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La belle saison

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Chaque année, tous les gens et surtout les enfants

Sont heureux en voyant arriver le printemps.

C’est qu'après le printemps, il fera chaud longtemps.

La chaleur au soleil et la fraîcheur de l’eau,

La détente à la ville ou mieux à la campagne,

Le gazon reverdi et les jardins en fleurs,

Les voyages parfois très loin de la maison,

Ah l'été! Quelle belle saison!

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administrateur théâtres

12273026688?profile=original« Graines de solistes, de l’école à la scène »  Leuze, 6 Juillet 2014 : Un jeune premier devient Meister

Bruxelles Capitale ou ville natale ? Les dés sont jetés : le concert « examen de fin d’études » de chef d’orchestre du jeune Ayrton Desimpelaere aura lieu dans sa ville natale de Leuze, à l’hôtel de ville en présence des autorités hennuyères, dans une salle où s’est rassemblée une bonne centaine de personnes, loin des sirènes brésiliennes.  Elève de Daniel Gazon au Conservatoire de Mons "Arts2", Ayrton Desimpelaere a reçu son programme il y a un peu plus d’un mois. Un programme solide et difficile qu’il doit défendre devant un jury de six sommités de la pédagogie musicale : Raf de Keninck, Norbert Nozy, Françoise Regnard, présidente, Daniel Gazon, Pierre Bartholomé et le compositeur Frederic Van Rossum. Au programme, trois œuvres éclectiques : Ivo Malec : Vibrafonietta (2001) - Frederic Van Rossum: Divertimento pour cordes opus 15 - Joseph Haydn : Symphonie n° 48 en Do Majeur 'Maria-Theresia' (Allegro, Adagio, Menuetto, Presto) 1769. Si la première a été jouée une fois  par l’orchestre tout récemment, celle de Frédéric Van Rossum ne l’avait plus été depuis 30 ans.

12273026060?profile=originalAyrton Desimpelaere est  un  pianiste  d'une  large culture musicale bien établie. Il est en outre armé de nombreux diplômes. Il dirige cet après-midi  l'Orchestre Royal de Chambre de Wallonie qui a accueilli des jeunes musiciens du conservatoire tels que Maxime Charue, Nicolas Descamps, Maxime Van Heghe, Adélaïde Wlomainck.  Le nouveau projet  « Graines de solistes, de l’école à la scène » est une plateforme numérique financée par Google qui va désormais servir de vitrine aux jeunes solistes et annoncer les concerts « Premières scènes ». Ceux-ci  sont nés de la volonté du Conservatoire royal de Mons et de l'Orchestre Royal de Chambre de Wallonie d'offrir aux étudiants en dernière année, une visibilité et l’occasion pour les solistes de se produire en concert accompagnés de musiciens professionnels le temps d'une prestation.

Maxime Charue, étudiant en avant dernière année de percussions au Conservatoire de Mons "Arts2" est au Vibraphone. Le rapport entre le soliste et l’orchestre est excellent. Il  nous a offert une interprétation très remarquée, fluide et rythmée, de l’œuvre surprenante d’Ivo Malec, captant  des couleurs étonnantes, des textures inconnues et des sonorités d’outre-monde dans une cadence particulièrement bien en place et qui a fort bien exposé ses talents de soliste. L’orchestre a soutenu sa performance engagée avec clarté et humour. Le spectateur n’a pu quitter des yeux le jeu fascinant et précis des maillets échangés, posés, multipliés avec virtuosité dans une syntaxe musicale intelligente, jouant sur des dégradés et des accélérations renouvelant sans cesse  de mystérieux rituels. Il a les gestes sacrés d’une antique dentelière croisant les bobines de son ouvrage et la variété de ses touchers est celle d’une personnalité musicale affirmée. Le jeune chef d’orchestre Ayrton Desimpelaere a empoigné l’œuvre avec détermination et vivacité, ne laissant rien au hasard, définissant les rôles des musiciens chevronnés de l’orchestre avec belle assurance et enthousiasme communicatif, rendant très abordable une œuvre peu connue du grand public.  Le jeu sur les dynamiques et sur les techniques d'archets est particulièrement remarquable lors de cette prestation, ainsi que le rapport entre le soliste et l’orchestre.  

 

La deuxième œuvre, encore une découverte, joue également sur la variété des tempi. Le compositeur Frederic Van Rossum dans la salle semble apprécier la facture claire de l’interprétation et le public attentif est séduit par la construction. Une esthétique étrange préside à l’ensemble - tantôt des phases jazzy, tantôt des fusions et des jaillissements explosifs d’éléments naturels, tantôt des longs pressentiments et des angoisses palpables … Dans sa superbe prestation, Ayrton Desimpelaere manie les climats et les tempi comme un peintre heureux de faire miroiter les couleurs, preuve de sa grande sensibilité. L’enchaînement des tempi se fait de façon quasi-naturelle.  Sa gestique reste sobre et élégante, la battue est ferme et précise, le regard accroche chaque musicien et fait vibrer intensément une contrebasse envahie par des pulsions vitales de belle tonalité.  Il a une aisance et une belle maîtrise sur scène qui contrastent avec la situation d’examen dans laquelle il se trouve.

