Statistiques google analytics du réseau arts et lettres: 8 403 746 pages vues depuis Le 10 octobre 2009

Toutes les publications (185)

Trier par

A peine un adultère

   

Pierre avait passé cinq ans aux Etats-Unis. Lorsqu’il était revenu, c’était en septembre, l’après midi tirait sur sa fin, il s’était rendu directement chez Julie. Il l‘avait serrée dans les bras et elle s’était abandonnée contre lui.

Le lendemain matin, ils étaient encore au lit, elle lui avait dit qu’elle avait épousé Bernard mais, elle s’en rendait compte aujourd’hui, c’est lui qu’elle aimait.

Son corps était encore moite. Elle ne savait pas si cette odeur était la sienne ou celle de Pierre. Elle respirait fort. Elle ne réfléchissait pas, elle voulait qu’il la prenne encore. Elle avait la main sur son sexe.

- Pourquoi es-tu parti ? Ne m’abandonnes plus, Pierre. C’est toi que j’aime. Pourquoi es-tu parti ?

Elle alla préparer le petit déjeuner après avoir posé sur les épaules un léger peignoir qu’elle laissa flotter, qui la rendait plus nue que si elle n’en avait pas mis du tout. 

Pierre était âgé de trente cinq ans. Il était aussi maigre que lorsqu’elle l’avait connu à l’âge de vingt ans assis au bord de la piscine municipale tandis que Bernard, plus musclé, se jetait à l’eau à partir du plongeoir haut de cinq mètres.

- Et Bernard ?

- Ne penses pas à lui. Il ne revient que dans dix jours. En attendant, tu logeras ici. Tu iras chercher tes bagages à l’hôtel.

Pierre secoua la tête d’un air dépité.

- Je n’ai pas été à l’hôtel.

- Tu es venu directement ici ?

- Tu n’as rien ?

- Plus rien, Julie. Rien ni personne.

Elle se sentait inexplicablement heureuse. Il n’avait qu’elle. Elle aurait voulu le bercer comme elle avait bercé durant de nombreuses années l’ours en peluche qu’elle avait reçu à sa naissance.

Elle conduisit Pierre dans ce qu’elle nommait le dressing-room. Elle ouvrit la garde robe de Bernard.

- Change de vêtements. Vous avez pratiquement la même taille.

Elle le regardait changer de vêtements avec curiosité alors que quelques heures auparavant, elle avait vu, nu, son corps tout entier. Il avait cessé de se changer.

- Je vais t’attendre dans la cuisine.

Durant les jours suivants ils se conduisirent comme un couple marié dont aucun des membres n’était astreint à un horaire. De sorte qu’ils se levaient tard, déjeunaient avant même de s’habiller, parfois ils se remettaient au lit.

Si elle n’avait pas envie de cuisiner, ils allaient au restaurant. C’est elle qui lui glissait sous la table quelques billets avec lesquels Pierre réglait l’addition.

Le moment qu’elle préférait c’était le soir avant de se mettre au lit. Ils regardaient la télévision, lui assis dans un fauteuil et elle, les genoux pliés, accroupie à ses pieds. Elle  posait la tête sur ses cuisses. Elle aimait ce moment où elle sentait qu’il respirait plus fort et lui poussait la tête contre le ventre.

A la même heure, tous les soirs Bernard téléphonait. Il était ingénieur. Il travaillait sur des plateformes maritimes. Il ne revenait que tous les deux mois.

La veille de son retour, deux mois passent vite pensa-t-elle, elle lui dit que Pierre était revenu.

- Il a voulu que nous soyons les premiers avertis de son retour. Demain nous viendrons te chercher. Je préparerai un repas comme tu les aimes.                                                    

Lorsqu’un couple se dispute, c’est le soir avant de se mettre au lit. Les ébats sexuels auxquels il se livre ensuite parce que les disputes mettent les nerfs à vif  rendent  incompréhensibles les raisons de la dispute. En revanche les aveux, c’est après les ébats sexuels qu’ils se font. Les relations amoureuses relèvent d’une alchimie singulière.

Julie était étendue auprès de Bernard.

- Il faut que je te dise, Bernard. Je suis amoureuse. De Pierre.

- Tu es amoureuse ?

- De Pierre.

Il le voyait bien, elle parlait sérieusement. Bernard n’était pas homme à crier. Les cris dissimulent la peur qui, soudain, vous envahit.

 - Je…je dois réfléchir.

Il s’était assis pendant qu’elle enfilait sa robe de chambre. Il avait mit la couverture sur ses épaules, d’instinct, comme s’il n’était pas convenable de se montrer tout nu devant une femme pour qui, peut être, il était devenu un étranger. 

Ce soir là, c’est dans le lit de Pierre que Julie se coucha. Bernard avait la nuit entière pour réfléchir à une situation qui lui était tout à fait inconnue sinon par les histoires sinistres de cocus.

Bernard ne voulait pas perdre Julie. Tuer Pierre ? Il n’y pensait pas réellement. Cela ne l’aiderait en rien. Mourir, pas davantage.

Il fallait bien finir par se poser la question : une femme  comme l’était Julie vivait-elle comme une nonne lorsqu’il s’absentait deux mois durant ? Qui donc mettait-elle dans son lit ? Des rencontres de hasard ? Deux mois !

Pierre, il le connaissait, c’était un ami. Il aimait Julie. Elle comptait pour lui comme elle comptait pour Bernard. Il le tuerait sans hésiter si ce n’était pas le cas.  

Et la réponse finit par s’imposer. S’il ne l’avait à lui que durant huit jours à chaque fois qu’il revenait de mission, n’était-ce pas mieux que de ne plus l’avoir du tout ?

- J’ai besoin de toi, Julie.

- Ce n’est pas possible, Bernard.

Elle était sur le point de pleurer.  Elle n’aimait pas faire de la peine. Ils étaient assis face à face dans le salon. Bernard avait demandé à Pierre de les laisser seuls quelques heures. Elle n’avait rien objecté. Il fallait vider l’abcès, elle en avait conscience. Tout régler au plus tôt. Pierre avait dit oui. Il ne savait pas l’attitude qu’il devait adopter. Il dit qu’il reviendrait plus tard.

-Je te comprends, Julie. Je n’étais jamais là. Je n’ai pas l’intention de vous empêcher de vous aimer. Mais j’ai besoin de t’avoir à mes côtés. Je mourrai si tu t’en vas.

Bernard s’exprimait comme il s’exprimait sans doute durant une négociation d’affaires. D’un ton uni mais sans hésitation. Les mains jointes posées sur la table.

- J’ai besoin de sentir  ton odeur. Tu ne peux pas me refuser ça. J’ai besoin de t’appeler tous les jours.

Il avait préparé une valise. Elle se laissa embrasser.

Elle avait encore les yeux mouillés lorsque Pierre était revenu. Toute alanguie elle se serra contre lui. C’est elle qui le conduit à la chambre qui avait été, la veille encore, celle de Bernard et qui serait désormais la leur. En l’espace d’un moment, ce qui avait été un adultère  était devenu les retrouvailles d’un couple libre de ses élans. Même s’il n’avait pas le droit de les afficher officiellement.

Pendant un mois, ce fut ce qu’elle appelait avec exaltation « des noces de chair ». Elle était incapable d’expliquer ce qui lui embrasait le ventre lorsqu’elle était auprès de Pierre mais c’est elle qui l’entrainait.  Le coup de téléphone de Bernard était loin de leur déplaire, ils l’attendaient comme un repère important.

C’est Pierre qui avait dit un soir, ils en avaient ri peu après :

- Il n’a pas encore appelé. J’espère qu’il ne lui est rien arrivé. 

Lire la suite...

Maman,

J'aime m'endormir,

 lorsqu'il pleut dehors,

que le ventre tendu et blanc

 du ciel me touche,

que le soleil voilé,

 respire à mes côtés,

échoué sur mes draps blancs,

 brodés par toi ;

il s'abrite de la pluie, car il déteste le gris ;

pourtant de lui, une fragrance fleurie,

s'immisce dans ma chevelure, s'y éternise.

J'aime m'endormir,

 lorsqu'il tonne dehors,

que le ventre tendu et blanc,

 du ciel me touche,

que le soleil voilé,

 à mes côtés se pelotonne,

réanimé sur mes draps blancs,

 brodés par toi ;

il se cache de l'orage, car il déteste son cri ;

pourtant de lui, une fièvre odorante

s'empourpre sur mes lèvres pâles et fines.

Assoiffées de toi toujours,

de ton sourire bleu, infini.

Tu me manques.

Lire la suite...

La soif de vivre

 

Je suis subjuguée par la beauté et la grâce

des roses, alors je les écris, les célèbre.

je suis bouleversée par le gigantisme et

la splendeur des monts,

 alors je les écris, les célèbre.

Je ne suis point vivante ni radieuse sans elle !

j'écris ainsi l'ombre qui est tapie en moi,

qui graduellement deviendra une clarté bleue

et chaude, ascensionnelle !

Petite sœur du soleil  ;

 c'est un partage.

Chacun et chacune de nous,

 recèle sa petite lampe d'Aladin,

juste mal éteinte !

 

.

 

 

Lire la suite...

Les vieux amants.

Je ne me suis jamais marié. Je me souviens que nous avions rompu, Julie et moi, parce que j’avais dit que nous étions des mammifères. Au lit cependant, nous usions d’images bien plus osées pour nous dépeindre à haute voix. Peut être avait-elle rompu parce que je ne voulais pas me lier ?  

