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Publications de Josette Gobert (307)

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Iniquité JGobert

Le jour se lève sur ce coin de terre.  Déjà un soleil franc frappe et annonce une journée torride. Dans un  petit réduit se tient, enfermé, celui qui sera l’hôte de la fête. Etouffant dans le noir, il manque d’air  et d’espace. Contraint de ne pas bouger, il rumine en silence son destin fatal.

De sa vie dans les verts pâturages, il ne reste rien que des souvenirs enfuis et vit maintenant ce jour d’angoisse qui le mène à la gloire et à la mort. Ce midi, sur la route de sa destinée, il va mourir en brave, en combattant.  Dehors des curieux viennent l’épier, l’écouter à travers cette cloison et l’imaginent ruisselant de sueur et d’écume.

Dans quelques heures, les portes s’ouvriront. La lumière aveuglante le submergera et le rendra fou. Une clameur déchirera ses oreilles et le plongera affolé dans cette enceinte de jeu. Sa vie a l’importance d’une mort, il est l’enjeu d’un spectacle.

C’est l’heure qu’ils ont choisi pour l’affronter. La porte s’ouvre. Il s’élance, superbe, brillant de sueur.  Il trébuche, se relève. Il court pour mieux s’enfuir. Il court à perdre haleine. Il pivote, s’arrête. Son regard noir scrute le ciel. Il respire enfin un peu de cet air du dehors. Devant lui,  la foule est en liesse, elle hurle, elle crie, elle délire. Mais cet endroit n’a pas d’issu. Il est cerné, pris au piège. Il va mourir.

A des milliers de kilomètres de là, depuis son arrestation musclée, il est prisonnier dans cette cellule au milieu de cette geôle immonde. Il fait le vide dans sa tête et essaie de s’échapper de cet environnement hostile.  Il n’est pas là par hasard. Il est condamné pour des méfaits, des délits qu’il nie, qu’il n’a pas fait. D’autres hommes ont rendu un jugement.

Sur cette misérable paillasse, il reste assis des heures entières. Il distingue les bruits de couloir qui l’éveillent encore un peu à la vie. Des crissements, des voix qui le relient au monde. Le vacarme répété des clés annonce inlassablement le matin, le midi, le soir. Il tourne en rond se jetant parfois contre les murs. Sur cette surface, il compte ses pas. Il est innocent. Un filet de lumière pénètre dans ce trou et l’inonde un instant de chaleur. Quelques minutes à peine et fuit comme il était venu. L’obscurité se réinstalle, froide, inquiétante et ne le quitte plus.

La sentence est la mort, il va mourir. Depuis qu’il a appris la nouvelle, son existence a pris une tout autre dimension, plus profonde, plus réfléchie, désarmante. Il attend dans le silence et se rappelle. Son esprit passe en revue sa vie de combat et de déconvenue. La chance ne lui a pas souri. Il pleure. Il  n’a pas peur de mourir. Il attend que tout s’arrête vite, très vite.

Dans une autre région, le froid se pose sur des membres endoloris, peu vêtu, les piqures du gel font très mal. Allongé contre ce muret, il n’est pas seul à attendre. Beaucoup d’autres comme lui sont là à s’épuiser, à se perdre. Il a faim, soif. Esseulé malgré la foule de ce camp de fortune, il a perdu les bases de la vie et son humanité s’échappe.  Livré à lui-même, il attend, brisé, désespéré.

Depuis ce jour maudit, où la vie a basculé et est devenue un enfer, l’existence de son peuple et la sienne ont chaviré dans un monde barbare. Il a tout perdu et reste accroché à son enveloppe charnelle, dénudée, et comme seul bien lui appartenant encore.  C’est un réfugié comme des milliers d’autres qui cherchent ailleurs  la possibilité d’être heureux. Arrêté, parqué dans ce camp, il ne comprend pas pourquoi.

De ces barbelés courant autour de lui sur d’épaisses profondeurs, il cherche le souvenir d’un passé révolu et poursuit en lui la dernière goutte de vie qu’il possède. Il va mourir.

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Mascarade JGobert

Se déroulent parfois des scènes étranges où se mêlent des hommes sournois, accoutrés d’un déguisement qui les cache, les dissimule de leur véritable vérité.  Ils se posent autour du pouvoir pour mieux le contrôler et en font un jeu de dupe. Une comédie, un divertissement qui rend la vie stérile et sans lendemain. Ils possèdent ainsi les rênes d’un ordre fantomatique qu’ils dirigent d’une main de fer et en font une cavalcade ridicule où personne n’est ingénu mais où personne ne bouge.

Comédie d’un autre temps où règnent toujours des despotes sanguinaires, ces pays meurent d’un manque d’oxygène, d’air pur, de liberté. Mascarade d’élections burlesques auxquels personne ne croit, ne résiste et laisse s’accomplir, une fois de plus, la tyrannie de certains hommes avides de pouvoir.

Ces pays, parfois dotés de bon sens, proclament fièrement leurs démocraties nouvelles à la face du monde et s’en font arrogance à mettre en doute les nôtres trop laxistes. Carnaval trompeur qui anéantit les gens de bonne volonté et les chasse du droit, qui laisse le peuple mourir d’épuisement à force de privation et de contrainte, qui détruit l’intellectuel, le sage, l’éclairé pour le rendre inopérant, vidé de sa substance.

Sous le déguisement burlesque de leur démocratie ridicule se cache, s’abrite la révolte bien vivante  qui s’amplifie et qui répandra le sang.  Bal masqué, Paillasse rit pour mieux pleurer sous son masque de tristesse. Ton peuple n’est pas naïf.

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L'échappatoire JGobert

Devant sa feuille blanche, elle voudrait mettre par écrit le poids et la longueur de ses jours mais l’inspiration ne vient plus. Elle est épuisée depuis un moment et en recherche la raison. La vie est pesante et ne lui laisse plus de temps pour se ressourcer et reprendre son souffle. Les jours se ressemblent, remplis de gestes lents, habituels, de moments anodins, quelconques. Ils se suivent les uns les autres la laissant au bord du gouffre. Souvent, son esprit évolue à vide, fatigué et n’arrive pas à se fixer sur un objectif positif.

La fatigue prend parfois des chemins escarpés et rend la réalité insupportable. Là où le rêve avait fait son lit, ne reste qu’un sillon inoccupé qui parcourt une âme dépouillée, esseulée, égratignée.

Réveillée de bon matin et debout devant sa réalité, la journée lui semble triste. Plus le poids de la lassitude l’envahit, plus elle s’enfonce dans l’abîme où elle se débat.  Son âme vagabonde dans un labyrinthe d’idées noires et ne trouve pas le chemin de l’échappatoire.   

Tous ses beaux rêves se sont envolés un à un, disparus sans trace. Elle s’agrippe aux derniers avec force pour ne pas couler dans l’habitude infernale d’une vie sans tendresse. Ses mots jetés ci et là sont des bouées qui la maintiennent à la surface et la laissent voguer un instant encore.

Elle voudrait partir comme au temps de sa jeunesse vers des lieux qui lui sont chers et retrouver cette force qu’il lui manque tant. Combler ce vide et le garnir de nouveaux souvenirs.  Décorer sa vie de jours joyeux, radieux et l’orner de regards tendres et doux. Oublier cette faiblesse qui l’accable depuis des mois et qui la rend triste même si la sagesse qu’elle a acquise l’aide parfois à reprendre les brides de ses pensées.

 

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Miya

Café noir en main, assise dans son canapé, Miya se réapproprie cet endroit qui lui était si familier. Depuis son retour, tout a pris une autre dimension et son esprit n’arrête pas de refaire le script de cette aventure ratée et de la journée de départ.

Sa rencontre avec cet étudiant a changé sa vie. Elle est tombée amoureuse de lui éperdument et a voulu le suivre dans son pays. Aujourd’hui, elle se retrouve démunie d’une part de son existence qu’elle a laissée là-bas,  incompréhension, tristes souvenirs, pleurs et larmes.

