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À la mémoire de tous les martyrs de l’homme-bourreau,

Cet anti héros de basse extraction…

 

 

« On ne possède pas un chat,

C’est lui qui vous possède. »

Françoise Giroud

(Extrait du Journal d'une parisienne)

 

 

 

Toi qui m’as jadis élu pour ami,

Qui fit vœu de tendrement me choyer,

A tel point que je le pris pour acquis,

O comment peux-tu ainsi me renier

Et te montrer parjure à ton serment

En me reprenant l’amitié allouée ?

 

Factices donc,étaient tes sentiments

Pour que sévisse autant d’inimitié

Et que tu n’aies cure de pénibles tourments ?

Dis, as-tu déjà tes promesses « oublié » ?

Est-ce là le fruit de tout ton engagement ?

Pourquoi ce déploiement d’atrocités,

Cette pléthore inique de férocités ?

Après m’avoir de tendresses,comblé,

De maints et maints épanchements, abreuvés,

Voilà l’infâme pacte à jamais scellé,

Où tel un Judas parjure, Loyauté,

Fidélité, aux pieds tu as foulé !

 

Las ! As-tu au moins une vague idée,

Persuadé de m’avoir« apprivoisé »,

De ce que je puis au moins éprouvé,

Depuis que lâche, tu m’as répudié ?

A mon bel havre de paix, expulsé,

Condamné,misérable, à tout quitter

Sans délai, ni autre forme de procès,

Comme un mendiant réprouvé, à errer,

« Va nu pattes », « crève la faim » infortuné,

Nécessiteux, qui, par ta cruauté

Est exposé aux pires des quolibets

Et moult incuries, à être châtié !

 

Naguère,ton cœur, Dieu félin, me bénit,

T’en souvient-il méprisable faux allié,

Qu’à ’Amour, je crus, pour l’éternité ?

Ainsi, de confident, de familier,

Me voici à l’exil, ah, reléguer !

 

Puis-je te maudire, toi que je déifiais ?…

Fasse ta conscience un jour examinée,

Qu’elle t’enseigne le mal que j’ai enduré

Et par le Purgatoire, transiter,

Puisque je ne saurais t’imaginer

 Séjourner au cœur des limbes de l’Enfer,

En vertu du fait, qu’aimer je savais

Décliner le verbe, au plus que parfait !!!

Et malgré le supplice de ton forfait,

Sache qu’une fervente prière, formulerai

Afin que ton acte ne soit condamné,

Sinon,par des instances suprêmes, jugé,

Âme, ô combien accablée et damnée

Vouée à divaguer pour l’éternité…

 

Valériane d’Alizée,

Le 24 Juillet 2013

©Tout droit de reproduction réservé

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Son éminence de Susan Herbert

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Ouvrez, ouvrez LA CAGE à l’Oiselle

Son chant libre s'élance vers le ciel !

 En écho à un jeu de Valériane d'Alizée,

sur un poème adapté de Prévert

Pour elle ...

et pour lui, l'Amour

Au milieu d'un si impressionnant parcours

De talents dont les bonnes fées t'ont parée

Pour frère animal et Gaïa, pleine d'amour,

Et alors que de tant d'épines acérées

Royale rose, ta route fut hérissée ...

Tu m'invoques parmi tes marraines-fées, pour un peu jouer

Et requiers ma présence pour belle chance te porter,

Car tu sais qu'à leur exemple, je te suis bienfaisante,

Belle dame dont les œuvres fleuries sont charmantes.

C'est heureux que dans le rire et le jeu,

De nos travaux sérieux,

Nous puissions un peu

Nous rafraichir

Et nous régénérer,

Butiner du rire  !

Nous les lutines

Dames Enfantines

Des aériens gémeaux

Qui nous sommes trouvées

Pour chanter la Lyre d'Orphée

Dans ce joli Réseau, tantôt :

Dame d'Alizée  et  l'Oiselle de la Lyre d'Alizé,

Portant un même nom pour sur les vents légers

Rêver, s'alléger, s'envoler, s'inspirer !

Je te pardonne, mutine, de m'arracher une plume irisée

Car on pourrait bien dire que c'est justement celle

Qui, au cœur, tant d'années,

Si injuste et cruelle,

Dans ma confiante naïveté

M'a par surprise, tétanisée,

Si ingratement lésée, blessée ...

Tant elle fut de destruction, rivalité,

Et maladive jalousie, toute empoisonnée.

 

Mais j'ai compassion et profonde pitié

Du malheureux qui ne peut s'aimer et aimer,

Du faux jumeau sous le même jour né

A qui ce quart de vie offert, fut tant maltraité.

Oui, pour l'enfant de ce sacrifice fait,

Et avant ma naissance prévu, programmé,

J'ai compris le sens, guérie et accepté.

 

Mais saches bien, chère coquine

Que jamais en cage on ne me met

Car je suis claustrophobe fille de liberté.

Et pour ma part aussi, je l'ai expérimenté.

De toutes les cages dorées,

Que je m'étais forgées,

Au final, j'ai bien dû m'extraire et sortir,

Sous peine d'asphyxie et de bien vite mourir 

Pour ne pas bloquer mon A-venir.

 

Car je suis née sous le signe de la pure liberté 

Et à ma flèche intérieure, je ne saurais mentir.

Mon chemin toujours spontanément me tire

Plus loin en avant pour m'accomplir

Et tous mes trésors offrir.

Mais il ne me faut demander aucune sécurité

Et m'abandonner en confiance, sans regret

Dans ce destin libre au Ciel adonné.

Toutes les belles cages dorées, 

- …. même si ce fut à grand regret …. -

Une à une, j'ai dû abandonner    ...

Telles que sans limite, mais pour exemple donner :

- De fresque de couleurs si bien décorée

Et par mes soins à neuf, toute refaite,

L'harmonieuse et douce cage sur l'Ile verte

De Chatou en lumière sur ma Seine, ouverte

avec l'enfant, je me sentais si bien lovée.
Elle aussi,
avec mon Paris, il me fallut quitter

Pour aller en Helvéthie, vers ma destinée ...

Celle de L'Oiseau Lyre, où pour me protéger de lui,

Je me tuais à la tâche et m'enfermais jour et nuit,

- Une fois la longue phase de pionnier achevée -,

Avec mille bons motifs plausibles, pour me sacrifier  

Et mourir à ma propre vie

Tandis que mon désespoir enfoui,

Pour poursuivre ma résilience,

Et faire patienter l'A-venir, l'espérance

J'opérais mon  plus grand Déni.

-  Et celle de mon passé dépassé, de fausses sécurités

Car toutes les peurs, une à une, j'ai dû faire finalement sauter

Sous peine de mourir dans mon cœur et mon corps tout-à-fait,

Perdue au final au bonheur et à ma liberté,

A jamais.

Mais saches bien, chère coquine

Dame mutine

Qu'en cage on ne me met

Mais UNE seule exception, il est :

Une seule cage me sied  .....

Alors, quelle est-elle ?

Demanderas-tu à l’Oiselle …

Patience, je te le dirais :

Elle est de même nom et couleur que la fleur rouge oranger

Qui pousse pour notre joie en mon Lyre Jardinet.

La seule cage où je ne saurais m'enfuir, ni m'étioler

Ni même en rien me trahir

Mais au contraire si bien m'épanouir

Sera la CAGE D'AMOUR si haut, si grand, tendre et entier.

Et ses barreaux seront transparents, éthérés

Si doux, que je ne saurais les sentir

Et de leur caresse, encore moins souffrir.

Car amour véritable ne possède, ni ne limite

Mais élargit le monde quand il s'invite

Et en lui l'espace est vaste, libre, aérien

C'est pourquoi en rien je ne le crains.

Jamais Amour ne m'empêchera de respirer

Le vent du large de l'Esprit qui viendra m'inspirer

Car il en sera lui-même, l'insufflé, l'inspiré.

Amour s'adonne et ne peut que par amour créer.

Car l'Amour est une gestuelle

Et sa danse est immense

Reliant la terre au ciel.

Par lui est  transcendance,

Tout aux autres adonné :

UN + UN, par Sa Présence

En TROIS est changé

Rivka Lily

dite par Valériane L'Oiselle

ou La Liliacée

 

le 1er juillet 2013

*********************

 En référence à cet apport mutin de Valériane :

 Pour faire le portrait d'une oiselle

Peindre d'abord une cage
avec une porte ouverte
peindre ensuite
quelque chose de joli

quelque chose de simple
quelque chose de beau
quelque chose d'utile
pour l'oiselle
placer ensuite la toile contre un arbre
dans un jardin
dans un bois
ou dans une forêt
se cacher derrière l'arbre
sans rien dire
sans bouger...
Parfois l'oiselle arrive vite
mais elle peut aussi bien mettre de longues années
avant de se décider
Ne pas se décourager
attendre
attendre s'il faut pendant des années
la vitesse ou la lenteur de l'arrivée de l'oiselle
n'ayant aucun rapport
avec la réussite du tableau
Quand l'oiselle arrive
si elle arrive
observer le plus profond silence
attendre que l'oiselle entre dans la cage
et quand elle est entrée
fermer doucement la porte avec le pinceau
puis
effacer un à un tous les barreaux
en ayant soin de ne toucher aucune des plumes de l'oiselle
Faire ensuite le portrait de l'arbre
en choisissant la plus belle de ses branches
pour l'oiselle
peindre aussi le vert feuillage et la fraîcheur du vent
la poussière du soleil
et le bruit des bêtes de l'herbe dans la chaleur de l'été
et puis attendre que l'oiselle se décide à chanter
Si l'oiselle ne chante pas
c'est mauvais signe
signe que le tableau est mauvais
mais si elle chante c'est bon signe
signe que vous pouvez signer
Alors vous arrachez tout doucement
une des plumes de l'oiselle
et vous écrivez votre nom dans un coin du tableau.

Adaptation féminine du poème de Jacques PRÉVERT
Oeuvre usant de métaphore...Comprenne qui pourra !!!

https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/portrait-ou-parcours-artistique-de-val-riane-d-aliz-e

 

 

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administrateur théâtres

Les intermezzi musicaux des Midi-Minimes… Eté 2013

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Les intermezzi musicaux des Midi-Minimes… Eté 2013

L’une des plus belles œuvres de musique de chambre, le quintette  en Ut majeur de Schubert a été composé peu après sa dernière symphonie durant l'été 1828, deux mois avant la mort du musicien. Il a été créé bien plus tard, en 1850, au Musikverein de Vienne et publié en 1853. Il nous a été servi comme une  7e merveille de la musique par l’émouvant Quatuor Alfama au Conservatoire Royal de Bruxelles, lors d’un de ces midi-minimes inoubliables de la cuvée 2013. On y a couru à cause de Camille Thomas, rencontrée au festival Musiq 3 2013 et on y a découvert une violoniste exquise: Elsa De Lacerda Setas.  On reste longtemps sous l’impression d’avoir voyagé au cœur d’un rare cristal musical hier midi! Une merveille!

Dès les premières notes on est happé par un long appel strident  joué par le Violon ensuite repris par le timbre profond du premier Violoncelle. Si le premier mouvement évolue longuement  dans les contrastes de registres aigus et sombres, on arrive vite dans une explosion de mouvements impétueux,  dont la puissance est garantie par la voix chaleureuse des deux violoncelles unis. Cascades émouvantes du Violon vers les graves, déferlement avant une gamme ascendante  qui s’élance à l’assaut du bonheur. Mélodie en duo des deux Violoncelles qui s’entrelacent: serait-on au paradis ? Au cœur d’un cristal musical où les pans sonores miroitent de tous leurs feux. 

 Et voici que vient la beauté surnaturelle dans ce chef d’œuvre de l’humain : l’Adagio.  Au recueillement en  volutes pointées  du Violoncelle, répond en échos attentifs  la voix du  sublime Violon par des pizzicati  délicats du même registre. Le jeu de l’écoute est passionnant, comme si les doigts du Créateur tendaient la main à l’homme de la Chapelle Sixtine.  Il est Petit mais à l’image de Dieu. Les grondements des autres cordes tissent une mélodie tragique cueillie par les accords graves du Violoncelle. Les vagues sombres semblent être soulignées par le passage de nuages par-dessus la verrière du Conservatoire. Des silences haletants ponctuent de  longs accords et redonnent la vie au jeune Violon qui ose fleurir sur un terroir de tristesse. On se berce dans la pureté de son de l’instrument, qui ressemble beaucoup à la respiration vivante d’une extase. La douceur atteint des summums avant le retour des pizzicati du début, sous la conduite du Violon cette fois. La lumière musicale et apollinienne inondent l’assemblée qui entoure les musiciens ; un  ultime crescendo souple et poignant soutient l’émotion jusqu’à la dernière note, tenue avec immense respect. Le sentiment  nostalgique d’un  dernier rayon de l’astre solaire vous étreint brièvement avant de plonger dans le troisième mouvement.

