Il y a un bug dans ton système.
Tu m'as dit trop vite "Je t'aime".
Tu n'as pas eu les bons paramètres.
Fallait un parcours mètre par mètre.
Tu n'avais même toutes les données.
Poussé par la magie vers ta destinée.
Fallait que tu prennes un peu de temps.
Trop pressé, tu m'as dit "Je t'aime tant".
Fallait que cela dure plus longtemps avant l'acte.
Doux baiser volé au théâtre durant l'entre-acte.
Tu as couru vers moi beaucoup trop vite.
Projeté par quoi, peut-être un élastique !
Pourquoi cet élan si fulgurant.
Pour se ranger dans le rang ?
Fallait savourer chaque seconde, on se découvre.
Comme dimanche après-midi au musée du Louvre.
Tu brûles les étapes, il faudra bien ralentir.
Se côtoyer, s'apprécier, plus tard se le dire.
Il y a un bug dans ton système.
Tu m'as dit trop vite "Je t'aime".
Mais je te le dis, tu n'es pas méchant.
Laisse-moi seulement un peu de temps.
Seulement un peu de temps...
Toutes les publications (180)
En hommage à Jean de La Fontaine
La Fontaine écrivit des textes innombrables,
Traitant, avec talent et sur un ton aimable,
Des sujets qu’il jugeait important d’exposer.
Il oeuvra fort longtemps et sans se reposer.
Son travail achevé, bien satisfait sans doute,
Il dit aux jeunes gens qui suivaient sur sa route:
« Favoris des neuf Soeurs, achevez l’entreprise,
Donnez mainte leçon que j’ai sans doute omise.»
Il semble souhaitable, à l’ère des demi-dieux,
Alors que les mortels deviennent anxieux,
Que des sages, avertis, veuillent les protéger
Et mettent tous leurs soins afin d’y arriver.
Or nul n'aura jamais le pouvoir de charmer
Que possédait cet homme qui avait tant trimé
Afin que ses récits, en nous rendant plus sages,
Nous comblent de bonheur par de belles images .
22/3/2004
Je chante à haute voix et danse,
Éprouvant une joie intense,
Une enveloppe dans les mains,
Je suis heureuse ce matin.
Voisin, dans votre jardinet,
Vous êtes sans doute étonné.
Je ne me soucie pas du tout
De rendre mon plaisir moins fou.
Des mots arrivant de Paris
Dans ma demeure ont atterri.
Porteurs d'agréables promesses,
Ils créent un courant de tendresse.
Je sais que jamais ne me ment,
L'ami, qui généreusement,
Agit pour que ma joie perdure,
Intacte, contagieuse et pure.
10 juin 2010
le passé « n’est pas » simple
Hier, nous nous sommes disputés
Pour un fait qui s’était passé,
Bien avant de nous aimer.
Sans réfléchir, tu as parlé.
Pas un instant, tu n’as réalisé
La brèche qui s’entrouvrait
Dans mon cœur
Que tu brisais
Sans bruit, sans heurt.
Tous ces mots que tu m’as confiés,
Pensant ainsi tout partager,
Ne m’intéressaient nullement.
Ils faisaient partie d’avant.
Ils sont dans ma tête à présent.
Pour cela, je t’en veux méchamment.
Est-ce le plus grand poète français ou le plus français de nos grands poètes ? La célébrité de Jean de La Fontaine - indéniable - occulte souvent d'irritantes questions qu'on retrouve en filigrane, d'une époque à l'autre, dans les innombrables études qui lui sont consacrées. Par exemple, celles-ci : doit-il sa gloire à l'habitude que nous avons prise d'utiliser ses fables à l'école ou s'agit-il d'un malentendu nous cachant sa vraie grandeur, qu'il faut chercher dans la « poésie pure » ? Est-ce un professeur d'opportunisme ou même d'immoralité politique, comme l'ont affirmé tour à tour Rousseau, Lamartine, Breton ou Eluard, ou un opposant courageux qui s'est dressé contre l'instauration de l'absolutisme ? Faut-il regretter avec Valéry qu'il n'ait pas écrit deux ou trois fables de plus au lieu de ses contes à l'« érotisme glacé » ? Les douze livres de ses Fables ne sont-ils qu'un polypier de poèmes capricieusement accrochés les uns aux autres ou s'agit-il d'un jardin aux itinéraires soigneusement ménagés, comme ces bosquets à secrets que Le Nôtre dessinait à la même époque ? Comment se fait-il enfin que le mot inimitable revienne si souvent pour caractériser le ton de La Fontaine alors que la plus grande partie de son oeuvre est composée - au sens exact du mot - d'imitations ?
« J'aime le jeu, l'amour, les livres, la musique... »
Les parents de La Fontaine sont des bourgeois aisés : sa mère est veuve d'un négociant de Coulommiers, son père maître des Eaux et Forêts à Château-Thierry. L'atmosphère familiale est perturbée par des problèmes d'intérêt qui se retrouveront tout au long de la vie du poète. L'enfant semble avoir été élevé par deux mères, la vraie, qui a trente-neuf ans à sa naissance, et une charmante demi-soeur de huit ans. Image double de la femme qui réapparaîtra souvent dans ses rêveries.
Fut-il, comme le prétend une tradition tenace, un adolescent lourdaud, grand dormeur, indolent, voire paresseux et viveur ? Passe pour l'indolence, puisqu'il l'avoue ; mais elle est associée à une curiosité d'esprit qui le sensibilise à tous les événements importants et à tous les grands courants de pensée de son époque. Cette curiosité insatiable lui permet d'accumuler - et d'assimiler - une très vaste culture : les classiques latins, base de l'enseignement du temps, mais aussi les grecs, moins pratiqués : Homère, les Tragiques, Platon, dont il traduira un dialogue, les italiens (Boccace, Arioste, Tassoni), les espagnols. Et, bien entendu, notre littérature : les vieux conteurs, avec une prédilection marquée pour Rabelais, et encore Marot, Honoré d'Urfé, les précieux, les burlesques, les théologiens, les philosophes. Ce panorama de ses lectures, qui est aussi un aperçu de ses sources, serait bien incomplet s'il oubliait les signes d'intérêt de l'artiste pour les cultures « marginales » de son époque : les « emblèmes », imagerie commentée qui connaît un grand succès, aussi bien chez les mal-lisants que chez les amateurs de peinture peu fortunés ; les facéties de cabaret qu'on écrit en joyeuse compagnie, sur un coin de table ; les jeux de salon, portraits, devinettes, questions d'amour, etc., créations futiles et raffinées d'une société qui cherche à se définir ; et surtout la littérature orale, les récits merveilleux, facétieux ou d'animaux, vaste répertoire très vivant au XVIIe siècle et qui lui est très familier, ne serait-ce qu'à cause de son enfance en Champagne, terre de passage où se croisent les contes du Nord, du Midi et de l'Est.
