Statistiques google analytics du réseau arts et lettres: 8 403 746 pages vues depuis Le 10 octobre 2009

Les pas de la beauté JGobert.

Tout est plus aisé quand la beauté est au rendez-vous. Celle de l’âme et du cœur sont très importantes bien que souvent dissimulées. Dans le monde où j'évolue, c’est la beauté physique qui compte le plus. Tous les professionnels se basent sur ce critère pour sélectionner les élus. Ce n'est pas mon cas mais je m'en suis bien tirée.

Les jeunes gens que je rencontre sont élancés, minces, beaux. Leurs regards attirent, accrochent, se fixent dans la mémoire. Bien souvent soutenus par leurs parents, ils sont très jeunes et ils ont tous des appétits, des désirs de réussite et de gloire et sacrifient volontiers leurs adolescences à des séances studios photos.

Cette beauté facilite les entretiens et les rendez-vous. Mais le parcours est parfois long et ardu pour arriver au pied d'un podium. La gloire passe par des critères bien définis.  Les photographes font et défont les illusions pour rendre compte à leurs journaux ou à leurs magazines.

 Ils mitraillent ces jeunes sélectionnés à tout-va et la photo doit être une révélation.

Mario n’a pas vingt ans et est un de ces jeunes aux regards ambitieux qui croient à l'avenir dans ce métier. Son rêve est de devenir un mannequin célèbre. Pour cela, les abnégations, les renoncements  sont nombreux.  Même si ce métier le fait fantasmer, c’est une quête des plus difficiles. Je le vois arpenter, songeur, les salles d'attente, les studios pendant des heures. La vie s'étire ainsi, incertaine, des jours durant et les espoirs s'amenuisent par moment.

Mario a la chance d'habiter dans la ville des lumières et reste toujours disponible à tous les appels. D'autres moins chanceux vont et viennent et dépensent de grosses sommes d'argent.

Un élégant salon de couture a retenu Mario pour défiler. Un grand jour pour lui. Il a l’estomac noué. Il jeune souvent et boit à peine quelques gorgées d’eau. Cela fait partie du métier. Ne pas trop manger pour ne pas grossir.

Les filles filiformes, effilées sont nombreuses dans cette profession et généralement jouent avec la santé de leur organisme. Ne pas prendre de poids, ne pas grossir, reste une constante dans ce travail.  Malgré les légères réformes apportées à la législation, les filles sont toujours tentées de ne pas manger. Difficile de se démarquer sinon.

Je déambule dans ce monde pellucide avec mes kilos superflus et certains m’appelle bouboule. Il est vrai que je suis bien enrobée mais cela ne me pose pas de problèmes. Je suis toujours de bonne humeur et l’esprit rieur. Certains disent que j’ai la beauté de l’âme.

Mario a quelques rendez-vous dans son agenda et la vie s’accélère. Défilés, séances de photos, sorties, voyages sont épuisants et le ventre à peine rempli, il résiste pour que sa représentation soit parfaite. Le photographe en veut toujours plus et de bonne grâce, Mario consent à travailler encore et encore.

Depuis quelques mois, Mario fait partie de ceux qu’on a remarqués. Il est à la mode et dans la mode. Sa photo est dans toutes les revues. Il trône sur les murs de la ville, sur les gigantesques panneaux où il fait envie. La vie est devenue extrêmement vivante, pétillante. Il court de ville en ville, Rome, Paris, Londres, Berlin, New York. Il rencontre ceux que la gloire a hissés au sommet et les fréquente comme dans un songe. Oui, c’est bien le destin magique qu’il voulait.

Sa copine au teint diaphane, modèle et mannequin comme lui, a disparu depuis quelques temps. A bout de nerf, elle est partie se ressourcer dans un hôtel. Bouboule qui sait tout et qui a vu le manège sait que cette pauvre fille s’est effondrée de tant de privations. Elle est malade. Arrivée au stade de n’avaler pratiquement plus rien, son organisme a flanché et elle est au fond d’un lit dans un hôpital.

Mario, le beau brun, travaille à temps plein. Son regard de braise se pose et s’expose. Il n’est pas au courant de cet incident et de toute manière, il n’a pas de temps à consacrer à son amie pour le moment. Mario, l’esthète est comblé du tapage fait autour de lui. Hérissé parfois par les séances de photos, de plus en plus nombreuses, elles lui pèsent, le fatiguent, l’exaspèrent.

Au fond de son esprit naissent des soucis nouveaux et le poursuivent. Une obsession le suit dés l’aube. De jeunes loups sont arrivés sur les podiums et veulent prendre sa place. Des beautés sauvages aux regards indomptés, plus juvéniles et qui, certains, ont les dents longues.

Mario n’a plus de nouvelles de sa copine. Il s'en veut un peu de n’être pas plus préoccupé par cette fille. Il est fatigué lui aussi de tenir ce rythme, il fume depuis quelques temps et prend des cachets. Ces cigarettes lui remontent le moral mais pas suffisamment pour oublier cette fatigue, cette peur qui le suit. Bouboule, qui a déjà vu cela, connaît la suite de ce scénario qui le conduira vers l’abîme des chemins sans retour.

L’amie de Mario ne va pas bien, isolée de ce monde, elle git au fond d’un lit. De sa beauté enfantine, malicieuse, il reste des yeux tristes sortis de leurs orbites et un teint disgracieux. Ses parents sont effondrés et néanmoins tenus à l’écart. C’est le traitement conseillé.