Le scherzo sera sautillant ! Back to Earth ! Le Violoncelle prend des allures de grand seigneur qui tournoie joyeusement… Réapparaissent les notes sombres de la perte de la joie. Les larmes perlent sous l’archet de la violoncelliste Le mal à l’âme se déplie et atteint tous les instruments mais une extrême douceur subsiste au cœur de la gravité. Retour versatile à la volubilité intense du début, et touches délicates encadrées d’appels que l’on imagine ceux de cors au fond des bois. Des appels, encore, de nature royale !

Applaudissements intempestifs, tellement la plastique de l’œuvre est intense et superbe. L’ensemble musical peu surpris  en profite pour se réaccorder et lance l’Allegretto jubilatoire, toute peine bue. Effeuillée la tristesse, restent les pétales joyeux,  un calice aux vertus musicales, à boire ad libitum. Des pieds légers et juvéniles touchent à peine le sol à moins que ce ne soient ces mystérieux papillons qui accompagnent souvent l’âme dans son élévation. Peut-être comme semble dire la musique, qu’ils retombent  en longs poudroiements fertiles et sans cesse renaissants.  

Ovation (f)estivale pour ce quatuor Alfama et ses jeunes  instrumentistes extraordinaires.

 

Atmosphère: cliquez ici: http://secure.smilebox.com/ecom/openTheBox?sendevent=4d7a63304e444d7a4d6a453d0d0a&blogview=true&campaign=blog_playback_link&partner=commissionjunction

« D’année en année, les artistes des Midis-Minimes forment une communauté plus large et plus créative, où les personnes se rencontrent, où les genres se décloisonnent, où les croisements s’opèrent. Grâce à la confiance établie avec le festival, ceux qu’on a entendus en quatuor, se retrouvent à l’opéra, le théorbiste a fondé son ensemble, la lauréate du concours Reine Elisabeth a troqué son archet contre la baguette, le hautboïste tâte du doudouk, tous poursuivent, en solitaire ou en bande, leur recherche du bel et insaisissable objet musical, rejoints par d’autres musiciens où l’on notera, cet été, de nouveaux et brillants internationaux. 
Le moteur de cette effervescence et de ces audaces ? L’écoute ! Votre écoute, celle d’un public incroyablement ouvert, concerné, actif, authentique partenaire artistique du concert. Merci à vous.»
 Besoin d’un petit coup de pouce à votre curiosité ? Voici le lien pour aller glaner un programme qui vous plaît  et vivre l’été autrement cette année : http://www.midis-minimes.be/fr/calendrier.php

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DIS-TOI...

Si temps est à l'orage

Et ton cœur plein de peine

Et puis que tu enrages

De cette vie si vaine...

Dis-toi qu'au bout du jour

Sous l'ombre du grand Saule

Tu rêveras à l'amour

Penché sur une épaule...

Dis-toi que cette vie

N'est pas lourde de pleurs

Mais seulement des envies

Qui rongent le bonheur!

Dis-toi que même médiocre

Quand l'âme est en éveil

Sous un ciel bleu et ocre

Se cachent des merveilles...

Si temps est à l'orage

Évite la pesanteur

Que le désir surnage

Ignore donc la peur!

J.G.

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administrateur théâtres

 

Une Orangerie d’un autre siècle… celui de Mozart, nul doute. Un short d’argent  galbé sur cuisses parfaites s’assied sans façons sur la pelouse, une gracieuse silhouette japonaise erre dans les allées à la recherche de parfums surannés et prend en photo  le pommeau antique d’une canne et le regard d’un homme rajeuni par l’attente de la musique. Il est luthier de son métier, ancien compagnon qui produisit son chef-d’œuvre dans un  même bois odorant et vibrant : deux violons, un alto et un violoncelle. Sort-il du livre de Gilles Laporte, Fleurs à l’encre violette ? On pourrait l’imaginer. Son atelier existe toujours et il connait Véronique Bogaerts depuis son enfance.  Ses enfants l’ont mené au concert que pour rien au monde il ne voudrait manquer ! Le public nombreux se masse aux portes de l’Orangerie de Seneffe un 18 juillet pour la dix-huitième année consécutive. Ce soir, on vient écouter  Mozart.  De la musique de chambre, presqu’en plein air, avec les effluves de l’été et l’heureux  ventelet qui rafraîchit la salle pleine à craquer. « Que du bonheur », dit-on maintenant.

 

Cela commence avec une rencontre au cœur de  l’Adagio et Fugue pour cordes en ut mineur KV 546. Le jeudi 18  juillet ouvre le festival avec Mozart. Ton solennel et grave… mais à la fin du jeu après les échos qui ricochent dévalant des collines imaginaires, on surprend le sourire de la violoncelliste, Sarah  Dupriez, 28 ans,  fille de la violoniste, Véronique Bogaerts l’âme du festival. Et pour une violoniste, rien de plus important que l’âme du violon !   Elle fut formée par Carlo Van Neste, grand violoniste belge de réputation internationale et grand pédagogue. A son tour de siéger dans le jury du concours reine Elisabeth et d’être le professeur … de Lorenzo Gatto, de sa  propre fille  et de  son beau-fils Vincent Hepp qui  est  ce soir à l’alto. L’esprit de famille préside à ces concerts de l’Orangerie de Seneffe. Simplicité, rigueur et chaleur humaine très sensible. Quoi de plus vrai et de plus (im)portant? On sort revigorés par la convivialité, dopée par les vagues musicales. L’allégresse amicale de cette foule de spectateurs qui se rencontrent chaque année dans ce lieu tranquille, témoigne pour l’enchantement de la vie musicale. « Jusqu’il y a peu, il était courant de se retrouver en famille, ou entre amis, pour faire de la musique et lire les symphonies des grands maîtres… » (Sarah Dupriez)

Le concerto K 449 pour piano, deux violons, alto, violoncelle et contrebasse réunit un sextuor complice avec au clavier l’ami Jean-Claude Vanden Eynden qui s’immiscera bientôt dans le jeu des cordes joyeuses. Le babillage s’installe. Retour au thème, souligné de filets de cordes ( Elisabeth Wybou, Diederik Suys). Une tapisserie musicale aux fils d’argent. Mais voilà que contrebasse  (Bruno Suys)  et violoncelle attaquent, ensuite le piano enlève une cadence aux accords frappés d’allégresse estivale. A la clôture du 1er mouvement, le regard vert (ou bleu?) de la violoncelliste  (Sarah Dupriez) est toujours aussi concentré.  A la houle tranquille des cordes répond la sérénité du clavier. Le vent joue dans les haubans, croisière musicale? On se laisse bercer par l’onde puissante. Le piano, seul à la barre, est repris en chœur par la mélodie  que chantent les violons. Contrebasse et violoncelle entretiennent fidèlement la pulsation. Dans le dernier mouvement, Véronique Bogaerts mène l’allure.  Voici une longue note tenue avant un dernier rire musical. Des trilles au bout des doigts, Jean-Claude Vanden Eynden évoque  toute la beauté d’un coucher de soleil et la conviction intime que tout est fait pour  toujours recommencer, inlassablement. Que du bonheur !

La grande symphonie concertante de Mozart remaniée pour orchestre de chambre par un contemporain de Mozart est faite pour ce sextuor chaleureux qui joue sous l’aile vivifiante de Véronique Bogaerts. L’ensemble respire une même inspiration, solidaire et puissante. Un modèle de lien et d’harmonie enviable ? Voici un aparté des deux violons et de la violoncelliste, un bonheur italien est dans l’air ! On ne se détache pas du regard persistant de la jeune femme à la fin de l’envoy! Sorte de message muet qui fait partie de l’intimité  de la musique. Le dernier mouvement se jette le thème de mains en mains, jeu de passes ou de cache-cache, entrain virevoltant. Ce sextuor d’un soir diffuse de la beauté et de la passion qui n’ont rien d’éphémère.

Pour le Bis, une surprise: du Mozart  encore. Un arrangement du Concerto pour piano et Clarinette sans clarinette mais avec sa virtualité.  Et toujours ce regard  intense de Sarah  Dupriez  qui voyage  de la partition à la violoniste  assise à l’autre extrémité du plateau et  rassemble l’essence du mystère musical à chaque battement de paupière qui peuple ses silences. 

Des photos? http://secure.smilebox.com/ecom/openTheBox?sendevent=4d7a637a4f4455784e44493d0d0a&blogview=true&campaign=blog_playback_link&partner=commissionjunction

 

 

Le lendemain, il faudra débrancher toute velléité  masculine et faire place à la douceur, la profondeur et la puissance féminine. Nous entendrons des pièces écrites exclusivement par des femmes et jouées par des femmes. Il n’y a que les bulles, servies à la fin du concert qui conserveront leur nom masculin  bien frappé : Bernard Massard. Cette soirée est un hommage pétri de pensées et de prières    pour que partout dans le monde cesse  la  claustration féminine sous le joug masculin quelle que soit sa forme,  son absence d’éducation et sa  parole interdite.  Une très belle programmation nous fait connaître des œuvres de Lili Boulanger, Fanny Mendelssohn, Clara Wieck- Schumann, et après la pause, découvrir Maria-Teresa von Paradies et apprécier une des premières  œuvres (1957) de Sofia Goubaïdulina. Née en 1931 en  République socialiste soviétique autonome de Tatarie, aujourd'hui Tatarstan, elle commença l'étude du piano à l'âge de cinq ans et récolta les commentaires les plus élogieux, sauf d’un de ses « juges » pour l’obtention de son diplôme, Chostakovitch qui lui conseilla de « progresser le long de son chemin d'erreur…» Jamais programmée, sauf en Europe occidentale, non éditée, elle n'en persiste pas moins jusqu’à la soixantaine à composer en solitaire des œuvres qui ne pouvaient qu'irriter les tenants de la musique officielle  des temps soviétiques.

Ce soir, c’est Dominique Cornil et  l'exquise Eliane Reyes qui s’installent au clavier. Gayané Grigorian et  Thérèse-Marie Gilissen sont aux archets pour entourer Véronique Bogaerts et sa fille Sarah Dupriez au violoncelle.  

Le trio en sol mineur pour violon, violoncelle et piano op.17 de Clara Schumann écrit en 1846   est en tout point porteur de contenu et d’atmosphère poétique. Si le premier mouvement s’embarque dans un jeu subtil et profond  de la violoncelliste qui semble boire des yeux tout à la fois sa partition et sa partenaire violoniste, le piano offre des fragments de mélodie lunaire et évoque la liberté de muses dans les bois. Le troisième mouvement a semblé évoquer une vision fugace de l’Adrienne de  Gérard de Nerval, à s’y méprendre.  « A mesure qu'elle chantait, l'ombre descendait des grands arbres, et le clair de lune naissant tombait sur elle seule, isolée de notre cercle attentif. − Elle se tut, et personne n'osa rompre le silence. La pelouse était couverte de faibles vapeurs condensées, qui déroulaient leurs blancs flocons sur les pointes des herbes. Nous pensions être en paradis. » Il y a cette voix commune  profonde qui porte les douleurs éparpillées du piano. Le quatrième mouvement, un Andante, semble réunir résolument  les forces complémentaires des instruments. Le thème est repris avec ténacité et vigueur, passe à l’assaut de gorges rocheuses et s’éclate en tourbillons liquides et écumants. Les tourbillons de la VIE ? L’Allegretto conclut en trois principes fondamentaux. Vous trouverez  bien lesquels. …Ceux qui offrent la lumière à tous.

La soirée se clôture dans la créativité avec l’œuvre fascinante de Sofia Goubaïdulina dont nous découvrons avec curiosité l’atmosphère presque hitckockienne du Quintette. Thème obsessionnel, répétition d’une note hallucinante. La part belle au Cello (toujours l’irrésistible Sarah Dupriez)  qui se fraie un passage dans la palette tentaculaire de l’angoisse. Au deuxième mouvement l’alto se décide à narrer un conte sautillant, pas loin du rythme de Pierre et le loup, à moins que cela ne soit une chevauchée de musiciens de Brême. Tous les possibles de la Musique! Un  rythme de marche décidée. Mais le monde musical se mute soudain en monde d’automates. Le piano veut ralentir la cadence par trois accords colériques. Le thème reprend avec joie, mais est avalé par la nuit. Une fleur au fusil, coupée comme une vulgaire fleur des champs ? Le troisième mouvement fait une place de rêve à la vie. De vraies respirations ramènent à la vraie nature de chacun d’entre nous.  Le Cello  émet des pizzicati effarants joints à des cris aigus et pincés du violon. La pianiste veille, retrouve des rives hospitalières et insuffle l’écoute mutuelle. Une nouvelle ère se prépare sous l’archet de la violoniste joyeuse mais les automates ont doublé de grandeur, de force et de vitesse, plus unis que jamais. La sage révolte expire sous forme de trilles désespérées. Eminemment moderne et indigné. Applaudissement fracassants.

L’inimitable Quatuor Danel,  éblouissant contraste masculin  qui se chauffe à la dynamite, conclura la fête le dimanche  historique du 21 juillet 2013  à 17 heures. Avec une œuvre infinie, que tout violoncelliste porte en lui ou en elle, toute sa vie durant : la jeune fille et la mort de Franz Schubert.

