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12272724253?profile=original« Germinal » est un roman d'Émile Zola (1840-1902), publié à Paris en feuilleton dans le Gil Blas du 26 novembre 1884 au 25 février 1885, et en volume chez Charpentier en 1885. Une adaptation théâtrale - drame en cinq actes et douze tableaux, en prose - de W. Busmach sera créée aux États-Unis en 1886 avant d'échouer à Paris au Châtelet en 1888.

 

Consacré mythe fondateur de la mémoire collective par une délégation de mineurs qui scanda le titre aux obsèques de Zola, à l'occasion desquelles Clémenceau salua la mémoire de celui qui fut "un moment de la conscience humaine", Germinal, treizième roman du cycle des Rougon-Macquart, reste à ce jour le roman le plus lu de Zola, jouissant d'un prestige égal à celui des Misérables. Ce roman épique, symbolique, fantasmatique, offrant une foisonnante complexité, dont le titre est riche de significations multiples, est aussi un extraordinaire roman-feuilleton et une enquête, où brille l'éclat d'un style. Plus profondément encore, la réussite de Germinal tient à l'art d'un Zola maître architecte. Tout passe par Étienne, substitut du romancier. Les sept parties amènent lentement mais sûrement l'accélération du dénouement, soigneusement annoncé par toute une série d'indices.

 

 

Première partie. Étienne Lantier, fils de Gervaise Macquart (voir l'Assommoir), arrive une nuit de mars à la fosse du Voreux, où l'accueille le vieux Bonnemort. Il prend pension chez une famille de mineurs, les Maheu. Les parents et les sept enfants, dont Catherine, Jeanlin et Zacharie, vivent entassés dans la promiscuité. Étienne trouve du travail à la mine, qu'il découvre. Intégré à l'équipe de Chaval, il comprend enfin que Catherine, qu'il avait d'abord prise pour un garçon, est une fille. Catherine initie Étienne au métier. Ce dernier lui raconte qu'il a giflé un chef après avoir bu et qu'il redoute son hérédité alcoolique. Au moment où il va embrasser Catherine, arrive Chaval qui impose un baiser à la jeune fille, en signe de possession. Catherine nie être l'amie de Chaval. L'ingénieur Négrel inflige une amende à l'équipe pour défaut de boisage. Les mineurs sont révoltés. Après avoir voulu quitter la mine, Étienne va au cabaret de Rasseneur, ancien mineur devenu chef des mécontents. Celui-ci loge le nouveau venu, qui désire partager la souffrance et la lutte des mineurs, et qui songe aussi aux yeux de Catherine.

 

Deuxième partie. Chez M. Grégoire, actionnaire de la Compagnie, on vit dans le confort et l'adoration de Cécile, la fille de la maison. Le cousin Deneulin, qui a tout investi dans la modernisation de la fosse Jean-Bart, vient pour emprunter, mais Grégoire lui conseille de vendre sa mine à la Compagnie. Il refuse. La Maheude tente en vain d'apitoyer les Grégoire, car l'épicier Maigrat, ancien surveillant protégé par la Compagnie, lui refuse tout crédit. Elle retourne chez Maigrat, qui exige que Catherine vienne chercher elle-même les provisions. Au coron, les commérages évoquent les moeurs et les liaisons des voisins. Mme Hennebeau, femme du directeur de la mine, qu'elle trompe avec Négrel, fait visiter le logement des Maheu à des Parisiens. Les mineurs commencent à rentrer de la mine. Il faut faire la soupe. Commence alors chez les Maheu une soirée comme les autres.

 

Troisième partie. Étienne devient un bon herscheur. Chez Rasseneur, il fait la connaissance de Souvarine, un réfugié russe anarchiste. En accord avec Pluchart, son ancien contremaître devenu responsable départemental, Étienne envisage de créer une section de l'Internationale et une caisse de prévoyance en prévision d'un prochain conflit. Nous sommes en juillet. Maheu propose à Étienne de le prendre dans son équipe comme haveur. Ayant dû accepter de mauvaises conditions de travail, les mineurs sont de plus en plus mécontents. Maheu propose à Étienne de le loger chez eux après le mariage de Zacharie. Étienne parvient à convaincre Chaval d'adhérer à son association. Étienne apprécie la vie familiale et désire Catherine. Malgré leur attirance réciproque, rien ne se passe. Étienne se cultive, et alimente ses rêves de révolution sociale pacifique. Chaque soir, il fait une causerie, éveillant chez les Maheu des rêves utopiques. Fin octobre, le mécontentement des mineurs s'aggrave, car la Compagnie baisse leur salaire. Des discussions sur l'opportunité d'une grève se déroulent chez Rasseneur. Jeanlin est victime d'un accident à la mine et reste infirme. Catherine doit accepter de vivre avec Chaval. Étienne est déterminé à agir.

 

Quatrième partie. En décembre, la grève éclate, le jour où les Hennebeau reçoivent les Grégoire pour préparer le mariage de Cécile et de Négrel. Hennebeau songe à profiter de la grève pour absorber la mine de Deneulin. Arrive une délégation de mineurs. Maheu, qui a accepté de la conduire, expose les revendications de ses camarades. Étienne exprime sa volonté de changement social. Deux semaines plus tard, la grève est générale, sauf au puits Jean-Bart. Le silence règne sur le coron. Les mineurs tiennent, bien que la caisse de prévoyance soit épuisée. Une scène violente se déroule chez les Maheu. Chaval accuse Étienne de coucher avec Catherine et la Maheude. Fous de rage, les deux hommes se défient. Étienne décide de demander l'aide de l'Internationale auprès de son délégué, Pluchart. Rasseneur, partisan de la négociation, s'oppose à Étienne et à l'Internationale. A l'issue d'une réunion clandestine, les dix mille mineurs de Montsou adhèrent à l'Internationale. En janvier, le froid et la famine accablent les mineurs. On tente de survivre grâce à des expédients. Maheu et Étienne convoquent une assemblée dans la forêt pour remobiliser l'énergie des mineurs. Au cours de la réunion, Étienne parvient à galvaniser l'enthousiasme des mineurs, malgré Rasseneur. Jaloux, Chaval annonce la grève à Jean-Bart.

 

Cinquième partie. Deneulin se précipite à Jean-Bart, et parvient à circonvenir Chaval en lui promettant une place de chef. Le travail reprend. L'équipe de Chaval travaille au fond, mais l'on apprend que les grévistes de Montsou ont coupé les câbles. Il faut remonter par les échelles. Les grévistes ont envahi la fosse Jean-Bart, et, malgré Étienne, qui tente de les calmer, ils sabotent le matériel. Étienne contraint Chaval à se joindre à la manifestation qui marche sur les autres fosses. La foule traverse la plaine et va d'une fosse à l'autre. Fuyant les gendarmes, la foule revient à Montsou pour réclamer du pain à la Direction. Hennebeau fait appel à l'armée alors qu'au cours d'une promenade, Mme Hennebeau et Négrel ont cru voir l'image de la révolution dans la foule des manifestants. On se barricade. Les mineurs hurlent leur faim. Pour faire diversion, Étienne lance la foule sur l'épicerie Maigrat. Les femmes tuent l'épicier et le châtrent.

 

Sixième partie. L'armée occupe les fosses. Maheu est renvoyé, Étienne se cache, et Jeanlin le nourrit. Étienne, dégoûté par la violence et la misère, ambitionne une carrière politique. Chez Rasseneur, Étienne et Souvarine échangent des nouvelles démoralisantes. Arrive Chaval qui annonce qu'il va diriger une équipe de mineurs belges recrutés pour briser la grève. Il se bat avec Étienne, qui l'emporte. Catherine désarme son amant, qui sort, au comble de la fureur. Catherine refuse de vivre avec Étienne. La foule des grévistes affronte les soldats, qui tirent et tuent. Maheu tombe.

 

Septième partie. La Compagnie veut mettre fin au conflit. Étienne est en butte à l'hostilité des mineurs qui le rendent responsable des morts. Chez les Grégoire, on célèbre les fiançailles de Cécile et de Négrel. Deneulin s'est résigné à vendre sa mine à la Compagnie. Étienne et Souvarine confrontent leurs opinions. Étienne tient pour le socialisme, Souvarine ne croit qu'à la violence anarchiste et nihiliste. Il fait ses adieux à Étienne, avant de descendre dans le puits du Voreux pour le saboter. C'est la reprise du travail. Par suite du sabotage, les galeries sont inondées. On évacue, mais l'équipe d'Étienne est restée au fond. La mine s'effondre dans un gigantesque cataclysme. Indifférent, Souvarine s'en va. Hennebeau reçoit la Légion d'honneur. Les mineurs tentent de sauver les survivants, mais Zacharie meurt dans les opérations de sauvetage. Les bourgeois organisent une excursion au Voreux. Cécile est étranglée par le vieux Bonnemort. Prisonniers au fond, Étienne et Catherine doivent cohabiter avec Chaval. Étienne tue son rival. Les deux survivants deviennent enfin amants, malgré la présence du cadavre de Chaval. L'obscurité, la faim, l'angoisse, le grisou ont raison de Catherine, Étienne est sauvé, et réapparaît au jour sous l'aspect d'un vieillard aux cheveux blancs, alors que la Maheude hurle devant le corps de sa fille. En avril, Étienne s'apprête à partir pour Paris où l'appelle Pluchart. Il vient saluer ses compagnons de lutte, qui lui ont pardonné et ont dû reprendre le travail sans avoir rien obtenu. La Maheude doit travailler pour nourrir sa famille avec la seule aide de Jeanlin. Elle garde l'espoir d'une revanche et se réconcilie avec Étienne. Ce dernier croit en l'organisation, en l'efficacité des syndicats et en une révolution prochaine. En s'éloignant, il croit pressentir une germination irrésistible.

