Je demande pardon à la vie
quand le doute m’éloigne du merveilleux.
Je demande pardon à la vie
quand mon bel enthousiasme
ressemble à un soufflé refroidi.
Je demande pardon à la vie
d’oublier la rose, le bleuet, le coquelicot
et la douceur du tout premier rayon
qui vient caresser mon visage.
Je demande pardon à la vie
quand l’odeur du pain grillé
ne me fait pas bondir
hors du lit, au petit matin,
avec un appétit d’ogresse.
Je demande pardon à la vie
quand le chuintement de la Bialetti
n’appelle plus vers moi,
le doigt pointé du monsieur à la moustache,
en invitation, à déguster
le meilleur café torréfié du monde.
Je demande pardon à la vie
quand perdue dans des chimères,
je cède au facile chant des sirènes
et me laisse charmer en discount
par des promesses de bonheur en boîte
et réveils en gueule de bois.
Je dis merci à la vie
quand elle se rappelle à moi
en des riens délicieux
pour l’aimer encore,
quand je me sens trahie
et qu’elle me semble amère,
et de l’aimer toujours
d’une foi aveugle, absurde et rassurante,
certaine que, dans une heure ou demain,
un miracle ordinaire viendra me cueillir
pour en célébrer la beauté lumineuse.
(Je demande pardon à l’écriture,
pour les anaphores un peu légères
et à Racine pour l'emprunt de l’oxymore …)
Pascale Landriq