D’aucuns auraient attendu une Brabançonne jouée par ces messieurs Danel  venus du Nord de la France et installés à Bruxelles depuis de nombreuses années, mais Patricia Raes, organisatrice des festivités n’a pas manqué de rendre hommage aux deux souverains Belges, Albert II  et Philippe I en début de concert.  L’organisation impeccable du festival est due à ses  talents et à sa présence et l’on souhaite sûrement  la sacrer ici  comme Amie de la Musique.

Le programme complet des festivités se trouve sur l'agenda  d'Arts et Lettres: https://artsrtlettres.ning.com/events/orangerie-du-ch-teau-de-seneffe

 

 

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Chez le roi soleil, au sommet de la montagne

12272908271?profile=originalEnfant,voici ta balle !

12272908881?profile=originalAttends, fileuse, je vais t'éclairer !

http://www.lalyredalize.org/la-petite-fille-a-la-lanterne.html

 

http://www.lalyredalize.org/les-livres.html

 

Qu'on se le dise !

et pour un partage

 

Agrandissant sa famille et sa ribambelle d'enfants,

mon site édition La Lyre d'Alizé

accueille  la petite dernière née :

La petite fille à la lanterne avec un choix d'images

qui défilent et s'agrandissent.

Sur les deux côtés  de la présentation et dans la page livres :

- A droite : les couvertures

- A gauche dans le rond du lutin : un choix intérieur

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Comment ai-je pu de Paris me départir ?

Ces mélopées chantant Paris me déchirent

Rendent mélancolique et éperdue mon âme

Qui vibre à sa vie, son souvenir,

L’évoque en maints tableaux, soupire.

Ne sais pas comment me suis extraite de mon Panam

Comment j'ai fait pour brusquement partir.

 

Inconcevable quand vous savez

Qu’à son Paris,

Le titi parisien a le cœur  vrillé

Et qui loin de lui

Dans une autre vie

Ne peut s'imaginer.

C’est évident pour lui :

Paris c’est le nombril du monde !

Il ne veut s’exiler

Dans la France profonde.

Rien n’est mieux

Mais ennui

Et banlieue

Partout à la ronde.

Loin de lui,

Sa peine est profonde.

Et partout ailleurs,

Il se languit,

Se meurt.

 

Mais il y eut ce chantage sans appel,

Quand je voulus reprendre activité,

D'abandonner Paris

Sans délai !

Et de quitter toute ma vie,

Mes parents, mes amis,

Ma capitale si belle.

Alors je voulus à tout prix

Protéger et donner à ma fille,

Lui sauver notre drôle de fantôme et flottante famille

Après tout ce qu’elle avait déjà enduré sur terre pour venir.

Elle, qui dès le départ avait failli mourir.

Veiller à ne plus la léser ni la faire encore souffrir

Avec son paternel qui ne faisait qu’aller et venir,

Ne voulant lui-même décrocher de son Occitanie, sa terre

Et ne pouvait "couper le cordon" d’avec sa mère

Ne faisant qu’à moitié se donner, venir et puis partir.

 

Après tous ceux refusés par l'Exigeant,

Et de toutes les directions émergeant,

Quand vint du Destin l'Appel

De la petite école de Neuchâtel

J’y sentis le signe lumineux du Ciel.

Et eus l'intuition de laisser reposer la nuit

En questionnant mon Ange pour guider mon salut

Au lieu de me bloquer dans la peur, le refus.

Était-ce le signe qu’il fallait à mon passé mourir ?

Ne plus m’y accrocher mais au futur m’ouvrir ?

Or, la nuit présenta l’ouverture d’une grande clarté

Qui me poussait pour aller vers ma destinée.

Et lorsque j’arrivais au-dessus du lac de Neuchâtel,

Je pus voir rayonner cette immense clarté.

Sa luminosité à l’infini tout l’horizon ouvrait,

Sa lumière chantait comme promesse dans le ciel.

 

Une seule fois, en ce premier 1993 été

Puis plus jamais, avec regret

Sur mon passé me suis retournée :

A presque 1 500 mètres sur le sommet,

Près du Louverain, tout-en-haut, j’étais arrivée

Et voyais s’étendre à l'infini la paisible contrée,

Tout en bas de mon Geneveys-sur, petit Village

Qui à 900 mètres en dessous se tenait.

C’était  beau ! Mais immense, illimité !

Un tel choc inconnu ce nouveau paysage.

Je fus soudain complètement dépaysée.

La peur panique me prit.

Où était toute ma vie,

Mes amis, mon Paris ?

Le bord de ma Seine, mon doux rivage

Et la Tour Eiffel

Qui au loin se détachait dans mon ciel ?

Non ici, c’était la chaîne des Alpes immaculée

Un magnifique décor de rêve qui en face s’offrait.

 

Même si j’étais la plupart du temps

Avec ma petite enfant de 5 à 8 ans,

Esseulée.

Et tout autant

Que les deux-trois précédentes années,

J’étais si heureuse d’avoir ma place retrouvée

Et avec les petits enfants de vivre et œuvrer.

C'est là, depuis Neuchâtel

Que se sont épanouis et développés

Tous les potentiels de ma créativité,

Un flot de dons du ciel.

Non seulement, l'école je portais,

Ses réunions et ses fêtes très gaies,

Mais dans l'enthousiasme, je remplissais 

De belles et riches doubles journées.

Avec passion, durant des jours entiers

Des décors de fêtes féériques je créais

Qui les petits et grands émerveillaient.

Jamais autant que dans ce rude hiver premier,

Dans la solitude des soirs, inspirée,

Concentrée, j’ai si bien créé et écrit :

Toutes les "rondes de saison gestuelles" en poésie

Qu'avec les enfants nous avons pu vivre et danser

Avec bonheur et joie tout au long de l'année.

 

Puis soudain tout a basculé,

L'équilibre s'est fragilisé

De notre mini pédagogique communauté

Son existence fut menacée

durant de rudes années

Jusqu'à devoir clore, fermer.

La confiance fut trahie, abusée.

Tout devint chaotique et désespéré,

Se déchaînèrent folie et méchanceté.

Alors ne pouvant plus vivre, respirer

Je voulus à tout prix partir

A l'autre bout du monde fuir,

Échapper aux forces destructrices, sorcières.

Dans les pires épreuves me soutint la lumière.

Douloureux au possible mais nourrie de sublime clarté,

Je rêvais que j’étais contrainte, attachée par le pied

-       Et de ma destinée-sacrifice ne pouvais déroger -

Je servais un "celtique" initié dans la clairière,

Sans le voir, mais toute environnée,

Soutenue de sa grande lumière.

En haut, dans la montagne tout prés,

Où dans son creux notre village se blottissait.

Il devait certes notre petite école protéger.

Qui sait, en être l'âme, l'inspirateur sacré.

 

A Neuchâtel, si tant et trop, j’ai souffert

La force j’ai développée pour un édifice fonder.

Et ce riche apport poétique pour les enfants offert

Tous les jours m’apporte encore joie et lumière.

Alors Paris,

Si tu m’appelles encore dans tes bras,

Si émue, je t'aime et te revois

Et craque encore si fort pour toi ...

Sache que je ne te reviendrai pas.

J’aime trop la vie que j’ai créée là

Et mon cœur ici

Revit et s’épanouit.

 

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La publication de ces billets d'art est due à l'initiative exclusive du Réseau Arts et Lettres

N.-B: Cette publication est également installée sur mon smartphone privé et  elle sert à faire découvrir en live l'excellence des travaux de François Speranza qui a déjà commenté plus de 30 expositions de peintres pour le réseau

Robert Paul

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Envie de célébrer

 

On est souvent surpris en constatant, qu'en vain,

On voudrait ranimer un sentiment intense;

On se souvient d'un lieu, c'est parfois un chemin,

On sait avoir vécu ce qu'apporte la chance.

Les coups de coeur, bien sûr, ne se revivent pas.

Ont duré un instant et disparu sans trace.

Or la vie continue, énergique, qui bat.

Et parfois une grâce envahit tout l'espace.

Le vieillissement fait que l'on n'a plus le goût

D'accueillir, avec foi, la rieuse espérance.

Quand surgit un projet, il ne tient pas debout;

On se dit sagement: plus rien n'a d'importance.

Mais, si pour s'occuper, on redevient semeur,

Chaque graine enfoncée donnera une plante.

On se prépare ainsi plein de petits bonheurs.

En ce nouvel été, ma récolte m'enchante.

19/7/2013

 

 

 

 

 

 

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♦ Côté positif d'humilité partagée

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Parce que les beaux discours de certains grands seigneurs

Oui, mais, combien de menteurs de la vie en couleurs

Parce que l’utopie aussi de notre monde meilleur

Oui, mais, au reste l’impair de chaque jour en pleurs

A chacun ses erreurs, à chacun ses grands malheurs

 

Reste entière la question des temps de la traîtrise

De cette emprise du mal de vivre dans la méprise

Et de l’aile à la pierre, que reste-t-il de liberté

Combien de rêves qui se brisent, le souffrir d’aimer

Mais je parle quand même côté rouge cerise

 

Mais je parle quand même côté rouge cerise  

Côté rouge cerise poème et quoiqu’on dise

 

Parce que les grands serments que l’on croit tellement

Oui, mais, combien à tenir promesse obstinément

Parce que l’œil du grand tout, le sourire aux enfants

Oui, mais, au reste l’impair des peines et tourments

A chacun la poussière, dernier mot des testaments

 

Reste entière la question de quoi faire en faiblesse

Chaque fois l’intérieur en désarroi, en détresse

Et de l’aile à la pierre, combien on doit laisser

Combien de mal à se faire des soleils inversés

Mais je parle quand même côté mille caresses

 

Mais je parle quand même côté mille caresses

Côté mille caresses poème et qu’il ne cesse

 

Parce que l’impossible cœur à battre toujours bien

A chacun du sans voix, du sentiment de plus rien

Parce que l’infime contenu du creux des mains  

Et de l’aile à la pierre, la pesanteur du destin

La fin de toute intrigue, l’empreinte de l’incertain     

 

Reste entière la question de nos temps de solitude

Si loin de l’amplitude, si près de l’habitude

Des histoires abrégées comme vagues échouées,  

Des absences aux silences pour calendrier

Mais je parle quand même côté tendre attitude

 

Mais je parle quand même côté tendre attitude

Côté tendre attitude poème à certitude

 

Parce que la croyance en dieu ou qui n’est pas

Ne fait nulle différence à l’extinction de la voix

Parce que les convictions aussi de faire les bons choix

Oui, mais, au reste l’impair, impasses de nos droits

A chacun sa vérité, l’iniquité des joies

 

Reste entière la question de qui peut tout comprendre

Qui, il n’est pas besoin d’appeler les jours de cendres

Pour qui l’on compte en vraie misère de ce qu’on est

Qui, une main, une épaule, le geste d’aimer

Mieux que pleurer en morceaux de bonheur à rendre    

 

Et je parle poème côté gracias d’apprendre

De vous, mes chers pareils, l’encore que je peux prendre

 

 

© Gil DEF. N° 778 / 27.06.2013

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12272784263?profile=originalA vingt ans, vingt balais fleuris,

de Londres à Paris,

de la Butte au boul' Mich ... aussi,

j'étais libérée, déchainée.

Sur le pavé du Quart Much,

je ne marchais pas, nenni !

de jour et de nuit,

je sautais, je dansais, je volais.

Longs cheveux au vent défaits,

La rebelle, réconciliée.

Mon passé de pleurs, chagrin sourd,

Banni, oublié, enterré.

De mes épaules, le poids lourd,

De toute l'enfance porté,

Dégagé, enlevé !

De la Shoah, les ombres et morts

De mes os, de mon corps,

Extraits, expulsés, extirpés.

A moi la joie, la Vie, la liberté !

Tout était curiosité, découverte.

La voie m'était ouverte  :

Musique, théâtre, arts et Poésie.

Pour eux, je veillais déjà tard la nuit

Et menais double vie :

Le jour chez les Avocats, Champs Elysés

Le soir et partie de la nuit,

Croquant la vie à belle satiété,

A l'envie,

A double bouchée.

Les surréalistes, Freud, Fromm et Ubu Roi.

La bible et les prophéties.

La fraternité, la justice, l'Utopie.

Tout était bon pour moi !

Dès 18 ans déjà

Étudier de toutes les religions

La transcendante vision,

Et fidèle à mon intérieur appel,

Trouver le karma, la réincarnation,

Et l'état de consciences au delà

Du seuil de conscience, de raison

Dans le silence, la méditation.

Après visite à l'extasié  Rama Krishna

Et l'éclairé de compassion, Bouddha ...

Trouver le Moi d'Amour cosmique,

Enfin, le Messie, le Christ

Au profond de mon coeur, tapis là,

Qui ne me quittera pas.

Autant d'insouciance

Fut volée mon enfance,

Autant éternels mes Vingt ans

Ont duré, perduré très longtemps,

Inusables et d'espoir infini

Gonflés, transportés ... bénis.

Sous l'aile de l'ange consolateur,

Qui sécha mes pleurs,

J'étais guidée, nourrie,

Protégée, inspirée,

De confiance à jamais.

Tout était possible, permis

et ouvert.

Mon intérêt, mon souci

couvrait la terre entière.

Je me sentais capable de tout arranger.

