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Un enfant dans la ville

Chers ami(e)s artistes,

Je serai très heureuse de pouvoir partager un instant particulier avec ceux d'entre vous qui pourraient être présents le samedi 10 décembre, chez Interparking, 8 rue de la Vierge Noire à 1000 Bruxelles où Maxime Loiseau, un tout jeune musicien de la Faculté de Musique de Rouen m'accompagnera pour une performance picturale, en public, à partir de 16h30. Venez nombreux car cela est une bonne action en faveur de Child Focus.Vous serez invité(e)s à participer à la création de la toile...

Artistiquement.

Josiane

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MARC AZEMA & LA PREHISTOIRE...DU CINEMA

Marc AZEMA est un Docteur en Préhistoire, spécialiste de la grotte Chauvet ; il est en relation avec les grands préhistoriens français, de plus, c'est un ami de mon ami Stéphane Kowalczyk qui a tourné quelques séquences du DVD d'accompagnement.

Son hypothèse est celle de l'invention, à la Préhistoire, par l'homme moderne, ...du cinéma!!!

 

Un farfelu échappé de l'asile?

 

Regardez plutôt sur l'annonce de son livre, le passage avec la rondelle avec deux dessins : un sur chaque face, qui déjà amusait notre ancêtre...

 

Le livre est accompagné d'un DVD...

 

 

 

Le livre:

 

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Savez-vous qu’il existe, dans le monde moderne, un peuple d’envahisseurs ?

Ils sont tellement bien intégrés, qu’ils ne se cachent même pas et que personne ne s’inquiète de leur prolifération… Bien au contraire, tout doucement, ils finissent par nous coloniser.

Si nous n’y prenons garde, nous leur ressembleront tellement que nous finirons par prendre tous la même couleur.

Ils épousent nos enfants… Entrent dans nos maisons… Se reproduisent à l’infini…

Ils envahissent nos cœurs et nos cerveaux… Du métissage qui n’engendre que des défauts contrairement au mélange des peuples qui nous apporte les couleurs de la culture et des différences…

Ceux là sont nocifs… Pire encore puisqu’ils sont toxiques : à leur contact, nous devenons suspicieux, égoïstes, tristounets, agressifs… et j’en passe.

Notre Phoenix, bien différente, s’offusque à chaque fois qu’elle en croise un…

Ah oui, je ne vous ai pas (encore) dit comment cette peuplade se nommait : les Savatois !

On les reconnaît facilement : quand on les rencontre au hasard des rues, des courses ou des mondanités, ils vous disent immanquablement mais sous des formes variées « Bonjour, comment ça va ? ». Ou bien « Comment vas-tu ? ». Ou encore, et c’est de là que vient leur nom, « Ca va toi ? »

Vous me direz qu’ils sont bien polis et que c’est agréable que quelqu’un s’intéresse à notre petit égo… En effet, ce serait bien s’ils en attendaient la réponse… Mais non, ils poursuivent leur chemin… Ou pire encore… Ils vous parlent systématiquement d’eux… Même si vous aviez répondu par la négative à ce qui précède.

Ce sont ceux-là les pires… Ils deviennent sourds et pas de remède à cela… Aucun sonotone ne parvient à leur faire entendre les sons de l’âme… Ils finissent par se replier sur eux-mêmes, la tronche renfrognée… Avant de contaminer leur entourage…

Pour éviter ce risque, Phoenix a commencé par faire le tri des zamis et connaissances…

Tant qu’à faire, pour revenir dans le monde réel, autant que ce soit dans les meilleures conditions possibles…

Quand quelqu’un lui demande comment elle va, elle ne répond pas. Et si son interlocuteur ne lui repose pas la question, preuve qu’il ne s’y intéresse pas vraiment, eh bien, elle passe son chemin.

Certains disent qu’elle a beaucoup changé… Peut-être, mais elle se sent bien mieux, Merlin, Nymphea et les Poupées magiques l’ont beaucoup aidée…  Si l’enchanteur lui manque, elle est bien plus forte maintenant.

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"Lettre à… Sakineh Mohammadi Ashtiani"

Lettre à… Sakineh Mohammadi Ashtiani



Madame,

« Et 99 coups de fouet de plus », viens-je de lire dans mon journal à votre encontre !
Il n’était donc pas suffisant de vous condamner à être « lapidée à mort » (sic), il fallait encore vous fouetter avant cela ?

Dans quel pays barbare et à quelle époque vivez-vous donc ?

Est-ce il y a deux mille ans, au temps de Jésus ? Lui qui avait dit à ses bourreaux : « Que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre »…

Non, il ne s’agit pas d’une histoire ancienne que j’évoque ici, mais bien d’un « fait divers » bien d’aujourd’hui, et qui se passe en Iran, pays de l’obscurantisme par excellence semble-t-il…

Accusée « d’adultère et de complicité de meurtre », vous devriez être lapidée à mort, comme je le disais plus haut, mais le monde entier s’insurge, avec raison, contre une telle sentence moyenâgeuse, qui choque le monde occidental tout entier, à commencer par le Vatican qui a protesté énergiquement : « La position de l’Eglise, opposée à la peine de mort, est connue et la lapidation en est une forme particulièrement brutale » a souligné le Père Federico Lombardi.

La vaste campagne internationale de protestation vous a évité provisoirement ce châtiment d’un autre âge, mais « suspendu ne veut pas dire annulé » a souligné votre fils dans un entretien avec Bernard-Henry Levy pour le journal « Libération » (le si bien nommé ! ).

J’espère, comme des milliers, et sans doute des millions d’hommes et de femmes avec moi, que vous serez acquittée d’un châtiment injuste, infligé dans un mauvais procès. Votre pays montrerait ainsi enfin une ouverture à la démocratie et la modernité… dont il a tant besoin.

Mais l’ « égalité » est-elle de ce monde ? N’y a-t-il pas toujours des « forts » pour écraser les « faibles » ?

Si l’Islam est la « religion d’amour » qu’elle prétend être, peut-être avez-vous une chance ?

