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APPEL A PROJETS / CONCOURS MEDIATINE

Prix MEDIATINE 2011

Appel à projets: CONCOURS

PRIX MEDIATINE 2011
Concours – Appel aux talents

Délai : le 10 janvier 2011

Le Prix Médiatine s’adresse à des artistes de 18 à 40 ans, quels que soient leur parcours artistique et leur technique. Reflet de la recherche plastique contemporaine, ce concours fait appel aux jeunes plasticiens souhaitant dynamiser la création actuelle et confronter leur réflexion au regard d’un jury professionnel.

Quatre prix d’une valeur globale de 7.500 EUR récompenseront les lauréats, dont les œuvres seront exposées, ainsi que celles des artistes sélectionnés, lors d’une exposition à La Médiatine qui aura lieu du 18 février au 20 mars 2011.

Le règlement ainsi que le bulletin d’inscription peuvent vous être envoyés par Wolu-Culture sur simple demande au 02/ 761 60 15 ou encore via mediatine@gmail.com

http://www.wolubilis.be/prix_mediatine10_FR.pdf

Bulletin d’inscription à renvoyer avant le 10 janvier 2011.

Le Prix Médiatine a plus de 20 ans et vous fait à nouveau découvrir les artistes contemporains des plus sensibles, des plus prospectifs, des plus engagés et des plus novateurs. Leur regard n'a rien pour déplaire car, au-delà de l'inspiration qui les pousse dans leurs créations, ils révèlent les convulsions du monde. Interpellés par leurs manières de voir, qui nous sont peut-être étrangères, ils questionnent et interrogent. Aujourd'hui, le Prix Médiatine a acquis une place de choix dans le paysage artistique et vous fait découvrir les œuvres d'artistes inscrits dans leur temps. Aucun thème n'est imposé et toutes les disciplines artistiques y sont représentées.



Les oeuvres devront être déposées le 13 janvier entre 10 et 20h à la
Médiatine, Chaussée de Stockel à 1200 Bruxelles.

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Le ciel de lit (Théâtre Comédie Claude Volter)

LE CIEL DE LIT

DU 01 AU 31 décembre 2010 Théâtre Comédie Claude Volter

« Le Ciel de Lit »

de Jan de Hartog – l’auteur de « Schipper naast God »

adaptation de Colette

Pièce fort divertissante malgré une analyse psychologique un peu à l’emporte-pièce dans ses débuts….Les décors, les meubles, les costumes, les maquillages sont très raffinés. Le plaisir théâtral d’une mise en scène soigneuse, suivant l’évolution d’une vie à deux qui se construit avec ses guerres et ses trêves est bien là. La documentation d’époque est un luxe de réminiscences de la vie de nos grands parents…Défilent devant nos yeux les cartes postales, almanachs et autres extraits du Petit Journal, couvrant 50 ans de vie commune avec ses sommets et ses creux, autant de plongées vertigineuses dans un demi siècle qui fut grandiose. C’est tout juste si on pense encore à la pièce pendant ces moments d’actualités déroulantes, tant on voudrait retenir les images de l’histoire qui passe…. Mais le train-train domestique dérisoire du couple est toujours à l’heure et nous rattrape inexorablement. Leurs maladresses s’accumulent : un cinéma dans le cinéma.

Et finalement c’est le dernier tableau, qui emballe surtout le spectateur. La scène s’est vidée de tous ses beaux décors, le ton des acteurs est descendu d’une octave - voix graves ou chevrotantes - avec des pointes d’accent régional : retour aux sources, découverte de l’essentiel, dévoilement de soi ? Enfin! Les sarcasmes se sont émoussés : c’est quoi ce chapeau ? Ce bonnet de nuit ? Ce casque de Morphée… ? La requête de la jeune mariée du début était prophétique : « Enlève donc ton chapeau ! »

Il fallait devenir « soi-même ». Les deux mariés ont abandonné les gangues des discours convenus. Leur vie était surtout une arène : tant au niveau de la découverte de la première nuit de noces, que de l’attente angoissante du premier-né, que des affres de l’éducation, que des soubresauts de liaisons illicites…

La vérité criante s’est fait jour quand les enfants se sont mariés. Mais réconciliés maintenant, les voilà qui sautent ensemble joyeusement pour fermer le bagage qu’ils vont emmener avec eux. A 80 ans, ils voudraient tant que le jeu continue, la vie quoi! L’assaut de tendresse péniblement gagnée pénètre comme une lumière les jeux d’influences de l’homme et de la femme. Vont-ils boire le champagne, savourer ensemble les bulles de la vie ? On est dans un climat surréaliste, où le bord de la tombe n’effraie plus, où la connivence est certaine, où la connaissance de l’autre brille dans de fausses disputes…et où tout recommence, autrement… ou pareil? C’est sans fin !

Avec : Stéphanie Moriau et Emmanuel Dekoninck

Mise en scène : Danielle Fire

Décors : Christian Guilmin

Création lumière : Sébastien Couchard

http://www.comedievolter.be/index.php?page=le-ciel-de-lit---photo

Avenue des Frères Legrain, 98 1150 Bruxelles
Représentations : du mardi au samedi à 20h15 - le dimanche à 16h00
Infos et réservations : 02/762.09.63 - www.comedievolter.be

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administrateur théâtres

La très jeune commissaire, Laura Neve* s’est penchée sur les magiciens de l’art qui ont contribué à faire naître Paul Delvaux au génie de sa maturité. L’exposition se décline en neuf temps artistiques, chaque fois un éblouissement pour Delvaux qui se frotte aux influences, pour finalement secréter ses propres secrets artistiques. Lui et Magritte ont reçu tous deux l’empreinte du symbolisme de Montald à l’académie de Beaux-arts de Bruxelles. Mais tout commence dans la forêt de Soignes, au Rouge-Cloître, où l’artiste peint tous les jours et nous livre cette merveilleuse …. « Source de l’empereur », une œuvre pénétrante par la magnifique lumière qui s’en dégage. Delvaux est tributaire de ce groupe de pleinairistes sous la houlette d’Hippolyte Boulenger. Nous découvrons l’école de Tervuren. On peint la nature, avec réalisme, on est à la recherche du vrai, mais voilà que la toile de la source explose de beauté, d’une lumière presqu’impressionniste.

De sources en sources Laura Neve qui a imaginé toute cette exposition, met chaque fois en présence les affinités artistiques de Delvaux et ses œuvres produites dans l’effusion du moment. De ces dialogues picturaux naissent de très belles émotions. Nous pouvons ainsi saisir des couleurs fauves dans son « Paysage mosan », peint en 1925, entrevoir une influence de Cézanne dont il a sans doute vu des toiles lors de voyages à Paris, avec les aplats de couleurs dans son « Intérieur de Forêt ». Delvaux dit de lui : « Il a allié le style à la couleur, à l’idée ». Le parallèle des deux œuvres vibre comme de l’amitié.

Vint la période Renoir. « Le portrait de famille » de Delvaux dialogue avec « Les fillettes » de Renoir. Mêmes rythmes, mêmes incandescences, mêmes volutes picturales. Emotions partagées entre « Nus dans la forêt » et « Les baigneuses » de Renoir. Le détachement d’avec la réalité apparaît, les corps sont idéalisés, on pénètre dans une sorte de paradis terrestre fort éloigné des réalités industrielles, l’imaginaire parle avec la lumière. Et voici une nouvelle inclination, avec Modigliani, les visages ovales, les formes élongées, les grands yeux en amandes, les bouches en cœur et le regard absent. Tourné vers l’intérieur ou baigné d’absolu. « Les jeunes filles à la campagne » sont emplies de rêve et d’une lumière évanescente, sur un début de grisaille de plomb. Toute sa vie Delvaux idéalisera la figure féminine, souvenir cuisant d’un amour malheureux, mais qu’il finira par épouser… en 1952.

Il sera ensuite intrigué par le monde grotesque et caricatural de James Ensor. Il visite le musée Spitzner, les monstruosités d’une baraque foraine de la Gare du Midi, et c’est le choc. Les œuvres de squelettes se côtoient mais les squelettes de Delvaux vivent, dansent, s’amusent, ils ont des expressions très humaines, fort ludiques.

C’est maintenant la force primitive et la palette de Permeke qui le fascinent, malgré des préoccupations d’artiste divergentes. Ensuite c’est l’engouement pour le mysticisme et le raffinement de Gustave Van de Woestijne: même mélancolie raffinée dans « L’attente » et « Le rideau rouge » de Delvaux. En 1933, à la mort de sa mère plus d’une centaine d’œuvres disparaissent dont une Maternité.

« Les noces à Antheit » : son village natal est presque un noir et blanc avec quelques touches de couleur, le photographe est à l’avant plan, il a gelé les personnages dans une pose très guindée. La mariée est figée dans les interdits. On y voit probablement le peintre et sa première femme dont il divorcera après avoir retrouvé Anne-Marie Demartelaere en 1947, par hasard.

Mais en 1934 arrive la révélation du surréalisme avec la découverte de Giorgio De Chirico. Elle lui ouvre grand les portes de l’universalité et de la poésie. Dans les toiles de l’artiste italien, Delvaux se laisse emplir de silence, cloue l’angoisse dans les paysages déserts, sème des éléments d’architecture antique, fait naître l’étrange. Il se livre enfin au monde de ses rêveries intérieures, au culte du nu féminin. Il a trouvé sa voie. Côtoyer Magritte ne fait que le confirmer dans ses choix.

