, avec l’Orchestre symphonique national de la Radio polonaise, qu’il dirige également. En 2006, il est nommé Professeur de l’Année par la Music Association of Korea.

Jian Li - Chine

Après avoir entamé ses études au Conservatoire de Shanghai, Li Jian les poursuit au Conservatoire National de Paris, grâce à son 2e Prix, remporté à l’âge de 16 ans au Concours Long-Thibaud. Professeur honoraire de l’Université de Nanjing, il est actuellement professeur et chef du département piano au Conservatoire de Shanghai.

David Lively - USA

ll débute sa carrière à 14 ans dans le Concerto pour piano d'Aram Khatchatourian avec l’Orchestre Symphonique de Saint-Louis. En 1972 il remporte la quatrième place au Concours Musical International Reine Elisabeth. Il participe plus tard, comme membre du jury de ce même concours, aux éditions 1999, 2003 et 2010. l’élève privilégié de Claudio Arrau, il est le directeur des concours de l'École normale de musique de Paris.

Minoru Nojima - Japon

Le pianiste japonais Nojima Minoru a fait ses débuts à l’âge de dix ans avec le NHK Symphony Orchestra. Après sa formation à la Toho Gakuen School of Music, dès 1966, il est invité par le Ministre des Affaires Culturelles soviétique au Conservatoire de Moscou pour y suivre les cours de Lev Oborin. Il est actuellement président du Collège de Musique de Tokyo et professeur de piano à la Toho Gakuen School of Music.

Anne Queffélec - France

Pianiste française. Après après avoir étudié au Conservatoire de Paris, elle poursuit ses études à Vienne auprès de Paul Badura-Skoda, Jörg Demus et Alfred Brendel. Les succès remportés dans les concours internationaux de Munich (1968) puis de Leeds (1969) lui permettent de collaborer avec des chefs comme Pierre Boulez, David Zinman, John Eliot Gardiner et bien d’autres.Elle s’est produite dans le cadre de festivals célèbres comme les BBC Proms de Londres, ainsi qu’à Strasbourg, Bordeaux, à la Folle Journée de Nantes, à La Roque d’Anthéron, où elle a donné en août 2003 l’intégrale des sonates de Mozart. Son répertoire très éclectique s'étend de Scarlatti à Satie et Dutilleu, bien qu'elle affectionne tout particulièrement Haydn, Schubert et Mozart, dont elle a notamment joué quelques extraits pour la bande son du film Amadeus de Miloš Forman. Meilleure interprète de l’année aux Victoires de la Musique en 1990. Son dernier disque, Satie et cie, dédié à la musique française a été choisi en janvier 2013, comme disque officiel du festival de la Folle Journée de Nantes. 

Staffan Scheja - Suède

fait ses débuts à l’âge de 14 ans, avec Herbert Blomstedt et l’Orchestre de la Radio suédoise. Après avoir étudié au Royal College of Music à Stockholm, il se perfectionne à la Juilliard School à New YorkDurant plusieurs années, il vit aux États-Unis et se produit au Carnegie Hall et au Kennedy Center avec le Philharmonique d’Oslo, ainsi qu’à la Maison Blanche avec Barbara Hendricks. Sur l’île de Gotland dans la Mer Baltique, il a fondé et est le directeur artistique d’un festival de musique de chambre. Membre de la Royal Academy of Music de Suède, il a reçu la médaille royale suédoise, Litteris et Artibus, et vit actuellement à Stockholm, où il est professeur et dirige le département piano du Royal College of Music.  

Jean-Claude Vanden Eynden - Belgique 

Très jeune il devint élève au Conservatoire royal de Bruxelles où son professeur est Eduardo Del Pueyo. En 1964, à seize ans il remporte le troisième prix du prestigieux Concours Reine Elisabeth. Cette précieuse distinction marque le coup d’envoi d’une brillante carrière qui le mène dans les plus belles salles du monde et les festivals les plus réputés :  Korsholm (Finlande), Prades et La Chaise-Dieu (France), Umea (Suède), et Stavelot (Belgique), festival duquel il est conseiller artistique depuis de nombreuses années. il joue avec des partenaires belges et internationaux de tout premier plan : Véronique Bogaerts, Marie Hallynck, Augustin Dumay, Quatuor Ysaÿe, Ensemble César Franck, etc. Soliste de réputation internationale, Jean-Claude Vanden Eynden est conjointement un professeur « grand format ». Son répertoire, vaste et impressionnant, comprend entre autres l’intégrale des œuvres pour piano seul de Maurice Ravel. En 2004, il remanie l’école fondée en 1977 par son maître, en Centre Musical Eduardo del Pueyo, et en devient le directeur artistique. Actuellement, il est professeur honoraire au Conservatoire royal de Bruxelles et enseigne à la Chapelle Musicale Reine Elisabeth. 

Tamás Vásáry  - Suisse

Pianiste et chef d’orchestre suisse d’origine hongroise, Tamás Vásáry donne ses premiers concerts publics à l’âge de huit ans. Il étudie auprès d’Ernst von Dohnányi et de Józef Gát à l’Académie Franz Liszt de Budapest et fut plus tard le disciple de Zoltán Kodály. Premier Prix du Concours Franz Liszt en 1948, il est ensuite lauréat du Concours Chopin de Varsovie (1955), du Long-Thibaud à Paris (1955), puis du Concours Reine Elisabeth (1956), et du Concours de Rio de Janeiro (1957. Se  produisant avec les plus grands orchestres et les chefs les plus réputés de par le monde. Il a enregistré une vingtaine de disques, notamment pour Deutsche Grammophon. En tant que chef, il a dirigé plus de cent orchestres. De 1993 à 2004, il est le directeur musical du Symphonique de la Radio hongroise. En 2012, il reçoit la Médaille Mozart de l’UNESCO. Il est membre honoraire de la Royal Academy of Music et du Royal College of Music de Londres, et Chevalier des Arts et des Lettres en France.

Elisso Virsaladze - Géorgie

Pianiste soviétique puis géorgienne. Elle a commencé ses études de piano avec sa grand-mère Anastasia Virssaladze, élève de Teodor Leszetycki. Celle-ci était une pianiste reconnue, et lui enseignait en privé mais également à l'école pour surdoués de Tbilissi, où elle était professeur. À 20 ans, elle gagne le 3e Prix au Concours Tchaikovsky, et, quatre ans plus tard, le Premier Prix du Concours Schumann de Zwickau. Depuis lors, elle est reconnue comme l’une des grandes interprètes de Schumann. Elisso Virsaladze se produit dans les plus importantes villes européennes, en musique de chambre ou en concerts avec des orchestres prestigieux Elle fait également plusieurs tournées aux États-Unis, au Japon, en Russie, etc. Elle enseigne régulièrement au Conservatoire de Moscou et à la Musikhochschule de Munich, et siège comme membre du jury dans de nombreux concours internationaux.

Le premier concours: 

Archives : http://www.sonuma.be/archive/le-premier-concours

 

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administrateur théâtres


12272897465?profile=originalLe réseau Arts et Lettres tient à rendre un hommage particulier à cette merveilleuse institution artistique   qu'est notre Concours  Musical International Reine Elisabeth. Il fêtait ses 75 ans d'existence l'année dernière. La Reine Fabiola continue de lui assurer son soutien royal  indéfectible.  Nous tenons à attirer l'attention de nos membres sur la qualité extraordinaire de tous les candidats qui ont eu la chance d'être retenus. Ils ont fait preuve d'endurance tout au cours de  leurs études musicales dans leur pays qu'ils ont  souvent dû quitter pour se former ailleurs, auprès de professeurs étrangers de haute  de renommée. ... Et cela a un coût. Les familles ont dû souvent se  sacrifier  pour l'avenir du jeune artiste.  Tous se sont  déjà produits régulièrement dans de  prestigieuses salles  de concerts internationales. 

Grâce à Musiq 3 en particulier, vous pouvez suivre ces concerts prodigieux et émouvants en direct. Très émouvants en effet, s'il on se souvient que les candidats ont tous moins de 30 ans qu'ils ont produit de par le monde un énorme travail de préparation et consenti des efforts quotidiens exemplaires pour atteindre l'Excellence en  y consacrant  des heures de travail dont nos jeunes n'ont absolument pas idée,  C'est certainement un exemple à nos yeux pour réveiller l'apathie générale de nos adolescents hélas souvent pris en otage par notre monde consumériste,  souvent  sollicités comme objets mêmes de consommation plus que comme acteurs indépendants, intelligents et capables  d'un avenir  construit.  C'est donc chaque fois avec grande émotion que l'on voit monter sur scène ces êtres bouillonnants de talent et d'espoir. 

On pense aussi à l'institution même du Concours qui sait fédérer autour d'elle tant de familles d'accueil bénévoles qui mettent au service des jeunes élus leur maison, leur piano,  les entourent de tous leurs soins, les soutiennent jour après jour dans les préparation fabuleuse des éliminatoires et les consolent quand malheureusement, malgré leur investissement très sérieux ils n'ont pas été sélectionnés. Le public a toujours quelque regret pour ces artistes qui ont joué, l'émotion à fleur de peau ou insufflant une esthétique particulière à l' oeuvre jouée ...mais qui,  ayant fait des fautes techniques ou de mémoire  ne seront pas retenus par le jury. On espère juste que leur désir de  carrière musicale ne s'en ressentira pas trop! Et puis ... certains, parfois jugés trop juvéniles, n'ayant pas encore acquis "la maturité musicale" reviendront à la charge trois ans après... 

Flagey, Studio 4. À chaque séance, qui comprend deux parties, le public entendra quatre demi-finalistes différents. Chaque demi-finaliste se produira deux fois, sur deux jours différents. 

Chaque jour, quatre candidats:

Les deux premiers candidats interpréteront un concerto de Mozart accompagné par l’Orchestre Royal de Chambre de Wallonie, dirigé par Michael Hofstetter. Le concerto sera sélectionné parmi les concerti KV271 (n. 9 en mi bémol majeur), KV450 (n. 15 en si bémol majeur), KV453 (n. 17 en sol majeur), KV459 (n. 19 en fa majeur), KV466 (n. 20 en ré mineur), KV467 (n. 21 en ut majeur), KV488 (n. 23 en la majeur), KV491 (n. 24 en ut mineur) et KV595 (n. 27 en si bémol majeur).
Les deux autres candidats présenteront leur récital ainsi que l’œuvre inédite imposée,
écrite par Frederic Rzewski : DreamChaque candidat aura préparé deux programmes de récital, et le jury en choisira l’un des deux.

Proclamation des 12 finalistes le samedi 18 mai en fin de soirée.

Voici l'ordre de passage des candidats de la demi-finale:

Lundi ▪  13 mai ▪
15:00 CONCERTO : Yuntian Liu (p. 111) – Samson Tsoy (p. 125)

                   RECITAL : Yannick Van de Velde (p. 127) – Mikhail Berestnev (p. 72)

20:00 CONCERTO : Andrew Tyson (p.126) – Yedam Kim (p. 103) 

                  RECITAL : Joo Hyeon Park (p. 117) – Lu Shen (p. 123)


Mardi ▪ 14 mai ▪ 
15:00 CONCERTO : Jianing Kong (p. 105) – Stephanie Proot (p. 118)

                 RECITAL : Tatiana Chernichka (p. 76) – Zhang Zuo (p. 138)

20:00 CONCERTO : Sangyoung Kim (p. 101) – David Fung (p. 80)

                 RECITAL : Joon Kim (p. 99) – Rémi Geniet (p. 81)

12272898087?profile=originalMercredi ▪  15 mai 

15:00 CONCERTO : Yejin Noh (p. 113) – Kana Okada (p.114)

                RECITAL : Roope Gröndahl (p. 84) – Sasha Grynyuk (p. 85) 

20:00 CONCERTO : Sean Kennard (p. 94) – Mateusz Borowiak (p. 73)

                RECITAL : Stanislav Khristenko (p. 96) – Boris Giltburg (p. 82)


Jeudi ▪  16 mai 
15:00 CONCERTO : Yannick Van de Velde (p. 127) – Mikhail Berestnev (p. 72)

                RECITAL : Yuntian Liu (p. 111) – Samson Tsoy (p. 125)


20:00 CONCERTO : Joo Hyeon Park (p. 117) – Lu Shen (p. 123)

                RECITAL : Andrew Tyson (p.126) – Yedam Kim (p. 103)


Vendredi ▪  17 mai 
15:00 CONCERTO : Tatiana Chernichka (p. 76) – Zhang Zuo (p. 138)

            RECITAL : Jianing Kong (p. 105) – Stephanie Proot (p. 118) 

20:00 CONCERTO : Joon Kim (p. 99) – Rémi Geniet (p. 81) 

            RECITAL : Sangyoung Kim (p. 101) – David Fung (p. 80)


Samedi ▪ 18 mai ▪ 
15:00 CONCERTO : Roope Gröndahl (p. 84) – Sasha Grynyuk (p. 85)

           RECITAL : Yejin Noh (p. 113) – Kana Okada (p.114)

20:00 CONCERTO : Stanislav Khristenko (p. 96) – Boris Giltburg (p. 82) 

           RECITAL : Sean Kennard (p. 94) – Mateusz Borowiak (p. 73)

 photo de Michael Hofstetter© Bruno Vessiez

A défaut d'écouter en direct, visitez le très beau site néerlandophone présentant la biographie complète de chaque candidat et l'enregistrement video complet de chaque prestation. http://www.cobra.be/cm/cobra

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L'éternité dans un souffle

Je suis allé au puits. Dans le pourpre du couchant. J’ai trouvé une femme nue. Qui es-tu femme nue ?
- Je suis ton écriture. Je suis dans tes mots. Je suis un poème. C’est toi qui m’as écrit. Tu ne te souviens pas ?
- Je n’ai plus de mémoire jeune femme. Je veux me replonger dans la profondeur et le silence du puits.
- Tu trouveras la vérité …
Je suis allé près des pierres. Dans le sanglot et la voix. Je suis allé sur le chemin de soi. J’ai trouvé un vieux moine. Qui es-tu vieil homme ? De quelle foi me parles-tu ?
- Je suis ton écriture. Je suis ce poème que tu as perdu. Tu ne te souviens pas ?
- Non je n’ai plus de mémoire vieil homme. Laisse-moi me perdre dans les pierres. Je veux revisiter la source et le don.
- Tu trouveras l’humilité …
Je suis allé près des arbres de mon enfance. Dans le rêve turquoise. Et là j’ai trouvé un grand chêne. Qui es-tu grand chêne ? Et quel langage me parles-tu ?
- Je suis ton écriture et ta frondaison. Je suis la sève de tes mots. Tu ne te souviens pas.
- J’ai une mémoire d’âne et je ne retrouve plus le chemin. Laisse-moi me perdre dans le vitrail des forêts. Je veux retrouver l’enfance.
- Tu trouveras l’innocence …
Je suis allé dans la nuit des mots et l’heure était tardive. J’ai rencontré un nain. Qui es-tu petit homme ? De quelle fin me parles-tu ?
- Je suis la mort me dit le nain. Je suis dans ton écriture depuis l’origine. Tu pensais avoir percé le mystère. Eh bien je suis là devant toi.
- Tu peux passer ton chemin petit nain. J’appartiens au pays de vivants.
- Tu trouveras l’éternité dans un souffle …
 
© Patrick Chemin (2012)   Extrait du livre « Les écrits dans l’arbre » Paru aux Editions Epingle à Nourrice   Le 17 avril 2013 © Droits réservés Editions Epingle à Nourrice
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Les Poèmes saturniens constituent le premier recueil publié par Verlaine, qui avait tout d'abord songé à l'intituler Poèmes et Sonnets. Les traits dominants de l'esthétique verlainienne - qui culminera dans les Romances sans paroles avant le retour, avec Sagesse, à des formes poétiques plus conventionnelles - y sont déjà très affirmés.