 

 

Sans prétendre être le premier roman à évoquer le monde ouvrier, Germinal en donne l'une des images les plus puissantes. Peinture précise et épique à la fois de la vie quotidienne, du labeur et des souffrances des mineurs, il organise savamment une progression vers le point culminant de la grève et de la catastrophe finale, ouvrant sur la perspective utopique de la cité future. Zola avait déjà traité de la condition ouvrière dans l'Assommoir. Ces deux textes, liés "biologiquement", puisque Étienne est le fils de Gervaise Macquart et de son amant Auguste Lantier, fonctionnent aussi en parallèle. Aux malheurs et à la déchéance de la blanchisseuse, répondent les affres de son fils, menacé par le déterminisme héréditaire.

 

L'Assommoir avait déjà montré combien il est difficile de constituer le peuple en objet littéraire. Grand absent du roman balzacien, il a été cantonné dans les bas-fonds avec les Mystères de Paris d'Eugène Sue et les Misérables de Victor Hugo. Le monde du travail, quand il n'est pas édulcoré dans les romans ruraux, inquiète. Alors que les classes laborieuses apparaissent comme des classes dangereuses aux yeux d'une bourgeoisie pour qui le mouvement ouvrier, en voie de formation, fait planer l'horrible menace du chambardement, les faire accéder à la dignité littéraire, c'est à la fois conjurer symboliquement la menace et projeter un éclairage salutaire sur une réalité méconnue. En somme, c'est prévenir pour guérir. Telle est l'intention idéologique du romancier.

 

Il faut d'abord souligner la qualité de l'information de Zola, nourrie par une documentation livresque abondante, mais aussi par la documentation rassemblée sur le tas lors de son voyage à Anzin en 1884. Le monde des mineurs, leur environnement, leur mode de vie sont donc un matériau pris sur le vif. Corons, cabarets, fosses, tout a été vu, mis en fiches, retranscrit et retravaillé dans l'espace fictionnel. Là s'inscrit l'ambition scientifique du romancier, l'expérimentation d'une réalité par l'écriture. Zola a su rendre ce pays minier, continent noir de la France industrielle, elle-même terre presque inconnue pour les lecteurs de romans de l'époque.

 

La mine transforme hommes et femmes, par l'influence du milieu sur les individus, mais aussi par l'empreinte indélébile de l'aliénation sur les corps et les âmes. Celle-ci est montrée, mise en texte. Germinal parle de ce qui n'a pas encore de nom ailleurs que dans la philosophie politique et celle de l'Histoire: la lutte des classes. D'où la prise en compte romanesque du collectif. Dans cette lutte, le prolétariat des mines reçoit évidemment la meilleure part. Son premier représentant dans le roman annonce en quelque sorte son essence: Bonnemort. Ayant vécu par avance le destin de tous les autres, il symbolise l'exploitation séculaire, la déchéance, la maladie professionnelle. La famille Maheu élargit la perspective en incluant les sexes et les générations. Le travail repose sur l'équipe, où, suprême raffinement, les mineurs sont contraints de participer eux-mêmes à leur propre exploitation, dans les enchères du marchandage. Catégories, spécialisations, division d'un travail globalement exténuant et débilitant: la mine gâche les existences en autant de gestes répétitifs, en heures de sueur et de souffrance. Salaires de misère, système qui oblige à négliger la sécurité, amendes, dépendance totale à l'égard de la Compagnie (logement, santé, chauffage...): la mine a ses nouveaux esclaves.

 

L'espace social est celui des trajets: du coron à la fosse, du carreau au coron. A la lecture, le roman donne l'illusion de se passer le plus souvent au fond. Il n'en est rien. Le coron, c'est encore la mine. Le poids de la fatigue, celui de la pauvreté, de l'environnement: tout y redouble l'effet du travail. Mécanisation des comportements, dépossession du temps et de la force vitale, obsession de la routine: voilà l'illustration la plus convaincante de l'aliénation de la classe ouvrière. Seule la ducasse, avec ses tendances orgiaques, introduit une rupture dans cette réitération. Germinal dit magnifiquement cette privation de liberté: le mineur et sa famille sont prisonniers de la mine. D'où la force de l'opposition avec l'espace bourgeois, tout de confort, de chaleur, de jouissance égoïste. Plus importante encore est l'absence d'intimité dans le coron. Tout se sait, tout s'entend: on scrute les lits et les couverts. Promiscuité qui fait que le mineur est toujours à l'étroit comme dans sa taille. L'espace de la mine proprement dite est celui des taupes. Galeries, couloirs, puits, l'enfermement, la chaleur oppressante, l'obscurité, la poussière: tout indispose, tout métamorphose le mineur en un corps enchaîné et menacé d'écrasement. Violence contenue, qui explose parfois; langage sec, rapports humains durs. Lieu de l'énergie à la fois par son produit et son travail, la mine est aussi celui du rut. Seul plaisir qui ne coûte rien, le sexe renvoie aussi à l'angoisse existentielle. Germinal insiste, parfois lourdement, sur cette obsession de la reproduction. On y plante souvent des enfants, destinés à reproduire le destin des parents. Comme si les mineurs ensemençaient en permanence leur propre malheur.

 

Cette énergie s'investit aussi dans la conquête du jour. La grève, c'est cette libération des êtres de la nuit, qui envahissent la surface, qui courent, crient. Les mineurs forment une meute. Poussés par la faim, la colère et la fureur meurtrière, ils donnent libre cours à leur ivresse. Comme le torrent furieux qui envahit la mine, la foule barbare dévaste tout sur son passage. Meurtre, viol, destruction: le fantasme du grand soir acquiert chez Zola une ampleur extraordinaire. Cette humanité asservie prend une revanche éphémère, avant de retomber dans sa servitude. Car en définitive, la grève n'aura été qu'un rêve, un moment où l'ont peut croire tout possible. La vie des mineurs, hommes, femmes et enfants, s'épuise en une terrible frustration. Les rêves de la jeunesse, la quête d'amour, tout bute sur la réalité sinistre. Dans l'environnement noir, gris et rouge, dans la végétation pauvre, dans ce monde de brique et de charbon, il n'y a pas place pour l'Art, sauf celui du romancier. Quand il n'y a pas de pain, le rêve tourne vite au cauchemar. D'où l'importance d'un avenir de germination, sans lequel Germinal se définirait comme un voyage au bout de la nuit.

 

La vérité historique (Zola amalgame des événements qui ne se produisent pas ensemble dans l'Histoire et les débats au sein du mouvement ouvrier présentés dans le roman sont anachroniques) importe moins que la thèse à défendre. Aux conditions "réelles" de la lutte ou de la vie ouvrière se substitue une conception syncrétique, informée par une vision mythique. La composition travaille l'antithèse: celle du monde du Travail et du monde du Capital. Opposition irréductible qui dégénère en violence dont l'assassinat de Cécile par Bonnemort, atroce meurtre de l'innocence par l'aliénation au sens quasi clinique, dit en quelque sorte la force fantasmatique - plus encore que la fusillade. A cette opposition manichéenne et efficace, s'ajoute celle entre les différentes formes du capital. Le rentier (Grégoire) contre l'investisseur (Deneulin); le petit capital (Deneulin encore) contre le grand (la Compagnie)... La classe ouvrière, quant à elle, est divisée par la jalousie. La société est travaillée à tous ses niveaux par la loi d'airain de l'intérêt. Pour dynamiser cette lutte du capital et du travail, Zola utilise 52 personnages. Il faut leur ajouter des êtres ou des entités animées par l'imaginaire: les chevaux Bataille et Trompette, la fosse du Voreux, le "Capital-Minotaure" (belle expression de Colette Becker), l'eau... La construction romanesque obéit en partie aux préceptes du naturalisme: les personnages représentent des forces, des lois, mais là s'arrête la théorie. S'il est vrai qu'aucun d'entre eux ne domine vraiment, même pas Étienne, s'il est vrai qu'ils prennent une valeur symbolique, ils gardent une présence individuelle.