La victoire est proche, son Haydn est connu par cœur, il dirige sans partition et s’adonne avec un plaisir non déguisé à la beauté complexe de la musique et aux phrasés pleins de vie. Il y a du caprice dans l’air. Les pieds s’animent et résistent mal au besoin de bouger plus, tant le rythme alerte s’emballe et traduit une certaine exaltation. Le second mouvement, l’Adagio en fa majeur, est un peu plus distendu, on dirait que les violons voudraient s’abandonner à une certaine langueur tandis que les cors et les hautbois sont bien mis en valeur.  Enfin, les deux derniers mouvements enchaînent à nouveau exigence, vitalité musicale  expressive  et  une  confiance lumineuse. Dans cette salle, c’est  tout l’amour de la musique qui est convoqué dans  une  grande pudeur de sentiments…   La sentence tombera après le concert : grande distinction, une mention rarement accordée par les examinateurs. Feeling proud ? Rien à ajouter.  

 
N.B.Ce concert s’inscrit dans le cadre du
' Festival d'été en Hainaut ' avec le soutien de la Province du Hainaut et a été capté par la chaîne Notélé.

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+ photo: Ayrton Desimpelaere from Belgium, working with St. Michel Strings at  International Conducting Masterclasses by Sasha Mäkilä in Gergiev Festival Mikkeli (Finland)

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administrateur théâtres

Festival Musiq 3 2014: « Reed Quintet Calefax »

12273027681?profile=originalAmazing « Reed Quintet Calefax » Qualified!

Dès quatre ans, les enfants ont adoré le concert mimé du « Reed Quintet Calefax », un ensemble Hollandais qui parcourt le monde, présenté  le samedi matin  du Festival Musiq 3 2014.  Un joyeux téléscopage du public et des artistes s’est produit tout de suite après leur fabuleux spectacle en bord de scène,  pour saisir au plus vite  le CD* à 10 euros qui avait capté des vestiges musicaux  de leur immense magie scénique.

En effet la mise en scène est tout de suite évocatrice. Le Studio 4 a été  transformé en usine à musique lestée de 5 souffleurs de son et d’imaginaire en blouses grises. Les consciencieux ouvriers  siffloteurs fabriquent des instruments insolites : jumelles, périscopes ou télescopes? Le chef de la « Music Factory » reçoit un pneumatique (évidemment) et décrit la fabrication du dernier gadget en la mimant à ses acolytes installés à la chaîne de montage. Bang-bangs  et percussions musicales au passage, leur travail parfaitement coordonné est  déjà une vraie partition musicale. Comme il se doit, lorsque la sirène de midi se déclenche, tout s’arrête pour le déjeuner tartines. Ensuite ? « Music while you work » sans doute  mais les disputes mesquines éclatent.  Diversion : chacun se met à souffler dans les  tubes… pour rire et soudainement, tout s’adoucit. Place à l’harmonie, le miracle de la musique opère.  Et on voit bientôt  sur scène la naissance, minute par minute, de véritables  instruments de musique. Les habits d’ouvriers sont jetés prestement. Voilà les complices transfigurés par la musique qui se muent en un genre nouveau : le Quintette de bois.  Pour le coup d’œil, les  cinq  artistes  accomplis sont même déguisés en notes musicales ! La magie des métamorphoses, un régal pour les enfants. Mais une querelle pour le pouvoir intervient… Après tout, ce ne sont que des hommes quand même, pas des anges ! D’un commun accord, on vire celui qui  voulait jouer à l’important. En musique, pas de dictature, on fait les choses ensemble! Non ?  Comme  la construction de cette tour de Babel musicale… entendez : un instrument démesuré et ahurissant dont la sonorité est surréaliste et pour lequel on devrait chausser des échasses !

Les enfants gloussent de plaisir. Ils ont recueilli en passant plein de bijoux musicaux à accrocher à  leurs jeunes oreilles. Du Bach, du Mozart, du Debussy, du Rameau… L’ensemble « Reed Quintet Calefax » fait feu de tout bois. Ils sont d’une telle inventivité et distillent un humour si pétillant que l’on sent flotter une tension joyeuse dans toute la salle. Ils transforment les enchevêtrements complexes des mains sur clavier en bulles transparentes de souffles savoureux.  Les enfants sont émerveillés par les jongleries musicales. Etonnés qu’ils comprennent autant de choses de l’histoire  contée sans la moindre parole.  Musiques et rires  jaillissent  dans le studio 4 et on garde un souvenir ébloui de toute cette musique brillamment menée et mimée, jouée avec tant de  souplesse, dans des tubes totalement farceurs. Qui peut dire après une séance d’une telle créativité  que la musique classique est  vieux jeu? Calefax-05.jpg?width=351Olivier Boekhoorn est au haubois, Ivar Berix à la clarinette, Raaf Hekkema aux saxos, Jelte Althuis à la clarinette basse, et Alban Wesly au basson. Quod erat demonstrandum!