Je ne couche plus très souvent aujourd’hui. Je ne couche plus du tout pour dire la vérité. Je suis âgé de plus de quatre-vingt ans. S’il m’arrive de faire l’amour, c’est au travers de mon imagination. Je pense souvent à Julie avant de m’endormir. Julie avait quarante cinq ans, je n’en avais pas d’avantage. .

Je revois Julie lors de notre dernière entrevue.

- J’ignore de qui tu as besoin, Pierre. Je te souhaite de ne pas me regretter.

Elle a épousé Gérard parce qu’il avait besoin d’elle. Elles sont nombreuses les femmes qui veulent materner un mari dès qu’elles ont cessé de souhaiter un amant.

Avec Julie, je ne m’en suis rendu compte que lorsque nous nous sommes séparés, c’était bien plus que de l’amour ordinaire que j’éprouvais. Je m’accrochais aux murs pour ne pas m’écrouler dès que je pensais à elle.

J’aurais du l’épouser. Elle serait dans mon lit à chaque fois que j’en aurais eu envie.  

 Il y a quelques jours, le téléphone a retenti, c’était Julie.

- C’est toi, Pierre ?

- Oui, Julie.

- Tu as reconnu ma voix ?

 Peu importe que la voix change ou ne change pas, ce sont les traits du visage qui ne devraient jamais se modifier.

- Gérard est mort.

Gérard, celui qu’elle avait épousé après notre rupture.

- Gérard ? Il est mort ?

- Cela a été une délivrance. Il souffrait depuis six mois.

- Je suis triste pour toi.

- Je n’en pouvais plus, Pierre. Depuis deux mois, c’était devenu un véritable enfer. L’infirmière passait tous les jours pour le laver. Il arrivait qu’il fasse ses besoins quand elle n’était pas là. A toi je peux le dire, c’est un soulagement comme tu ne peux pas imaginer.

J’imaginais bien au contraire. Ce vieil homme à l’allure de cadavre soigné par la Julie que je connaissais ?  Et qui faisait l’amour avec elle ? Je me  posais la question tandis qu’une contraction musculaire me faisait porter la main au cœur.   

- Je pense souvent à toi, Pierre. Il y a longtemps, je sais. Je me doute que tu as vieilli mais le portrait que j’ai de toi est celui qui était le tien lorsque nous étions ensemble. Viens me voir, Pierre. J’ai envie de te voir. Très fort. Nous parlerons.

- Je viendrai. Je te téléphonerai.

Je me suis demandé si j’avais eu raison de lui dire que je viendrais. Les pensées que j’avais n’étaient pas de celles qu’on affiche. Mais qui d’autre que moi les connaissait ?

Peu de choses de celles que j’ai apprises ne m’ont été utiles. J’ai oublié la plupart d’entre elles mais je n’ai jamais oublié aucune de nos étreintes à Julie et à moi. Qu’est-ce qui est important pour vivre ?

Elle habitait de l’autre côté de la ville. J’avais enfilé un pantalon clair et un pull à encolure en V. Ce n’était pas une tenue cérémonieuse mais elle  ressemblait à celle que je portais lorsque j’étais jeune. J’ai laissé ma canne suspendue à la patère, je n’en avais pas réellement besoin. Je l’utilisais pour me donner une allure aristocratique, la paume en était en argent sculpté.

Pour exciter mes sens, je pensais aux images suggestives que j’avais d’elle. Je sais combien les pulsions amoureuses émanent à la fois du physique et du mental. Je voulais être prêt si, comme moi, elle était tentée de retrouver le goût de nos baisers, je le dis sans hypocrisie.

Elle devait me surveiller de la fenêtre. Elle ouvrit la porte au moment même où j’appuyais sur le bouton. Elle m’attendait devant l’ascenseur, et nous nous sommes embrassés sur les joues avant même d’entrer chez elle.

- J’avais peur que tu ne viennes pas.

- Je n’aurais pas pu ne pas venir.

Elle était immobile. Etait-ce pour que je puisse la regarder ou parce que c’est elle qui me détaillait ?

Elle se tenait droite sans paraitre faire d’effort. Sa corpulence avait à peine changé. Peut être qu’elle avait les hanches un peu plus fortes que par le passé. Le visage était sillonné de fines ridules mais son sourire était toujours aussi attirant.

Je me suis approché d’elle, j’ai porté mes mains à ses hanches, et je l’ai embrassée avec force. Je n’ai pas du forcer ses lèvres. Elle avait ouvert la bouche. Elle haletait, le ventre poussé contre le mien.

- Oh, Pierre.

Le soir tombait. Elle n’a pas allumé.

Elle m’a conduit à la chambre à coucher, et elle a rejeté les draps sur le côté. Nous nous sommes déshabillés. Elle avait le dos tourné et je regardais ses hanches avec envie. Il n’y avait de lumière que celle du dehors. Je me suis glissé dans le lit.

Il ne s’est rien passé de ce que nous attendions sinon qu’elle a posé la main sur ma cuisse.

J’ai pensé : heureux ceux qui sont morts dans la force de l’âge.

 

Lire la suite...

 

Puisque mai tout en fleurs dans les prés nous réclame,
Viens ! ne te lasse pas de mêler à ton âme
La campagne, les bois, les ombrages charmants,
Les larges clairs de lune au bord des flots dormants,
Le sentier qui finit où le chemin commence,
Et l'air et le printemps et l'horizon immense,
L'horizon que ce monde attache humble et joyeux
Comme une lèvre au bas de la robe des cieux !
Viens ! et que le regard des pudiques étoiles
Qui tombe sur la terre à travers tant de voiles,
Que l'arbre pénétré de parfums et de chants,
Que le souffle embrasé de midi dans les champs,
Et l'ombre et le soleil et l'onde et la verdure,
Et le rayonnement de toute la nature
Fassent épanouir, comme une double fleur,
La beauté sur ton front et l'amour dans ton coeur !

 

Victor Hugo

21 mai 1835 ( Les chants du crépuscule)

 

 

 

 

.

 

 

Lire la suite...

Un message de l'au-delà

 

Je possède un volume que j'ouvre peu souvent.

Cependant il contient des propos étonnants,

Parfois sophistiqués, des discours poétiques,

Des citations savantes, des envolées lyriques

Et de nombreux instants de grâces savoureuses.

En ce jour de printemps, ensoleillé et chaud,

Seule en mon jardinet, mais ravie et joyeuse,

Je murmure des vers que j'avais trouvés beaux.

« Elle avait pris ce pli dans son âge enfantin

De venir dans ma chambre, un peu chaque matin »

Pour rendre hommage à ma mémoire, à sa rigueur,

Je vais chercher mon livre, au hasard le feuillette

Et j’y trouve des vers me mettant l'âme en fête.

C’est une invitation faite, un vingt et un mai,

D’errer dans la nature, qui étale ses fleurs.

« Puisque mai tout en fleurs, dans les prés nous réclame »

Ce jour même se trouve être un vingt et un mai,

Un peu particulier, c'est mon anniversaire.

J’accueille dans la joie ce poème troublant.

Venu de l'au-delà, insondable mystère!

Or en soirée, pour ajouter à mon émoi,

Sur mon petit écran s'affiche face à moi

Le portrait du vieil homme, auteur des Misérables

On va y projeter son oeuvre remarquable.

J'ai reçu un message, une évidence claire!

21 mai 1999

Lire la suite...

Du bonheur d'être mortel

La conscience de notre mortalité donne tout son sens à la vie, elle participe pour ainsi dire de son essence.
La pressentent bien aussi, ceux qui se refusent pourtant à concevoir l’idée de la mort, qui tentent de fuir leur vie durant et jusqu’aux derniers instants cette ombre qui les accompagne discrètement tout au long de leur route quoiqu’ils fassent, cette finitude inéluctable, seule certitude qu’ils partagent tous dans l’avenir.
Toute pensée de soi n’est-elle pas une pensée de soi en tant que mortel ?
« On ne cesse de penser à la mort qu’en cessant de penser » … (Marcel Conche, La mort et la pensée). « L’homme libre ne pense à rien moins qu’à la mort, et sa sagesse est une méditation non de la mort mais de la vie »… (Spinoza, L’Ethique).
La conviction de notre mortalité est inscrite en filigrane dans l’exigence qu’on ressent à accomplir des actions, dans les projets, les priorités qu’on se fixe, dans les attitudes qu’on adopte envers soi-même ou autrui, dans le questionnement même de savoir où l’on va.
Ce qui caractérise peut-être le plus la vie humaine, c’est le pouvoir des choix innombrables que l’on doit arrêter tout au long de l’existence. La vie entière apparaît comme un foisonnement, une arborescence de possibles dont les rameaux de plus en plus touffus s’emmêlent aux caprices du hasard.
Parmi toutes les voies qui s’offrent à nous, nos choix nous engagent sur celle qui accomplira le plus souvent notre destinée. On ne peut retourner en arrière, défaire ce qui a été…
Quel sens pourrais-je donner à ma vie si j’étais immortelle ? Qu’importerait alors, si je ne fais rien, ou mal, si je me trompe, puisque j’aurais de toute manière l’éternité -ce qui peut vouloir dire jamais- pour tout refaire, construire enfin quelque chose, être moi en mieux ?
Plus rien n’aurait vraiment de valeur. La liberté même n’aurait plus aucune signification puisqu’on disposerait d’un temps illimité pour s’engager dans une infinitude d’autres chemins.
Comment jouirait-on de l’instant présent, quel serait le sens d’une suite indéfinie de plaisirs ou de résolutions qu’on n’aurait jamais à choisir, auxquels il ne faudrait jamais renoncer, que voudrait dire encore vouloir, désirer ?
Tout serait futile, vain, sans importance.
La conscience d’être mortel est une incitation, dans une certaine urgence, à vivre, créer, agir, ne pas se gaspiller, à tenter d’accroître son savoir, à perfectionner son être tant qu’il est temps, se hâter à se dépasser un peu…
Ce qui donne son sens, sa valeur à la vie, c’est qu’elle est un tout avec un début et une fin, c’est qu’elle parvienne à son accomplissement, entre la naissance et la mort.
Ce que je crains, ce n’est pas tant l’état de mort, ce rien que nous ne ressentirons de toute façon pas, que le passage vers ce néant.
Il y a bien des manières de mourir et c’est plutôt la perspective de la douleur, fréquente avant-coureuse du trépas, qui rebute et désespère.
Mais ce qui est finalement le plus douloureux, c’est la mort de ceux qui me sont chers, et aussi, lorsque j’envisage ma propre disparition, la peine que j’infligerai à quelques personnes, celles dont justement le bonheur m’importe le plus.
Mais en dépit de toutes les souffrances et incertitudes inséparables de notre grand saut dans l’inconnu, je pense, avec soulagement, qu’il ne faut en aucun cas regretter d’être mortel.
L’idée d’immortalité m’apparaît comme un abîme, une éternité angoissante de vide et d’ennui où on se consumerait sans jamais disparaître tout à fait.
Un fardeau en fin de compte bien lourd à porter, non?

