Librairie "Quartiers latins"
Place des Martyrs 14
1000 Bruxelles
L'affiche (Collection Robert Paul
La poésie de Max Elskamp brille comme un soleil voilé dans le ciel de la Belgique fin-de-siècle. Eclat des sonorités claires, musicales, aériennes. Vers taillés comme des comptines populaires, à murmurer à mi-voix. Depuis Villon, la langue française n’avait plus connu ni ce cristallin ni ce désespoir.
Plus de quatre-vingts ans après sa disparition, l’ombre mélancolique de l’ascète reclus dans sa grande demeure anversoise, aux murs austères, étrangement perméables pourtant aux peines laborieuses de la ville, à son souffle marin, à ses joies trop fragiles et ses trop gros chagrins continue de nous hanter, bien au-delà du drame qui le conduira à ces Effigies dans lesquelles le poète à la dérive fige la musicalité qui l’a fait vivre jusqu’alors (...).
Notre temps avide d’authenticité salvatrice sera-t-il plus clément au plus secret, au plus fragile des poètes belges de langue française ? Celui dont Julos Beaucarne fit percevoir toutes les potentialités. Celui qui se donne à voir et à entendre dans le cadre d’une librairie qu’il eût aimée.
De l’imagier épris des traditions à l’exilé éperdument humain, poète de l’infinie élévation dans le chant, l’exposition "Elskamp, enfin" espère faire toucher ce qui précisément, en ses œuvres, cherche à transcender la matière. Jusqu’au silence de la voix frappée par le déclin mental.
(Véronique Jago-Antoine et Marc Quaghebeur)
Le Vernissage fut donné le jeudi 17 janvier à 19 h, avec la présence exceptionnelle de Julos Beaucarne accompagné par le guitariste Patrick De Schuyter.
Commentaires
Cette exposition me fut un moment inoubliable.
Je me permet de rappeler que, lors de la création du réseau, j'ai l'ai dédicacé à la mémoire de Max Elskamp.
Sa présence sur le réseau: http://bit.ly/1VeBd9c
Je me permet de rappeler que, lors de la création du réseau, j'ai l'ai dédicacé à la mémoire de Max Elskamp.
Sa présence sur le réseau: http://bit.ly/1VeBd9c
Je me permet de rappeler que, lors de la création du réseau, j'ai l'ai dédicacé à la mémoire de Max Elskamp.
Sa présence sur le réseau: http://bit.ly/1VeBd9c
Notre-Dame des meuniers (1901)
(Collection Robert Paul)
Mais lors voici qu'en votre ciel,
Marie, ici c'est vos moulins,
Et qui tournent, en croix les ailes,
Là-bas où la mer bleue prend fin,
Dans les dunes loin qui se lèvent,
Ainsi que des vagues figées,
Et qu'on dirait oiseaux de rêve,
Qui volent, sans pourtant bouger
Or comme calice dit vin,
Moulins, eux, qui disent le pain,
Rond et blanc comme les hosties,
Et qui à la chair donne vie,
Marie, par vous, qu'ils soient bénits,
Eux qui tournent d'éternité,
Par les vents d'hiver et d'été,
Ailes tendues dès aube luie,
Moulant sans fin le blé doré
Qu'il pleuve, neige ou bruine,
Et dans l'ombre ou dans la clarté,
Sous le ciel pour faire farine.
Mais soir alors ici qui vient,
Meuniers montés sur leurs échelles,
Pour savoir d'où viendra demain
Le vent, dans leur voeu, qu'ils appellent.
Marie, voici dans votre ciel,
Que, semblables à des humains
Pour de nuit reposer leurs ailes,
Se sont arrêtés vos moulins,
Et venue sur le monde
En le ciel pur que rien ne voile,
C'est elle, comme meule ronde,
Qui monte au milieu des étoiles.
Notre-Dame des meuniers (1901)
(Collection Robert Paul)
Max Elskamp: Notre-Dame des imagiers (1901)
Et cette fois pour commencer,
C'est vous qu'on voit Marie-de-mai,
Dès aube douce aux créatures,
En longue robe sans coutures;
Et, Flandre étant, que vous aimez,
En longue robe sans coutures;
Et, Flandre étant, que vous aimez,
De ses plus beaux habits paré,
Jésus, comme ici on le peint,
A la pomme de votre sein,
Chauffant ses pieds, chauffant ses mains,
Et de froid rose et tout carmin.
Car matin tout d'ici, Marie,
C'est d'abord fraîcheur dans la vie
Venue du ciel en la rosée
Dans la nuit des arbres tombée;
Puis le merle tôt, et les pies,
Piquant le ver dans les prairies,
C'est soleil clair et jour monté
Par-dessus le mur vert des haies,
Les agneaux aussi dans les prés
Si blancs qu'on les dirait lavés.
Mais matin alors qui sourit
A votre doux mois mai, Marie,
Oiseaux déjà dans l'air des ailes
En cloches en voix dans le ciel,
C'est vous Marie, Marie d'ici,
Qui regardez votre pays
Et, sur les routes qui y mènent,
Marcher vers les villes prochaines
Ceux des mains qui sont des métiers
Et qui s'y sont vite des pieds,
Tandis qu'au bout de l'horizon
Chante là-bas la mer en blond.
Or tâches alors quotidiennes,
Et Flandre, dans les jours qui viennent,
Où chacun oeuvre de son mieux
Suivant sa foi, suivant son voeu,
C'est nous ici, les imagiers,
Et qui taillons dans du poirier
Des bêtes, des hommes, des choses,
Et même aussi des fleurs de roses
Et qui donnons ailes aux anges,
Nimbes aux saints, et dans ses langes
Disons, Marie, et dans du bois,
Jésus, souriant dans vos bras.
Max Elskamp: Notre-Dame des imagiers (1901)
(Collection Robert Paul)