Tout a été tellement vite. Partie, après les études, avec ce garçon qu’elle avait rencontré et épousé, la vie devait être merveilleuse.  Les préparatifs du mariage et du départ ont pris tout son temps et rempli son cœur d’images merveilleuses, idylliques. Ses parents hébétés ne comprenaient pas. La jeunesse rend les choses faciles et belles. Elle dissimule les ombres celées. Miya sait qu’elle part loin de sa famille et dans un pays qui n’a  pas la même culture mais l’amour rend téméraire, aveugle parfois. Et puis, elle ne part pas seule mais avec ce gentil garçon un peu plus âgé et qui peut la défendre contre le monde. Il l’aime.

Sa famille l’a mise en garde, lui a présenté ses craintes, les déboires qu’elle rencontrera sans que Miya ne les écoute.  Son désir est de partir avec ce beau jeune homme aux cheveux noirs et  de réussir sa vie avec lui dans ce pays lointain.

Après avoir descendu en voiture toutes les régions qui les séparent de ce continent, l’arrivée est fêtée comme il se doit. La famille de son mari les accueille avec beaucoup de gentillesse, d’étonnement et de réticence. Les parents attendaient le retour d’un fils diplômé, pas celui d’un jeune marié sans leur consentement.

L’installation du couple se fait dans la belle famille et l’intimité n’est pas de mise dans les quelques pièces qui servent de demeure. Miya est forcée d’accepter beaucoup de contrariétés, de déconvenues. En quelques jours, le beau rêve s’étiole déjà  de contraintes insensées et reste la vie difficile d’une personne qui n’a pas été préparée à cette aventure loin des siens.  Les rares moments qu’elle passe avec son mari sont consacrés à revendiquer ça et encore cela.  Au bout de quelques semaines, elle le trouve lointain comme s’il ne comprenait plus ce qu’elle dit. Ses beaux yeux noirs sont maintenant éteints à ses suppliques et la regardent incrédules.

Un matin, sans prévenir,  il part faire son devoir à l’armée.

 Seule, elle s’accroche désespérément à cette vie qu’elle veut avec lui et comprend très vite que sa place n’est pas ici. Elle décide de partir en ville, trouve une chambre et s’y installe comme une paria. Le propriétaire ne voyant pas d’un bon œil l’installation d’une femme seule dans cette pièce. Une fois établie, les larmes envahissent son visage et elle reste des heures à pleurer sans consolation. Son cœur, malmené, espère encore.

Cette fois, d’autres problèmes font face et Miya doit trouver un travail rapidement pour subvenir à ses besoins. Son époux, fâché, ne veut pas l’aider. Sa place est dans la famille pas en ville. Miya trouve un petit travail qui lui permet de survivre. 

Afin d’apaiser les foudres de son époux, elle reprend plusieurs fois le chemin de la maison familiale. L’accueil, froid, glacial, n’arrange rien. Sa vie d’européenne est rejetée et sa place d’épouse se cantonne à la cuisine.

Après un jour ou deux, Miya retourne  en ville avec la ferme intention de ne plus jamais mettre les pieds dans cette maison.  Quelques mois plus tard, son époux consent enfin que Miya habite dans cette chambre faite de tristesse, de misère et à sa première permission, il vient la rejoindre.

Pour Miya, l’espoir reprend une place de choix dans sa vie future, ce sont les plus beaux jours de sa vie. Au petit jour, ils partent se promener, enlacés, au bord de l’eau et font de grandes promenades les yeux dans les yeux. Le décor est séduisant. Les projets reviennent et se projettent devant eux avec simplicité. Oui, tout est possible. Ils vont enfin vivre leur vie ensemble.

Dés le service militaire terminé, il travaillera et prendra un appartement plus spacieux. Elle cherchera un autre boulot et la vie commencera, rêvée. Ces quelques jours sont exceptionnels et un matin il part rejoindre son bataillon.

Les mois passent et arrive le jour où son époux est démobilisé et rentre chez lui. Pas chez elle, il se réinstalle dans la maison familiale et lui enjoint de venir le rejoindre. Miya ne comprend pas son attitude. Elle est stupéfaite d’apprendre que son mari exige son retour dans cette demeure.

Elle refuse et reste esseulée dans sa pièce en ville. Elle décide de rentrer chez elle en Europe.

 Son mari, plus convaincant qu’à l’habitude lui promet que dés qu’il a du travail, il prend un appartement avec elle. Mais que pour l’instant, il ne peut la laisser seule en ville. Miya abdique et suit son mari.  Elle se réinstalle chez ses beaux-parents et se sent prisonnière pour la première fois. Sans sa chambre en ville, son petit travail, elle  perd son peu d’indépendance et sa fierté.

Son mari trouve vite du travail dans une autre région. Son diplôme très apprécié lui procure un bon job et il s’installe seul…laissant Miya chez ses parents. Elle l’appelle, exige des explications, demande à ce qu’il rentre pour lui parler. Il lui répond qu’il n’a plus confiance en elle et qu’elle doit rester chez ses parents pour ne pas faire de bêtises.

Miya est sidérée de cette réponse et reste clouée sur place. Ce mari qui, depuis son mariage la fait patienter, attendre des jours meilleurs n’a pour toute répartie à ses demandes que cette réponse inconcevable.  Cette fois, c’en est trop, elle partira. Elle y mettra le temps mais elle partira.

Miya trouve dans le village une dame qui veut bien l’aider. Celle-ci a un neveu en ville qu’elle voit régulièrement et qui accepte de recevoir le courrier de Miya.  Miya écrit à ses parents sa déconvenue, raconte ses désillusions. De lettre en lettre, elle réussit à réunir la somme nécessaire pour prendre un billet d’avion. Les parents de Miya lui envoient un nouveau passeport pour remplacer celui que son mari lui a pris.

Le jour dit, le neveu de sa voisine vient la chercher discrètement. Elle embarque à l’aéroport et rentre chez elle. Son retour est néanmoins la preuve d’un grand échec. Assisse sur son canapé, une tasse de café en main, les souvenirs de ce bel amour sont toujours présents.  Elle voulait qu’il comprenne et accepte de changer, d’exister comme ils vivaient ensembles en Europe. Les cicatrices seront longues à disparaître. L’amour ne résout pas tout.

Il est venu la chercher plusieurs fois sans succès. Miya n’est jamais repartie avec lui.

 

 

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Emissaire de paix JGobert

Petit émissaire créé par les fées pour visiter le monde, je parcours les continents, les mers, les endroits les plus isolés, dans les régions les plus lointaines.  Mes pouvoirs sont illimités et incroyables pour les mortels.  Je sonde les âmes et les cœurs et m'introduis au plus profond de tous ces êtres . J'entrevois ainsi chaque parcelle de vie où qu'elle soit pour en rendre compte dans le grand livre de la vie.  Chaque être est ainsi connu, reconnu dans son contexte, dans  le déroulement de la vie et en fait un maillon important pour l'univers.
Je voyage dans le ciel sur un fil d 'or et d'argent. Ce fil est attaché à d'autres bien plus importants et rejoint ainsi l'univers tout entier. Ce fil me relie à une toile infinie. Celle-ci reprend la terre et d'autres planètes. J'ai des frères comme moi un peu partout et notre nombre est notre force.
Nous ne sommes pas belliqueux et notre bonté est une de nos qualités essentielles.
 
Mais j'entends des cris, des gémissements d'enfants sous le bruit sourd des bombes. Des hommes tuent d'autres hommes et font pleurer des femmes et des enfants. Leurs pleurs, leurs douleurs m'atteignent en pleine face et me figent sur place sur ce fil d'or et d'argent.  Incapable d'avancer et de comprendre ce qu'il se passe dans ce coin de terre, où les armes n'arrêtent pas de tuer. J'entends des cris dissimilés sous les gravas et les petits corps mourant respirer à peine.
J'hurle à mon tour d'un cri qui déchire le monde et qui monte rejoindre mes frères qui, à leur tour, hurlent et ne comprennent pas pourquoi.
Pourquoi les innocents doivent ils payer ? Mais personne ne répond, n'entend nos cris, ni ceux de ces enfants mourant. Les fées nous ont-elles menti quand à notre pouvoir de sonder les âmes et les cœurs et de rependre la bonté. Notre mission est-elle si peu importante ? Avons-nous donc si peu de pouvoir que personne ne bouge? Nos cris sont ils si faibles dans ce monde face à des forces de mort ? 
Mon fil se déchire lentement sur cette partie de terre où les plus faibles sont touchés. La bonté fuit et je ne peux la rattraper. Ma mission est perdue et mon fil cassé. Je tombe vers eux et avec eux pour m'éteindre à jamais. Les fées m'ont menti. Je ne suis pas l'émissaire de bonté et de paix.
 