Les neuf étapes de la genèse de son œuvre sont accomplies. Multiple, il devient unique. Il ne se joint à aucun mouvement artistique, fuyant les –ismes et toute espèce d’étiquette. Une influence princière d’Ingres traverse aussi toute ses œuvres : la recherche de la perfection formelle, très classique, qui soutient son style inclassable, … et resplendissant.

Visiter cette exposition, c’est comprendre, aller de surprises en découvertes, c’est voyager dans le temps et les correspondances, c’est faire le plein d’émotions, se laisser porter et rêver…L’affiche est sublime, mais il n’y a pas qu’elle qui vous ravira!

http://www.ixelles.be/galerie/2010/20100930delvaux/

Jusqu’au 16 janvier 2011

Musée d’Ixelles, Van Volsem 71, 1050 Bruxelles

http://www.museedixelles.be

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Le jardin parfumé (théâtre du Grand Midi)

« Les regards langoureux mettent en communication une âme avec une autre et les tendres baisers servent d’intermédiaires entre ton ardent jardinier et mon jardin parfumé... »


"Apprends ô vizir – que Dieu te prenne en sa miséricorde – que les femmes sont de différentes sortes : on loue les unes, on blâme les autres. La femme qui est louée par les hommes est celle qui se porte bien physiquement, qui a une bonne stature, une chair généreuse avec un teint blanc et brillant. Elle sentira bon. Ses épaules seront éloignées l’une de l’autre, ses bras seront larges, les deux os de l’avant-bras renflés. Sa bouche sera étroite, avec des lèvres tendres d’une couleur rouge cramoisie, épaisses, chaudes, équilibrées, charnues. Elle aura un nez étroit et gracieux, des joues lisses d’un blanc éclatant, rehaussé de rose, de grands yeux. Son visage sera majestueux et, d’après certains, il devra être de forme ronde. Ses sourcils seront bien arqués, sans être séparés par trop d’espace. Son front sera vaste, sous une chevelure d’un noir semblable à celui du fard pour les cils. Son cou sera long, et rond à la base. Cette femme aura les épaules larges, la poitrine spacieuse et bien développée, ainsi que la ceinture, les deux seins debout, la taille et les plis du ventre bien proportionnés, les hanches larges et fortes, le sein arqué, le nombril en fond de gouffre, les mains et les pieds menus…." Notre actrice, Nathalie Stas incarne avec humour cette femme idéale, et nous conte avec sagacité toute la théorie de l’érotologie de ce manuel peu connu dans notre monde occidental : « Le Jardin parfumé » de Cheikh Nefzaoui , écrit vers 1510. Un art d’aimer. Une recherche de paradis. Elle a le charme, la séduction des 1001 nuits, l’opulence de l’amour et navigue dans le décor oriental comme une reine, plutôt que comme une esclave ou une courtisane promise à la mort. ... Qui est le maître dans ce monde d’hommes, dans ce traité écrit par un homme pour les hommes ? Nathalie Stas provoque et renverse les rôles avec finesse et drôlerie. Sous une coupole d’étoiles, les tissus transparents d’une tente dans le désert, les coussins magiques, les bâtons d’encens, et les timbres de musiques d’ailleurs, et un déshabillé de rêve. Pruderie envolée, le vocabulaire est poétique ; les confidences, détaillées ; les conseils, humoristiques ; les descriptions, précises. Le corps sculptural retrace le bonheur des mots. Et la voix, et la danse. Le texte est garant de la vie. La curiosité du vizir, sa seule chance de survie. Ce vizir, c’est chacun de nous. Elle sent déjà le fil de la lame sur sa gorge offerte. Un spectacle étonnant dans la froidure glacée de notre mois de novembre ! Ne soyez pas frileux, et déposez les mineurs d’âge au cinéma avant de pénétrer dans la tente de l’amour!

LE JARDIN PARFUMÉ


du 16 novembre au 11 décembre à 20h30, uniquement les jeudis, vendredis et

samedis. Relâche dimanche et lundi

Librement et coquinement adapté par Bernard Damien

Pour et avec Nathalie Stas dans le rôle de la belle et mystérieuse Shéhérazade

Scénographie Ateliers du Vrai-Semblant Costumes Véronique Biefnot
Photographie Nicolas Toussaint Régie Alexis Couvrat
Dossier de presse
Nicole Palumbo



http://www.xltheatredugrandmidi.be/index.php?pid=36

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administrateur théâtres

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Qui est Monsieur Schmitt ?

 

représentations du lundi 22/11 au samedi 27/11 à 20h30

le dimanche 28/11 à15h30

Centre Culturel d'Auderghem

Bld du Souverain 183 - 1160 Bruxelles

Que nous promet M. Schmitt ?

Une soirée pleine de comique sérieux, de promenade avec Kafka et Raymond Devos à la fois. Délectable ! La famille Machin, pardon, Bélier, déguste silencieusement son dîner du soir dans un appartement bien rangé. Pas un pli: « passe-moi le sel » en gestes, réponse en haussement d’épaules de Madame. La circulation de la communication va bon train! « Qui es-tu » n’importe plus dans l’enlisement du quotidien. Résonne un téléphone surréaliste. Voilà que le quotidien et les identités sautent d’orbite soudainement. La logique craque, tout devient fou autour des Schmitt. D’abord une saine connivence ressoude le couple assoupi, les fait se parler … puis tout d’un coup la femme hantée par les exigences de la société, le conformisme, la peur de faire à l’envers, déserte son mari et prépare consciencieusement de la choucroute. « On n’est pas des saumons. » Il faut se laisser porter par la rivière… Elle prend parti pour un fils sorti de nulle part. Elle a endossé le rôle donné à la perfection. Le mari complètement déstabilisé, Richard Berry en vrai, devient fou. On le serait à moins, avec les photos de familles transformées en chien-loup, les habits qui se sont fait la malle, et les livres qui ont changé de propriétaire et ce pays qui n’est pas la France! Le psychiatre, l’auteur de la pièce, Sébastien Thierry, s’en mêle et achève méthodiquement le patient. Le spectateur va-t-il douter à son tour ? « Ceci n’et pas un papillon, c’est une brosse à dent ! » L’autorité de la médecine, de la flicaille font froid dans le dos. Que ne fait-on pas sous la pression ? Que deviennent nos convictions devant la force de l’autorité ?

Richard Berry est sublime et nous prend par l’émotion : « Je préfère notre actualité à l’actualité des autres ! » Il dessine avec finesse toute la détresse dans laquelle l’ont plongé le flic et le psy. Il et prisonnier, de sa femme, ensuite. A lui de prouver qu’il n’est pas coupable… tiens ! Kafka ! A lui de recomposer point par point son identité imposée… dans un carnet de notes surréalistes. A lui d’accepter qu’il a tout rêvé ! « Une bouffée psychiatrique ! » La mise en scène est brillante. Le spectateur est tantôt compatissant, tantôt mort de rire devant les absurdités, tantôt plonge dans l’interrogation existentielle. Ce cocktail est capiteux ; la densité du jeu laisse pantois, la subtilité des phrases anodines creuse les questions… tiens, Devos! Qui décide qui nous sommes?

La salle est comble, et craquante d’applaudissements car le bouche à oreille a dit toute la portée de cette pièce riche et si légère à la fois! Les talents parisiens étincellent à Bruxelles.

 

 

Abonnement Paris-Théâtre / 7 spectacles

 

Le concept de Paris-Théâtre est de vous offrir un échantillon du meilleur théâtre français en général et parisien en particulier. Une saison basée sur le divertissement, la découverte, les coups de coeurs et la diversité !! Le Centre Culturel souhaite entourer les "têtes d'affiches" par des spectacles de qualité à la distribution probablement moins connue, mais où le talent ne fait pas défaut. Au CCA, la curiosité un excellent défaut.

http://www.cc-auderghem.be/

 

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administrateur théâtres

Primé meilleur spectacle de danse 2009/2010 par les Prix de la Critique !

Voici : l’assaut des cieux ! Au théâtre Marni

Ce magnifique spectacle largue toutes les amarres des conventions. Depuis quand jette-on quelques matelas au fond d’une scène pour que s’y réveillent des ouvriers ? Des prisonniers, des chômeurs ? Des réfugiés, des conjurés? Ils sont six au pied du mât du bateau ivre, ils vont à l’assaut des cieux, revisitent le rêve d’Icare, convient le peuple ailé, par le geste, le mouvement, le mime et le jeu. Tiens voilà un faucon: tout en plumes et en vol plané! Grâce, mystère poignant de la vie. A moins que ce ne soit pour Prométhée…

Arthur Rimbaud nous souffle: « J'ai tendu des cordes de clocher à clocher, des guirlandes de fenêtre à fenêtre, des chaînes d'or d'étoile à étoile, et je danse. » Illuminations. Elévation, les six danseurs veulent percer le mystère de ce ciel s’il existe. Ils sont libres, jeunes, musclés, barbus, vêtus d’aventure et de blue jeans . Ils deviendront par la danse tous les miroitements du Bleu infini. Ils se délivrent de la pesanteur! Le talc vole, les mains et les pieds blanchissent ! A chacun son voyage. Depuis les acrobatiques figures frôlant la mort sur le mât chinois, jusqu’aux jeux innocents de marelle. Un christophore? Un géant radieux ? Le courage humain pour appréhender les mystères n’a pas de limites. The sky is the limit !

Élans, culbutes, transports. Arc-en-ciel inlassables, les corps à corps sont souples, presque aquatiques, mais pas d’étreintes, l’autre échappe toujours…vaines luttes. Les danseurs ont beau se mettre des étoiles aux pieds, des chaussons magiques, les pyramides éphémères basculent, Ciel où es-tu ? Les danses infusent et deviennent harmonies, mais la mort fondra soudain sur les danseurs sans prévenir. Non ce n’était pas de l’orgueil, comme Icare. L’espoir, tout simplement ! Une fatalité roulera leurs corps épars sur la terre hostile, terrassés par le désespoir et un souffle destructeur. Mais les voilà qui se relèvent avec courage pour aller mourir debout, dans la lumière et l’éternité du sable qui coule.