  • * 1. To work! /Mozart: Allegro, KV 375, 2. Giving instructions, 3. Tube blowing/ Beethoven: Romance, 4. Giving more instructions, 5. Blowing down telescopes/ Byrd: Agnus Dei, 6. Building the instruments/ Wesly: Assemble,7. The concert outfits are revealed/Hindemith: Interludium, 8. Jelte has a mind of his own Jelte/Debussy: Jimbo’s lullaby, 9. Undressing Jelte/Prokofiev: Feroce, 10. Snatching the lead / Prokofiev: Ridicolosamente, 11. The giant clarinet/ Bach/Gounod: Ave Maria, 12. The photo shoot/Shostakovich: Fugue 5 from Fugue, op.87, 13. Raaf wants to be in the picture/Hindemith: Fugue 9, 14. Raaf excluded/Scarlatti: Sonata in f minor, 15. Raaf is serenading/Debussy: Syrinx, 16. The fight/ Bach: Goldberg variations, variation 1, 17. Teenie weenie saxophone /Mozart/Althuis: Altijd is kortjak, 18. Sorry /Rameau: Gavotte from Les Boréades, 19. Raaf is re-invited:Bach: Goldberg Variations, variation 19, 20. Rejoining the music /Bach: Goldberg Variations, variation 4, 21. All together/Mozart: Allegro, KV 375, 22. The CD burner/Ter Doest: Mars

http://www.flagey.be/en/calendar/2014/06/28

http://www.festivaldewallonie.be/2014/fr/Bruxelles/programme/8_-_For_Kids___Music_Factory/594/

http://www.bach-cantatas.com/Bio/Calefax.htm

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administrateur littératures

 Ecrire et survivre sur un même fil? "Un écrivain est quelqu'un qui a pris une décision: je vais m'en sortir", parole d'un bel auteur français défenseur d'une littérature pour tous, né en 1975, n'éludant ni ses périodes sombres ni ses joies, intégrant les unes et les autres à sa création. La littérature: invitation à l'action, l'écrivain imaginant des ruses et des chemins inédits. Que dire ou que faire des angoisses d'auteur?

  Faisant partie du décor, du paysage, celles-ci sont aussi naturelles que la pluie ou le soleil; tentons de vivre avec, l'acceptation de leur réalité est une libération: on s'épuise alors moins à combattre. Contemplons nos affres et angoisses avec lucidité et, si elles fondent soudain sur l'être, peu importe puisque étonnamment ça passe! Belle évaporation progressive, la délivrance proche, mais il y a malheureusement les lois, les règles, cette parfois foutue éthique qui nous emprisonne, voire nous réduit. S'affirmer malgré tout à sa manière? Désobéir?

  La société ressemble à l'école, déclare ce même auteur, il a bien raison: des lois régissent les comportements, les attitudes; il y a aussi des règles non dites mais implicites de cours de récréation. Si on désobéit, on en paie le prix, et la note est parfois bien salée lorsqu'on transgresse les règles non écrites. Que faire? Optons pour les actes minuscules, les résistances sans éclat qu'elles soient éthiques ou esthétiques, cette désobéissance passant avant tout par le quotidien et par...l'imagination! Possible?

  Elle, l'imagination, est une force qui nous donne le pouvoir de nous transformer et de transformer la société, du moins notre rapport à la société. L'Homme? Une création continuellement en création de lui-même! Les tenants du réalisme dans bien des domaines essaient de nous soumettre? Refuser ce qui est proposé n'est pas un arrêt de mort, c'est au contraire une manière d'agrandir l'espace. Dilatation en perspective mais...l'inadaptation alors?

  Tu as des affinités avec des gens qui ne se sentent jamais à leur place, faisant partie d'une minorité souvent rejetée? Blessés, malades, bizarres pour d'autres? Les armes de l'esprit: rien de tel! L'arme des gens soi-disant plus faibles: leur cerveau! Créons des stratégies et des tactiques, des manières de vivre, d'échapper aux coups, de disparaître aussi. Le double enjeu? Ne pas renoncer à notre inadaptation et ne pas trop en souffrir. La survie? Par et dans la ruse! Il y a de la richesse dans l'inadaptation et ne négligeons pas une éventuelle éducation à la maladresse et à la phobie sociale pour certains. C'est-à-dire? Laissons travailler les méninges à ce sujet mais...oui, et la liberté?

  L'Homme est plein de déterminisme(s), préjugés, myopies qui sont prises pour des vérités; la liberté passe par la rencontre avec l'autre, nos mais et nos amours nous ouvrant les yeux, les deux, mettant en perspective nos évidences. Les êtres aimés nous permettent de ne pas rester fixés à nous-mêmes, ayant vécu d'autres choses, habités par d'autres goûts, nous poussant à considérer leurs choix avec bienveillance et curiosité. Être libre suppose donc avoir la capacité de perdre des choses que l'on pensait être à soi? Tentons l'art du scalpel sur nous-mêmes mais pas à la manière d'un boucher.

  Ecrire, un métier, et de solitaire? Certains ont des difficultés à associer l'écriture à un métier. Pourtant l'auteur travaille, tous les jours, l'exaltation et l'épuisement allant souvent de pair. Le sacré? Il se cache dans le profane, pas dans l'idéalisation et le fantasme. Parler de métier, d'argent, d'emploi du temps a son importance et c'est une manière non pas de désacraliser mais de dire que le sacré est possible pour tout le monde et tout le temps; quant à l'aspect de solitude, prenons conscience qu'elle nous donne un coeur de marathonien. De force de dévastation dans un premier temps, elle peut devenir carte secrète qui permet des rencontres, les solitaires se reconnaissant, formant un club éparpillé mais un club.

  Des jours magiques? Lorsqu'on découvre qu'on s'éduque soi-même en transmettant aux autres, joli courant qui circule, sans négliger l'importance de la générosité, de la délicatesse et de l'élégance. En yiddish, il y a ce mot très juste: mensch.

  Rien compris à ce long discours? Probablement une question de QI, de psychologie et d'intuition...si à la seconde lecture la lumière ne se fait pas. Fragilis lux...sed lux! 