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Une fête de famille. JGobert

Les décennies de Jeanne se fêtent toujours en famille. Cinquante, soixante, septante sont des dates marquantes.  Un moment solennel dans la vie de cette famille et l’illustration d’une reconnaissance tacite de tous les membres du clan. Un grand jour où l’argenterie sort des tiroirs et les services en porcelaine sont dépoussiérés.  Les verres en cristal sur la nappe rose et blanche agrémentée de petits montages fleuris garnissent l’ensemble. Les petits papiers nominatifs arrivent avec la mission de positionner la famille autour de cette grande table. Un travail ardu pour la maitresse de maison.

Cet espace festif est divisé en deux, d’un côté, les jeunes avec les plus jeunes encore et de l’autre, les anciens, ceux qui font parties d’un passé commun et qui ont connu la famille disparue. Entre eux, une entente qui se révèle toujours amicale même si les petits tracas de la vie sont inévitables.

Les jeunes, bruyants, criards, s’amusent de bons mots et se taquinent. Le jeune cousin avec sa nouvelle fiancée est la tête de turc des autres. Ils se connaissent bien, et se voient à espace régulier pour un baptême, un enterrement, un anniversaire. Tous s’apprécient sous l’œil matriarcal de Jeanne.

Arrive le moment tant attendu de tous. Les cadeaux d’anniversaire de Jeanne. D’énormes bouquets de fleurs, un déversement de boites de toutes les tailles, un réassortiment complet de la cuisine avec tous les nouveaux ustensiles à la mode. Jeanne pourra travailler chaque jour pour nourrir sa tribu. Tous y ont pensé et acheté le cadeau le plus utile. A septante ans, des cadeaux solides et fiables qui pourront subir l’usure du temps.

A toute cette famille parfaite s’est joint le beau-frère et sa femme qui, bon gré mal gré, ont accepté l’invitation pour ne pas déplaire. Cette convocation, refilée rapidement à la dernière minute, laissant penser qu’un refus aurait été accepté facilement. Mais ce beau-frère assume et s’installe avec sa femme entre les deux parties de la table faisant limite. En face, des nouveaux voisins rendant service, sachant tout faire, importants pour cette tribu. Ils font maintenant partie de la fratrie. Ils ont amené un jeune chiot qu’ils triturent sur leurs genoux.

Dans cette famille parfaite se trouve la belle-sœur qui, par sa naissance, n’a pas la même nationalité qu’eux. On pourrait croire qu’à notre époque, plus personne ne fait attention à ce genre de critère. Mais, cela existe encore et on lui fait bien sentir.

Cette dame, coincée entre deux personnes qui lui tournent le dos, n’a pas accès à la conversation et reste de marbre.  Depuis toujours, ce beau-frère, très bien considéré, tire son épouse et ses enfants comme des parias dans cette famille.

 A espace régulier, il vit les désagréments d’avoir épousé une autre.  Cet homme refuse tacitement cet état d’esprit et inconsciemment lutte contre ce fait depuis son mariage. Toujours dans l’harcèlement de cette différence par sa famille, il reste marqué du seau de l’indignation.  Son épouse, indifférente et toujours blessée ressent cette discrimination contre ses enfants et elle-même. Digne devant leurs regards froids, elle refuse de chuter dans leur jeu qui,  pour son mari, serait une tragédie.

A notre époque où l’Europe a fait tomber les frontières intérieures, il est encore des gens vaniteux, prétentieux, imbus d’eux-mêmes pour se croire supérieurs aux autres et oser le faire sentir.  La belle-sœur, d‘un pays voisin européen, ne les juge que pour ce qu’ils sont. Son indifférence, son détachement montre qu’elle a compris depuis longtemps le niveau misérable de cette famille. Se battre contre la stupidité et l’antipathie n’apporte rien de positif  et ne risquerai que de la briser dans un combat inutile et sans intérêt. Elle en reste néanmoins amer.

La bêtise humaine n’a jamais eu de frontière.

 

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un arbre, une vie JGobert

Cet arbre dressé au fond du jardin qui, dans sa majesté temporelle, regarde cet homme évoluer, vivre depuis tant d’années lui ressemble.  Cet homme a pour lui beaucoup de tendresse.  Il le compare aux phases de son existence. Du tronc solide et bien encré dans le sol, il tient sa force. Des branches nombreuses et inégales, il retient des moments, des instants, des étapes de sa vie.

Le temps de l’enfance à l’adolescence est loin et reste néanmoins le terreau de son évolution, de sa croissance, de son essor, faisant des bases solides qui ont fait de lui un être humain équilibré.

Toutes ces années, où il s’est développé au fur et à mesure du temps, ont rempli l’espace libre laissé autour de lui. Les êtres et les histoires sont venus s’accrocher insensiblement à lui. Il a pu en apprécier la plupart et en aimer certaines follement.

Les plus belles pages de sa vie sont gravées sur ce tronc. Les enfants qui ont fait de lui le père qu’il est. Sévère, rigoureux. Il est un guide qui a donné des individus responsables. Il ressent une certaine fierté de les voir devenir ce qu’ils sont. Ces branches tendres pleines d’amour, de tendresse et d’affection sont devenues les plus solides sur lesquelles il peut se poser et se reposer.

D’autres ont pris également beaucoup de places dans son existence à en remplir des stères. Une vie très riche en évènements, en voyages, en rencontres. La découverte de l’autre, par des chemins escarpés, a laissé une richesse incomparable. Les visites du passé ont brodé son cœur de fierté et  d’estime. Il puisse chaque jour dans celles qui détiennent le puits de connaissance qui est la nourriture de son âme.

L’absence des êtres disparus trop tôt a laissé des branches vides, abandonnées. Des cassures, Des fractures toujours trop vite survenues ont bouleversé à certains moments cet équilibre et soulevé des tempêtes et des orages. Le temps, heureusement, a fait son œuvre, son labeur et le calme est revenu.

De l’adolescence à l’adulte naissant,  il a gardé de grandes amitiés dont le secret en fait le sel, le piment.  Certaines durent toujours et restent nobles et pures. Malgré les années, elles conservent le goût agréable, satisfaisant de la première rencontre, du premier regard et des serments de la jeunesse.

Sur cet arbre fécond se sont greffés de nombreuses autres rameaux qui ont jalonné une existence couverte d’emballements et de débordements. Certains ont cassé, n’étaient qu’éphémères et ont laissé place à des vides. L’incompréhension, le mensonge, la trahison ont parfois fait de gros dégâts dans les sentiments. Les blessures, les plaies sont restées souvent entrouvertes et sans guérison

Toutes ces ramures, qui l’entourent, n’ont pas été aisées. Le travail fut une des plus difficiles et a laissé des traces lourdes et ineffaçables. L’autorité non respectée, le combat des chefs n’ont jamais pu le réjouir et l’ont toujours laissé étranger à ces batailles de pouvoir et d’argent. 

Défendre l’opprimé, faire respecter la justice et la loi furent des combats de chaque jour et souvent perdus et inégaux.  Les branches de la patience, de la tolérance, de l’indépendance sont restées solides et ont fait la sève de sa vie.  Sa détermination n’a pas changé le monde mais elle a éclairé par moment l’obscure lueur de certains hommes.

Cet arbre, qui possède maintenant la cime de la sagesse et où l’on peut lire le temps passé, lui donne à réfléchir. Tous ces pourquoi sont derrière lui et les histoires de sa vie lui reviennent sans souffrance, sans regret, sans remord.  Et il s’interroge sur l’avenir, l’ailleurs.

Il hésite à traverser ce pont libérateur et à laisser derrière lui cet arbre vieillissant des moments de sa vie.  Il rêve de le transformer, le modifier en un arbuste léger et éthéré et qui le laisserait de nouveau libre de ses envies où ses rêves et ses chimères reprendraient une place première comme au temps de sa jeunesse.