Et la musique ?

Une composition moderne de Yves De Mey…. Elle évoque les travaux et les jours, les constructions de sable, la lutte contre l’enlisement le triste terre à terre, tandis qu’Haendel, puissance musicale mythique transporte chorégraphie et spectateurs dans la surprise de l’envol. Dans un premier chant : « Rejoice ! » il nous mène droit au ciel avec la voix sublime d’une jeune femme de 20 ans, une véritable révélation, qui remplaçait ce soir-là Elise Gabele. D’autres chants lyriques suivront, postés aux portes du ciel, épanouis, ailés, d’une vérité et d’une profondeur sublimes.

Conception et chorégraphie Claudio BERNARDO

Création et interprétation Benjamin KAHN, Diogo DOLABELLA, Mikael BRES, Ondrej VIDLAR, Benoit FINAUT, Steven BERG,

Chant et conseil musical Elise GABELE,

Musique originale Yves DE MEY, Musique Georg Friedrich HAENDEL, Henry PURCELL, Jim MORRISSON

www.theatremarni.com

http://www.balsamine.be/site/spip.php?rubrique12

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Niets (théâtre de Poche)

« Niets » au théâtre de Poche, jusqu’au 25 novembre 2010

De Nic Balthazar Traduction et adaptation française Karel Vermeyen

Mise en scène et scénographie Annik Notte

Avec Martin Swabey

Et par ordre d’apparition à l’écran: François De Brigode: le présentateur télé,
Luc Vangrunderbeeck: le directeur d’école, Alain Eloy:
le professeur de métaux, Valéry Stasser: Coppola,
Manuela Leone: Maaike, Annik Notte: la mère,
Xavier Elsen: Bogaert, Grégory Praet: Desmet, Alexandre von Sivers:le psychiatre et Coralie Vanderlinden: Barbie

On n’a Rien envie de révéler sur « Niets ». Rien. Ce serait comme trahir un grand secret que l’on doit pénétrer seul. Si, en entrant dans la caverne, on ose le pari de regarder autre chose que son ombre, si on ose regarder la différence en face, ce sera la découverte.

Le sujet est grave: l’exclusion de celui qui se croit « Rien ». Le regard hostile de l’autre. La peur. Les étiquettes. Le harcèlement lâche et stupide de ceux qui se croient quelque chose. Le rejet des responsabilités ... Mais ce « Rien » fait toute la vie de sa mère. Elle l’a toujours « senti ». Et ce « Rien » gêne l’école, la médecine, les cercles de la norme, la société lisse et uniforme. Il ne rime à rien. Et pourtant, avec rimes et raison, ce grand enfant révèle des vérités profondes. Il prend le monde au mot, sans lettres mortes. « Qui dit à mon esprit ce que je dois être ? » « Je connais tout en dedans ! » La victime persécutée devient illumination, un presqu’envoûtement, tant le génial acteur, Martin Swabey déferle avec une force inconnue sur la scène. « Que cette histoire explose ! » Il a ce petit rien qui diffère et entraîne à son insu le spectateur à sonder son monde le plus intime. Cette pièce est une réussite théâtrale extraordinaire, le comédien est partout à la fois, sa présence est énorme, le dedans en dehors, alors que personne ne croise jamais son regard. » Un spécimen qui fait tout à l’envers! « Je peux me taire à tue-tête ! » Muet, il parle à bâtons rompus ! Les rebondissements inattendus se succèdent en batailles, en silences, le tout presqu’en technicolor. On obtient le clin d’œil de la juste victoire de la vie. De l’amour. Ce n’est pas Rien. Un « gesamtwerk » à la Brecht, dont on ressort (un rien) changé! Quelque part, un dernier flocon de neige, un petit rien, a cassé la branche des certitudes… Et pourtant ce flocon ne pesait Rien!

Déplacez-vous, allez voir ce spectacle hors du mélodrame, hors du commun et soyez éblouis, vous serez transportés et vous ne repartirez pas indifférents! On n’a jamais été aussi heureux! Aussi émus.

Réalisation vidéo Jean-Luc De Reymaeker Eclairages Xavier Lauwers Une création du Théâtre de la Nuit Du mardi au samedi à 20h30 Réservations : 02/649.17.27 - reservation@poche.be - www.poche.be

Demain, D E R N I E R J O U R !

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A l'invitation du Réseau Arts et Lettres

Le nouveau Roman historique de Pascale Hoyois

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Sera présenté

SAMEDI 27 NOVEMBRE à 20h - ESPACE ART GALLERY - 35 rue Lesbroussart 1050 Bruxelles

Présentation par le journaliste Laurent Michel, rencontre avec l’auteur, dédicaces
(Entrée gratuite)





Après le tome 1 : « LES DISSIDENTS DU 16ème SIECLE »

1521-1526 : Une forêt idyllique : la chênaie à jacinthes du Bois de Hal, au 16ème siècle. Lisbeth, fille d’une guérisseuse et petite-fille d’une érudite, est enthousiasmée par la pensée humaniste d’Erasme et par les idéaux de la Réforme. Sauvera-t-elle les premiers luthériens de Bruxelles, ville impériale où siège Charles-Quint, où sévit la sanglante Inquisition ? Ce roman historique nous plonge dans une période charnière de la pensée occidentale.

Le roman de Pascale Hoyois m’a captivé du début à la fin. Elle aurait pu écrire le double de pages sur ce sujet, tant il est bien documenté et d’une écriture vivante. Cela sonne « vrai » et l’on vit au rythme des personnages attachants. C’est aussi une leçon d’histoire sur les « martyrs protestants » du 16ème siècle.
(Florent L.)


Voici le tome 2 : « JOURNAL A QUATRE MAINS SOUS LA REFORME »
Ed. PARLER D’ETRE

Les lecteurs du premier tome attendaient avec impatience le suivant : il est arrivé !


TOME 2 : « Journal à quatre mains sous la Réforme »

Les sœurs jumelles Louyse et Jenneken respecteront-elles le pacte secret qu’elles ont signé une nuit de pleine lune de décembre 1542 à la Chênaie à Jacinthes ?

Leurs aventures les mèneront à Bruxelles, où, bravant les dangers du voyage et les persécutions de l’Inquisition, elles trouveront l’amour et la révélation de leur propre destinée, s’inscrivant dans le vaste mouvement de liberté de pensée qui bouleverse l’Europe.

L’auteur propose un portrait fidèle des personnages historiques (Charles-Quint, Marie de Hongrie, le bienfaiteur bruxellois Gilles Thielemans,…) ainsi qu’une analyse fine des mœurs et nous plonge dans l’idéalisme et la cruauté qui existaient à l’époque.



Une page méconnue de notre Histoire à travers un roman palpitant !

Passionnant et émouvant ! (Bernard H.)

J’ai dévoré ce livre. C’est un bijou, une perle rare. Merci de l’avoir écrit. (Christian B.)

J’ai vu un film se dérouler devant moi. J’ai ressenti beaucoup d’émotions à travers un suspense où chaque chapitre réserve une surprise. On imagine bien les personnages. Je m’y suis fort attachée. J’ai eu de la compassion pour Jenneken et j’ai été impressionnée par l’injustice des emprisonnements arbitraires. La Réforme est très bien racontée dans sa vie quotidienne. (Vinciane D.)


Parus: Les dissidents du 16ème siècle
Journal à quatre mains sous la Réforme
A paraître: Egmont et Hornes, l’allégeance bafouée

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Pascale Hoyois


Recevez le livre chez vous,
directement de l’auteur au lecteur
tél : 02/478.81.78.
www.parlerdetre.be



PASCALE HOYOIS, auteur belge, a publié trois autres romans : George et Moi sur George Sand, J’ai rêvé d’un monde sans ça sur une forme de société plus équitable et La Chênaie à jacinthes-Les dissidents du 16ème siècle, premier tome de la trilogie. Elle écrit aussi poèmes, nouvelles, chansons et pièces de théâtre. Récitante, elle a créé et produit des spectacles pendant vingt ans. Elle est coach en ateliers d’écriture personnalisés, orientation professionnelle et scénothérapie : méthode française de thérapie émotionnelle par la lecture à voix haute de textes littéraires.


Laurent Michel présente Pascale Hoyois

L’écriture relève d’une démarche intérieure qui n’appelle pas toujours la facilité des échanges. Sur l’estrade des confidences, l’auteur se trouve souvent seul face à son public. Parce que l’évidence est là: si l’auteur apprivoise les mots au point de les coucher au fil des pages ; il n’en est pas toujours de même quand les mots se confrontent au public. Une autre sensibilité peut alors parfois intervenir.
Laurent Michel navigue et nous invite à naviguer aux côtés de l’auteur, sur le courant des phrases. Il est de la tradition de l’écrit, mais de celle de l’oral aussi. Avec douceur, humour, intelligence, il brosse le portrait de l’auteur, celui du narrateur. Laurent construit des ponts entre l’un et l’autre. Il installe l’histoire sur les parois de toutes les curiosités. Sans brusquer ni ménager. Il bouscule les réticences, les réserves, la pudeur. Il gagne la confiance. Il investit les rives de l’artiste, et guide le public dans les méandres de la création, dans les recoins de l’œuvre. Il invite ensemble, dans un seul voyage, l’écrivain, le livre et le public.
Pour l’heure, Laurent parcourt l’univers historique et romancé de Pascale Hoyois.