*

Lire la suite...

La commémoration

L'invitation avait été rédigée à l'en-tête du tribunal de commerce. Cette idée, il n'y a pas de petites économies, émanait tout naturellement du cerveau rationnel de Jean Pottier, le président du tribunal. Celui que ses condisciples surnommaient le compotier. Cela faisait rire toute la classe.

Il s’agissait du 150ème anniversaire de l’école. Une cérémonie présidée par un représentant du ministre de l’enseignement  aurait lieu à l’hôtel de ville. Tous les anciens élèves, il l’espérait, y assisteraient.

Robert n'était plus revenu depuis dix ans, et il se demandait s'il avait envie de revenir.

Il se souvenait d'un film dans lequel, autour d'une tombe, quelques anciens d'un collège anglais - peut -être que ce n'était pas un collège anglais mais qu'est ce que cela changeait ? - assistaient à l'enterrement d'un de leurs anciens condisciples. Ils se regardaient, et on avait le sentiment que la seule question qu'ils se posaient était: lequel d'entre nous sera le suivant?

Souvent les commémorations ressemblent à des funérailles.

A quoi bon y aller. Il n'irait pas.

La plupart des années d'adolescence avaient été des années d'insouciance. L'adolescence est une période heureuse. C'est ainsi en tout cas qu'elle figurait dans sa mémoire.

Sa mémoire, lorsqu'il s'agissait de son adolescence, était comme une ville qu'il aurait dessinée lui-même. Les rues où résonnaient le pas des amoureux enlacés, la grand' place triangulaire où se tenait la Foire de septembre avec ses gaufres parfumées et les amandes que grillait Ali-Baba dans son échoppe, les jardins publics fréquentés par les propriétaires de chiens lorsque le soir tombait. Il aurait pu la parcourir les yeux fermés. Parfois, il rêvait encore d'y marcher toute la nuit.

Décidément, il irait à la commémoration.

Et puis, il reverrait sans doute Julie, la femme de Bernard. Ce n'est pas Julie qu'il avait épousée. Elle était amoureuse de lui mais, c'est stupide, il y a un âge pour se marier. Un an plus tard, il épousait Malou. Julie s'était mariée  un mois après lui. Chaque couple avait assisté au mariage de l'autre.

- Je te souhaite tout le bonheur du monde.

Julie l'avait embrassé. Elle aimait les parfums tenaces.

Parfois il pensait à elle tandis qu'il caressait Malou. Peut-être que Julie pensait à lui quand elle commençait à gémir ?

Leur couple n'avait jamais été un couple heureux. Quinze ans plus tard, Malou et lui s'étaient séparés.

Comment Julie faisait-elle l'amour?

Il écrivit au président qu'il viendrait et réserva une chambre pour trois nuits.

Le ciel était uniformément bleu. Pas un nuage, et pas un souffle de vent. Un mois de septembre exceptionnel. Les hommes avaient le col ouvert, les femmes portaient sur une jupe courte un T-shirt de coton ou un chemisier largement échancré. Il y avait longtemps que l'été n'avait été si beau. Robert se promena jusque tard dans la soirée dans cette ville retrouvée.

Dans les cafés où il s'arrêtait pour prendre un verre de bière en regardant les gens, il ne reconnaissait personne. Quelques visages cependant lui parurent familiers. L'un d'eux lui fit un sourire, et il répondit en souriant lui aussi. Après tout, pour ces gens-là, peut être n'avait-il jamais quitté la ville.

Est-ce qu'il reconnaitrait Julie?

La commémoration, à l'Hôtel de ville, avait lieu à 11 heures. Il était venu une demi-heure plus tôt pour voir les arrivants qu'il reconnaissait sans mal. En dix ans les hommes ne changent pas beaucoup. Moins que les femmes. Les femmes dès qu'elles sont mariées doivent penser que le plus important est fait, elles soignent moins leur aspect.

Robert reconnaissait la plupart de celles de ses amis. Les uns et les autres avaient un peu grossi. La taille un peu ronde est un signe de bien-être social.

Ils échangèrent des sourires, parfois quelques mots, mais parce qu'il se montrait distant, ils s'éloignèrent très vite. C'est Bernard qu'il attendait avec impatience. Bernard et Julie.

- Bonjour, Robert.

- Je ne t'avais pas vue.

Il avait les joues en feu.

- C'est Bernard que tu cherchais? Il ne rentrera que demain, c'est la Foire du Printemps à Paris.

A force de ne regarder que les hommes, il n'avait pas vu Julie à ses côtés qui l'examinait en souriant.

- Tu n'as pas changé. Enfin, pas beaucoup. Un peu moins maigre. Et moi?

- Plus belle qu'avant. Plus séduisante. Plus.

- Rien que des plus?

- Tu le sais bien. C'est toi que j'aurais du épouser. Il a de la chance, Bernard. Je suppose qu'il le sait.

- Pas toujours. Est-ce qu'on peut juger ce qu'on a sous la main. Les vaches du voisin sont toujours plus appétissantes.  

- Moi, je ne regarderais pas les autres femmes.

- Mais tu en as épousé une autre.

La salle de réception de l'Hôtel de ville, la salle d'apparat, celle qui était consacrée aux grandes réceptions et aux mariages des familles de notables, était pratiquement pleine. Au bout, face à l'entrée principale, flanquée de deux huissiers en jaquette, sur une estrade recouverte d'un drap vert, au milieu de tréteaux qu'on avait recouvert de rouge, les couleurs de la ville, trônait à coté du représentant du ministre, Paul Pottier, le cou tendu et le menton levé. Il regardait la salle d'un air satisfait mais il semblait à Robert que c'est lui, resté debout, qu'il fixait. Paul abaissa lentement la tête pour n'avoir pas l'air d'être le premier à saluer. Robert abaissa la sienne. Ce n'était peut être pas Robert que Paul dévisageait mais Julie.

Il étouffait soudain dans cette salle bondée, bruyante, qui n'attendait sans doute que le coup de maillet professionnel de Paul pour faire silence.

- Tu veux rester? Partons.

Il lui saisit le bras, et ils sortirent par une porte de service. Dehors, sous le soleil de midi, il se tourna vers Julie.

- Tu voulais peut-être rester ?

Elle fit non.

- Allons chez moi.

 Il se souvenait de leur appartement que Bernard avait fait aménager au dessus de ses bureaux. Il s'assit sur le divan de cuir qui faisait face au poste de télévision. Julie, devant la large fenêtre, scintillante sous le soleil, le dévisageait, les jambes légèrement écartées. A travers sa robe légère, c'est son corps qu'il contemplait.

- Julie.

- Oui.

Il s'était levé. Il avait à peine mis ses mains sur ses épaules, qu'elle fouillait sa bouche.

- Reste. Passe la nuit ici. Bernard ne rentrera qu'après-demain. Les bureaux sont fermés jusque lundi. 

- Et s'il téléphone?

Ils étaient couchés, nus. Julie, étendue sur le ventre le regardait tandis qu'étendu sur le dos, il regardait le plafond. Le couvre lit était rejeté sur le sol. Il avait failli trébucher dessus en allant à la cuisine pour chercher un verre d'eau. Avant qu'il ne s'étende, elle avait voulu qu'il restât debout un moment.

- Tu es toujours aussi tendu?

Elle avait du hésiter avant de lui poser la question, elle l'avait posée à voix basse, et répétée parce qu'il ne l'avait pas bien entendue.

- Il y a longtemps que tu n'as pas fait l'amour?

- Je t'ai déçue.

- Je t'aurais demandé de rester? Je me demandais comment font les célibataires pour avoir une vie normale. Viens. Tu vas voir comme je vais t'aimer.