Lion fort et protecteur, d'aider,

les amis qui souffraient,

par leur peine interpellée.

Tout en travaillant

à mi temps,

Je me formais

en gestuelle-eurythmie,

et me reconvertissais

dans la Waldorf pédagogie.

Pour connaître tous les courants existants,

nous battions la semelle des quartiers de Paris.

Mon appart de Montmartre servait

d'auberge à tous les amis

qui jouaient tard mais doucement

de la musique la nuit.

Et pour eux, rue Lepic, je faisais mon marché

pour les nourrir et les ravitailler,

après mon travail et ma longue journée.

Je nous revois rouler par terre de rire

quand Fabrice Lucchini,

en ce temps Le Galois Perceval,

devant notre bande de disciples orientals,

mimait, cocasse, nos Mahatmas indiens  !

Ou se faisait rabrouer par sa bonne Cathie

pour un peu se taire et devenir introverti,

voyons, tout de même, méditer enfin !

A Orsay, ou dans une cave du quartier Latin,

j'invitais mes amis Musiciens indiens

qui de voix d'or d'éternité

chantaient célestement bien

les Raggas du soir ou du matin

qui nous sortaient du temps,

nous ravissaient au loin,

puis voulaient m'initier à leur chant divin.

Jodorowsky tirait ses magiques Égyptiens tarots,

Au fond d'une cave intime  de St Germain,

toujours si  transcendant, humain,

devant un cercle de jeune badauds,

admirateurs émus, ébahis.

Et moi, je renouais dans cette vie

avec aisance avec l'astrologie.

Vingt ans, je les ai eus

et si tard, vécus avec ivresse.

Éternelle et vibrante jeunesse !

Jusqu'à ce que ....  vienne naître mon enfant

qui a son tour à belles dents

veut croquer ses propres vingt printemps.

Elle voudrait vivre mon London, mes Beatles,

nos maquillages et longs ou courts vêtements,

notre Peace and Love et la douceur d'antan,

notre innocence immense

et notre insouciante confiance ...

tout un temps de joyeuse délivrance,

d'avenir possible et d'humaine transcendance

et comme je la comprends !

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administrateur théâtres

De La Cour des Novices...au Transept au Nord de l’église, passez ensuite  après l'entracte  sous la scène et retrouvez-vous au Nord de l’église abbatiale...pour écouter, voir et frissonner devant l’histoire de Frankenstein.

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Stefano Massini, auteur florentin, né en 1975, publie « Frankenstein ou Le Prométhée moderne»,  très librement  inspiré du roman du même nom (1816-1817) de Mary Shelley, deuxième épouse et égérie du grand poète romantique anglais Percy Shelley. Et Emmanuel Dekoninck s’en saisit pour en faire un spectacle inédit dans les ruines de la somptueuse abbaye de Villers-La-Ville sous la fidèle  houlette de Patrick de Longrée, créateur de grands spectacles estivaux. La traduction du texte est signée Pietro Pizzuti, enchanté par un texte sûrement iconoclaste qui veut forcer les frontières entre la science et la nature.

 Dans cette énième version du mythe construit par la très libérale et avant-gardiste Mary, l’auteur dépouille le texte de ses nombreuses mises en abîme, de son aspect gothique et  met en avant l'humanité stupéfiante de la Créature aberrante  et sa solitude. Sa voix est l’écrin dans lequel se déroule l’histoire, celle  de son créateur Victor Frankenstein que l’on voit naître sous nos yeux à force de cris et de gémissements sous la direction de Justine, la servante. Le jeune garçon (Alain Eloy) avide de lecture  transgresse dès son jeune âge les interdits du père. On assiste à un autre accouchement barbare de sa mère adorée qui décède et le jeune homme,  fou de douleur, masse sauvagement le corps inanimé  pendant que le père prie et  jure consacrer sa vie à  réveiller la matière morte et ressusciter la Vie. Ainsi nait déjà la Créature dans l’esprit du futur savant. On le retrouve  à l’université d’Ingolstadt sous la protection d’un bienveillant Professeur Waldman (Marc De Roy) qui en appelle à Copernic, Galilée et Vésale, mais contré,  on s’en doute, par les censeurs de l’église. Tout cela a une base bien généreuse et ne rejoint pas vraiment le défaut d’hubris qui causa la perte d’Icare. On suit donc ce pétulant savant, amoureux de la science plus que de sa fiancée, avec délectation, entre rêve et réalité. On accepte la transgression, on s’associe à son impensable projet, à son désir de jouer à  « playing gods » au nom de la Vie.  So far so good !

 Le malheur, c’est que le jeune  savant devient fou, refuse d’abandonner ses recherches et de suivre Elisabeth,  sa fiancée, l’exquise Claire Tefnin. La folie serait-elle  indispensable à la création ? Il a sauté le pas et se retrouve  en rupture avec la société. Et voici la Créature, objet de deux années de recherche,  dont la flamme vitale finit par se réveiller à force  de manipulations, d’expériences alchimiques et de détours par la science du galvanisme. Hélas, cet être monstrueux et vagissant  personnifié très intelligemment par Olivier Massart terrorise l’infortuné  créateur qui a perdu tout contrôle. Celui-ci  prend la fuite, effaré par l’aberration humaine dont il est devenu le père.  Le reste est l’histoire de sa poursuite par le monstre qui veut assouvir sa haine d’avoir été créé. Il veut se venger de  celui qui l’a arraché au silence éternel pour le jeter dans l’insupportable solitude et le bruit du monde.  Il hait  celui qui l’a délibérément abandonné, une fois créé. « Seigneur, pourquoi m’as-tu abandonné !» résonne dans les voûtes du lieu, …et ce n’est pas un hasard ! Chants grégoriens à l’appui…

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 C’est évidemment, au-delà de la trame de l’histoire, l’occasion de  faire un peu  de théâtre de foire et de morale facile en  conspuant le curé  qui  sauvera l’ étrange Créature  de la vindicte d’une foule sanguinaire. Une action dictée  par amour du prochain  certes, mais aussi afin de servir d’exemple vivant pour ses sermons, technique de foire. Un point pour le respect de la différence mais aussi premier meurtre perpétré par l’innommable créature: celui dudit curé. Cette version de l’histoire passe sous silence les innombrables meurtres perpétrés par la Créature, y compris celui de la très attachante Justine,  servante fidèle de  la famille, interprétée par Cathy Grosjean.  Et la Créature sans nom, de s’en aller par monts et par vaux, jouant de la flûte aveugle à la recherche du père.  Seuls, les non-dupes errent !

C’est par ailleurs l’occasion de poser des questions à notre siècle sur la place de Dieu et celle de l’homme. Sur la solitude, sur l’abandon.  Sur le sens de la vie et de la mort. Sur la transgression en général, source de connaissances mais aussi  source de malheurs. Ces questions sont inextricables. On reste perplexe avec de très vivantes  interrogations. On écoute surtout l’écho du questionnement ricocher sur les ruines de cette merveilleuse abbaye où se tient le spectacle  qui rend le questionnement encore plus intense  car le lieu choisi est lui-même un acte de transgression. Une mise en scène  finalement très païenne d’un grand spectacle,  dans un ancien  lieu de culte où les pierres semblent prier encore est en soi un choix délibéré…et transgressionnel qui a le don de faire réfléchir au-delà de la brillante  théâtralité de l’action, du délassement visuel nocturne  et de l’envergure spectaculaire de la représentation.

La   Distribution :
  ALAIN ELOY – Victor Frankenstein
  OLIVIER MASSART – La Créature
  CLAIRE TEFNIN – Elisabeth
  CATHY GROSJEAN – Justine
  FREDDY SICKX – Professeur Krempe
  MARC DE ROY – Professeur Waldman
  YVES CLAESSENS – Alphonse Frankenstein
  KAREN DE PADUWA – Antoinette
  Didier Colfs – Trismégiste
  DAVID LECLERCQ – Docteur Vertrand
  MARIE VAN R – Caroline Beaufort
  GÉRALD WAUTHIA – Père Hubert
  DENIS CARPENTIER – Ferdinand
  OLIVIER FRANCART – Le Curé
  JEAN-FRANÇOIS ROSSION – Officier
  GAËL SOUDRON – Gaston

de Stefano   Massini d’après le roman de Mary Shelley

metteur en   scène : Emmanuel Dekoninck

http://www.frankenstein2013.be/Frankenstein_2013/Frankenstein_2013.html

Du 11 juillet au 10 août 2013 à 21h00

http://smilebox.com/play/4d7a637a4d6a59324e6a633d0d0a&blogview=true&campaign=blog_playback_link&partner=commissionjunction

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De l'aquarelle traditionnelle au carnet de voyage


En aquarelle et croquis-aquarelle, je vous propose de découvrir dans quelques jours (la semaine du 14 au 20 juillet exactement) comment transformer vos points faibles en atouts à l’occasion du stage "Comment réussir ses croquis et aquarelles de terrain pour le carnet de voyage", et (devrais-je ajouter), ses projets d’atelier. 
C’est dire si cette session est importante (certainement la plus intéressante aussi de l’année), en matière de compréhension et d’acquisition des astuces, procédés, petits secrets et tours de mains qui peuvent vous aider à progresser vite et dans les meilleures conditions lorsqu’on veut ramener de ses sorties picturales et voyages, le meilleur de ce qu’ils nous ont offert. 
Tout cela dans un cadre de verdure idéal, en passant une semaine de découverte autour de sa passion, où le plaisir de peindre reste le vrai moteur, et celui de partager, la garantie d’une  détente conviviale et joyeuse : la maison d’hôtes de La Fresse (l’une des 22 maisons préférées des français), un endroit aussi beau que tranquille.
Son charme ?
- Je lui ai déjà consacré beaucoup d’articles ici, et nombre de médias (radios, télés, revues d’art, de décoration, gastronomie, etc.) s’en sont faits l’écho, la beauté des sites environnants, la délicieuse cuisine de la maîtresse de maison ajoutant à ce cocktail une saveur de vacances d’exception, impossible à décrire en quelques mots.
La Fresse été

"Un cocon dans la montagne" : quel titre ne peut-il mieux évoquer la maison de Christiane COLIN, qui nous accueille pour ce stage que celui-ci, synonyme de séjours à part, loin du hourvari des plages estivales ?
Mais cette session me direz-vous, que va-t-elle m’apporter de plus par rapport à un autre stage, à mes connaissances actuelles, l’expérience déjà acquise, ou mes incertitudes de débutant (e) ?
- Ce que vous trouverez difficilement ailleurs condensé en si peu de temps, et dans un cadre aussi bien adapté à une formation utile autant qu’une semaine de vacances réussie !
Le programme d’abord, aussi bien en atelier qu’en extérieur : si le dessin n’est pas votre point fort, si dessiner un personnage ou un animal vous intimide ou pire vous effraie, si d’aller sur le terrain et saisir l’essentiel de votre motif (quel qu’il soit) en quelques coups de pinceaux et couleurs est votre objectif, alors ce stage est pour vous !
Nous verrons comment adapter au mieux les moyens techniques les plus rapides et expressifs pour traduire vos émotions et souvenirs (croquis aquarellé, aquarelle rehaussée, aquarelle pure, dessin synthétique, aquarelle de synthèse, etc.), et en retirer le meilleur au service non seulement vos carnets de voyages, mais aussi de vos esquisses d’atelier.
Différents modules pratiques d’expression et de technique de terrain (comme le croquis de personnage ou d’animaux) participent aussi à la richesse et à l’intérêt de ce stage . Cela vous permettra de réaliser un carnet original dans l’esprit des plus intéressants carnets de voyages : ceux qui ont accompagnés artistes, explorateurs et scientifiques depuis les origines de cette expression.


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Faune, flore et paysages sont à la base de carnets de voyages magnifiques, et les sujets abordés en cours de semaine vous permettront certainement de vivre une journée
d’excursion inoubliable, comme celle des tourbières, écosystèmes fragiles et rares, ou celle des adorables lacs d'origine glaciaire, grandes richesses naturelles du Jura Oriental.

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Nous dessinions ce jour-là la vie tranquille d’un adorable village de pêcheurs au bord du lac St-Point dans une ambiance de paysage nordique sous les premiers rayons du soleil d’été…
Vous découvrirez surtout comment être plus efficace sur le terrain, appliquer les bases de l’aquarelle à des sujets que vous n’auriez sans doute jamais abordés sans préparation spécifique (quelques exercices et excursions ciblés à cet effet vous permettront de comprendre comment y parvenir), et s’il reste assez de temps en fin de session je rajouterai un ou deux modules rares comme celui de la réalisation d’un petit carnet origami très original ou celui des bases relevé d’empreintes.
Enfin, outre la convivialité de cette semaine riche d’expériences picturales, la diversité thématique et technique du stage, il ne devrait plus y avoir le moindre motif qui vous fasse peur après une semaine comme celle-là, et vous devriez en repartir en connaissance des atouts le plus efficaces pour aller jusqu’au bout du monde exercer votre talent !
Alors si cette semaine vous tente (ou l’une des suivantes à La Fresse), venez vite nous rejoindre car il ne reste plus que quelques places, demandez-moi conditions et bon de réservation cliquant ici ou appelez directement Christiane COLIN (notre hôtesse pour ce séjour) pour qu’elle réserve en priorité votre place au 03 81 46 51 63.