Vous êtes cordialement invités à le suivre. A les découvrir, lors de cette présentation du samedi 27 novembre à 20 Heures à L'Espace Art Gallery, à Ixelles

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Toute personne ayant souscrit à l’achat de ce recueil pour le Télévie, en vue d’une participation aux frais d’édition, par versement de 13 €, sur le compte, avant le 15 janvier 2011, verra son nom apparaître en fin d’ouvrage sous la rubrique « Participants à l’édition ». Le livre sera transmis soit par voie postale, soit de la main à la main, lors du lancement le 5 février 2011.


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administrateur théâtres

Voici Electre! (au théâtre Poème)

Au théâtre Poème : VOICI ÉLECTRE ! D’ESCHYLE À SARTRE

Force tragique et esprit étincelant. Le sang est-il rouge ou blanc ? Le décor et constitué de quelques plans de tulle métallique mouchetés de taches rouges ou blanches…. Blanches pour la plupart. De loin, on dirait des pans de soie sauvage. Avec les effets de lumières on obtient l’illusion saisissante de remparts de ville antique, à travers lesquels apparaissent des personnages fantomatiques, des masques flottants. Dès le début le public est juge. Il va devoir apprécier quelles sont les circonstances les raisons qui ont poussé Electre à commettre le matricide.

« C’est la conséquence d’un désespoir sublime », Electre prend toute la faute sur elle, elle est l’esprit qui a armé le bras de son frère Oreste pour commettre l’irréparable. « C’est une légitime rébellion contre le destin injuste. » Très jeune, dès le départ d’Agamemnon pour la guerre de Troie, elle a surpris les ébats amoureux de sa mère Clytemnestre avec Egysthe, l’usurpateur. Triste à mourir, elle rêve des bras de son père. Electre évoque son perfide assassinat au retour de la guerre de Troie, comme il a « glissé» sur les marches de la piscine et fut tué par Egysthe, de son propre glaive. Clytemnestre avoue que chaque nuit, depuis sept ans elle revit ce meurtre dans ses cauchemars. Elle a tué son époux plus de 3000 fois… Plaisir ou remords ? Elle jouit impunément du pouvoir, elle se vautre dans le déshonneur, elle a volé le patrimoine et l’héritage de ses enfants… Elle avoue « Rien ne trouble plus la conscience que de recevoir une récompense pour le crime commis!»

Egysthe se pavane avec le sceptre d’Agamemnon ! Il profane sa tombe et lui a refusé les rites funéraires. Electre est désespérée devant « ce festival d’abominations » au mépris des lois divines. Elle sanglote devant l’injustice profonde et se livre à la violence de ses sentiments. Elle n’est pas libre de les raisonner. Elle porte le lourd héritage des crimes des Atrides : viols, incestes, infanticides, cannibalisme… Le comble: Clytemnestre, non contente d’humilier Electre de ses sarcasmes, lui avoue qu’à sa naissance même, elle lui fut indifférente dès la première minute! Evoquer le sacrifice de sa fille Iphigénie ne suffit pas à attiser sa rage contre le Roi des rois, elle ose justifier le crime d’Agamemnon, par sa jalousie pour la belle troyenne ramenée avec les autres trésors de guerre… C’est sans appel.

Electre a pourtant le courage de lui dire : « Tu as tué mon père dès ta première partie de plaisir avec Egysthe ! » Elle se plaint : « Moi et mon frère, qu’avons-nous fait ?» Tuer va devenir une nécessité, un devoir. Lorsqu’elle retrouve Oreste elle lui confie : « le temps qui passait me maintenait dans une perpétuelle agonie…» Et le chœur de se tourner vers les juges : « Songez-y, vous les juges, êtes les premiers responsables, vous avez armé son bras ! Une femme a osé ce que vous n’avez pas tenté. Rendre la justice! » Justice faite, Electre n’a nulle part où se tourner, aucun mari ne l’accueillera dans son lit et la voici assaillie par les Érinyes, leurs chuchotements gluants, leurs pattes griffues et leurs millions d’yeux qui la regardent, recroquevillée sur son frêle tabouret… comme au début de la pièce!

Le cercle s’est refermé sur elle, les questions sont ouvertes pour nous! Le spectacle et le jeu des trois comédiens est bouleversant d’humanité et d’authenticité. Cette Electre aux multiples facettes, un portrait fait de fragments de textes d’Eschyle à Marguerite de Yourcenar ou Sartre est d’une finesse de perception étonnante… La mobilité extraordinaire de la comédienne illustre sa soif de vie dans la cage où elle a été enfermée. Tous ces textes semblent se mêler, se confondre, se compléter et se répondre comme un chant unique, composé pour notre besoin profond de justice et de vérité! Un éblouissement!

...Et Egysthe? Ecoutons Homère...

« Hélas! Les hommes accusent sans cesse les dieux ; ils disent que c'est de nous que viennent les maux, et pourtant c'est par leurs propres attentats que, malgré le destin, ils souffrent tant de douleurs. Ainsi maintenant Égisthe s'est uni, malgré le destin, à l'épouse d'Atride, et même il a tué ce héros qui revenait d'Ilion, quoique Égisthe sût l'affreuse mort dont il périrait ; puisque nous-mêmes, pour la lui prédire, avons envoyé Mercure lui donner avis de ne point immoler Agamemnon, et de ne point s'unir à la femme de ce héros ; car Oreste devait en tirer vengeance, lorsque ayant atteint la jeunesse il désirerait rentrer dans son héritage. Ainsi parla Mercure ; mais ces sages conseils ne persuadèrent point l'âme d'Égisthe : il expie aujourd'hui tous ses crimes accumulés.» [chant 1 Odyssée]

http://www.theatrepoeme.be/ 30 rue d'Ecosse 1060 Bruxelles

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L'auteur de La Légende d'Ulenspiegel , la première grande oeuvre littéraire
créée en Belgique francophone après l'indépendance du pays en 1830, est né à
Munich d'un père flamand et d'une mère wallonne. Il passa l'essentiel de sa
vie à Bruxelles, dans des conditions matérielles souvent très difficiles. A
l'exception des trois années où il fut « employé de la Commission royale
chargée de la publication des lois anciennes » (1861-1864) _ ce qui lui permit
de perfectionner sa connaissance du français du XVIe siècle dont il imitera
bien des traits dans Ulenspiegel _ et d'un poste de professeur de littérature
à l'École de guerre à partir de 1870, il n'eut, en effet, d'autre occupation
que la littérature, mais ne connut guère de son vivant le succès ni la
renommée.
Il étudia chez les Jésuites, puis à l'université de Bruxelles, où il
acquit les idées démocrates et anticléricales qu'il ne cessa de professer par
la suite. En 1847, il fonda avec quelques amis « la Société des Joyeux », au
sein de laquelle il fit connaître ses premiers essais en vers et en prose. Il
eut également, à cette époque, une longue relation amoureuse, aussi passionnée
que malheureuse, dont on trouve le témoignage dans les Lettres à Élisa
(1894), publiées après sa mort.
Collaborant régulièrement, à partir de 1856, à
la revue Uylenspiegel , qui joua un rôle important dans les lettres belges de
l'époque, De Coster y publia notamment ses Légendes flamandes , dont il fit un
volume en 1857. De style archaïque déjà _ même si ce n'est pas encore la belle
langue singulière d'Ulenspiegel _, écrites en alinéas très brefs où abondent
les répétitions, ces adaptations du patrimoine légendaire flamand détonnèrent
fortement dans le climat réaliste qui régnait alors. D'une écriture moins
recherchée, les Contes brabançons (1861) n'ont pas l'originalité du premier
recueil. Mais l'écrivain, à cette époque, travaillait déjà à son
chef-d'oeuvre qu'il publia, avec des eaux-fortes de Félicien Rops, en 1867,
sous le titre La Légende d'Ulenspiegel , puis, en 1869 sous son titre
définitif, La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses
d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au pays de Flandre et ailleurs .
L'accueil fut peu enthousiaste et abondantes les critiques formulées à l'égard de cette
oeuvre qui venait surprendre et déranger un milieu culturel belge habitué à
une littérature de forme beaucoup plus conventionnelle. Le jury du prix
quinquennal de littérature y vit un « capharnaüm pantagruélique » et préféra
couronner l'oeuvre d'un Potvin, écrivain aujourd'hui bien oublié, tandis que
d'autres reprochaient à Ulenspiegel qui son « obscénité », qui une difficulté
d'accès provoquée par la langue archaïsante forgée par l'auteur.
Il fallut attendre la génération des Jeune Belgique et des écrivains comme Lemonnier ou
Eckhoud pour que fût enfin proclamée, dans la dernière décade du siècle passé,
l'importance de ce livre.
Par la suite, De Coster publia encore un roman de moeurs, Le Voyage de noces (1872),
et des relations de voyage (La Zélande , 1874, et La Néerlande , 1878), mais ces textes
sont d'une qualité bien inférieure au chef-d'oeuvre qui fit sa renommée posthume. La Légende
d'Ulenspiegel fut traduite en de multiples langues et adaptée plusieurs fois
au cinéma. Quant aux plagiats divers que l'on en fit et aux adaptations pour
les enfants, on ne les compte plus.
Curieusement, ce grand livre est peut-être aujourd'hui mieux connu à
l'étranger qu'en France ou même qu'en Belgique. Faut-il en attribuer la cause
au fait qu'il s'insère mal dans les schémas traditionnels de l'histoire de la
littérature française (peu de traces de cette oeuvre par exemple, voire
souvent aucune, dans les manuels scolaires) ; D'inspiration plutôt romantique
à un moment où le romantisme est déjà passé de mode, La Légende d'Ulenspiegel
tient de l'épopée et du roman historique mais aussi du roman picaresque et de
la verve rabelaisienne, et ne manque pas non plus de traits réalistes. Si
l'oeuvre relate la lutte, au XVIe siècle, des provinces du Nord contre
l'occupant espagnol, le héros qu'elle met en scène n'apparaît jamais sous
l'aspect univoque d'un héros d'épopée valorisant une identité nationale. Car
le combattant qu'est Thyl Ulenspiegel est en même temps un esprit frondeur et
un farceur légendaire. De Coster en trouva le modèle dans des ouvrages dérivés
de vieilles compilations allemandes où étaient transcrits des récits oraux
bien plus apparentés aux fabliaux qu'à la tradition épique.
Personnage facétieux, peu scrupuleux de ses moyens, vagabond exubérant, Thyl est celui
qui, irréductible à toute institution des rôles, arrache tous les masques pour
présenter à chacun sa vérité profonde. D'où son nom Ulenspiegel, Ik ben ulen
spiegel (« je suis votre miroir »), dont on sait qu'il donna aussi en
français, dès le XVIe siècle, le mot espiègle .