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Moi, lui, elle. JGobert

Sur le chemin de la vie, les tristes nouvelles arrivent sans prévenir. Sachant cela, nous sommes toujours impuissants devant ce déroulement inexorable de l’enchainement des choses qui, jour après jour, nous conduit vers un autre ailleurs.

Du présent où nous sommes, nous ne nous préparons pas assez à cet ailleurs parfois si proche.  Ceux qui touchent et subissent cette situation malheureuse sont au centre de nos pensées et nous renvoient à notre propre destin.  Chacun d’entre nous est dans cette perspective et par des tours de passe-passe, essaie malgré lui de ne pas y penser.

 Mis au pied du mur ou du lit, nous sommes incrédules devant une telle vérité et ne trouvons pas les mots tout de suite. Ces mots tant attendus par l’autre qui effaceraient d’un coup d’éponge cette terrible réalité. Nous n’en avons pas le pouvoir.

 Ces verdicts prononcés sans appel qui nous préférerions rejeter au loin, très loin et auxquels nous ne voulons pas croire nous blessent. La terrible nouvelle nous laisse dubitatif, défiant, immobile devant tous ces mots barbares prononcés dans nos oreilles.

Que dire de cette triste condition qui nous glace le corps et le cœur ?  Que la vie est faite d’arrivée et de départ.  Que nous naissons que pour mieux mourir. Que la vie continue, continuera.

Heureux  sont ceux qui croient en un Dieu miséricorde.  L’espérance les conduira plus confiant peut-être vers cet ailleurs. Pour les autres, ils se raccrochent à tout ce qui donne un peu de paix dans un entendement illusoire, une acceptation utopique.

Les jours à venir seront difficiles et la question est pourquoi moi, pourquoi lui, pourquoi elle.

Et la réponse est tout autant absurde. Moi, lui, elle. C’est une facette de la vie ou de la mort que l’on accepte ou pas mais qui ne donne pas le choix.

JGobert

 

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Un vagabond sans bagage JGobert

Déguisé en chien, Il erre volontairement d’une démarche lourde dans les rues de la ville. Il ne cherche rien. Il a perdu son souffle. Il a baissé les bras, jeté ses rêves, effacé de sa mémoire ses souvenirs. Il est seul avec lui-même. Un vagabond sans bagage.

Dans une autre vie, il était important. Il avait des responsabilités, de l’argent, le pouvoir. Ce pouvoir qui fait qu’un homme est respecté, adulé, honoré par les autres hommes. Tout le monde l’admirait et il aimait les plus belles.  Quand il sortait le soir, il voyait les yeux se fixer sur lui et l’envier. Belle voiture,  belle demeure, belle femme. Tout ce qu’un homme aime posséder. Il était célèbre aussi pour ses débordements, les gens trouvaient qu’il en faisait trop mais ils le flattaient malgré tout.   Pouvoir, gloire, argent font de vous un être souverain. Il avait perdu le sens même de la réalité.

Il avait une famille. Une femme, une petite fille qui ne le voyaient pas souvent. Son emploi du temps ne lui permettait pas d’être journellement avec eux.  Il voyageait beaucoup pour ses affaires, pour son plaisir. Il passait le plus clair de son temps dans de très beaux hôtels parfois en bonne compagnie. Un jour, sa femme demanda le divorce. Celle-ci lui prit une partie de sa fortune et continua sa vie loin de lui.

Depuis quelques années, il n’est plus le même, il déambule dans cette existence dépouillée mesurant ainsi le chemin parcouru en vain et la vraie valeur des choses et leur réelle importance. Il cherche une figure de paix débarrassée des biens matériels. Il cherche un renouveau, une paix intérieure

Dehors il redécouvre le monde, la vie. Il apprend à savourer, à goûter un rayon de soleil et sa chaleur sur sa peau. L’odeur d’un café noir qui s’échappe d’une fenêtre ouverte. La beauté éphémère d’une fleur à peine éclose couverte de rosée. Le chant mélodieux d’un rossignol posé sur une branche. Le cliquetis  cristallin de l’eau qui se déverse lentement dans un petit bassin couvert de minuscules nénuphars. Le rire d’un enfant que sa mère promène avec tant d’amour. Il cherche l’apaisement.

Il se dit qu’il a gaspillé un temps précieux  dans tant de choses futiles, puérils. Cette ambition qu’il poursuivait si intensément, ce pouvoir qu’il entretenait avec tant de force, cet argent qu’il lui était si indispensable,  ne lui permettait pas de voir le bonheur étalé à ses pieds et au lieu de le ramasser délicatement, le recueillir avec bonheur, il le piétinait chaque jour avec force.

Mais ce destin d’exception sans âme commençait à l’étouffer, le rendre sombre et soucieux. Chaque jour devenait de plus en plus difficile, malaisé. Il sentait son étoile lui échapper. Il était riche et il n’était pas heureux.

Un soir qu’il festoyait dans sa belle résidence, avec de nombreux nouveaux amis, que sa piscine était remplie d’étrangers et sa table et sa cave vidée. La musique s’arrêta.

Le téléphone sonna.  Une voix venue d’ailleurs  l’immobilisa et il sentit le sol se dérober sous ses pas.  Une flopée de sentiments oubliés, effacés l’envahir. Il s’éveilla d’un long sommeil.

Sa fille vient d’avoir un accident et tout lui revient à la figure. Tout ce qu’il n’a pas fait pour elle. Tout ce qu’il a omis de lui dire. Le silence installé entre eux et l’indifférence dans laquelle la vie l’a plongé. Tout ce qu’elle représente pour lui et dont il n’avait plus conscience depuis si longtemps.

Le souvenir de sa naissance et la joie qu’il avait ressenti. L’immense bonheur qui l’avait submergé à la minute même de son premier cri. L’importance qu’elle avait pris pour lui à ce moment, c’était son bonheur, son bébé.

La fin de l’histoire n’est pas tragique. Sa fille va bien. Elle n’a pas voulu le recevoir à l’hôpital, ni le revoir depuis. Malgré son insistance, elle lui a dit d’une voix étrange qu’il n’était plus son père depuis si longtemps et qu’elle n’avait pas besoin de lui. Que son amour ne l’intéressait pas, qu’elle n’en voulait pas, qu’elle n’en avait pas besoin.

Il continue son destin avec ces phrases gravées sur son cœur et de nombreuses interrogations. Il connaît maintenant le poids de la solitude dans un cœur qui aime à vide. Il réapprend d’autres valeurs  et  reconnaît que sa fille est l’être le plus important de sa vie. Il sait aussi que le pouvoir, la gloire et l’argent lui ont pris une grande  partie de son temps le laissant démuni de l’essentiel.

Un matin, il est parti.

 

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Petit bonhomme JGobert

J’aime la Mer du Nord, les marées basses et les marées hautes, les immenses plages de sable fin, les coquillages et le vent qui fouette les visages. J’aime courir le long de l’eau et voir les pêcheurs de crevettes tirer, avec leurs chevaux, les grands filets.

J’accompagne mon ami, un jeune garçon qui passe quelques jours de vacances en compagnie d’adultes de sa famille. Ils se sont installés dans un petit appartement avec vue sur la mer. Ce n’est pas le luxe mais c‘est correct. J’ai droit à une confortable carpette près de l’entrée et un grand bol d’eau et de croquettes.

Les jeux et les sorties à la plage font parties des joies des vacances et pourtant, à l’insu de tous, le drame se noue. Mon ami a disparu un moment .  Quand il revient, il s’accroche à moi et blême, les larmes jaillissent et les questions pleuvent. Je frémis. Je n’ai pas de réponses pour le moment. Moi-même, je suis hébété de la situation et je le suis dans ce long dédale d’incompréhension, d’interrogation,  de laideur.

Mon ami n’a pas compris que tous les adultes ne sont pas gentils. Que certains sont investis de sentiments que la morale réprouve. Des gestes pressants et dissimulés qui deviennent vite insupportables. Je suis abattu de voir ces adultes sévir de la sorte.

Sans le concevoir, j’ai déjà vécu ce silence et je n’ai pas réagi à ses plaintes. Depuis, mes nuits sont devenues un enfer. Je l’entends parfois pleurer inconsolable.

