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DIALOGUE DE SOURDS

Comme je m’enquérais auprès de maman des résultats scolaires de mes petits-enfants que je ne vois plus depuis deux ans maintenant, la conversation a glissé tout naturellement vers ce dont elle était la plus fière : la réussite de mon neveu. Je le savais puisqu’il l’avait annoncée sur facebook… Mais vu que j’étais très contente pour lui, cela me faisait plaisir d’en parler avec elle. Nous n’avons plus beaucoup de sujets de conversations et encore moins ceux pour lesquels nous sommes d’accord. Et comme elle est âgée et de santé précaire, je préfère ne pas la contrarier.

 

Comme elle me semblait bien disposée, je suis passée outre du fait que j’avais réussi le même cursus il y a une vingtaine d’années. Mais à l’époque, elle avait estimé qu’à 39 ans, c’était mon âge, on avait autre chose à faire que deux ans d’études en plus de son travail et du ménage. Le diplôme obtenu était passé, pour elle, à la trappe. Et j’en avais pris mon parti. J’avais toutefois fêté l’événement avec mon mari et mon fils. Et c’était ce qui m’importait.

 

Je l’ai laissée pendant quelques instants à sa fierté… Et puis, naïvement, je lui dis : « Moi aussi, j’ai reçu mon diplôme ».

-         Ah ! De quoi ?

-         Tu sais que j’ai fait trois années de sophro ?

Haussant les épaules :

-         Ah oui, « ça » ! Tu aurais pu faire institutrice.

-          Tu sais que je suis à la retraite ?

-         Oui, mais institutrice, ça aurait pu te rapporter de l’argent. Tu n’auras encore rien avec « ça ».

-         Je ne vois pas pourquoi j’aurais fait institutrice, j’ai fait un métier qui me plaisait et j’avais un salaire…

-         De toute façon, ça ne te rapportera encore rien…

Puis, tout naturellement, elle changea de sujet. Jamais elle n’a été fière de moi. Finalement, je n’aurai jamais été que la fille qui n’en a jamais fait qu’à sa tête et qui n’aura jamais rien, de sa faute.

Cette conversation aurait pu me mettre dans tous mes états il y a encore deux ou trois ans, mais je n’ai plus rien à lui prouver. Ni à qui que ce soit d’ailleurs. Il est vrai que la sophro ne me rapportera pas grand-chose financièrement mais, qu’est-ce qu’elle peut me rapporter au point de vue développement personnel et estime de moi qu’elle m’a refusé durant toute mon enfance !

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Commentaires

  • Merci Adyne,

    En effet, je suis d'une génération dont les parents étaient peu démonstratifs et très critiques. La nouvelle génération a beaucoup changé et le fossé entre les deux me semble très profond.

    J'ai passé une grande partie de ma vie a rechercher cette reconnaissance qui m'a toujours fait défaut. Si je ne l'attends plus, certaines choses me sidèrent encore.

    Bonne continuation.

  • Bonsoir Yvette,

    Autrefois, les parents étaient plus distants, que nous le sommes aujourd'hui, il faut en prendre son parti, ce n'est pas évident, je comprends.

    Merci pour l'appréciation de mon aquarelle.

    Bonne fin de semaine.

    Amicalement.

    Adyne

  • En effet Jacqueline, tu as magnifiquement bien résumé mon ressenti.

  • On ne choisi pas sa famille, hélas, les incertitudes de l'enfance sont un poids la vie durant, heureusement la maturité du coeur devient une force intérieure,     Jacqueline

  • Merci Liliane,

    Je n'ai cependant pas l'impression de faire des choses exceptionnelles.

    Amicalement,

  • administrateur partenariats

    Yvette tu es une femme formidable.

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