Elle le caressait avec des gestes précis mais doux, parfois hésitants. Elle avait peur de trop bien faire. Robert, lui, se laissait caresser par les gestes que Bernard, le séducteur aux nombreuses liaisons de leur jeunesse, avait sans douté enseignés à son épouse. Il était incapable de respirer sans effort, empli de tendresse envers cette femme qui aurait pu être la sienne. Après qu'elle se soit endormie, il se demanda comment il avait pu vivre sans elle.

Le lendemain, ils furent face à face, adultes aux yeux cernés, les traits tirés, exhalant cette odeur surette des corps qui se sont beaucoup aimés.

- Je t'aime. Je ne veux plus vivre sans toi.

Les larmes lui venaient aux yeux.

Julie se leva. Elle était épanouie, heureuse du bonheur que ressentent les femmes désirées.

- Je vais nous faire du café. Fort. Et je vais nous faire couler un bain. Non, ne te lève pas. Je vais t'apporter ton café au lit.

- Nous allons tout recommencer, Julie. Tout ce qui s'est passé, hors de nous deux, n'existe plus.

- Tais-toi. Tu es un enfant.

Mais l'après-midi, elle s'était laissé convaincre.

Il avait dit que peu d'êtres humains recevaient du destin une seconde chance. Que la plupart, s'ils se plaignaient de ne pas en recevoir, en avaient peur en réalité. Et qu'ils avaient le restant de leur vie pour le regretter. Eux, ils  n'allaient pas laisser passer cette occasion merveilleuse de retrouver leurs vingt ans. Elle ne pouvait pas le nier, ils étaient faits l'un pour l'autre. Leurs corps s'étaient enfin retrouvés.

Robert dit que c'était le destin qui l'avait poussé à assister à la commémoration. Il avait eu l'intention de ne pas venir. Il n'aimait pas les réunions d'anciens combattants. Il aurait pu se rendre directement à Deauville pour le festival du film américain. La boite pour laquelle il travaillait, une maison de distribution de films, avait des documents à faire signer à un producteur. Est-ce qu'elle connaissait Deauville ? Il lui présenterait des vedettes de cinéma. Ils visiteraient la région. Est-ce qu'elle avait déjà joué au casino ?

- Tu me soûles.

- Partons maintenant.

- Tout de suite?

- Tout de suite.

Pendant que Robert allait chercher sa voiture, elle emplit une petite valise de quelques vêtements. Elle se disait qu'elle en achèterait au fur et à mesure qu'elle en aurait besoin ou envie. Robert avait dit qu'il la voulait toute nue. Elle nageait en plein romantisme. Elle pensait, elle ne voulait pas penser. Comme lui, elle avait vingt ans.

Ils arrivèrent à l'hôtel à la tombée de la nuit. L'air avait fraichi. Ils marchèrent le long de la mer en se tenant par la main. Et, ils montèrent dans leur chambre sans dire un mot. Une véritable scène de cinéma, en vrai.

Ce fut un séjour, à proprement parler, inoubliable. Ils le pressentaient, ils s'en souviendraient toute leur vie tant il était différent de tout ce qu'ils avaient connu ou pourraient connaitre. Jean Renoir, le producteur américain que Robert devait rencontrer était d'origine française. Lors du diner auquel il les avait conviés, le vin aidant, Robert lui avait confessé leur aventure.

- C'est formidable. Une histoire formidable.

Durant sept jours, ils assistèrent à des projections, firent connaissance d'acteurs, participèrent à des soirées qui se prolongeaient tard dans la nuit. A croire que le monde du cinéma était devenu le leur. C'est fatigués, qu'ils montaient se coucher sans que leur appétit l'un de l'autre s'en trouvât diminué. Au contraire, l'excitation de leurs sens durant la journée, et la légère ivresse procurée par le vin, leur avait ôté toute inhibition. Le moindre attouchement, le plus tendre sous-entendu, relançait leur désir.

Lorsque le festival se termina et que soudain ils ne furent plus que deux, ils se sentirent soulagés. Finalement tout l'éclat de ces journées qui les avait plongés dans un monde merveilleux les avait séparés d'eux-mêmes. C'est d'eux-mêmes désormais, comme avant leur départ pour Deauville, qu'ils recevraient la grâce de s'aimer.

Ce sont les mots que Robert utilisa.

Le matin, avant que Julie ne se lève, il sortait pour marcher durant une heure le long de la mer. Lorsqu'il rentrait, elle l'attendait sur le lit, et ils s'aimaient. C'était une sorte de rituel qu'ils s'efforçaient d'instituer. Leurs corps, ainsi, auraient toujours cette exigence.

Mais ce jour-là, il n'y avait personne dans la chambre, et le lit avait été refait. Julie n'était pas dans la salle des petits déjeuners. Dans le hall, le concierge lui fit signe.

- Madame a demandé un taxi. Elle m'a dit de vous dire qu'il ne fallait pas vous inquiéter. Elle a laissé une lettre pour vous.

Julie lui disait qu'elle l'aimait, qu'elle l'aimerait toujours, et qu'elle n'oublierait jamais ces quelques jours.

- Je ne pouvais pas, tu comprends, mais je t'aimerai toujours.

C'est par ces mots, elle les avait soulignés de deux traits, qu'elle avait achevé sa lettre.

Il n'aurait pas du la laisser seule.

Certaines femmes sont comme des oiseaux. La présence de Robert lui avait servi de cage. Si on les perd de vue, ne serait-ce qu'un instant, elles s'échappent.

Cette certitude qui noue l'estomac parce qu'elle enchante et terrorise tout à la fois se nomme l'amour

 

Lire la suite...
administrateur théâtres

Insolite compagnie Biloxi ? Ou comment dynamiser, révéler et amplifier par une mise en scène et une scénographie étourdissantes, les textes les plus riches et les plus …insolites !  Ajoutez à cela,  la présence  magnétique  d’un Pietro Pizzuti immense dans  son  feu d’artifice d’affects à fleur de peau ...et vous aurez une idée de ce qui se passe sur scène, lors de la représentation du « Roi se meurt » d’Eugène Ionesco  au  théâtre des Martyrs en cette fin de saison. Très dommage d’ailleurs que ce spectacle ait été programmé si tard dans l’année car les sorties scolaires  autorisées  par les directions  d’écoles s’arrêtent souvent après  les vacances de Pâques!

 

Le texte est un tissu de thèmes, tous plus  satyriques  les uns que les autres. Il vise   la fragilité de la planète sur laquelle nous vivons, la relation à L’Autre,  les abus du pouvoir absolu et  les questions existentielles universelles. Ionesco, au seuil de la mort écrivit  cette pièce dans l’urgence pour tenter d’apprivoiser celle-ci. Il met en scène  le roi Bérenger qui règne depuis quelques  siècles et refuse formellement   d’accepter  l’annonce de sa fin prochaine, prévue dans une heure trente ici,  dans la salle du trône glaciale  de ce plateau, lui dit-on. Il se débat furieusement contre la fatalité et veut  s’accrocher aux quelques bribes de ce royaume qui s’amenuise de minute en minute, sous nos yeux. La vie, notre royaume ? La vie n’est-elle qu’un rêve ? Ou un catalogue de catastrophes naturelles dirigées par les astres ou par l’orgueil humain? « Il était une fois un roi très vieux et très puissant, qui commandait aux astres et aux hommes, qui avait fondé toutes les villes, inventé toutes les machines, écrit toutes les œuvres, et qui était si occupé qu’il avait fini par croire qu’il était immortel. » Au lieu d’un roi décrépi en barbe blanche, nous avons devant les yeux un comédien traversé par  une énergie solaire, les pulsions et les passions  qui est soudainement frappé à mort. Il rend son agonie est plus poignante que le solo d’un danseur de chez Béjart. Torse, nu, pieds nus et en jeans, il nous emmène dans une lutte paroxystique pour retenir la vie et échapper aux boues de la mort pour ensuite nous engager dans une inoubliable catharsis lorsqu’il accepte de plonger dans le fleuve de l’oubli.  

 

 Deux femmes qui l’aiment différemment lui prodiguent conseils et encouragements. L’une, la reine Marie (Anaïs Tossings), sa seconde épouse lui rappelle sans relâche son attachement amoureux  inconditionnel et les jeux futiles de l’amour, des bals et des plaisirs  dont il est si friand.  L’autre, la reine Marguerite, l’admoneste vertement et l’accuse de ne s’être jamais préparé à l’inévitable. Le jeu de l’actrice donne le frisson, au point de se demander si ce n’est pas la femme du diable ou carrément la mort qui règne sur la scène. Elle se fait profondément détestable et est accompagnée d’un ange de la mort non moins redoutable : une femme médecin et bourreau - exécutrice. Mystérieuses déesses de la mort, toutes deux conjurent pour qu’il accepte enfin la fatalité et se déleste enfin de ses illusions, une par une, lui indiquant sous leur doigts habiles et caressants le chemin de la raison et de la sérénité. Deux formidables comédiennes: Valérie Bauchau et Catherine Decrolier.  LE ROI SE MEURT - Compagnie Biloxi 48 -4.jpg

 1907286_748706138495014_4318273910373390151_n.jpg?width=336

On peut  aussi voir cette pièce aussi comme l’angoisse de la création pour l’écrivain qui, ne trouvant pas l’inspiration, s’endort et rêve qu’il meurt. Catharsis du lâcher prise et du renoncement, il se réveille …au paradis ?  Un paradis qui le fait se remettre joyeusement à écrire devant son ordinateur, entouré de ses livres et de sa chaîne HiFi , ayant  osé regarder en face  toutes ses chimères et ses angoisses.  