Je vous salue, madame, et prierai pour vous.

Léo

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"Lettre à... ma mère"

Lettre à... ma mère

 

Chère Maman,

Comment ne pas commencer par toi cette série de lettres ?
Tu es celle qui le mérite le plus, sans aucun doute, et pour des tas de raisons.

Et d’abord, pour m’avoir mis au monde, c’est sûr ! Je ne m’en souviens certes pas, mais pour toi ce fut d’abord une souffrance, j’imagine, surtout que c’était la guerre, et que rien n’était facile à cette époque.

Mais bon, tu avais papa et ma sœur aînée, et la vie devait te paraître belle, malgré tout. Tu donnais un fils à l’homme que tu aimais. Un « héritier » ! Et il était si fier, paraît-il…
« Paraît-il », car il n’a jamais pu me le dire, où alors j’étais si jeune qu’il a fallut que tu entretiennes sa mémoire auprès de nous, ses enfants. J’avais à peine trois ans et demi quand il nous a quittés.

Veuve à trente ans, avec quatre enfants en bas-âge : tu étais plainte de tous, évidemment, mais tu as courageusement relevé le défi, et tu nous as élevés seule… 

Oh, maman, comme tu as du souffrir de tout cela !

Mais courageusement toujours, tu t'es mise à la tâche, sans faiblir...

Suivi alors une longue période où chacun de nous, tes enfants, faisions nos armes, face à la vie, toujours avec toi comme seule référence, mais tu étais solide comme un roc sur lequel nous pouvions nous appuyer.

Pourtant, bien plus tard, quand nous fûmes tous « casés », en quelque sorte, tu retrouvas le bonheur conjugal auprès d’un homme dont la longue amitié, qui datait déjà du temps de papa, vous a fait rejoindre pour une fin de vie commune, et ce fut un bonheur de quinze belles années avant que la mort ne l’emporte à son tour.

Toi, après cela, tu m’apparus de plus en plus désarmée et fragile…

Commençait alors le temps où la vie inverse un peu les rôles, faisant des enfants les protecteurs de leurs parents.

Quand, après quelques années encore, ton cœur fit mine de lâcher et qu’une opération semblait devoir te remettre d’aplomb, un stupide virus eu raison de toi après une lutte courageuse d’un mois, nous laissant à jamais orphelins de toi, mes sœurs et moi, inconsolables, car la perte d’une mère telle que toi, on ne s’en remet jamais tout à fait, même si l’on apprend à vivre avec ton souvenir.

Ton souvenir…

C’est lui, sans doute, qui m’inspire cette lettre comme un chant d’amour filial à une mère toujours aimée, par-delà la mort et en attendant de te rejoindre « de l’autre côté » de ce fleuve inconnu.

Un jour, moi-aussi je le traverserai, et là, je te retrouverai dans l’Amour Infini, celui de notre Créateur.

A-Dieu donc, maman. 

Je t’aime…

Léo

 

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Il y a des nuits comme ça (9)

Cauchemar

Delphine avait gratifié les parents de bébé trente d'un « je suis à vous dans un instant » poli mais sans appel, puis une fois arrivée au camp de base s'était elle emparée du téléphone.

— Cécile ? Maman Noémie a une pneumonie.

— Cécile est auprès d'elle.

C'était la voix de Bertrand.

— Que fais-tu là ?

— Je l'aide. Noémie est en arrêt cardiaque. Rapplique.

Non ! Merde, pas cette nuit !

Derrière elle, les parents de bébé trente s'encadraient dans la porte d'entrée du camp de base.

***

Delphine expliqua rapidement aux parents de bébé trente que le service de néonatologie ne pourrait pas les accueillir tout de suite. Une urgence. Un autre enfant. Pas le leur. Elle viendrait les chercher.

Elle se mit à courir dans le couloir, ignorant les propos scandalisés du couple.

Je vais me les faire avant la fin de la nuit, ces deux-là.

La chambre de maman Noémie était ouverte.

— Henri ?

— Je suis là.

— Tu peux venir un instant ?

Elle l'entendit murmurer un « je reviens » rassurant, puis le vit se présenter à l'entrée de la chambre. Sa tête changea lorsqu'il posa le regard sur elle. Elle mit deux doigts en forme de « V » sur son cœur. Il l'interrogea tout bas :

(– Arrêt ?)

Elle fit oui de la tête.

(– On monte. File devant.)

Elle courut vers les escaliers.

***

Delphine se demandait pourquoi Henri était si pressé de retourner en néonatologie. Après tout, seule Cécile avait autorité pour laisser maman Noémie voir sa fille. Elle pouvait renvoyer Henri et sa patiente indéfiniment.

C'est simple. Il a écouté les poumons de sa patiente de plus près, et s'est dit : si Noémie souffre de la même pathologie, elle est fichue. Et comme elle est en arrêt cardiaque... Merde, ressaisis-toi et vire-moi ces pensées à la con ! Elle ne peut pas mourir. Je ne veux pas !

Le fait qu'elle soit en arrêt cardiaque n'avait peut-être aucun rapport avec l'empressement d'Henri, mais Delphine n'y croyait pas. Elle savait très bien que les moyens de réanimation pour les prématurés sont infiniment limités si on les compare à ce que l'on peut faire pour ramener les adultes à la vie.

En arrivant à l'étage, une pensée la cloua sur place.

Je cours pour rien.

Elle faillit s'étaler tant cette idée la révolta. Elle courut encore plus vite vers la grande vitre de la néonat.

Si tu es capable de penser cela, ma fille, change de métier.

Elle ouvrit la porte.

Elle comprit au regard de Cécile qu'il était trop tard.

***

Delphine était assise. Elle avait senti les bras de Bertrand la saisir fermement quand ses jambes avaient cessé de la porter.

Tout cela s'était passé bien trop vite. Bien sûr, elle avait couru comme une folle. Bien sûr, elle venait d'entrevoir la petite Noémie au fond de sa couveuse. Et, bien sûr, elle avait compris que Noémie n'avait attendu personne.