Après un poème liminaire qui explique le titre, le recueil s'ouvre sur un long "Prologue" en alexandrins consacré au poète, à la permanence de son art et au caractère sacré de sa mission: "Le Poëte, l'amour du Beau, voilà sa foi, / L'Azur son étendard, et l'Idéal, sa loi!" Vient ensuite une première partie, intitulée "Melancholia", que Verlaine avait sans doute songé un moment à isoler pour la publier en plaquette. Elle comporte huit poèmes, dont sept sont des sonnets et figurent parmi les textes les plus fameux du poète, notamment "Nevermore", "Après trois ans", "Lassitude" et "Mon rêve familier". La deuxième section, "Eaux-fortes", comprend cinq poèmes aux formes variées, certains, comme "Cauchemar" (II) et "Marine" (III), mêlant divers types de mètres, souvent impairs, conformément à "l'Art poétique" que le poète énoncera plus tard (voir Jadis et Naguère). La troisième partie, intitulée "Paysages tristes" et formée de sept poèmes, privilégie, ainsi qu'en témoignent certains titres, les moments de déclin: celui du jour avec "Soleils couchants" (I), "Crépuscule du soir mystique" (II), "l'Heure du berger" (VI); ou bien celui de l'année avec "Chanson d'automne" (V). La quatrième section, "Caprice", contient cinq poèmes, dont le ton humoristique va de la badinerie galante ("Femme et Chatte", I) à la satire ("Jésuitisme", II, "Monsieur Prudhomme", V). Vient ensuite une série de douze poèmes dépourvus d'un titre commun et non numérotés, de formes et d'inspirations diverses, généralement en alexandrins. Le recueil se clôt sur un "Épilogue", constitué de trois poèmes, dans lequel Verlaine dévoile sa conception de la création poétique.

Le poème liminaire définit en ces termes l'"influence maligne" qui préside à la destinée du poète: "Or ceux-là qui sont nés sous le signe SATURNE, / Fauve planète, chère aux nécromanciens, / Ont entre tous, d'après les grimoires anciens, / Bonne part de malheurs et bonne part de bile. / L'Imagination, inquiète et débile, / Vient rendre nul en eux l'effort de la Raison." Rien de romantique, toutefois, dans cette fatalité. Verlaine souligne avec ironie la distance qui le sépare par exemple d'un Lamartine ("Épilogue", III), et semble plutôt en accord avec l'esthétique parnassienne: "Ce qu'il nous faut à nous, les Suprêmes Poëtes / [...] A nous qui ciselons les mots comme des coupes / Et qui faisons des vers émus très froidement, / [...] C'est l'Obstination et c'est la Volonté!" (ibid.). L'ironie latente de certains vers invite toutefois à considérer avec circonspection une telle allégeance. En réalité, cette poésie ne ressemble à aucune autre et, en dépit du caractère composite du recueil et de la facture encore conventionnelle de certains poèmes, les Poèmes saturniens témoignent de l'originalité et de la modernité de la voix verlainienne.

Cette voix, le poète la caractérise lui-même dans "Sérénade": "Ma voix aigre et fausse." Privilégiant le déhanchement et la rupture, le vers se modèle au rythme des sons plus qu'il ne se plie à la logique du sens et engendre ainsi des harmonies inhabituelles, de surprenants effets de claudication syntaxique. C'est sans doute "Chanson d'automne" ("Paysages tristes", V) qui va le plus loin dans cette voie. Assonances et allitérations se mêlent pour engendrer un flux lancinant et grinçant à la fois. La brièveté des vers scinde la lecture, de multiples pauses retardant l'avènement du sens et laissant le poème dans un constant suspens: "Les sanglots longs / Des violons / De l'automne / Blessent mon coeur / D'une langueur / Monotone." L'angoisse, jamais nommée mais manifestée à travers diverses expressions - "Tout suffocant", "Je pleure" - est ainsi d'autant plus efficacement communiquée.

Univers de la sensation, de l'impression et du rêve, les Poèmes saturniens procèdent par touches successives plutôt qu'ils n'obéissent à une continuité narrative ou à une logique descriptive, à l'exception de quelques pièces telles que "Nocturne parisien", "Marco", "César Borgia" ou "la Mort de Philippe II". Ainsi, dans "Après trois ans" ("Melancholia", III), le paysage d'un jardin se constitue peu à peu mais demeure morcelé, formé d'éléments autonomes que le poème se borne à mettre côte à côte: une "humble tonnelle", un "jet d'eau", un "vieux tremble", des "roses", de "grands lys", des "alouettes", une "Velléda". Aucune vision totalisante n'organise l'espace, de même que le texte, refusant l'anecdote et l'expansion sentimentale, demeure muet sur les motivations de cette promenade et l'émotion qu'elle suscite. La nostalgie, l'oeuvre destructrice du temps sont au coeur du poème mais suggérées seulement, dessinées en filigrane à travers le spectacle de l'immuabilité de la nature et grâce à de brèves notations temporelles - "Après trois ans", "Comme avant" - ou à de simples préfixes itératifs - "J'ai tout revu", "J'ai retrouvé".

L'un des traits dominants du "signe SATURNE" réside sans doute dans cette perception aiguë et inquiète de la fuite du temps. Les Poèmes saturniens se plaisent à évoquer le passé qui ne reviendra plus - des titres tels que "Melancholia" ou "Nevermore" (ce dernier est utilisé deux fois) sont éloquents à cet égard -, ou à traquer la fugacité du présent: "Et fais-moi des serments que tu rompras demain, / Et pleurons jusqu'au jour, ô petite fougueuse!" ("Lassitude", "Melancholia", V). La femme rêvée est moins promise que d'emblée vouée à la mort dont elle procède et dont elle ne parvient pas véritablement à s'extraire: "Son regard est pareil à celui des statues, / Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a / L'inflexion des voix chères qui se sont tues" ("Mon rêve familier", "Melancholia", VI).

Les Poèmes saturniens sont peuplés de souvenirs et de spectres. De discrets mouvements s'y esquissent, presque toujours sous l'image du roulis, d'un balancement typique de l'hésitation et de l'indécision saturniennes: "Balancés par un vent automnal et berceur, / Les rosiers du jardin s'inclinent en cadence" ("Épilogue", I). Les teintes sont estompées, ainsi que l'atteste la récurrence d'adjectifs tels que "blême", "blafard" ou "morne". La mort envahit le texte poétique et la détresse - "Mon âme pour d'affreux naufrages appareille" ("l'Angoisse", "Eaux-fortes", VIII) - se dit à travers l'évanescence et la déliquescence des choses: toute présence est saisie dans sa précaire ténuité et porte l'angoisse d'une disparition.

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administrateur théâtres

Samedi 11 mai, 23h.

En attendant le verdict du jury, les spectateurs restés dans la salle ont eu l’honneur d’assister à un Bord de Scène inédit. C’est la  Reine Fabiola en personne qui préside. Tout sourires, galvanisée par la rencontre musicale des six derniers candidats de la DERNIERE SOIREE DE LA PREMIERE EPREUVE du CONCOURS REINE ELISABETH 2013, elle a quitté sa place au premier rang où elle était assise aux côtés de Jean-Pierre de Launoit et s’installe très décontractée, appuyée sur le bord de scène pour  échanger ses impressions et discuter avec les membres du jury.

Vers minuit, le jury monte sur scène pour proclamer les demi-finalistes. Le président s’adresse à la Reine pour la remercier de la fidélité de son  soutien bienveillant et salue l’ensemble des  63  jeunes candidats (au départ ils étaient 283 de 18 nationalités différentes à avoir envoyé leur DVD) qui ont fait preuve de qualités artistiques exceptionnelles et  dont il faut saluer à la fois, le courage, l’endurance et  l’excellence.

Les demi-finalistes sont cités dans l’ordre de leurs prestations du lundi après-midi au samedi soir:

Zhang Zuo (Chine, 23 ans)
Yannick Van de Velde (Belgique, 23 ans)
Mikhail Berestnev (Russie, 25 ans)
Joo Hyeon Park (Corée, 24 ans)
Lu Shen (Chine, 27 ans)
Tatiana Chernichka (Russie, 28 ans)
Joon Kim (Corée, 30 ans)
Rémi Geniet (France, 20 ans)
Roope Gröndahl (Finlande, 23 ans)
Sasha Grynyuk (Ukraine, 30 ans)
Stanislav Khristenko (Russie, 28 ans)
Boris Giltburg (Israël, 28 ans)
Yuntian Liu (Chine, 23 ans)
Andrew Tyson (USA, 26 ans)
Yedam Kim (Corée, 25 ans)
Jianing Kong (Chine, 27 ans)
Stephanie Proot (Belgique, 25 ans)
Sangyoung Kil (Corée, 29 ans)
David Fung (Australie/Chine 30 ans)
Yejin Noh (Corée, 27 ans)
Kana Okada (Japon, 22 ans)
Sean Kennard (USA, 29 ans)
Mateusz Borowiak (Grande-Bretagne, 24 ans)
Samson Tsoy (Russie/Corée, 24 ans)

 

Order of appearance in the semi-final (piano 2013)

N’ayant pas pu assister à toutes les épreuves de la semaine, nous ne pourrons pas commenter tous les concurrents mais voici les très nombreux coups de cœur!

A commencer par Yannick Van de Velde (Belgique, 23 ans) un musicien dans l’âme au parcours déjà illustre, car il compose également. Ils sont 4 jeunes frères, tous musiciens. Il est coaché de près par son maître, Jean-Claude Vanden Eynden qui depuis son dernier concert (dans le cadre des concerts de l’Orangerie de Seneffe) à la D’Ieteren Gallery , l’a encore fait évoluer de façon spectaculaire. Une autre compatriote belge a elle aussi été sélectionnée : Stephanie Proot (Belgique, 25 ans). Titulaire du 1er Prix, Grand Prix International André Dumortier, elle a le sens de la musique et  un sens dramatique émouvant. Traversée par l’inspiration, armée d’une technique infaillible, elle joue pour elle-même et pour sa rencontre avec le compositeur, juchée sur sa propre chaise de laque noire  Le Choral et Variations de Dutilleux est une merveille d’atmosphères évocatrices. Gloussement, pépiements, trilles, bavardages des marais, le piano joue la célébration du monde vivant et de l’univers poétique. Le paysage sonore tonitruant se pare de grands frissons ou évoque subitement le miroitement des derniers feux du soleil! Elle a su entraîner le spectateur dans un sillage musical grandiose. « Oh temps suspends ton vol ! » loin de l’hostilité du monde réel.

Mikhail Berestnev (Russie, 25 ans) a surpris par son approche à la fois tendre et  vigoureuse du  Prélude et Fugue de Bach (n°20/BWV 889) qu’il a sculpté avec force. Sturm und Drang, il est  une vraie force de la nature dans l’étude (Wilde Jagd) de Liszt où l’on a retrouvé pathos et beauté de la souffrance dans un tempo intense aux dimensions fantastiques. Le musicien a tout donné ! Y compris une exultation solaire à la fin de la Troisième Sonate de Prokofiev.

Mateusz Borowiak (Grande Bretagne-Pologne, 24 ans) a terminé une prestation fougueuse, tonique et sonore  par une splendide interprétation de l’étude op.18/1 de Béla Bartok avec une rythmique accentuée, puissante et diabolique  ... après avoir séduit par un Prélude et fugue (BWV 885) de Bach aux sonorités claquantes et très bien construit.

Tatiana Chernichka (Russie, 28 ans) a opéré une vraie mise à feu (!) avec son entrée en matière hitchcockienne et sa puissante maîtrise dans l’œuvre de Rodion Shchedrin, Basso Ostinato. C’est de la sorcellerie pure, le nez sur le clavier, c’est une poseuse de bombes ! Un docteur Jekyll et Mister Hyde qui présente un nouveau visage fait d’intériorité et de musicalité investie, elle offre une finale éblouissante à son récital en jouant l’étude d’exécution transcendante n°10 de Liszt. Une interprétation enflammée au phrasé impeccable, le visage tendu, impassible et des mains de magie noire qui ne semblent pas appartenir au visage de madone.

David Fung (Australie-Hong Kong 30 ans) , un joyeux compère,  a fait son entrée avec un sourire éblouissant. Son Prélude et fugue (BWV 884) est enlevé avec couleurs à l’appui,  musical et beau.  Le Molto moderato e cantabile de la Sonate op.78 de Schubert a ce qu’il faut de désespérance, de légèreté et de violence et fait penser à un  Sonnenuntergang  spectaculaire et poétique. Couleurs dramatiques qui s’évanouissent dans un silence. Son étude de concert Waldesrauschen de Liszt convoque tous les murmures de la forêt et la sève mélodique  dans une atmosphère fantasmagorique et créative.

Boris Giltburg (Israël, 28 ans) aborde le Prélude et Fugue n°22 de Bach (BWV867) avec une attitude solennelle et déférente. Il y insuffle toute sa sensibilité utilisant un tempo majestueux qui invite à la contemplation.. La Sonate n°32 opus 111 de Beethoven évoque une tendre berceuse  et  l’étude n°5 opus 25 de Chopin caracole entre galops légers et panache, la dernière phrase noble comme une salutation au soleil.  Mais c’est dans la dernière œuvre proposée que le musicien se singularise particulièrement : tel un artisan de génie courbé sur une sculpture difficile, il extrait une série de sons inimitables de son instrument. Ainsi, l’étude-tableau n°6 opus 39 de Rachmaninov  laisse les spectateurs suspendus à  une sorte de halo musical unique en son genre.

Sean Kennard (USA, 29 ans) joue devant la reine Fabiola, le dernier soir. Ses Feux-follets de Liszt résonnant de gloussements, gargouillis et contrastes farceurs sont inimitables. La virtuosité permet à peine de distinguer le ruissellement des notes, à la fin, la fuite des esprits se transforme en pure évanescence. On reste médusé par la technique et le rendu poétique. Mais c’est surtout la Danse macabre d’après Saint-Saëns transcrite par Horowitz qui a emporté l’adhésion du public. L’exécution sérieuse souligne l’aspect sarcastique de l’œuvre. Des mains ensorcelées rivalisent de vitesse et de puissance, les ruptures de tempo renforcent la démence avant un final rugissant mais tellement maîtrisé.  

Stanislav Khristenko (Russie-Ukraine, 28 ans) a débuté le concert de mercredi soir par le Prélude et Fugue n°2 de Bach (BWV847) interprété avec puissance et robustesse … très slave. Son plaisir de jouer est évident et communicatif. La Fantaisie opus 28 de Scriabin termine un récital brillant, intelligent et bien composé.

Kim Joon (Corée, 30 ans) nous a offert un des moments musicaux les plus intenses du mardi soir. A la suite de la fougueuse Tatiana Chernichka, il n’a pas déçu  avec la mise en scène d’une véritable chevauchée de souffrance dans son étude d’exécution transcendante n° 8 de Liszt, Wilde Jagd. Mais il a surtout  acquis le public avec ses très belles variations sur un thème de Paganini de Brahms. Le musicien Coréen dont on aurait pu penser que le Bach était un peu trop maniéré a fait chanter son instrument et fait palpiter l’imaginaire musical du public.

Kim Sangyoug (Corée, 29 ans) La pianiste coréenne du vendredi soir fut applaudie avec véhémence. Le  Prélude et fugue (BWV 892) de  Bach est joué sur une vague ininterrompue d’allégresse. Elle savoure sa musique, insuffle une rythme dansant, joue avec les pianissimos et construit des fils de lumière auxquelles elle accroche des sonorités cristallines. Cela  touche au sublime. Elle pourrait déjà arrêter là. Son étude en sol dièse mineur de Chopin lui met la tête dans les étoiles et elle nous emmène ainsi dans un  firmament où vibrent des hululements intersidéraux… Virtuosité, élasticité, rayonnement, on a baigné dans un univers de nuances et de  douceur.

Kim Yedam (Corée 25 ans) se produisait le jeudi soir commençant son récital par la sonate de Mozart K. 311, un jeu vivant et (vite) enlevé! Ensuite, place au sacré avec le Prélude et Fugue en si bémol mineur ( BWV 867) de Bach. Les bras en arabesques arrondies au-dessus du clavier elle joue l’étude pour arpèges composés de Claude Debussy. Pittoresque et coloré. Les Tierces de Chopin (Etude en sol dièse mineur op. 25 n°6) ne sont que volées inoubliables de pétales de fleurs. Joyeusement spirituelle et passionnée elle se glisse avec feu ibérique  dans un morceau de bravoure espagnol : Triana,  extrait de Iberia II d’Isaac Albeniz. Le public est heureux.  

Lui Yuntian (Chine 26 ans) un des pianistes du mercredi soir. Il joue son Bach (Prélude et Fugue n°3 BWV848) d’un air décidé. Sa brillante virtuosité semble toute naturelle. Il produit des notes claquantes et lumineuses. Ce sera encore gagné ! Une muse imaginaire avec qui il semble converser veille-t-elle sur le musicien chinois? C’est l’impression qu’il donne en jouant l’allegro moderato de la sonate en la majeur de Schubert. La muse disparue dans la dernière mesure, il enchaîne  aussitôt avec quelques mesures d’un Chopin bouillonnant. D’un ton moqueur, c’est Claude Debussy qu’il interprète avec vivacité et grands contrastes de toucher. De l’effleurement au pédalage,  c’est une chevauchée fantastique qui s’élance dans la salle. William Bolcom ( Un Rag infernal)  clôture le concert,  un véritable élixir de malice musicale.