Cette ambiguïté fondamentale, qui est une des grandes richesses de ce texte
mais qui le rend « inclassable », se retrouve en bien de ses aspects, comme
l'a signalé Marc Quaghebeur. D'abord si De Coster ressuscite une Flandre que
l'on dirait souvent sortie des tableaux d'un Breughel, c'est en français qu'il
écrit son Ulenspiegel . On peut également remarquer que les aventures du héros
se passent « en pays de Flandre », mais aussi, comme l'indique le titre, «
ailleurs ». Et, si le burlesque s'y mêle à l'épique, le légendaire y est sans
cesse relayé par l'évocation très concrète de certains faits historiques de
l'époque et par la mise en scène de plusieurs acteurs réels de ce siècle
sanglant (De Coster a d'ailleurs puisé abondamment dans certains ouvrages
d'historiens).
La construction du livre repose souvent sur un jeu de
contrastes et d'oppositions comme celle, sans cesse rappelée, des figures de
Thyl et de Philippe II d'Espagne, que l'auteur fait naître le même jour, l'un
grandissant « en joie et folies », l'autre croissant « chétivement en maigre
mélancolie ». Mais l'entrelacement des thèmes et la succession des épisodes
est d'une telle richesse et d'une telle complexité que jamais ces oppositions
n'apportent l'impression de répétition ou de stagnation que l'on ressent
souvent à la lecture de textes à caractère épique. D'autant plus que la langue
archaïsante inventée par l'écrivain, tout en gardant _ quoi qu'en aient dit
ses détracteurs _ un extrême degré de lisibilité, est d'une intense
expressivité et s'adapte parfaitement à l'univers très particulier que révèle
cette oeuvre. Related Posts with Thumbnails
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administrateur théâtres

Autant en emporte l'argent (théâtre Royal du Parc)

18 Novembre 2010 >> 18 Décembre 2010 « AUTANT EN EMPORTE L'ARGENT»

Comédie de Ron Hutchinson
Mise en scène : Jean-Claude IDÉE.
Décor et costumes : Serge DAEMS.
Avec: Patricia HOUYOUX (La secrétaire ) ; Jean-Claude FRISON (Ben Hecht ) ;Jean-Marie PÉTINIOT (Selznick)
Michel PONCELET (Fleming)

1939. Après de folles supplications et une offre financière plantureuse, Ben Hecht se voit forcé d’accepter de vivre 8 jours dans l’enfer de la création et d’écrire sous la contrainte, un scénario d’un bouquin de 1000 pages qu’il n’a jamais lu! Une histoire vraie et une légende dans les élégants bureaux du plus grand producteur de cinéma : David O. Slelznik. C’est le récit épique de ces huit fabuleuses journées qui mirent au monde le film mythique entre tous : « Autant en emporte le vent. »

Nous débarquons dans un huis clos. Défense de déjeuner, on y vit de bananes et cacahuètes - c’est bon pour les méninges- pas le temps de dormir, à peine celui de s’éclipser à la salle de bain. Le maître après Dieu, le producteur David O. Selznik (Jean-Marie PÉTINIOT ) diffuse un charisme et une désespérance palpables. Il vient de virer de leurs postes le scénariste et le metteur en scène du film, il est au bord de la faillite. On n’imagine pas à notre époque que le tournage d l’incendie d’Atlanta était à lui seul un désastre financier : il fallait brûler les vrais décors. La pression est à son comble, le pari est immense : la gloire ou la débâcle. Les trois prisonniers du défi financier sont assaillis de coups de téléphone : la femme délaissée de David O.Selznik, Irene , le beau-père, Louis B. Mayer, le patron du studio, alarmé par les rumeurs d’arrêt de production, l’actrice ombrageuse Miss Vivian Lee. L’immaculée secrétaire, Miss Poppenguhl (Patricia HOUYOUX) déploie diplomatie et patience d’ange. Quel contraste avec le bouillonnement désespéré de désir de création de la trinité masculine ! Vic Flemming (Michel PONCELET), le nouvel élu metteur en scène, et Selznik s’escriment à jouer par le menu tous les personnages et les épisodes mouvementés du livre de Margaret Mitchell pour Ben Hecht le scénariste. Comédiens très contrastés, nous sommes en pleine farce comique. L’effet est cocasse mais Ben refuse d’y croire. C'est qui Reth …? Rétif plutôt! Et caustique. Il se rebelle à tout instant contre cette histoire à l’eau de rose, aux vaines poursuites. Moonlight and magnolia is Over! Quel est l’intérêt de ressasser cette guerre civile américaine d’un autre temps, où un héros ne meurt pas héroïquement, mais de rougeole! Scarlett est risible. Son âme de journaliste n’a cure du Sud conservateur, il veut faire passer sa vision du monde moderne, dénoncer l’antisémitisme croissant et la menace de la guerre.

C’est une lutte ouverte, chacun veut faire triompher sa vérité. L’écoute étant exclue, comment s’entendre! Le jeu du corps a la parole. Au fur et à mesure, la sage et jolie robe plissée de Miss Poppenguhl se transforme en robe du Sud et en boucles folles de Scarlett O’hara. Choc des vérités : David O’ devient de plus en plus pressant, les cacahuètes volent, les manipulations, marchés et pressions en tout genre se terminent par une discussion passionnée sur le sens de la nationalité américaine. Selznik et Ben Hecht sont tous deux juifs: place à l’humour et à l’autodérision. Les voilà qui téléphonent à tout Hollywood pour décider: Selznik, américain ou juif ? Gagnant, Ben empochera un chèque pour l’entr’aide des réfugiés juifs. C’est enfin le délire : vissé de force à sa machine à écrire, Ben Hecht transforme sans s’en douter toute la violence chaotique de la genèse dont il est acteur et témoin, en or massif. L’Oscar sera au rendez-vous.

Ben Hecht, (Jean-Claude FRISON ) a des airs de Clark Gable, il est brillant, fin, intelligent, ses réparties claquent avec la rapidité de l’éclair, ses frustrations et son exaspération croissante, résonnent d’une vérité plus que théâtrale. Le combat passionné du trio échevelé, débraillé et à bout de forces, contre le monstre de l’argent, est superbe. Au passage, l’ode à l’amour du cinéma est ardent: « le seul lieu où les morts continuent de marcher! » La mise en scène est dynamique et forte, le huis clos déborde de tensions, jusqu’à l’apothéose du générique du film.

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Max Elskamp - Le poète d'Anvers et d'Ecaussinnes




A ma mère



Ô Claire, Suzanne, Adolphine,
Ma Mère, qui m'étiez divine,

Comme les Maries, et qu'enfant,
J'adorais dès le matin blanc

Qui se levait là, près de l'eau,
Dans l'embrun gris monté des flots,

Du fleuve qui chantait matines
À voix de cloches dans la bruine ;

Ô ma Mère, avec vos yeux bleus,
Que je regardais comme cieux,

Penchés sur moi tout de tendresse,
Et vos mains elles, de caresses,

Lorsqu'en vos bras vous me portiez
Et si douce me souriiez,

Pour me donner comme allégresse
Du jour venu qui se levait,

Et puis après qui me baigniez
Nu, mais alors un peu revêche,

Dans un bassin blanc et d'eau fraîche,
Aux aubes d'hiver ou d'été.

Ô ma Mère qui m'étiez douce
Comme votre robe de soie,

Et qui me semblait telle mousse
Lorsque je la touchais des doigts,

Ma Mère, avec aux mains vos bagues
Que je croyais des cerceaux d'or,

Lors en mes rêves d'enfant, vagues,
Mais dont il me souvient encor ;

Ô ma Mère aussi qui chantiez,
Parfois lorsqu'à tort j'avais peine,



Des complaintes qui les faisaient
De mes chagrins choses sereines,

Et qui d'amour me les donniez
Alors que pour rien, je pleurais.

Ô ma Mère, dans mon enfance,
J'étais en vous, et vous en moi,

Et vous étiez dans ma croyance,
Comme les Saintes que l'on voit,

Peintes dans les livres de foi
Que je feuilletais sans science,

M'arrêtant aux anges en ailes
À l'Agneau du Verbe couché,

Et à des paradis vermeils
Où les âmes montaient dorées.

Et vous m'étiez la Sainte-Claire,
Et dont on m'avait lu le nom,

Qui portait comme de lumière
Un nimbe peint autour du front.