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Propos sur l'influence

 

  Il y a tant à dire sur la nature et les effets de l'influence qu'il semble difficile d'en parler sans omettre des aspects importants de ce thème. Or chacun se fait une idée assez précise de cette énergie qui peut changer des comportements collectifs ou individuels. On doit se tenir sur ses gardes et ne se laisser ni charmer ni manipuler.

J'ai été fort surprise, quand j'ai appris que certains de mes soliloques, m'avaient valu un blog sur . Buzzing. Depuis, je surveille la courbe de mon influence qui ne cesse de varier. Il est évident que se savoir entendu cause un joyeux contentement.

La force des mots fait réfléchir et peut convaincre, tout en procurant du plaisir.

Aux mêmes mots, des centaines d'individus réagissent différemment. Certains coups de coeur ne se partagent pas.

Quand l'un de mes poèmes a procuré de la joie, ce que j'apprends par d'agréables commentaires,

J'éprouve une satisfaction légitime qui m'encourage au partage.

Ils ont un effet stimulant or les lecteurs devraient aussi s'autoriser à faire des remarques constructives. Par prudence, ils ne se le permettent pas. Un ami le ferait mais il n'est pas toujours compétent et se complaît à célébrer un talent.

Autrefois, les poètes et les artistes s'influençaient avec bonheur. Les critiques fondées ont une utilité évidente.

En août 2012, ayant rejoint Amicalien.com, une communauté de personnes d'un âge mur, j'ai su, grâce à des statistiques détaillées, qu'un nombre impensable de lecteurs avaient lu mes écrits et ce sans aucune influence étrangère. Des visiteurs anonymes attirés, je ne sais pourquoi, par un même titre ou influencés les uns par les autres.

Tentée de baisser les bras et de ne plus rien offrir, je me suis sentie dotée d'une énergie nouvelle.

Avec un tel résultat pas besoin d'un éditeur pour exercer une influence possible.

En considérant l'attrait que la poésie présente actuellement, je pense que le monde inquiet a besoin de la tendresse apaisante des poètes et de leur gracieuse influence.

Montréal 7 juillet 2013

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Lettre ouverte à une Voix orphique humaniste enchanteresse,

vibrant Passeur de sens,

Orfèvre- ciseleur de sonorités polychromes

 Deuxième Partie

 

«  La normalité est une route pavée :

On y marche aisément mais les fleurs n’y poussent pas. »

                                                                                                                                         Vincent Van Gogh

 

             Oui,  « Il est des nuits de doute, où l'angoisse vous tord/Et, ces nuits-là, je suis dans l'ombre comme un mort. »[1]

             Seulement voilà, quitte à me répéter en dévoilant l’humeur dans laquelle je baignais, «méandres un peu lassants que la vie met sous nos pas »[2] ou pire, « Mal de vivre » barbaresque ne m’accordant que fort peu de trêve, confions que je n’étais guère disposée à prendre le risque d’assombrir davantage « l’Ombre des Jours » [3] de ma trajectoire pesante, fors quelques figures solaires, bons apôtres de l’Art d’aimer qui n’hésitèrent pas à proclamer en dépit de leurs déchirures, de leur âme en lambeaux, de leur « Nuit et Brouillard »[4], « que c’est beau, c’est beau la vie »[5], ni à déclarer leur sentiment au « deuxième sexe »[6], en s’interrogeant sur le sens de leur devenir sans lui : « Que serais-je sans toi  qui vins à ma rencontre/ Que serais-je sans toi qu’un cœur au bois dormant»[7], complétant, clairvoyant, en accord avec le « Fou d’Elsa »[8], que « la femme est l’avenir de l’homme » [9] ou plutôt, afin d’être précis en rendant à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu :

 «  [...] L'avenir de l'homme est la femme.

Elle est la couleur de son âme [...] »[10].

                Quête d’un « frémir d'aimer qui n'a pas de mots » et qui, par cette prière brûlante, contemplative, appelle à la transcendance des  simples communs des mortels imparfaits que nous ne cesserons d’être :

Donne-moi tes mains que mon cœur s'y forme

S'y taise le monde au moins un moment.

Donne-moi tes mains que mon âme y dorme

Que mon âme y dorme éternellement.[11]

                  Non, cartésienne et pragmatique, assoiffée de recouvrer, ne serait-ce qu’un millième d’une énergie ayant pris la poudre d’escampette, j’étais tout simplement encline à quelque échappatoire délectable, à cueillir de rares instants d’émotion subtilisés à l’obscure monotonie du quotidien, pour ne pas dire d’ivresse, de volupté convoitées, intellect infusant l’affect, si ce n’est point l’inverse, déterminée en cela à épouser l’esprit d’Anna de Noailles qui profère l’adage suivant : « Plaisir, vous qui toujours, remplacez le bonheur, » tandis que le Marcel Proust des « Plaisirs et des jours » [12] nous distille ce sage conseil :

                « Soyons reconnaissants aux personnes qui nous donnent du bonheur, elles sont les charmants jardiniers par qui nos âmes sont fleuries. »

                  C’est la raison pour laquelle, je décidais de manière opportune, d’aller quérir quelque réconfort thérapeutique en me tournant alors vers « un Cœur innombrable »[13] pénétré d’une hauteur d’aspiration à nulle autre pareille, regard bienveillant sublimant notre parcours de pauvre quidam, enrôlé à combler nos vœux de ferveur…

                « Visage émerveillé » d’amant épanoui, puis de père fortuné, qui, célébrant « l’accord parfait » avec l’élue de son giardino segreto [14] fleurissant son itinéraire, pourrait indéniablement épouser cette maxime du Lai du Chèvrefeuille [15] :

« Belle amie, ainsi en est-il de nous:

Ni vous sans moi, ni moi sans vous ! »

                 Mais vous inquièterez-vous : À quoi rêve t- il, ce noble « Cuer d’amour espris » [16] au souffle intarissable, à la sensibilité à fleur de peau, fine fleur de nos chansonniers ?

                 « Il rêve à une île dont le littoral/A le pur profil de l'amour total »[17] .

                Oui, il n’a cure de s’abandonner, altruiste et visionnaire en artisan de la Paix, à une bien douce et prodigue songerie, notre éternel fiancé enfiévré, en dépit de l’état fusionnel le reliant avec la bien–aimée, dépassant son bien être personnel conquis, et à conquérir sans cesse étant donné que « Rien n’est jamais acquis à l’homme Ni sa force/Ni sa faiblesse ni son coeur» [18], croyant en faveur des générations futures à une société meilleure où les dissonances s’estomperaient, où l’indignation porterait enfin ses fruits en engendrant une nouvelle civilisation plus équitable, à défaut d’intégrité pure…, un monde où les « Justes » de demain s’illustreraient à l’infini dans une saine émulation, relayant ceux de l’histoire (devoir de mémoire qui faisait soutenir à Paul Eluard la prophétie suivante: « Si l’écho de leurs voix faiblit, nous périrons »…) dans une recherche inlassable de sens véritable à donner à l’existence, alors que le règne des sanguinaires et des traitres, une malédiction, reculerait, réduisant à une peau de chagrin « l’orgue de nos barbaries »[19]

               En outre, l’avez-vous sans doute déjà discerné, « l'éternel bohème » rebelle au tréfonds de son âme, aux normes sclérosantes préétablies, hostile aux codes stéréotypés que notre société impose, mêlant ombre et lumière, entrelaçant les couleurs de l’existence à l’aide de tonalités empreintes d’une jubilation enracinée dans son intériorité, à l’écoute de son « Chant intime »[20], est aussi authentiquement féru d’humanisme, la marque distinctive des Seigneurs, de ces nouveaux héros des « Temps modernes » riches de convictions concrètement appliquées, actes valeureux à l’appui, et aux antipodes de « L’indifférence, cette paralysie de l’âme, cette mort prématurée » [21] .

               Humaniste prônant la fraternité, la tolérance, la compassion envers l’innocence assiégée, brisée, les opprimés et autres sacrifiés sans voix, sans logis, martyrisés à l'envi, « ces oubliés du toit du monde »[22] représentant une forme d’esclaves actuels asservis par le joug de la Tyrannie et de la Misère, souvent filles naturelles d’autocrates carnassiers (pléonasme !), avec en filigrane la constante aspiration revendiquée de tendre vers toujours plus de probité et de non violence au sein de notre Alma mater, la Terre, que nous avons confisqué aux espèces dites inférieures, nous autres arrogants « Frères humains » revendiquant leur suprématie, nous comportant parfois comme des prédateurs éhontés, comme une sorte de loups à l’égard de nos congénères (Homo homini lupus est [23]), nuisance qu’il nous faudrait désormais combattre de concert en « Hommes de bonne volonté » affectionnés de Jules Romains, si nous ne voulons pas que l’extinction de notre race en partie autodestructrice se profile avec une célérité foudroyante…irréversible, genre humain  tellement prompt à produire une cohorte de « bombes à retardement, à croiser le fer et le feu »[24], « Qui jamais n´enterre ses haches de guerre / Ou si peu si guère que c´est faire semblant » constatait « de la pointe de son accent Et du sommet de son Montblanc » [25]  l’enivré de la « Note bleue »…) !!!

               Penché sur son  Écritoire, l’un de ses plus sûrs confidents et alliés, de son encre indélébile dont la coulée n’a de cesse de croitre en qualité d’étoffe au fur et à mesure des millésimes présentés, ne pourrait-il pas faire sienne cette requête bouleversante de partage, lui, notre signataire de « Ma Terre humaine » [26] ?

              « Profondeur de chant » [27] reflet d’une destinée dont les contrastes n’ont point pour autant refroidi la pensée[28] et qui nous laisse deviner, en analogie de notre jardinier des « Heures claires » [29], une fraction de ses « Flammes hautes »[30] , tant par la force vitale, que les fêlures, remous et effervescence intérieurs, caractéristiques de la fameuse Mélancholia des poètes…et dépourvu de faux semblant, imposteur se jouant de Vérité en se faisant passer, le traitre, pour un « ami », il nous découvre un pan de sa «( Fr) agilité »[31] poignante, dénuée de mièvrerie ou de pathos, souffrant de nous livrer des éléments ouvrant un tant soit peu la clé de ses songes de « Rêveur éveillé »[32]… 

12272907099?profile=originalOrphée d'Odilon Redon

Fin de la Deuxième Partie

de la "Lettre Ouverte à une Voix Orphique"


[1] : Fragments du poème d’Albert Samain « Il est d’étranges soirs », recueil « Au jardin de l’Infante » (http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/albert_samain/il_est_d_etranges_soirs.html)

[2] : Citation extraite du titre « Il me manquait toujours », album « La Tarentelle » signé Yves Duteil, 1977

[3] : « Pillage » provenant d’un titre de recueil poétique d’Anna de Noailles.

[4] : Évocation du titre de la chanson de Jean Ferrat dont il a signé paroles et musique.

[5] : Vers issus du texte de la Chanson portant ce titre interprétée par Jean Ferrat, paroles dues à Claude Delecluse, Michelle Senlis,  J. Ferrat pour la musique.

[6] : En référence à l’essai existentialiste et féministe en deux tomes, paru en 1949 de Simone de Beauvoir.

[7] : Poème de Louis Aragon in « le Roman inachevé » mis en musique par Jean Ferrat.

[8] : Célèbre recueil poétique de Louis Aragon publié en 1963 et faisant référence à Elsa Triolet, muse éclairant cette œuvre.

[9] : Citation de Jean Ferrat provenant de son illustre chanson, inspirée d’un vers de Louis Aragon.

[10] : Deux vers extraits du « Fou d’Elsa » de Louis Aragon situé au  chapitre IV intitulé « Débat de l'Avenir » dans un passage versifié baptisé « Zadjal de l'avenir, http://lieucommun.canalblog.com/archives/2008/03/01/15840112.html

[11] : Derniers vers  du poème de Louis Aragon, « Les mains d'Elsa » issu du recueil « Le Fou d'Elsa »,

http://www.poesie-francaise.fr/louis-aragon/poeme-les-mains-d-elsa.php

[12] : Pour apprécier la citation dans son ensemble, dans sa tonalité d’origine, voir le contexte du chapitre au sein duquel elle est prélevée et qui porte le sous-titre : Éphémère Efficacité Du Chagrin… (http://www.inlibroveritas.net/lire/oeuvre2682-chapitre6221.html)

[13] : Détournement d’un titre de corpus poétique de Madame de Noailles, tout comme l’expression « Visage émerveillé » tirée de son roman.

[14] : Jardin secret en italien

[15] : Œuvre tirée d’un manuscrit de la fin du XIIIème siècle dû à la poétesse Marie de France. (B.N)

[16] : Emprunt au roman médiéval célébrant l’amour courtois de René Ier d’Anjou dit le Bon Roi René.

[17] : Vers issus du texte de la chanson « l’Ile Hélène » de Claude Nougaro, album « Embarquement immédiat »

[18] : Premiers vers du poème de Louis Aragon « Il n'y a pas d'amour heureux », (La Diane Francaise, Seghers 1946)

[19] : Expression due à la plume d’Yves Duteil extraite d’un entretien pour « la Croix.com » titré « Au Cabaret du Bon Dieu, soit dit…en chantant » par Robert Migliorini.