 

Zola obéit à des contraintes: la série, qu'il a définie en 1868, avec la loi d'hérédité, et l'influence du milieu sur les individus. Personne n'y échappe. De plus, l'arbre généalogique des Rougon-Macquart impose un Étienne marqué par l'irrépressible désir de tuer. Mais le personnage subit une mutation. Ce n'est pas seulement une force qui va, inconsciente d'elle-même, déterminée par la fatalité scientiste, mais surtout un héros qui s'attaque au Capital-Minotaure. Il vient d'ailleurs, et il repart ailleurs. Déjà en lutte avec le patronat, il apparaît comme un homme d'action, même si Zola le montre saisi par des sortes d'illuminations confuses. Contre Rasseneur, le réaliste tranquille, il incarne la force de la revendication immédiate, la colère des exploités. Étienne prend alors sinon l'allure d'un héros positif, du moins celle d'un initié et d'un initiateur. Germinal ressemble ainsi à un roman d'éducation. Chez les Maheu, il s'installe, devient un membre de la famille, à laquelle il va insuffler le désir de justice et de revanche. Il y a du mysticisme dans l'évolution d'Étienne. Il connaît d'ailleurs l'humiliation christique de l'abandon des hommes et la passion de la souffrance dans la mine, véritable descente aux Enfers. Contrairement à Souvarine, condamné à l'individualisme de l'action violente et désespérée, torturé par le souvenir d'une exécution, Étienne est un meneur et un éclaireur. Il annonce la libération de la classe ouvrière.

 

Cette évolution est aussi liée à une pédagogie: il faut peindre un milieu, des catégories, des différences spécifiques, des types (voir les Maheu). Le roman zolien est un système, ce qui garantit sa grande lisibilité mais accentue son côté un peu artificiel et didactique; à ces contraintes choisies et assumées, il convient d'en ajouter de plus subtiles, qui ressortissent à l'idéologie de Zola. Liée dans son esprit au sang, à la violence, la grève rejoue la tragédie de la Commune. L'ouvrier zolien est aussi un barbare dans une histoire de feu et de sang.

 

La tradition la plus contraignante reste celle du romanesque. Si le roman est social, il est aussi tributaire des situations, des schémas narratifs conventionnels comme ceux du mélodrame et du roman noir. D'où les stéréotypes, certes remotivés, et les oppositions de type dramatique, comme celle entre Étienne et Chaval, rivalité amoureuse qui se modalise en querelle politico-syndicale. Ce roman de lutte s'inscrit dans un espace surdéterminant. Le Voreux tire évidemment son nom des résonances qu'il autorise: le champ sémantique de la dévoration s'y épanouit. Le pays minier, tout d'obscurité et de platitude, prend en hiver sa vérité oppressante et désespérante. La vie semble condamnée dans ce monde à la fois minéralisé et esthétisé. Tout est houille, tout est charbonné. Il faudra attendre la fin du roman pour voir triompher la vie: la germination impose sa vitalité contre la mort et contre la fatalité. A la coloration sombre, aux tons de l'obscurité, s'ajoutent l'humidité et la boue. Pays froid, pays trempé: l'eau, on le pressent, jouera un rôle décisif. On ne cherchera pas là une vérité du Nord: c'est l'imaginaire de Zola qui transfigure le paysage, le crée en accord avec la tragédie glauque qui va s'y jouer.

 

Germinal organise le récit d'une catastrophe, comme nombre de romans des Rougon-Macquart. Une apocalypse est mise en scène. Elle synthétise la répression de la grève, la quasi-liquidation de la famille Maheu, la disparition du Voreux et le bouleversement de la société, qui, annoncé, prophétise l'imminence d'une fin du monde. Ce qui explique la place de Souvarine, incarnation des forces de destruction. Dans cette symphonie apocalyptique, les modalités traduisent les fantasmes et réincarnent les mythes. Combinaison de l'air et du feu, le grisou menace toujours, même s'il ne sera pas la cause du cataclysme final. Au feu, la terre ajoute sa puissance écrasante. De surcroît, c'est l'eau qui tue dans Germinal. L'inondation, sourde, constante, pernicieuse, prend soudain une allure irrésistible et effrayante. Les monstres (le Voreux, la Compagnie), les hommes (le meurtre) jouent en majeur cette partition de mort et de cataclysme, où seuls le sexe, cet exutoire, et le sommeil, ce luxe, offrent leur dérivatif.

 

Germinal développe une épopée, avec son cortège de grossissements, voire d'exagérations. Si elle comporte une cause et un héros, l'épopée implique aussi le merveilleux. Ici radicalement moderne, celui-ci transfigure machines et fosse, animées, animalisées, voire anthropomorphisées. L'épopée combine enfin les symboles: ils abondent. Cette épopée récupère bien des recettes du feuilleton. Il n'y manque pas le personnage pathétique et persécuté, incarnée par Catherine, qui mérite que deux hommes se battent jusqu'à la mort pour elle. On ne doit pas négliger cet aspect du roman: il constitue en grande partie son efficacité, et autorise sa dramatisation.

 

Roman épique, Germinal se définit aussi comme roman lyrique. Roman de la pitié, il sait faire appel aux sentiments du lecteur. Art de la description, du tableau, du contraste: le style de Zola est à la fois artiste et parfaitement adapté à un langage "populaire". Sans recourir au patois du Nord, Zola utilise un relâchement syntaxique, une certaine monotonie du vocabulaire qui combine une langue familière et une langue littéraire. Il s'agit d'une tentative de restitution d'un univers mental, d'une expérience, de moyens d'expression proches de ce que vivent les ouvriers. Enfin, le style de Zola évoque l'art du peintre. On mesure sa réussite à cette indéniable capacité à transmuer un paysage morne en objet esthétique. Germinal s'impose aussi, et peut-être surtout, comme roman poétique.

Robert Paul in arts et lettres Belgique

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HAIKUS 3

 

                                                          Ludique lutin

                                                          Sur lutrin pathétique

                                                           Portée triolets

 

 

                                                                   Do fa fadaises

                                                                   Diezes des pipeaux, vent

                                                                   Ciel un ré rétif

 

 

                                                            Lupins en flèches

                                                            Coquelicots, sanguine

                                                             Carmina, couchant

 

 

                                                      Si croisé en Ut

                                                      Adagio mélodique

                                                       Lucioles d'été

 

 

                                                               Jetée de si, sol

                                                                Mouvement blême, morne

                                                                Blaue reiter modal.

 

                                                                                                     Raymond Martin

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HAIKUS 2

 

Flûte endiablée

Après-midi  d’un faune

Vaslav en collants

 

Au clair de lune

Chute du jour endiablé

Papillon d’été

 

En vert, d’eau, ré, mi

Notes dorées étirées

Violon faussé

 

Diantre, un saut

        De cabri   énamouré

Rosée du matin

 

Bocage normand

Fin de jour automnal

Pré-salé, parqué

 

Pierre qui roule

Tombe à l’eau endiguée

Clapotis flottants

 

La voie du crapaud

Sainte -Victoire toilée

Provence  ventée

 

Fumée au lointain

Flottent  nuages  grisés

L’éternité fuit

 

 

                                                                                    Raymond    Martin  2010

 

 

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Jazz à l'étage

bonjour à tous 

vous aimez le Jazz ,

alors rejoignez nous au festival Jazz à l'étage,

qui se déroulera du 14 au 18 mars à Rennes, en Bretagne

excellent programme à découvrir 

sur Google : Jazz à l'étage à Rennes 

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SUITE EN RE DES PICS



 

Peindre avec le verbe, l'encre est vigoureuse,

 Page froissée, feuille jaunie aux lignes raturées,

Plume d'espoirs inassouvis au sein de la strophe rêveuse,

Accrochée à la rime embaumée d'un éternel été.

 

Le frêle esquif, attentif à l'anneau amarré,

 Frémit dans l'espoir d'une aventure prochaine.

Froide rectitude du recteur de l'Ile de Sein désœuvré,

 Troublé et incertain, face à l'appel de la sirène.

 

Ré, Sein, quels sont les mots pour décrire à souhait ces perles,

 Océaniques aux beautés profondes, désirées et antiques,

Raides face au vent vengeur et à l'onde qui déferle,

Telle une armée puissante au glaive machiavélique.

 

 

Ré, note de musique lignée à la portée d'un Do,

Résonance de l'accord mineur du clavier de la mer,

Sein, habitée de korrigans, ludiques lutins protecteurs des bateaux,

Seins, exaltés aux caresses amoureuses des baisers volontaires.

 

Pics élevés en harmoniques, de l'Armorique émeraude,

Silence de la mer calmée, jeux des guifettes grivoises,

Sur les rochers acérés que le sel érode.

Et le souffle divin, envoûtant, s'étendit sur la mer d'Iroise.

 

 Raymond Martin

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administrateur théâtres

Je fais suivre la lettre de Bernard Villers concernant la disparition de notre musée d'Art Moderne à Bruxelles.

Rendez-vous le mercredi 9 mars à 13 heures à l’entrée du Musée

3, rue de la Régence, 1000 Bruxelles,

afin de montrer notre mécontentement....

 

Voici sa lettre :

La mort d’un Musée

février 2011 Bruxelles

 

Le musée d’Art Moderne est fermé depuis le premier février 2011, sine die et sans alternatives.

