J’ai toujours voulu habiter ici, dans cette région du Proche-Orient, sur la terre de mes ancêtres, sur cette terre de tradition où les mots Galilée, Samarie, Judée sonnent comme des mots du peuple de Dieu. Se regrouper sur ce sol pour former un monde meilleur où juif, chrétien, musulman auraient à cet endroit le bonheur d’être ensemble malgré leurs différences et dans la foi d’un Dieu qu’ils aimeraient tous.
Faire de cette région une terre promise, une terre sainte, une terre sacrée, une terre de paix, une utopie du monde moderne.
Mais l’homme l’a transformée à son image guerrière, sanguinaire et en a fait une terre couverte de larmes. Barbare n’évitant personne, belliqueux détruisant tout sur son passage, le nouveau messager de Dieu est devenu aveugle à la cruauté et à la souffrance. Son cœur est couvert de galle, de haine et justifie l’horreur par l’horreur. Seul l’extrémiste est gagnant.
Assis dans les décombres de ce misérable quartier, j'ai le regard perdu. Dans cette poussière qui me brule les yeux, la peau, j'aperçois à peine le bout de la rue. Les maisons éventrées m'entourent, les vitres pulvérisées, les carcasses de voitures incendiées. L'odeur de la chair brûlée me pique au nez. J'entends des gémissements, des plaintes, des cris. Je réalise subitement ce qui se passe ici et je voudrais fuir, partir loin, très loin. Oublier ces quelques secondes atroces où tout a basculé. Ce bruit tueur qui m'a fait si mal aux oreilles et qui m'a atteint en plein cœur. Je suis tombé assis sur ce sol. Je suis sur une scène d'horreur, dans un théâtre de haine, une terre de souffrance, un monde d'incompréhension. Des ombres bougent, tels des fantômes, ils m'entourent et crient. La chaleur du soleil apaise un peu ma douleur. Je vis un cauchemar.
Ce matin avait bien commencé, une petite brise et un très léger vent parcourrait la ville. Je suis allé, heureux, prendre mon petit déjeuner au café du coin. Un café fumant et des croissants qui me rappellent les déjeuners de mon enfance. Un journal pour me distraire. Bientôt, ce sont les vacances et ma famille vient me voir pour la première fois. J'habite ici depuis plusieurs mois, muté pour mon travail dans cette région que j’apprécie. J’ai accepté de m'installer ici pour y vivre. J'aime cet endroit.
Assommé, écrasé par cette explosion, j'ai mal et je n'ose regarder d'où vient cette douleur, cette brulure qui m'envahit. Mes membres endoloris ne répondent pas, j'ai terriblement mal. J'entends des hurlements au loin. Des ambulances, des pompiers arrivent dans un autre vacarme. Les sirènes résonnent dans mes oreilles déchirées, lacérées.
Depuis peu, une nouvelle vague d'attentats a refait son apparition et j'essaie de ne pas y penser. Je me concentre sur ce qui fait ma nouvelle vie et reste positif. Un soir, j'ai entendu des sirènes, des ambulances. Je n'ai pas voulu savoir d'où venaient ces bruits. Je suis resté sourd. Je n'ai pas réagi pour ne pas être concerné. Je fais comme la plupart des gens, je reste indifférent dans la peur et convaincu que je ne risque rien.
Je ne suis pas intéressé par leurs problèmes, les rancœurs, leurs bombes. Je suis un passant anonyme que le hasard et le sort ont choisi.
Je les entends enfin autour de moi. Je crie de toutes mes forces. Ils ne m'entendent pas. Je suis là. Je suis vivant. Pourquoi ces gens m'ignorent-ils ainsi ? Pourquoi ne viennent-ils pas m'aider ? Pourquoi ne me secourent-ils pas ? Je ne comprends pas cette indifférence. Pourquoi ce rejet à mon égard ?
Le bruit s'atténue, les sirènes se sont tues. Le silence se déroule sur moi. La nuit m’envahit. Il fait sombre. Je suis toujours au même endroit. La douleur m'a abandonné. Je suis calme et serein. Je n'ai plus soif que de paix.
Commentaires
Bonjour Gilbert,
Merci pour votre commentaire.
Excellente journée
Josette
Bonsoir Josette,
Merci pour la ville.
Encore une prouesse de l'imaginaire de votre part ! En effet l'utopie c'est bien gentil mais il faut être vigilant et avoir l'oeil du samouraï en toutes circonstances et partout.
Question d'habitude, on s'y fait à force.
Excellente soirée,
gilbert
Bonsoir Rolande,
merci pour ton commentaire. J'ai toujours en tête les souvenirs de ces explosions et le pourquoi du comment..
Excellente soirée
Amicalement
Josette
Bonjour Jacqueline.
merci pour le commentaire. Excellente soirée
Josette
Et voilà, tout est redevenu normal ..... hélas, pas pour le pauvre héros de cette histoire.....
Le plus absurde, c'est que cette folie guerrière a lieu dans le pays où Jésus nous a parlé d'amour, de paix et de pardon.
C'est toute la folie des hommes .... Mais nous espérons toujours que la Lumière triomphera ....même si c'est à la fin des temps.
A bientôt. Rolande.
Un résumé de l'absurdité et de la douleur humaine....
Impossible de répondre convenablement à cette nouvelle que je devine infiniment intéressante.
Les caractères ont repris une dimension anormale et tout cela me fatigue trop.
Les jeux de yo yo ne sont plus de mon âge. ....Amicalement. Rolande.