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Bâtard mal peigné JGobert

Je suis né chien errant. Je déambule chaque jour dans les rues de la ville, je dors à la belle étoile ou sous une porte cochère. Je trouve ma subsistance dans les poubelles bien fournies des restaurants ou des magasins. Nous sommes quelques uns à vivre de cette façon hors des normes et des règles. Je ne suis pas contrariant et j’aime mes pérégrinations journalières.

 Sur mon chemin, je visite ainsi plusieurs  décharges avant d’avoir la panse bien pleine et pouvoir m’allonger, les jours ensoleillés, à l’ombre d’un platane. A cette heure, la ville se repose et les cacophonies sont atténuées par une chaleur étouffante.

Je vis dans un endroit historique, à quelques pas du centre de la ville. L’arène se dresse, imposante,  cruelle, sanguinaire. Elle attend les réjouissances hebdomadaires des matadors et du combat contre le taureau aux yeux d’un noir minéral. Cette tradition, qui se déroule toujours selon des rites précis, est ancienne et laisse un grand nombre de gens enjoués à l’idée d’assister à ce spectacle pourtant d’un autre temps et qui attire néanmoins un public affligeant.

Pendant cette journée,  j’arrive à m’introduire facilement sous les gradins et je me cale pour observer les jeux du cirque. Je ne suis pas seul à regarder ce folklore qui parfois me soulève le cœur. J’entends les viva de la foule sous les éclaboussures.  Alors, je pars. Je quitte cette enceinte. Ce lieu sent la mort et il n’est pas bon de traîner ici. Je continue ma quête d’infortune.

Cela fait quelques jours que je croise une petite fille qui se promène, qui déambule  dans le parc. Je passe volontiers près elle. Je m’arrête pour la regarder près de la fontaine. Dans ce jardin verdoyant couvert de fleurs, la petite fille n’est pas seule.  Je sens en elle un sentiment étrange, une chose qui ne va pas, qui la rend triste. Au fil des jours,  j’apprends à lire dans ses yeux et dans son cœur. Parfois elle me sourit pour mieux me laisser percevoir cette inquiétude qui l’envahit. J’ignore ce que c’est.

A cet instant, dans un éclair, je vois un esprit, un génie qui attend, tapi dans un coin, que la nuit arrive. Sur la pointe des pieds, il se faufile, s’infiltre dans le sommeil de la fillette et, selon ces humeurs, le transforme en nuit réparatrice ou cauchemardesque.

Il prend possession de la petite tête blonde et l’associe aux songes de l’innocence et de l’inconscience. Il transforme les petites pensées de la fillette,  à peine endormie, ensommeillée.  A l’heure où tout est calme, où la plupart des hommes dorment, le pays des rêves est fait d’histoires douces, tendres, le monde des cauchemars s’enlaidit de songes funestes dans des méandres incontournables.

La petite fille vit une enfance compliquée et le repos est pour elle essentiel, mais c’est sans compter sur ce génie. Son rôle, parfois bienveillant ou cruel,  régente les nuits de la fillette. Elle sort blessée et estropiée  de ses nuits revivant des scènes inavouables.

Pauvre chien errant qui se prend pour un prince charmant et qui voudrait tant aider ce petit cœur dans la détresse. Il connait maintenant son angoisse et la vit avec elle.

Il n’y a que dans les contes écrits par les grandes personnes qu’un chien errant et une petite fille se rencontrent. Qui voudrait de ce bâtard mal peigné,  de ce prince désenchanté plein de bons sentiments ?

C’est sans compter sur le charme de l’écriture, de l’imagination qui donne un sens aux mots, aux sentiments et à la désespérance pour concéder une fin heureuse à cette histoire.

 JGobert.

 

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Commentaires

  • Merci Marie-Jo pour ton passage

    Amitiés

    josette

  • C’est avec un réel plaisir que j’ai lu votre texte Sandra et je vous en remercie. Le monde est encore trop plein d’incompréhension et de barrières de toutes sortes. Il s’appauvrit de jour en jour et n’arrive plus à discerner le vrai. L’important est caché dans les petites choses de la vie. Certaines personnes font tout rendre ce monde inhumain. Les étoiles que l’on trouve encore sont parfois prêtes à s’éteindre.  Il faut garder de la détermination pour mettre un bon coup de pied dans l’indifférence et ne pas avoir peur de réveiller celui qui se laisse mystifier par des paroles vaines. Merci de votre discernement.

     Amitiés Josette

  • Merci Nicole. J’ai aussi une grande tendresse pour les petits chiens dit «  bâtards », mais bâtard pour qui veut bien. Après tout, ca n’existe plus que dans certaines têtes. Mon petit chien errant est super malin et d’une grande bonté. Et c’est le principal

    Excellente journée Nicole.

    Amitiés

    Josette

  • Une petite merveille !! Merci de ce bon moment de lecture , Josette !  J'ai une tendresse particulière pour les chiens qualifiés de " bâtards " ,  ils sont les heureux fruits, pour la plupart, d'une histoire d'amour née sur les trottoirs ... j'ai eu le bonheur d'accueillir  plusieurs d'entre eux chez nous... ils sont souvent très malins , ont des attitudes hilarantes, des comportements adorables, une fidélité que l'on pourrait croire gravée dans le souvenir de leur adoption,   et laissent un trou béant dans le cœur , quand ils achèvent leur parcours...  Il y a eu Guss, puis Vic, ... nul doute qu'il y en aura d'autres...

    Belle journée créative ! Amitié,Nicole 

  • Merci Nicole pour votre commentaire.  Le premier pas est toujours le plus difficile . Ensuite tout est facile si on s'en donne la peine.

    Excellente journée

    Amicalement

    Josette

  • Bonjour Rolande,

    J'ai assisté aussi à une corrida et je n'en ai pas gardé un mauvais souvenir. C'était il y a longtemps. Peut-être qu'aujourd'hui, j'aurai une autre réaction contre ce combat un peu inégal.

    Bonne soirée

    Josette

  • Il y a un zeste de la Belle et la Bête dans ce conte mélancolique.

    Dans les regards croisés les paroles sont superflues et le langage du cœur se faufile bien au-delà des paroles.

    Les yeux sont révélateurs, ils parlent le langage de l'âme : bonté ou méchanceté, amour ou haine ....

    C'est sans doute la raison pour laquelle peu de gens supportent avec aisance un regard rivé dans le leur.

    Vous allez sursauter sans doute : j'ai assisté il y a longtemps à un spectacle de corrida ; j'ai aimé ..... Le Minautore fait partie de notre culture. Que penser de tous ces pauvres animaux parqués dans des couloirs de la mort dans des conditions déplorables ? Que l'on emmène ensuite aux abattoirs où ils font la file en  attendant d'être exécuté ?

    Un débat sans fin .... Bonne soirée. Rolande.

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