 

Noh Yejin (Corée, 27 ans)  s’empare du Prélude et fugue (BWV 880) dans un  pur esprit de béatitude. Elle jouera, courbée sur le clavier comme si elle attisait patiemment un feu. Magnifique timbre et petit salut discret de remerciement à l’instrument  au dernier accord. La musique est Grâce et Joie. L’artiste écoute les sonorités avec respect. Après la fraîcheur de son Mozart elle s’attaque à Scarbo, Gaspar de la nuit de Ravel  où elle exploite de ses mains vertigineuses les sonorités lugubres, les mugissements en crescendo et lâche un  pied de nez final spirituel. La pianiste termine sur Chopin, radieuse, expansive et généreuse.

Okada Kana (Japon, 22 ans). Une pianiste au jeu félin qui passe de l’esprit baroque du Bach à un Joseph Haydn coulé et guilleret.  L’exécution de  l’étude Feux-Follets de Liszt est ludique et intense. Le tempo tourbillonne et éblouit. Revoilà  le Scarbo de Maurice Ravel paré de touches  spirituelles. A gauche il y a le savant modelage des basses et à droite les notes hautes pulvérisent les aigües. De quoi soulever le samedi après-midi,  la salle de bonheur.

Park Joo Hyeon (Corée, 24 ans) Le sourire du pianiste semble tout de suite habité par la musique du prélude et fugue n. 2 de Bach. Il présente ensuite  le largo de la sonate n. 17 de  Beethoven avec finesse et intelligence, alternant l’aspect méditatif et la passion. On est sous le charme d’accords fermes et cuivrés de chapelets de notes claires et  pour finir de belles notes amorties. Le Coréen se transforme en mousquetaire du piano dans l’étude Paganini n.6 de Liszt. Bravado, coups de chapeau, révérences, jeu scintillant et crépitant, trilles angéliques et final royal! Ce n’est pas fini !  La sonate tragique de Nikolai Medtner nous plonge dans un maelström d’émotions contradictoires évoluant vers un climax enivré de sonorités. Bonheur et souffrance tout à la fois! Impressionnant!

Shen Lu (Chine, 27 ans) nous  a aussi fort impressionnés. Une construction souple et moelleuse de son prélude et fugue n.7 de Bach le conduit vers le ciselage ouvragé du modérato de la sonate en mi majeur de Haydn. Des notes claires, presque transparentes,  une simplicité toute  apparente  et une très belle construction musicale. La pièce de clôture est saisissante.  Il s’agit de  la sonate Choral et Variation de Dutilleux. Une entrée en matière Forte qui enchaîne ensuite évanescence, déferlantes, amoncellements spirituels, arpèges, vocalises et accords fracassants. Quelle résonnance ! une harpe était cachée dans le piano!

Et pour terminer cette promenade avec ces jeunes talents débordants de génie musical, voici le  tout dernier candidat sélectionné pour les demi-finales. Encore une belle révélation parmi  les jeunes candidats qui se sont présentés lors de cette première épreuve. Il s’agit de  

Samson Tsoy (Russie-Corée, 24 ans) C’est l’émotion vive dès ses première pages. Un silence profond unit la salle. Il a choisi  de débuter son récital  avec la Fantaisie op. 77 de Beethoven. Il y module joie et narration, joue avec les mélodies, pique les notes avec humour et grâce. Dans le Joseph Haydn, (L’Allegro moderato de la Sonate Hob XVI :46  ) les sonorités bondissent, les gammes sont étincelantes et volubiles. Tout est coloré, bien charpenté,   tenu et ardent. La finesse de l’architecture musicale n’a d’égale que l’élégance aérienne de l’interprétation. Son  Bach est foisonnant et carillonne. Son Lizst est généreux, large, splendide, … océanique. L’étude en ut mineur de Chopin marque la fin d’une semaine fabuleuse avec des concurrents tous plus engagés les uns que les autres.

 

 Concours Musical International Reine Elisabeth

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Visite à Seneffe...

ingrid1

La rotonde du château d'argent luit entre mare et ciel

Mosaïque de citronnier
Croisements d'acajou coeur de bois rares

Le concerto de flûtistes masqués ravit l'âme
Toute anxiété s'arrête

Panneaux de soies écrues du lyonnais
Vin doux sous la langue
Dans les cristaux à facettes

Les chocolatières d'argent niellé
Et tous les raffinements des dames en négligé
Font les recettes sucrées des boudoirs

Sous les mousselines ennouées de rubans
les doigts s'égarent quêtant des mains parfumées
Et des jupons indiscrets et la chair tendre des Dames

Tant de soupirs de bien être
Tant de vent dans les sphères
De transparentes sonorités

Mêlent à l'intimité de l'être
La musique du ciel
Et les incandescences de l'été

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De nombreux membres nous ont fait le plaisir de participer activement et avec enthousiasme à notre projet des partenariats poésies-peintures au sein de ce réseau.

Ce projet se continue encore évidemment.

Cependant, je tenais à vous en montrer une édition (provisoire et incomplète) d'ores et déjà, pour vous présenter un aperçu de ce que cela pouvait donner au final.

Voici donc ci-dessous comment cela se présente. Le reste suivra bientôt, mais il faudra patienter.

Mes remerciements à tous les participants et aussi à Liliane Magotte à qui j'ai confié en son temps la charge d'Administrateur de ces partenariats: elle s'est acquittée de sa mission avec brio et ténacité.

Le travail n'est bien sûr pas fini dans son chef, dans le mien et dans celui du vôtre évidemment. Elle vient d'ailleurs de lancer une demande pour obtenir plus de participation des peintres.

Par ailleurs un membre vient de me faire la remarque justifiée que ce sont  surtout les Dames du réseau qui ont collaboré... Puis-je demander aux Messieurs aussi de s'y mettre? 

Robert Paul  

 

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La cartomancienne au bas de laine

La cartomancienne au bas de laine de Charles De Wit.

 

Moderne Aruspice.

 

L’art  divinatoire  joue  la  cartomancie,

Change d’espace temps, nage de porcs en ports,

Va depuis Marseille jusqu’en Alexandrie,

Se mettre  au  service  des  devins  faux  ou forts.

 

La  lune  gourmande  sourit  à  l’aubaine,

De  dame  voyante  plumant les volailles,

Venues pour pleurer  l’amour et la haine,

D’un partenaire enfui  semant la pagaille.

 

L’œil de Dieu l’observe, tout comme le hibou,

Sage  représentant d’Atropos  la  Parque,

Coupant le fil des vies, et le chaton tabou,

Au don de clairvoyance avise en monarque.

 

Psychologue elle sent jusqu’où cerner l’émoi,

Pour  tirer  un  profit  ou  rester  honnête.

Avec  habileté  pour  l’humain  aux  abois,

Avance  des propos,  Joue  à  la devinette.

 

Moderne Aruspice sans foudre ni poulets,

Suscite  réflexions  et  débroussaillage,

Par le client naïf doux comme un agnelet,

Résigné qui  la guide  dans ses aiguillages.

 

Les longs bas de laine se gonflent de l’argent,

Des  petit’s  misères  des  gogos  crédules,

Qui lavent leurs soucis aux Mages détergents,

Désireux  de  gagner  un  double  pécule.

 

Claudine QUERTINMONT D’ANDERLUES..

 

 Un partenariat

Arts 
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Lettres

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Une heure s’élance.

Une heure s’élance.

 

Une heure s’élance  en écarquillant ses grands yeux :

C’est fou ce qu’elle désire de ce jour à venir ;

Regarde, elle tend les bras, vois, c’est merveilleux

Et dire que dans l’instant elle pourrait bien mourir !

 

Généreuse, elle t’invite au grand ballet du temps :

Elle comptera tes pas sans folie, sans sagesse ;

Surgira de son ciel un tel rayonnement

Que tu en oublieras le courage, la paresse.

 

C’est fou ce qu’elle désire de ce jour à venir :

Que tu marches vers elle et que tu étincelles ;

C’est une heure de vie qui voudrait te sourire.

 

Regarde, elle tend les bras, vois, c’est merveilleux !

Et dire que dans l’instant elle pourrait mourir …

En une seconde s’éteindre en d’autres lieux !

 

Pierre WATTEBLED- le 3-05-2013.

 

 

 

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Charles de Coster (1827-1879)