Sans alternatives ? Que non ! Après une année de travaux et de rénovation des anciens locaux, on le remplacera par un Musée Fin de Siècle, le Musée 19, le musée de la fin du XIXe. Et ça va marcher ! C’est sûr.

C’est le croquemitaine de la place Royale qui, avec son sourire « jugendstil », sa voix fleurie et la ferronnerie de ses arguments, nous l’a annoncé lors de sa conférence de presse à laquelle je me suis présenté sans être invité. Il l’a annoncé sans gêne aucune car, cher(e)s ami(e) de la presse nationale… on montrera bientôt un grand Alechinsky de la collection dans un musée d’Anvers et des œuvres du Musée d’Art Moderne quelque part en Asie… On croit rêver et on rêve, car on part aussitôt avec nos amis, nos étudiants, nos visiteurs à Anvers pour voir notre Alechinsky puis à Taipei pour découvrir nos chefs-d’œuvre enfin sortis de leurs réserves.

 

Voici donc la vision futuriste du très passéiste et très conservateur Conservateur

Dragonnet.

 

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Et paradoxalement ce Conservateur très conservateur est l’ensevelisseur d’un art présent, qu’il aurait pour mission de présenter, un art appartenant à tous les habitants de la Belgique ou à tous les visiteurs du monde. Après les rêves, la fin des illusions. L’Art c’est l’Art-gent. On le voit, on l’entend : le grand Braconneur du Musée est au service des maîtres du marché, un agent de la finance, un sujet de l’audimat, du tourisme bêlant avide de dollars. Et là on l’aime. Hélas ! Il a fait ses preuves. Le musée Magritte ne désemplit pas.

 

Pauvre Bruxelles ! Cette « capitale » de l’Europe sera donc la première capitale d'Europe sans un musée d’art moderne !

INDIGNONS-NOUS !

 

Je crois, dans un premier temps, qu’il faudrait ameuter les artistes du pays ou de passage par chez nous, les enseignants, et tant de gens qui sont ou qui pourraient être concernés par les jeux et les enjeux de l’art. Or, on peut le constater, la mise à mort du musée s’est vraiment faite en catimini.

AMEUTONS !

 

L’absence d’un Musée d’Art Moderne est intolérable.

Il faut un Musée d’Art Moderne.

Le Musée nous appartient.

 

Que faire ?

Des communiqués de presse ? Oui. Des tracts ? Des affichettes ? Oui. Des performances ?

Oui. Des perturbations ? Oui. Des interventions. Des explications. Des interrogations. Des

contradictions. Des suspensions. Des affirmations…Oui.

COMMUNIQUONS !

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Je propose à mes amis-amies-artistes et aux amies amis de mes amies-amis-artistes de

nous retrouver à l’entrée du Musée 3, rue de la Régence, 1000 Bruxelles, le mercredi

9 mars à 13 heures et de discuter le coup afin de convenir d’actions diverses ou d’une grande action.

DISCUTONS !

 

Bernard Villers

lundi 28 février 2011

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journal de bord, dimanche 6 mars 2011

 

Le ciel est bleu, en Ardenne.

 

Si on précise que ... le village où on atterrit, où on amerrit, où on alunit s'appelle ..." Mon Idée", on n'a aucune raison de se plaindre.

 

Midi sonne bientôt.

 

Non : midi est déjà passé.

 

Elle était intéressante, la Nuit du Conte, à Chiny, hier, dans l'ancienne école.

 

Paraît que des ogres mangent d'autres ogres. Signé ... je ne sais plus quelle conteuse.

 

Paraît que des chevaux s'envolent. Quand une Hermine, femme légitime d'un signor William, disparaît dans un lieu inaccessible. J'ai cru retrouver le pays des schtroumphs ... de mes quatorze ans. Jean-Claude Dewinte, j'ai voyagé avec toi. Avec la beauté de tes images, la beauté des phrases poétiques, digne du français le plus pur, que tu ressens, que tu dégages, quand tu les contes, que tes mains s'animent, discrèt'ment, solid'ment.

 

Et Madame Chantel Dejardin, qui passait en fin de programme. Accompagnée de Philippe, au violon, à la guitare. Qui contait. Qui chantait. Avec un peps, un chien, un professionalisme pas possible.

 

"Maman, à qui ressemblera l'homme que j'aime ?"

 

"Ma fille, il faut qu'il soit tendre au lit"

 

"Maman, à qui doit ressembler l'homme que j'aime ?"

 

"Ma fille, il faut qu'il soit de bonne humeur le matin"

 

"Maman, à qui doit ressembler l'homme que j'aime ?"

 

"Ma fille, il faut qu'il ..."

 

"Maman, à qui doit ressembler l'homme que j'aime ?"

 

"Ma fille, il faut qu'il ..."

 

"Maman, que dois-tu me dire encore ?"

 

"Ma fille,  un dernier conseil ... fais en sorte que ces quatre hommes ne se rencontrent jamais"

 

Je ne suis pas sûr de restituer ce conte (que j'avais déjà entendu, dans un autre endroit, par une autre conteuse de talent), mais j'ai surtout remarqué l'allant de Chantal, quand elle le dit.

 

Des p'tites histoires aussi, en apparence répétitives, dites, contées ... avec un rythme incroyable. J'irais bien revoir.

 

Et la maestria avec laquelle CHantal récupérait des trous, des couacs (surtout quand elle réajustait son accordéon diatonique).  Etait-ce voulu ou pas ? Je retiens le meilleur : j'ai été captivé, capturé d'un bout à l'autre.

 

Je n'ai éprouvé, envers CHantal DEjardin, qu'une seule difficulté, qui m'appartient.

 

Je devrais peut-être m'abstenir de la partager, tant ma réserve est ... personnelle.

 

Mais j'ai besoin d'en parler.

 

 

Avant les représentations, il y avait un couscous, prévu pour un souper, dans le bâtiment d'à côté. Afin que tout le monde se restaure. J'avais suivi, sur place, l'ami ... qui était venu me chercher, en voiture, à la gare de LIbramont. Ensemble, nous sommes d'abord allés nous restaurer sur place, on y a rencontré d'autres conteurs (dont ... Jean-Claude Dewinte, Marie-Claire Magnette, Philippe Noël, Laure Cech), dont la gentillesse, la chaleur d'écoute étaient au rendez-vous. On mange, on boit des verres de vin. Jean-Claude (Dewinte), avec un sourire qui lui appartient, exprime ses cas de conscience lorsque les gens l'applaudissent, après une représentation qu'il a donnée, alors qu'il a le sentiment d'avoir été à côté de lui-même. Je l'écoute avec attendriss'ment, émotion (que de fois, en tant que chanteur, je ne vis pas la situation). Marie-Claire (Magniette) évoque la distanciation nécessaire entre le personnage du conte et la personne du conte, tout en restant plein'ment soi dans le récit (d'ailleurs, elle me tend une feuille, qui démarre par les mots suivants : "Mouille ta chemise !").

 

 

L'ami qui est venu me chercher à la gare de LIbramont propose, à juste titre, qu'on rassemble les tables.

 

Et ça se fait, dans la bonne humeur, dans la convivialité. Les desserts arrivent.

 

Et un couple arrive dans notre direction. En f'sant le tour de table pour nous dire ... bonjour. Je m'en émerveille. Spontanément, comme tout un chacun, je me présente. J'apprends, rien qu'en entendant les prénoms, qu'il s'agit de .... Philippe et Chantal. Bienv'nue, prenez place parmi nous. On parle, on parle. De temps en temps, je regarde, au mur, l'affiche évoquant cette Nuit du Conte, à Chiny. Par association d'images, de noms de conteurs renseignés (sur l'affiche), j'en déduis vite que Chantal Dejardin, qui passe en fin de programme, est la "Chantal", qui s'est assise en bout de table, à côté de nous.

 

Très curieus'ment ...

 

Quand mes yeux tentent de croiser les siens, je sens ... une fermeture totale. Elle parle, à voix haute, avec son interlocuteur, très haut, très fort, en f'sant complèt'ment table rase de ses voisins attablés qui souhait'raient peut-être échanger quelques mots avec elle et se retrouvent, brusquement, devant une porte fermée à double tour.

 

Je décide de ne pas y accorder de l'importance. Ca arrive si souvent, dans le milieu, des rapports inter-humains, de ce type.

 

Je sais, je sais. L'artiste et la personne sont deux entités différentes, qu'il ne faut pas confondre. Mais ... j'aime tell'ment quand les gens, sur scène, ressemblent à ce qu'ils sont, quand on les croise dans la vie courante.

 

 

Mais ... je persiste et signe : j'ai adoré le spectacle de CHantal, dans tout son ensemble.

 

 Hélas, pour moi, le souv'nir encore cuisant de la personne (qu'est Chantal, et que j'ai croisé hors scène quelques heures avant), m'empêche de rentrer à fond dans son spectacle. Elle affiche, sur scène, un si beau sourire. Elle affiche, sur scène, un tel sens de l'humour. Je marche même à un point tel ... que j'en deviens impatient de la retrouver hors scène, après son spectacle, pour lui témoigner toute ma gratitude. Mais ... l'idée de savoir, de supposer, de deviner comment ça se pass'ra, sans doute, en coulisse, m'empêche de glisser, sans restriction, dans son spectacle.