[20] : En référence à un titre poétique de la « Fée d’Auxerre », Marie Noël.

[21] : Emprunt à Anton Tchekov.

[22] : Titre entre-autres du roman de Gilles Van Grasdorff publié en 2001, et expression d’Yves Duteil au sein de sa chanson extraite de l’album « Touché », 1997 (Paroles et Musique signées Yves Duteil ), « la Tibétaine », écrite en hommage à Ngawang Sangdrol, jeune moniale Bouddhiste tibétaine qui a combattu pour un Tibet libre et a été emprisonnée enfant, dès ses 11ans pour avoir osé manifesté. Incarcérée, elle fit montre de pugnacité, en enregistrant des chants de résistance avec ses compagnes de cellules, n’ayant cure des humiliations, privations et actes de tortures perpétrés à son encontre…

[23]  Locution latine signifiant : « l'Homme est un loup pour l'Homme », ce qui veut dire : “l'Homme est le pire ennemi de son semblable ».

[24] : Expression issue du texte d’Yves Duteil, « Ma Terre Humaine », album « Fra giles ».

[25] : Détournement de vers empruntés à Yves Duteil au cœur de sa chanson hommage au jongleur de mots occitan, Claude Nougaro surnommée « La Note bleue »…

[26] : Chanson d’Yves Duteil extrait de l’album de 2008 « Fra giles », Musique : Jean-Pierre et Charles Marcellesi, Yves Duteil/Paroles : Yves Duteil)

[27] : En référence au livre-biographie consacré à Yves Duteil « Profondeur de chant » (édition de l’Archipel), écrit à quatre mains, soit à deux plumes par Alain Wodrascka et Yves Duteil.

28] : Allusion à l’œuvre testamentaire d’Émile Verhaeren nommée « la Vie ardente » issue du corpus poétique « les Flammes hautes » (pour consulter la pièce, voir le lien suivant : http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/mile_verhaeren/la_vie_ardente.html).

[29] : Titre du recueil  poétique d’É. Verhaeren célébrant l’espérance retrouvée grâce à la rencontre avec sa muse éclairant son existence, ouvrage pétri d’odes à la vie sous forme de Cantiques amoureux solaires, semblables à  « Comme aux âges naïfs, je t'ai donné mon cœur » (http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/mile_verhaeren/comme_aux_ages_naifs_je_t_ai_donne_mon_coeur.html), « Le printemps jeune et bénévole »(http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/mile_verhaeren/le_printemps_jeune_et_benevole.html), «  Le beau jardin fleuri de flammes » (http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/mile_verhaeren/le_beau_jardin_fleuri_de_flammes.html),  et maintes autres merveilles de veine similaire composées à la gloire de Cupidon…

[30] : Œuvre poétique d’É. Verhaeren

[31] : Jeu de mots duteillien en Evocation du titre de l’album d’Yves Duteil

[32] : Emprunt au surnom du naturaliste Jean-Marie Pelt.

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Lettre ouverte à une Voix Orphique humaniste enchanteresse,

vibrant Passeur de sens,

Orfèvre- ciseleur de sonorités polychromes

 

 

«  La normalité est une route pavée :

On y marche aisément

mais les fleurs n’y poussent pas. »

                                                                                                                                          Vincent Van Gogh

                   Une sage d’entre les sages, la mystique médiévale Catherine de Sienne, n’avait-elle pas adopté pour profession de foi, ce truisme : « il faut d’abord avoir soif ?»

                   Pour ma part, je m’empresse d’embrasser volontiers un tel credo, gravant cette devise philosophique en lettres d’or au frontispice d’une idéologie forgée au gré des pages du calendrier effeuillé, accompagnée de cicérones généreux chéris officieusement, qui contribuent à construire chaque jour davantage les créatures d’argile que nous sommes, telle des Galathées modelées par leurs Pygmalions, et dont il me sied de vous faire partager un admirable modèle …

                  « Ainsi qu'une flamme entoure une flamme/Met de l'idéal sur mon idéal », adjurait le Père de la « Bonne Chanson »[1], après les affres de l’hiver traversés, aspirant au « vert retour du doux floréal » gage d’espérance, de printemps florifère infusant sa psyché.

                   Aussi, mue par je ne sais quel élan vital de protection, le divin Esculape étant selon toute vraisemblance, résolu à me retirer la sienne, puisque inconstant au demeurant en adéquation de maints fleurons du sexe soit disant « fort », fieffés gredins dépouillés de scrupules, Immortels et Casanovas associés, je me suis attachée à entrer en résistance selon le mode qui me chantait, puisque notre déité fantasque n’écoutant que son bon plaisir, avait choisi de me délaisser, n’hésitant pas à me priver d’une certaine « Panacée » de son entourage…

                   Réduite au silence contre ma volonté par ce seigneur de race antique au pouvoir absolu, décidant d’une main de maitre, de mon apathie, maniant à mon égard le chaud et le froid avec maestria, quelle autre alternative avais-je, à mon corps défendant, que d’accepter de jouer au mollusque gastéropode, ou « à la reine fainéante » me faisant servir nuit et jour jusqu'à ma litière à baldaquin, par des « captifs » eux-mêmes atones, les malheureux, où fébrile en diable ?

                 Au demeurant, j’eus le privilège de goûter au cœur de l’abyme, vagues de frissons à l’appui, à des températures tropicales avoisinant les quarante degrés à l’ombre, ou a contrario, fus sur le champ transportée sous une latitude du cercle polaire ... Oserai-je seulement vous avouer sans fausse pudeur, soit, à « masque » découvert, que j’ai alors, entre deux épisodes tumultueux de « Naufragée du fol espoir » m’accordant un répit propice à une reviviscence à ouvrager, escomptant encore, à l’acmé de la crise, rejaillir, tel le Phénix renaissant de ses cendres, éprouvé le désir irrépressible d’un ressourcement en eaux profondes et limpides, convoquant à corps perdu, une pléiade de chantres, « Fous chantants » constituant mon « Cortège d’Orphée» [2] de prédilection ?…

               En effet, relèverez-vous à bon escient, ce ne sont pas les références qui manquent en matière de complaintes poétiques, les augustes ainés ayant fait florès dans un proche passé, pour la plus grande joie de nos ouïes d’auditeurs comblés !

             Et puis, hormis invoquer à ma rescousse de vulnérable bipède éprouvé par le mal, un bon génie, celui de la convalescence nommé Télesphore, l’implorant de m’être diantrement plus favorable que son père, quelque peu hermétique en amont, à mes incantations de guérison, comment pouvais-je, je vous prie, tenter d’apaiser, si ce n’est de remédier à un vague à l’âme vivace, ce que nos amis lusophones expriment magnifiquement par la saudade languissante, la Tristeza montant de leur fado pathétique et sensuel, traduisant le« frissonnement de l'être », à moins de mander la muse  « qui sait plaire », « la toute réjouissante » Eutérpê, pendant que l’horizon s’obscurcissait de plus bel, que les bourrasques de la tempête menaçaient de redoubler d’intensité incessamment, et qu’il me faudrait livrer bataille à l’instar du fameux adage issu du « Cimetière marin » : « Le vent se lève, il faut tenter de vivre »[3] , ainsi qu’en correspondance de toute forme de créature vivante peuplant cette Planète Bleue[4] luttant pour sa survie « en ce séjour sans queue ni tête », où vaille que vaille, j’émettais le souhait, ne vous en déplaise, de faire « encore un tour Sur la pomme d'amour »?

             Assurément, revenir à moi pour demeurer debout envers et contre tous afin de parvenir à me réaliser spirituellement s’entend, me libérant jour après jour de quelques entraves conjuguées au passé comme au présent, dans le dessein de me faire le témoin passeur de cette évolution, forte d’un cheminement intérieur, c'est-à-dire « m’enfanter » par le verbe, « m’incarner » dans une pleine dimension artistique, si possible polymorphe, le comble du luxe, je ne sollicitai pas d’autre grâce que cette impulsion cruciale là, à notre coquin de Sort !

            «Ô découvertes, et toujours découvertes ! Il n'y a qu'à attendre pour que tout s'éclaire. Au lieu d'aborder des îles, je vogue donc vers ce large où ne parvient que le bruit solitaire du cœur, pareil à celui du ressac ?

             Rien ne dépérit, c'est moi qui m'éloigne, rassurons-nous. Le large, mais non le désert. Découvrir qu'il n'y a pas de désert : c'est assez pour que je triomphe de ce qui m'assiège » nous lègue pour la postérité, de sa palette de peintre poétique, l’une de mes égéries, l’illustre « Faunesse de Saint Sauveur en Puisaye »[5].

             « Créer - voilà la grande délivrance de la souffrance, voilà ce qui rend la vie légère » nous avise, appuyant ces dires, un aphorisme issu du poème philosophique « Ainsi parlait Zarathoustra », création-évasion, cette émanation d’amour universel reliant à travers les âges, les descendants des Hominiens entre-eux, pansant d’un soupçon, leurs plaies, pour peu que l’on adhère à « La Volonté de puissance » nietzschéenne :

« Nous avons l'art pour ne point mourir de la vérité»

renchérit de plus belle l’auteur du «Crépuscule des idoles » [6], cependant qu’un confrère s’en vient, au milieu du XXème siècle, corroborer ce « Gai Savoir », le tout relevé d’un esprit de partage, de fraternité transcendantaux :

               « L’art n’est pas à mes yeux une réjouissance solitaire. Il est un moyen d’émouvoir le plus grand nombre d’hommes en leur offrant une image privilégiée des souffrances et des joies communes. Il oblige donc l’artiste à ne pas s’isoler ; il le soumet à la vérité la plus humble et la plus universelle. […]

                C’est pourquoi les vrais artistes ne méprisent rien ; ils s’obligent à comprendre au lieu de juger. Et, s’ils ont un parti à prendre en ce monde, ce ne peut être que celui d’une société où, selon le grand mot de Nietzsche, ne régnera plus le juge, mais le créateur, qu’il soit travailleur ou intellectuel.[7]

                Oh, assurément, en tant que partisane d’un auditoire avide de purification, d’eau douce bénite…, je pouvais allégrement me tourner vers tout un pan s’échappant des cordes lyriques de la musique dite « savante », mais mon humoresque[8] du moment, m’incitait plutôt à puiser parmi cet éventail de trésors inaltérables, fruits « d’artistes mineurs de fond » pratiquant un « art mineur illustré par le beau Serge», selon une locution nougaresque,[9] du moins, parmi ceux gorgés de sève nutritive jusqu’aux extrémités de leurs radicelles, dotés d’une expressivité tempérée malgré une essence ardente, mental et état émotionnel étant trop mal en point pour lors, à supporter, confessons-le, le style spleenétique, un rien excessif d’animal blessé désabusé, rongé de doutes, sinon une once railleur et misogyne de celui qui écrivit « la vie d’Artiste » et « la Chanson du scaphandrier » (veuillez nous pardonner Monsieur Léo, Dieu sait si nous vous aimons, « Français toscan de Monaco »[10]…) même si, comment ne pas en convenir, nous savons tous que :

 « Les plus désespérés sont les chants les plus beaux

Et j'en sais d'immortels qui sont de purs sanglots »[11].

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"Les Voix", aquarelle de Gustave Moreau

                Car « Il est d’étranges soirs » …

                N’est-il pas vrai, cher Albert Samain ?

             « Il est d’étranges soirs », où la lune blafarde sœur de « l’heure blême » pathétique, se drape d’étonnantes diaprures à la « triste robe de moire », en similitude de la « Solitude » revêtant le profil poignant de la « longue Dame brune »[12]

               Oui,  « Il est des nuits de doute, où l'angoisse vous tord/Et, ces nuits-là, je suis dans l'ombre comme un mort. »[13]

              Ou bien, dans la même veine, « Il est de mornes jours las du poids de connaître/ Et, ces jours-là, je vais courbé comme un ancêtre » […] nous réitère notre chantre épris de symbolisme…

Fin de la Première Partie

de la "Lettre Ouverte à une Voix Orphique"

[1] : Allusion à Paul Verlaine et à son recueil poétique lumineux composé de vingt et une pièces publié en 1870 dédié à la fiancée Mathilde Mauté de Fleurville et dont les deux vers précités viennent clore le cycle.

[2] : Emprunt au sous-titre du recueil poétique de Guillaume Apollinaire, « le Bestiaire »…

[3] En référence à l’œuvre poétique de Paul Valéry.

[4] : Allusion à la chanson de Claude Nougaro dont il a signé le texte mis en musique par Maurice Vander, album « l’Enfant Phare » ;

[5] : Évocation de l’écrivain Colette ; fragment tiré de son œuvre « Le Fanal bleu ».