Aucun écrivain belge avant Charles De Coster ne s’est vu reconnaître une réelle valeur internationale, aucun n’a été traduit en une dizaine de langues, en une centaine d’éditions, avec un succès que les années confirment au lieu de l’affaiblir. Et cependant, pour ne citer que trois écrivains de cette France qui ne lui rend pas justice, si Abel Lefranc a salué « La Légende d’Ulenspiegel » (texte intégral) comme un chef-d’œuvre des lettres françaises, si Romain Rolland a proclamé sa valeur d’art universelle, si Georges Duhamel l’a mise au rang des grandes épopées, à côté de l’Iliade, si presque tous les pays d’Europe et d’Amérique se sont élevés des éloges fervents, si la littérature néerlandaise, par ses traductions et ses imitations, a véritablement adopté cette œuvre française, peut-on dire que celle-ci, dans sa forme originale, a suscité, en Belgique et en France, l’intérêt et les lecteurs qu’elle mérite ? Sont-ils nombreux les Wallons et surtout les Français qui l’ont lue ? Sont-ils rares ceux qui s’imaginent qu’elle est tout au plus une brillante traduction ? Cette langue si française et si claire, mais émaillée çà et là de termes flamands, d’ailleurs traduits ou éclairés par le contexte ; cette évocation d’une page de l’histoire des Pays-Bas, mais surtout du peuple flamand, d’une famille flamande, de héros flamands ; ce titre même, annonçant un sujet folklorique qu’on pourrait croire assez mince, en faut-il davantage pour entretenir des préventions ? « Un livre bizarre, aussi étrange que son titre », écrit un rédacteur du Figaro, le 21 janvier 1877. De Coster aurait pu donner à son œuvre un titre moins compromettant. Il n’aurait pu en trouver un qui reflétât mieux les intentions affirmées déjà par les précédents : « Légendes flamandes » et « Contes brabançons ». « Mes ennemis ne me feront aller ni à droite ni à gauche. Je ne biaiserai ni ne tergiverserai, je marcherai droit dans la voir que je me suis tracée », écrit De Coster au moment où va paraître son premier livre. Nobles paroles du premier écrivain belge qui ait eu le courage de tout sacrifier à une impérieuse vocation. C’est sans preuves sérieuses et même contre toute vraisemblance qu’on a voulu faire de Charles De Coster le fils de deux Wallons. Si sa mère était de Huy, son père était bien un Yprois, intendant du nonce apostolique en Bavière. Charles De Coster naît à Munich, le 27 août 1827. Mais ses parents reviennent bientôt en Belgique et c’est à Bruxelles que s’écoulera sa vie. Il y termine à dix-sept ans ses humanités, chez les Jésuites, est employé de banque pendant six ans, démissionne en 1850 et s’inscrit à l’Université de Bruxelles. Ses études y sont médiocres et poursuivies avec la conscience d’enlever à la littérature, à l’imagination, à l’art, le temps qu’il faut consacrer aux cours. Aussi lui faudra-t-il cinq ans pour conquérir, en 1855, le diplôme de candidat en philosophie et lettres. Il ne pousse pas l’épreuve plus loin. Il se sent l’âme ni d’un avocat ni d’un professeur. Le journalisme le séduit davantage, mais il ne veut pas en accepter les servitudes : « Je ne ferai jamais de ma plume un outil. » Quelle fierté, quelle conscience, quelle inconscience aussi il lui fallut pour décider de n’être qu’un écrivain ! Il ne se faisait guère d’illusions cependant sur la rapidité du succès. « Je suis de ceux qui savent attendre », a-t-il dit. On cite souvent ce mot comme s’il exprimait son attitude hautaine en face de l’incompréhension qui l’entourait. Il ne l’a pourtant écrit qu’à propos d’un retard matériel dans la publication des « Légendes flamandes ». Mais ils s’est écrié, au moment où celles-ci allaient paraître : « Ha, il y a peut-être de la gloire là-dedans. Peut-être, et de la réputation. Mais je prends mon parti à l’avance, une seule chose me donne de l’espoir, c’est que c’est neuf et audacieux. » Dix ans plus tôt, dès 1847, avec un petit groupe d’amis, il avait fondé la Société des Joyeux. Elle réunissait des jeunes gens qui, sans renoncer à trouver la « joie » dans d’autres distractions, notamment dans la bière, étaient décidés à soumettre à une sévère critique collective leurs premiers essais littéraires. Le beau zèle des premiers jours bientôt s’attiédit, mais De Coster tint bon et mérita d’être cité en exemple. On ne peut pas dire que les Joyeux avaient une doctrine ou même des tendances très nettes. L’opposition entre classiques et romantiques animait la plupart des discussions. Mais plusieurs des membres de la Société devaient manifester plus tard de vives sympathies pour le réalisme. L’un d’eux, Emile Leclercq, dans la dédicace de son roman « L’Avocat Richard » (1858), reconnut que cette école lui avait été profitable. Elle le fut aussi à De Coster. Non que ses nombreux essais annoncent son génie. Il tâtonne, il passe de la prose aux vers et un moment il semble se croire poète. L’essentiel est qu’il se fasse la main et se forme le goût, qu’il apprenne à réagir contre une propension trop naturelle à la prolixité, aux digressions, au pathos. Après 1850, il s’inscrit dans un autre cercle, plus restreint, le « Lothoclo » animé par un de ses professeurs de l’Université de Bruxelles, Eugène Van Bemmel. Il collabore à la « Revue Nouvelle », publiée par cette société. Bientôt, en 1854, Van Bemmel fonde l’imposante « Revue trimestrielle », et De Coster peut adresser ses vers à un public plus large. Il vit alors un roman d’amour. De 1851 à 1858, il aime une jeune bourgeoise qui a cinq ans de moins que lui et qui comprend mal son romantisme et ses ambitions littéraires. Elle ne peut espérer que ses parents lui permettront d’épouser cet artiste, ce rêveur sans situation. Espoirs, déceptions, querelles, réconciliations se succèdent pendant sept ans, exaltent et dépriment tour à tour le jeune homme et le mûrissent dans la douleur. Il faudra finalement se quitter et renoncer au rêve du mariage. Mais cette épreuve, loin d’abattre l’idéalisme de l’écrivain, le fortifiera ; le souvenir d’Elisa se retrouvera dans les tendres amoureuses que De Coster mettra en scène avec délicatesse. L’émouvante histoire de ces amours un peu mystérieuses est conservée dans le choix des « Lettres à Elisa », publié par Potvin en 1894. On y voit un De Coster impressionnable à l’excès, timide, profondément mélancolique, exalté, incapable de s’adapter à « l’à peu près qui est toute la vie » ; il souffre d’être incompris ; il a besoins de tendresse et d’amitié, il aime les hommes, le peuple du moins ; il a horreur du bourgeois, bien qu’il refuse d’ « en manger » ; l’amour et l’humanité le déçoivent sans l’aigrir, son romantisme est sans orgueil, ni violence, ni révolte. Confrontés avec ces confidences épistolaires, les premiers écrits de Charles De Coster les confirment et les nuancent. On le voit dans les genres les plus divers, manifester un goût très vif pour les rêveries, l’apologue, les développements satiriques, les réflexions désabusées, les histoires d’amour les plus disparates. Avant 1856, il faut le reconnaître, De Coster, même après des années d’efforts, ne dépasse pas et souvent même n’atteint pas une honnête médiocrité. On le voit cependant se livrer à de timides essais de réalisme, faire des incursions éphémères dans le fantastique, se corriger pour introduire parfois dans son texte un détail caractéristique, une note picturale. Le fait le plus curieux est qu’à deux reprises, dans un récit exotique, oriental, il recourt à une prose qui, sans être archaïque, est poétisée, en quête de rythmes accentués par des phrases brèves, de courts alinéas, des répétitions. Réussites d’ailleurs sans lendemain et dont la formule est abandonnée aussitôt que découverte. Au contraire, en 1856, De Coster va prendre conscience de ses dons, opter pour un genre de sujets et pour un style. On ne l’a pas assez remarqué : 1856 est vraiment la plaque tournante de sa destinée littéraire. Que s’est-il passé ? De Coster cueille enfin le fruit de dix années d’essais divergents, mais tenaces. Il a aussi appris lentement à voir, à observer, à regarder vivre le peuple, surtout le peuple de Flandre ; il ne manque plus qu’un heureux concours de circonstances pour lui faire chercher son inspiration de ce côté plutôt que dans son romantisme, ses élucubrations, ses rêveries, ses exaltations généreuses, ses apitoiements ou ses indignations. Voici qu’il est enfin heureux, qu’il se lie à des amis dévoués dans une entreprise joyeuse, qu’il découvre de vieilles légendes qui lui permettent de se rapprocher du peuple et qui lui suggèrent un vieillissement de sa langue. Voici enfin que le succès et les critiques que rencontre un premier essai dans cette nouvelle voie l’encouragent à persévérer. en se renouvelant, en affirmant davantage son originalité. Insistons sur le bonheur qui le transforme en 1856. Quelques mois plus tôt, il doutait encore de l’amour d’Elisa ; elle refusait de le tutoyer, de l’appeler par son prénom. Maintenant il sait qu’il est aimé. Il se sent presque gai. Il surmonte ses découragements. Il regarde l’avenir avec confiance. Il est persuadé qu’Elisa lui porte bonheur. Bientôt ce rêve heureux se dissipera, sans doute, mais l’impulsion aura été donnée, l’écrivain aura pris son élan dans la bonne direction. Au même moment, au début de cette année, la fondation de l’ »Uylenspiegel » le détourne, elle aussi, des rêveries désabusées, des banalités sonores et utilitaires, et l’oriente vers une fantaisie plus joyeuse. Le 3 février 1856, avec Félicien Rops et quelques amis, De Coster lance, en effet, le journal « Uylenspiegel » . « Nous avons choisi un titre belge », déclare la rédaction. Uylenspiegel, pourtant est un héros allemand, rendu célèbre par des livrets populaires. A la fin du XVe siècle, une compilation en bas-allemand semble avoir groupé, sous le nom d’un paysan du duché de Brunswick, des tours malicieux, souvent grossiers, dirigés contre les riches, le clergé, les femmes et surtout les artisans. Transposé en haut-allemand vers 1500, traduit bientôt en flamand, à Anvers, et ensuite en plusieurs langues (c’est de là qu’est venu le mot français « espiègle »), ce recueil connaît en Flandre un vif succès au XVIe siècle et s’attire aussi les foudres de la censure à l’époque des guerres de religion. Allemand d’origine, Uylenspiegel a été adopté par la Flandre. Elle a cru que son tombeau était à Damme. Elle a conservé fidèlement son souvenir par l’image et dans les éditions gardant ou atténuant son irrévérence à l’égard du clergé. Notons-le tout de suite : c’est une version flamande publiée depuis peu à Gand chez Van Paemel, que De Coster prend pour guide quand il écrit sa « Légende d’Uylenspiegel ». Rien n’annonçait dans le premier numéro de « l’Ulenspiegel, journal des ébats artistiques et littéraires » la place que cet hebdomadaire allait occuper huit ans, dans la vie littéraire, artistique et politique. Il se présentait comme une œuvre gaie, jeune, de fantaisie pure, volontairement étrangère à toute coterie, à la politique, à la religion, aux questions sociales, franchement belge, et soucieuse d’échapper à la « réverbération de l’esprit français ». De Coster y collabore dès le troisième numéro. Il y publie quelques-uns des contes qui formeront les « Légendes flamandes » et les « Contes brabançons ». Bientôt Emile Leclercq, qui signe Pittore, y donne le branle à un mouvement de sympathie pour le réalisme pictural et littéraire. Avec une fantaisie et une verve croissantes, le journal tourne le dos au romantisme sentimental ou historique, autant qu’à l’académisme. Il accomplira en février 1860 une radicale métamorphose en se lançant dans la politique ; il deviendra la tribune des jeunes libéraux progressistes, et presque aussitôt Charles De Coster lui-même sera le porte-parole de l’équipe. Nous verrons l’importance de ces écrits. Pour l’instant, tenons-nous-en à cette année 1856, au cours de laquelle sont composées les « Légendes flamandes ». Elles sortiront de presse à la fin de 1857, avec la date de 1858. Mais c’est en 1856 que De Coster les écrit, en moins d’un an, dans une période d’euphorie. Il n’est donc pas étonnant qu’elles semblent à ce point détachées du romantisme. Accordons à celui-ci une part d’influence dans cette séduction du passé, de la couleur locale ; mais les sujets eux-mêmes n’ont rien de romantique, ni non plus la façon dont ils sont traités, sauf le fantastique dont De Coster les enrichit avec une complaisance progressive. L’étiquette « réaliste » convient moins encore, sinon à quelques détails. Ainsi apparaît tout de suite l’originalité de ce premier livre. Il mérite un examen attentif, car il est trop peu connu. Il est écrasé par « La Légende d’Uylenspiegel », dont il est le portail. Bien accueilli en 1858, il a eu la faveur exceptionnelle d’une seconde édition, en 1861, mais son succès reste un succès d’estime. A cause de l’archaïsme de son style et du caractère régionaliste de ses sujets un peu frêles, d’abord, à cause aussi d’une certaine prolixité. Chaque page a ses beautés, mais l’allure du récit est parfois lente, les développements et les dialogues trop complaisants, la broderie un peu lourde. Trompé par l’ordre où les quatre légendes se succèdent dans le recueil, on n’a pas prêté assez d’attention à leur ordre de composition et aux étapes de cette découverte que De Coster fait de son génie. Le 24 mars 1856, second jour de Pâques, il se rend en curieux et en sceptique à un centre célèbre de pèlerinage, Hakendover, près de Tirlemont. Il assiste à la procession des chevaux. Il ricane. Mais il a visité l’église, admiré le fameux retable. Il a su surtout, dans une version en français moderne, inspirée d’anciens documents et par un texte latin, le récit de la fondation miraculeuse, au VIIe siècle, de ce sanctuaire, édifié par trois vierges et treize ouvriers, dont le Christ en personne. De Coster ne croit pas aux miracles. Cette légende lui paraît « bête », c’est son mot. Cependant il a dû être intéressé, à travers la gaucherie un peu lourde du texte, par la naïveté, la poésie du thème. Il a dû se dire qu’il faudrait, pour retrouver ces grâces de vieille légende, mêler la fantaisie à la précision, la finesse et le sourire à l’émotion, et surtout (voici l’inspiration qui va transformer sa manière) adapter l’archaïsme du style à celui du sujet, vieillir légèrement sa langue et tenter un compromis entre prose et poésie, par une recherche de rythmes et une fragmentation du récit en alinéas ou versets n’excédant pas généralement trois lignes. Après tant d’essais de versification, il s’attache enfin à une forme plus originale et plus souple de poésie. Le conte paraît dans l’ Uylenspiegel du 4 mai 1856. le succès en est immédiat. On apprécie la nouveauté de ce « vieux français ». Encouragé de toutes parts, De Coster va chercher d’autres légendes, les traiter avec plus d’originalité encore dans l’invention, dans la fantaisie, dans le vieillissement de la langue, introduire dans son récit un fantastique très personnel. Il écrira à Elisa : « Cette fantaisie, si souvent attaquée par quelques-uns, me plaît. Ce monde étrange, j’aime à m’y plonger. J’aime l’espèce de folie qu’il faut pour créer dans ce genre. » Au lendemain de la publication de la légende des « trois pucelles » d’Hakendover, un jaloux a prétendu que De Coster en avait emprunté à un vieux livre les détails et la langue. Piqué au vif, notre auteur choisit une autre légende, rudimentaire et informe celle-ci, mais accrochée à une réalité plus matérielle et bien populaire, à une histoire de buveurs et de tir à l’arc, à la vie me^me d’une auberge qu’il fréquente ; il l’amplifie avec infiniment plus de liberté, il y insère du fantastique et surtout, après avoir lu Rabelais, il accentue l’archaïsme de son style. Ce second récit paraît moins de trois mois après le premier, dans l’ Ulenspiegel des 27 juillet, 3 et 10 août 1856 ; c’est l’histoire des « Frères de la Bonne Trogne », dont il fait une brochure. Deux autres légendes compléteront le volume es « Légendes flamandes ». De Coster sent qu’il s’est renouvelé : « Je voudrais tant ne marcher sur les traces de personne, me faire une spécialité. Je le ferai. » C’est d’ailleurs en partie pour cela qu’encouragé par des exemples français (il semble ignorer les belges), il a vieilli sa langue. Il faut s’entendre sur cet archaïsme qui n’a rien de scientifique ou de pédant. Et d’abord sur ses intentions. L’auteur écrit dans l’Ulenspiegel, à propos de son premier essai : « Un croyant du moyen âge a sculpté naïvement dans le chêne les personnages et les épisodes de la légende que je viens de vous raconter. Quant à moi, si j’ai essayé de la traduire en français du vieux temps, c’est tout simplement pour arriver à plus de vérité, et aussi par amour pour cette belle langue, châtrée aujourd’hui si vilainement. » Retenons ce désir d’une langue plus vigoureuse, renouvelée dans ses moyens d’expression, et cette assurance qu’une vieille histoire paraîtra plus vraie, aura un accent plus juste, si elle est écrite en une vieille langue. N’oublions pas non plus qu’en ces années d’apprentissage, De Coster s’est mis à fréquenter les artistes. Il s’est notamment lié avec Félicien Rops, Dillens, Wiertz, en attendant dix autres ; il a eu avec eux des conversations sur la peinture ; il s’est rapproché aussi des maîtres anciens ; il a visité les musées belges et hollandais. Il est impossible de lire les « Légendes flamandes » et « La Légende d’Ulenspiegel » sans penser à Bruegel l’Ancien, à Jordaens, à Teniers, à Jan Steen, à Jérôme Bosch, à d’autres encore. Non que De Coster se soit appliqué à des transpositions d’art. Mais les peintres lui ont imprimé dans l’esprit certaines images de ripailles, de diableries ou de tortures ; ils lui ont donné le sens de la couleur, ils l’ont incliné vers ce mélange de réalisme et de fantastique, dont ils lui offraient un frappant exemple. A vrai dire, l’archaïsme et le coloris n’atteindront leur pleine maîtrise qua dans « La légende d’Ulenspiegel », mais déjà ils contribuent à conférer aux « Légendes flamandes » une valeur d’art qu’on n’a guère eu l’occasion d’entrevoir dans les essais antérieurs. Se plaindra-t-on de ne pas trouver dans ce premier recueil une étude psychologique ? Ce serait, je crois, confondre les genres. Certes, ces sujets pouvaient se prêter à des analyses, à des conflits. Qu’on pense à ce qu’est devenue, chez Michel de Ghelderode ou Herman Closson, l’histoire de Sire Halewyn. Mais le halo légendaire n’est pas l’éclairage romanesque. Les caractères sont schématisés, vus à travers les gestes des personnages, saisis dans une action qui mêle à la vraisemblance et à la naïveté les arabesques de la fantaisie et un merveilleux où le surnaturel chrétien débouche sur un fantastique plus ou moins à la manière d’Hoffmann, un des auteurs préférés de Charles De Coster. Celui-ci veut cependant, il l’écrit à Elisa, « peindre de vrais caractères, de vrais hommes, avoir et montrer du bon sens ». Du moins ses héros, sont-ils vivants dans leur bonne humeur, leur tendresse, leur pudeur, leur effroi, leur pitié, leur colère, leur haine ou leur ruse. Au schéma sommaire des légendes dont il s’inspire, De Coster ajoute une observation malicieuse, des notes pittoresques, des traits savoureux, des contrastes étudiés. L’invraisemblance de certains faits se dilue dans l’atmosphère de légende et est corrigée par la précision, la vérité de nombreux détails. Parmi les circonstances heureuses qui favorisent la transformation de notre auteur, en 1856, il faut signaler la variété des quatre sujets qu’il découvre l’un après l’autre. L’histoire des trois vierges d’Hakendover, intitulée dans le recueil « Blanche, Claire et candide », est la plus simple, la plus sobre, la plus fraîche. Bien qu’elle soit la plus vieille des quatre légendes, elle se caractérise par un archaïsme plus discret de la langue et du style. On ne s’en étonnera pas si on lui restitue la première place, qu’elle a perdue dans le volume. Après ses trois expériences, quand il reprendra ce texte pour l’insérer dans son livre, De Coster amplifiera son récit et, tout en renonçant à certains vieillissements, il accentuera légèrement la teinte archaïque de l’ensemble. L’effet de « vieux français » est obtenu par la simplicité du vocabulaire, rarement désuet, et par un recours très discret à l’ancienne syntaxe. Il se confond avec une impression de poésie, avec une sensation de rythme, renforcée par une présentation très particulière de chaque idée, de chaque notation presque, en une sorte de verset. Certaines pages de ce conte sont des poèmes en prose : « Lors on était au treizième jour après la fête des Rois ; il avait neigé grandement et gelé par-dessus à cause d’une âpre bise qui soufflait. Et les trois pucelles virent devant elles, au milieu de la neige, comme une île de verdure. Et cette île était ceinte d’un fil de soie purpurine. Au delà de l’île était l’air du printemps florissant roses, violettes et jasmins, desquels l’odeur est comme baume. Au dehors étaient bises, autans et froidure horrifiques. » « Les Frères de la Bonne Trogne » sont inspirés par la vague légende des archères d’Uccle. Ce que De Coster accorde ici à un archaïsme intempérant, il l’enlève à la poésie et au rythme. Il atténuera d’ailleurs un peu cet archaïsme quand il insérera ce conte dans son livre. Mais il s’abandonne à sa fantaisie, teintée d’un humour malicieux ; il trouve, dans cette histoire de joyeux buveurs et de leurs femmes déçues, matière à un coloris plus chaud et surtout il y introduit du fantastique. Ce goût du fantastique et des diableries, d’où vient-il ? Des artistes sans doute, anciens et modernes, et d’Hoffmann. Peut-être aussi d’Aylosius Bertrand, qui offrait, en même temps qu’un échantillon de fantastique hoffmannesque, des séduisants exemples de prose rythmée, coupée en brefs alinéas. Ceux-ci, toutefois, dans « Les frères de la Bonne Trogne », sont nettement plus longs que dans le premier récit ; en 1857, plusieurs seront encore allongés ; cette variété caractérisera les deux derniers contes et s’introduira même dans « Blanche, Claire et Candide », grâce à de nouveaux développements. La troisième des « Légendes flamandes » est « Smetse Smee ». Je crois qu’elle a été composée après le voyage que De Coster a fait en Hollande, avec Dillens, en septembre 1856. Elle sera placée à la fin du volume, peut-être parce qu’aux yeux de l’auteur elle annonce « La Légende D’Ulenspiegel », déjà esquissée. De Coster, dans « Smetse Smee », exploite avec une invention très féconde le thème folklorique du forgeron qui a vendu son âme au diable, mérité les faveurs de saint Joseph et le pardon du Christ. Il mêle avec bonheur le miracle aux diableries, la satire historique au réalisme quotidien. Il installe dans son récit les mêmes préoccupations qui lui font faire d’Ulenspiegel le héros des guerres de religion ; il y rappelle avec sévérité les tortures et les bûchers de l’Inquisition, les cruautés du duc d’Albe et la sinistre figure de Philippe II. Ce fabliau s’élargit jusqu’à l’évocation d’une patrie livrée au feu et à la corde, jusqu’à la vision d’un au-delà où, joignant de vagues souvenirs de Dante à des figures grimaçantes de Jérôme Bosch et à la radieuse beauté de Lucifer. De Coster adapte à la nature des vices de l’humanité les châtiments infernaux. L’histoire est cependant plaisante, pleine de bonhomie et d’humour. Pittoresque à souhait, elle n’a pas cherché à retrouver le rythme qui va prêter à « Sire Halewyn » une sauvage poésie. Il manque à De Coster une légende pour étoffer son volume. Il lit la vieille ballade flamande d’Halewyn ; elle racontait, en de courtes strophes dont il reprendra le mouvement, la victoire d’une fille de roi sur un seigneur qui attachait au gibet les femmes charmées par sa chanson. Dépourvue de toute indication psychologique, cette ballade se bornait à évoquer une succession de dialogues et de gestes. De Coster est aussitôt plein d’enthousiasme. Il traduit le texte flamand, il porte en lui son sujet, il le laisse « bouillir », dit-il, attendant que « le métal et le moule » soient prêts pour « la fonte ». Il écrit sa légende avec fièvre en y insérant un fantastique très personnel. Puis il la reprend, tâche d’en supprimer les longueurs, de la rendre plus vivante, se reproche de ne pas être assez sévère, de se laisser aller à ‘émotion, aux larmes, comme s’il lisait l’œuvre d’un autre. Quand le livre aura paru, il s’étonnera qu’on puisse préférer « Smetse Smee » à « Sire Halewyn ». Pour la première fois, il affronte un thème pathétique. Pour la première fois aussi la nature, qui sera si souvent évoquée dans « La Légende d’Ulenspiegel », est réellement associée à la grandeur farouche du drame. L’héroïne, Matgelt, s’est retirée dans sa chambre, le soir où l’humiliation de son frère, vaincu par Halewyn, afflige et désespère toute la famille : « Et elle ouït le grand vent, précurseur de neige, s’enlevant par-dessus la forêt et grondant comme eau qui monte au temps des grandes pluies. Et il jetait contre les vitraux fenestrés, feuilles et ramules sèches, lesquelles y frappaient comme ongles de doigts de trépassés. Et il huait et sifflait en la cheminée bien tristement. » Et le lendemain, sa résolution prise, Matgelt chevauche droite et fière vers la terre d’Halewyn : « Et largement ouverts sont ses yeux assurés cherchant par la forêt le sire Halewyn. Et elle écoute si elle n’ouïra point le bruit de son coursier. Mais elle n’ouït rien, sinon emmi l’épais silence, le calme son des neigeux flocons tombant coîment comme plumes. Et elle ne voit rien, sinon l’air blanc de neige tout à fait, et blanche aussi la très-longue route et blancs aussi les arbres désenfeuillés. » Trois fois, à de brefs intervalles, ces phrases sont reprises, avec de légères variantes, scandant la chevauchée. De Coster, inspiré par la poésie populaire, tient là le procédé du refrain, qu’il utilisera aux moments les plus émouvants de « La Légende d’Ulenspiegel ». Sans renoncer aux alinéas de cinq à dix lignes, il reprend les courts versets de « Blanche, Claire et Candide ». Il les réduit parfois même à une ligne : « Matgelt, devant que de se mettre en lit, pria, mais non hautement. Et son visage était âpre et colère. Et s’étant dévêtue elle se mit en lit, fouillant aucunes fois sa poitrine de ses ongles, comme gênée d’étouffement. Et son souffle était pareil à expiration d’agonisant. Car elle était triste et marrie amèrement. Mais elle ne plourait point. » On voit comment il souligne le rythme par la répétition, au début de courtes phrases, de la même conjonction. Il lui arrive même de rompre la phrase davantage encore, pour mieux parquer les accents et les reprises (ch. XVII). Dans l’ensemble, la langue de cette légende offre une image fidèle du degré d’archaïsme des « Légendes flamandes ». On a pu remarquer, dans nos citations, la discrétion relative des emprunts à un vocabulaire périmé. De Coster pastiche-t-il le vieux ou le moyen français ou même la langue du XVIe siècle ? Non. Il essaye de se gorger une langue, de retrouver la saveur, la fraîcheur, la liberté, le pittoresque, l’allure plus souple d’un vieux style ; il se contente d’emprunter au français du XVIe siècle quelques-uns de ses caractères, surtout l’ellipse, le déplacement du pronom personnel ou de l’adverbe, l’inversion, l’abondance des participes présents. Il y a là une création plutôt qu’un pastiche et on fait tort aux « Légendes flamandes » en évoquant à leur propos les « Contes drolatiques » de Balzac. De Coster poursuivra encore pendant dix ans sa recherche d’une langue originale, au vieillissement atténué. Il a senti qu’il fallait éliminer davantage encore les mots oubliés, les anciennes formes, qui pouvaient nuire à la diffusion de son œuvre. Certes, bien que son cœur le portât vers le peuple, il ne semble pas avoir cherché un succès populaire. La présentation même de ses œuvres en belles éditions illustrées traduit le désir de toucher surtout une élite. Mais cette élite, fallait-il la heurter dans sa paresse et ses habitudes ? Emile Deschanel, dans l’élogieux article qu’il écrivit pour les « Légendes flamandes » et qui en devint la préface, approuvait l’écrivain d’avoir été plus discret que Balzac : « Il a fait tomber ainsi le plus grand épouvantail qu’il y ait pour le lecteur moderne, et a rendu son livre accessible à la majorité des lecteurs ». Il n’en déconseillait pas moins à De Coster de « persévérer dans cette voie étroite ». Il parlait, à tort, de « pastiche », « travail puéril et peut-être desséchant », et il concluait sans détours en approuvant le choix des sujets, mais en conseillant à l’auteur d’écrire « dans la langue de son propre temps ». Tout le monde ne fut pas de cet avis. Ni le journal belge « Sancho » du 7 février 1858, ni la « Revue des deux Mondes » du 1er avril ne firent pareilles réserves. Eugène Van Bemmel, lui aussi, dans la « Revue trimestrielle », refusa d’appeler pastiche cette heureuse imitation du français du XVIe siècle, mais il reprit à son compte ce mot malheureux, cinq ans plus tard, dans son rapport pour le prix décennal. Dans l’ « Ulenspiegel », qui avait d’abord protesté contre le mot « pastiche », Emile Leclercq, champion du réalisme, conseilla, le 14 mars, à Charles De Coster de peindre désormais les mœurs contemporaines et d’écrire en français du XIXe siècle, sans renoncer à sa simplicité savoureuse. A ne voir que les dates des deux livres suivants, « Contes Brabançons », 1861, et « La Légende d’Ulenspiegel », 1867, on pourrait croire que De Coster a tâché de suivre le conseil de son ami, avant de prendre finalement conscience qu’il faisait fausse route et de revenir à sa première manière. Il n’en est rien. Dès le moment où il publie les « Légendes flamandes », en 1857, il a en tête, je crois, son projet de « La légende d’Ulenspiegel » et il est en train d’écrire ses « Contes brabançons ». En décembre 1859, l’ « Uylenspiegel » annonce que « La Légende d’Ulenspiegel » est « sous presse ». Déjà, le 13 février de cette année, il en a publié un extrait où l’on voit que l’action est située au XVIe siècle. Le texte est précédé d’une note de la rédaction : « Nous nous occupons depuis plusieurs années à reconstituer cette légende altérée, annihilée presque par tant de sottes traductions. Un de nos collaborateurs, M. Charles De Coster, qui a fait ses preuves par la publication de ses Légendes flamandes, s’est chargé de ce soin. » Depuis plusieurs années ? Cela nous ramène aux premiers temps de l’ « Uylenspiegel », qui a commencé à paraître le 3 février 1856. De Coster et ses amis ont voulu revigorer l’histoire de leur patron, en y réinstallant les vivacités et les impertinences qui, depuis le XVIe siècle, avaient subi la censure d’éditeurs orthodoxes ou délicats. Revenir à Uylenspiegel, c’était revenir au début du XVIe siècle. Or, depuis quelque temps déjà, De Coster, comme beaucoup de ses contemporains, est fasciné par ce XVIe siècle. Il a été enflammé par les cours, à l’Université de Bruxelles, de son professeur Altmeyer, devenu son ami. En rendant compte d’un livre de cet historien. « Une succursale du tribunal du sang », la « Revue trimestrielle », en 1854, le compare à Michelet. Et elle évoque après lui le spectacle d’un petit peuple soulevé contre un empire, dans une lutte contre l’oppression religieuse et politique. Il y a plus. En mars 1856, Altmeyer achève à l’Université libre un cycle de conférences sur le XVIe siècle. Et le journal « Uylenspiegel », qui se défend bien à cette époque de s’occuper de politique ou de religion, écrit à ce propos, le 26 mars : cette lugubre page de nos annales où tout est meurtre, sang, pillage, où chaque phrase arrache un gémissement, une exclamation de colère ou de malédiction ». Il relate les protestations indignées de l’orateur contre ceux qui osent prétendre que le duc d’Albe avait « un cœur d’homme » : « Non ! ce n’était pas un homme, c’était une hideuse caricature de Satan ! » Altmeyer ravale Philippe II « au rang des assassins vulgaires ». Et le public lui fait une ovation : « Comme en 1854, la grande salle de l’Université était littéralement comble et l’enthousiasme indescriptible. » Voilà dans quelle atmosphère surchauffée va germer l’idée de « La Légende d’Ulenspiegel ». Quelques mois plus tard, De Coster, par un véritable coup de force, associera la farce de « Smetse « Smee » au drame lugubre du XVIe siècle. Avant cela, le 13 juillet 1856, dans l’ « Uylenspiegel » » encore, nous le verrons rêver devant un tableau de son amis Dillens, « Femmes espagnoles », qui représente un épisode de l’entrée du duc d’Albe en Belgique. Je ne dis pas que cette toile est à l’origine de la « Légende ». Mais le commentaire de Charles De Coster montre à quel point il saisit la poésie du contraste qu’offraient à ses méditations sur le XVIe siècle ce fond de massacres, d’incendies et de guerres et cette vie qui, malgré tout, joyeuse, chantante, hardie, continue au milieu des larmes. On le voit, tout nous conduit à placer en 1865 la genèse de l’œuvre, les premières rêveries sur son thème. Rappelons-nous que cette même année est celle où De Coster écrit ses « Légendes flamandes » et découvre sa voie et son style. Il lui faudra je pense, attendre 1857 ou peut-être même 1858 pour commencer à rédiger « La Légende d’Ulenspiegel », après l’avoir longtemps portée en lui, l’y avoir laissé mûrir. Or, dès 1856 encore, avant même de composer sa première légende flamande, il publie, toujours dans l’ « Uylenspiegel », un de ses « Contes brabançons ». Ceux-ci, en 1861, seront au nombre de sept. Mais trois d’entre eux ont paru avant le recueil des « Légendes flamandes », de 1854 à 1857. Un quatrième est inséré dans l’ « Uylenspiegel » en 1869. Trois donc seulement sont inédits ; encore faut-il tenir compte, pour l’un d’eux, « Ser Huygs », d’une lointaine ébauche, « Mohammed », qui remonte à 1848. Il ne faut donc pas voir dans les « Contes brabançons » une sorte de repentir de Charles De Coster tournant le dos à l’archaïsme du style comme aux vieilles légendes. Le titre même, peu adéquat au contenu de l’œuvre, atteste la volonté de