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Sammy Lebienheureux

 

 

A Radomsk qui, comme chacun sait, à quelques cent mètres près, est situé à 15 kilomètres de Czestochowa, en Pologne, il se nommait Shlomo Glichlich. Quand on parlait de lui, il suffisait qu’on dise Shlomo le grand con pour qu’on sache de qui il s’agissait.

Un jour, il décida d’émigrer en Belgique parce que c’était un pays multiculturel, on y parlait deux langues, aussi mal l’une que l’autre à l’époque, mais pourvu qu’on n’y ennuie personne, personne ne vous y ennuyait. Il se fit prénommer Salomon puis, pour être plus intégré encore, et adoucir un peu le caractère biblique, et judaïque, de son nom, il se fit appeler Samuel qui donnait lieu à Sammy ou à Sam. Ce prénom que portaient de nombreux américains ne déterminait pas qu’ils étaient juifs - libéraux, réformés ou non -, chrétiens - protestants, méthodistes ou non -, ou encore adeptes des dieux de leurs ancêtres qui répondaient Hug, en levant la main droite, aux injonctions des cow-boys qui leur disaient de foutre le camp.

Il arrivait à Shlomo de penser que deux mille ans auparavant, dans un coin de Palestine dont personne à l’exception des juifs, et encore ce n’est pas sûr, ne savait où il se situait, des romains avaient décidé que cette terre bénie des dieux n’était plus celle des juifs. Oust, avaient-ils dit eux aussi. Rien ne change lorsqu’il s’agit de la nature humaine. Il suffit d’attendre et tout finit par arriver.

Sammy soit, mais Glichlich cela ne faisait pas goy assez. A Rome, il faut vivre comme les romains. Donc, plus de Glichlich non plus. Désormais, ce serait Sammy Lebienheureux, la traduction allait de soi.

J’ai fait la connaissance de Sammy Lebienheureux dans le magasin de confections féminines que tenait mon père à Tournai.

J’y étais vendeur parce que je ne savais rien faire d’autre. D’utile en tout cas. J’étais davantage au courant des évènements qui se déroulaient en Union Soviétique ou en Chine. Les noms de  Jdanov, Mao-Tsé-toung et Chu en Lai m’étaient plus familiers que ceux de nos fournisseurs habituels.

Un jour que nous nous trouvions, mon père et moi, sur le seuil du magasin, il faisait très ensoleillé, nous étions en juillet, un monsieur qui portait deux pièces de tissus sur l’épaule, s’arrêta devant mon père.

- Comment va un juif ?

- Comme ci comme ça.

- Je reviendrai vous saluer si cela ne vous ennuie pas. Cette ville est une ville très bonne pour le commerce.

J’ai appris que Sammy était un marchand ambulant. Ses deux pièces de tissus sur l’épaule, il les achetait chez le grossiste de l’avenue Clémenceau, il sonnait aux portes et prétendait qu’il était un marin, qu’il avait perdu tout son argent aux cartes, et que pour rentrer chez lui, là-bas, très loin, il était résigné à vendre une pièce de tissus anglais véritable au prix qu’on voudrait bien lui donner.

Il se trouvait toujours une âme généreuse pour lui acheter une de ces pièces de tissu anglais au prix d’un vulgaire chiffon qui rétrécira au premier lavage. Parfois, elle achetait les deux pièces si Sammy acceptait de réduire son prix. Personne n’était volé. Le prix donné n’était pas un prix convenable pour un tissu anglais mais le tissu anglais n’était pas anglais.

Il arrivait parfois, avait-il confié à mon père, que des veuves, sans lui acheter une pièce de tissu dont elles n’avaient que faire, lui ouvraient leur lit. Naturellement, il ne se faisait pas payer. Sammy ne paraissait pas d’une très grande intelligence mais il était manifestement robuste et honnête. En l’occurrence, c’était suffisant.

Mon père lui offrait un verre de thé brulant qu’il serrait avec précaution entre ses mains jointes et qu’il buvait à petites lampées.

- Voyez-vous, je suis surpris qu’un juif puisse vivre ici, sans avoir un juif à qui parler. Si vous n’étiez pas juif, je ne pourrais pas penser que vous l’êtes.

C’est vrai que de juifs, ici, il n’y avait que nous. Mais

je ne comprenais pas la nature de son raisonnement. Il  me paraissait soit irrationnel soit d’une profondeur singulière .Il me plongeait dans une aussi profonde perplexité que lorsque j’avais lu, pour la première fois, l’Etre et le Néant. En ce temps-là, ce livre passait pour le summum de la philosophie française. J’avoue que, comme beaucoup d’autres sans doute, lorsque je ne comprenais pas les détours d’un raisonnement, qu’il fut celui de Sammy Lebienheureux ou celui de Jean-Paul Sartre, je reconnaissais trop vite, comme beaucoup d’autres encore, qu’il était vraisemblablement trop subtil et qu’il méritait le respect.

Sammy appréciait ma présence. Celle d’un jeune étudiant qui avait vraisemblablement beaucoup à apprendre de la vie. Et Sammy avait beaucoup de choses à enseigner. Hélas, beaucoup de gens ignorent ce qu’ils ignorent de sorte que c’était parler en vain la plupart du temps.

Sammy nous rendit visite durant un an environ, il venait tous les lundis. Je suppose qu’il ne se reposait pas le reste de la semaine. Il y avait vraisemblablement d’autres villes de province qui disposaient d’amateurs de tissu anglais et de veuves en mal d’amour.