 

Oui, je dois préciser que ...

 

Je me suis trouvé plus d'une fois en coulisse.

 

Un responsable avait demandé que j'intervienne musical'ment durant les pauses. Evidemment, je n'ai pas dit "non".

 

Quand la soirée a démarré, je me suis assis, posté sur un siège de la première rangée, à côté du pote qui m'avait fait v'nir.

 

J'ai assisté, en début de programme, à l'intervention de cinq conteuses qui passaient les unes après les autres. Elles m'ont plu, toutes les cinq, chacune(s) dans leur registre. Je garde une émotion toute fraiche, encore, envers Kathleen, la cinquième de la tribu, qui démarrait son conte, en douceur, par les mots suivants : "un enfant, ça vous décroche un rêve ..." (quelle bonne idée, amie, d'avoir inséré, dans ton histoire, les paroles d'une chanson méconnue de Jacques Brel).

 

Voici que ma première intervention musicale approche.

 

J'arrive sur scène. Mince : y a maint'nant de la musique, qui résonne par delà les amplis. Bien des gens profitent de la pause pour aller au bar et se rincer l'gosier (c'était prévu, OK). Le gars, en noir, qui avait annoncé, sur scène, en début de soirée, mes interventions durant les pauses, s'avère soudain ... invisible. Mon pote Christophe, attentif, me demande s'il peut faire quelque chose. Il croise l'organisateur. OK, OK. On coupe le son. Hugues, tu peux démarrer !

 

J'accorde en vitesse mon instrument. Et voici que ... ma corde la plus basse commence à s'effilocher et à dev'nir inutilisable. Je ne peux, évidemment, plus retourner en coulisse. Hugues, garde ton sang froid ! Hugues, ne te retourne pas ! OK, la chanson que j'ai prévue, "COMME UNE CAMERA", je peux encore la jouer avec cinq cordes. Et ... je me lance. Voici que, dès les premières phrases, je m'aperçois que j'ai un chat dans la gorge et je ne suis pas persuadé que ma voix porte. Surtout que ... je chante sans micro. Le vin est tiré, il faut le boire : je trace, je chante ma chanson, je fais le tour de la salle en chantant, j'appuie volontiers, lors d'un couplet, le pied sur un siège, des gens restés dans le public m'écoutent, me suivent, mon pote Christophe me filme sur son Smartophone.

 

Et ... j'ai droit à ma part d'applaudiss'"ments. OK, Hugues, tu r'viendras tout à l'heure !

 

Je file en coulisses. J'aboutis dans une des loges, qui r'ssemble à une cuisine (ou une arrière-cuisine), où s'entassent une multitude de bricoles. J'y croise Sylvie Alexandre, la conteuse prévue pour la suite du programme ... dans quelques instants. Je m'assieds. Je reprends mon instrument, j'enlève la corde défectueuse, je prends (dans ma housse) un jeu de cordes toujours prévu en cas de pénurie, je respire du mieux que je peux, Sylvie quitte la pièce et s'apprête à franchir les feux de la rampe, je prends une corde et la remets, pas à pas, sur ma guitare.

 

Je me centre un peu. Je me demande si mes interventions chantées, lors des pauses, n'interviennent pas, dans le déroul'ment de la soirée, à contre-emploi. Maint'nant, ce n'est peut-être qu'un début. Parfois, les soirées démarrent timid'ment et évoluent (ou se terminent) en apothéose. Je me dis aussi que, pour la prochaine intervention, je pourrais utiliser le ukulélé. Qui sait ? Dans la troisième intervention, ma p'tite flûte à coulisse pourrait donner son grain d'sel.

 

Voilà, j'ai remis ma guitare en ordre. J'ai le réflexe d'aller écouter Sylvie. Mais ... elle a déjà démarré son tour de piste. J'entends sa voix. J'apprendrai, par la suite, qu'elle invoquait les étoiles. Je tente de rester derrière le rideau. Mais ...  ce n'est guère confortable. Donc, je passe, le plus discrèt'ment possible, derrière les rideaux. Mais ... ce n'est pas plus confortable. Surtout ... pour écouter un conte, qui se trame sûr'ment sur ... vingt, vingt-cinq minutes.

 

Je retourne paisiblement dans la loge. J'attends patiemment la fin du (ou des) conte(s) de Sylvie.

 

Le moment arrive.

 

J'arrive sur scène.

 

Et ... c'est le même topo que tout à l'heure. A nouveau : une musique d'ambiance, prov'nant des amplis. Personne pour s'occuper de moi. Qu'est-ce que je fous, dans l'absolu ? Mon pote Christophe est prêt à intervenir en ma faveur. Mais il me dit, aussi, quand j'arrive à sa hauteur : "Il demande si tu ne peux pas, plutôt, intervenir avec des morceaux musicaux".

 

C'est le coup de sape. Même si je ne tombe pas "trop" de la dernière pluie. Je décide de m'asseoir. "Tu peux discuter avec lui ?", me dit Christophe, avec la meilleure des gentillesses. Je me surprends, le plus serein'ment du monde, à répondre : "non, j'arrête".

 

Quelque part, il avait raison, dans sa logique, l'organisateur. Des morceaux essentiell'ment musicaux conv'naient mieux, lors des pauses, dans le contexte de ... la Nuit des Contes.

 

J'ai pas eu envie de me casser la tête. A tout hasard, si l'organisateur en était v'nu à changer d'avis, il pouvait toujours venir me trouver. Renoncer, c'est pas évident. Mais ... s'enfoncer sur un terrain sablonneux, c'est dang'reux. A choisir entre les deux ...

 

Sans compter que ... l'organisateur est passé, repassé plus d'une fois devant moi, lorsque j'étais assis sur le siège avant, durant la pause, me regardait volontiers spontanément, sans rien me dire. Qui sait ... mes non-interventions l'arrangeaient p'têt, subit'ment !

 

"C'est pas râlant pour toi ?'", m'a demandé Christophe. J'aime l'empathie.

 

Non, je ne me suis pas senti frustré. Y a une paire d'années, j'aurais explosé, dans cette situation. Aujourd'hui, c'est fini. Non, j'ai pris une résolution précise, dans un moment où ça me paraissait bon de la prendre, et j'étais prêt à en assumer les conséquences (si ... conséquence, il risquait d'y avoir).

 

Avec l'expérience, certains deuils volontaires, liés ou non à l'instant présent, s'effectuent de plus en plus vite.

 

Ca m'a permis surtout de découvrir tous les conteurs que j'évoque ... dans ce journal.

 

Jean-Claude, Sylvie, Chantal, Kathleen, Julie ... et tous les autres que j'oublie, à votre santé, à votre réussite, à votre percée !

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Ailleurs

 

  

Dans mon salon, chaque matin,

Ma tasse de café en main.

Savourant la dernière goutte,

Je reste immobile à l’écoute.

 

Dans le silence, ma pensée,

Me reconduit sans me lasser,

À la rencontre de moi-même.

Je soliloque sur un thème.

 

Pendant l’errance, chaque fois,

L’instant présent s’impose à moi,

Je mets fin à ma douce pause,

Quitte mon salon et ses choses.

 

J’en arrive à n’avoir plus d’yeux

Pour ce qui le rend chaleureux.

Mais ailleurs, l’énergie, sans cesse,

M’émerveille de ses prouesses.

 

20 juin 2007

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La magie des photos

 

 

 

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Un parc au bord d'un fleuve argenté, lumineux    

Je contemple éblouie la beauté des images,

De vieux arbres géants, des canards peu sauvages,

Des mouettes errant dans le ciel radieux.

 

Je ne peux révéler la splendeur, l’harmonie,

En des mots éloquents traduisant mon émoi.

Ravissement, douceur, tendresse de la joie,

Créent dans ce lieu de paix comme une symphonie.

 

Romantisme des formes, nuances des couleurs,

M’émerveillent, m’exaltent en ces instants de gloire.

Je regrette vraiment que ma chère mémoire,

N’aie pas le don sacré de capter la splendeur.

 

Pour sauver de l’oubli ce très beau paysage,

Où l’on trouve, au hasard, de suaves tableaux,

Je recours au pouvoir magique des photos,

Qui ne sont,certes pas, que de simples images


 

 

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La muse des couleurs

 

 

Pour me désennuyer ou pour me rendre heureuse,

Souvent, quand mon humeur se faisait langoureuse,

J’appelais à mon aide la muse des couleurs

Et je m’abandonnais à errer en douceur.

 

À mon ravissement, la magie, chaque fois,

Me plongeait, à la fin en un suave émoi.

Des bois mystérieux abritant tout un monde,

Des fontaines rieuses ou des grottes profondes.

 

Je restais en arrêt, scrutant contemplative,

Des esprits, s’exposant à la lumière vive,

Qui semblaient me fixer avec intensité

Et dont je découvrais l’imposante beauté.