On retrouve l'artiste à vingt ans, novice à l'Oratoire, puis, à vingt-six ans, marié et père de famille. Il a suivi des cours de droit, mais l'office de maître des Eaux et Forêts qu'il rachète à son beau-frère en 1653 puis celui dont il hérite de son père en 1658 se révèlent peu rentables, à cause d'une succession embrouillée par les exigences d'un frère cadet, de dettes, d'une paysannerie éprouvée par les secousses de la Fronde, la répression et la guerre étrangère.
La Fontaine publie en 1654 une traduction-adaptation de L'Eunuque de Térence, mais ces débuts tardifs ne sont guère remarqués. Il cherche alors un mécène, seule possibilité à l'époque pour un écrivain de vivre de sa plume. Jannart, l'oncle de sa femme, le présente en 1657 à Nicolas Fouquet, le très puissant surintendant des Finances.
Alors commence une période heureuse et féconde où le poète - savoureuse et prophétique plaisanterie - paie une « pension poétique » au protecteur qui le pensionne. Fouquet intègre son nouveau protégé au petit groupe d'artistes chargés d'embellir et de célébrer son domaine de Vaux, dont la magnificence sert son crédit. La Fontaine reçoit mission de décrire ces « merveilles » présentes et à venir. Peut-être compose-t-il ses premières fables pour illustrer les groupes de sculptures destinés aux « fontaines » que projette Le Nôtre. Mais le luxe et les intrigues du surintendant inquiètent le jeune roi qui, guidé par Colbert, amorce une autre politique : relance de l'économie, protectionnisme, recherche de nouveaux débouchés. Fouquet est arrêté, emprisonné. Ses amis se dispersent. La Fontaine est l'un des très rares à lui rester fidèle. Il plaide même sa cause dans L'Élégie aux nymphes de Vaux et dans une Ode au roi . Il semble aussi avoir participé activement aux Défenses de Fouquet et aux campagnes de pamphlets qui dénoncent la « rage » de Colbert et les irrégularités du procès. La vindicte du ministre s'acharne sur le poète : poursuites pour usurpation de titres, pour malversation, exil à Limoges, ce qui nous vaut les délicieuses lettres à sa femme, publiées après sa mort sous le titre Relation d'un voyage de Paris en Limousin .
Le clan opposé à Colbert récupère et protège le « bonhomme » : amitié de la très jeune et jolie duchesse de Bouillon pour qui il écrit ses premiers contes, sinécure auprès de la duchesse douairière d'Orléans, au palais du Luxembourg. Entre 1664 et 1667, en quatre livraisons, La Fontaine publie vingt-sept contes et nouvelles en vers, parmi lesquels Joconde , La Matrone d'Éphèse et Le Calendrier des vieillards , puis, en 1668, sous le titre modeste de Fables choisies mises en vers par M. de La Fontaine , un premier ensemble de cent vingt-six fables divisé en six livres, précédé d'une Vie d'Ésope , d'une préface et d'une dédicace où l'auteur pose sans ambiguïté sa candidature à la fonction de précepteur du Dauphin, en équipe, semble-t-il, avec le duc de La Rochefoucauld.
Le recueil obtient un succès immédiat. L'oeuvre a pu être lue comme une « colbertade », et cela d'autant plus que certaines fables ont circulé sous le manteau. Mais l'artiste a délibérément dominé et dépassé la chronique. Les allusions sont gommées et intégrées à un projet plus vaste, à la fois artistique, pédagogique et philosophique. Au moment où s'édite la prestigieuse collection ad usum delphini , La Fontaine entreprend d'élargir le genre traditionnellement scolaire de la fable et d'y regrouper les symboles et les repères permettant à un jeune prince - et à tout homme - une meilleure connaissance des autres et de lui-même.
Ce succès encourage l'artiste. Dans un mouvement alterné, fables et contes se succèdent. En 1669 paraît Les Amours de Psyché et de Cupidon , sorte de roman promenade mêlé de prose et de vers, suivi d'Adonis , en 1671, d'une nouvelle fournée de Contes et nouvelles et de huit fables inédites parmi lesquelles Le Coche et la Mouche et L'Huître et les Plaideurs . En 1673, à la mort de la duchesse d'Orléans, La Fontaine est recueilli par Mme de La Sablière. Dans cette maison et dans ce salon hospitaliers, il trouve le climat d'amitié, de liberté et de culture dont il a besoin. Il y fréquente des artistes, des philosophes et des voyageurs, élargit son information au domaine du Moyen-Orient et de l'Asie et publie en 1677 une nouvelle édition des Fables en quatre volumes dont les deux derniers, parus en 1678 et en 1679, contiennent les livres VII à XI des éditions actuelles ; ils marquent un renouvellement et un approfondissement de son inspiration. Ses Nouveaux Contes , en 1674, qui mettent en scène des gens d'Église, lui valent la colère du parti dévot qui les fait interdire à la vente. Mais l'affaiblissement du clan colbertiste et l'amitié de Mme de Montespan et de Racine conjurent le danger. La Fontaine s'essaie dans l'opéra et il est reçu en 1684 - non sans difficulté - à l'Académie française où il remplace Colbert, son ancien persécuteur, et prononce - en termes sybillins - son éloge.
La retraite et la mort de Mme de La Sablière le laissent sans ressources. Il songe à s'expatrier en Angleterre. Recueilli in extremis par Mme d'Hervart, il regroupe et publie en 1693 les fables du livre XII qui s'achèvent par Le Juge arbitre, l'Hospitalier et le Solitaire , poème qui est à la fois un testament et un art de vivre. Il tombe gravement malade et son confesseur, l'abbé Pouget, qui admire en lui un homme « fort ingénu, fort simple », lui arrache une abjuration publique de ses contes « infâmes » et lui fait déchirer sa dernière oeuvre à peine achevée, une comédie.