Mais ce n'était pas cela qui avait provoqué son éblouissement.

Elle avait senti une présence dans son dos, et s'était retournée. Les parents de bébé trente l'avaient suivie. Ils avaient pris l'ascenseur. Ils étaient immobiles derrière la vitre. Ils ne cherchaient pas leur enfant : c'était Delphine qu'ils observaient d'un regard réprobateur.

Je leur ai dit que je viendrais les chercher, et ils s'en contrefichent. Et ils ne cherchent même pas leur bébé. C'est à moi qu'ils en ont. Ils vont vouloir se plaindre. Passer leurs nerfs d'emmerdeurs sur la petite infirmière débordée.

Delphine interrogea Bertrand du regard. C'est fini, n'est-ce pas ? Cécile gardait le dos tourné. Oui, c'est fini. L'expression de Bertrand ne laissait aucun doute. À ce moment, maman Noémie montait probablement, en compagnie d'Henri. Il faudrait lui dire. Il faudrait dire que sur deux bébés prématurés nés cette nuit, un seul verrait ses parents.

Des parents qui se sont bien reposés, et à qui maintenant il faut tout accorder, tout de suite. Des parents qui ne s'inquiètent pour leur petite fille que quand leur agenda le leur permet. Mais qui ne sont pas fichus de lui donner un prénom, parce qu'ils ne croient pas vraiment qu'elle va vivre.

Les jambes de Delphine perdaient peu à peu de leur consistance. Le papa de bébé trente s'apprêtait à frapper à la porte.

— Bertrand, il y a les parents de bébé trente qui se croient chez l'épicier. Je leur ai dit de ne pas venir, mais...

La pensée qui vint ensuite balaya Delphine comme un fétu de paille.

Noémie, elle, a un nom. Mais elle s'est envolée.

Et je m'envole aussi. Je flotte. Non, je coule. La colère et l'injustice m'emportent.

Alors Marc lui parla.

***

Delphine, tu vas te faire mal.

Un soir où ils avaient fait l'amour, il y a très longtemps, elle s'était endormie du côté gauche du lit, où Marc dormait habituellement.

Dans un demi-sommeil, elle avait entendu son homme lui dire la même chose, alors que son corps glissait lentement en-dehors de la couette chaude.

Tu es en train de tomber, mon amour, tu vas te faire mal.

***

Bertrand la saisit par-dessous les épaules. Delphine se ressaisit juste assez pour tituber avec lui jusqu'à une chaise.

— Hé-là, tu ne vas pas nous abandonner, toi ?

— C'est bon, dit l'infirmière d'une voix agacée. Laisse-moi juste une minute, ça va aller.

Cécile demanda d'un ton absent :

— Bertrand, tu peux faire comprendre aux parents...

— J'y vais. Paramètres stables pour bébé trente ?

Cécile ne répondit pas. Bertrand reprit :

— Oui. Bon. On va dire que tout va bien.

Il sortit.

***

Delphine entendait Bertrand s'expliquer. Les parents lui parlaient sur un ton où se mêlaient condescendance et nervosité.

C'est peut-être ça qui m'empêche de tourner de l'œil.

— Que dis-tu ? demanda Cécile.

— J'ai pensé tout haut ?

— On dirait bien, oui.

— Je disais que c'est ça qui me maintient. Qui m'empêche de tourner de l'œil.

— Quoi donc ?

— L'envie de leur voler dans les plumes.

— Tu as d'autres choses à penser.

C'est vrai. Maman Noémie sera là dans un instant. C'est à moi de la prendre en charge.

Bien entendu, Cécile serait là pour expliquer. Mais c'était à Delphine de rester auprès de maman Noémie jusqu'à la fin de son service. Henri resterait peut-être, mais il n'y était aucunement contraint.

Elle se reprenait. Son corps se refroidissait, mais elle n'avait pas froid. Elle avait déjà eu cette sensation.

C'est le froid de quand maman est morte.

Delphine n'avait pas pleuré un mois durant. Puis ses yeux gelés avaient fini par relâcher des larmes silencieuses, à donner des frissons. Au fil des nuits, elles s'étaient réchauffées, jusqu'à ce qu'un soir, elle s'entende enfin être triste. Elle avait fait autant de bruit que la première fois où, avec Marc, elle avait fait l'amour à en perdre la tête. Ensuite tout s'était calmé.

Et voici que ce soir, alors que Cécile achevait de détacher les capteurs placés sur le petit corps de Noémie, Delphine sombrait à nouveau dans l'âge de glace.

Ce n'est pas plus mal.

Elle se leva. Le ton montait entre Bertrand et les parents de bébé trente : ils étaient à deux doigts d'entrer en force.

— Ne les tue pas, dit Cécile.

— Pas tout de suite.

Elle sortit.

***

Comme elle l'avait prévu, maman Noémie arrivait, poussée par Henri. Delphine n'entendait presque rien de l'altercation entre les parents de bébé trente et Bertrand. Le papa prenait conscience que l'infirmier les empêcherait d'entrer quoi qu'il arrive, alors il passait à la vitesse supérieure. Les menaces. Parler en haut lieu, droit des parents, scandaleux, blablabla, tout y passait. Elle ne voyait que maman Noémie et son visage d'une incroyable beauté, ses yeux vides qui cherchaient sa fille. Elle entendait sa respiration de maman, contrariée par la douleur. Les battements de son cœur qui couvrait les paroles véhémentes des autres, là, loin, aux prises avec Bertrand.

— Noémie ne vous a pas attendue, madame, je suis désolée.

Le plus dur est fait, normalement. Alors pourquoi ne suis-je pas soulagée ?

Maman Noémie encaissa la nouvelle comme une évidence. Après un long silence, elle dit :

— J'ai besoin de la toucher. Je peux ?

Henri restait muet. L'infirmière ne put déterminer s'il y avait de la colère ou de la tristesse sur son visage fermé.