Mais temps qui va et jours qui passent,
Alors, ma Mère, j'ai grandi,

Et vous m'avez été l'amie
Aux heures où j'avais l'âme lasse,

Ainsi que parfois dans la vie
Il en est d'avoir trop rêvé

Et sur la voie qu'on a suivie
De s'être ainsi souvent trompé.

Et vous m'avez lors consolé
Des mauvais jours dont j'étais l'hôte,

Et m'avez aussi pardonné
Parfois encore aussi mes fautes,

Ma Mère, qui lisiez en moi,
Ce que je pensais sans le dire,

Et saviez ma peine ou ma joie
Et me l'avériez d'un sourire.

Claire, Suzanne, Adolphine,
Ô ma Mère, des Écaussinnes,

À présent si loin qui dormez,
Vous souvient-il des jours d'été,

Là-bas en Août, quand nous allions,
Pour les visiter nos parents

Dans leur château de Belle-Tête,
Bâti en pierres de chez vous,

Et qui alors nous faisaient fête
À vous, leur fille, ainsi qu'à nous,

En cette douce Wallonie
D'étés clairs là-bas, en Hainaut,

Où nous entendions d'harmonie,
Comme une voix venue d'en-haut,

Le bruit des ciseaux sur les pierres
Et qui chantaient sous les marteaux,

Comme cloches sonnant dans l'air
Ou mer au loin montant ses eaux,

Tandis que comme des éclairs
Passaient les trains sous les ormeaux.

Ô ma Mère des Écaussinnes,
C'est votre sang qui parle en moi,

Et mon âme qui se confine
En Vous, et d'amour, et de foi,

Car vous m'étiez comme Marie,
Bien que je ne sois pas Jésus,

Et lorsque vous êtes partie,
J'ai su que j'avais tout perdu.





Ce poème, plein de vérité et de réalité, retrace différents épisodes de la vie du poète.

Moments vécus, passés avec sa mère, riches en émotions.



A Ecaussinnes, Elskamp allait passer ses vacances d’été " Août " chez ses grands-parents maternels qui vivaient dans un château " château de Belle-Tête" (le château Cousin) devenu plus tard un orphelinat,

le "Gai Logis".

Son grand-père y était maître carrier " Le bruit des ciseaux sur les pierres ".

Près du château, il y avait une ligne de chemin de fer " passaient les trains "…..


On le sait, Ecaussinnes est aussi la patrie de JULOS et D'HENRY LEJEUNE.

Henry qui a fait découvrir Elskamp à Juloset surtout cette merveille d'amour : "A ma mère",le premier à avoir été mis en musique par JULOS

Voir aussi extrait du Julosland


http://julos.les-forums.com/topic/974/quand-julos-a-la-folie-en-tete/


Le 6 mai 1967, Henry LEJEUNE, JULOS et Louise Hélène-France, l'épouse de JULOS organisent à Ecaussinnes, un hommage à Max ELSKAMP.

Une plaque originale en céramique, à l'effigie du poète, réalisée par Henry LEJEUNE est scelléedans un bloc de "petit granit", pierre du pays d'Ecaussinnes.

Elle est toujours visible mais dans un très mauvais état, à l'entrée de l'ancien château Cousin, propriété de la mère d'Elskamp à cette époque et devenue depuis un orphelinat.


L'hommage était à la hauteur de l'importance du poète dans la littérature belge.

Des allocutions de :


Gérard NOEL

http://www.mons.be/default.aspx?GUID={EA2491AA-8373-11DA-972C-0002A58CB319}&LNG=FRA


Marie-Paule GODENNE (Présidente du Centre de Recherche et d´Expérimentation en Pédagogique Artistique).


Pierre BOURGEOIS

http://www.servicedulivre.be/fiches/b/bourgeoispierre.htm


Paul NEUHUYS

http://www.servicedulivre.be/fiches/n/neuhuys.htm


Bernard DELVAILLE

Anthologie de la poésie française et œuvres complètes de Max Elskampaux éditions Pierre SEGHERS.


Et en présence de Marie GUEVERS

http://www.arllfb.be/composition/membres/gevers.html



Bercée par le même chant des pierres de mon village, leur odeur toute
particulière, par la folie créatrice d'Henry LEJEUNE et par la poésie de JULOS, je me dois de rendre
à mon tour hommage à ELSKAMP en restaurant son image dans le cœur des
écaussinnois.

Nadine Lia LEJEUNE
18.11.2010







Plaque originale en céramique à l'effigie du poète, réalisée par Henry LEJEUNE
(voir page d'Henry LEJEUNE sur arts et lettres)








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administrateur théâtres

Soudain, l'été dernier (théâtre le Public)

SOUDAIN, L'ÉTÉ DERNIER au théâtre Le PUBLIC

de Tennessee Wiliams


Mise en scène: Michel Kacenelenbogen / Avec Marie Bach, Serge Demoulin, Jo Deseure, Janine Godinas, Gaetan Lejeune, Magali Pinglaut et Valentine Syfer

DU 10/11/10 AU 31/12/10

C’est une maison à la Nouvelle Orléans, un jardin d’Eden particulier. Le rideau se lève sur une splendide verrière envahie de toutes parts par de gigantesques plantes tropicales. La maîtresse des lieux fait allusion à des plantes carnivores du début des âges, se délectant de drosophiles achetées à prix d’or. Et l’histoire dévorante commence. Elle oppose une mère castratrice, Violet Venable et une jeune femme, Catharina, qui ont chacune une version différente de la mort de Sebastian 40 ans, le fils unique de Violet, poète et homosexuel notoire. Violet est la seule qui peut le faire vivre, qui l’aide à accoucher de ses œuvres. Le combat des vérités s’engage. Violet rêve de faire lobotomiser la jeune femme qu’elle tient en son pouvoir, pour taire à jamais l’horrible fin de son fils. Un autre thème se déploie : l’appât de l’or qui peut lever tous les scrupules d’honnêteté, tant de la part du docteur Sugar, pris à partie, que de la part de Georges, frère de Catharina, et de leur mère, fort inquiets de leur subsistance, eux qui vivent aux crochets de la toute puissante Violet.

Mère et fils, au cours de leurs innombrables voyages luxueux ont contemplé l’île des Galápagos où des milliers de tortues à peine nées sont menacées par d’immenses oiseaux prédateurs lorsqu’elles veulent rejoindre la mer! La nature est cruelle. Sebastian a vu Dieu qui regarde, impassible.

Sebastian a l’âme d’un prédateur, il utilise les charmes et l’argent de sa mère, pour attirer sous sa dent les jeunes gens qu’il convoite, de par le monde. Mais quand, victime d’une attaque, la vieillesse atteint sa mère, Sébastien part en voyage avec sa cousine Catharina qu’il sauve de la sauvagerie de la société. Elle été brisée et elle devient sa chose, son appât pour lui procurer sa ration de jeunes hommes et de jeunes garçons. Cette vérité doit être étouffée: Violet est pathétique dans son combat désespéré pour la protection de son fils. Mais l’exposition de la vérité, par la jeune Catharina, prise jusque là pour folle est d’une sincérité renversante. Son long monologue est bouleversant : émotion pure et désintéressée, un hymne à la vérité, une négation de la haine, une innocence mythique. Elle a tout fait pour empêcher cette mort effroyable, elle n’en n’est pas la cause, juste le témoin éploré d’une mort choisie. Il n’a rien écrit cet été-là. Le lieu du ‘sacrifice’ porte bien son nom : Cabeza de Lobos, le cap des loups.

Le rendu de la sauvagerie humaine laisse sans voix, il atteint tous les personnages, sauf la bonne de Violet, asservie et renfrognée, murée dans le silence. La violence du prédateur qui est à son tour consommé, est d’une violence inouïe pour une scène de théâtre... La comédienne JANINE GODINAS a une présence et une prestance extraordinaire. MAGALI PINGLAUT a été enfermée dans la folie, un peu à la manière de Camille Claudel, et son jeu est d’une émotion et d’une intensité rares. Ces deux immenses confessions poétiques et passionnées s’inscrivent dans des jeux de scène très subtils. Le thème de la prédation et de l’étouffement omniprésents est suffocant, un peu à la Hitchcock. SERGE DEMOULIN parcourt tout le chemin entre le médecin mondain et le médecin humain : il dit peu mais sa sensibilité et son écoute progressive le transforment, jusqu’à ce qu’éclate sa dernière phrase, enflée de doute. Un spectacle peu indiqué pour des jeunes sans doute, mais éclatant de talent.

http://www.lepublic.be/play_details.php?play_id=259&type=1

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A propos du Cercle de la Rotonde:

Ce cercle a toujours été un extraordinaire enrichissement dans la vie des cercles littéraires en Belgique. Nul doute que Marie-Clotilde ROOSE avec la collaboration de Pascale EYBEN ne nous offrent encore une fois une soirée d'une extrême qualité à laquelle on ne peut que vous conseiller d'assister.

Robert Paul

Le cercle de la Rotonde fête ses 20 ans
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Les griottes

Les griottes


Dans ma petite menotte


Qui contenait un trésor,


Je tenais toutes les griottes,


C’était un appât en or.



Je courais le long du fleuve


Pour le rejoindre au plus vite,


Voir les poissons dans le seau,


Une de mes passions favorites.




En arrivant à l’escalier,


Je me suis précipitée,


Pressée de lui partager


Les cerises tant convoitées.




Sur la pierre, il disposait


Un grand sac en toile de jute


Car parfois, il s’asseyait


Abandonnant toute lutte.




C’est en descendant les marches


Que je m’y suis pris le pied.


C’est ainsi que l’on arrache


Un pêcheur à ses pensées.