Redécouvrir les contes
Une des erreurs les plus constantes, même au XXe siècle, aura été de séparer contes et fables. Ségrégation due au moralisme né de la Contre-Réforme qui a tenté d'occulter ou de discréditer un des courants les plus vivants de notre littérature, celui des contes facétieux et érotiques. C'est d'autant plus injuste que La Fontaine choisit dans ce répertoire des histoires lestes, sans doute, mais excluant toute perversité ou vulgarité, et qu'il les raconte d'une façon savoureuse mais généralement pudique, en maniant avec art la litote et l'allusion. L'anathème jeté sur ses contes est aussi un contresens littéraire, car plusieurs fables, par exemple La Jeune Veuve ou La Femme noyée , sont, elles aussi, des contes, à peine moins licencieux que ceux qu'on voudrait proscrire. A travers quelques histoires archiconnues d'initiations au plaisir, de prêtres en goguette, de cocus complaisants ou magnifiques, on peut surprendre quelques thèmes très neufs à l'époque et qui restent actuels à la nôtre : la célébration du désir et du plaisir, l'éloge de la femme, le respect des unions bien assorties et de l'amour. La critique de l'avenir serait bien inspirée en réhabilitant ces chefs-d'oeuvre inconnus du grand public, par exemple ces deux épopées burlesques de la naïveté, Comment l'esprit vient aux filles et Les Oies de frère Philippe , ou le truculent maquignonnage (du Maupassant avant la lettre) du conte Les Troqueurs .
L'Univers dans le discours
Pourquoi La Fontaine se sert-il d'animaux et choisit-il avec tant d'obstination d'écrire des fables, genre exclu des arts poétiques et rejeté dans le secteur déjà décrié de la littérature enfantine ? Il n'est pas impossible que cet « enfant aux cheveux gris » ait trouvé du plaisir à perfectionner l'élaboration minutieuse des « circonstances » qu'il a apprise à l'école. L'essentiel reste qu'il ait transfiguré ces « gênes exquises » et qu'il soit parvenu, malgré elles, jusqu'à ce « charme » qui est pour lui la vraie beauté : art du moins dire et, souvent, du « dire sans dire » qui caractérise sa manière, insaisissable et reconnaissable entre toutes.
Un souriceau raconte à sa mère ses surprenantes rencontres, un cerf éclate de rire aux obsèques de la lionne, deux pigeons se séparent puis se retrouvent. Le conteur est adroit et nous l'écoutons avec amusement, sans nous sentir particulièrement concernés. Et voilà que, par une suite de transitions savantes - intelligemment analysées par Léo Spitzer dans Études de style - et par un subtil jeu de miroirs, nous sommes entrés dans les raisons, souvent saugrenues, d'animaux qui nous ressemblent comme des frères ; nous mesurons les limites de notre sagesse et la sagesse de certaines de nos folies.
« Amants, heureux amants, voulez-vous voyager ?
Que ce soit aux rives prochaines. »
(Les Deux Pigeons .)
La Fontaine a réussi la gageure de construire une oeuvre monumentale à partir de pièces brèves et qu'on aurait pu croire futiles. Dans leur variété et leur apparente désinvolture, les Fables sont bien :
« Une ample comédie aux cent actes divers
Et dont la scène est l'Univers. »
(Le Bûcheron et Mercure , V, 1.)
L'oeuvre, très élaborée, se développe suivant un ordre organique plus que selon un plan. Sa texture, très serrée, est à la fois mémoire et invention ; chaque fable contient d'autres fables et les renouvelle par un mécanisme souterrain de correspondances. Les codes se modifient imperceptiblement ou brutalement, ce qui permet au narrateur d'approfondir un thème, de le renouveler de l'intérieur, soit en juxtaposant des fables doubles, soit en faisant correspondre des contrastes aux similitudes. Aux frontières incertaines de l'oral, de l'écrit et de l'image, le récit proprement dit, tout en restant limpide, est traversé - comme le montre bien la critique « intertextuelle » - de références externes et internes, d'associations d'idées, de réflexions, de facéties, de confidences, de bonheurs d'expression qui le rendent imprévisible et passionnant. Exemple particulièrement significatif, La Souris métamorphosée en fille (IX, 7), où le plus usé des contes balançoire devient un étourdissant long métrage où l'on se demande avec anxiété si la Belle finira, ou non, par trouver son prince Charmant et où il est question aussi, sans qu'on ait l'impression qu'on digresse, de la philosophie hindoue, de Pilpay (Bidpaï), de l'âme des animaux, de la nôtre et de la métempsycose.
L'opposant
Homme sincère, fidèle en amitié, émerveillé par la force de la vie et de l'amour, viscéralement hostile à l'hypocrisie et à la violence, La Fontaine s'est retrouvé pour ainsi dire tout naturellement dans l'opposition. C'est là, sans doute, une autre raison de la convenance complexe qui existe entre son talent et le conte d'animaux, répertoire traditionnel de la contestation politique et sociale.
« Selon que vous serez puissant ou misérable... » (Les Animaux malades de la peste , VII, 1). Sa peinture de la cour et des injustices sociales est souvent féroce. Doit-on pour autant voir en lui l'apôtre masqué de la démocratie ? Ce serait à la fois une erreur et un anachronisme, comme le montrent sans équivoque plusieurs fables, et en particulier Démocrite et les Abdéritains . Dans le milieu historique qui est le sien, le poète ne peut concevoir d'autre régime que la monarchie, qu'il souhaite sans doute plus éclairée, à l'exemple de l'Angleterre. Ce qui est sûr, c'est que cet homme généreux et sans illusion rêve d'un monde plus juste et plus tolérant, tout en sachant que le chemin pour y parvenir est long et que les meilleures intentions peuvent être détournées de leur but et récupérées, comme il le laisse entendre avec une mordante subtilité dans Le Paysan du Danube (XI, 7).
On a souvent cherché à préciser sa philosophie et on y a décelé de multiples contradictions. Mais ce sont celles de la vie elle-même, saisies et exprimées au plus près, dans un registre imagé, bref et savoureux qui rappelle la facture des proverbes populaires et qui débouche sur elle. Son discours ne s'enferme jamais dans l'univers du discours ni dans le jargon. La transparence de son oeuvre ne doit pas nous cacher qu'il est l'un de nos plus authentiques philosophes, dans la ligne de Platon et de Lucrèce, de Montaigne et de Pascal. Il a rendu accessibles à tous, et souriantes, les observations les plus profondes sur la vie, l'amour et la mort. Enfin, La Fontaine est aussi un très grand poète lyrique qui a su rendre cette méditation bouleversante par le frémissement de son accent personnel, combinaison subtile d'intelligence et de bonté qui donne à sa voix - toujours perceptible - une résonance inouïe, au sens exact du mot.