— Oui, madame. Elle a encore besoin de vous, si je puis dire cela.

— Je comprends.

Quelle noblesse.

Les parents de bébé trente s'étaient tus : ils avaient compris, ou Bertrand leur avait dit. C'était sans importance.

***

Ils entrèrent. Cécile se présenta. Henri dit tout bas :

— Le pédiatre et moi-même sommes là pour répondre à toutes vos questions.

Elle répondit :

— Je n'en aurai pas, je crois. Je vais dire au revoir.

***

Après avoir vérifié qu'aucun autre nourrisson n'aurait besoin de soins durant quelque temps, Henri, Delphine et Cécile se retirèrent près de la porte d'entrée. De l'autre côté de la vitre, Bertrand et les parents de bébé trente avaient disparu.

En passant derrière elle, l'infirmière entendit la maman murmurer :

— Châl tsenitek a benti o daba mchiti, radi n'bqaw dima mejmoïn1.

Le poing serré et l'avant-bras de la petite fille disparaissaient intégralement sous la main de sa maman. Delphine sût tout de suite que jamais elle n'oublierait cette image.

***

Delphine entendait Cécile et Henri échanger quelques paroles à voix basse. Il était question de traitement urgent de maman Noémie. L'infirmière regardait la petite fille. Ses jambes allaient à nouveau l'abandonner.

— Vous voulez bien me raccompagner ?

C'était la maman de Noémie. Delphine sursauta.

— Pardon ?

— Je retourne dans ma chambre. Je voudrais être seule, maintenant.

— Oui bien entendu. Je vous ramène à votre chambre.

Si j'y arrive.

Henri intervint.

— Je vous accompagne aussi. Nous devons vous soigner.

***

Le chirurgien et l'infirmière se dirigeaient en silence vers l'ascenseur. Delphine savait qu'elle avait peu de temps pour parler à la maman de Noémie. Elle avait eu le courage de faire ses adieux à sa fille, le moment était venu de couper court à tout sentiment de culpabilité. C'était une obligation pour Delphine, mais elle avait du mal à briser le silence.

Elle prit la parole alors que l'ascenseur s'ouvrait :

— Madame ?

— Je m'appelle Sahar.

Ils pénétrèrent dans l'espace confiné.

— Sahar, vous n' y êtes pour rien. Votre maladie n'a pas été...

— Je sais cela, je le sais. Comment vous appelez-vous ?

— Delphine.

L'ascenseur refermait ses portes.

Il a rétréci. On s'y presse. On y respire mal. Pourvu qu'il ne soit pas plus lent que tout à l'heure.

Sahar prit la main de Delphine dans la sienne.

Elle a de la température.

— Delphine ?

Oh Mon Dieu faites que les portes s'ouvrent !

— Delphine, vous n'y êtes pour rien, vous non plus.

Elle avait prononcé ces mots d'une voix si douce que Delphine crut un instant qu'elle allait tomber endormie, là, comme hypnotisée en un éclair par ses paroles.

Mais ce fut tout le contraire. L'infirmière inspira profondément, et sans faillir, répondit.

— Choukran2. Pardonnez-moi c'est le seul mot que je connaisse dans votre langue.

— Vous connaissez le principal.

La porte de l'ascenseur s'ouvrit. Au bout du couloir les parents de bébé trente poireautaient devant leur chambre. Ils ne souhaitaient visiblement plus y entrer. Derrière eux, elle vit Bertrand lui faire signe.

***

La perfusion était placée, Sahar fermait les yeux.

— Vous pouvez me laissez seule, s'il vous plait ?

— Vous êtes sûre ? demanda Delphine.

— Oui, je suis sûre.

Henri hésita :

— Je ne crois pas que ce soit une bonne idée.

La voix de Sahar se fit plus ferme.

— Je vais pleurer. Juste pleurer. Pas me suicider. Je vous appellerai plus tard, Delphine.

Le monde tourne à l'envers cette nuit. Je n'ai jamais vu une maman réagir d'une telle manière.

Delphine interrogea le chirurgien du regard. Dehors, dans le couloir, les parents de bébé trente attendaient. L'infirmière pouvait sentir leur contrariété et leur colère rougeoyer comme un feu qui couve.

Henri conclut :

— Nous restons à votre disposition jusqu'à ce que l'équipe de jour prenne le relais.

***

Lorsqu'ils sortirent de la chambre, Henri s'adressa rapidement à Delphine :

— Ne dis rien aux parents de bébé trente. Je m'en occupe avec Bertrand.

— Compris.

Ils se dirigèrent d'un bon pas en direction du couple. Toujours derrière eux, à l'entrée du camp de base, Bertrand attendait.

Comme le papa venait à leur rencontre, ce fut Henri qui prit la parole.

— Monsieur, votre femme ne peut pas rester trop longtemps dans une chaise roulante. Il faut immédiatement la ramener dans sa chambre.

Bertrand s'était rapproché :

— Delphine, il faut que je te parle tout de suite.

Merveilleux. Deux hommes à mon secours. L'un occupe les parents et l'autre me donne un prétexte pour traverser le mur de feu.

Mais c'était compter sans la véhémence du père de bébé trente.

— Mademoiselle, vous n'allez pas vous enfuir une fois de plus. Nous passons notre temps à courir derrière vous. Nous voulons voir notre fille !

Delphine ne dit mot en passant devant eux. Elle se sentait encore plus froide que jamais.

Ne me touche pas, pauvre idiot. Ta main serait gelée. Tes doigts tomberaient.

Bertrand intervint :

— Je vous ai déjà expliqué deux fois pourquoi cela n'était pas possible maintenant. Ma collègue a respecté les consignes que je lui avais données.

Delphine atteignait la porte du camp de base. Elle pensa fugitivement à consulter sa messagerie vocale.