passer pour un conteur national. En réalité, ces « contes » prolongent les essais tentés chez les Joyeux et à la « Revue Trimestrielle ». On y trouve, mêlés à de timides essais de réalisme, sensibles surtout dans les compositions les plus récentes, les tendances qui caractérisaient les œuvres de jeunesse. Ces médiocres essais de réalisme provoquèrent d’ailleurs la sévérité de Potvin. Dans la « Revue trimestrielle », il ne cacha pas sa déception. Si, dit-il en substance, De Coster, au terme de ces trois années où il a tenté l’abordage du roman moderne et du réalisme, a pu se convaincre qu’il a fait fausse route, il n’aura pas perdu son temps. l’Uylenspieegel lui même sembla partager cette sévérité, car il reproduisit l’article de Potvin en laissant, il est vrai, à l’auteur la responsabilité de son appréciation. Avouons que le réalisme de « Contes brabançons » est sans relief et sans âme. Mais c’est défigurer l’œuvre que d’y voir avant tout un essai réaliste. Le recueil est très disparate, il mêle les genres et les styles : romantisme grandiloquent, rêveries, morceaux de satire, récits d’un petit drame sentimental qui veut être émouvant, apologues sur les dons de l’écrivain, prose terne ou affadie, vers faciles alignés en prose. Vraiment le recueil ne nous intéresse plus que par ses confidences ou par la révélation d’une curieuse influence d’Alphonse Karr sur Charles De Coster. Et aussi parce qu’il achève de nous montrer, par contraste, à quel point fut bienfaisante la contrainte que l’auteur des « Légendes flamandes » et de « La Légende d’Ulenspiegel » s’imposa pour se forger une langue personnelle, archaïsante, simple, colorée, poétique. Seul « Ser Huys » ne nous déçoit pas. C’est qu’il a, lui aussi, un air de vieille légende. Nous retrouvons ici l’heureuse influence, sur Charles De Coster, du dépaysement dans l’espace ou dans le temps. Il aime ce sujet ; il l’a traité à une époque où il ne pensait pas à vieillir sa langue. Depuis lors il a eu l’illumination de 1856. Il reprend cette « histoire orientale », non certes dans le style des « Légendes flamandes », mais dans une sorte de compromis, tenté d’une main légère. Il n’y introduit pas de mots archaïques, mais il glisse des expressions au charme désuet, comme « madame la Vierge », « messieurs les saints », « son vouloir », « sa benoîte patronne » ; il recourt avec une extrême modération à l’ellipse, à l’inversion ; il s’en tient surtout à un vocabulaire très simple, à des images brèves, il introduit des participes présents, des rythmes sobres et nets. Et cela s’accorde parfaitement à la fraîcheur, à l’émotion naïve du récit. En cette année 1860 où, interrompant la rédaction de sa « Légende d’Ulenspiegel », De Coster assemble et complète ses « Contes brabançons », l’ « Uylenspiegel », nous l’avons vu, se jette dans la mêlée politique. Et c’est De Coster qui bientôt se charge de l’assaut hebdomadaire. Ce filleul d’archevêque a depuis bien longtemps perdu la foi. Comme Rops, autre ancien élève des Jésuites, il est devenu franc-maçon. Anticlérical sectaire, démocrate convaincu, il s’acharne, dans l’ « Uylenspiegel », contre les riches, contre les despotismes étrangers, contre le clergé, le pape, l’Espagne, Charles-Quint, Philippe II, Napoléon III et l’impérialisme français. Son idéalisme passionné, fourvoyé dans la politique, n’a d’ailleurs aucune indulgence pour les politiciens, qui sont pour lui des marionnettes. Il réserve toute sa tendresse à l’humanité qui travaille et qui souffre, il s’émeut devant toutes les oppressions et réagit avec la violence d’un anarchiste. Si l’on veut éclairer du dehors « La Légende d’Ulenspiegel », il faut la placer sous le projecteur de cette passion anticléricale et démocratique. M. Van Kalken dit, des jeunes libéraux progressistes, qu’ils « étaient avant tout férocement anticléricaux ». C’est l’époque où, en tête de son édition de Marnix de Sainte Aldegonde (1857), le français Edgar Quinet, réfugié à Bruxelles, se réjouit de voir, dans ce pamphlet, « le papisme » réfuté, extirpé, déshonoré, étouffé dans la boue ; tels sont ses termes. Et De Coster figure en tête de liste des souscripteurs. C’est aussi le moment où, à la suite de ceux qui présentent la Révolution du XVIe siècle comme une émancipation des consciences, se forment des sociétés de Gueux pour délivrer le pays « de la vermine papiste ». On voit la collusion entre les deux siècles. Reconnaître cette passion, cette haine de Charles De Coster, c’est expliquer la genèse de son œuvre et l’ardeur qui la brûle par endroits. Toutefois Romain Rolland a exagéré la place de la haine dans « La Légende d’Uilenspiegel ». De Coster entre dans la peau d’un Gueux ; dans l’élan de son fanatisme et de sa création littéraire, il ne se distingue plus de ses personnages. Mais il réserve au journal ses tirades, il sait se garder de transformer son livre en pamphlet, il n’écoute la violence que par intermittence, et sa « Légende d’Ulenspiegel » est l’image d’un monde où, à travers les orages, fleurissent les joies de la vie, les tendresses de l’amour, la poésie d’une nature généreuse, l’entrain d’un peuple ennemi de la servitude et des hypocrisies. Une heureuse décision du gouvernement a, en 1860, attaché De Coster aux Archives du Royaume, au service de la Commission royale chargée de la publication des anciennes lois et ordonnances de Belgique. Il dut sans doute cette nomination à sa connaissance apparente du vieux français. Elle lui donna l’occasion de lire d’anciens textes, de vieilles chroniques, des procès de sorcellerie, des documents historiques de toutes sortes. Il démissionne en janvier 1864. Pourquoi ? Cette position, dira-t-il, « n’était pas rentable et elle était sans avenir ». Sans doute aussi compte-t-il un peu imprudemment sur le succès de sa « Légende d’Ulenspiegel » ; il croit qu’elle va pouvoir paraître « en volume de luxe, de 500 pages, grand in-4°, illustré de 40 grandes eaux-fortes par Félicien Rops et de gravures dans le texte ». Mais l’éditeur des « Légendes flamandes » se récuse au dernier moment. Rops d’ailleurs n’est pas prêt. Il ne le sera pas en septembre 1867 et De Coster devra solliciter la collaboration d’autres artistes pour tâcher de paraître chez un autre éditeur avant la fin de l’année, afin d’être en course pour le prix quinquennal de la période 1863-1867. Vain espoir. Sans doute le livre pourra être déposé à temps, au prix d’un travail de typographie exécuté à vive allure, à Paris, en dépit des innombrables corrections faites sur épreuves et qui n’ont pas toutes été comprises. Mais le jury du prix quinquennal y verra surtout un « capharnaüm pantagruélique » et le prix sera décerné à Charles Potvin. De 1864 à 1867, De Coster attend avec impatience. Il n’ose pas bousculer Rops, qu’il admire, et dont la collaboration est gratuite. Il faut vivre cependant. Certes le malheureux a la tête pleine de projets dont le succès lui permettrait de faire patienter les créanciers. Mais il se laisse persuader qu’il faut d’abord publier sa « Légende » ; les autres livres pourront bénéficier de son succès. Pour gagner quelque argent, il se charge du secrétariat d’un journal de médecine. Il le lâche pour aller tenter sa chance à Paris, où « Candide » publie en 1865 le début de sa Légende. Mais il y étouffe. Le volume paraît enfin, sous le titre « La Légende d’Ulenspiegel », avec la moitié des illustrations prévues. Quelques exemplaires, destinés principalement au jury, portent la date de 1867 ; les autres sont datés de 1868. De Coster publie en 1868 une médiocre nouvelle, « Les Bohémiens », et en 1870 une autre, aussi peu intéressante, « Caprice de femme ». En 1869, quand toutes les illustrations sont achevées, l’éditeur lance une « seconde édition » de la « Légende » ; en réalité, c’est le même texte et le tirage, précédé d’une préface et illustré cette fois de tente deux eaux-fortes, sous le nouveau titre : « La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au pays de Flandre et ailleurs. » Le succès ne vient pas. Ni l’argent. La mère de l’écrivain veuve depuis 1833, n’a cessé de l’aider. Elle meurt. De Coster sollicite sans résultat, en 1868 et 1869, la place de bibliothécaire à l’Université de Gand. Il obtient une compensation. Il est nommé en 1870 professeur d’histoire générale et de littérature française à l’Ecole de guerre, qui vient d’être fondée, et répétiteur du cours de belles-lettres à l’Ecole militaire. En 1872, il devra renoncer au cours d’histoire générale, assumé par l’académicien Juste. Contrairement à ce qu’on affirme, il gardera jusqu’à sa mort les deux autres charges : les Annuaires officiels en font foi. En 1870, « Le Voyage de noces », roman annoncé depuis longtemps, sort de presse. La page de titre de cette édition princeps, destinée aux illustrateurs et à quelques amis, annonce sept eaux-fortes. Il faudra renoncer à ce projet et le volume sera mis en vente avec la date de 1872. De Coster ne chôme pas. Il collabore à la publication parisienne « Le Tour du Monde ». En 1855 et 1856, il est allé visiter la Hollande avec Dillens. Il retourne en Zélande avec son ami en 1873 et publie son reportage en 1874 (tome 28). Il repart en 1877, va revoir Amsterdam et la Néerlande. « Le Tour du Monde » imprimera en 1878 (tome 36) le texte que De Coster a rapporté de ce voyage et, après sa mort, en 1880 (tome 40), les notes qu’il n’avait pu mettre au point. Tout cela est très inégal d’ailleurs et d’un intérêt fort limité. Mais ces déplacements coûtent cher, plus peut-être qu’ils ne rapportent. De Coster, qui dépense largement, sans compter, est aux abois. On le voit, en 1875, lui qui est si charitable, tendre la main au gouvernement pour solliciter quatre cents francs, afin de donner un acompte à ses créanciers. Le 24 juillet 1878, quelques mois avant de mourir, il énumère les œuvres qu’il a « en préparation », notamment de nouvelles « légendes » de l’Escaut et de la Campine. En 1878, il écrit, en collaboration avec un lieutenant, un petit roman qui ne paraîtra qu’après sa mort, en 1879 : « Le Mariage de Toulet ». Traits forcés, invraisemblances, schématisations excessives rappellent, en les exagérant encore, les défauts du « Voyage de noce », dont nous allons parler. On croit reconnaître toutefois, dans la seconde partie, où se trouvent quelques pages d’un coloris plus chaud, la main de Charles De Coster. Signalons ici en passant qu’en 1865 De Coster s’était laissé tenter par une autre collaboration, avouée discrètement au verso de la page de titre d’une brochure de 32 pages, « Le Ballon Demine, Solution du problème de la navigation aérienne ». L’auteur, Edmond Deminne, inventeur du ballon, remercie « M. CH. De Coster qui s’est chargé de la partie littéraire de la brochure ». Cette collaoration se borne sans doute à une toilette du style et à quelques développements, surtout aux dernières pages. De Coster est usé par le travail, les privations, les soucis, la maladie, à bout de ressources, de talent, de vitalité. Le 7 ami 1879, il meurt à Ixelles, où ses nombreux déménagements dans le même quartier, pendant plus de trente ans, attestent ses continuels embarras d’argent en même temps que sa fidélité à ses mais et à ses habitudes. De toutes cette production, en partie alimentaire, il suffira de retenir un instant « Le Voyage de noce ». Disons-le franchement : l’œuvre est ratée. Elle a cependant été appréciée à l’étranger, surtout en Allemagne où, en 1940, un producteur l’a portée à l’écran. En Belgique, elle déçut les plus chauds admirateurs de l’écrivain. Caroline Gravière et Camille Lemonnier, entre autres, écrivirent spontanément à la « Revue de Belgique » (15 septembre 1872) pour exprimer leur opinion sur les invraisemblances et les ficelles de ce roman. De Coster, sans se libérer entièrement de son romantisme, a voulu se renouveler, s’essayer au roman réaliste et psychologique, mettre en scène avec une dureté cruelle – là où un malicieux humour aurait pu réussir- une belle-mère qui ne peut tolérer que son gendre partage avec elle la tendresse de sa fille. Mais il ne sait pas construire un roman où son caractère se dessine et s’affirme progressivement, dans une complexité vivante ; il ne sait pas, dans ce cadre, faire agir ou parler naturellement ses personnages, tout au long d’un conflit psychologique ; il ne sait pas toujours combiner heureusement la description, le récit et l’analyse. Il exagère surtout, dès l’abord, l’avarice, la bêtise, la méchanceté de la mère et ne parvient pas à rendre vraisemblable l’alliance, pourtant possible, de l’amour maternel et d’un égoïsme odieux. L’ambition tardive de cette cabaretière est enfin aussi caricaturale que son avarice ou sa jalousie. Le roman aurait pu être sauvé par le rôle des deux jeunes amoureux. Mais leur faiblesse pour cette marâtre est inexplicable. De Coster, en écrivant ce livre, a revécu son roman de jeunesse, ses rêveries, ses promenades avec Elisa, qui lui a révélé l’amour de la campagne. Cela nous vaut, dans la seconde partie, quelques pages de poésie et de fraîcheur, quelques lumineuses descriptions. Déjà la première partie contient quelques tableaux où l’auteur s’est même essayé, non sans bonheur, à de sobres transpositions. Ici, avec un sens pictural qui se donne plus libre cours, il trace de plus larges paysages. Qu’on lise par exemple la description de la campagne près de Ruysbroeck (deuxième partie, chapitre III). La composition en est d’une netteté remarquable. De Coster décrit le ciel, les nuages, les arbres, puis à grands traits les plans successifs ; il s’arrête ensuite, avec un art subtil, impressionniste, aux détails du tableau, sons, lignes et couleurs. Tout concourt à une sensation de bonheur paisible et lumineux qui fait jaillir la prière. D’autres scènes d’intérieur, sont de charmants pastels où l’amour apparaît vif, espiègle, chargé de mélancolie que de Coster associe à la profondeur. Mais en dehors de ces quelques réussites, le style est terne, lent, maladroit, déclamatoire ou encombré de fadeurs. Il nous faut mentionner encore les œuvres dramatiques de Charles De Coster. De 1850 à 1878, c’est-à-dire tout au long de sa carrière, il a été attiré par le théâtre ; il s’est par intermittence essayé à des comédies sentimentales, en vers ou en prose ; la moins mauvaise « Jeanne », a paru dans un journal, « L’Echo du Parlement », en 1863. Il n’a jamais définitivement renoncé à l’espoir de faire jouer un médiocre drame historique et romantique en vers, intitulé d’abord « Crescentius », en 1853, puis « Stéphanie » en 1878. Au soir même de sa vie, bien qu’il ait abandonné depuis longtemps la poésie, il se fait encore d’étranges illusions sur ce drame, qu’il veut remanier pour le porter à la scène. Il n’en voit ni le prosaïsme flagrant, ni la maladresse de la construction, ni la faiblesse psychologique, ni la prolixité, ni la redondance. Ce n’est pas le seul exemple d’un romancier ou d’un conteur qui n’excelle dans le dialogue que dans des conditions bien déterminées, sans pouvoir se soumettre aux cadres et aux servitudes du genre dramatique. De Coster, lui, a besoin de la souplesse et de la liberté qui lui laisse la formule inaugurée dans les « Légendes flamandes » et reprise dans « La Légende d’Ulenspiegel », mais appliquée à une matière infiniment plus vaste et plus variée. Son récit n’a pas l’allure habituelle d’un roman. Il procède par scènes détachées. Chaque chapitre contient un épisode présenté comme un tout, dans un développement d’une longueur très variable. L’écoulement des saisons est souvent évoqué avec poésie et pittoresque, mais la durée des intervalles est rarement précisée ; elle peut être, d’un chapitre à l’autre, de quelque jours ou de quelques années. La scène change brusquement de lieu, de pays, de personnages. Sous cette apparente dispersion s’établit, par un jeu subtil de correspondances, une profonde unité. Le drame historique se superpose à un drame domestique, les épreuves et la vengeance d’une famille sont associées à la douleur et à la révolte d’un peuple. L’équilibre n’est point parfait cependant. De Coster a trop sacrifié aux farces traditionnelles. Entraîné par les conséquences de l’heureuse idée qui lui fait opposer Ulenspiegel et son père, Claes le charbonnier, à Philippe II et à Charles-Quint, il doit attendre la mort des deux pères pour faire d’Ulenspiegel le champion de la révolte. Et il lui garde ainsi, jusqu’au-delà d la trentième année, une insouciance et même une méchanceté qui jurent avec la gravité des événements et le spectacle d’une patrie qui déjà souffre sous la rigueur des placards. Les farces empruntées au livret populaire ne méritaient pas toutes l’honneur que De Coster leur fait. Il aurait dû les trier plus sévèrement encore et s’en tenir à celles qui inspiraient sa verve et sa fantaisie. On regrette surtout de voir Thyl Ulenspiegel prolonger à plaisir son exil et oublier pendant dix ans son pays, ses parents, sa fiancée. Quand il revient à Damme, son père est en prison. Tenté par la loi qui assure au dénonciateur une partie des biens du condamné, un avare poissonnier a porté contre Claes l’accusation d’hérésie. Ulenspiegel assiste à l’interrogatoire et au jugement de son père, il sauve avec Nele, sa fiancée, le petit trésor convoité par l’accusateur. Claes est brûlé vif. La nuit, la mère et le fils, répondant à l’appel de la victime, vont recueillir un peu de ses cendres. Elles battront désormais sur la poitrine du héros, dans un sachet de soie rouge et noire. Soetkin, en l’attachant au cou de son fils, lui dit : « Que ces cendres, qui sont le cœur de mon homme, ce rouge qui est son sang, ce noir qui est notre deuil, soient toujours sur ta poitrine, comme le feu de vengeance contre les bourreaux. » Le voilà champion de cette nouvelle chevalerie de la haine et de la vengeance. Bientôt Soetkin et Thyl, qui ont fait entre eux « un pacte de haine et de force », supporteront la torture plutôt que de révéler l’endroit où est caché l’héritage. Malheureusement une indiscrétion de la mère de Nele, Katheline, qui croit avoir commerce avec les diables et n’est qu’une pauvre bonne sorcière affolée, permet à son séducteur de s’emparer de la somme. Soetkin, à bout de forces, meurt bientôt. Les bûchers continuent de brûler. Au cours d’une scène de sorcellerie, aux mystérieuses Pâques de la Sève, Ulenspiegel interroge les esprits sur le moyen de sauver la terre de Flandre ; il reçoit un message énigmatique : Cherche les Sept et la ceinture. Il se met en route et aussitôt rencontre Lamme Goedzak. Celui-ci cherche sa femme, qui l’a quitté sans raison apparente. On saura plus tard qu’elle a écouté un moine, Broer Cornelis. De Coster accepte sur ce fougueux prédicateur les inventions des pamphlétaires du XVIe siècle et il l’associe habilement à son intrigue. Quant à Lamme Goedzak (Agneau – Sac à bonté), il est emprunté à ce folklore flamand qui a fourni à « La Légende d’Ulenspiegel » tant de scènes et de détails. De Coster toutefois transforme le personnage ; il lui laisse son caractère de mari bonasse, mais il en fait un tendre gourmand dont la corpulence, l’humeur pacifique et la simplicité naïve forment un continuel et amusant contraste avec la vivacité d’esprit et de corps, la vaillance et l’ardeur d’Ulenspiegel. De Coster a sans doute pensé au couple Don Quichotte-Sancho, mais il n’a retenu que la suggestion opposant, dans une aventure pleine d’imprévus, le matérialisme à l’idéalisme ; pour le reste, ce serait une erreur de pousser plus loin le parallèle. Sans exagérer la transposition, il est permis de croire que De Coster a prêté à Lamme Goedzak certains traits du caractère de son ami Adolphe Dillens, et notamment « son immense amour qui pardonnait tout, tout, et était trop heureux d’être payé de franches caresses » (lettre à Elisa, n° 145). Les deux amis vont parcourir les Pays-Bas, prêcher la révolte, espionner l’ennemi, dénoncer les agents provocateurs, recruter des soldats, participer à des coups de main. Un retour opportun à Damme donne à Ulenspiegel l’occasion de venger ses parents et de libérer son pays d’un loup-garou qui le terrorisait. Puis, toujours avec Lamme, il repart vers la guerre, qui se poursuit sur la mer. De Coster dénoue le drame où Katheline est engagée depuis le début du récit. Elle meurt, accusée de sorcellerie, dans une épreuve de justice qui fait éclater son innocence. Nele, après avoir rempli jusqu’au bout ses devoirs filiaux, peut désormais rejoindre Ulenspiegel et l’épouser. Lamme bientôt retrouve sa femme et quitte la flotte des Gueux. Les Etats généraux proclament la déchéance de Philippe II, la guerre finit. Ulenspiegel et Nele s’installent dans l’île de Walcheren, la plus proche des Flandres ; gardien de la tour de Veere, le héros, qui n’a pas vieilli, pourra surveiller la côte contre un éventuel retour des Espagnols, en attendant de venir souffler « le vent de liberté sur la patrie Belgique ». Une dernière vision mystérieuse explique à Thyl et à sa femme l’énigme des Sept ; ils voient sept vertus se substituer aux sept péchés capitaux. Quant à la « ceinture », c’est une alliance entre la Hollande et la Belgique. Ulenspiegel reste engourdi sous le charme du baume e vision. On le croit mort. Un prêtre passe. Il ordonne d’enterrer le célèbre Gueux. Mais celui-ci se dresse dans sa tombe : -Est-ce qu’on enterre, dit-il, Ulenspiegel, l’esprit, Nele, le cœur de la mère Flandre ? Elle aussi peut dormir, mais mourir, non ! Viens, Nele. Et il partit avec elle en chantant sa dixième chanson, mais nul ne sait où il chanta la dernière. Ainsi l’épopée reste ouverte sur l’avenir. De Coster refuse de la clore sur la défaite des Pays-Bas méridionaux. Le héros reste disponible pour d’autres luttes, Flandre ne peut mourir. N’allons pas voir dans ce dénouement épique une vue de prophète prévoyant de nouvelles résistances à l’étranger. Ne croyons pas surtout, avec Nautet, que De Coster, en sa « rêvasserie poétique », regrettait « le pénible avortement » de la nouvelle union de la Belgique à la Hollande, entre 1815 et 1830. Il ne désirait qu’une alliance laissant à chaque peuple son indépendance. Flamand de cœur, il était Belge par-dessus tout. Son rêve d’une sorte de Benelux peut aujourd’hui nous paraître audacieux. Il n’était pas exceptionnel à l’époque chez de bons patriotes. Je viens de parler d’épopée. C’est bine à ce genre qu’il faut rattacher ce roman historique dont aucune littérature n’offre l’équivalent. Sans doute « le Légende d’Ulenspiegel » ne ressemble strictement à aucune épopée ancienne ou moderne, mais son sujet, sa composition, son style et ses procédés ne sont pas sans analogies avec nos vieilles légendes épiques. Certes l’histoire y est respectée davantage dans la maturité des faits. De Coster évoque, avec une fidélité relative les édits, les placards, les principaux épisodes du soulèvement, de grandes scènes comme l’abdication de Charles-Quint, le Compromis des nobles, la proclamation de la déchéance de Philippe II, des rencontres de conjurés, des batailles, des sièges, des massacres ; il s’inspire de documents authentiques pour imaginer procès et tortures. Il choisit, élague, développe ou transpose. Il suit dans l’ensemble le déroulement historique des faits, sans craindre d’opérer quelques décalages en vue d’effets artistiques. Son information est celle d’un érudit dont la bonne foi paraît entière, malgré son fanatisme et ses erreurs. Devant les contradictions des témoins et des historiens, il n’hésite pas, il se rallie à ceux qui lui paraissent avoir raison, c’est-à-dire à ceux qui fortifient son propre jugement. Sa vision, sa passion, son interprétation des faits sont bien d’un poète épique, dont le cœur a pris parti pour un champion, pour une armée, pour une patrie. Faut-il rappeler d’autre part, le mélange de la légende à l’histoire, du surnaturel au réel, le grossissement des traits qui dessinent un Charles-Quint, un Philippe II, un duc d’Albe, un Lamme Goedzak et combien d’autres personnages, l’éternelle jeunesse et l’immortalité d’Ulenspiegel et de Nele, les dimensions grandioses du cadre et les proportions gigantesques du conflit qui embrasse un demi-siècle ? Il n’est pas jusqu’à la présentation et au style de « La Légende d’Uylenspiegel » qui ne retrouvent d’instinct, sans aucune volonté d’imitation, qulques-uns des procédés de nos anciennes épopées : découpage si caractéristique des scènes, avec oppositions, parallélismes, refrains ; projection directe des épisodes, description animées ou parlées ; substitution de l’action à l’analyse ; brèves réflexions sentencieuses ; recours continuel au dialogue ; recherche constante de rythmes. On a l’impression d’une œuvre écrite pour la lecture à haute voix. Ceux qui l’ont entendue à la radio, dans une adaptation qui en respectait le texte, ont pu sentir à quel point ces phrases souvent brèves, scandées par leurs conjonctions et leurs adverbes, soutenues, pour peu qu’elles s’amplifient, par une cadence étonnante, portent parfois l’effet dramatique jusqu’à l’hallucination et répondent aux exigences de la diction. Les caractères des principaux personnages relèvent aussi de l’épopée. On connaît la prédiction de Katheline : « Claes est ton courage, noble peuple de Flandre, Soetkin est ta mère vaillante, Uilenspiegel est ton esprit ; une mignonne et gente fillette, compagne d’Ulenspiegel et comme lui immortelle, sera ton cœur, et une grosse bedaine, Lamme Goedzak, sera ton estomac. » Ne prenons pas à la lettre toutefois ces simplifications. Elles se bornent à mettre en évidence un trait dominant, qui n’exclut ni les nuances ni une évolution commandée par les circonstances et tellement naturelle qu’elle se produit toujours sans conflit intérieur. Sans doute, nous le savons déjà, il ne faut pas demander à De Coster un commentaire psychologique. Les sentiments se traduisent en actes. D’autre part, les caractères ne sont pas complexes. Epopée, « La Légende d’Ulenspiegel » classe les personnages en deux clans : les bons et les méchants. Mais il y a bien des façons d’être bon ou méchant, vaillant ou pleutre, cruel ou compatissant, et aucun personnage de la « Légende » ne ressemble exactement à un autre. On regrette seulement que le héros, Ulenspiegel n’atteigne pas plus vite un heureux équilibre entre la grossièreté et la malice de son modèle et le courage, la fierté, la loyauté, la passion que de Coster associe à son esprit d’indépendance et à son humeur frondeuse. Nele aussi a bien failli nous décevoir. D’après les notes consignées par de Coster dans un petit carnet, on sait qu’il prévoyait un plus grand nombre de scènes de sorcellerie. Katheline était une jeteuse de mauvais sorts. Nele elle-même devait être une vraie sorcière, qui n’aurait finalement gardé de ses expériences qu’un pouvoir bienfaisant. De Coster a bien fait de renoncer à troubler cette pure figure. N’eût-il pas dû renoncer de même à l’énigme des Sept ? Elle est formée d’éléments composites : goût progressif du fantastique, souvenirs littéraires et images de Bruegel et surtout de Jérôme Bosch, influences de l’occultisme, évangile maçonnique et rêves humanitaires, religion du Progrès, confiance dans les vertus moyennes, glorification de Lucifer, l’éternel insoumis, l’infatigable lutteur. Et surtout, foi en la Nature : aux Pâques de la Sève, après la victoire de Lucifer, le roi Printemps, sur le géant Hiver, tout bourgeonne, verdoie, fleurit, tout est force et jeunesse et les esprits de la Sève chantent la gloire de la nature. Quels que soient le sens profond, le mouvement et la richesse picturale des quelques scènes surnaturelles qui jalonnent l’œuvre, quelle que soit l’habileté avec laquelle De Coster maintient la présence de ce thème, celui-ci ne suscite aucun intérêt durable, il n’inquiète et ne soutient le héros que par intermittences. En dépit de quelques faiblesses dans son architecture, « La Légende d’Ulenspiegel » est vraiment le chef-d’œuvre d’un auteur dans la pleine maîtrise d’un art personnel. Elle palpite d’une vie intense, d’une passion âpre et haineuse, mais aussi d’une tendresse profonde ; elle ressuscite une époque et fait vivre un peuple dont tous les aspects lui sont familiers, sauf le sincère élan religieux. Elle évoque les scènes les plus variées, avec un pittoresque sobre et expressif, un coloris soucieux de lignes, des attitudes, des gestes, de la lumière autant que de la couleur proprement dite. De Coster excelle dans la description et le portrait, mais il n’abuse pas de ses dons et se contente souvent de quelques traits, de suggestives notations. Surtout il ne décrit pas pour décrire, mais pour créer une atmosphère, préciser un moment, rendre plus vivants les personnages, introduire dans le mouvement du récit plus de précision, plus d’intensité, plus d’émotion. La maîtrise de l’écrivain éclate même dans le brassage de ses emprunts. Il a lu notamment Marnix, Altmeyer, Potvin, des chroniques, des pamphlets, des procès de sorcellerie ; il s’est inspiré surtout de l’historien américain Motley et a suivi parfois pas à pas et jusque dans son plan la traduction française (1618) de l’ « Histoire des Pays-Bas » de l’Anversois Emmanuel Van Meteren. Il a lu et relu les premiers livres de ce monumental in-folio favorable aux révoltés, il s’en est inspiré pour fixer les grandes divisions de la « Légende », les limites de ses cinq livres ; il en a tiré des suggestions de toutes sortes, des précisions innombrables, des traits de couleur locale ; il s’est, à son contact, familiarisé avec un français archaïque, mais de cent ans plus jeune que celui de Rabelais ; il n’a pas craint de transcrire textuellement certaines données historiques. Toutefois, si l’on porte un jugement d’ensemble sur ces emprunts, on peut dire qu’ils n’entament as profondément l’originalité de Charles de Coster ; ils font même ressortir parfois une aptitude étonnante à tirer d’un récit assez froid de puissants effets dramatiques et pathétiques. Ne parlons point de plagiat. Ni surtout de pastiche. De Coster a poursuivi avec un art plus sûr l’expérience des « Légendes flamandes ». On peut suivre son patient travail sur une partie du manuscrit et des épreuves. Il réduit le nombre des archaïsmes lexicaux ; il s’en tient, avec une modération également progressive, à quelques vieillissements syntaxiques : inversion, ellipses, participes. Quant aux autres procédés, il les reprend aussi avec plus d’art et de mesure ; il a soin notamment de ne pas abuser des courts alinéas, mais il en tire des effets de variété, de relief et de rythme. Sa prose, à la fois simple et riche, ne ressemble à aucune autre. En fait, elle est très peu vieillie, mais elle a la saveur et, par moments, la poésie d’une vieille langue, souple, cadencée, gonflée d’images pittoresques, de comparaisons empruntées à la vie courante et souvent rajeunies. Elle a des audaces comme des délicatesses. On a reproché dès le début, on reproche encore à « La Légende d’Ulenspiegel » ses beuveries, ses trivialités, ses obscénités. On y mange et on y boit trop, a-t-on dit. Je louerais plutôt Charles de Coster d’avoir introduit ce thème dans son œuvre et d’en avoir tiré quelques scènes d’un vigoureux coloris et des images succulentes. Il a lu Rabelais, sans doute, mais surtout il a fréquenté les musées, les tavernes, les auberges, y regardant le peuple vivre, s’amuser, festoyer. A-t-il exagéré ? On peut à peine le prétendre, si l’on renonce à isoler ces éléments et si l’on n’oublie pas le rôle assigné à Lamme Goedzak dans cette évocation de la Flandre. Quant aux « obscénités », il faut les ramener, elles aussi, à leur juste mesure. Ici encore on retrouve l’influence des peintres, quelques scènes ou expressions assez crues, des détails parfois grossiers, des chairs épanouies. Mais beaucoup moins qu’on le dit. Et dans les plus grandes audaces, qui paraissent aujourd’hui toutes relatives, on ne décèle, aucune perversité, aucun érotisme. Enfin, pour un mot ou un geste un peu osé, combien de scènes délicates, où se glisse une pudeur pleine de réserve et d’émotion ! Tout l’amour d’Ulenspiegel et de Nele baigne dans une atmosphère étonnamment poétique de fraîcheur, de pureté, d’idylle. S’il est facile de mesurer l’influence de Charles de Coster sur les nombreux poètes, dramaturges, romanciers, sans même parler des artistes, qui après lui se sont intéressés à Ulenspiegel et à Lamme Goedzak, si l’on peut affirmer sans hésitation qu’il a fait de ces deux héros des « types » nouveaux, il est beaucoup plus délicat de déterminer la nature et l’importance de l’impulsion qu’il a donnée au mouvement littéraire de 1880. Comment déceler, dans bien des cas, ce qui revient à de Coster, à Lemonnier, à la personnalité vigoureuse des Jeunes Belgique ? La plupart de ceux-ci étaient trop jeunes pour avoir été tentés de lire, en 1880, une œuvre peu connue, dont l’auteur avait disparu discrètement en 1879. Lemonnier, Eeckhoud, Verhaeren admiraient cependant de Coster dès cette époque. Ils durent bientôt dissiper autour d’eux l’ignorance et les préventions. Révélée ainsi brusquement, « La Légende d’Ulenspiegel » a du produire un choc plus vif sur ces jeunes écrivains. L’influence combinée de Charles de Coster et de Lemonnier a peut-être orienté la nouvelle génération et ses successeurs vers un certain matérialisme sensuel qui n’exclut ni la poésie, ni l’émotion, ni le lyrisme. de Coster a donné à Eeckhoud et à Lemonnier, et tous trois ont certainement donné à leurs cadets l’exemple –je cite Eeckhoud –d’ « une littérature franche, colorée, vigoureuse et grasse comme le bel art flamand de nos peintres ». Mais surtout, et de leur propre aveu, les Jeunes Belgique ont été frappés, et vraisemblablement encouragés, par le souvenir de cet écrivain qui « avait choisi librement la solitude et la pauvreté » pour suivre son idéal d’artiste ; ils ont reconnu un maître et un modèle dans ce créateur qui, à une époque où cette préoccupation et ce don étaient rares en Belgique, s’était distingué par un style personnel, poétique, vigoureux, imagé, coloré, éclatant de sève.
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Honorer Charles De Coster