Surpris de ne plus le voir, il n’était plus venu depuis six mois, mon père lorsqu’il se rendit à Bruxelles, interrogea des marchands de tissus.

- Sammy Lebienheureux ? Tu es sûr qu’il s’agit d’un juif ?

L’un d’eux leva les bras au ciel.

- Shlomo, le grand con ? Pourquoi ne le disais-tu pas.

Il va très bien. Il ne vend plus des pièces de tissu comme un marchand ambulant mais des costumes pour hommes qu’il fait fabriquer par des tailleurs à domicile.

Oui, Oui, il va très bien. Tu le connais ?

- Un peu. Dis-moi, il est marié ?

C’est une question quasi rituelle quand on se renseigne au sujet de quelqu’un.

- Tu es au courant alors ? Ne le répète pas. Il va épouser la femme d’Armand.

- Armand va divorcer ?

-.Non. Il va épouser la veuve d’Armand.

- Veuve ? Armand est mort ?

- Armand est très malade. Et il est très fortuné. Rita est un beau parti.

Deux ans plus tard, mon père apprit que Sammy ne fabriquait plus de costumes. Il avait investi une partie de son argent, celui de Rita, dans deux magasins situés dans deux des artères les plus commerçantes de la ville. La rue Neuve dont il s’occuperait personnellement, et l’avenue Louise que dirigerait Rita.

Selon les résultats, Il déciderait de la voie à emprunter. Le luxe ou le volume. Les vêtements étaient les mêmes pour la plupart mais on pouvait les distinguer les uns des autres. Ils avaient des étiquettes et des prix différents. De sorte que le client qui s’achetait un costume de semaine chez Sammy à la rue Neuve pouvait acquérir le même, plus cher, à l’avenue Louise. Compte tenu du prix, il était destiné à être porté le dimanche et les jours de fêtes.

Hésitant quant à la voie à suivre, les deux magasins étant rentables, l’argent qu’il gagna, plutôt que le réinvestir dans ses affaires, il l’immobilisa dans les briques, comme tout bon belge est censé le faire. Ce fut son premier appartement. Lorsqu’il en eut cinq, il cessa de vendre des vêtements pour vendre des appartements.

Au même moment, c’est un phénomène assez répandu, ses amis cessèrent de dire Shlomo le grand con pour dire : Shlomo, il n’est pas con, cet homme-là.

Le temps s’est écoulé. Je croyais avoir oublié Sammy Lebienheureux. Mais quelques années plus tard, j’ai rencontré un homme dont la silhouette était identique à la sienne et qui portait sur l’épaule deux pièces de tissus. Je me suis avancé, j’ai dit :

- Vous êtes Sammy Lebienheureux ? Vous me reconnaissez ?

Il a eu l’air surpris. Il a secoué la tête.

- Je m’appelle Salomon. Salomon Glichlich.

- Mais non ! Vous êtes Sammy. Vous possédez des magasins, des appartements, vous êtes fortuné, et votre épouse, la belle Rita…

- Pauvre garçon. Oui, oui, oui. Il me semble que je vous reconnais en effet. Vous êtes le jeune garçon dont m’avait parlé un juif de province. Un garçon rêveur, m’avait-il dit, qui rêvait d’écrire des histoires. Mais qui était incapable de distinguer le rêve de la réalité.

Des magasins, des appartements, pourquoi pas ? Cela ne doit pas être désagréable que d’être riche. Sais-t-on jamais. Quand je raconterai à ma femme, Dora, ma rencontre d’aujourd’hui, je suis certain qu’elle dira :

- Que Dieu vous entende !

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I will see you again in the scum of time.

12273028874?profile=originalPeinture de l'artiste, Vincente Romero

J'observe l'aube naissante jasper le front des vagues,
et je compose un mirologue au foyer de ses rayons originels.
Sous le dais du firmament, mes notes s'unifient en un isthme
prolifique, éblouissant d'énergie, le plus dense des océans.
Ô souffle invisible du large, étreint ma prière
d'intercession aux fontaines de mes yeux incandescents.
Enlumine la faconde silencieuse de ma bouche muette,
pour que ma plume de nacre façonnée sur l'écume du temps,
perce de ses embruns la terre close où celui que j'aime repose.
À cela, dans un éclair de sable, le zéphyr hèle
des rives blondes l'élégie qui s'échappe de mes pages,
et la prosodie de mes vers sacre au pied du sérail éternel,
les cendres d'un amour immatérielles.

Nom d'auteur Sonia Gallet
recueil © 2014.

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drôle d'été.

 

 

Météo grisonnante,

terre plus lente,

moins violente,

dont la voix s'atténue,

balayé tout le ciel,

par l'ondée lourde et tiède ;

c'est l'été, loin du bleu.

Météo grisonnante,

terre plus lente,

les chats tout pensifs,

attendent sous l'arbre lourd,

que le ciel refleurisse ;

c'est l'été, loin du  bleu.

Météo grisonnante,

terre plus lente,

ma plume riche de vous,

légère de vos rires,

réinvente une saison,

où solaires sont les pluies,

et les gris des bleus chauds.

NINA

 

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Un suicide manqué.

 

Lorsqu’Hélène est morte, il avait demandé à René de dire à leurs amis qu’il ne souhaitait pas qu’ils assistent aux funérailles. Ni recevoir de lettres de condoléances. A l’exception de l’un d’entre eux dont la femme était morte d’un cancer quinze jours auparavant et incinérée deux jours plus tard.