Elle aurait donné cher pour que les paroles du papa de bébé trente s'étouffent, comme avant, lorsqu'elle s'était portée à la rencontre de Sahar. Mais malheureusement, cette nuit-là n'était pas vraiment sa nuit. Elle entendit distinctement :

— Je demande à ce que l'on m'amène ma fille. Nous allons quitter cet hôpital et faire suivre notre enfant ailleurs. Ici, je ne suis pas sûr qu'on fasse tout ce qu'il faut.

Delphine s'arrêta net.

Bertrand lança un « non » dans sa direction mais il était déjà trop tard. Delphine s'était transformée en une figurine d'azote liquide.

Mon Dieu qu'ai-je pu faire pour avoir affaire à de tels égoïstes ?

D'après la tête de Bertrand – et celle des parents – une fois de plus Delphine pensait tout haut. Elle imaginait sa voix, très basse, mais ne l'entendait pas vraiment. Eux, si.

Vous vous croyez au marché ? Vous avez commandé un bébé ? Il n'a pas encore de nom, mais vous voulez l'emmener ? Mais comment donc... Bien entendu ! Et surtout excusez-nous pour ce petit délai de livraison.

Henri prononça son prénom pour la faire taire, mais elle ne pouvait s'arrêter en si bon chemin.

Oui évidemment il y a parfois quelques anomalies – elles sont inévitables, pensez-vous – mais en ce qui concerne votre petite prématurée de trente semaines, tout va bien. Il va pouvoir grandir et devenir suffisant comme son papa.

Elle vit Bertrand se placer devant elle.

Oui Bertrand ton regard veut dire « demi-tour » mais tu n'es pas plus grand que moi et Monsieur de la Méprisante m'entend très distinctement alors laisse-moi lui dire ce que je pense. Je pense que c'est injuste que Noémie soit morte alors que sa maman l'a tant espérée, tout comme il est injuste qu'un prématuré de trente semaines n'ait pas de prénom et hérite de parents aussi peu à la hauteur.

Cette fois-ci Bertrand la força à reculer. Elle se cogna au chambranle de la porte du camp de base.

Je pense aussi que vos menaces ne servent à rien.

C'est vrai que le papa de bébé trente venait à nouveau de dire qu'ils ne perdaient rien pour attendre. Henri en profita pour conduire la maman dans sa chambre.

La nuit touche à sa fin, mon cher Monsieur-qui-ira-se-plaindre, mais vous resterez ici, et moi, je m'en irai. Parce que si vous croyez que votre petit bébé va pouvoir quitter l'hôpital demain, je vous conseille de mettre un cierge à Sainte Couveuse.

Bertrand parlait de limites. Enfin, de quelque chose comme ça.

C'est bon, je laisse tomber. Qu'ils aillent au Diable.

Elle regarda Bertrand.

— La tempête est passée.

La voix du papa de bébé trente perdait de la consistance au fur et à mesure que Delphine s'éloignait.

 


1Je t'ai tant espérée et te voilà partie, nous serons unies à jamais.

2Merci

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Hormis le charme des saisons

 

Je m’attarde dans mon salon,

Mal coiffée, en robe de chambre.

Qui pourrait venir me surprendre?

Jusqu'à moi,le chemin est long.

 

Mal coiffée, en robe se chambre,

Je médite, alors c’est selon.

Jusqu’à moi, le chemin est long.

Devrais-je avoir le goût d’attendre?

 

Je médite, alors c’est selon.

J’annule l’envie de prétendre.

Devrais-je avoir le goût d’attendre,

Hormis le charme des saisons?

 

J’annule l’envie de prétendre,

Me donnant de fausses raisons.

Hormis le charme des saisons,

La loi du sort est de reprendre.

 

13 novembre 2011

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Mon plaisir de vivre

 

Mon plaisir de vivre est caresse

Dans la lumière du soleil.

Câlin, il me tient en éveil.

Sans souci du temps, je paresse.

 

Dans la lumière du soleil,

J’accueille une douce tendresse.

Sans souci du temps, je paresse.

Mon plaisir persiste, pareil.

 

J’accueille une douce tendresse,

Sans crainte d’un brusque réveil.

Mon plaisir persiste pareil.

Besoins ni envies ne me pressent.

 

Sans crainte d’un brusque réveil,

Je me distrais dans l'allégresse. 

Besoins ni envies ne me pressent,

Regrets sombrés en plein sommeil.

 

13 novembre 2011

 

 

 

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Un samedi après-midi dans une expo à Bruxelles

 Un samedi après-midi dans une expo à Bruxelles  

                            Antonia Iliescu

La visite d’une exposition de peinture est une aventure, il faut oser entrer dans l’univers de l’artiste, comprendre ce qu’il a voulu dire, deviner ce qui est caché aux yeux de tout un chacun, imaginer ce qu’il y a entre les lignes, voir entre les formes et les couleurs et même entre les toiles. Dès qu’on entre par « L’entrée des artistes », on se rend compte que les toiles d’Olivier Lamboray racontent une histoire, l’histoire de l’AMOUR bien réel, dans un monde de rêve bâti sous la lumière de la lune, « A la lumière de tes yeux », où on dit « saya cinta padamu » (« je t’aime », parole d’Olivier !) sur les taches blanches des murs ou sur des colonnes infinies bâties d’AMOUR. 
Les personnages (sa femme, le peintre lui-même, Magritte et Delvaux, Laly Superstar) évoluent dans le même décor d’une même ville : Bruxelles, (soit une maison, soit un train engagé sur un chemin de fer ; et oui, l’amour c’est du solide). Ce décor change pourtant dans les détails d’une toile à l’autre, et même sur la même toile, d’une fenêtre à l’autre (une fenêtre reflète les nuages gris, une autre le ciel clair du jour). Pour le déplacement on propose des carrosses sans attelages et avec un zèbre en toute liberté à la place des chevaux (dans le vrai amour il n’y a pas de contraintes). Il fait nuit dehors mais à l’intérieur il y de la lumière aux fenêtres.
L’aventure se passe à Bruxelles et l’amour prend le train avec aux commandes la femme du peintre, Agung, sa Georgette à lui. Le train passe devant l'église Notre Dame du Sablon et sous les yeux d’une fillette qui, dans l’attente de sa petite sœur promise, serre dans ses bras une poupée de chiffon (« Conception »). Laly est absente. Oui, oui, vous avez bien lu : Laly est absente. En passant d’une toile à l’autre, Laly a disparu. Mais où est-elle ? Mystère ... En fin, all is well that ends well, un mètre plus loin on la retrouve à sa place (devant la maison), assise à côté d’une valise (« Hommage à René Magritte », « Le roman de tes yeux »,…). S’est-elle enfuie avec Toutou (le chien loulou de Magritte), ou a-t-elle succombé aux charmes du chat Merlin (de Robert Paul) ou à ceux du Pablo (de Jiembé) ? Mystère…
Qu’est-ce qu’elle a pu faire le temps d’un regard d’une toile de son maître Olivier ? Etes-vous curieux de savoir son histoire de fugue ? Je vous invite sur ma page, rubrique « Vidéo ». Ouvrez « Laly et Banabar », un clip enregistré dans la cage d’escalier de ma maison… (Ne suis-je pas un « oiseau de cage » ?...)