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Adrien Grimmeau, historien de l’art et spécialiste de la sculpture (il travaille sur la sculpture belge et sur l’art urbain) nous autorise à reproduire son important et intéressant document intitulé " Honorer Charles De Coster" qu’il fit paraître sur le site « Mémoires » en son temps.

Le 7 mai 1879, Charles De Coster mourait à Ixelles dans l’anonymat. Douze ans plus tôt, il avait publié la première version de son chef d’œuvre, La légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au pays de Flandres et ailleurs. Paisible professeur de français à l’école de guerre, il avait consacré sa vie à ce qui serait l’épopée du peuple belge. Hélas, il n’obtint pas le succès escompté, et ne fut reconnu que des écrivains. A sa mort, Camille Lemonnier prononça un discours élogieux devant un maigre public. Le même jour, il monta un comité chargé de défendre l’œuvre de De Coster, mission qu’il ne pourra mener à bien[1]. Charles Samuel[2] a alors 17 ans. Il vient d’entrer à l’Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles. Sculpteur prometteur, il a déjà gagné plusieurs prix quand, en 1888, Amédée Lynen[3], son colocataire, lui présente avec enthousiasme La Légende d’Ulenspiegel, qu’ils lisent entre deux heures de travail[4]. Ne sachant qu’envoyer au Salon de Bruxelles pour 1890, Samuel se fait conseiller par Lynen l’idée d’un hommage à De Coster. L’envoi impressionne le jury du Salon et les autorités, qui semblent convenir qu’il faudrait concrétiser l’oeuvre. Le 26 octobre 1891, Samuel soumet son projet à l’administration communale d’Ixelles[5]. Pourtant, l’idée ne sera pas suivie immédiatement.