Ce silence qui garde l’horrible secret, qui rend coupable, complice de cette infamie, que les autres adultes n’entendent pas ou ne veulent pas entendre et qui reste à jamais graver sur un enfant sali, profané.

Je ne suis que son petit compagnon et dans mes rêves les plus fous, j’aimerai me changer en bête féroce et avoir la force de les écarter de lui, d’arrêter ce mal qui se transforme en souffrance. Voir sa désespérance chaque jour et n’avoir pas le moyen de lui redonner son sourire d’innocence, d’enfance perdue. Le prendre, l’emmener loin de ces gens et me battre avec lui pour survivre, pour oublier.

Mon petit bonhomme vague l’âme triste, les mains dans les poches et je ne peux par moment lire ses pensées. Il me regarde résigné comme on peut l’être à son âge. Il ne peut se résoudre à raconter qu’il s’est fait prendre à un jeu d’adulte alors qu’il doit hurler, crier, dénoncer, accuser enfin.

Je ne suis pas le meilleur compagnon du monde. Je suis le reflet du silence et j’ai beau aboyer, hurler à la mort, personne ne m’écoute. Devant ce malheur, nous sommes tous les deux impuissants à nous faire entendre.

Consterné, je reste blotti à ses pieds et partage avec lui cette infamie le cœur blessé. 

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C'est le doudou JGobert

Je suis de nouveau le centre d’intérêt de toute cette foule qui a envahit les rues de ma cité. Je suis depuis ce matin, bichonné, apprêté, recouvert de cocardes rouge et blanches et tous les yeux me regardent avec admiration.

La coutume veut que je sois battu et je le serai. Au milieu de l’arène, je dois me battre face à un cavalier et sa monture. Des hommes blancs et de feuilles veillent à ce que tout se passe bien.  Tout un cérémonial précis régit ce combat et me laisse exempt de force pour mieux m’abattre.

La foule, nombreuse, se masse le long de mon parcours m’arrachant ainsi quelques crins, feuilles, cocardes pour en faire un trophée ou un porte-bonheur. Elle reste avec moi et m’entoure de clameurs et de cris quand enfin j’accède au centre de l’arène. L’enthousiasme est à son fort quand la musique retentit. Tous les yeux et les cœurs me suivent dans une ambiance peu commune accentuée par des salves de carabines portées par des hommes du feu.

Le combat a commencé. Je suis là, au milieu de cette foule voulant m’arracher la queue couverte de crin et sans l’aide de mes compagnons de misère, je serai disloqué en quelques minutes. Mais point de violence dans ce combat même si certains font les gros bras. C’est la cité en fête qui honore son plus beau représentant.

La musique ne s’arrête pas et reprend en boucle cet air tant aimé par les montois. La place est noire de monde. Les plus audacieux sont montés sur les toits, sur les sous-pentes, aux fenêtres, aux balcons pour voir cette danse peu commune d’un dragon qui va mourir. 

Je suis là, légende du passé avec un fier chevalier sur sa monture et j’attends le coup de grâce qui fera éclater la foule montoise dans des applaudissements  nourrir.  Chacun cherchera à avoir un crin qu’il attachera à ce qui lui est cher jusque l’année suivante.

Un combat de St Georges et du dragon et pour les montois, c’est le doudou…

Bonne ducasse.

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Son prochain voyage JGobert

Son prochain voyage sera féérique. La destination est fixée et les billets sont commandés. Un grand besoin de bouger et de revivre. Un voyage hors du temps, un circuit dans un pays lointain où tout est à voir, à visiter.


Ce voyage, déjà reporté, fait partie d’un rêve fait avec son ami qui a quitté ce monde. Un peu une promesse, un pèlerinage virtuel et une façon de lui rendre hommage et de parler de lui. Toutes ces années de silence sont maintenant derrière elle et malgré l'absence, son esprit n'oublie pas et reste en éveil avec celui qui a partagé son existence.

Toute une suite d'évènements cruels lui a laissé un goût amer. Une énorme blessure lui a taillé le cœur. La vie a pris un tour complètement déchanté dès que la nouvelle est arrivée. Les étapes de la maladie ont suivi sans surprise. Leur vie a néanmoins continué dans une certaine bonne humeur sans trop montrer l’inquiétude et elle a vécu en apparence sereine durant tout ce temps où la maladie les a accompagnés.

La vie a changé, elle est devenue plus profonde, plus concrète mais elle ne s'est pas arrêtée. Ils ont profité de chaque heure, chaque minute pour vivre, rire, sortir, voyager. Rien n’était assez beau pour combler le vide qui allait les submerger.  Profiter du moment présent, faire des petites choses importantes, des petits plaisirs qui devaient envahir pour toujours sa mémoire comme une preuve de vie.

Fabriquer, réaliser des souvenirs à la pelle, continuer à vivre et se battre malgré tout contre ce décompte du temps, ce tic tac infernal.
Ils ont voyagé et fait mille photos comme pour conjurer le sort, lui montrer que la vie ne s'arrête pas et qu'il sera toujours là malgré son départ. Les larmes étaient au rendez-vous souvent cachées. La peine de perdre quelqu’un de sa valeur et le chagrin aussi dissimulés comme quand on sait que quelqu'un va partir.

Attendre la déchirure, la fin d’une vie. Il faisait des projets qu’il savait qu’il ne tiendrait pas comme pour prolonger ce destin qu’il lui était difficile de quitter malgré tout. La peur s’est estompée et sereinement, il s’obstinait à la conseiller, à la mettre en garde, à la rassurer, à lui tenir la main comme à une enfant effrayée.

Ce voyage faisait partie de ceux qu’ils avaient décidé ensemble et qui lui tenait à cœur.
Un voyage décliné en circuit, d'étape en station, d'hôtel en auberge avec des étoiles, des soleils  dans les yeux.

Cet autre ultime voyage, qu’il a commencé sans elle, l’a laissée solitaire, abandonnée.   Depuis, dans son cœur, dans sa valise, elle emporte toujours son souvenir, agréable, chaleureux malgré l'absence.  La chaleur et sa tendre mémoire l’enrobent de douceur.



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Je JGobert

Je suis  le parent pauvre de cet art un peu secret où plateau de rêve et dépaysement se côtoient dans un monde malade d’indifférence. J’ai néanmoins de nombreuses lettres de noblesse qui m’accompagnent depuis des siècles. Je représente ce que beaucoup cherchent et mettent longtemps à saisir : une âme.  

 Je suis sa force, sa fraternité, sa cohésion. Je suis son folklore. Je suis l’âme d’un peuple dans ses traditions populaires. Des cadences impressionnantes, un dynamisme inaccoutumé, des ensembles de voix extraordinaires, tout me transporte dans un monde de convivialisé et d’harmonie.

 Je vis dans le respect des coutumes.  Je réunis l’humain dans cet art noble puisé dans de multiples régions du monde et je représente ainsi les populations parfois les plus reculées, inconnues même. Je visite le monde, continent par continent par sa musique, ses chants, ses danses, ses couleurs.

Je sens le vent de la steppe me balayer. Je vis aux rythmes des mariachis. Je me plonge  dans les légendes celtiques ou je pars dans ces régions où l’unité est dans la diversité des sons.  Je visite le monde et je me laisse envahir par cette beauté, cette vie qui déborde de tableaux, de romance, de complaintes et de danses.

Je me laisse porter par les sentiments amoureux ou je laisse éclater ma joie, ma peine. Je célèbre le culte des anciens ou la force de la nature. Je danse pour diffuser ainsi ma culture, mes légendes, mes traditions à travers la foule et communiquer cœur à cœur avec les hommes de bonne volonté. Un mélange éclatant, fascinant, mystérieux où chaque personne découvre l’autre dans ce qu’il a de plus beau le temps d’une rencontre, d’un spectacle.

Je peux côtoyer malgré les guerres fratricides les frères ennemis et dans un seul élan, leur montrer que l’homme peut être un sage dans ce qu’il y a de plus grand, de plus humain : un sourire.  

