Insolite compagnie Biloxi ? Ou comment dynamiser, révéler et amplifier par une mise en scène et une scénographie étourdissantes, les textes les plus riches et les plus …insolites ! Ajoutez à cela, la présence magnétique d’un Pietro Pizzuti immense dans son feu d’artifice d’affects à fleur de peau ...et vous aurez une idée de ce qui se passe sur scène, lors de la représentation du « Roi se meurt » d’Eugène Ionesco au théâtre des Martyrs en cette fin de saison. Très dommage d’ailleurs que ce spectacle ait été programmé si tard dans l’année car les sorties scolaires autorisées par les directions d’écoles s’arrêtent souvent après les vacances de Pâques!
Le texte est un tissu de thèmes, tous plus satyriques les uns que les autres. Il vise la fragilité de la planète sur laquelle nous vivons, la relation à L’Autre, les abus du pouvoir absolu et les questions existentielles universelles. Ionesco, au seuil de la mort écrivit cette pièce dans l’urgence pour tenter d’apprivoiser celle-ci. Il met en scène le roi Bérenger qui règne depuis quelques siècles et refuse formellement d’accepter l’annonce de sa fin prochaine, prévue dans une heure trente ici, dans la salle du trône glaciale de ce plateau, lui dit-on. Il se débat furieusement contre la fatalité et veut s’accrocher aux quelques bribes de ce royaume qui s’amenuise de minute en minute, sous nos yeux. La vie, notre royaume ? La vie n’est-elle qu’un rêve ? Ou un catalogue de catastrophes naturelles dirigées par les astres ou par l’orgueil humain? « Il était une fois un roi très vieux et très puissant, qui commandait aux astres et aux hommes, qui avait fondé toutes les villes, inventé toutes les machines, écrit toutes les œuvres, et qui était si occupé qu’il avait fini par croire qu’il était immortel. » Au lieu d’un roi décrépi en barbe blanche, nous avons devant les yeux un comédien traversé par une énergie solaire, les pulsions et les passions qui est soudainement frappé à mort. Il rend son agonie est plus poignante que le solo d’un danseur de chez Béjart. Torse, nu, pieds nus et en jeans, il nous emmène dans une lutte paroxystique pour retenir la vie et échapper aux boues de la mort pour ensuite nous engager dans une inoubliable catharsis lorsqu’il accepte de plonger dans le fleuve de l’oubli.
Deux femmes qui l’aiment différemment lui prodiguent conseils et encouragements. L’une, la reine Marie (Anaïs Tossings), sa seconde épouse lui rappelle sans relâche son attachement amoureux inconditionnel et les jeux futiles de l’amour, des bals et des plaisirs dont il est si friand. L’autre, la reine Marguerite, l’admoneste vertement et l’accuse de ne s’être jamais préparé à l’inévitable. Le jeu de l’actrice donne le frisson, au point de se demander si ce n’est pas la femme du diable ou carrément la mort qui règne sur la scène. Elle se fait profondément détestable et est accompagnée d’un ange de la mort non moins redoutable : une femme médecin et bourreau - exécutrice. Mystérieuses déesses de la mort, toutes deux conjurent pour qu’il accepte enfin la fatalité et se déleste enfin de ses illusions, une par une, lui indiquant sous leur doigts habiles et caressants le chemin de la raison et de la sérénité. Deux formidables comédiennes: Valérie Bauchau et Catherine Decrolier.
On peut aussi voir cette pièce aussi comme l’angoisse de la création pour l’écrivain qui, ne trouvant pas l’inspiration, s’endort et rêve qu’il meurt. Catharsis du lâcher prise et du renoncement, il se réveille …au paradis ? Un paradis qui le fait se remettre joyeusement à écrire devant son ordinateur, entouré de ses livres et de sa chaîne HiFi , ayant osé regarder en face toutes ses chimères et ses angoisses.
Dans Le roi se meurt, « Ionesco décrit une expérience intime et douloureuse : son agonie à la suite d’une longue maladie, à 53 ans. Écrite dans l’urgence en une dizaine de jours, la pièce a eu sur lui un effet thérapeutique. Drôle, sublime, profondément humain, cet inclassable chef-d’œuvre illumine tout le théâtre d’Ionesco par son étrange onirisme qui réussit à transmettre le choc intolérable de l’annonce d’une mort prochaine. Un texte aux résonances universelles.» Un texte porté par une splendide distribution et une mise en scène (Christine Delmotte) incontestablement riche de signifiés et toujours débordante d’une multitude de détails inventifs qui transforme le comique en tragique immensément tragique.
Autour de PIETRO PIZZUTI : Béranger 1er, le Roi
Valérie Bauchau : La Reine Marguerite, première épouse (morte ?) du roi Bérenger 1er
AnaïsTossings : La Reine Marie deuxième épouse du roi Bérenger 1er
Catherine Decrolier : la doctoresse, chirurgienne, astrologue et bourreau de justice
Les manants:
Flora Thomas : Juliette femme de ménage et Fabian Finkels, le garde
Jusqu’au 25 mai 2014 au
THEATRE DE LA PLACE DES MARTYRS
Place des Martyrs 22 - 1000 Bruxelles
Infos Réservations : 02 / 223 32 08
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Infos / réservations: 02 761 60 30
Durée: 1h35
Distribution: avec : P. Pizzuti, V. Bauchau, C. Decrolier, A. Tossings, F. Finkels, F. Thomas m.e.s et scénographie : Ch. Delmotte direction technique et éclairage : N. Borlée vidéo : C. Cereghetti collaboration scénographique : N. Vanheste assistante m.e.s : A. Giolo régie : B. Smit régie plateau : C. Mallet coordination : Ch. Dumont stagiaires : M. Gevrey, L. Gysen, M. Ghaye, E. Gyselinck, J-F Roland et C. Celorio production : Compagnie Biloxi 48 aide : Commission Communautaire française, Fédération Wallonie-Bruxelles / Ministère de la communauté française, Direction générale de la Culture, Service Théâtre, participation du Centre des Arts scéniques image : N. Borlée
28 octobre 2015 Ce soir au Wolubilis! http://www.wolubilis.be/index.php?page=1&id=49&pid=549
Stéphanie Van Vyve est nominée au Prix du Théâtre 2014 - catégorie meilleure actrice, pour son interprétation du rôle de Charlotte dans « Je mens, tu mens! » de Susann Heenen Wolff. Un spectacle de la Compagnie Biloxi 48, mis en scène par Christine Delmotte. Si vous ne l’avez pas encore découvert, celui-ci sera repris du 5 novembre au 6 décembre 2014 dans la petite salle du Théâtre de la place des Martyrs et prochainement en tournée dès février 2015 !
Pietro Pizzuti est nominé au Prix du Théâtre 2014 - catégorie meilleur comédien, pour son interprétation du rôle de Bérenger 1er dans "Le Roi se meurt" d'Eugène Ionesco, dans une mise en scène de Christine Delmotte. Une tournée est prévue à partir de septembre 2015 !
https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blog/show?id=3501272%3ABlogP...