 

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Clin d'oeil d'Haïku

 

 

                 Feuilles d'automne

                 Grues volants vers l'Espagne

                 Nuages grisants

 

                      Chien qui fume nuit

                      N'attrape pas  mouche d'eau

                      Le coche roule

 

               Zébrures au ciel

              Cirrus ouest  vent

              Ramage du ru

 

                  Lesse le couler

                  Lessive Namuroise

                  La bière coule .

 

                                      Raymond Martin Novembre      2011

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PAPILLONNEMENT EPHEMERE

12272766880?profile=originalFleur Est -ce une fleur ?

Brume  Est-ce une brume ?

arrivant à minuit ,s'en allant avant l'aube

Elle est là rêve éphémère

Elle s'en va

Nuée du matin

François Cheng (Que dira la nuit )

Effleurant la vitre de mon âme Elle s'en est allée AA

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Il y a des nuits comme ça (8)

Chaos

Delphine poussait la chaise roulante de maman Noémie vers l'ascenseur. Elle pensait à son lit à elle.

Cela s'était mal passé. Évidemment, pensait-elle.

Pourtant Delphine avait déjà géré de telles situations. Maya avait déjà eu l'occasion de la féliciter pour son tact.

Et ce soir, rien. Et ce n'est même pas à cause de la réflexion que Henri m'a balancée avant d'entrer dans la chambre.

Delphine était entrée la première – Henri lui avait ouvert la porte mais pas vraiment par galanterie – et s'était immédiatement empêtrée dans ses explications. En un mot comme en cent : Noémie avait un grave problème d'origine inconnue qu'on essayait de contrer en la bourrant de médicaments sans savoir vraiment où on allait.

Le visage de maman Noémie s'était tourné vers Henri. Il avait remis de l'ordre dans les explications de Delphine pendant qu'elle s'installait dans la chaise roulante : il n'en savait pas plus, mais de toute évidence, lui, elle l'écoutait.

Delphine ne se reconnaissait pas. Jamais elle ne s'était pris les pieds dans le tapis en pareille circonstance. Que Henri ait redressé la situation ne l'avait pas gênée. Après tout, les patients ont souvent tendance à faire confiance en priorité à leur médecin.

Et voici qu'il accompagnait les deux femmes en néonatologie.

Qu'est-ce qui le retient ici ? Il en a terminé avec ses opérations, rien ne l'oblige à rester. Je suis prête à parier que sa soi-disant inquiétude pour moi est un prétexte.

Maman Noémie fermait les yeux depuis qu'elle avait quitté la chambre.

Elle prie, pensa Delphine.

Ils sortirent de l'ascenseur.

— Je n'ai pas un bon sentiment, dit maman Noémie en étouffant une petite toux sèche.

Ni le médecin ni l'infirmière ne dirent mot.

— J'ai tellement voulu ma petite fille que je l'ai fait venir trop tôt.

— Vous n'avez pas à vous culpabiliser, madame, dit Delphine d'un ton plus assuré qu'elle ne l'aurait imaginé. Nous allons d'abord prendre des nouvelles de Noémie. Ensuite vous pourrez la voir.

Lorsqu'ils arrivèrent devant la grande vitre de la néonatologie, ils virent Cécile s'affairer. Delphine accrocha le regard d'Henri, qui s'arrêta : l'infirmière avait pâli.

Cécile était de dos, et elle cachait la couveuse stérile de Noémie.

— Delphine, tu vas voir où on en est ? Je vais rester ici avec ma patiente.

Elle poussa la porte. Henri avait choisi ses mots : il donnait l'impression que tout était sous contrôle, alors que ni lui ni elle ne savait ce que Cécile faisait avec Noémie à ce moment précis.

Cécile ne se retourna pas.

— Viens m'aider. Noémie vient de régurgiter à nouveau.

— Je suis avec sa maman. Elle attend derrière la vitre...

— Ce n'est pas le moment.

— ...avec Henri.

— Avec Henri ? Pourquoi ?

La guerre des territoires. Obstétricien contre pédiatre. Il ne manquait plus que ça.

— Il voulait connaître les antécédents de maman Noémie. Il est allé la voir dans sa chambre, et m'a accompagnée ici.

— Et ?

— Rien.

— Merde. Nous en sommes réduits à une guerre aveugle. Je n'aime pas ça.

— Que puis-je faire ?

— Tu peux terminer de la nettoyer. Je la nourris par perfusion ombilicale. On ne doit pas s'attendre à ce qu'elle puisse digérer quoi que ce soit avant un bout de temps. Je vais parler à la maman.

— D'accord. J'espère que tu pourras te faire une idée.

— Je ne me fais pas d'illusions.

— Tu crois qu'elle pourrait te cacher quelque chose ?

— Je n'en sais rien. Mais pour sa fille la pente devient glissante, et je dois le lui dire. Si elle a quelque chose à balancer, c'est maintenant ou jamais.