Rencontre du Cercle de la Rotonde, le vendredi 26 avril 2013 à la Bibliothèque de Tournai (Salle de Lecture)
Lecture-spectacle « Le diagonaute amouraché » (18h)
Entretien avec Patrice Breno, Timotéi Sergoï, Christine Van Acker (18h45)
Présentation de la collection nomdidomme et Cocktail dînatoire (20h)
Veillée des Auteurs (20h45)
Animation : Marie-Clotilde Roose
En savoir plus:
Dessin d'un garçon de dix ans
Il pleut ce matin dans la rue.
Il pleut sur le gazon,
Il pleut sur les maisons,
Il pleut sur les enfants
qui s’en vont à l’école.
Le soleil s’est caché,
il n’aime pas la pluie.
Il pleut sans bruit,
sur les autos qui passent
et sur les feuilles mortes.
Il pleut tout doucement
sur la route qui luit
et c’est comme un adieu
de l’été qui s’enfuit.
Je revis des instants charmants,
Étalant des dessins d'enfants,
Petits tableaux soignés, aimables,
D'un style étant inimitable.
Quand je présentais un poème,
Parfois porteur d'humour qu'ils aiment,
À des enfants qui m'écoutaient,
Peu après, chacun méditait.
C'est qu'alors, je leur demandais
D'en faire un dessin sans tarder.
Ayant fait le choix du partage,
Je montre souvent leurs images.
Il est certain qu'elles révèlent
Leur sensibilité réelle.
Ils répondaient spontanément,
Toujours au mieux de leur talent.
En recevant de l'allégresse
Ils y mêlaient de la tendresse,
Et en choisissant des couleurs,
Créaient la grâce, la ferveur.
Ier avril 2013
Vous êtes longtemps restés sans nouvelles…
Pourtant, la dernière carte postale du Rajasthan cheminait vers vous tandis que nous franchissions les continents sur le chemin du retour, à l’image même de ces missives qui vous parviennent d’endroits lointains bien après que les amis qui vous les avaient envoyées soient revenus.
Ce périple en Asie hors du commun, commencé il y a plusieurs années, s’est donc poursuivi par ce très beau stage indien dans l’esprit de celui dont la réussite et la beauté avaient mis en lumière la Birmanie l’année dernière dans nos carnets.
De ce nouveau contact avec une culture fascinante, multiple et d’une grande richesse, au cours des rencontres fortes qui marquèrent notre cheminement de carnettistes attentifs aux beautés du monde, je vous adresse cette dernière carte postale, vidéo cette fois-ci :
Mais elle est plus que la rapide mémoire de moments que vous n’avez pu partager avec nous : c’est aussi une façon pour moi de remercier chaque stagiaire qui m’accompagnait cette année dans une ambiance chaleureuse et enthousiaste, car c’est d’abord à elles toutes (messieurs où étiez-vous ?) que revient le mérite d’avoir su conserver l’osmose, l’enthousiasme, l’émerveillement, le partage, l’entraide indispensables à la réussite d’une telle aventure des semaines durant, à des milliers de kilomètres de chez nous.
Je n’ai monté dans cette vidéo qu’un extrait parmi de nombreux autres des séances spécifiques de peinture ou de travail sur le carnet : que me pardonnent celles qui ne se verront pas (ou ne verront pas leur travail) dans les images qui précèdent, car je ne pouvais pas dépasser les 4 mn si je voulais télécharger ce petit clip de l’endroit où je me trouve en ce moment.
Un extrait de démo visible dans la vidéo ci-dessus.
En pleine peinture depuis la fenêtre d’un palais.
À l’ombre des ruines du Qûtb Minâr à Delhi…
Il faut dire que depuis notre retour je n’ai pas une minute pour souffler, pour vous retrouver en écrivant ici le moindre billet, car les évènements et les enchaînements de circonstances (des plus inattendues, heureuses et dynamiques) se précipitent pour me propulser (et « vous » propulser aussi, vous comprendrez prochainement pourquoi) dans l’avenir !
En attendant nous voici déjà en fin de séjour du stage de l’application d’aquarelle aux carnets de voyages « ambiances et paysages de neige » en Jura Oriental, dans une atmosphère de contes de fées ressemblant un peu au « Monde de Narnia» (souvenez-vous de notre balade fantastique avec P’tit Jo).
Échappée du «Monde de Narnia», la forêt enchantée qui nous
accueille en plein Jura Oriental…
Si certains d’entre vous viennent de subir les caprices d’un épisode hivernal pouvant se révéler des plus désagréables, il n’en est rien ici au contraire, ce serait même l’émerveillement des Noëls enchantés de notre enfance dans lequel nous sommes retournés avec ce stage, dans un endroit idéal, rêvé pour cela :
- Peut-être avez-vous vu il y a quelques jours à la télé sur France 2, l’émission de la maison préférée des français (La maison préférée des français émission présentée par Stéphane Bern, voir aussi le hors série n°2 de MaisonCréative actuellement dans les kiosques) ?
Alors vous aurez vu si vous avez suivi l’émission, l’une des maisons de France qui a le plus de charme et a été choisie pour faire partie des 22 maisons finalistes de cette émission : celle de Christiane Colin, qui nous accueille en ce moment pour ce stage magique des ambiances de neige en Jura Oriental (cliquez sur le lien pour voir ou revoir la jolie maison de Christiane, l’une des plus charmantes maisons françaises ou vous pouvez aussi séjourner si le cœur vous en dit, et il n'est pas besoin de suivre un stage d'aquarelle pour cela !).
Magique aussi la cuisine de Christiane, souvent citée dans de nombreux guides et revues, et que nombre d’émissions de radio et de télévision ont souvent mise en valeur, mais qui a été "occultée" dans l’émission (consacrée uniquement il faut bien le préciser, aux maisons de charme choisies)…
Christiane COLIN devant son fameux gâteau au chocolat (réalisé sans farine et qui lui a valu un prix culinaire très apprécié), un régal supplémentaire pour terminer ce jour-là le repas…
C’est dire si nous avons là, dans ce coin de montagne privilégié, les conditions idéales pour nous réchauffer, nous réconforter et nous retrouver, après les séances d’aquarelle dans la neige et les croquis au milieu des merveilleux paysages des crêtes du Haut Doubs !