 

Dans Le roi se meurt, « Ionesco décrit une expérience intime et douloureuse : son agonie à la suite d’une longue maladie, à 53 ans. Écrite dans l’urgence en une dizaine de jours, la pièce a eu sur lui un effet thérapeutique. Drôle, sublime, profondément humain, cet inclassable chef-d’œuvre illumine tout le théâtre d’Ionesco par son étrange onirisme qui réussit à transmettre le choc intolérable de l’annonce d’une mort prochaine. Un texte aux résonances universelles.» Un texte porté par une splendide distribution et une mise en scène (Christine Delmotte) incontestablement riche de signifiés et toujours débordante d’une multitude de  détails inventifs qui transforme le comique en tragique immensément tragique.

Autour de PIETRO PIZZUTI : Béranger 1er, le Roi

Valérie Bauchau : La Reine Marguerite,  première épouse (morte ?) du roi Bérenger 1er

AnaïsTossings : La Reine Marie  deuxième épouse du roi Bérenger 1er

Catherine Decrolier : la doctoresse, chirurgienne, astrologue et bourreau de justice

Les manants:

Flora Thomas : Juliette  femme de ménage et Fabian Finkels, le garde

Jusqu’au 25 mai 2014 au


 THEATRE DE LA PLACE DES MARTYRS


Place des Martyrs 22  - 1000  Bruxelles


Infos Réservations : 02 / 223 32 08 

Lire la suite...

ATELIER MARCEL HASTIR

Rue du Commerce 51, 1000 Bruxelles (métro Trône)

Dimanche 1er juin 2014 à 19h00



Présentation du roman

Adolphe Nysenholc, 

« Bubelè l’enfant à l’ombre »

(1ère édition L’Harmattan, 2007 ; 2e édition Espace Nord, 2013. Postface de Rossano Rosi )



Un « beau livre » (Philippe Lejeune). « Criant de vérité » (Le Soir). « Attachant et drôle » (L’Arche).

L’auteur est aussi un des acteurs du film qui suivra la présentation du livre ;



et projection du film 

Qui dira le Kaddish 

(des Pavés pour la mémoire)

Film documentaire de 2013 (52’) de Marian Handwerker.

Le film attire l’attention sur une action mémorielle de type nouveau. Tourné de nos jours, dans les

quartiers des immigrés où vécurent les déportés de jadis, il développe un point de vue inédit dans

l’échange interculturel. Avec l’aide de l’AMS et de la FJB.



Réservations : ateliermarcelhastir@gmail.com

Entrée : 12 € (Enfants – 12 ans : 6 €)

Voir en plein écran

N.-B. Adolphe  Nysenholc est (entre autres) le grand spécialiste belge de l'oeuvre de Charlie Chaplin.

Son site: http://www.adolphe-nysenholc.be/

Au sujet de « Bubelè l’enfant à l’ombre » sur le réseau Arts et Lettres

Bubelè, couverture 1

Lire la suite...

Des larmes à la délivrance

12273012099?profile=original

Mes lèvres désespérées hurlent mon agonie à la surdité
d'une nuit qui s'empourpre de couleurs mystérieuses.
Du haut des cieux, tu réponds à l'écho
de mes strophes en déployant ta vénusté fragile
sur mes paupières rouges et douloureuses.
Ô impérieuse camarde, alors que tu dardes le souffle
froid de ton haleine sur la diaphanéité de mes larmes,
mon cœur périclite à l'éclat marmoréen de tes yeux.
Dans un dernier frisson nocturne,
l'esprit enfin délivré, mes lèvres devenues muettes
sourient d'une grâce apâlie à l'unique amour
rayonnant dans l'écheveau qui s'inscrit
au continuum nébuleux.

 

Nom d'auteur Sonia Gallet
recueil © 2014.

Lire la suite...

Je chantais ma joie à tue-tête

 

Soliloque

Tout événement historique

Porte une date inoubliable.

Qu'il fût heureux ou bien tragique,

À jamais semble mémorable.

Un jour, un mois et une année

Composent une date complète,

Peuvent conserver des données

Qu'il convient de garder en tête.

Anniversaires inévitables,

Causant des jours qui sont chômés,

Effet qui les rend agréables.

Bien peu nous semblent parfumés.

Les innombrables êtres humains,

Qui, de malheurs en dangers errent,

Ignorent les anniversaires,

Ils prient pour cesser d'avoir faim.

Or ceux qui ne sont pas piégés,

Qui vivent proches d'âmes chères,

Confiants, parfois protégés,

Les fêtent, heureux, à leur manière.

.

En jardinant, je pense à toi.

Dans deux jours ce sera ma fête.

Ô temps de merveilleux émois!

Je chantais ma joie à tue-tête.

J'ai conservé sur des photos

Tes bouquets faits de fleurs sauvages

Et tes souhaits écrits plus tôt,

Tes ardents et tendres messages.

19 mai 2014

 

 

 

Lire la suite...

Bâtard mal peigné JGobert

Je suis né chien errant. Je déambule chaque jour dans les rues de la ville, je dors à la belle étoile ou sous une porte cochère. Je trouve ma subsistance dans les poubelles bien fournies des restaurants ou des magasins. Nous sommes quelques uns à vivre de cette façon hors des normes et des règles. Je ne suis pas contrariant et j’aime mes pérégrinations journalières.

 Sur mon chemin, je visite ainsi plusieurs  décharges avant d’avoir la panse bien pleine et pouvoir m’allonger, les jours ensoleillés, à l’ombre d’un platane. A cette heure, la ville se repose et les cacophonies sont atténuées par une chaleur étouffante.

Je vis dans un endroit historique, à quelques pas du centre de la ville. L’arène se dresse, imposante,  cruelle, sanguinaire. Elle attend les réjouissances hebdomadaires des matadors et du combat contre le taureau aux yeux d’un noir minéral. Cette tradition, qui se déroule toujours selon des rites précis, est ancienne et laisse un grand nombre de gens enjoués à l’idée d’assister à ce spectacle pourtant d’un autre temps et qui attire néanmoins un public affligeant.

Pendant cette journée,  j’arrive à m’introduire facilement sous les gradins et je me cale pour observer les jeux du cirque. Je ne suis pas seul à regarder ce folklore qui parfois me soulève le cœur. J’entends les viva de la foule sous les éclaboussures.  Alors, je pars. Je quitte cette enceinte. Ce lieu sent la mort et il n’est pas bon de traîner ici. Je continue ma quête d’infortune.

Cela fait quelques jours que je croise une petite fille qui se promène, qui déambule  dans le parc. Je passe volontiers près elle. Je m’arrête pour la regarder près de la fontaine. Dans ce jardin verdoyant couvert de fleurs, la petite fille n’est pas seule.  Je sens en elle un sentiment étrange, une chose qui ne va pas, qui la rend triste. Au fil des jours,  j’apprends à lire dans ses yeux et dans son cœur. Parfois elle me sourit pour mieux me laisser percevoir cette inquiétude qui l’envahit. J’ignore ce que c’est.

A cet instant, dans un éclair, je vois un esprit, un génie qui attend, tapi dans un coin, que la nuit arrive. Sur la pointe des pieds, il se faufile, s’infiltre dans le sommeil de la fillette et, selon ces humeurs, le transforme en nuit réparatrice ou cauchemardesque.

Il prend possession de la petite tête blonde et l’associe aux songes de l’innocence et de l’inconscience. Il transforme les petites pensées de la fillette,  à peine endormie, ensommeillée.  A l’heure où tout est calme, où la plupart des hommes dorment, le pays des rêves est fait d’histoires douces, tendres, le monde des cauchemars s’enlaidit de songes funestes dans des méandres incontournables.

La petite fille vit une enfance compliquée et le repos est pour elle essentiel, mais c’est sans compter sur ce génie. Son rôle, parfois bienveillant ou cruel,  régente les nuits de la fillette. Elle sort blessée et estropiée  de ses nuits revivant des scènes inavouables.

Pauvre chien errant qui se prend pour un prince charmant et qui voudrait tant aider ce petit cœur dans la détresse. Il connait maintenant son angoisse et la vit avec elle.

Il n’y a que dans les contes écrits par les grandes personnes qu’un chien errant et une petite fille se rencontrent. Qui voudrait de ce bâtard mal peigné,  de ce prince désenchanté plein de bons sentiments ?

C’est sans compter sur le charme de l’écriture, de l’imagination qui donne un sens aux mots, aux sentiments et à la désespérance pour concéder une fin heureuse à cette histoire.

 JGobert.

 

Lire la suite...

Un suicide manqué.

 

Lorsqu’Hélène est morte, il avait demandé à René de dire à leurs amis qu’il ne souhaitait pas qu’ils assistent aux funérailles. Ni recevoir de lettres de condoléances. A l’exception de l’un d’entre eux dont la femme était morte d’un cancer quinze jours auparavant et incinérée deux jours plus tard.

Ce matin là, Pierre avait eu le sentiment d’assister à la répétition générale d’une pièce dans laquelle il ne tarderait pas à jouer un rôle. Il avait pleuré.

Depuis, il avait appris que trois mois plus tard Gilbert avait épousé sa secrétaire. Elle était sa maitresse depuis longtemps.