 

Créés par des couleurs, ces étranges poèmes,

Me comblaient de fierté, d’allégresse suprême.

Encadrés, suspendus, ils m’intriguent toujours,

Quand je les redécouvre au hasard de mes jours.

 

25 mai 2005

 

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Exposition de Annebeth G Hansen

Chers amies,amis,correspondant,grouppies,ou simply curious

 

Une nouvelle exposition en cours12272722063?profile=original.

 

 

 

Le Caméléon Coquet a le plaisir de vous inviter à l'exposition   "Dérives" peintures d'Annabeth G. Hansen Norvege.

L'exposition est du 1 au 15 mars 2011et ouverte de mardi au samedi de 10h à 18h.

 

Fidèle à sa démarche, l'artiste norvégienne Annabeth G.Hansen nous donne à voir le tableau comme expérience ouverte.

Où le geste spontané qui fragmente et disperse répond au geste sûr et appliqué qui assemble et délimite.

Les deux n'étant plus opposés mais en dialogue dans la même approche qui consiste, avant tout, à rendre tangible l'idée même de la peinture.

 

Découvrez aussi les vitrines des créateurs:

 

Bijou5, , Pascal Chantry, Verre Claire, Louise Dupuis, Cécile Gambini, La soeur de Christel, 

Ise, C'est trozoli, Stéphanie Le Begge, Plume, Les carnets de l'autre folle, Marcel, Papertom,

 Camilla Poisonnier, Gina Pimparel, Spacepafpaf, Sushi Art Factory, Silvana Riva, Annette Scaut, Fraise et Triboulet,Tamara Louis, Solange Thiry

 

 

 

 

 

 

 

 

Bienvenue et à bientôt!

LE CAMELEON COQUET
12, Avenue A. Buyl 1050 Bruxelles
du mardi au samedi de 10h à 18h
http://www.lecameleoncoquet.eu
mail: cameleoncoquet@ymail.com
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Initiation à l'oenologie

Bonjour chez fidèles et amoureux de bonnes choses...


Goûter le vin et découvrir ce qu il nous révèle.

 

Nous proposons dinitier les amateurs de vins aux techniques de la dégustation et au monde du vin à travers 5 séances de dégustations didactiques et amusantes.

Ces séances ne sadressent pas à des experts mais à des personnes qui souhaitent découvrir ou redécouvrir le vin et comprendre ce quil nous révèle.

Les séances sarticulent autour de 5 thèmes :

1.      Le nez : découvrir les arômes et les informations quils nous révèlent

2.      La bouche : les saveurs, leurs combinaisons avec les arômes et les principes de laccord mets-vin

3.      La couleur : que nous révèle la couleur du vin ? Quels sont les diffrents types de vins mousseux et comment lesdéguster ?

4.      La typicité : dégustation des vins de différents pays pour découvrir la typicité des terroirs

5.      La qualité : découvrir les caractéristiques des vins permettant dapprécier leur qualité et leur possibilité de vieillissement.

 

Présentation de lintervenant : Yves Manche

 

Fils dun amateur de vin et baigné dès le plus jeune âge dans le monde des cavistes, ce juriste est revenu en 2005 au monde du vin. Soucieux dapproffondir ses connaissances, il a suivi les cours dœnologie organisés par lInstitut Roger Lambion de Bruxelles (CERIA) et organise depuis des séances de dégustations thématiques.

Amoureux du vin et de la cuisine il aime partager sa passion.

Les dates des séances (les cours commencent à 19h30) :

Soit les jeudis :  31/3 ; 14/4 ; 28/4,12/5 et derniére date à confirmer

Soit les vendredis : 11/3 ; 25/3 ; 8/4 ; 22/4 et 6/5

 Outre les dates mentionnées ci-dessous voici d    autres dates jusque la fin d'année scolaire : 19/5 ; 20/5 ; 26/5 ; 27/5 ; 2/6 ; 9/6 ; 10/6 ; 16/6 ; 17/6 ; 23/6 ; 24/6 ; 30/6.

Prix des cours et paiement :

20,00 €/séances (vins compris) soit 100 € pour les 5 séances.

Les cours seront payés lors de la première séance.

Inscription : via email : cameleoncoquet@ymail.com 

 

Lieu des cours : Avenue A. Buyl, 12 à 1050 Bruxelles.

LE CAMELEON COQUET
12, Avenue A. Buyl 1050 Bruxelles
du mardi au samedi de 10h à 18h
http://www.lecameleoncoquet.eu
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Elections à l'horizon

Aujourd'hui sur mon blog littéraire et théâtral http://www.paulemond.com/ : Elections à l'horizon

Ô peuples démocratiques de Belgique (Vlaanderen, Wallonie-Bruxelles), de France et de Navarre ! Nous n’y couperons pas : en 2011 ou 2012, que ce soit en fanfare ou sans tambour ni trompette, nous serons appelés aux urnes ! Pour bien nous y préparer, je ne peux que vous recommander la lecture de l’Histoire du Parti pour un progrès modéré dans les limites de la loi, le très instructif ouvrage de Jaroslav Hasek, par ailleurs écrivain tchèque et immortel auteur des Aventures du brave soldat Chvéïk dans la première guerre mondiale.

  Anarchiste, journaliste pigiste et surtout rédacteur de nombreuses fictions courtes et drolatiques qu’il publiait dans les gazettes locales, provocateur, mystificateur, pilier de taverne, Hasek était avant que la guerre n’embrase l’Europe une des figures de proue de la bohème pragoise. Après avoir rempli quelque temps les honorables fonctions de rédacteur en chef du Monde des animaux, puis renvoyé de cette revue pour avoir inventé des animaux imaginaires dont il proposait même certains à la vente, s’efforçant ensuite de boucler ses fins de mois en recueillant des chiens errants ou volés pour les revendre avec un faux pedigree, il fut, en vue des élections de 1911, un des fondateurs de ce Parti pour Progrès pour un progrès modéré dans les limites de la loi, parti parodique dont il a laissé la chronique, pour le plus grand plaisir et la plus grande instruction des générations à venir.

 Ô vous, futurs candidats sur les listes électorales, peut-être d’ores et déjà en manque d’inspiration quant au contenu percutant des discours que vous aurez à prononcer, permettez-moi de vous offrir un extrait cet ouvrage particulièrement instructif, modèle d’éloquence et de persuasion politique, s’il en est :

 

"DISCOURS SUR MES ADVERSAIRES POLITIQUES

 Chers électeurs,

 De mes adversaires politiques, je ne puis rien dire de bon. Je le regrette infiniment, je le regrette d’autant plus que j’aurais vraiment aimé en dire le plus grand bien, afin de montrer par là qu’il n’est de plus sûre vengeance que de saper purement et simplement l’action de mes adversaires en leur ôtant des mains toute arme contre moi. Hélas ! Je ne le puis, dès lors que je me suis promis de dire à mes électeurs toute la vérité. Chaque homme a ses défauts, je veux parler de ces petits travers dont la vie nous propose un large éventail ; des petites faiblesses pourtant, qui, rassemblées en un tout, suffisent à faire de chaque individu une extraordinaire canaille. En conséquence, parlant de mes adversaires politiques, c’est bien ce qualificatif d’« extraordinaire » que j’aurais dû employer ; cependant, mû par le juste principe selon lequel il est mieux d’excuser ou de minimiser les fautes de son prochain aux yeux des électeurs, je me contenterai de celui d’ »ordinaire ». Même ce terme, à bien y réfléchir, me paraît encore un peu rude, et l’on pourrait penser que je veux me venger de mes adversaires en utilisant leurs propres armes : aussi emploierai-je sans ornement ni epitheton ornans le simple mot de « canailles ».

Malheureusement, ce mot de « canailles » lui-même ne rend pas fidèlement compte de l’activité publique et privée de messieurs mes adversaires, et je m’efforcerai de saisir plus exactement leur caractère sans toutefois vouloir les offenser en les appelant « crapules ».

Bien entendu, quiconque les connaît sait parfaitement que ces termes de « canailles » et de « crapules » sont bien trop modérés et parfaitement inaptes à rendre justice à leur vraie personnalité.

Me viennent à l’esprit différentes injures qui conviendraient à merveille au caractère de ces messieurs, que par ailleurs j’estime et respecte infiniment, mais cela me gêne d’employer des termes aussi forts devant une assemblée de gens bien élevés, comme je ne doute point jusqu’à présent, messieurs, que vous soyez.

Des noms plus vilains les uns que les autres me démangent le bout de la langue, mais je ne peux pas, vraiment je ne peux pas, messieurs, en leur attribuant les qualificatifs qui leur conviennent, dévoiler à vos yeux l’entière nudité morale avec laquelle il n’ont pas honte de se présenter devant vous, selon l’adage bien connu qu’ »un bel aplomb vaut toutes les richesses ».

Il me répugnerait de leur exposer les détails de leur vie privée et publique, sous laquelle se cachent les crimes les plus vils et les natures les plus abjectes. Je trouverais pénible autant qu’écœurant de toucher du doigt cette crasse morale et cette boue dans laquelle messieurs mes honorables adversaires se vautrent jusqu’au cou.