Un stage de plus qui ajoute dans le parcours de chaque participant un séjour d’exception, car il n’est pas toujours utile d’aller à des milliers de kilomètres pour vivre quelque chose d’inoubliable…
Une partie du groupe en plein travail sur fond de Mont Châteleu.
La première ferme du Théverot, l’une de mes « démos » de cours (pochade à réaliser rapidement sur le motif)
Bientôt de retour dans mon Rouergue d’adoption, pour vous reparler d’ici la fin du printemps de plusieurs de ces évènements qui nous projetteront dans de belles aventures dont je vous ferai la surprise en priorité et que je vous ferai partager, (en attendant j'essaierai d'être plus régulier dans mes publications)...
Alors n’oubliez pas de guetter ici mes prochains billets, si vous voulez savoir en priorité de ce qu'exactement je vais bien pouvoir vous faire part !
Catherine Boulogne sur Arts et Lettres: félicitez-la
Belle surprise de poème acrostiche
Avec tant de goût gracieusement calligraphié
Qui sur mon époustouflant vécu me fait revenir
De belle apothéose en cette fin de journée
Aussitôt fixée par ce flash de cœur-souvenir.
Merci à vous eux, Liliane et Sandra !
C'était le merveilleux final d'un périple endiablé
Que même dans cent ans... on n’oubliera pas...
Après retour du bout du monde à la recherche du temple d'Isis
Et nous être égarés sur le gigantesque site de Tanys,
Riche de 4 temples et des trésors de Ramsès sauvés,
Nous voilà revenus morts de faim, exténués
De fiévreuse fatigue et las de la poussière
Mais heureux d'enfin nous assoir à l’ultime terrasse en paix,
Qui domine les pyramides trônant en toute gloire
Dans la douceur de vivre, véritable oasis.
Et avant que se précipite, prématuré, le soir,
Pouvoir admirer l'astre d'or flamboyer
Littéralement les pyramides dans sa lumière
Puis les abandonner une à une dans le noir
Comme redonnées à leur profond mystère
Du plus lointain des âges, du fin fond de l’histoire.
Anne Renault a lu « Lovebirds, Récits de mal d’amour », d’Edmée de Xhavée, paru en 2012 aux éditions Chloé des Lys », Belgique.
Avec fantaisie, humour, émotion, délicatesse toujours, Edmée de Xhavée nous livre, au fil d’histoires toujours parfaitement menées, sa vision douce-amère de l’amour. Parfois mascarade, expression des conventions les plus rigides, parfois jaillissement de l’âme, expression accomplie d’une personnalité et d’un destin.
« Lovebirds », la première nouvelle, nous présente des personnages archétypiques, à la limite de la caricature, un « petit caniche » de mari et son épouse, une narcissique dominatrice. Perdus dans un désert, loin de tout regard, de toute société, les époux laissent exploser avec une extrême violence la vérité de leur relation, une haine féroce. Mais dès leur retour à la civilisation, leur entente délétère se renoue. Faisant fi de leurs rancoeurs, de leurs désirs déçus, chacun reprend son rôle et reconstitue l’image d’un couple parfait.
Cette satire cruelle, qui inaugure le recueil, pourrait laisser présager une version bien pessimiste de l’amour…
« La joie de Chérie » ne nous détrompe guère. Chérie vit l’amour-prison, l’amour-dépendance pour un homme qui se détache vite d’elle, et qu’elle a pourtant décidé d’aimer « à vie ». Aliénation, souffrance, obstination stupide ou névrotique, tel est le lot de Chérie. Quant à sa « joie », bien plus que dans le retour de l’infidèle, elle apparaît lorsqu’elle découvre, dans la solitude et la vieillesse, la beauté du monde, le parfum des fleurs de son jardin, l’affection de ses amies.
« Un amour d’amnésie » est une jolie version du « secret de famille », thème cher à Edmée de Xhavée. Amour caché et impossible, père au grand cœur, quelques larmes. Une histoire à laquelle les descriptions de la belle nature du sud-ouest de la France évitent toute tonalité tragique, ne laissant subsister qu’un parfum de mélancolie, et le regret des années perdues.
« Carte numéro 13, la mort », qui met en scène un meurtre et ses conséquences, est, paradoxalement, une des nouvelles les plus apaisées du recueil. Ici, l’amour est salvateur, généreux et tendre. Nous y trouvons une figure du pardon, thème central de « La piste des larmes », ainsi que grande idée qui domine « De l’autre côté de la rivière, Sibylla », deuxième roman d’Edmée de Xhavée, celle que l’amour exerce des pouvoirs bénéfiques par-delà la mort.
Les deux nouvelles suivantes, « Un dimanche en famille » et « L’amour d’une mère », illustrent bien plutôt, en revanche, le « malamour », en évoquant, dans la première, la suffisance et l’égoïsme d’un macho qui « veut essayer avant d’acheter », et, dans la seconde, l’amour mortifère d’une mère. Et même si les derniers mots du fils sont destinés à sa « famille », vraie ou fausse, il n’en reste pas moins vrai que nous trouvons dans « maman Monique », une bien belle incarnation de la mère castratrice et toute-puissante.
Avec « La piste des larmes », issue de l’expérience américaine d’Edmée de Xhavée, nous voici dans un autre monde, rustique et sauvage, dans une civilisation modelée par un passé indien. Mais là règne l’amour vrai, au-delà du meurtre, au-delà du drame, un amour qui témoigne de l’universalité des sentiments forts.
Enfin, le recueil se clôt sur la magistrale nouvelle, « Le grand amour de Tatia », véritable hymne à l’amour, qui s’impose comme LA grande valeur, source de beauté et de vérité. Amour fou, amour passion, réalisation de l’être, auquel on se doit de céder.
Ainsi, rendus parfois indécis sur la position de l’auteur, nous comprenons enfin que dénoncer les « contrefaçons » de l’amour n’est qu’une autre façon de mettre en valeur son original.
Petites touches de quotidien, grande attention portée aux choses et aux gestes anodins et doux - allumer une bougie, contempler un coucher de soleil – viennent tempérer la causticité de certains récits et l’atténuer, comme d’une d’une brume légère et parfumée.
Variations sur thème, et, pour garder la métaphore musicale, jeu sur toute la gamme, voilà ce qu’Edmée de Xhavée nous livre dans « Lovebirds », où s’exprime au bout du compte un hommage à la puissance et à la beauté de l’amour.