Une heure plus tard, le desservant  lui avait remis un galet qu’il ajouta à leur anneau de mariage, à un collier d’ambre qu’elle aimait et au morceau de pièce d’identité qui lui avait été remis la veille. Il voulait les conserver pour que, au delà du souvenir, il puisse rester une trace matérielle de leur union.  

Revenu chez lui il s’était étendu tout habillé sur le lit. Il voulait mourir. Il y avait dans l’armoire à pharmacie un grand nombre de médicaments sous forme de pastilles à avaler. En avaler une poignée d’un seul coup, lui avait-on dit un jour, pouvait assommer un bœuf. Mais tuer un homme ?

Se réveiller quelques heures plus tard, l’estomac barbouillé, le cerveau engourdi, vomissant peut être mais incontestablement vivant, il fallait bien le reconnaitre, ce n’était pas la solution.

Il était resté trois jours dans cette position larvaire sans se laver, sans se raser, sans se peigner. Au bout de trois jours, il avait ressenti un élancement à l’estomac mais ce n’était pas le symptôme de la mort, c’était celui de la faim. 

Il avait pris dans le frigo un morceau de pain, il l’avait décongelé et il l’avait mangé. Puis il s’était levé, il avait pris un bain, il s’était rasé soigneusement, et il était allé au supermarché pour acheter de quoi se nourrir.

Il avait aussi acheté un livre donc le titre était explicite : suicide, mode d’emploi. Vous avaliez un tube complet de barbituriques et il était probable que vous ne vous réveilliez plus. C’est le mot « probable » qui l’avait arrêté.

Il le constatait, il est plus simple de mourir à la suite d’une maladie incurable ou lors d’un grave accident.  Alors même que vous est laissé le choix du moment et de l’environnement, même les idées peuvent êtres exprimées par ceux qui aiment à se justifier, mourir de sa propre main était singulièrement difficile. Bien plus qu’on ne l’imagine dans les ténèbres de sa détresse.

Il se donna quelques jours pour réfléchir à la solution la plus adéquate.

Une autoroute passait à proximité de la maison sous le viaduc qu’il empruntait depuis des années. Juste après un virage en épingle à cheveux assez mal conçu à son sentiment. Il le répétait souvent : il fallait faire attention et ne pas rouler trop vite. Un moment d’inattention, une vitesse excessive, et vous pouviez franchir d’un bond le monticule sous lequel se trouvait le viaduc. Et vous retrouver sur l’autoroute, mais en quel état !

Pierre avait trouvé la solution. Boire un verre d’alcool de trop pour anesthésier le cerveau, puis fermer les yeux en appuyant à fond sur l’accélérateur. Il suffirait de quelques secondes pour dégringoler de vingt mètres, et s’écraser sur le bitume dans une voiture devenue un tas de ferraille. Il était soulagé.

Il ne faut pas trop trainer lorsqu’on à l’intention de se suicider. C’était la faute à Julie s’il n’avait pas mis son projet à exécution.

Julie était une de leurs amies. Hélène et elle avaient fait leurs études ensemble. Julie avait perdu son mari, un charmant garçon, lors d’un accident de chemin de fer. Il y avait eu trois morts, la presse n’en avait pas fait sa première page parce que c’était au moment des élections présidentielles américaines mais l’un d’eux était Albert, son mari.

Elle avait téléphoné le lendemain de l’incinération d’Hélène. Elle avait dit qu’elle avait compris, Pierre ne savait pas encore ce qu’elle avait compris mais elle souhaitait le voir. Il ne pouvait pas le lui refuser.

Pierre avait souvent pensé à Julie lorsque sa femme était vivante. Julie était séduisante. Depuis qu’elle était morte il avait cessé d’y penser. C’est Julie qui s’était rappelée à lui.

Quant à l’idée de suicide, de son suicide, elle se ramena soudain à une idée dont on débat avec sa conscience mais sans s’efforcer de la matérialiser. Et dont très vite, on ne débat plus : la vie continue.

Ce livre qu’il avait laissé ouvert à la page qui recommandait d’avaler un tube de barbiturique, il l’avait fermé et  rangé dans un tiroir. Ce virage à proximité de la maison dont le dessin lui semblait aussi tranchant et dangereux qu’une lame, il suffisait de faire preuve d’un peu de prudence avant de l’aborder. D’ailleurs il l’empruntait depuis plus de dix ans, quelque soit l’état de la route, et sans y penser.

Suicide ? C’était trop simple. Il fallait être stoïque et courageux. Accepter sans fléchir le sort que le sort vous réserve.

Le soir même après le coup de téléphone de Julie, il avait pris un bain, il s’était légèrement parfumé, il avait mis une tenue dont il savait qu’elle l’avantageait. Il s’était offert un double whisky pour se donner un coup de fouet. La nuit était tombée lorsqu’il était monté en voiture.

Une heure plus tard, il était dans le lit de Julie. Peut être n’y a-t-il pas de justice immanente ? Dieu doit détourner la tête.

C’est en rentrant chez lui aux premières lueurs de l’aube qu’il avait manqué le virage, et qu’il s’était écrasé sur l’autoroute.

 

Lire la suite...

12273022678?profile=original

Flamand la flamboyante

12273022481?profile=original

Barbara Y. Flamand est née à Marchienne-au-Pont, à une époque où les industries minières et sidérurgiques donnaient encore à la région ce caractère qui la fit appeler "Le Pays Noir". Les matins qui se lèvent sur les foules d'ouvriers se rendant au travail, les quartiers qui s'animent autour des maisons du peuple et des ducasses... Vie communautaire avec pour centre l'usine, et pour rayonnement la commune. Vie sociale et politique qui connut tous les ressacs et affrontements entre la classe ouvrière et le patronat.

La turbulence populaire devait imprégner l'enfant des corons que fut Barbara Y. Flamand.
Regarder c'est bien, mieux encore est de comprendre le mécanisme économique qui actionne toutes les composantes sociales, et de l'analyser sous l'angle de la réflexion critique. Théâtre, nouvelles, poèmes, essais, s'inscriront dans une remise en question fondamentale de notre monde. En témoigne son dernier essai, "L'autre sacré", d'abord traduit en tchèque et publié à Prague, ensuite dans sa langue originale par EPO, Bruxelles.

Son théâtre (dont peu de pièces furent jouées) offre un panorama du monde contemporain
et de ses conflits dans lesquels le destin individuel se fond dans le destin commun. Grave sans manquer d'humour, il ne se propose rien d'autre, en fin de compte, que de nous rappeler que la transformation du monde est notre affaire, et qu'il est urgent que la vie prenne un sens à travers cette oeuvre collective.

Toutefois, si la vision sociale est prégnante dans son oeuvre, elle s'élargit toujours -et quel que soit le genre- à une dimension poétique. L'homme n'est pas seulement un être social, il est aussi un être cosmique, animé d'un souffle qui le relie au Tout. Aussi, dans ces poèmes politiques qui prennent souvent une forme épico-lyrique, les souffrances, les luttes, les défaites ou victoires des démunis ne sont pas vues seulement sur le terrain où se passent les événements, mais dans le cadre des éléments naturels, des plus inaccessibles aux plus familiers, et ils portent dans leur retentissement un écho des souffrances et espoirs universels. C'est particulièrement vrai pour "La longue mémoire" (sur l'Amazonie et l'Indien) et "La colombe poignardée" (la chute de l'Unité Populaire sous Allende).

La condition humaine ne s'accomplit pas seulement dans une trajectoire historique.
Barbara Y. Flamand fait la part du vécu, à la fois avec lucidité et romantisme.

Solitude et amertume sont ressaisis dans la tendresse. L'Eros est présent, avec violence, parfois, et provocation ("Sex subvertion"). L'amour prend toutes les formes et, notamment, celle de la fraternité. De ce tempérament mobile, naît une diversité que soutient une revendication véhémente à la justice et au bonheur.

Cette mobilité se retrouve dans ses nouvelles. "Les métamorphoses insolites", traduites en tchèque et publiées à Prague, ont toutes un moteur poétique qui est merveilleux. Pas un
merveilleux anodin, celui-ci est traversé par un souci existentiel et, quand il n'est pas prétexte à la critique de notre monde, c'est du quotidien même qu'il se dégage. "Les vertiges de l'innocence", anti-conventionnelles, licencieuses et faisant surgir l'étrange de l'érotisme, ont également été traduites en tchèque et publiées à Prague. Bon nombre de nouvelles, d'ailleurs, libèrent le fantastique dans le vécu, dérivant tantôt vers l'humour, tantôt vers la satire, formes dont elle use dans son théâtre, comme dans ce dernier recueil de poèmes, paru en tchèque et ensuite en français "Les confessions de l'Ogre planétaire".


Barbara Flamand: bibliographie (jusque 1999)

12273023263?profile=original

POEMES

...écrasés sous pneus de jaguar, P. J. Oswald, Honfleur, 1968.

Notre mal est si profond, Henri Fagne, Bruxelles, 1971,

Les poings sur les ... i, Henri Fagne, Bruxelles, 1973

argile et de bulle, Arcam, Paris, 1976

Sous le regard des statues, Arcam, Paris, 1979

La part de l'ombre, Arcam, Paris, 1981

La colombe poignardée, PAC, Bruxelles, 1986

Le coeur fertile, L'Arbre à Paroles, Amay, 1986

La longue mémoire, suivi de Arthur ou l'amoureux séditieux, L'Arbre à Paroles, Amay,
1992

La vie dans tous ses états, L'Arbre à Paroles, Amay, 1995

Les confessions de l'Ogre planétaire, EPO, Bruxelles et Onyx, Prague, 1999

Les mauvais esprits et Le crocodile vert, Ed. Onyx, Prague, 2001

Nouvelles, contes, récits:

La 5.381ème offre, GAE, Bruxelles, 1982.