Même si je n’étais pas candidat, il me serait impossible de me taire tout à fait ; mais je le puis d’autant moins qu’aujourd’hui j’aspire à votre confiance et que d’autres encore briguent cette faveur, qui feraient mieux, compte tenu de leur passé d’infamie, de rester tranquillement chez eux, plutôt que de sortir, comme on dit, avec du beurre sur la tête en plein soleil. Du beurre qui commence si joliment à fondre qu’ils s’enlisent jusqu’au cou dans l’ordure, la crasse et la fange. Mais puisqu’ils ont l’audace de s’exposer au plein soleil de la critique publique, je me fais un devoir de démasquer l’anonymat crapuleux de leur passé et de démonter l’un après l’autre les rouages de leur charlatanerie ; car il est évident que chacun d’eux aurait mieux fait d’aller de lui-même se livrer au tribunal, en priant les autorités de le mettre hors d’état de nuire.

Prenez le cas du premier, que vous connaissez bien sûr, comme vous connaissez le deuxième et aussi le troisième : si le premier vaut dix-huit, le deuxième vaut vingt moins deux et le troisième vingt-quatre moins six. Quel admirable trio s’est donné rendez-vous dans notre circonscription ! Le premier a déshonoré sa propre grand-mère, le deuxième sa belle-mère et le troisième un pauvre grand-père qui n’était même pas de sa famille, alors qu’il s’en allait ramasser du petit bois dans la forêt. Une telle entrée dans la vie pouvait-elle les amener à autre chose qu’à voler, partout où il y avait à prendre et où l’accès leur était libre ? Et puis, après le vol, ce fut l’attaque à main armée. Le premier détroussa une laitière, le deuxième un pauvre mineur qui rentrait chez lui après avoir touché sa paye, et le troisième un malheureux vieillard de l’hospice qui s’en allait à la ville porter toutes ses économies, qu’il destinait à son enterrement. Et leur vie continua sur cette prometteuse lancée : jeux d’argent, tricheries en tous genres, ils firent assurer leur maison qu’ils incendièrent eux-mêmes, sans s’inquiéter que la domesticité brûlât avec les murs, car ils éliminaient ainsi les témoins de leur crime. Et avec quelle touchante harmonie ils firent équipe tous trois, bien qu’ils appartinssent à des horizons politiques différents, aux abords de la gare ! L’un s’occupait des bijoux, l’autre faisait les poches et le troisième faisait le mac. Il n’y a qu’une chose pour laquelle je ne puis fournir de preuves : j’ignore lequel des trois assassina le buraliste, si ce fut le premier, le deuxième ou le troisième ; ce qui en tout état de cause ferait trois meurtres sur la conscience pour l’individu en question, soit un de plus que les autres.

Et voilà maintenant, ô peuple abusé, que va prendre le chemin des urnes, afin de donner par tes voix libre cours à ton opinion et de manifester clairement laquelle de ces trois crapules, je le dis de nouveau sans ornement, tu voudrais voir siéger au Parlement de Vienne.

En élisant l’un des trois, vous accomplirez cet acte méritoire que vous lui ferez au moins bénéficier de l’amnistie. Sinon, c’est le bagne qui les attend."

                  Jaroslav Hasek, Histoire du Parti pour un progrès modéré dans les limites de la loi,

                  traduit du tchèque, préfacé et annoté par Michel Chasteau, Editions Fayard.

 

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PELE-MELE



 

Un errant hérétique chemine son destin futur

Chaussé d'injustices, vêtu de calomnies hideuses, regarde Montségur.

 

Acre, non venue, la pomme blette menue

Chut dans la main d'un moine gras et velu.

 

Ciboire argenté à l'aspect d'un grimoire,

Taquine la bigote au regard plein d'espoir.

 

Le frêle esquif, souffreteux et chétif s'évanouit

Dans la chaleur vibrante de l'azur infini.

 

Quaternaire, binaire, centenaire ou ternaire,

L'ère évolue et l'ours pépère a perdu ses repères.

 

Des champs de blé aux chants du geai, chantonne

Le vent fougueux vers le ciel qui moutonne.

 

Qu'importe le déluge pourvu qu'on ait l'ivresse

Du sang, par le cep planté en signe d'allégresse.

 

Une vieille femme décharnée, courbée sous son fagot

Songe au bienfaisant fumet de son prochain fricot.

 

Soleil, foyer solaire plébiscite des dieux,

Ecrase le désert de ses traits rigoureux.

 

Un chaland nonchalant opine du chef

Au toucher de la gemme inondée de scintillants reliefs.

 

L'Italie tarentelle au pied du  boutonneux Vésuve,

Chauffée au chianti dont on hume les effluves.

 

Blanches, noires, touches effleurées par les doigts effilés

De mains volontaires pour sonates affirmées,

Pathétique au tempo décidé, funèbre pour prince mécène,

Résonance des opus d'un génie sans limite : Beethoven.

 

Le flûtiste à la flûte de pan, chapeau à plume,

Egrène ses triolets en cherchant fortune.

 

Chapeau à plume ou chapeau de paille,

Ventre affamé quémande ripaille.

 

Vertige ! Voici que frissonne

Le minois bien né

A l'allure polissonne

De Mademoiselle Mallarmé.

 

Temple du temps qu'un seul soupire résume,

S'évanouit l'amour au-delà de l'écume.

Cette*, antique, parée pour l'infini

Des fols émois marins de Valéry.

 

Raymond MARTIN

 

*Ancienne orthographe de la ville de Sète

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administrateur théâtres

               ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DU LUXEMBOURG   

            Vendredi 04.03.2011 20:00         Palais des Beaux-Arts / Salle Henry Le Bœuf

    – Emmanuel Krivine direction –    – Vadim Repin violon

Modest Mussorgsky, Prélude (Khovanshchina)
Jean Sibelius, Concerto pour violon et orchestre, op. 47
Johannes Brahms, Symphonie n° 2, op. 73

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Après le lever du jour sur la Moskova, voici une musique pour un  géant qui joue sur un jouet,  le Guarnerius del Gesù " von Szerdahely" datant de 1736. C’est  le Concerto en ré mineur, op.47 de Jean Sibélius. La  haute taille  de Vladimir Repin domine presque  l’autre visage connu : Emmanuel Krivine, le directeur musical de l’orchestre philharmonique du Luxembourg, armé de sa baguette.  Vadim  a le visage impassible ou grave d’un guerrier de l’armée de Xian : la musique est sa vie, sa drogue, son combat. C’est le  soliste  qui ouvre de son archet infiniment léger ce concert où bouillonne le mystère romantique. Il construit des mélodies presque pathétiques cependant que  l’orchestre semble le combattre par ses registres sombres, parfois  carrément lugubres. Ce premier mouvement, l’ Allegro moderato, est le plus long et le plus complexe, le plus dramatique et sérieux.

 

 Le climat change avec le  deuxième mouvement. L’Adagio di molto prend des airs de romance, les envolées mélodiques du soliste sont suivies  de cascades de tristesse tendre, comme si tous les moments de douceur et de plaisirs n’étaient  jamais que rêves éphémères. Cela se termine sur le souffle d’une âme qui s’échappe.

 

 Le  troisième mouvement, l’ Allegro ma non tanto démarre sur des rythmes aux colorations presque …ibériques. Le tempo est soutenu, le rythme est presque sautillant et s’engage dans des galops impétueux. Soutenu par les timbales  et les basses le soliste rivalise de plus belle avec l’orchestre. Tout un peuple de sonorités répond à ses jaillissements poétiques quoique sobres et soudain,  tout se tait.

 

 

L’ovation qui suit, fait sourire le grand violoniste qui nous accordera un joyeux bis, débordant d’humour, par contraste, par jeu, par fantaisie et par virtuosité cabotine! C’est une chanson populaire autrichienne : «  Mein Hut, der hat drei Ecken »  qui a probablement inspiré Paganini dans un morceau intitulé « Carnaval de Venise ». Avec toute la beauté des cordes pincées, Vadim  emmène fougueusement une partie de l’orchestre dans ces  variations, interprétées  avec verve et délire sur son minuscule violon.

 

 Entracte

 

La vedette est maintenant au dynamique Emmanuel Krivine  sur son podium, dans la deuxième partie du concert qui nous présente tout le modelé et la  délicate complexité de la deuxième symphonie de Brahms en ré majeur opus 73. Quatre mouvements. Une musique pleine de voix mystérieuses ensorceleuses qui sans cesse entraînent et reviennent, plus pressantes. Une musique d’humeur joyeuse, brodée. Le chef d’orchestre tisse le  relief, forme une architecture musicale variée, tant les instruments ont l’occasion d’émerger en envolées lyriques surprenantes et vives: chants de  flûtes et de bassons. Suivent de chaleureux solos de cors, symbole pastoral?   Les mouvements prestes des violons, une véritable armée de cordes onctueuses, n’évoque rien moins que des danseuses en chaussons, virevoltant sous des arceaux de fleurs. Joie de jeux de cache-cache, joies printanières et bucoliques, accès de mélancolie soudaine, flots de sentiments, c’est la complicité idéale du chef d’orchestre et de son orchestre plein d’aisance qui se dégage.