 L’âme vit comme une promesse. Inutile de s’inventer un passé imaginaire même si certains peuples n’ont plus ces belles rondes dansantes, multicolores, musicales.  D’autres évènements ancrés dans leur mémoire collective en font une toute aussi grande puissance de rassemblement, un bloc sachant faire face à l’adversité.

Je n’efface pas la diversité des peuples et je ne régente pas son âme par des lois. Je suis parfois  folklore insensé et je mène sur des chemins de colère un monde incohérent et cruel.

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Les pas de la beauté JGobert.

Tout est plus aisé quand la beauté est au rendez-vous. Celle de l’âme et du cœur sont très importantes bien que souvent dissimulées. Dans le monde où j'évolue, c’est la beauté physique qui compte le plus. Tous les professionnels se basent sur ce critère pour sélectionner les élus. Ce n'est pas mon cas mais je m'en suis bien tirée.

Les jeunes gens que je rencontre sont élancés, minces, beaux. Leurs regards attirent, accrochent, se fixent dans la mémoire. Bien souvent soutenus par leurs parents, ils sont très jeunes et ils ont tous des appétits, des désirs de réussite et de gloire et sacrifient volontiers leurs adolescences à des séances studios photos.

Cette beauté facilite les entretiens et les rendez-vous. Mais le parcours est parfois long et ardu pour arriver au pied d'un podium. La gloire passe par des critères bien définis.  Les photographes font et défont les illusions pour rendre compte à leurs journaux ou à leurs magazines.

 Ils mitraillent ces jeunes sélectionnés à tout-va et la photo doit être une révélation.

Mario n’a pas vingt ans et est un de ces jeunes aux regards ambitieux qui croient à l'avenir dans ce métier. Son rêve est de devenir un mannequin célèbre. Pour cela, les abnégations, les renoncements  sont nombreux.  Même si ce métier le fait fantasmer, c’est une quête des plus difficiles. Je le vois arpenter, songeur, les salles d'attente, les studios pendant des heures. La vie s'étire ainsi, incertaine, des jours durant et les espoirs s'amenuisent par moment.

Mario a la chance d'habiter dans la ville des lumières et reste toujours disponible à tous les appels. D'autres moins chanceux vont et viennent et dépensent de grosses sommes d'argent.

Un élégant salon de couture a retenu Mario pour défiler. Un grand jour pour lui. Il a l’estomac noué. Il jeune souvent et boit à peine quelques gorgées d’eau. Cela fait partie du métier. Ne pas trop manger pour ne pas grossir.

Les filles filiformes, effilées sont nombreuses dans cette profession et généralement jouent avec la santé de leur organisme. Ne pas prendre de poids, ne pas grossir, reste une constante dans ce travail.  Malgré les légères réformes apportées à la législation, les filles sont toujours tentées de ne pas manger. Difficile de se démarquer sinon.

Je déambule dans ce monde pellucide avec mes kilos superflus et certains m’appelle bouboule. Il est vrai que je suis bien enrobée mais cela ne me pose pas de problèmes. Je suis toujours de bonne humeur et l’esprit rieur. Certains disent que j’ai la beauté de l’âme.

Mario a quelques rendez-vous dans son agenda et la vie s’accélère. Défilés, séances de photos, sorties, voyages sont épuisants et le ventre à peine rempli, il résiste pour que sa représentation soit parfaite. Le photographe en veut toujours plus et de bonne grâce, Mario consent à travailler encore et encore.

Depuis quelques mois, Mario fait partie de ceux qu’on a remarqués. Il est à la mode et dans la mode. Sa photo est dans toutes les revues. Il trône sur les murs de la ville, sur les gigantesques panneaux où il fait envie. La vie est devenue extrêmement vivante, pétillante. Il court de ville en ville, Rome, Paris, Londres, Berlin, New York. Il rencontre ceux que la gloire a hissés au sommet et les fréquente comme dans un songe. Oui, c’est bien le destin magique qu’il voulait.

Sa copine au teint diaphane, modèle et mannequin comme lui, a disparu depuis quelques temps. A bout de nerf, elle est partie se ressourcer dans un hôtel. Bouboule qui sait tout et qui a vu le manège sait que cette pauvre fille s’est effondrée de tant de privations. Elle est malade. Arrivée au stade de n’avaler pratiquement plus rien, son organisme a flanché et elle est au fond d’un lit dans un hôpital.

Mario, le beau brun, travaille à temps plein. Son regard de braise se pose et s’expose. Il n’est pas au courant de cet incident et de toute manière, il n’a pas de temps à consacrer à son amie pour le moment. Mario, l’esthète est comblé du tapage fait autour de lui. Hérissé parfois par les séances de photos, de plus en plus nombreuses, elles lui pèsent, le fatiguent, l’exaspèrent.

Au fond de son esprit naissent des soucis nouveaux et le poursuivent. Une obsession le suit dés l’aube. De jeunes loups sont arrivés sur les podiums et veulent prendre sa place. Des beautés sauvages aux regards indomptés, plus juvéniles et qui, certains, ont les dents longues.

Mario n’a plus de nouvelles de sa copine. Il s'en veut un peu de n’être pas plus préoccupé par cette fille. Il est fatigué lui aussi de tenir ce rythme, il fume depuis quelques temps et prend des cachets. Ces cigarettes lui remontent le moral mais pas suffisamment pour oublier cette fatigue, cette peur qui le suit. Bouboule, qui a déjà vu cela, connaît la suite de ce scénario qui le conduira vers l’abîme des chemins sans retour.

L’amie de Mario ne va pas bien, isolée de ce monde, elle git au fond d’un lit. De sa beauté enfantine, malicieuse, il reste des yeux tristes sortis de leurs orbites et un teint disgracieux. Ses parents sont effondrés et néanmoins tenus à l’écart. C’est le traitement conseillé.

Bouboule, malgré sa bonne humeur, est affligée de voir tout ce gâchis.  Toute cette belle jeunesse, ravagée de promesses mensongères, détruite par le Système peu farouche qui a emboité le pas de la beauté.

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La vallée du bonheur. JGobert

Les nuages jouent. Ils  dessinent et crayonnent sur la vallée faisant naître des tableaux d’ombres et de lumières. Sur ces vastes étendues de blé d’or, sur ces tapis de fleurs sauvages, le vent les amène et les chasse avec la même douceur.  Petites sphères blanches qui se transforment au gré du temps en décor éthéré, ils remplissent le ciel d’une multitude  de beauté.

La terre, devant cette immensité de bleu et de blanc, resplendit et renvoie par une main experte des aquarelles, des portraits aux couleurs du monde où ocre, vert émeraude, rouge vermillon se marient tendrement. Une scène de maître nait au milieu du tumulte de la vie et une musique céleste entonne une marche triomphante vers ces tableaux idylliques où  se pressent les hommes vers un monde nouveau.

Ils cherchent la paix, la sérénité, la vérité dans des cœurs troublés et parfois confondus par la haine, la rancune, la cupidité, le mensonge.  Ils espèrent trouver une réponse à leurs souffrances en essayant de bannir ce qui fait la trame de la vie gommant les chemins escarpés et les sentiments les plus futiles.

Sous cette voute qui tient lieu d’espace, d’infini. Ils se posent les questions qui réclament des réponses judicieuses  et qui sont encore des énigmes pour certains. Le Système, en mode de loi,  englobe les hommes, en étouffe certains et les laisse démunis devant tant d’indifférence.  Ils en oublient  le fondement même de la vie et le respect que chaque homme a droit.

Sur ce chemin cheminant tranquillement à travers ces paysages éclatants où un vent léger rafraichit les pensées, les cœurs légers voguent sur cette vague de douceur et se laissent porter. Ils arrivent lentement là où le bonheur les attend.

Les autres, moins chanceux,  ne ressentent pas cette félicité et bien qu’ils poursuivent depuis un certain temps cette recherche, restent sur des voies couvertes de cailloux et d’ornières.

Tout le monde n’atteint pas le paradis sur terre, la douceur de vivre, l’enchantement d’être deux ou trois ou quatre, la satisfaction d’avoir eu une vie juste, équitable, le plaisir simple mais si important  d’aimer et le suprême honneur d’avoir été aimé pour soi.

Seuls les âmes pures arrivent dans cette vallée et peuvent en retirer le fruit suave de la vie ou de l’éternité.