"La vieile dame "
De Ro Jacqueline
La muse de la vieille dame.
Se plaisant à dormir beaucoup,
En retrouvant la vie réelle,
Lors de pauses existentielles,
Elle ne s'ennuie pas du tout.
Solitaire, dans silence,
Elle accueille des souvenirs.
En pensant à son avenir,
Ne se fiait pas à la chance.
Toute vie est aventureuse,
La sienne fut décourageante,
Et le plus souvent contraignante,
Or les gens la voyaient heureuse.
Une déesse rayonnante
La consolait avec douceur,
Mettait de l'or sur la noirceur,
Disait des choses étonnantes.
Elle prit le goût de chanter.
Pour accéder à une fête,
C'est une fameuse recette.
Elle en a longtemps profité.
La musique et la poésie
Créent un univers lumineux.
L'aide toujours à vivre mieux
Cette muse qui l'a choisie.
Suzanne Walther Siksou
29 mars 2013
Un partenariat d'
Il est une fée des chansons.
C'est une muse enchanteresse.
Elle engendre émois et tendresse.
Je voudrais des perles de sons.
C'est une muse enchanteresse.
Les âmes vibrent, à l'uni-son.
Je voudrais des perles de sons,
Toute pluie lave la tristesse.
Les âmes vibrent à l'uni-son,
Lors passe un courant d'allégresse.
Toute pluie lave la tristesse.
Viendra une riche moisson.
Lors passe un courant d'allégresse,
D'espoir, d'énergisants frissons.
Viendra une riche moisson.
Le temps s'émaillera de sons.
15/1/2004
"Chute vespérale"
Sandra Dulier
Photo de Rebecca Terniak
Interprétations peinture-poésie entre les artistes d'Arts et Lettres.
Un partenariat d'
Arts
"Naufrage à la Brunante"
Claudine Quertinmont
Photo Joelle Diehl
Interprétations peinture-poésie entre les artistes d'Arts et Lettres.
Un partenariat d'
Lettres
Merci à Suzanne Walther -Siksou
pour sa générosité.
Interprétations peinture, photo et poésie
entre les artistes d' Arts et Lettres.
Un partenariat d'
Arc en ciel est mon cœur,
dans ma tête, pas de danse du soleil,
le reflet des deux sur ma peau ;
mes yeux fleurissent à l'instar du printemps,
tout doucement,
si près pourtant des neiges blanches !
Si près de moi, mon chat ronronne,
noir étincelant,
somnolant sur un coussin fleuri, en satin,
les yeux mi-clos !
Qu'a t-il d'autre à m'offrir,
sinon toute sa tendresse ?
Point tricher il ne peut !
Prototype d’Atelier pédagogique artistique
« À Fleurs de Mots et Voix au Chapitre »
Initiation à « La Flore dans l’Art et l’Histoire »
Par Valériane d’Alizée,
Créateur-Passeur de Verbes et d’Arts
Rencontres naturalistes déclinées au rythme du calendrier :
(Écrit et Oralité
Vers et Prose)
Animations pour de « jeunes graines en germination »
(Enfants de 8 à 10 ans)
Canevas du déroulement d’un cours
(adapté sur mesure, selon le potentiel, la réceptivité des élèves[1])
Modèle de Cycle :
Hommage à l’Arbre
ce « géant » majestueux dont la cime se plait « à tutoyer l’azur »
et qui survit à l’Homme :
« Peinture » effectuée à l’aide de « la plume et du pinceau »
(Palette d’artistes faisant partie du patrimoine d’antan et vivant, pictural et littéraire)
I) « Portrait » du Chêne :
de sa pleine efflorescence à sa disparition naturelle voire tourment programmé…
- ou
L’Arbre de Jupiter sous la saison automnale
En Prologue :
- Identification visuelle de l’essence botanique élue, ce feuillu à la verdoyante feuillaison caduque : courte présentation du « Quercus » notamment l’un des plus répandus sur le continent européen : le Chêne commun dit pédonculé, dénommé en latin, la langue des végétaux que l’humoriste Alphonse Karr disait « barbare »[2], Quercus pedunculata ou Quercus robur
- Résumé sur son appartenance « généalogique » (famille botanique des Fagacées), son étymologie et origine, odyssée historique incluant également ses légendes et traditions mythologiques ainsi que chrétiennes, son apport fondamental pour l’équilibre de la biodiversité, sa présence au sein des beaux arts, de la littérature, sans omettre sa place au cœur de la chanson…
Acte I
a)
- Mise en bouche vocale à voix haute des œuvres au programme (soit sous forme de poème, soit de prose) « autrement dites » par l’intervenante, soit, de manière artistique, commentées en un second temps à son auditoire de manière vivante.
- Mise en relief de la beauté des sonorités des mots, de la musicalité et de la cadence des vers ou d’une prose poétique, éclairage sur le sens du vocable ainsi que la stylistique des poésies appréhendées, leurs métaphores devenant images parlantes, dans le dessein de les rendre intelligibles et donc de « colorer », de nourrir de l’intérieur ce langage, expressions usitées caractéristiques d’une époque mais aussi propres à l’auteur, ce « Poémier » véritable « Arbre à Poèmes » suivant une formule de Paul Fort[3]…
- Éveil à l’interprétation grâce à la technique vocale, respiration, articulation, rythme, inflexion, ré-accentuation et autres principes de diction favorisant le « jeu-je » appropriation de la pièce présentée :
b)
- En ouverture, travail de base fondé sur le Chêne et le Roseau de Jean de la Fontaine, (Fable XXII du Livre Premier), ses correspondances antiques et modernes : filiation et legs, d’Ésope et Aphtonius à Isaac de Benserade puis à Jean Anouilh, sans omettre le texte signé de Georges Brassens nommé « Le grand chêne » faisant référence à la source de La Fontaine.