En 1892, la tombe de De Coster est menacée de réemploi. La presse relaie les cris d’alarme des littérateurs belges[6], et voilà l’opinion sensibilisée à son patrimoine méconnu. Des amis déplacent le corps, on s’apprête à republier La Légende : le groupe de défenseurs de l’écrivain reprend courage. Parallèlement, le projet de monument de Samuel continue de faire parler de lui. Il circule d’exposition en exposition où il amasse de prestigieuses récompenses[7]. On en parle de plus en plus comme du projet d’un monument qui sera érigé à Ixelles[8].

C’est en janvier 1893 que tout s’active. Le gouvernement publie le 3 janvier une dépêche spécifiant que le projet est accepté, et qu’il interviendra pour moitié (soit 9000 francs) dans les frais de construction[9]. Le 13 janvier, Samuel, venant d’apprendre la nouvelle, envoie une lettre à la sœur de l’écrivain. "Voilà donc nos efforts couronnés de succès ; j’en suis profondément heureux et vais bientôt me mettre au travail ; la passion et l’admiration que j’ai pour Charles De Coster contribueront, j’en suis convaincu, à me faire produire une œuvre digne de sa mémoire. Je compte bien que vous viendrez de temps en temps en suivre les progrès".[10] Le contrat indique les dimensions : 5m de haut, 4m de large[11]. En profondeur, le socle mesurera 1,7m.

Fin 1893, le groupe central est envoyé à la fonte après quelques jours d’exposition dans les ateliers du sculpteur, où il fait excellente impression[12]. Après les dernières modifications, le monument est finalement inauguré le 22 juillet 1894 sous un soleil de circonstance, 15 ans après la mort de Charles De Coster. Beaucoup de monde est présent, des grands noms de la culture aux gens du peuple. Le comité organisateur, aux noms prestigieux (Lemonnier, Dillens, Maeterlinck, Mellery, Meunier, Verhaeren, Rops, …) décide qu’il ne sera prononcé qu’un seul discours de littérateur : celui de Camille Lemonnier, qui s’était investi dès le début dans la mission de reconnaissance de l’écrivain. Son allocution[13], élogieuse au possible, sur celui qu’il considère comme le père de la littérature nationale, est précédée d’une autre, plus brève, du bourgmestre, et suivie de chansons d’enfants adaptées de l’œuvre de De Coster. La journée, poursuivie par une garden-party chez la mère du sculpteur, se termine par une réception du bourgmestre[14].

Le lendemain, Caroline De Coster écrit son bonheur à une amie : "Jamais je n’ai été si doucement heureuse, (…) il y avait tant de monde que je croyais rêver… Et de fait je rêvais, jamais je n’aurais osé désirer une telle fête. (…) Elle était toute d’élan et d’enthousiasme, on avait l’âme heureuse comme si l’on avait retrouvé un ami mort".[15] Pus loin, elle indique que "Samuel doit venir se reposer chez nous quelques jours, il est surmené, le pauvre garçon a dû connaître bien des [difficultés], il a fait une belle œuvre…" La sœur de De Coster a beaucoup d’estime pour le sculpteur. Elle est la seule : dans son discours, Lemonnier ne le cite pas une fois. Les journaux relatant la cérémonie le citent eux aussi très peu. On préfère réparer l’oubli du nom de De Coster. De fait, l’inauguration fait beaucoup parler du défunt : L’art moderne consacre trois couvertures d’affilée au sujet, fait exceptionnel pour ce genre d’occasions[16]. C’est que la journée est fortement symbolique. Une nouvelle génération d’écrivains revendique l’existence d’une littérature belge indépendante, dont De Coster est un étendard rêvé. L’Etat suit le mouvement car aucune statue encore n’aurait été dressée en Belgique en l’honneur d’un écrivain francophone[17], et La Légende est un exemple des valeurs nationales. Quant à la commune d’Ixelles, elle est fière de montrer que cet écrivain dont on parle tant vient de ses quartiers.