Ce matin là, Pierre avait eu le sentiment d’assister à la répétition générale d’une pièce dans laquelle il ne tarderait pas à jouer un rôle. Il avait pleuré.

Depuis, il avait appris que trois mois plus tard Gilbert avait épousé sa secrétaire. Elle était sa maitresse depuis longtemps.

Une heure plus tard, le desservant  lui avait remis un galet qu’il ajouta à leur anneau de mariage, à un collier d’ambre qu’elle aimait et au morceau de pièce d’identité qui lui avait été remis la veille. Il voulait les conserver pour que, au delà du souvenir, il puisse rester une trace matérielle de leur union.  

Revenu chez lui il s’était étendu tout habillé sur le lit. Il voulait mourir. Il y avait dans l’armoire à pharmacie un grand nombre de médicaments sous forme de pastilles à avaler. En avaler une poignée d’un seul coup, lui avait-on dit un jour, pouvait assommer un bœuf. Mais tuer un homme ?

Se réveiller quelques heures plus tard, l’estomac barbouillé, le cerveau engourdi, vomissant peut être mais incontestablement vivant, il fallait bien le reconnaitre, ce n’était pas la solution.

Il était resté trois jours dans cette position larvaire sans se laver, sans se raser, sans se peigner. Au bout de trois jours, il avait ressenti un élancement à l’estomac mais ce n’était pas le symptôme de la mort, c’était celui de la faim. 

Il avait pris dans le frigo un morceau de pain, il l’avait décongelé et il l’avait mangé. Puis il s’était levé, il avait pris un bain, il s’était rasé soigneusement, et il était allé au supermarché pour acheter de quoi se nourrir.

Il avait aussi acheté un livre donc le titre était explicite : suicide, mode d’emploi. Vous avaliez un tube complet de barbituriques et il était probable que vous ne vous réveilliez plus. C’est le mot « probable » qui l’avait arrêté.

Il le constatait, il est plus simple de mourir à la suite d’une maladie incurable ou lors d’un grave accident.  Alors même que vous est laissé le choix du moment et de l’environnement, même les idées peuvent êtres exprimées par ceux qui aiment à se justifier, mourir de sa propre main était singulièrement difficile. Bien plus qu’on ne l’imagine dans les ténèbres de sa détresse.

Il se donna quelques jours pour réfléchir à la solution la plus adéquate.

Une autoroute passait à proximité de la maison sous le viaduc qu’il empruntait depuis des années. Juste après un virage en épingle à cheveux assez mal conçu à son sentiment. Il le répétait souvent : il fallait faire attention et ne pas rouler trop vite. Un moment d’inattention, une vitesse excessive, et vous pouviez franchir d’un bond le monticule sous lequel se trouvait le viaduc. Et vous retrouver sur l’autoroute, mais en quel état !

Pierre avait trouvé la solution. Boire un verre d’alcool de trop pour anesthésier le cerveau, puis fermer les yeux en appuyant à fond sur l’accélérateur. Il suffirait de quelques secondes pour dégringoler de vingt mètres, et s’écraser sur le bitume dans une voiture devenue un tas de ferraille. Il était soulagé.

Il ne faut pas trop trainer lorsqu’on à l’intention de se suicider. C’était la faute à Julie s’il n’avait pas mis son projet à exécution.

Julie était une de leurs amies. Hélène et elle avaient fait leurs études ensemble. Julie avait perdu son mari, un charmant garçon, lors d’un accident de chemin de fer. Il y avait eu trois morts, la presse n’en avait pas fait sa première page parce que c’était au moment des élections présidentielles américaines mais l’un d’eux était Albert, son mari.

Elle avait téléphoné le lendemain de l’incinération d’Hélène. Elle avait dit qu’elle avait compris, Pierre ne savait pas encore ce qu’elle avait compris mais elle souhaitait le voir. Il ne pouvait pas le lui refuser.

Pierre avait souvent pensé à Julie lorsque sa femme était vivante. Julie était séduisante. Depuis qu’elle était morte il avait cessé d’y penser. C’est Julie qui s’était rappelée à lui.

Quant à l’idée de suicide, de son suicide, elle se ramena soudain à une idée dont on débat avec sa conscience mais sans s’efforcer de la matérialiser. Et dont très vite, on ne débat plus : la vie continue.

Ce livre qu’il avait laissé ouvert à la page qui recommandait d’avaler un tube de barbiturique, il l’avait fermé et  rangé dans un tiroir. Ce virage à proximité de la maison dont le dessin lui semblait aussi tranchant et dangereux qu’une lame, il suffisait de faire preuve d’un peu de prudence avant de l’aborder. D’ailleurs il l’empruntait depuis plus de dix ans, quelque soit l’état de la route, et sans y penser.

Suicide ? C’était trop simple. Il fallait être stoïque et courageux. Accepter sans fléchir le sort que le sort vous réserve.

Le soir même après le coup de téléphone de Julie, il avait pris un bain, il s’était légèrement parfumé, il avait mis une tenue dont il savait qu’elle l’avantageait. Il s’était offert un double whisky pour se donner un coup de fouet. La nuit était tombée lorsqu’il était monté en voiture.

Une heure plus tard, il était dans le lit de Julie. Peut être n’y a-t-il pas de justice immanente ? Dieu doit détourner la tête.