JGobert

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Le pays d’où je viens JGobert

Je viens d’un pays où la démocratie a baissé les bras, les hommes de l’ombre gèrent la vie de la cité. Ils sont puissants, intolérants, exécrables. Ils dirigent selon leur bon vouloir. La vie s’organise sous leur contrôle. Les puissants sont entourés d’hommes de main qui obéissent à l’aveugle et appliquent les ordres. Ils prélèvent la dîme et font la loi.

 La misère y règne en maître et chacun cherche à s’évader ou à partir. Naïve, je me suis crue plus maligne que les autres. J’ai rencontré un bellâtre qui m’a promis mont et merveille. Dans ce dénuement, j’y ai cru et de belles promesses en mots d’amour,  je l’ai suivi.

Ma famille est honnête, pauvre mais honnête. Mon père, un besogneux travaillant toujours à perte et ma mère élevant mes frères et sœurs qui n’arrêtent pas de se multiplier.  Quand ils ont rencontré Stan, les regards se sont croisés et j’ai senti directement la mésentente s’installer. Mon père ne l’a pas accueilli sincèrement.  Ma mère, avec des cadeaux plein les bras, a été plus vite convaincue et n’a plus émis de difficultés.

Mon père m’a fait la leçon et malheureusement, je n’en ai tenu aucun compte. Dans mon pays, les filles se marient encore et respectent les traditions.  Mais après maintes discussions et avec l’approbation de mes parents, il a été décidé que le mariage se ferait chez Stan,  dans son pays.

Le jour du départ arrivé, c’est en pleurs que tout le monde s’est quitté, moi avec ma petite valise, mes parents avec du chagrin et Stan avec un superbe sourire.

Le voyage commencé parut très long et les gestes de tendresse ont vite disparu. La fatigue aidant, j’ai mis cela sur son compte. Arrive enfin l’endroit où ma nouvelle vie commence. Une petite bicoque mal entretenue et qui me donne la chair de poule. Un frisson me glace et j’aperçois des yeux qui m’épient. Stan me bouscule et j’entre à contre cœur dans cette maison mal éclairée et mal odorante. Je réalise soudain que mon conte de fée a pris fin. A des milliers de kilomètres de chez moi, j’ai le sentiment que rien ne va se dérouler comme prévu.

Après avoir demandé des explications à Stan, c’est une gifle que me fait office de réponse et je m’écroule dans un coin de la pièce.  A partir de ce moment, la vie bascule vers l’horreur et de fiancé, je passe à la violence peu commune d’un homme prêt à tout pour se faire obéir.  Je prends mes quartiers dans une pièce sombre et après avoir hurlé comme une possédée, je reçois le premier d’une longue série de coups qui feront de moi quelqu’un de docile.

Dans la pièce voisine, une jeune dame assisse impassible reste immobile la plupart du temps. Elle aussi a connu le même scénario et est à bout de force.

La société où déambule Stan ressemble à celle d’où je viens, elle est faite d’hommes puissants et généreux. Toujours à la recherche de nouvelles expériences, Stan rabat pour eux le gibier et ils le consomment goulument.

De tristes soirées en rencontres malsaines, la vie a pris un tour des plus cruels. Et de fil en aiguille, c’est sur le trottoir que Stan m’installe pour que je gagne ma vie et que je puisse manger.

Désespérée, pitoyable, minable, j’arpente ce bout de trottoir toute la nuit les yeux rougis de tant de misère. Mes compagnes de boulot sont là aussi.  Certaines n’ont plus d’espoir depuis longtemps et gardent la force de se battre pour subsister.

Pour moi, la vie a pris un chemin où il n’a plus de retour possible. Ma famille a renoncé à moi comme j’ai renoncé à elle. Je m’efforce de ne plus y penser pour oublier mes origines. Je suis de nulle part maintenant. Je n’appartiens à personne sauf à ce bourreau qui me soulève le cœur.

 

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Le goût amer de la canne à sucre JGobert

Dans ce pays écrasé de chaleur où les hommes travaillent encore à main nue, la récolte sera belle. Recouverte de sueur et de sang, l’exploitation se prolonge ainsi depuis des siècles dans ces champs de misère et laisse les hommes vidés, asséchés de douleur et de pauvreté. Leurs mains ne sont que plaies. Leurs yeux ne sont que tristesse. Leurs cœurs ne sont que souffrances.

Ils savent que le destin cruel fera d’eux des fantômes déambulant chaque jour sur les routes parsemées d’embuches, sur ces chemins couverts de pierres, de cailloux, de larmes.

Le dos cassé, les bras maltraités, les jambes ensanglantées, l’âme, brisée de tant de souffrances, a perdu l’espérance d’une autre vie et se laisse mourir d’espoirs manqués.

Le soleil à l’aube frappe déjà, la chaleur colle à la peau et s’incruste comme le malheur. Il faut partir et rejoindre cette parcelle qui attend. Sur son tracteur du début du siècle, le contremaître attend que le travail débute et n’a pas de pitié pour les retardataires. Ceux-ci se passeront de manger aujourd’hui. L’heure doit être respectée. Tant pis pour ceux qui n’ont pas pu se réveiller, ils jeuneront.

Dans ces immenses champs, les hommes se déploient et abattent à la main cette richesse, ce plaisir que d’autres savourent abondamment.  Des voix s’élèvent pour dénoncer cet esclavage du XXIème siècle. Des voix venus d’ailleurs, et qui dans le cahot général, ne trouent que très peu l’attention de nos contemporains.

Notre propre et belle misère occupe notre temps et nous laisse peu de place pour compatir avec ces populations  lointaines. Un regard entendu vite oublié, une écoute discrète et la vie reprend son cours d’indifférence et de détachement.  Une misère de plus qui s’ajoute à toutes les autres.

L’argent est le maître du monde.

JGobert.

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Bâtard mal peigné JGobert

Je suis né chien errant. Je déambule chaque jour dans les rues de la ville, je dors à la belle étoile ou sous une porte cochère. Je trouve ma subsistance dans les poubelles bien fournies des restaurants ou des magasins. Nous sommes quelques uns à vivre de cette façon hors des normes et des règles. Je ne suis pas contrariant et j’aime mes pérégrinations journalières.

 Sur mon chemin, je visite ainsi plusieurs  décharges avant d’avoir la panse bien pleine et pouvoir m’allonger, les jours ensoleillés, à l’ombre d’un platane. A cette heure, la ville se repose et les cacophonies sont atténuées par une chaleur étouffante.

Je vis dans un endroit historique, à quelques pas du centre de la ville. L’arène se dresse, imposante,  cruelle, sanguinaire. Elle attend les réjouissances hebdomadaires des matadors et du combat contre le taureau aux yeux d’un noir minéral. Cette tradition, qui se déroule toujours selon des rites précis, est ancienne et laisse un grand nombre de gens enjoués à l’idée d’assister à ce spectacle pourtant d’un autre temps et qui attire néanmoins un public affligeant.

Pendant cette journée,  j’arrive à m’introduire facilement sous les gradins et je me cale pour observer les jeux du cirque. Je ne suis pas seul à regarder ce folklore qui parfois me soulève le cœur. J’entends les viva de la foule sous les éclaboussures.  Alors, je pars. Je quitte cette enceinte. Ce lieu sent la mort et il n’est pas bon de traîner ici. Je continue ma quête d’infortune.

Cela fait quelques jours que je croise une petite fille qui se promène, qui déambule  dans le parc. Je passe volontiers près elle. Je m’arrête pour la regarder près de la fontaine. Dans ce jardin verdoyant couvert de fleurs, la petite fille n’est pas seule.  Je sens en elle un sentiment étrange, une chose qui ne va pas, qui la rend triste. Au fil des jours,  j’apprends à lire dans ses yeux et dans son cœur. Parfois elle me sourit pour mieux me laisser percevoir cette inquiétude qui l’envahit. J’ignore ce que c’est.

A cet instant, dans un éclair, je vois un esprit, un génie qui attend, tapi dans un coin, que la nuit arrive. Sur la pointe des pieds, il se faufile, s’infiltre dans le sommeil de la fillette et, selon ces humeurs, le transforme en nuit réparatrice ou cauchemardesque.