Le monument

Charles Samuel a choisi pour son monument une forme de l’architecture mortuaire, celle de l’édicule funéraire, qu’il a considérablement agrandi. Son trait de génie est d’avoir relégué la référence à l’écrivain au second plan, pour représenter le couple fictif, Thyl et Nele. Cette idée de statue à l’œuvre d’un romancier plutôt qu’à l’homme lui-même, Charles Van der Stappen l’avait déjà concrétisée dans La Mort d’Ompdrailles en 1892. Notons que le sculpteur travaillait au projet depuis 1883[18], c’est-à-dire exactement dans la période où Samuel l’eut comme professeur à l’Académie de Bruxelles (1883-1888). On peut dès lors supposer que l’influence du maître s’est ressentie dans l’idée de l’élève.

Thyl et Nele sont assis sur le rebord de la niche. Eux et leurs accessoires constituent la partie en bronze de l’ensemble, coulée chez J. Petermann fondeur, Bruxelles. Derrière eux, un médaillon en marbre de l’écrivain, entouré de son nom et de ses dates de vie et mort (1827-1879), est accolé à la paroi, encadré de palmes et de rubans. Tout le reste est en pierre bleue. La niche est délimitée par deux colonnes engagées et un arc en plein-cintre, surmontés d’un entablement portant une citation du dernier paragraphe du livre : "… Est-ce qu’on enterre Ulenspiegel l’esprit, Nele, le cœur de la mère Flandre…". L’entablement est lui-même encadré de deux mascarons présentant Lamme (à gauche) et Katheline (à droite), personnages secondaires de l’épopée. L’ensemble est couronné d’un fronton à corniche courbe présentant des bébés joufflus dont deux, au centre, tiennent un miroir dans lequel se mire un hibou, les deux symboles d’Ulenspiegel, "qui n’est ainsi nommé que parce que son nom veut dire hibou et miroir, sagesse et comédie, Uyl en Spiegel"[19]. De part et d’autre de la niche, deux arrière-corps avec ailerons présentent, à gauche, un chat se réchauffant contre une marmite, et à droite, un chien dormant sous un rouet. Ces deux pendants représentent la chaleur et la douceur du foyer flamand. Sur le soubassement, derrière les pieds de Nele et Thyl, un léger bas-relief effacé par le temps présente la ville de "Damme en Flandre" et son beffroi. En bas à droite, les noms de Samuel et de Vestel, avec la date de 1894. Entre le projet de 1890 et le monument définitif de 1894, on observe de nombreux changements. Il est difficile de déterminer à quel stade l’architecte, Franz de Vestel, est intervenu dans l’élaboration, mais c’est probablement grâce à la nouvelle vision née de la parfaite collaboration des deux hommes que le projet s’est épuré. Franz de Vestel ne réalisa que peu d’œuvres dans sa carrière[20]. Il conçut principalement des maisons bourgeoises, où se lit son admiration des formes de la renaissance flamande. Cette influence est ici aussi déterminante, et convient parfaitement au sujet. Il a néanmoins réussi à épurer le côté expansif flamand dans une réalisation juste, où architecture et sculpture se confondent en une harmonie rare.

Au départ, le monument se présentait comme un résumé des œuvres de De Coster. La Légende d’Ulenspiegel était bien sûr la clé de l’édifice, mais le soubassement présentait, en plus de Damme, les autres écrits de De Coster, organisés chaque fois autour d’une banderole portant leur titre. Les symboles de La Légende, hormis le couple central, se trouvaient relégués à des détails : le hibou et le miroir laissaient place à une inscription "Charles De Coster" tenue par les amours, et se retrouvaient, pour le hibou, dédoublé aux bords de l’entablement, et pour le miroir, dédoublé de part et d’autre du plein-cintre. Lamme et Katheline étaient ramenés aux bas-côtés, et l’inscription de l’entablement se trouvait, réduite, en dessous de la figuration de Damme, pour céder sa place à un entrelacs de roses et de ruban. L’architecture elle-même était moins heureuse : des piliers préfiguraient les colonnes, tandis que la niche centrale prenait la forme d’un cul de four, écrasant Thyl et Nele, déjà plus petits que dans la version finale. Les arrière-corps n’étaient pas encore développés, mis à part les deux groupes du chien et du chat, qui, dans ce contexte, symbolisent Les légendes flamandes, alors que dans le contexte du monument définitif, ils plantent simplement le décor des aventures d’Ulenspiegel.

L’ensemble actuel est donc un hommage à De Coster au travers de son œuvre principale, celle que Samuel et Lynen aimaient tant lire dans leur atelier. Et Samuel témoigne d’une compréhension très fine du roman. Plusieurs détails discrets enrichissent le monument pour ceux qui ont lu l’œuvre. Ainsi, une observation attentive permet de remarquer que les deux chapiteaux composites coiffant les colonnes sont différents. En fait, ils symbolisent chacun le personnage représenté au dessus d’eux. A gauche, la lecture est facile : Lamme, le meilleur ami de Thyl, et grand amateur de ripailles, est représenté par une chope de bière se déversant généreusement. Le lien avec la colonne est rendu pas quelques fruits. Pour Katheline, la lecture est moins évidente. Il s’agit probablement de flammes. La mère de Nele passe en effet pour une sorcière, amoureuse du diable et devenue folle après l’épreuve du feu – la folie se lit très bien dans son visage. Le lien avec la colonne présente une menotte et des chaînes, signes de l’emprisonnement de son esprit. Katheline n’est pas le personnage secondaire le plus important de l’épopée : on aurait pu lui préférer le père de Thyl. Si Samuel l’a choisie, c’est pour former un double chiasme avec le groupe central : Thyl, personnage masculin, à droite, en parallèle avec son ami à gauche, et Nele, personnage féminin, à gauche, en parallèle avec sa mère à droite. Le chiasme porte donc sur les relations entre les personnages, et sur leur sexe. Autre détail qui a son importance : les putti, de six dans l’ébauche, deviennent sept dans le monument. Sept est le chiffre symbolique récurrent de La Légende : Thyl doit combattre les sept péchés capitaux pour donner à la Flandre les sept vertus[21]. Ils symbolisent donc, au delà de la prospérité de la Flandre comme on l’a souvent dit, les vertus à venir.

Le couple central est particulièrement bien rendu. Moins chétif que dans le projet, Thyl est présenté en homme mûr perdu dans un moment de mélancolie, son épée posée à côté de lui sur l’écusson flamand. Sur son torse, les cendres de son père assassiné. Nele le réconforte affectueusement. Elle porte le vêtement traditionnel zélandais, que Neel Doff, future écrivaine qui posa pour la sculpture dans sa jeunesse[22], avait déjà remarqué : "J’aurais voulu être paysanne zélandaise pour pouvoir m’habiller ainsi ; même l’amoncellement de jupes, qui les faisait rondes comme des cloches, me plut".[23]. La scène, plus rêveuse qu’héroïque, est proche d’un passage de La Légende :

- Tu es triste? disait-elle.
- Oui, disait-il.
- Pourquoi? Demandait-elle.
- Je ne le sais, disait-il, mais ces pommiers et ces cerisiers tout en fleurs, cet air tiède et comme chargé du feu de la foudre, ces pâquerettes s’ouvrant rougissantes sur les prés, l’aubépine, là, près de nous, dans les haies, toute blanche… Qui me dira pourquoi je me sens troublé et toujours prêt à mourir ou dormir ? (…) Mais elle ne parlait point, et d’aise souriant regardait Ulenspiegel[24].

Cet amour de la nature correspond bien à la position du monument aux abords des étangs d’Ixelles, à l’emplacement du banc où s’asseyait régulièrement De Coster. Cependant, il n’est pas tourné vers l’eau, mais vers l’agitation populaire de la place Flagey. Pour accentuer cette cassure, Samuel tenait à l’implantation de végétation en hémicycle derrière le monument[25]. Ce dispositif n’est plus présent aujourd’hui, ce qui sert le monument : celui-ci marque une transition vers l’espace de quiétude que constituent les étangs, et semble appartenir déjà à ce calme.

Réception

Le monument est très bien accueilli. Mais comme celui de Charles De Coster, pas de Charles Samuel. On convient de sa beauté, mais pas toujours au bénéfice du sculpteur : Michel de Ghelderode, décrivant l’œuvre, écrit "Ce Tyl qui se repose près de son amie, c’est signé Samuel et c’est visiblement d’un autre. Je ne trouve que Julien Dillens pour avoir modelé cela… Aucune importance : l’œuvre est belle, De Coster est honoré…"[26]. Certains commettent même la faute et attribuent le projet de monument à Dillens[27]. C’est que, de la carrière de Samuel, c’est probablement la pièce la plus intéressante : une œuvre de jeunesse, sensible, passionnée et intelligente. Par la suite, le sculpteur ne sera plus si inspiré, et se perdra souvent dans sa volonté formaliste qui lui faisait dire : "Il ne sied pas de torturer sa forme pour y mettre des idées. Les idées doivent naître en admirant une forme exacte. C’est encore grâce à celle-ci qu’on peut exprimer les plus clairs symboles".[28] Ses œuvres perdront en émotion ce qu’elles gagnent en grandeur, en monumentalité. A Bruxelles, en témoignent parmi d’autres le Monument aux élèves du navire-école De Smet de Nayer (1912), les six statues de la Maison Balzer (1913), ou La Brabançonne (1930). Samuel réalisera de nombreux monuments ; on le traitera même de "tâcheron de la commande publique"[29]. Comme c’est le cas à l’époque pour les œuvres populaires, il existe plusieurs sculptures dérivées du monument De Coster. On peut en distinguer deux types. Tout d’abord, Charles Samuel a isolé le buste de Nele. Celui-ci existe en différentes matières : des exemplaires en plâtre (Musée communal d’Ixelles), bronze (Musée communal d’Ixelles), terre-cuite, ivoire et marbre sont attestés. La deuxième production dérivée est la réduction en bronze de la partie en bronze du monument. Thyl et Nele sont assis sur un piédestal de marbre vert délimité sur les côtés par deux volutes, et dans leur dos par une corniche courbe rappelant le fronton original. Sur ce socle est reprise la phrase de l’entablement réel. Le couple présente de légères différences par rapport à son modèle – notamment, l’embout de l’épée de Thyl n’est pas décoré dans la réduction, et le ceinturon de celle-ci suit un trajet plus simple. On connaît deux exemplaires de cette version, marqués Société nationale des bronzes, St Gilles Bruxelles, ce qui ramènerait leur date d’exécution à après 1902, année de changement de nom de l’entreprise Petermann[30]. L’un fut exposé en 1940 au Salon de Printemps à Bruxelles[31] avant d’être donné au musée de Bruxelles. Le second comporte l’inscription "A monsieur Louis Blyckaerts, échevin, 1903-1928, la commune d’Ixelles reconnaissante" ; son socle s’est vu greffer un emmarchement de pierre noire, et les deux volutes latérales sont de la même matière. Il semblerait que la Compagnie des bronzes ait elle aussi produit ce genre de pièce[32], mais aucune n’a été trouvée. Parallèlement à cette sculpture dérivée, on peut classer l’Ulenspiegel et Nele en ivoire pour l’exposition de Tervueren en 1897, dont le socle en marbre forme un muret inscrit toujours de la même phrase. Le couple y est plus proche de l’original. Dernière citation du monument : en 1914, La Légende est rééditée en version de grand luxe illustrée par Lynen. Le premier plat de couverture est orné d’un bas-relief en veau reprenant le couple de Samuel.

Toutes ces reproductions témoignent de l’importance du monument qui, s’il marqua les esprits en 1894 pour l’oubli qu’il réparait, ne fut un succès que grâce à la passion que Samuel y plaça. Cette œuvre est une réussite que le temps n’a pas oubliée, et il est agréable de constater aujourd’hui qu’elle est encore admirée non pour Charles De Coster ni pour Charles Samuel, mais bien pour la belle quiétude qui s’en dégage, ce qui est tout à l’honneur de Samuel et de Vestel.

Adrien Grimmeau, Historien de l’art et spécialiste de la sculpture

[1] HANSE, Joseph, Charles de Coster, Bruxelles, Palais des Académies, 1990, p.41.
[2] Concernant le sculpteur Charles Samuel (1862-1938), voir OGONOWSKY, J., « Samuel, Charles », in La sculpture belge au 19è siècle, Bruxelles, Générale de banque, 1990, v.2, pp.550-3.
[3] Amédée Lynen (1852-1938) fut illustrateur. Membre fondateur de l’Essor, il consacrera dix années aux illustrations de La légende.
[4] SAMUEL, Mme Charles, « Un grand sculpteur Charles Samuel », in Psyché, juin 1928, sp.
[5] Bulletin communal d’Ixelles, séance du 13 juin 1893, p.296.
[6] EEKHOUD, Georges, « Charles De Coster », in L’art moderne, 19 juin 1892, pp.193-5.
[7] Exposée à l’Essor (1891), à l’inauguration du musée d’Ixelles (1892), l’œuvre sera plus tard médaillée d’or à Anvers (1894), Dresde (1897), Paris (1900), Munich (1901), Saint-Louis (1904).
[8] « L’exposition d’Ixelles », in L’art moderne, 26 juin 1892, p.205.
[9] Bulletin communal d’Ixelles, op.cit.
[10] Lettre de Charles Samuel à Caroline De Coster, 13-1-1893, Bruxelles, Archives et Musée de la Littérature, ML 3719.
[11] Bulletin communal d’Ixelles, op.cit.
[12] « Le monument De Coster », in L’art moderne, 24 décembre 1893, p.413.
[13] LEMONNIER, Camille, in Inauguration du monument élevé par l’administration communale d’Ixelles à Charles De Coster le 22 juillet 1894, Bruxelles, Paul Lacomblez, 1894, pp.9-20.
[14] « A travers la ville », in Le petit Bleu du matin, 23 et 24 juillet 1894, p.1.
[15] Lettre de Caroline De Coster à une amie, [23 juillet 1894], Bruxelles, Archives et Musée de la Littérature, ML 3710.
[16] L’art moderne, 15 juillet 1894 pp.220-1 ; 22 juillet pp.227-30 ; 29 juillet pp.235-7.
[17] « Un monument mérité », in Le Soir, 4 novembre 1892, p.1.
[18] DEROM, Patrick (dir.), Les sculptures de Bruxelles, Anvers, Pandora, 2000, p.100.
[19] DE COSTER, La Légende…, « Préface du hibou ».
[20] Franz de Vestel (1857-1932) se consacra à la défense professionnelle et à l’enseignement. Il fut président de la Fédération des Sociétés d’Architectes de Belgique, directeur de la revue L’émulation, professeur à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles, et succéda à Victor Horta à la chaire d’architecture de l’ULB.
[21] HANSE, Joseph, op.cit., p.134-5.
[22] WILWERTH, Evelyne, Neel Doff, [Belgique], Bernard Gilson – Pré aux sources, 1992, p.61.
[23] DOFF, Neel, Jours de famine et de détresse, Paris, Bibliothèque-Charpentier, 1911, p.210.
[24] DE COSTER, op.cit., chapitre 31.
[25] « Le monument De Coster », in L’art moderne, 24 décembre 1893, p.413.
[26] DE GHELDERODE, Michel, Mes statues, [Bruxelles], Ed. du carrefour, 1943, p.55.
[27] L’illustration européenne, 1er avril 1891, p.437.
[28] PIERRON, Sander, Douze effigies d’artistes, Bruxelles, Xavier Havermans, 1910, p.36.
[29] STIENNON, Jacques, DUCHESNE, Jean-patrick, RANDAXHE, Yves e.a., L’architecture, la sculpture et l’art des jardins à Bruxelles et en Wallonie, Bruxelles, la Renaissance du livre, 1995, p.239.
[30] DUPONT, Pierre-Paul, HUBERTY, Colette, « Les fonderies de bronze », in VAN LENNEP, Jacques (dir.), La sculpture belge au 19è siècle, vol.1, Bruxelles, Générale de Banque, 1990, p.255.
[31] Salon de Printemps, Bruxelles, Palais des Beaux-Arts, 1940, n°29.
[32] Lettre de Charles Samuel, 21 février 1935, Bruxelles, archives de la Compagnie des bronzes (AGR), inv.2657 (I 272).

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