Bouboule, malgré sa bonne humeur, est affligée de voir tout ce gâchis.  Toute cette belle jeunesse, ravagée de promesses mensongères, détruite par le Système peu farouche qui a emboité le pas de la beauté.

Envoyez-moi un e-mail lorsque des commentaires sont laissés –

Vous devez être membre de Arts et Lettres pour ajouter des commentaires !

Join Arts et Lettres

Commentaires

  • Merci de ton commentaire Nadine.

    Bonne journée

    Josette

  • VICTOR HUGO en parlant du poète disait qu'il était le seul à avoir le front éclairé, serions nous donc un peu poètes, la trompette aurait elle résonné en chacun de nous ? La teneur de ces échanges laissent supposer que  que beaucoup ont  senti et vu  que le monde est comme une  vaste forêt dans laquelle il est aisé de se perdre.........à chacun de recouvrer en lui  le chemin qui permet de  recouvrer en soi la source originelle !  quand je parle de maitre ou d'enseignants je parle de ces êtres qui ont senti en eux la grandeur qui les habite et qui sont capables en vous touchant d'une manière ou d'une autre de vous faire sentir l'immensité qui est la notre ...ces êtres là sont rares et d'autant plus précieux, ils vous marquent à jamais car ils ont versé en vous non  le savoir mais la connaissance.................la conscience psychologique a besoin que l'on définisse les choses, la conscience universelle s'est affranchie de cette barrière là, elle vole vers des horizons qu'un être comme JEAN DE LA CROIX était capable de rencontrer en lui .............et voilà la merveille de la vie,  il n'y a de limites seules celles que nous érigeons en nous !

  • Merci Rolande pour tes beaux commentaires. "Je" peux être tout à la fois et c'est agréable d'en changer si facilement.

    Amitiés Josette

  • Bravo Chère Josette !

    Très vite et après avoir goûté quelques éclats de gloire à divers âges d'une longue vie, avoir navigué aussi dans tous les degrés de l'ascenseur social", j'ai vite compris l'éphémère de tout ce qui nous entoure, appris à déceler la véritable beauté qui se creuse au secret profond des êtres. Souvent elle se décèle dans le regard, même si le physique est ravagé par la maladie, la vieillesse, l'approche de la mort, le handicap.

    C'est vrai ce que dit Nadine, mais les enseignants n'ont aucun moyen de persuasions s'ils ne sont épaulés par les parents et ceux qui gravitent autour de nos jeunes. Ce qui est loin d'être le cas: au contraire, la contestation est devenue une mode largement pratiquée. Les droits sont revendiqués mais chaque droit a un devoir comme corollaire. A quand une déclaration des devoirs de l'homme ?

    J'ai bien failli me laisser prendre, Chère Josette, car tu manies le "Je" est un autre avec une persuasion extraordinaire. C'est aussi souvent le cas en poésie .... à un point tel que le pauvre Jean de la Croix, a été astreint à écrire plusieurs livres pour expliquer la genèse de chacun de ses poèmes, les sources cachées de son inspiration ....!!

    La jalousie est souvent le creuset du mauvais accueil et la destruction de cette beauté cachée ou non.

    Jeune, lorsqu'un jeune séminariste ami de notre famille, m'a dit en nous quittant après une visite : "Au revoir, beauté éphémère", je n'ai retenu que ce mot "éphémère" ....avant de comprendre que la véritable beauté, elle, était éternelle.

    Alors oui .... la prudence est de mise. Devant la Beauté. Cachée ou non.

    Bonne fin de journée. A bientôt. Rolande.

  • Bonjour Gilbert. La beauté de l'âme se dissimule souvent sous des formes inattendues, parfois étonnantes. Le problème est que certaines personnes ne la voient pas cette beauté et plutôt que de l'accueillir, ils la détruisent sans ménagement. Il faut toujours être très prudent devant cette beauté cachée.

    Excellente journée pluvieuse.

    Amitiés

    Josette

  • Bonjour Josette,
    Très bien écrit comme d'habitude. Vous avez raison il n'y a de réelle beauté que lorsque la beauté de l'âme transfigure le corps.
    Vous voyez, Rolande avait raison, La vallée du bonheur a reçu beaucoup de commentaires !
    Passez une bonne journée malgré la pluie
    Cordialement
    gilbert

  • Merci Marie-Jo. Toujours se méfier de ce qui brille.

    Bonne journée

    Josette

  • en résumé méfions nous du miroir aux alouettes !

  • Bonjour Jacqueline G.

    Ce métier est quelque part difficile et les retombées extraordinaires quand une place se libére. Beaucoup de jeunes croient y arriver sans bagages mais c'est pareil pour tout. Sans armes, ils sont démunis et passent à côté de ce qu'ils aiment.

    Bonne journée

    Amicalement

    Josette

  • Rêver d'un impossible rêve! Il y en a qui se réalise mais le paraître à tout prix !Qui leur en montrera le vide dans un monde où les apparences ont pris le pas sur la réflexion! La vraie beauté il faut la débusquer, elle est faite aussi d'élégance morale, du respect des autres et de soi-même, elle se bâtit jour après jour loin des paillettes... 

This reply was deleted.

Sujets de blog par étiquettes

  • de (143)

Archives mensuelles