Il prend possession de la petite tête blonde et l’associe aux songes de l’innocence et de l’inconscience. Il transforme les petites pensées de la fillette,  à peine endormie, ensommeillée.  A l’heure où tout est calme, où la plupart des hommes dorment, le pays des rêves est fait d’histoires douces, tendres, le monde des cauchemars s’enlaidit de songes funestes dans des méandres incontournables.

La petite fille vit une enfance compliquée et le repos est pour elle essentiel, mais c’est sans compter sur ce génie. Son rôle, parfois bienveillant ou cruel,  régente les nuits de la fillette. Elle sort blessée et estropiée  de ses nuits revivant des scènes inavouables.

Pauvre chien errant qui se prend pour un prince charmant et qui voudrait tant aider ce petit cœur dans la détresse. Il connait maintenant son angoisse et la vit avec elle.

Il n’y a que dans les contes écrits par les grandes personnes qu’un chien errant et une petite fille se rencontrent. Qui voudrait de ce bâtard mal peigné,  de ce prince désenchanté plein de bons sentiments ?

C’est sans compter sur le charme de l’écriture, de l’imagination qui donne un sens aux mots, aux sentiments et à la désespérance pour concéder une fin heureuse à cette histoire.

 JGobert.

 

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Jardin de fleurs JGobert

Dans cet éden, ce paradis, ce jardin de fleurs scintillent à nouveau le bonheur, l’espérance. Dés votre arrivée, votre regard se pose sur ces parterres, ces massifs de fleurs d’ancolies, d’anémones, d’angéliques.

Toutes sont là pour vous accueillir et vous souhaiter la bienvenue.

Après quelques pas dans cet azur scintillant, d’autres vous sourient, bluets, campanules, capucines. Ce rayonnement, cette propagation de fleurs s’étend à l’infini et vous embaume, vous exalte l’âme adoucie d’un rêve parsemé de clématites, de colchiques, de coquelicots.

Le jardinier s’active chaque jour pour que tout ce monde resplendisse et couvre votre cœur de délice. Dans un coin ombragé, giroflées, muguets, pensées  se reposent de tant de beauté et regardent les immortelles se dorer au soleil. D’autres encore se prélassent, se libèrent d’éclat couleur d’iris, de cytises, de digitales.  Un génie éclaire un carré de giroflées, de glaïeuls et lui envoie un léger souffle pour les balancer délicatement.

L’intencité, l’illumination de ce lieu perçoit les sentiments les plus minuscules, les plus petits et en fait un havre d’apaisement. C’est ainsi qu’est né ce calice de paix entouré des fleurs de la terre. Des espèces rares y sont et d’edelweiss est parsemé cet unique rocher. A ses pieds, pavots, pivoines s’élèvent vers le ciel.

De cette perception délicate de toutes ces senteurs monte vers le firmament l’émotion d’être dans la lumière. Les épines des roses ont disparu et leurs beautés resplendissent. Bien d’autres sont là aussi pour colorer cette peinture et n’ont pas renoncé à leurs couleurs d’instinct. Le tableau est gigantesque et les touches de jaune, de rouge, d’orange, de pourpre se mélangent au bleu, à l’azur, à l’indigo. Le vert domine cette toile pour unir ce monde enfin recomposé de toutes ces mains éclatantes. Une rivière coule au milieu de ce paradis, limpide, brillante de mille destins et anime de son cliquetis le balbutiement éphémère de l’air.

 Sur le bord de ce ruisseau, à la première lueur du jour, les violettes attendent le passage d’une accueillante caresse qui en fera un minuscule bouquet à la collerette dentelée.

Ici, le temps et les saisons n’ont pas de prise et toutes les fleurs comme les âmes vivent ensembles dans un même élan mélangeant fleurs de printemps, d’été et d’automne. Muscaris, œillets, renoncules s’agitent d’émotion, tulipes, primevères d’émoi, œillets, cytises d’un trouble si parfait qu’il en est douceur.

Cet endroit n’a pas de fin et se déroule devant vous comme le bleu des lavandes à l’infini. L’esprit rêveur vous transporte dans ce monde de beauté et de paix

JGobert.

 

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Utopie JGobert

J’ai toujours voulu habiter ici, dans cette région du Proche-Orient, sur la terre de mes ancêtres, sur cette terre de tradition où les mots Galilée, Samarie, Judée sonnent comme des mots du peuple de Dieu. Se regrouper sur ce sol pour former un monde meilleur où  juif, chrétien, musulman auraient à cet endroit le bonheur d’être ensemble malgré leurs différences et dans la foi d’un Dieu qu’ils aimeraient tous.

Faire de cette région une terre promise, une terre sainte, une terre sacrée, une terre de paix, une utopie du monde moderne.

 Mais l’homme l’a transformée à son image guerrière, sanguinaire et en a fait une terre couverte de larmes. Barbare n’évitant personne, belliqueux détruisant tout sur son passage, le nouveau messager de Dieu est devenu aveugle à la cruauté et à la souffrance. Son cœur est couvert de galle, de haine et justifie l’horreur par l’horreur. Seul l’extrémiste est gagnant.

 Assis dans les décombres de ce misérable quartier, j'ai le regard perdu. Dans cette poussière qui me brule les yeux, la peau, j'aperçois à peine le bout de la rue. Les maisons éventrées m'entourent, les vitres pulvérisées, les carcasses de voitures incendiées. L'odeur de la chair brûlée me pique au nez. J'entends des gémissements, des plaintes, des cris. Je réalise subitement ce qui se passe ici et je voudrais fuir, partir loin, très loin. Oublier ces quelques secondes atroces où tout a basculé. Ce bruit tueur qui m'a fait si mal aux oreilles et qui m'a atteint en plein cœur. Je suis tombé assis sur ce sol. Je suis sur une scène d'horreur, dans un théâtre de haine, une terre de souffrance, un monde d'incompréhension. Des ombres bougent, tels des fantômes, ils m'entourent et crient. La chaleur du soleil apaise un peu ma douleur. Je vis un cauchemar.

 Ce matin avait bien commencé, une petite brise et un très léger vent parcourrait la ville. Je suis allé, heureux, prendre mon petit déjeuner au café du coin. Un café fumant et des croissants qui me rappellent les déjeuners de mon enfance. Un journal pour me distraire. Bientôt, ce sont les vacances et ma famille vient me voir pour la première fois. J'habite ici depuis plusieurs mois, muté pour mon travail dans cette région que j’apprécie. J’ai accepté de m'installer ici pour y vivre. J'aime cet endroit.

Assommé, écrasé par cette explosion, j'ai mal et je n'ose regarder d'où vient cette douleur, cette brulure qui m'envahit. Mes membres endoloris ne répondent pas, j'ai terriblement mal. J'entends des hurlements au loin. Des ambulances, des pompiers arrivent dans un autre vacarme. Les sirènes résonnent dans mes oreilles déchirées, lacérées.

Depuis peu, une nouvelle vague d'attentats a refait son apparition et j'essaie de ne pas y penser. Je me concentre sur ce qui fait ma nouvelle vie et reste positif. Un soir, j'ai entendu des sirènes, des ambulances. Je n'ai pas voulu savoir d'où venaient ces bruits. Je suis resté sourd. Je n'ai pas réagi pour ne pas être concerné. Je fais comme la plupart des gens, je reste indifférent dans la peur et convaincu que je ne risque rien.

Je ne suis pas intéressé par leurs problèmes, les rancœurs, leurs bombes. Je suis un passant anonyme que le hasard et le sort ont choisi.

Je les entends enfin autour de moi. Je crie de toutes mes forces. Ils ne m'entendent pas. Je suis là. Je suis vivant. Pourquoi ces gens m'ignorent-ils ainsi ? Pourquoi ne viennent-ils pas m'aider ? Pourquoi ne me secourent-ils pas ? Je ne comprends pas cette indifférence. Pourquoi ce rejet à mon égard ?

Le bruit s'atténue, les sirènes se sont tues. Le silence se déroule sur moi. La nuit m’envahit. Il fait sombre. Je suis toujours au même endroit. La douleur m'a abandonné. Je suis calme et serein. Je n'ai plus soif que de paix.

 

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