Cécile avait prononcé ces mots au moment même où Delphine posait ses mains sur la petite poitrine de Noémie. La petite fille était bouillante. L'infirmière détesta les images qui lui traversèrent l'esprit à cet instant.

Je suis ici pour la vie, merde ! Pour la vie, et pour rien d'autre !

Cécile murmura :

— Et en plus sa maman est belle.

Delphine se retourna : cela ne l'avait pas marquée jusqu'alors, mais la maman de Noémie était en effet d'une grande beauté. Même dans l'inquiétude – ou la douleur auparavant – son visage était harmonieux, ses traits réguliers et doux.

Maman pète la classe, et sa fille est chaude comme un petit pain. Ça y est je mélange tout à nouveau. Termine la toilette de mademoiselle Noémie et ne pense à rien d'autre.

La petite fille avait perdu le peu de tonus musculaire qu'elle avait encore quelques heures plus tôt. Si la température ne pouvait être diminuée, elle aurait raison du nourrisson. Delphine se dit que c'était justement cela que la pédiatre était en train d'expliquer à sa maman. Elle entendait la voix d'Henri. Tantôt ses intonations étaient interrogatives, tantôt elles étaient apaisantes, selon qu'il s'adressait au médecin ou à la patiente. La femme, elle, demeurait muette.

La porte s'ouvrit.

— Alors ?

— Rien.

Cécile était contrariée. Elle enchaîna :

— Merde. Regarde.

Delphine jeta un regard sur l'indicateur de température. Elle avait diminué.

— Attends, dit Delphine.

Le capteur s'était détaché de la peau du bébé durant les soins. Elle le replaça. Les chiffres revinrent à la même valeur.

— C'était trop beau, dit Cécile.

Delphine demanda :

— À ton avis, combien de temps faut-il pour que sa température commence à diminuer ?

— Cela devrait déjà diminuer.

L'infirmière ne put s'empêcher de regarder maman Noémie à travers la vitre. Elle vit aussi Henri, qui lui renvoya un regard courroucé, qui signifiait : ne regarde pas ma patiente ainsi, idiote, tu veux la faire paniquer ou quoi ?

— Tu dois la ramener dans sa chambre.

— On lui a dit le contraire il y a à peine une demi-heure, Cécile.

— Je sais. C'était avant que Noémie ne régurgite le lait de sa maman.

D'accord, se dit Delphine. On vient de passer en alerte rouge.

Elle sortit de la salle sans mot dire.

***

— Les nouvelles ne sont pas bonnes, n'est-ce pas ?

Les yeux noirs de maman Noémie étaient brillants, mais ils semblaient prêts à encaisser les mauvaises nouvelles.

Henri ouvrit la bouche pour prendre la parole, mais Delphine fut plus rapide. Elle expliqua les choses posément. Maman Noémie écouta sans rien dire.

C'est vrai qu'elle est belle. Merveilleusement belle.

Delphine se reprenait. Ses mots étaient apaisants là où ceux d'Henri avaient été rassurants, ses explications claires et objectives.

Cette maîtrise retrouvée ne compensait en aucune manière l'angoisse qu'elle voyait peu à peu s'installer sur le visage de maman Noémie, mais il fallait bien s'accrocher à quelque chose.

Henri, lui, ne disait rien. Il semblait en colère.

— … et c'est pour cela que nous ne pouvons pas vous laisser voir Noémie pour l'instant. Tant que nous n'en savons pas plus, le calme et les médicaments sont les meilleurs alliés de votre petite fille.

Maman Noémie regardait dans le vide.

— Je vous fais confiance, soupira-t-elle.

Elle eut un frisson, ou un sursaut. Puis :

— Et si cela s'aggrave ?

Henri prit la parole.

— Nous aviserons.

Delphine lui lança un regard noir.

— Je reviendrai vous chercher, dit-elle d'un ton destiné à couvrir les propos du médecin.

***

Delphine et Henri quittèrent la chambre de maman Noémie en silence. Une fois la porte fermée leurs yeux se croisèrent et ce fut le début des hostilités, à mi-voix.

— C'est quoi ce « nous aviserons », Henri ? Tu veux la faire mourir d'inquiétude ou quoi ?

— Je te trouve très mal placée pour critiquer ma communication, Delphine. Tu t'es emmêlé les pinceaux comme ce n'est pas permis en venant la chercher, et cela n'a été guère mieux depuis.

— Tu t'es amusé à me déstabiliser juste au moment d'entrer dans sa chambre et tu le sais très bien.

— Cela n'excuse rien. Tu aurais dû voir ta tête juste avant de sortir de néonat. On ne t'a jamais appris à maîtriser ton expression non-verbale, Delphine ?

— Laisse tomber. Ce n'est pas parce que nous avons travaillé en salle d'op ensemble que tu peux me faire la leçon ici et maintenant. Je suis infirmière en post-partum maintenant, alors tes leçons, tu les donnes à mes ex-collègues. Pas à moi.

— Non mais tu t'entends, Delphine ? Tu pars en vrille toute seule comme une grande, et tout ce que tu trouves à faire, c'est m'envoyer paître ? Cela suffit. Si je suis encore ici cette nuit, c'est parce que je ne te fais pas confiance. Je dois développer ?

Delphine s'était arrêtée net. Ses yeux semblaient chercher quelque chose. Henri aurait pu croire qu'il avait poussé le bouchon verbal un peu loin, mais ce n'était pas cela.

Elle donna l'impression à Henri de regarder à travers lui.

Marc revint une fois encore à la surface de ses pensées, mais ce n'était pas le Marc qu'elle imaginait au volant de sa voiture, quelque part entre l'Allemagne et son lit.

C'était Marc lors d'une cérémonie.

Un mariage, un an plus tôt. Marc devait tousser, mais il se retenait pour ne pas troubler l'assemblée. Cela faisait comme un petit hoquet.

Henri s'impatientait.