[6] : « Ainsi parlait Zarathoustra » poème philosophique de Friedrich Nietzsche, publié entre 1883 et 1885 tout comme « le Crépuscule des idoles » (1888)

[7] : Fragment du Discours de Suède d’Albert Camus, 1957

[8] : De l’allemand Humoreske, locution due au compositeur Robert Schumann mêlant la fois l’humour et l’humeur et guère traduisible de l'allemand au français…

[9] : Citation extraite de la Chanson de Claude Nougaro portant le titre « Art mineur» provenant de l’album « Chansongs », 1993

[10] Emprunt au titre de la chanson en l’honneur à la « graine d’ananar »  Léo Ferré, signée Romain Didier pour la musique et Frédéric Brun pour les lyrics.

[11] : Extrait provenant de La Nuit de Mai d’Alfred de Musset : « Allégorie du Pélican » : http://www.revue-texto.net/Reperes/Cours/Mezaille/pelican.html

[12] : Allusion et à la chanson de Barbara, « la Solitude » et à la dénomination de Georges Moustaki à propos de l’auteur compositeur interprète au féminin auquel il dédia texte et musique…

[13] : Fragments du poème d’Albert Samain « Il est d’étranges soirs », recueil « Au jardin de l’Infante » (http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/albert_samain/il_est_d_etranges_soirs.html)

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Ce que disent les fleurs par George Sand, Extrait de "Contes d'une grand'mère" (1875)

Billet de  Valériane d'Alizée du 1er  juillet 2013

 

Dédicacé à Valériane …

En écho à ton magnifique apport littéraire, véritable  cadeau très précieux pour entrer en communion avec les fleurs.

 

Ton apport m’éveille aussitôt mes expériences d’enfant que je souhaitais toujours contées tant elles sont belles

et transcendantes.

Comme je vous le dit de temps en temps,  si je n’ai pas eu de parents et la chaleur d’un foyer, le ciel

de biens d’autres dons et surprises m’a comblée, à commencer par la joie de vivre et danser,  

sans pourtant avoir la sécurité,  ni avoir de racine,  ni être de façon suivie protégée.

J’ai reçu comme cadeau précieux la NATURE merveilleuse et l’art et la culture ….

déjà pour commencer.

 

Imaginez la petite Lily (Rébecca)* qui vivait dans le bonheur complet quand elle entrait au paradis de Gaïa,

dans le merveilleux parc de nature du fameux Château de Combault – home d’enfants,

libre de ses mouvements, libre de communier d'emblée simplement avec Mère Nature et ses beautés,

libre de la rencontrer, elle et son Menu Peuple pour avec lui danser au pied des arbres, en paix,

sans être toujours suivie et surveillée, appelée, dérangée, donc en petite sauvage et solitaire,

comme et quand elle le voulait, pour vivre le Mystère de Déméter et recevoir les secrets révélés aux

petits enfants qui sont réceptifs et contemplatifs.

Elle ne pourra jamais oublier le monde enchanté qui lui fut donné et comme elle recevait

la grâce d'entendre le monde floral chanter :

Cela arrivait lorsque se trouvant toute seule, ses immenses yeux bleus toujours écarquillés ne se lassaient

jamais d'admirer la beauté du monde et de s'émerveiller et qu'ils détaillaient enchantés les formes tant

diversifiés du monde végétal, et recevaient avec bonheur le geste des fleurs et leurs couleurs

et,

Aussitôt, le monde s'élargissait et l'enfant était en extase transportée dans le chant des fleurs

qui s’étendait partout à la ronde et montait, s'ouvrait dans tout l'espace.

En lui, ce chant irradiait et rayonnait la Présence d'amour et de grâce céleste du Créateur.

Et petite Lily la ressentait en elle, elle était immergée dans cette présence du Verbe montant

de la terre et des fleurs, habitant tout l'espace à l'infini, le monde où partout elle régnait.

Règne merveilleux chantant et lumineux de la Divinité, du Créateur.

Tout était couleurs, formes parfaites et beauté dans la Présence veloutée d’amour,

 

"Verbe chantant d'amour et d'harmonie

irradiant la Présence

s'élevant du floral paradis ..."

Voilà comment je décrirais l'ineffable en mots brefs aujourd'hui,

alors que j'entrais dedans avec naturel, sans souci

de "l'autre côté du miroir"

dans ces jeunes âges de ma vie,

sans recul, ni concept pré-établi.

 

Or ces vécus furent si forts

que je peux les décrire encore

même s'il faut chercher les mots

et que cela demande efforts

mais dire ne sera jamais aussi beau.

Car d'une autre dimension, la magie

Il faut la vivre pleine de Vie.

Que ce fut en paix et douceur,

assise au parterre des fleurs

ou brusquement en courant,

vers un buisson d'églantines trop belles,

saisie par un choc de parfaite beauté

le souffle coupé

et qu'alors j'étais transportée haut dans le ciel

dans une extase chantante qui me paraissait éternelle.

Comment jamais oublier de telles cadeaux et grâces de l'ineffable beauté,

quand telle que Krisna, l'amoureux du divin, je m'y suis pâmée.

Mon médecin holistique me disait que je n'était pas constituée comme les autres,

vu la spéciale construction de mes corps subtils dans l'enfance et qu'en eux,

je restais à percevoir comme les enfants - que je suis un peu restée ...

Je n'ai pas tout bien compris.

Ce qui est sûr est que jusqu'à 35 ans et non 7 ans ou 9 ans, j'ai perçu encore des présences nostalgiques

dans les branches des arbres.

 

Pour ce texte ... refait et refait ...

J'ai dû tâtonner maintes fois pour décrire le ressenti de ce vécu et ce n'est même pas sûr

que j'en sois satisfaite encore aujourd'hui.

Quelle gageure de prétendre vouloir mettre en boite l'infini et l'ineffable !

(*si petite,  les adultes ne me donnaient pas encore mon premier nom de Rébecca ou Rivka

ni ma mère qui dans la Shoah avait perdu la sienne du même nom.

Et c'était heureux car dans l'inconscient je m'étais suffisamment identifiée à ma grand mère Rébekkah pour être

persuadée que je ne vivrais pas plus qu'à 40 ans et fus toute surprise de les dépasser)

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J'ai l'honneur et l'avantage de présenter un texte de George Sand d'une beauté riche de sens que je dédie à l'Oiselle-Liliacée, soit Rébecca Terniak !

Aussi, de grâce, ne nous fions pas à une pseudo légèreté qu'est censée refléter l'imagerie populaire...Les contours d'une créature vivante ou reproduite sous forme d'art sont nourris d'une intériorité à découvrir et à redécouvrir ! De grâce, ne vivons pas dans une ingrate indifférence de leur langage !!!

Quand j'étais enfant, ma chère Aurore, j'étais très tourmentée de ne pouvoir saisir ce que les fleurs se disaient entre elles. Mon professeur de botanique m'assurait qu'elles ne disaient rien ; soit qu'il fût sourd, soit qu'il ne voulût pas me dire la vérité, il jurait qu'elles ne disaient rien du tout.
Je savais bien le contraire. Je les entendais babiller confusément, surtout à la rosée du soir ; mais elles parlaient trop bas pour que je pusse distinguer leurs paroles ; et puis elles étaient méfiantes, et, quand je passais près des plates-bandes du jardin ou sur le sentier du pré, elles s'avertissaient par une espèce de psitt, qui courait de l'une à l'autre. C'était comme si l'on eût dit sur toute la ligne : «Attention, taisons-nous ! voilà l'enfant curieux qui nous écoute».

Je m'y obstinai. Je m'exerçai à marcher si doucement, sans frôler le plus petit brin d'herbe, qu'elles ne m'entendirent plus et que je pus m'avancer tout près, tout près ; alors, en me baissant sous l'ombre des arbres pour qu'elles ne vissent pas la mienne, je saisis enfin des paroles articulées.

 

Il fallait beaucoup d'attention ; c'était de si petites voix, si douces, si fines, que la moindre brise les emportait et que le bourdonnement des sphinx et des noctuelles les couvrait absolument.

Je ne sais pas quelle langue elles parlaient. Ce n'était ni le français, ni le latin qu'on m'apprenait alors ; mais il se trouva que je comprenais fort bien. Il me sembla même que je comprenais mieux ce langage que tout ce que j'avais entendu jusqu'alors.

 

Un soir, je réussis à me coucher sur le sable et à ne plus rien perdre de ce qui se disait auprès de moi dans un coin bien abrité du parterre. Comme tout le monde parlait dans tout le jardin, il ne fallait pas s'amuser à vouloir surprendre plus d'un secret en une fois. Je me tins donc là bien tranquille, et voici ce que j'entendis dans les coquelicots :

- Mesdames et messieurs, il est temps d'en finir avec cette platitude. Toutes les plantes sont également nobles ; notre famille ne le cède à aucune autre, et, accepte qui voudra la royauté de la rose, je déclare que j'en ai assez et que je ne reconnais à personne le droit de se dire mieux né et plus titré que moi.

 

A quoi les marguerites répondirent toutes ensemble que l'orateur coquelicot avait raison. Une d'elles, qui était plus grande que les autres et fort belle, demanda la parole et dit :

- Je n'ai jamais compris les grands airs que prend la famille des roses. En quoi, je vous le demande, une rose est-elle plus jolie et mieux faite que moi ? La nature et l'art se sont entendus pour multiplier le nombre de nos pétales et l'éclat de nos couleurs. Nous sommes même beaucoup plus riches, car la plus belle rose n'a guère plus de deux cents pétales et nous en avons jusqu'à cinq cents. Quant aux couleurs, nous avons le violet et presque le bleu pur que la rose ne trouvera jamais.

 

- Moi, dit un grand pied d'alouette vivace, moi le prince Delphinium, j'ai l'azur des cieux dans ma corolle, et mes nombreux parents ont toutes les nuances du rose. La prétendue reine des fleurs a donc beaucoup à nous envier, et, quant à son parfum si vanté...

 

- Ne parlez pas de cela, reprit vivement le coquelicot. Les hâbleries du parfum me portent sur les nerfs. Qu'est-ce, je vous prie, que le parfum ? Une convention établie par les jardiniers et les papillons. Moi, je trouve que la rose sent mauvais et que c'est moi qui embaume.

 

- Nous ne sentons rien, dit la marguerite, et je crois que par là nous faisons preuve de tenue et de bon goût. Les odeurs sont des indiscrétions ou des vanteries. Une plante qui se respecte ne s'annonce point par des émanations. Sa beauté doit lui suffire.

 

- Je ne suis pas de votre avis, s'écria un gros pavot qui sentait très fort. Les odeurs annoncent l'esprit et la santé.

 

Les rires couvrirent la voix du gros pavot. Les oeillets s'en tenaient les côtes et les résédas se pâmaient. Mais, au lieu de se fâcher, il se remit à critiquer la forme et la couleur de la rose qui ne pouvait répondre ; tous les rosiers venaient d'être taillés et les pousses remontantes n'avaient encore que de petits boutons bien serrés dans leurs langes verts. Une pensée fort richement vêtue critiqua amèrement les fleurs doubles, et, comme celles-ci étaient en majorité dans le parterre, on commença à se fâcher. Mais il y avait tant de jalousie contre la rose, qu'on se réconcilia pour la railler et la dénigrer.

 

La pensée eut même du succès quand elle compara la rose à un gros chou pommé, donnant la préférence à celui-ci à cause de sa taille et de son utilité. Les sottises que j'entendais m'exaspérèrent et, tout à coup, parlant leur langue :

- Taisez-vous, m'écriai-je en donnant un coup de pied à ces sottes fleurs. Vous ne dites rien qui vaille. Moi qui m'imaginais entendre ici des merveilles de poésie, quelle déception vous me causez avec vos rivalités, vos vanités et votre basse envie !

 

Il se fit un profond silence et je sortis du parterre.

- Voyons donc, me disais-je, si les plantes rustiques ont plus de bon sens que ces péronnelles cultivées, qui en recevant de nous une beauté d'emprunt, semblent avoir pris nos préjugés et nos travers.

Je me glissai dans l'ombre de la haie touffue, me dirigeant vers la prairie ; je voulais savoir si les spirées qu'on appelle reine des prés avaient aussi de l'orgueil et de l'envie. Mais je m'arrêtai auprès d'un grand églantier dont toutes les fleurs parlaient ensemble.

- Tâchons de savoir, pensai-je, si la rose sauvage dénigre la rose à cent feuilles et méprise la rose pompon.

 

Il faut vous dire que, dans mon enfance, on n'avait pas créé toutes ces variétés de roses que les jardiniers savants ont réussi à produire depuis, par la greffe et les semis. La nature n'en était pas plus pauvre pour cela. Nos buissons étaient remplis de variétés nombreuses de roses à l'état rustique : la canina, ainsi nommée parce qu'on la croyait un remède contre la morsure des chiens enragés ; la rose canelle, la musquée, la rubiginosa ou rouillée, qui est une des plus jolies ; la rose pimprenelle, la tomentosa ou cotonneuse, la rose alpine, etc., etc. Puis, dans les jardins nous avions des espèces charmantes à peu près perdues aujourd'hui, une panachée rouge et blanc qui n'était pas très fournie en pétales, mais qui montrait sa couronne d'étamines d'un beau jaune vif et qui avait le parfum de la bergamotte. Elle était rustique au possible, ne craignant ni les étés secs ni les hivers rudes ; la rose pompon, grand et petit modèle, qui est devenue excessivement rare ; la petite rose de mai, la plus précoce et peut-être la plus parfumée de toutes, qu'on demanderait en vain aujourd'hui dans le commerce, la rose de Damas ou de Provins que nous savions utiliser et qu'on est obligé, à présent, de demander au midi de la France ; enfin, la rose à cent feuilles ou, pour mieux dire, à cent pétales, dont la patrie est inconnue et que l'on attribue généralement à la culture.