Lisa ou la terre promise, GAE, Bruxelles, 1983.

Chéri, Magie Rouge, 1993.

L'autre vie, suivi de L'hymen enchanté, Chouette Province, Service du Livre
Luxembourgeois, Marche-en-Famenne, 1999.

Essais:

La dissolution du moi, La Dryade, Virton, 1987

L'autre sacré, EPO, Bruxelles/Onyx, Prague, 1998


Publications étrangères:

Poèmes:

Les témoins de l'apocalypse (titre français: Sous le regard des statues, traduction tchèque,
Onyx, Prague, 1997

La confession de l'Ogre planétaire, traduction tchèque, Future/Onyx, Prague, 1998

Ce recueil a été retenu dans la sélection des livres de l'année 1998 parue dans Umeni a
kritika (Art et critique).

D'argile et de bulle, traduction tchèque, Onyx, Prague, sortie prévue pour mars 2000.

Nouvelles, contes, récits:

Les métamorphoses insolites, traduction tchèque, Onyx, Prague, 1994

Les vertiges de l'innocence, traduction tchèque, Onyx, Prague, 1998

Essai:

L'autre sacré, traduction tchèque, OREGO, Prague, 1997

Théâtre:

Le rescapé, pièce jouée au festival du théâtre d'Ithaque en 1976.

Le poubellier, en lecture spectacle à l'Atelier Ste Anne en 1978.
Epsilon, diffusion à la RTBF en 1978.

Un chien pour Betty, diffusion dans le répertoire de Lucien Attoun, France Culture, 1979.

La fiancée, Théâtre du Méridien en 1984.

Sacristi Stumac, lecture spectacle à la Bibliothèque provinciale de Liège, 1986, traduite en
tchèque.

Autres pièces:

L'homme en marge

La révolte des croisés

Viva cristo guérillero ou le onzième commandement

La citoyenne Nele ou le nouveau féminin

Vies parallèles

La locataire du Gadou

La dérisoire épopée de Jo

De quoi est-il question?

Ferme tes jolis yeux

Un témoin

Le Maître

Publication de poèmes, de nouvelles, d'articles dans diverses revues d'expression
française:

"Marginales" (Direction A. Aygueparse), "La Revue Générale", "La Dryade",
"Caractères", "Phantomas", "Hara Kiri", "Phréatique", "Ecritures", "Magie Rouge", "Les
cahiers du Midi", "Hainaut Tourisme", "L'Arche d'Ouvèze", "L'arme de l'écriture", XYZ
(Québec)...

Dans les revues et journaux tchèques:

"Svetona Literatura" (littérature mondiale), "Nache Rodina" (Notre famille), "Halo
Noviny" (Allo journal), "Levicové Noniny" (Nouvelles de demain) "Obrys" (Esquisse).

Deux articles de fond, parus dans SABAM Magazine:

"La poésie a-t-elle un avenir? (N° de juin, juillet, août 1996) et
"L'écriture au futur" (N° de janvier, février, mars 1998), sont très révélateurs de l'optique
de Barbara Y. Flamand sur la littérature: son essence, sa nécessité, sa fonction; sur le rôle
et la responsabilité de l'écrivain.

B. Y. Flamand collabore régulièrement au journal littéraire "La Cigogne".

                                                                       

N.-B.: à suivre

Robert Paul

Lire la suite...

Librairie "Quartiers latins"

Place des Martyrs 14

1000 Bruxelles

Elskamp, enfin

L'affiche (Collection Robert Paul

La poésie de Max Elskamp brille comme un soleil voilé dans le ciel de la Belgique fin-de-siècle. Eclat des sonorités claires, musicales, aériennes. Vers taillés comme des comptines populaires, à murmurer à mi-voix. Depuis Villon, la langue française n’avait plus connu ni ce cristallin ni ce désespoir.

Plus de quatre-vingts ans après sa disparition, l’ombre mélancolique de l’ascète reclus dans sa grande demeure anversoise, aux murs austères, étrangement perméables pourtant aux peines laborieuses de la ville, à son souffle marin, à ses joies trop fragiles et ses trop gros chagrins continue de nous hanter, bien au-delà du drame qui le conduira à ces Effigies dans lesquelles le poète à la dérive fige la musicalité qui l’a fait vivre jusqu’alors (...).
Notre temps avide d’authenticité salvatrice sera-t-il plus clément au plus secret, au plus fragile des poètes belges de langue française ? Celui dont Julos Beaucarne fit percevoir toutes les potentialités. Celui qui se donne à voir et à entendre dans le cadre d’une librairie qu’il eût aimée.

De l’imagier épris des traditions à l’exilé éperdument humain, poète de l’infinie élévation dans le chant, l’exposition "Elskamp, enfin" espère faire toucher ce qui précisément, en ses œuvres, cherche à transcender la matière. Jusqu’au silence de la voix frappée par le déclin mental.

(Véronique Jago-Antoine et 
Marc Quaghebeur)

Le Vernissage fut donné le jeudi 17 janvier à 19 h, avec la présence exceptionnelle de Julos Beaucarne accompagné par le guitariste Patrick De Schuyter.

12273015496?profile=original

12273015696?profile=original

12273017055?profile=original

12273017093?profile=original12273017501?profile=original12273018260?profile=original12273018471?profile=original12273018860?profile=original12273019653?profile=original12273019670?profile=original12273020455?profile=original12273020476?profile=original12273020296?profile=original12273021091?profile=original

12273021893?profile=original12273022277?profile=original12273022298?profile=original

Max Elskamp sur le réseau arts et lettres

Lire la suite...

liberté,

 

Liberté, liberté chérie,

ne point marcher sur toi,

mais contre toi, près de toi ;

chacun de nos pas

 aura alors la légèreté

 verte ou bleue de l'air,

par la mer

ou les arbres prodiguée !

Liberté, liberté chérie,

ne point marcher sur toi,

mais contre toi, près de toi ;

chacun de nos mots aura

alors le charisme naturel

de ton infinitude blanche

et chaude !

Liberté, liberté chérie,

c'est de toi,

de ton ventre immatériel et rond,

que je suis née au fond !

Ton alphabet multicolore

n'a point de fin,

ni ton monde !

 

 

Lire la suite...

Un amour d'occasion.

Lorsqu’elle est venue chez moi, elle savait que nous ferions l’amour ce jour-là. C’était un dimanche après-midi. Elle est revenue le lendemain et depuis nous avions pris l’habitude de nous retrouver tous les lundis.

Au début de ce qui allait devenir notre liaison je ne l’attendais pas à proprement parler. Je savais seulement qu’elle viendrait. Parfois à trois heures, parfois plus tard, selon un emploi du temps qu’elle répartissait minutieusement avant de quitter son domicile.

Quant à moi, sa venue faisait partie des évènements ordinaires qui faisaient la substance de ma vie quotidienne d’alors. A cette époque, ma femme était morte  depuis près d’un an, tous les évènements avaient la même coloration, celle de certains films muets à la technique imparfaite où toutes les images se suivent sans que l’une plus que l’autre ne retienne l’attention.

Avant de venir elle téléphonait. Elle disait :

- C’est moi. Tu es libre ? Je serai chez toi dans un quart d’heure.

J’étais toujours libre. Et elle était toujours chez moi un quart d’heure plus tard.

Nous nous mettions au lit dès qu’elle arrivait. Ensuite je me rhabillais rapidement tandis qu’elle se rendait dans la salle de bain.

- Tu ne m’as jamais demandé si je me sentais bien, m’a-t-elle demandé un jour. C’est comme si tu faisais l’amour tout seul.

Elle avait raison. J’apaisais une soudaine tension de mon corps mais j’aurais pu tout aussi bien m’en passer. Ou le faire avec une autre. Avec elle, c’est vrai, c’était mieux : je ne sortais pas de chez moi, je ne sortais pas de moi-même.  

Un jour, son mari lui avait téléphoné, elle ne savait d’où, et ce détail l’avait longtemps préoccupé comme s’il pouvait expliquer quelque chose de plus, il lui avait dit : je pars, et elle avait compris aussitôt qu’il se séparait d’elle. Peut être que l’intuition féminine, c’est de s’attendre toujours au pire ?

C’était une jolie femme riante et sensuelle. Elle aimait plaire et elle excitait les regards et les corps. Peut être que le regard des hommes lui donnait le sentiment d’exister ? 

A partir de ce jour-là cependant ses joues si pleines et si lisses se creusèrent. Regarde, disait-elle, j’ai des rides là. Un soir, avant de me quitter, elle m’a demandé de l’accompagner à Paris.  

- Je m’occuperai de l’hôtel, dit-elle.

J’ai souri.

-Tu es une femme très organisée. Tu sais tout faire.

Je l’avais accompagnée à sa voiture.

- Embrasse-moi. Je t’apprendrai à vivre à nouveau.

Elle aurait dû rester, ce soir-là. Lorsqu’elle est partie je me suis senti seul pour la première fois depuis la mort de ma femme, et sur le lit encore défait c’est son odeur que j’ai cherché. Pour en retenir la chaleur, j’ai posé la main sur l’endroit que son corps avait occupé. 