C’est en rentrant chez lui aux premières lueurs de l’aube qu’il avait manqué le virage, et qu’il s’était écrasé sur l’autoroute.

 

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Livre: Les grandes espérances de Charles Dickens (1860)

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Livre:La maison d'âpre vent de Charles Dickens (1853) 

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Livre: Le mystère d'Edwin Drood (postume après 1870). 

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Livre: La petite Dorrit de Charles Dickens (entre 1855 et 1857)

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Livre: David Copperfield de Charles Dickens (1849-1850)

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Livre: Orgueil et Préjugés est un roman de la femme de lettres anglaise Jane Austen paru en 1813.

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Livre: Emma est un roman de la femme de lettres anglaise Jane Austen paru en 1815

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Livre: Raison et sentiments est un roman de la femme de lettres anglaise Jane Austen paru en 1811

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Livre: Mansfield Park est un roman de la femme de lettres anglaise Jane Austen paru en 1814

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Livre: Persuasion est un roman de la femme de lettres anglaise Jane Austen paru en 1817 (posthume)

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Un entretien silencieux

 

Est revenu le temps des roses!

Doux ami, tu ne m'entends plus,

Mais je veux te dire des choses.

Je crois que tu l'aurais voulu.

Nous avions accordé nos âmes,

Or fut coupé en un instant,

D'une rude et tranchante lame,

Le lien tissé nous unissant.

Je demeure seule, avançant

Sur un chemin empli de grâces.

Je les accueille comme avant,

Consolée des mauvaises traces.

Je ressens souvent ta présence.

J'entends les mots que tu disais.

Jadis, en mon adolescence,

Te donner la main me grisait.

Puisque toi, tu ne souffres pas,

Je veux m'épargner la tristesse.

Mon séjour perdure ici-bas,

Qu'il soit imprégné de tendresse!

5 juillet 2014

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Ô le mystère de la vie!

 

Je me surprends, nombreuses fois,

Envoûtée par les lois suprêmes,

À vouloir comprendre pourquoi

Leur rigueur est toujours extrême.

Demeurent inchangés les rapports,

Qui créent la beauté, l'harmonie.

L'énergie qui a des temps forts,

Se répand sans parcimonie.

Certes, un compteur marque le temps.

Le courant, jamais ne s'arrête

Mais diffère sensiblement

Alors qu'un cycle se complète.

Pas de capteur pour les humains.

En lieu de loi, la providence.

Elle fait des choix incertains,

Maîtresse de leur existence.

Le vieillissement arrivé,

Face à la beauté qui délasse,

Le fait d'en n'être pas privé,

Est ressenti comme une grâce.

5 juillet 2014

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DIALOGUE DE SOURDS

Comme je m’enquérais auprès de maman des résultats scolaires de mes petits-enfants que je ne vois plus depuis deux ans maintenant, la conversation a glissé tout naturellement vers ce dont elle était la plus fière : la réussite de mon neveu. Je le savais puisqu’il l’avait annoncée sur facebook… Mais vu que j’étais très contente pour lui, cela me faisait plaisir d’en parler avec elle. Nous n’avons plus beaucoup de sujets de conversations et encore moins ceux pour lesquels nous sommes d’accord. Et comme elle est âgée et de santé précaire, je préfère ne pas la contrarier.

 

Comme elle me semblait bien disposée, je suis passée outre du fait que j’avais réussi le même cursus il y a une vingtaine d’années. Mais à l’époque, elle avait estimé qu’à 39 ans, c’était mon âge, on avait autre chose à faire que deux ans d’études en plus de son travail et du ménage. Le diplôme obtenu était passé, pour elle, à la trappe. Et j’en avais pris mon parti. J’avais toutefois fêté l’événement avec mon mari et mon fils. Et c’était ce qui m’importait.

 

Je l’ai laissée pendant quelques instants à sa fierté… Et puis, naïvement, je lui dis : « Moi aussi, j’ai reçu mon diplôme ».

-         Ah ! De quoi ?

-         Tu sais que j’ai fait trois années de sophro ?

Haussant les épaules :

-         Ah oui, « ça » ! Tu aurais pu faire institutrice.

-          Tu sais que je suis à la retraite ?

-         Oui, mais institutrice, ça aurait pu te rapporter de l’argent. Tu n’auras encore rien avec « ça ».

-         Je ne vois pas pourquoi j’aurais fait institutrice, j’ai fait un métier qui me plaisait et j’avais un salaire…

-         De toute façon, ça ne te rapportera encore rien…

Puis, tout naturellement, elle changea de sujet. Jamais elle n’a été fière de moi. Finalement, je n’aurai jamais été que la fille qui n’en a jamais fait qu’à sa tête et qui n’aura jamais rien, de sa faute.

Cette conversation aurait pu me mettre dans tous mes états il y a encore deux ou trois ans, mais je n’ai plus rien à lui prouver. Ni à qui que ce soit d’ailleurs. Il est vrai que la sophro ne me rapportera pas grand-chose financièrement mais, qu’est-ce qu’elle peut me rapporter au point de vue développement personnel et estime de moi qu’elle m’a refusé durant toute mon enfance !

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L'émission complète d'Actu-tv de mai 2014

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La cinquantaine

 

 

C’est quoi, la vie ? Je venais d’avoir cinquante ans. Cet âge sinistre qui remet votre vie en question.