— Allô ? Il y a quelqu'un ?

— Henri...

— Quoi ?

— Maman Noémie. Elle réprime des quintes de toux depuis sa sortie de salle d'op.

Henri fronça les sourcils.

— Je vais écouter. Tu restes ici.

Delphine espérait ne pas s'être trompée. Maman Noémie avait toussoté une ou deux fois, et il avait semblé à Delphine qu'à plusieurs reprises un petit sursaut avait soulevé les épaules de la patiente.

Henri entra dans la chambre. Il en sortit trente secondes plus tard.

— Tu peux avertir Cécile.

— Je lui dis quoi ?

— Que maman Noémie a une pneumonie.

Delphine se dirigea vers le camp de base. Henri n'avait détecté aucune pathologie plus tôt, mais avait-il écouté la respiration de sa patiente à ce moment ? L'infirmière savait que certains cas de pneumonie pouvaient être asymptomatiques. Le patient n'avait aucune température, ne ressentait aucune douleur, mais en écoutant attentivement ses poumons, on entendait le feu couver ; l'enfer se répandait après, subitement.

La chambre des parents de bébé trente s'ouvrit. Ils étaient tous deux réveillés : lui debout, elle assise dans une chaise roulante. Le papa désigna Delphine du doigt :

— Nous voulons voir notre fille, mademoiselle.

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Ma visiteuse

 

À Rosyline

 

Quand la solitude s’installe,

Que l’on soliloque pour soi,

Tout en se renvoyant la balle,

On pense aux rires d’autrefois.

 

Or, si par bonheur, une muse,

S’adresse à nous avec douceur,

Nous fait sourire, nous amuse,

On se souvient de l’âme soeur.

 

Celle qui souvent m’accompagne

Me rappelle la jeune fée,

Qui folâtrait dans la campagne,

De lys et de lilas coiffée.

 

Elle laisse dans mon jardin

Des petits billets parfumés,

Au muguet ou au romarin.

Mais je ne l’aperçois jamais.

 

                                                                       12 novembre 2011

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Point d'orgue

Tout mon être se tait

Peu à peu

Et demeure immobile, muet et béant

Sur le mystère de l'amour

Insondé

Une fois encore ...

Rêve inaccessible, songe de désarroi

J'ai le coeur en hiver et toujours aussi froid.

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Phoenix semblait ignorer que Merlin n’était pas plus immortel qu’elle.

Bien entendu, il avait parcouru les siècles et était toujours fringuant mais seulement parce qu’il était resté dans la mémoire collective au travers de récits fantastiques.

Merlin ne survivrait pas à un oubli des citoyens du monde moderne. Ce monde qui ne sait plus rêver… Qui fait appel aux voyants, aux gourous, à la magie noire mais qui ignore que la véritable magie est en chacun de nous.

Tant que Merlin était à Brocéliande, il ne pouvait rien lui arriver. Si les gens ne croyaient plus en la forêt magique, tout au plus s’endormirait-elle jusqu’à ce que quelqu’un la sorte d’une bibliothèque.

Mais les gens oublient vite et si l’enchanteur n’officiait plus, ils l’auraient très rapidement sorti de leur mémoire.

Au Septième Paradis, c’est ce que Merlin avait ressenti. Le bonheur n’intéresse personne et le monde continuait de tourner sans lui…

Il n’avait rien dit à Phoenix trop  heureuse d’enfin se poser quelque part. Et rongé son frein jusqu’à l’arrivée de Pelgrims…

Il était à l’automne de sa vie et, s’il quittait Brocéliande maintenant, il ne tiendrait peut-être pas sa forme athlétique très longtemps. Que ferait Phoenix d’un vieillard ? Elle méritait mieux que cela…

Il fallait qu’elle puisse rencontrer d’autres hommes…

Il était temps pour elle de faire sa rentrée dans le monde.

C’est ce qu’elle fit en désespoir de cause… N’ayant plus de nouvelles de Merlin, elle s’étourdit dans des vernissages, des concerts, des sorties théâtrales, des conférences, toutes sortes d’anesthésiants du cerveau et du cœur…

Mais jamais, elle ne trouva son équivalant… Plus elle rencontrait d’ « amoureux » potentiels, plus ils lui semblaient pâles et superficiels…

Non, c’était lui son double… Il refusait de le voir mais tant pis, elle seule poursuivrait la lutte… Avec les seules armes qu’elle possédait : le cœur et l’irraison…

 

 

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Mon coeur,

 

Coeur irrésolu et nu,

amour jamais perdu,

tremblements et vertige,

inentamé, limpide,

tout entier à vous seul destiné,

dessiné dans mes lettres,

neuf et savant depuis vous,

pour vous.

Un peu poète,

sûrement fou.

Ma tête,

plus trop ne le retient !

 

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Champs de blé

 

CHAMPS DE BLE

 

Vogue dans la tête encombrée

Une vague idée de cliché tronqué

Par la pure vérité.

 

Le temps des amours s’étire à tire d’ailes

Balles au rebond à saisir

Jouvenceaux et jouvencelles.

 

Preux ou pas, l’amour chevaleresque

Rouille cotte de mailles

Et étriers.

 

Perles de rosée au petit matin brumeux

Habillent le chiendent

Au regard épineux.

 

Un rai de soleil dessine sa joie

Soulignant le doux minois

De mademoiselle Julie.

 

Impressions du soleil levant dans la pipe de Vincent

Et la flûte solo du faune

Vibre aux tonalités de Manet.

 

Délicieux jardin des Hespérides

Coquelicots vermillons

Perdent leurs rides.

 

Pommes d’or, cadeaux de la Déesse Gaïa

Fécondent la divine

Jalouse déesse Héra.

 

Le chemineau au long de sa route sans fin

Quémande sols et besogne

Pour apaiser sa faim.

 

Des micro-sillons terreux vivifiés du semeur

Sortiront les têtes blondes

De dorés champs de blé.

 

 

 

                                                              Raymond MARTIN        11/11/2011

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