- Toujours après avoir donné en audition la fable précitée, accompagnée des textes en lien, échange avec quelques apprenants en toute équité, qui, à tour de rôle s’exerceront au « bien dire », au plaisir de restituer par la parole, la saveur des mots-émaux issus des vers du maitre des Eaux et Forêts de Château-Thierry, tout en étant à l’écoute de leur propre sensation, sinon émotion de sensitif en germination…
Pratique que ces derniers réitéreront en deuxième partie de l’Atelier, concernant le texte principal exploré…
Le Chêne et le Roseau de Jules Louis Philippe Coignet,
(milieu XIXème Siècle)
(Pause de dix minutes environ, proposée aux Enfants)
Acte II
Intermède enluminé :
- Précédant l’étude du motif central, l’instant de la reprise est à une respiration picturale proposant un échantillon de tableaux de Maitres tels que ceux de Gustave Courbet, Odilon Redon, Vincent Van Gogh, Egon Schiele, René Magritte ayant immortalisé notre géant pour la postérité, et de temps à autre, mise en miroir de la création d’un poète avec celle d’un peintre, parfois ami ; exemple d’ « Affinités électives » : la relation entre Émile Verhaeren et Henri Edmond Charles Cross, Charles Baudelaire critique d’art, inconditionnel « supportant » la production d’Eugène Delacroix, Camille Corot …
- Dialogue autour du ressenti des enfants, vision laissant parler leurs perceptions sensorielles, privilégiant l’Affect, et non exclusivement l’Intellect…
Métamorphose automnale :
- ou quand le protagoniste de l’histoire se défait de son habit émeraude
- Après avoir revêtu une chaude parure mordorée, rougeoyé de mille feux pour le plaisir des prunelles humaines qui savent le contempler et ne pas passer à côté de lui en indifférent, le « regardant » sans le « voir », le Chêne doté d’une feuillée non persistante,
est voué de façon immuable à perdre sa toison, puis à s’endormir afin de se ressourcer, jouant en cela à la « belle au bois dormant », dans le dessein de rejaillir, gorgé de sève, soit, de reverdir à la saison nouvelle…
Paysage d'Automne de Vincent Van Gogh
(1853-1890)
- Correspondance allégorique des quatre saisons, fille de Natura, elle-même engendrée par Gaïa, la Terre, notre mère nourricière, avec les quatre âges de l’existence humaine, l’Automne équivalent au troisième moment clé de son cheminement, c'est-à-dire sa pleine maturation annonciatrice des rigueurs de l’hiver-vieillesse …
- Lecture à voix haute sur un mode majeur proche du récital chargée de mettre en valeur le sujet principal de cette rencontre naturaliste par l’animatrice artistique, semblable à la pièce poétique « Matin d’Octobre [4]» de François Coppée (1842-1908) dont le principal enjeu représente la restitution de l’atmosphère du tableau dépeinte grâce à l’imagier-poète par le biais de son sonnet.
Modèle servant d’inspiration, de sensibilisation à nos frais bourgeons en germination qui s’empareront tour à tour de la voix orphique, via l’œuvre dévoilée, au vu et au su de leurs camarades de l’assemblée, cependant que chacun d’entre-eux aura le loisir, cela va sans dire, de s’interroger en verbalisant librement leur réflexion.
Acte III
- Pour clore en beauté ce cours porteur d’un thème inédit, incitation faite aux enfants afin de recueillir leurs impressions de la thématique naturaliste déployée au sein de cet atelier, les conviant à transcrire au moyen de l’écriture sous forme de prose, les sentiments qui les traversent, du moins l’empreinte que la « substantifique moelle » émanant de la langue « entendue » au sens littéral du terme, leur laisse, confiant au papier le fruit de leur perception, également teintée de leur imaginaire, en « apprivoisant » non plus l’élocution mais l’expression écrite propre à leur tempérament…
Notes :
Nous nous permettons d’attirer l’attention sur le fait que cet atelier n’a pas pour vocation de se montrer contraignant envers des enfants qui sont déjà fort sollicités au quotidien dans leur vie et apprentissage scolaire, mais a, autant que faire se peut, pour objectif premier, de délivrer un message artistique avec entrain, afin que prédomine une atmosphère où le plaisir serait roi, avec en filigrane, et ce, in fine, l’ambition de les sensibiliser à l’univers créatif lié au règne de la Nature, participant de ce fait, à la pleine effloraison de leur personnalité en construction, en faisant montre à leur égard de Sapientia, selon le précepte philosophique de Roland Barthes[5] :
« Nul pouvoir, un peu de sagesse, un peu de savoir, et le plus de saveur possible. »
Concourir à susciter de l’émotion, sollicitant « les jeunes pousses » dans le dessein qu’ils coopèrent pour être davantage à l’écoute de leurs sens, plus qu’en faveur d’un esprit purement cérébral, voilà une discrimination positive vers laquelle nous tendons…
En tant que « Passeur de Verbes et d’Arts », nous formulons donc nos vœux les plus florissants afin que notre intervention revête l’une des significations que nous lui attribuons en toute humilité, soit, la valeur d’un apport « thérapeutique »…
Hymne à une noble essence à « la Multiple splendeur » :
l'Arbre,
Témoin séculaire de la courte existence des hommes
« Le vent se lève !...
Il faut tenter de vivre !... »
Paul Valéry
Arbre, mon modèle, arbre mon ami, tandis que la destinée éphémère de l'espèce humaine s'effeuille jour après jour et que cette dernière, arrogante, oublieuse de son statut précaire, joue à l'invincible, s'ingéniant à retarder le moment où elle s'éclipsera, tu perdures à imposer ta « force souveraine aux plaines »[6], enluminant coteaux et vallées, monts et bois, taillis et tertres mûrissants ronsardisants ...
Alors que nous autres Hominiens, appartenant à une race soi disant supérieure, dirigeons nos pas, dès notre naissance, tel un sablier, vers l'inéluctable proche, cheminement auquel nous ne pouvons nous soustraire… impassible, faisant montre d'un stoïcisme exemplaire hors du commun, même au cœur de la tempête la plus redoutable, dont tu ne ressors pas toujours indemne, hélas, puisque en ces instants de tragédie, nous pouvons t’entendre gémir, tu perdures dans ta mission d'élévation, indifférent à notre sort de fragiles créatures lilliputiennes.
Mais qui oserait t'en blâmer ?
Ainsi, ne pouvant comparer le moins du monde ton histoire à celle de l'homme, ce mortel au court séjour terrestre se berçant parfois d'illusions, homme, la tragique incarnation de ton prédateur le plus redoutable, tu persévères au cours d'une lente croissance, de tes nervures, à étoffer ta « vie ardente »[7], pour que certains bourreaux dictateurs s'arrogent, sans autre forme de procès, leur sentence de vie ou de mort sur les quatre règnes, végétal, minéral, animal et humain, jugeant opportun de l'interrompre, et ce, n'écoutant que leur bon plaisir !