A ma mère, lorsque j’avais quinze ans, à la moindre dispute  je criais : je n’ai pas demandé de vivre. Un jour, exaspéré par l’amour qu’elle me portait, j’ai saisi un couteau qui se trouvait à ma portée, et j’ai cloué ma main sur la table. C’est moi qui me suis évanoui lorsque le sang a giclé.

Julie venait d’avoir cinquante ans, elle aussi. Bernard, son mari, avait proposé que l’on fête les deux anniversaires le même jour.

Bernard, Julie, Thérèse ma femme et moi, nous nous connaissions  depuis notre jeunesse. Pour dire la vérité, Bernard ou moi aurait pu épouser soit Julie soit  Thérèse et quant à elles, elles auraient pu épouser Bernard ou moi sans voir de différence notable. Même durant la nuit.

Je suppose que durant la nuit les hommes, les femmes aussi, se conduisent au lit comme la plupart des couples. Les différences de comportement tiennent du fantasme d’époux fidèles.

Tous les quatre, nous avions tout pour être heureux.

Jeune, du temps que j’étais à l’école secondaire, je rêvais de devenir comédien. A la campagne ou au milieu de la forêt, je lançais à haute voix, les yeux levés vers le ciel des tirades apprises par cœur. Je ne rêvais pas d’un auditoire. Au contraire il m’effrayait, je rêvais de jouer la comédie.

Aujourd’hui, je regrettais de n’avoir pas persisté dans ce qui était peut être une vocation. De ces vocations qui sortent les êtres humains de ces vies qui s’achèvent avant même d’avoir commencé. J’avais décidé de partir.        

 - Je vais partir Julie.

Je savais que Bernard ne serait rentré que le lendemain. A Thérèse j’avais dit que je ne rentrerais que le soir. Je voulais demander à Julie de partir avec moi. Si elle s’y refusait, je ne sais pas ce que je souhaitais en réalité, je partirais seul, le soir même.

J’avais fait le plein d’essence et emporté quelques vêtements dans une mallette.

- Qu’est-ce que tu veux dire ? Partir. Pour de vrai ?

- Je ne supporte plus cette vie.

Elle s’était levée. Jamais, elle ne m’avait paru aussi séduisante.

- Et moi ? Tu m’abandonnes ?

Je l’ai serrée contre moi. J’ai cherché sa bouche qu’elle détournait tandis qu’elle poussait son ventre contre le mien. C’est elle qui a dit :

- J’ai envie de toi, Pierre.

Elle m’a entrainé vers leur chambre. C’est elle qui m’a déshabillé, et tout le temps que nous étions corps contre corps, elle ne me parlait pas. Comme si elle faisait l’amour toute seule.

- Tu m’aimes Julie, dis-moi que tu m’aimes ?

-  Ne me quitte pas, Pierre. Ne me quitte pas.

Les sens apaisés, j’ai compris qu’elle ne quitterait ni Bernard ni le confort qu’il lui apportait. Si je voulais changer de vie, je devais me décider sans attendre et partir seul.

Lorsque je l’ai laissée après un maigre baiser, j’ai quitté la ville pour ne plus y revenir. Jamais, je n’avais ressenti une telle ivresse.

 J’ai pris l’avion pour les Etats-Unis. J’y suis resté près de trois ans. Je les ai sillonnés de long en large. Puis j’ai eu peur. Entre la ville de mon enfance et moi, il y avait une sorte d’osmose. Entre l’Amérique et moi, il n’y avait rien.

A Houston, une ville sans trottoirs, un ami que je m’étais fait m’a conseillé de louer une salle et d’annoncer dans la presse qu’un acteur français y lirait des extraits de théâtre. Le soir de la représentation j’ai vomi dans ma chambre et j’ai pleuré comme un enfant.

J’ai regardé la paume de ma main gauche. La trace du coup de couteau que je m’étais donné y avait tracé une ligne de vie de plus. J’ai décidé de rentrer. Cinquante ans, c’est trop tard pour recommencer.  

Peu de choses avaient changé dans cette ville qui était la mienne. Bernard et Julie avaient quitté la ville et s’étaient séparés.

Le magasin qui avait été le mien était toujours là. J’ai vu Thérèse qui se trouvait dans le bureau de bois vitré que mes parents avaient construit pour surveiller le personnel. Elle rangeait des papiers.

En sortant du cabinet, elle m’a vu à travers la vitrine.

Nous étions immobiles tous les deux. J’ai souri et je suis entré dans le magasin.

- Tu es revenu. Tu as l’air fatigué.

-  Le trajet est long.

Elle a souri.

- Monte te reposer avant de dîner. Je vais dire à Daniel de fermer le magasin sans moi.

Dans la salle à manger, la table était mise pour deux. J’ai supposé que le second convive auprès de Thérèse était Daniel  à présent.  Lorsque que Thérèse est arrivée, elle a remplacé le second couvert par un autre.

- Tu ne m’as pas embrassée ? J’ai tellement changé ?

Elle n’avait pas tellement changé. Seules les hanches s’étaient épaissies mais la rendaient plus désirable.

Les choses, je le voyais, rentraient dans l’ordre.

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LES AVENTURES DE STANLEY

Pour envisager ce BEL  ETE  avec humour  ,

Petit clin d'oeil des " Aventures de Stanley "

Car si la cage -rouge est signe de vacances à la campagne se retrouver, confronté aux périls de lieux inconnus  est plus difficile et le salon d'attente  est source d'imagination

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