Et je me suis envolée


En passant dessus sa tête !


Mon trésor loin projeté,


Ce n’était pas mon jour de fête.




Plonger dans un fleuve profond


Sans même savoir nager.


Heureusement de son bras long,


Il m’a vite repêchée.




J’étais le fruit de sa pêche


Et la honte de ma mère


Qui a crié de sa voix sèche :


« C’est la faute de ton père ! »




La vase dégoulinait


De ma toute nouvelle robe


Et toutes les algues s’y collaient.


Qu’allait-on faire de cette robe ?




Je pleurais à chaudes larmes.


Mon trésor s’engloutissait.


Car c’est là qu’était le drame.


Ce n’est pas ce que je voulais !




De cette robe, je m’en foutais.


Je voulais être avec lui.


Et ma mère me tirait


Pour me séparer de lui.




J’étais une sale fille


Qui suivait son père partout.


C’est ainsi que va la vie.


Puis un jour, un point, c’est tout.

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administrateur théâtres

Appel à projets - Prix jeune peinture

Prix jeune peinture belge

Appel à projets: Prix jeune peinture belge

En 2011 l'asbl Jeune Peinture Belge présente, en collaboration avec le Palais des Beaux-Arts, une nouvelle édition du Prix de la Jeune Peinture Belge. Ce prix prestigieux est l'un des événements majeurs de l'art contemporain en Belgique.

Le concours est ouvert aux artistes de toutes disciplines artistiques, âgés de moins de 35 ans au 1er janvier 2011 et belges ou résidant en Belgique depuis un an au moins. Sur base d'un dossier, un jury international de directeurs et curateurs de musées sélectionnera les projets. Les artistes choisis seront invités à exposer au Palais des Beaux-Arts du 9 juin au 11 septembre 2011. Lors de l’inauguration, le jury remettra quatre prix, dont minimum un à un(e) peintre.

-le Prix Jeune Peinture Belge «Crowet» (25.000€)

-le Prix Jeune Peinture Belge «Langui» (12.500€)

-le Prix Jeune Peinture Belge «Palais des Beaux-Arts» (12.500€)

-le Prix Jeune Peinture Belge «ING» (12.500€)

Les dossiers et bulletins d’inscription doivent être envoyés au Palais des Beaux-Arts au plus tard

le 29 novembre 2010 (Maïté Smeyers -23, rue Ravenstein, 1000 Bruxelles).

Le dossier de présentation (format A4) doit obligatoirement comporter: -le curriculum vitæ de l’artiste -la démarche artistique générale -une présentation précise du projet à réaliser ou des œuvres existantes (réalisées il y a max 3 ans) proposées pour l’exposition au PBA -des illustrations de ces œuvres au moyen de photographies, d’esquisses, de diapositives ou, le cas échéant, les dvd ou cd-rom des œuvres vidéographiques. (extrait de max. 15 minutes).

Remarque : le jury étant international, nous conseillons de remettre un dossier bilingue français-anglais

Le Jury cette année est composé de :

Henriette Bretton-Meyer, Directrice de Overgaden, Institut for Samtidskunst, Copenhague

Miguel von Hafe Pérez, Directeur du Centro Galego de Arte Contemporànea, Santiago de Compostela

Clément Minighetti, chef-curateur du MUDAM, Luxembourg

Thierry Raspail, Directeur du Musée d’art contemporain de Lyon

Hilde Teerlick, Directrice du Frac Nord-Pas de Calais

Le règlement complet du concours et le formulaire d'inscription sont disponibles sur le site: www.jeunepeinturebelge.be

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administrateur théâtres

Les piliers de l'optimisme par Charlie Chaplin

Le jour où je me suis aimé pour de vrai

Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j’ai compris qu’en toutes circonstances,
j’étais à la bonne place, au bon moment.
Et alors, j’ai pu me relaxer.
Aujourd’hui je sais que cela s’appelle…
l’Estime de soi.

Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j’ai pu percevoir que mon anxiété et ma souffrance émotionnelle
n’étaient rien d’autre qu’un signal
lorsque je vais à l’encontre de mes convictions.
Aujourd’hui je sais que cela s’appelle…
l’Authenticité.

Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
J’ai cessé de vouloir une vie différente
et j’ai commencé à voir que tout ce qui m’arrive
contribue à ma croissance personnelle.
Aujourd’hui, je sais que cela s’appelle…
la Maturité.

Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j’ai commencé à percevoir l’abus
dans le fait de forcer une situation ou une personne,
dans le seul but d’obtenir ce que je veux,
sachant très bien que ni la personne ni moi-même
ne sommes prêts et que ce n’est pas le moment…
Aujourd’hui, je sais que cela s’appelle…
le Respect.

Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j’ai commencé à me libérer de tout ce qui n’était pas salutaire,
personnes, situations, tout ce qui baissait mon énergie.
Au début, ma raison appelait cela de l’égoïsme.
Aujourd’hui, je sais que cela s’appelle…
l’Amour propre.

Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j’ai cessé d’avoir peur du temps libre
et j’ai arrêté de faire de grands plans,
j’ai abandonné les grands projets du futur.
Aujourd’hui, je fais ce qui est correct, ce que j’aime
quand cela me plait et à mon rythme.
Aujourd’hui, je sais que cela s’appelle…
la Simplicité.

Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j’ai cessé de chercher à avoir toujours raison,
et je me suis rendu compte de toutes les fois où je me suis trompé.
Aujourd’hui, j’ai découvert …
l’Humilité.

Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j’ai cessé de revivre le passé et de me préoccuper de l’avenir.
Aujourd’hui, je vis au présent, là où toute la vie se passe.
Aujourd’hui, je vis une seule journée à la fois.
Et cela s’appelle… la Plénitude.

Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j’ai compris que ma tête pouvait me tromper et me décevoir.
Mais si je la mets au service de mon cœur,
elle devient une alliée très précieuse !
Tout ceci, c’est…
le Savoir vivre.

Charlie Chaplin

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administrateur théâtres

"L'échange" de Paul Claudel (théâtre des Martyrs)

L’ÉCHANGE

Paul Claudel, le petit frère de Camille… écrivit cette pièce lorsqu’il avait 25 ans, en 1894, étant vice consul en poste dans la fabuleuse Amérique, lieu rêvé du rêve des européens. Pays de tous les possibles et de tous les fantasmes. La scène représente une sorte de chambre noire où évoluent le quatuor et leurs désirs contradictoires.

Tout juste mariés, Louis Laine (Itsik Elbaz) et sa femme Marthe (Anne-Pascale Clairembourg ) sont venus s’installer en Amérique. Ils gardent la propriété d’un millionnaire, Thomas Pollock Nageoire (Idwig Stéphane ) et de son « épouse », Lechy Elbernon (Muriel Jacobs). Hors de la présence des perfides propriétaires, au début c’est l’Eden, même si le décor n’a rien d’agreste. De sombres fenêtres squelettiques, nues, un bout de piscine noire, une esquisse de plongeoir, une rampe, un escabeau, du vide noir.

Seule Marthe a du corps, du cœur, du courage plein ses jupes, une douceur tranquille pendant presque toute la pièce, accrochée qu’elle est à son rêve d’amour, « au pays vrai ». Un ange déterminé qui ravaude, qui répare, qui console, qui brode patiemment le bonheur. Elle veut partir avec Louis, loin, avoir une hutte simple mais bien à eux, fonder une famille. Il avait pourtant promis… Lui ne tient à rien, même pas à la terre, accroché à son rêve de liberté, animal sauvage, suspendu sur cette balançoire, la seule chose qu’il ait jamais construite de ses mains. « Je vole dans l’air comme un busard, et j’entends le craquement de l’illumination ! »

« Tu m’as blessé avec un seul cheveu de ta nuque ! » Il se sent prisonnier, déteste d’être apprivoisé. Il sera la proie rêvée de cette femme funeste, l’inconnu, Lechy qui débarque soudainement avec son mari. Elle est un monstre de suffisance et d’égoïsme, à moitié folle, actrice de son état, totale prédatrice, ivre de désir. Elle le convoite. Son mari le lui achète. « Il n’y a rien qui fasse autant d’innocence à un homme que de tromper sa femme » déclare Lechy avec emphase. She’s Moonstruck. Drame: le naïf Louis au sang indien, incapable d’écouter Marthe, se sera inéluctablement trompé d’ennemie et en mourra. « Un esprit terrestre est en moi ! »prévient Louis. « Je suis celle qui peut t’empêcher de te sauver, de mourir » plaide doucement Marthe. Douce-Amère.

« Je suis tout. » déclare Thomas Pollock. Il incarne l’or, le capital, les banques, l’armement, le pouvoir absolu, l’avoir. Il est sûr que tout s’achète, que tout peut être « échangé » avec profit. Son désir s’est posé sur Marthe-Marie, beauté sage de l’innocence pure. Lui aussi prédateur, gagne à tous les coups. Mais Louis n’a pas pris l’argent. « Il n’a pas de poches ! » clame Marthe, « Débiteur de lui vous restez ! » Le deal est caduque. Lechy, vengeuse infernale, désespérée que l’âme de Louis lui ait échappé, l’a fait mourir. La maison de Thomas Pollock brûle, la fortune s’en va en fumée… Marthe porte un enfant, une main se tend… Elle est tout.

Cette pièce est d’une modernité saisissante. La langue est riche et musicale. L’interprétation de Marthe est divine, tout en elle veut aboutir, elle sait écouter, se taire, faire éclater une juste colère et faire triompher la vie. Lechy surjoue légèrement, façon Cruella, brassant constamment l’air de ses bras cupides ou menaçants. Le jeu est un peu répétitif mais rend le personnage merveilleusement antipathique. Le colossal géant de fortune est dépossédé mais gagnant, le sauvage, victime de ses chimères, un pauvre animal que Marthe-Marie n'a pas réussi à mettre debout!