- Tu m’aimes ? Lorsqu’elle m’a posé la question je suis resté silencieux. Je ne savais pas ce qu’il fallait répondre, je suppose que c’est parce que je ne l’aimais pas d’amour. Mais est-ce qu’on sait ce que c’est que l’amour ?

Désormais, elle venait aussi le dimanche et elle restait de plus en plus tard. Avant de venir, elle me téléphonait pour me dire qu’elle avait pu se libérer ou, quand elle ne venait pas, pour me dire qu’elle n’avait pas pu le faire.

Le soir, elle téléphonait pour dire qu’elle était bien rentrée ou pour savoir ce que j’avais fait de ce dimanche sans elle ? Je répondais : rien, parce qu’il ne se passait rien lorsqu’elle ne venait pas.

Nous nous retrouvions presque tous les jours. Sous n’importe quel prétexte, je me rendais chez elle. A l’exception du lundi et du dimanche où c’est elle, toujours, qui venait chez moi.

Généralement, j’arrivais vers midi, elle avait préparé de quoi déjeuner et nous mangions ensemble. . A la fin du repas, elle rangeait la vaisselle et, en se tournant vers moi, elle disait :

- Tu viens !

Je la suivais en lui tenant la main ou en posant la mienne sur sa hanche. La chambre se trouvait à l’étage. Après avoir soulevé le couvre-lit, elle allait se déshabiller dans la salle de bain pendant que je disposais soigneusement mes vêtements sur un siège. Puis je m’étendais sur le lit.

Quelques instants plus tard, elle apparaissait nue, une serviette à la main, et sans dire un mot elle se glissait sous les draps.

De plus en plus cependant, j’éprouvais le sentiment d’être l’objet d’une étrange distorsion du temps. La semaine se partageait en deux parties distinctes. L’une m’intégrait peu à peu, ordinaire et paisible, dans sa vie quotidienne, l’autre dans l’isolement de ma maison se déployait dans la fièvre et le malaise.

Nous restions au lit de plus en plus longtemps. Même après nous être aimés nous attendions à nouveau cette faim qui venait de nos ventres, et s’il nous arrivait de nous lever, nous nous couvrions à peine. Nos corps, comme s’ils étaient devenus notre sexe commun étaient l’objet douloureux de notre attente. Et la nuit, après son départ, j’avais envie d’elle encore.     

Ce qu’elle a qualifié plus tard de notre liaison durait depuis près de six mois. Un jour elle m’a téléphoné pour me dire qu’elle ne savait pas à quelle heure elle viendrait, et qu’il se pouvait qu’elle ne vienne pas du tout.

- Tu n’auras qu’à téléphoner.

Elle ne savait pas, a-t-elle dit, si elle pourrait me téléphoner pour me dire s’il fallait que je l’attende ou non. J’ai répondu que ça n’avait pas d’importance, que nous nous verrions le lendemain mais ma voix s’était faite véhémente et je répétais qu’on pouvait toujours trouver le temps de téléphoner.

- Je te dis que je ne sais pas si je pourrai le faire. D’ailleurs, je t’en ai parlé.

Sa voix était calme, pas plus froide qu’en d’autres circonstances où nous nous étions opposés. Peut-être moins.

- Mais pourquoi ?

Il me semblait soudain que cette question était la question capitale de ma vie.

- Pourquoi ? Pourquoi ?

J’étais sûr qu’elle hésitait et que si j’insistais, elle ne pourrait pas résister.

- En tout cas, je t’attendrai.

Je l’ai attendue comme je l’attendais tous les lundis mais je savais qu’elle ne viendrait pas. J’étais accoudé à la table de la cuisine, la porte du bureau était ouverte, c’est là que se trouvait le téléphone.

En réalité, je ne m’attendais pas à ce qu’il sonne et j’aurais pu tout aussi bien fermer la porte mais ce soir-là il était une partie de moi-même, et il m’était aussi nécessaire que chacun de mes membres pour m’aider à résister à cette étrange sensation que j’avais de ne plus exister.

De quoi donc m’avait-t-elle parlé à quoi je n’avais pas prêté suffisamment d’attention? Pourtant, elle me racontait tout dans les moindres détails. Même si son récit n’avait jamais de continuité apparente, souvent en l’écoutant j’avais l’impression de l’avoir accompagnée toute la journée jusqu’au moment où elle sonnait à ma porte.

Je ne parvenais pas à m’en souvenir. Pourtant, je le vois bien aujourd’hui, tout était important de ce qu’elle me disait. Elle a dû me dire, mais je ne l’avais pas entendu, que l’incohérence est l’ordre de la vie.

 

Lire la suite...

Idylle,

 

Notre relation est pleine de grâce,

légère et profonde à la fois.

Un genre d'amour courtois

vertigineux et bleu,

dont notre monde en est le toit.

Un doux chaos !

La poésie lorsqu'elle est partagée,

est donneuse de vie.

Aujourd'hui,

 je me sens plus vivante qu'hier,

ma vie je la trouve plutôt belle,

avec se mélange de clairs et  d'obscurs.

Le "vous" est l'élégance,

en même temps que "la proximité non abusive"

du "tu" !

Ne trouvez-vous pas ?

NINA

 

 

Lire la suite...
administrateur théâtres

12273023857?profile=original12273024068?profile=originalDu 24 avril au 24 mai 2014 au théâtre du Parc

Made in China de Thierry Debroux

 Par ordre alphabétique : Sophie DESCAMPS (Lisa), Eric DE STAERCKE  (Jean-Pierre), Itsik ELBAZ(Philippe), Fanny DUMONT(Sophie), Adrien DRUMEL (Nicolas), tous excellents.

Cinq dégustations étoilées de comédiens confirmés attendent le spectateur dans  la création de Thierry Debroux, une pièce d’une écriture provocante et d’une facture très enlevée et à la fois, très proche du vécu : C’est « Made in China ». In China seulement ? Ou globalement,  pour l’ensemble de la planète ? N’attendez  nulle  générosité,  ou convivialité : les personnages évoluent « dans un livre qui a commencé à être écrit en Europe et dont le dernier chapitre s’écrit en Chine. » C’est une analyse sans concessions de l’évolution contemporaine du capitalisme et de son implacable dérive, à moins que  nous ne corrigions cette évolution.

12273024464?profile=originalLa voie du Milieu, le Tao devrait être  celle de la sagesse, mais qui, à l’heure actuelle, se préoccupe encore d’être sage ? Ici c’est la rage arriviste qui prévaut à tous niveau, le péché capital de  convoitise ; GREED, disent les anglais. Thierry Debroux met en scène une société irresponsable et déréglée qui fait fi de l’humain, seule sa productivité sans bornes importe. Même les sages préceptes de Confucius sont mis à profit et détournés de leur vérité.  Une  femme glaciale et blonde. Lisa « call me Lisa » totalement maîtresse du jeu, va organiser une véritable guerre des nerfs. Elle  annonce à trois cadres supérieurs qu’ils vont être soumis à  une semaine de tests  individuels et collectifs afin de choisir celui qui, possédant « les meilleurs qualités d’adaptation au changement et à un monde inconnu », occupera un poste  fort convoité à Shanghai. Les trois hommes ont PEUR et d’hommes libres, ils vont devenir esclaves.12273025081?profile=original

Il y a Nicolas, un jeune loup aux dents longues, Philippe, un stressé de la mort (qui tue) et Jean-Pierre, « un homme qui n’a jamais fait son âge », pourvu d’une grande expérience. Les personnages sont  à la fois très typés et  bien nuancés, au sein d'une intrigue socio-économique d’une cruauté  qui n’est pas sans rappeler le film « On achève bien les chevaux *». Le suspense est omniprésent, tout autant que le traitement paradoxalement multi-comique, de la situation. Un procédé qui  a pour effet de rehausser le caractère  tragique du ballet qui va se dérouler.

Parfois la révolte gronde mais les  lâchetés, trahisons, bassesses en tout genre, ou les  hypocrites soumissions, sont les piètres moyens utilisés par ces hommes affolés pour accéder à la reconnaissance et à la promotion. La trouille fait accepter n’importe quoi. Sophie DESCAMPS incarne  magnifiquement  Lisa, le personnage de DRH dont  les méthodes  participent du  harcèlement moral et/ou sexuel...  On assiste, effarés,  au broyage méticuleux  des candidats, enfermés  dans le piège de la compétition. Par d’hypocrites flatteries ou de pénibles dévalorisations, Lisa les déstabilise  avec un cynisme débridé et les  manipule les uns après les autres. Ses chantages successifs ont toutes les chances de réussir  car elle connait tout de leur vie privée, exploitant chaque faille à la limite du sadisme. Elle a engagé pour la seconder, leur collègue et amie Sophie qui connait tout d’eux, ou presque. Sophie, heureuse d’éviter le licenciement virant totalement de bord, se calibre sur Lisa et va noter scrupuleusement paroles, faits et gestes de chaque candidat. Le personnage est très bien étudié et ...l’histoire se complique. A vous d’aller l’apprécier, cela vaut vraiment le détour ! La mise en scène et la scénographie, très intelligentes,  sont signées Peggy THOMAS et Vincent BRESMAL.

«* They shoot horses, don’t they ? »

http://www.theatreduparc.be/spectacle/spectacle_2013_2014_005

Lire la suite...
RSS
M'envoyer un mail lorsqu'il y a de nouveaux éléments –

Sujets de blog par étiquettes

  • de (143)

Archives mensuelles