 Le 4e mouvement, Allegro con spirito,  est une glorieuse explosion de joie, chaque ordre musical s’en donne à cœur joie, chacun marque tout son espace. Tout devient déferlement et scintillements et finit par un torrent de bonheur musical. Un triomphe.

 

 

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Emmanuel Krivine est l'un des plus grands chefs d'orchestre de notre époque ; il ne faut jamais, sous aucun prétexte manquer l'une de ses prestations.” (The Guardian /Londres)

 

 

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Où es-tu?

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Je sais, énorme cette toile, impossible de la balader sous le bras et même de la mettre dans votre cabriolet !

J’ai vu grand, vous êtes peinte plus grande que nature, c’est sans doute ma mégalomanie qui me fait rêver aussi grand !

Au fait, je suis un peu triste !

Une dame, sans la citer, m’a écrit que mes rêves posés, tant en dessins, en toiles et surtout en écritures, lui faisait penser à l'homme de sa vie, également sans le nommer. Enfin pas exactement cet élu puisqu’elle a ajouté ; celui dont elle rêvait avoir !

Et ce n’est pas la première, il y en a même qui voudrait en plus, être rêvée !

Vous voyez, Mademoiselle, moi qui cherche à trouver l’âme sœur, je ne dois pas chercher au bon endroit !

Voilà pourquoi cette tristesse !

Raz le bol de ce fil rouge puisqu’il ne me conduit nulle part !

Le jour où j’ai commencé à m’en servir, il m’a conduit au désespoir, à une rupture. C’est sans doute pour cela qu’ici il n’a pas de fin ni de commencement ?

C’est pourtant un fourbe, regardez par où il passe, il est pire que moi !

J’aime promener mon regard sur votre corps, je vous ai déjà expliqué percevoir des sensations, jusque vos réactions quand celui-ci se fait audacieux mais lui, il ose vous toucher !

La vie est faite d’espoir, de conquête, de célébrité, de richesse, d’amitié !

Mais l’amour, pourquoi est-il si souvent compliqué ?

J’ai lu ceci:

 

Je tisserai ta vie aux couleurs de l'amour

J’effleurerai tes nuits de mes doigts de velours

Je volerai au temps le cadran de la Vie

Pour t'offrir ces instants d’odyssée et d’envie

Je t'offrirai des fleurs parfumées de moi

Anisée de douceur comme unique promesse
J'écouterai tes yeux murmurer en silence

Une symphonie de mots en douce romance

J'éclipserai la lune pour te regarder

Je dessinerai les envies de ma pensée

Je fondrai le plaisir comme neige au soleil

Et me noierai sur tes lèvres

J'enfouirai mon passé dans le creux de tes bras

Ta voix, alors me bercera.

Et,

Je t'ouvrirai mon cœur pour y mettre le tien

 

C’était un texte de Lylas123 sur artblog 

 

Où es-tu, belle Dame ?

Où es-tu, pourquoi te caches-tu ?

Où es-tu ?

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« L’argent » est un roman d'Émile Zola (1840-1902), publié à Paris en feuilleton dans le Gil Blas de novembre 1840 à mars 1891, et en volume chez Charpentier en 1891.

 

L'idée originale du livre, dix-huitième de la série des Rougon-Macquart, était celle d'un récit sur la débâcle politique du second Empire. Puis le projet d'un roman sur la Bourse s'impose et se nourrit de souvenirs plus ou moins proches: d'abord celui du financier Mirès et des frères Pereire dont la chute se produisit sous le règne de Napoléon III, respectivement en 1861 et 1866-1867. Plus près du moment de la parution, il y a aussi l'affaire de l'Union générale, banque catholique créée par E. Bontoux et qui s'effondre en 1882. Le canevas tourne assez rapidement à l'épopée; et il lui faut un décor que Zola met en place grâce à la lecture d'un ouvrage d'E. Feydeau sur les milieux financiers, une visite à la Bourse et divers renseignements, obtenus par exemple auprès d'E. Fasquelle.

 

Parmi les boursiers et les spéculateurs attablés, Aristide Saccard attend l'âme damnée de son frère Eugène Rougon, qui ne veut pas vraiment l'assister dans ses projets. On découvre aussi d'autres personnages: le Juif Gundermann, puissance tutélaire de la Bourse, la baronne Sandorff, joueuse invétérée, la Méchain qui prospère dans les faillites douteuses, l'affairiste Busch qui récupère brutalement créances et impayés tout en protégeant son frère Sigismond, socialiste utopique ennemi de l'argent (chap. 1).

 

Saccard a loué une partie de l'hôtel d'une princesse philanthrope. Il devient l'ami de l'ingénieur Hamelin et de sa seour Caroline. Il va utiliser les ambitions du premier tandis que la seconde se donne à lui. Il y a aussi les Beauvilliers, voisines nobles et ruinées qui joueront leur va-tout sur les projets de Saccard (2).

Saccard crée la Banque Universelle: il s'agit, contre l'argent juif, de susciter une grande entreprise catholique qui saura vider les bas de laine des bien-pensants. Saccard s'entoure de l'agent de change Mazaud, du spéculateur Daigremont, d'autres encore, Bohain, Sédille et Kolb (3).

 

L'entreprise commence bien: Saccard tient bien ses affidés, répond aux solliciteurs et agioteurs inquiets dont la baronne Sandorff, les Beauvilliers et même un garçon de bureau; il croit sincèrement au succès et aux bienfaits de son action, mais Busch veut exploiter contre lui une vieille dette liée à un enfant naturel, Victor. Caroline fait écran entre eux. Pendant ce temps, la réussite semble se confirmer, par le biais notamment d'augmentations de capital et d'articles orientés grâce auxquels Saccard fait monter les cours de son action (4-6).

 

Il a aussi des affaires de coeur avec la baronne Sandorff ou avec une courtisane de haut vol. Il croise enfin les plus grands personnages dans les salons, dont Bismarck (7-8).

Malgré certains succès, des bruits inquiétants se font entendre. Sous un prétexte, Saccard se rend chez Busch qui poursuit un jeune écrivain ainsi que les Beauvilliers. Ses ennuis financiers, après une première victoire à la Pyrrhus, vont s'aggraver brutalement et aboutir à une catastrophe générale. Les associés se dispersent, l'agent de change se tue, Victor viole la fille des Beauvilliers. Mais Saccard veut monter une nouvelle affaire et il y a en lui une force qui lui permet d'espérer (9-12).

 

Ductile, malléable, levier neutre et puissant de toutes les intentions humaines, l'argent présente des aspects ambigus qui animent et différencient les personnages du roman. Il y a ceux, d'abord, pour qui l'argent est mauvais par principe, comme le frère de l'usurier pour qui "toutes nos crises, toute notre anarchie viennent de là [...]. Il faut tuer, tuer l'argent". Mais il y a surtout ceux qui le gèrent et s'en nourrissent, dans la grande jungle financière de la Bourse: Gundermann, milliardaire, dyspeptique et Juif (même si cette donnée "rapetisse" tout, selon Zola), joue froidement la logique financière, tandis que Saccard, jouisseur ambitieux, "capitaine aventurier", spécule, gagne et perd à l'excès. Sur le plan d'une morale économique simple, ce jeu est dangereux parce qu'il est illusoire, par opposition à l'argent sain du travail et de l'épargne. Saccard ruinera ceux qui lui ont fait confiance et l'on pourrait en ce sens le considérer comme un escroc. Mais, d'un autre côté, il est aussi un idéaliste qui sauve la mise d'un jeune écrivain et lance ses clients dans des rêves de colonisation de l'Orient catholique! Tout ce progrès par l'argent, Saccard finit par y croire en s'intoxiquant des illusions qu'il diffuse. L'argent prend alors une dimension mythique, à la fois complexe et structurante. A un premier niveau, il est le symptôme des réussites et des échecs, sous forme de bénéfices et de dettes. Il est aussi l'instrument de l'action, de l'entrepreneur qui en fait le nerf de sa guerre. Mais il est encore, au-delà, le symbole de l'échange organique et social de la cité, des commerces qui s'y lient, avec leurs malheurs et leurs miracles. Le récit, par exemple, est rythmé par les soubresauts du cours de l'Universelle, qui sont bien entendu le signe clair de la force de Saccard et de ce qui lui reste d'énergie vitale. Pour ce "poète du million", il n'y a que "le jeu qui, du soir au lendemain, donne d'un coup le bien-être, le luxe, la vie large, la vie tout entière". Au fond, Saccard est l'agent d'un renouvellement fécond qui passe par la vente et l'achat, le gain et la perte, la vie et la mort: "Sans l'amour, pas d'enfants, sans la spéculation, pas d'affaires", écrit Zola dans son Ébauche.

RP in "arts et lettres Belgique"

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