 

C'est cette rose centifolia qui était alors, pour moi comme pour tout le monde, l'idéal de la rose, et je n'étais pas persuadée, comme l'était mon précepteur, qu'elle fût un monstre dû à la science des jardiniers. Je lisais dans mes poètes que la rose était de toute antiquité le type de la beauté et du parfum. A coup sûr, ils ne connaissaient pas nos roses thé qui ne sentent plus la rose, et toutes ces variétés charmantes qui, de nos jours, ont diversifié à l'infini, mais en l'altérant essentiellement, le vrai type de la rose. On m'enseignait alors la botanique. Je n'y mordais qu'à ma façon. J'avais l'odorat fin et je voulais que le parfum fût un des caractères essentiels de la plante ; mon professeur, qui prenait du tabac, ne m'accordait pas ce critérium de classification. Il ne sentait plus que le tabac, et, quand il flairait une autre plante, il lui communiquait des propriétés sternutatoires tout à fait avilissantes.

 

J'écoutai donc de toutes mes oreilles ce que disaient les églantiers au-dessus de ma tête, car, dès les premiers mots que je pus saisir, je vis qu'ils parlaient des origines de la rose.

- Reste ici, doux zéphyr, disaient-ils, nous sommes fleuris. Les belles roses du parterre dorment encore dans leurs boutons verts. Vois, nous sommes fraîches et riantes, et, si tu nous berces un peu, nous allons répandre des parfums aussi suaves que ceux de notre illustre reine.

J'entendis alors le zéphyr qui disait :

- Taisez-vous, vous n'êtes que des enfants du Nord. Je veux bien causer un instant avec vous, mais n'ayez pas l'orgueil de vous égaler à la reine des fleurs.

- Cher zéphyr, nous la respectons et nous l'adorons, répondirent les fleurs de l'églantier ; nous savons comme les autres fleurs du jardin en sont jalouses. Elles prétendent qu'elle n'est rien de plus que nous, qu'elle est fille de l'églantier et ne doit sa beauté qu'à la greffe et à la culture. Nous sommes des ignorantes et ne savons pas répondre. Dis-nous, toi qui es plus ancien que nous sur la terre, si tu connais la véritable origine de la rose.

- Je vous la dirai, car c'est ma propre histoire ; écoutez-la, et ne l'oubliez jamais.

Et le zéphyr raconta ceci :

- Au temps où les êtres et les choses de l'univers parlaient encore la langue des dieux, j'étais le fils aîné du roi des orages. Mes ailes noires touchaient les deux extrémités des plus vastes horizons, ma chevelure immense s'emmêlait aux nuages. Mon aspect était épouvantable et sublime, j'avais le pouvoir de rassembler les nuées du couchant et de les étendre comme un voile impénétrable entre la terre et le soleil.

 

» Longtemps je régnai avec mon père et mes frères sur la planète inféconde. Notre mission était de détruire et de bouleverser. Mes frères et moi, déchaînés sur tous les points de ce misérable petit monde, nous semblions ne devoir jamais permettre à la vie de paraître sur cette scorie informe que nous appelons aujourd'hui la terre des vivants. J'étais le plus robuste et le plus furieux de tous. Quand le roi mon père était las, il s'étendait sur le sommet des nuées et se reposait sur moi du soin de continuer l’œuvre de l'implacable destruction. Mais, au sein de cette terre, inerte encore, s'agitait un esprit, une divinité puissante, l'esprit de la vie, qui voulait être, et qui, brisant les montagnes, comblant les mers, entassant les poussières, se mit un jour à surgir de toutes parts.

 

Nos efforts redoublèrent et ne servirent qu'à hâter l'éclosion d'une foule d'êtres qui nous échappaient par leur petitesse ou nous résistaient par leur faiblesse même ; d'humbles plantes flexibles, de minces coquillages flottants prenaient place sur la croûte encore tiède de l'écorce terrestre, dans les limons, dans les eaux, dans les détritus de tout genre. Nous roulions en vain les flots furieux sur ces créations ébauchées. La vie naissait et apparaissait sans cesse sous des formes nouvelles, comme si le génie patient et inventif de la création eût résolu d'adapter les organes et les besoins de tous les êtres au milieu tourmenté que nous leur faisions.

 

» Nous commencions à nous lasser de cette résistance passive en apparence, irréductible en réalité. Nous détruisons des races entières d'êtres vivants, d'autres apparaissaient organisés pour nous subir sans mourir. Nous étions épuisés de rage. Nous nous retirâmes sur le sommet des nuées pour délibérer et demander à notre père des forces nouvelles.

» Pendant qu'il nous donnait de nouveaux ordres, la terre un instant délivrée de nos fureurs se couvrit de plantes innombrables où des myriades d'animaux, ingénieusement conformés dans leurs différents types, cherchèrent leur abri et leur nourriture dans d'immenses forêts ou sur les flancs de puissantes montagnes, ainsi que dans les eaux épurées de lacs immenses.

» - Allez, nous dit mon père, le roi des orages, voici la terre qui s'est parée comme une fiancée pour épouser le soleil. Mettez-vous entre eux. Entassez les nuées énormes, mugissez, et que votre souffle renverse les forêts, aplanisse les monts et déchaîne les mers. Allez, et ne revenez pas, tant qu'il y aura encore un être vivant, une plante debout sur cette arène maudite où la vie prétend s'établir en dépit de nous.

 

» Nous nous dispersâmes comme une semence de mort sur les deux hémisphères, et moi, fendant comme un aigle le rideau des nuages, je m'abattis sur les antiques contrées de l'extrême Orient, là où de profondes dépressions du haut plateau asiatique s'abaissant vers la mer sous un ciel de feu, font éclore, au sein d'une humidité énergique, les plantes gigantesques et les animaux redoutables. J'étais reposé des fatigues subies, je me sentais doué d'une force incommensurable, j'étais fier d'apporter le désordre et la mort à tous ces faibles qui semblaient me braver. D'un coup d'aile, je rasais toute une contrée ; d'un souffle, j'abattais toute une forêt, et je sentais en moi une joie aveugle, enivrée, la joie d'être plus fort que toutes les forces de la nature.

 

» Tout à coup un parfum passa en moi comme par une aspiration inconnue à mes organes, et, surpris d'une sensation si nouvelle, je m'arrêtai pour m'en rendre compte. Je vis alors pour la première fois un être qui était apparu sur la terre en mon absence, un être frais, délicat, imperceptible, la rose !

» Je fondis sur elle pour l'écraser. Elle plia, se coucha sur l'herbe et me dit :

» - Prends pitié ! je suis si belle et si douce ! respire-moi, tu m'épargneras.

» Je la respirai et une ivresse soudaine abattit ma fureur. Je me couchai sur l'herbe et je m'endormis auprès d'elle.

 

» Quand je m'éveillai, la rose s'était relevée et se balançait mollement, bercée par mon haleine apaisée.

» - Sois mon ami, me dit-elle. Ne me quitte plus. Quand tes ailes terribles sont pliées, je t'aime et te trouve beau. Sans doute tu es le roi de la forêt. Ton souffle adouci est un chant délicieux. Reste avec moi, ou prends-moi avec toi, afin que j'aille voir de plus près le soleil et les nuages.

» Je mis la rose dans mon sein et je m'envolai avec elle. Mais bientôt il me sembla qu'elle se flétrissait ; alanguie, elle ne pouvait plus me parler ; son parfum, cependant, continuait à me charmer, et moi, craignant de l'anéantir, je volais doucement, je caressais la cime des arbres, j'évitais le moindre choc. Je remontai ainsi avec précaution jusqu'au palais de nuées sombres où m'attendait mon père.

» - Que veux-tu ? me dit-il, et pourquoi as-tu laissé debout cette forêt que je vois encore sur les rivages de l'Inde ? Retourne l'exterminer au plus vite.

» - Oui, répondis-je en lui montrant la rose, mais laisse-moi te confier ce trésor que je veux sauver.

» - Sauver ! s'écria-t-il en rugissant de colère ; tu veux sauver quelque chose ?

 

» Et, d'un souffle, il arracha de ma main la rose, qui disparut dans l'espace en semant ses pétales flétries.

» Je m'élançai pour ressaisir au moins un vestige ; mais le roi, irrité et implacable, me saisit à mon tour, me coucha, la poitrine sur mon genou, et, avec violence, m'arracha mes ailes, dont les plumes allèrent dans l'espace rejoindre les feuilles dispersées de la rose.

» - Misérable enfant, me dit-il, tu as connu la pitié, tu n'es plus mon fils. Va-t'en rejoindre sur la terre le funeste esprit de la vie qui me brave, nous verrons s'il fera de toi quelque chose, à présent que, grâce à moi, tu n'es plus rien.

«Et, me lançant dans les abîmes du vide, il m'oublia à jamais.

 

» Je roulai jusqu'à la clairière et me trouvai anéanti à côté de la rose, plus riante et plus embaumée que jamais.

» - Quel est ce prodige ? Je te croyais morte et je te pleurais. As-tu le don de renaître après la mort ?

» - Oui, répondit-elle, comme toutes les créatures que l'esprit de vie féconde. Vois ces boutons qui m'environnent. Ce soir, j'aurai perdu mon éclat et je travaillerai à mon renouvellement, tandis que mes soeurs te charmeront de leur beauté et te verseront les parfums de leur journée de fête. Reste avec nous ; n'es-tu pas notre compagnon et notre ami ?

 

» J'étais si humilié de ma déchéance, que j'arrosais de mes larmes cette terre à laquelle je me sentais à jamais rivé. L'esprit de la vie sentit mes pleurs et s'en émut. Il m'apparut sous la forme d'un ange radieux et me dit :

» - Tu as connu la pitié, tu as eu pitié de la rose, je veux avoir pitié de toi. Ton père est puissant, mais je le suis plus que lui, car il peut détruire et, moi, je peux créer.

» En parlant ainsi, l'être brillant me toucha et mon corps devint celui d'un bel enfant avec un visage semblable au coloris de la rose. Des ailes de papillon sortirent de mes épaules et je me mis à voltiger avec délices.

 

» - Reste avec les fleurs, sous le frais abri des forêts, me dit la fée. A présent, ces dômes de verdure te cacheront et te protégeront. Plus tard, quand j'aurai vaincu la rage des éléments, tu pourras parcourir la terre, où tu seras béni par les hommes et chanté par les poètes. - Quant à toi, rose charmante qui, la première as su désarmer la fureur par la beauté, sois le signe de la future réconciliation des forces aujourd'hui ennemies de la nature. Tu seras aussi l'enseignement des races futures, car ces races civilisées voudront faire servir toutes choses à leurs besoins. Mes dons les plus précieux, la grâce, la douceur et la beauté risqueront de leur sembler d'une moindre valeur que la richesse et la force. Apprends-leur, aimable rose, que la plus grande et la plus légitime puissance est celle qui charme et réconcilie. Je te donne ici un titre que les siècles futurs n'oseront pas t'ôter. Je te proclame reine des fleurs ; les royautés que j'institue sont divines et n'ont qu'un moyen d'action, le charme.

» Depuis ce jour, j'ai vécu en paix avec le ciel, chéri des hommes, des animaux et des plantes ; ma libre et divine origine me laisse le choix de résider où il me plaît mais je suis trop l'ami de la terre et le serviteur de la vie à laquelle mon souffle bienfaisant contribue, pour quitter cette terre chérie où mon premier et éternel amour me retient. Oui mes chères petites, je suis le fidèle amant de la rose et par conséquent votre frère et votre ami».

 

- En ce cas, s'écrièrent toutes les petites roses de l'églantier, donne-nous le bal et réjouissons-nous en chantant les louanges de madame la reine, la rose à cent feuilles de l'Orient.

 

Le zéphyr agita ses jolies ailes et ce fut au-dessus de ma tête une danse effrénée, accompagnée de frôlements de branches et de claquement de feuilles en guise de timbales et de castagnettes : il arriva bien à quelques petites folles de déchirer leur robe de bal et de semer leurs pétales dans mes cheveux ; mais elles n'y firent pas attention et dansèrent de plus belle en chantant :

- Vive la belle rose dont la douceur a vaincu le fils des orages ! vive le bon zéphyr qui est resté l'ami des fleurs !

 

Quand je racontai à mon précepteur ce que j'avais entendu, il déclara que j'étais malade et qu'il fallait m'administrer un purgatif. Mais ma grand'mère m'en préserva en lui disant :

- Je vous plains si vous n'avez jamais entendu ce que disent les roses. Quant à moi, je regrette le temps où je l'entendais. C'est une faculté de l'enfance. Prenez garde de confondre les facultés avec les maladies !

Tableau d'Edward Atkinson Hornel (1864-1933)

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