Du 12/11 au 11 /12 2010 AU THÉÂTRE DES MARTYRS

http://www.theatredesmartyrs.be/index2.html

Dans cet extrait, l'actrice savoure sa puissance sur les spectateurs:

.

LECHY ELBERNON
Je suis actrice, vous savez. Je joue sur le théâtre. Le théâtre. Vous ne savez pas ce que c'est ?

MARTHE
Non.

LECHY ELBERNON
Il y a la scène et la salle. Tout étant clos, les gens viennent là le soir, et ils sont assis par rangées les uns derrière les autres, regardant.

MARTHE
Quoi ? Qu'est-ce qu'ils regardent, puisque tout est fermé ?

LECHY ELBERNON
Ils regardent le rideau de la scène. Et ce qu'il y a derrière quand il est levé. Et il arrive quelque chose sur la scène comme si c'était vrai.

MARTHE
Mais puisque ce n'est pas vrai ! C'est comme les rêves que l'on fait quand on dort.

LECHY ELBERNON
C'est ainsi qu'ils viennent au théâtre la nuit.

THOMAS POLLOCK NAGEOIRE
Elle a raison. Et quand ce serait vrai encore, qu'est-ce que cela me fait ?

LECHY ELBERNON
Je les regarde, et la salle n'est rien que de la chair vivante et habillée.
Et ils garnissent les murs comme des mouches, jusqu'au plafond.
Et je vois ces centaines de visages blancs.
L'homme s'ennuie, et l'ignorance lui est attachée depuis sa naissance.
Et ne sachant de rien comment cela commence ou finit, c'est pour cela qu'il va au théâtre.
Et il se regarde lui-même, les mains posées sur les genoux.
Et il pleure et il rit, et il n'a point envie de s'en aller.
Et je les regarde aussi, et je sais qu'il y a là le caissier qui sait que demain.
On vérifiera les livres, et la mère adultère dont l'enfant vient de tomber malade.
Et celui qui vient de voler pour la première fois, et celui qui n'a rien fait de tout le jour.
Et ils regardent et écoutent comme s'ils dormaient.

MARTHE
L’œil est fait pour voir et l'oreille
Pour entendre la vérité.

LECHY ELBERNON
Qu'est-ce que la vérité? Est-ce qu'elle n'a pas dix-sept enveloppes, comme les oignons ?
Qui voit les choses comme elles sont ? L’œil certes voit, l'oreille entend.
Mais l'esprit tout seul connaît. Et c'est pourquoi l'homme veut voir des yeux et connaître des oreilles.
Ce qu'il porte dans son esprit, - l'en ayant fait sortir.
Et c'est ainsi que je me montre sur la scène.

MARTHE
Est-ce que vous n'êtes point honteuse ?

LECHY ELBERNON
Je n'ai point honte ! mais je me montre, et je suis toute à tous.
Ils m'écoutent et ils pensent ce que je dis ; ils me regardent et j'entre dans leur âme comme dans une maison vide.
C'est moi qui joue les femmes :
La jeune fille, et l'épouse vertueuse qui a une veine bleue sur la tempe, et la courtisane trompée.
Et quand je crie, j'entends toute la salle gémir.

Paul Claudel, l'Échange (1ère version), Mercure de France

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administrateur théâtres

Les combustibles (théâtre Le Public)

DU 09/11/10 AU 22/01/11

Les combustibles - Amélie Nothomb

"La ville est assiégée. Dans l'appartement du Professeur où se sont réfugiés son assistant et Marina, l'étudiante, un seul combustible permet de lutter contre le froid: les livres."

Plaisir esthétique et iconoclaste de pyromane : Amélie Nothomb joue avec la littérature comme elle jouerait avec le feu, avec un malin plaisir elle incendie ce qu'elle aime le plus au monde, les livres. Et le monde d’applaudir à ses facéties.

Pour Marina, la littérature n’est que fumée à côté de la pulsion de vie. Les hommes ont inventé la guerre. La femme fait la guerre à la guerre, à la glaciation qui éteint la vie. Elle doit voler le feu! D'où vient ce courage de détruire ce qu’on a le plus aimé? Au moment où il allait être baptisé Saint Rémi dit à Clovis : "Baisse la tête avec humilité Sicambre, retire tes colliers, adore ce que tu as brûlé, brûle ce que tu as adoré. Clovis embrasse le livre, change sa vision du monde. Marina est prête à tout, à sacrifier le biotope qui l’a nourrie. La question du choix du livre importe peu pour elle : « Quel livre, quelle phrase de quel livre vaut qu'on lui sacrifie un instant, un seul instant de chaleur physique ? " » Le jeu est malicieux, le spectateur sait que ces livres sont inventés pour la plupart! Mais lui aussi se pose la question!

La guerre a renversé toutes les valeurs, autorise toutes les violences et crée le glacial enfer. Marina veut sauver sauvagement ce qui lui reste de vie, elle ira jusqu’aux dernières extrémités pour conserver quelques degrés de température. Tombent un à un les principes, les hypocrisies, les scrupules, les valeurs. Et la barrière contre la barbarie s'effrite. Il ne reste plus qu’une faible chaleur animale réfugiée dans ce corps glacé où encore bat un cœur. Elle est prête au moindre embrasement, pourvu qu’elle se réchauffe! Elle s’éteindra avec l’extinction des feux du livre.

Son seul espoir, c’était que la guerre finisse, et qu’elle ne meure pas de froid avant. Mais même comme cela, elle n’aurait plus jamais été la même, amputée à jamais de l’humanité.

Cette pièce est jouée avec beaucoup de rythme, de dynamisme, de force, de flamme. La voix du professeur est maître. Au début Marina, les os gelés, est glaciale et déclame plus qu’elle ne vit son texte, cela fait froid dans le dos, on a presque envie de s’en aller, puis elle révèle sa passion sauvage pour l’étincelle de vie. Les livres utopiques volent un à un à la cheminée, annonciateurs de la mort prochaine, rien d’autre ne réchauffe les hommes… La flamme s’est éteinte, définitivement.

Qui sait, Amélie est peut-être perverse ou lucide et regarderait bien ses propres livres brûler en premier…si elle devait répondre à la question!

Mise en scène: Véronique Biefnot / Avec Kim Leleux,Jacques Viala, et Marc Weiss

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=258&source=agenda&year=2010&month=11&day=18

Quelques extraits:

LE PROFESSEUR. Je sais, Marina. Je n'ai plus rien à brûler.
MARINA (en regardant la bibliothèque). Et ça ?
LE PROFESSEUR. Les étagères ? Elles sont en métal.
MARINA. Non, les livres.
Silence gêné.
DANIEL. Ce n'est pas du combustible, Marina.
MARINA (avec un sourire ingénu). Mais si, Daniel. Ca brûle très bien.
LE PROFESSEUR. Si nous nous mettions à brûler les livres, alors, vraiment, nous aurions perdu la guerre.
MARINA. Nous avons perdu la guerre.
LE PROFESSEUR. Allons, mon enfant, vous êtes très fatiguée.
MARINA (avec un sourire joyeux qui la rend ravissante). Ne faites pas semblant de ne pas le savoir. C'est notre deuxième hiver de guerre. L'hiver dernier, si l'on nous avait dit qu'il y en aurait un autre, vous auriez conclu : "Alors, c'est que nous aurons perdu la guerre." Pour moi, elle était déjà perdue l'hiver passé. Je l'ai compris au premier jour de froid.
LE PROFESSEUR. C'est parce que vous êtes trop frileuse. Normal: combien pesez-vous ? Quatre-vingts livres ?
MARINA. Je pèse deux mille livres: le livres que vous brûlerez pour me réchauffer, Professeur.
DANIEL. Arrête, Marina.
MARINA (très douce). La nature est injuste. Les hommes ont toujours été moins frileux que les femmes. Grâce à la guerre, j'ai compris que c'était ça, la plus grande différence entre les sexes. Ainsi, en ce moment, vous croyez que j'ai perdu l'amour des livres. Moi, je crois que vous n'avez jamais été capables de les aimer vraiment: vous les avez toujours vus comme du matériel pour vos thèses, et donc pour votre avancement.
LE PROFESSEUR. J'adore l'air limpide avec lequel cette jeune fille nous injurie.

MARINA. Ce n'est pas assez.
LE PROFESSEUR. Comment ? Je vous en donne deux à la place d'un seul, petite garce.
MARINA. Vous déraisonnez, Professeur. Un Kleinbettingen vaut plus que deux Sterpenich.

DANIEL. Eh bien ! Brûlons Le Bal de l'observatoire ! Et vous aussi vous irez le relire à la faculté.
LE PROFESSEUR. C'est impossible. Je ne peux pas lire ce livre-là en public, après le mal que j'en ai dit.
DANIEL. Ah ! Et devant moi, ça ne vous gêne pas ?
LE PROFESSEUR. Non. Ja pars du principe que tout assistant considère son maître comme un imbécile. Alors, devant vous, je ne vois pas ce que j'ai à perdre.
DANIEL. Vous me stupéfiez ! Il m'avait toujours semblé que c'était le contraire: que tout professeur considérait son assistant comme un imbécile.
LE PROFESSEUR. Mais c'est aussi la vérité. Le tiers exclu n'est pas valable en psychologie, comme vous le savez. Et c'est l'un des charmes des relations entre professeur et assistant que ce mépris réciproque déguisé en respect admiratif.

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