Or, ne sembles tu pas, incomparable allié du genre « bipède », vouloir nous délivrer un message essentiel, celui de l'opiniâtreté, nous incitant à relever les défis, quelque en soit la complexité ? Et de ta « multiple splendeur » selon une formule du poète te célébrant avec la flamme lyrique de sa plume incandescente, soit de tes ramures caduques, verdoyant à nouveau, tel le Phénix renaissant de ses cendres, sous l’égide de Primavera, qui, en Avril daigne te couvrir
de plusieurs fils, soit de tes ramées persistantes chlorophylliennes, puisant leur énergie substantielle fertile, bref, de ta souche enracinée dans des profondeurs abyssales de Gaïa, notre mère nourricière à tous, ne nous parles tu pas cette langue imagée, aux antipodes de la langue de bois[8], un blasphème à l’endroit de ceux qui sont entrés en religion pour toi, si l’on adhère à l’idéologie nougaresque et néanmoins fort prisée de nombre de politiciens ?
Ne nous traces-tu point la voie de la sagesse, éminent philosophe, que nous ne percevons guère, de ta cime cherchant à s'évader des contingences bassement prosaïques pour aller courtiser la nue, comme si tu songeais à conter fleurette, toi le Magnifique, au firmament peuplé d’étoiles ?
Paysage de Louis Janmot
(1814-1892)
Quête d'altitude, de sommets que nous ne pourrons jamais prétendre atteindre, nous, autres terriens dépourvus d’ailes, d’élancement, qui sommes ancrés dans ce monde trivial, si fréquemment violent et cruel, cependant que nous ne cesserons ad vitam aeternam d'aspirer à nous en échapper, spirituellement s’entend, afin de « tutoyer l'azur » à la manière de la palette de ce peintre annonciateur de l'Impressionnisme, épris de traduire en précurseur, les accordailles des éléments, «simples beautés de la nature »[9], et dont Camille Corot devait faire l’éloge, décernant à son cadet pour la postérité, la charge de « seigneur de la voûte céleste » [10], tandis que son coreligionnaire, Gustave Courbet, l’adoubait du titre de « Séraphin »[11] !
« L'arbre, c'est la puissance qui, lentement, épouse le ciel » professait le Père de « Terre des hommes »[12].
Figure riche d'idéaux, aimant à gagner les hauteurs afin de fendre les airs et de repousser, sinon de transcender ses propres limites, qui avait lui aussi, conscience de ta valeur, de ton rôle appelé à nouer un sublime trait d'union avec Ouranos, « souverain roi» du « Règne végétal », revêtu d’une parure émeraude, lorsque, à l’acmé de ton rayonnement, tu fais chanter tes frondaisons au son de la harpe du Dieu Éole !
Certes, à condition que nous t’en offrions le loisir, qu'une pléthore de profiteurs inconséquents, nuisibles d’entre les nuisibles, relevant d'une humanité inhumaine exploitant à l'infini tes ressources, qu'ils s'imaginent inépuisables, cher confident, à l’écoute des complaintes de «Monsieur le Vent et Madame la Pluie »[13], modifient radicalement leurs conduites suicidaires, qui plus est, comportements de drôles, de fieffés coquins, synonymes de massacres criminels !!!
Le chêne aux corbeaux de David Caspard Friedrich
(1774-1840)
Gageons que nos civilisations dites modernes, ne semblant guère, pour lors, cultiver l’antique Sophia des Grecs, sauront se ressaisir avant l'inexorable : l'heure fatidique sonnant le glas de la disparition de tant d'essences botaniques, à l'instar de l’un des membres de ta fratrie d’envergure, aujourd’hui éteint, l'orme…
Texte de Valériane d'Alizée,
« Hymne à l’Arbre » dédié à Rebecca Terniak,
l’âme-fleur des Éditions « la Lyre d’Alyzé »
Le 23 Janvier 2012,
Légèrement retouché le 11 Avril 2013
© Tous droits de reproduction et de diffusion réservés
L’Arbre (sans doute un Chêne)
de René Magritte
(1898-1967)
[1] : Intervention artistique s’adressant dans l’idéal pour un ensemble de 12 à 15 élèves, groupe pouvant être élargi dans le cadre du milieu scolaire avec si possible, aide à la clé et dont la durée est modulable, restant à définir selon les desiderata des lieux et structures…
[2] : Expression employée par Alphonse Karr au sujet de la langue latine servant à la classification des espèces botaniques, au sein de son introduction du fameux ouvrage « Les Fleurs Animées De J. J. Grandville », 1867, Garnier Frères, Libraires-Éditeurs, et dont la citation savoureuse dans son entièreté est la suivante : « Il y a plusieurs manières d'aimer les fleurs. Les savants les aplatissent, les dessèchent et les enterrent dans des cimetières nommés herbiers, puis ils mettent au-dessous de prétentieuses épitaphes en langage barbare. »
[3] : Citation empreinte de métaphore extraite d’une Ballade Française de Paul Fort dont l’intégralité du texte est lisible en suivant ce lien : http://versautomnal.over-blog.com/article-5626940.html
[4] : Voir lien pour la poésie : http://www.unjourunpoeme.fr/poeme/matin-doctobre
[5] : Citation extraite de la «Leçon inaugurale au Collège de France » de Roland Barthes que nous restituons ici dans son intégralité : « Si je veux vivre, je dois oublier que mon corps est historique, je dois me jeter dans l'illusion que je suis contemporain des jeunes corps présents, et non de mon propre corps passé. Bref, périodiquement je dois renaître, me faire plus jeune que je ne suis. [...] J'entreprends de me laisser porter par la force de toute vie vivante : l'oubli. Il est un âge où l'on enseigne ce que l'on sait; mais il en vient aussi un autre où l'on enseigne ce que l'on ne sait pas : cela s'appelle chercher. Vient peut-être maintenant l'âge d'une autre expérience : celle de désapprendre, de laisser travailler le remaniement imprévisible que l'oubli impose à la sédimentation des savoirs, des cultures, des croyances que l'on a traversés. Cette expérience a, je crois, un nom illustre et démodé, que j'oserai prendre ici sans complexe, au carrefour même de son étymologie : Sapientia. Nul pouvoir, un peu de savoir, un peu de sagesse, et le plus de saveur possible. »
[6] :Emprunt poétique d’un vers d’Émile Verhaeren intitulé tout simplement « l’Arb