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Une fête de famille. JGobert

Les décennies de Jeanne se fêtent toujours en famille. Cinquante, soixante, septante sont des dates marquantes.  Un moment solennel dans la vie de cette famille et l’illustration d’une reconnaissance tacite de tous les membres du clan. Un grand jour où l’argenterie sort des tiroirs et les services en porcelaine sont dépoussiérés.  Les verres en cristal sur la nappe rose et blanche agrémentée de petits montages fleuris garnissent l’ensemble. Les petits papiers nominatifs arrivent avec la mission de positionner la famille autour de cette grande table. Un travail ardu pour la maitresse de maison.

Cet espace festif est divisé en deux, d’un côté, les jeunes avec les plus jeunes encore et de l’autre, les anciens, ceux qui font parties d’un passé commun et qui ont connu la famille disparue. Entre eux, une entente qui se révèle toujours amicale même si les petits tracas de la vie sont inévitables.

Les jeunes, bruyants, criards, s’amusent de bons mots et se taquinent. Le jeune cousin avec sa nouvelle fiancée est la tête de turc des autres. Ils se connaissent bien, et se voient à espace régulier pour un baptême, un enterrement, un anniversaire. Tous s’apprécient sous l’œil matriarcal de Jeanne.

Arrive le moment tant attendu de tous. Les cadeaux d’anniversaire de Jeanne. D’énormes bouquets de fleurs, un déversement de boites de toutes les tailles, un réassortiment complet de la cuisine avec tous les nouveaux ustensiles à la mode. Jeanne pourra travailler chaque jour pour nourrir sa tribu. Tous y ont pensé et acheté le cadeau le plus utile. A septante ans, des cadeaux solides et fiables qui pourront subir l’usure du temps.

A toute cette famille parfaite s’est joint le beau-frère et sa femme qui, bon gré mal gré, ont accepté l’invitation pour ne pas déplaire. Cette convocation, refilée rapidement à la dernière minute, laissant penser qu’un refus aurait été accepté facilement. Mais ce beau-frère assume et s’installe avec sa femme entre les deux parties de la table faisant limite. En face, des nouveaux voisins rendant service, sachant tout faire, importants pour cette tribu. Ils font maintenant partie de la fratrie. Ils ont amené un jeune chiot qu’ils triturent sur leurs genoux.

Dans cette famille parfaite se trouve la belle-sœur qui, par sa naissance, n’a pas la même nationalité qu’eux. On pourrait croire qu’à notre époque, plus personne ne fait attention à ce genre de critère. Mais, cela existe encore et on lui fait bien sentir.

Cette dame, coincée entre deux personnes qui lui tournent le dos, n’a pas accès à la conversation et reste de marbre.  Depuis toujours, ce beau-frère, très bien considéré, tire son épouse et ses enfants comme des parias dans cette famille.

 A espace régulier, il vit les désagréments d’avoir épousé une autre.  Cet homme refuse tacitement cet état d’esprit et inconsciemment lutte contre ce fait depuis son mariage. Toujours dans l’harcèlement de cette différence par sa famille, il reste marqué du seau de l’indignation.  Son épouse, indifférente et toujours blessée ressent cette discrimination contre ses enfants et elle-même. Digne devant leurs regards froids, elle refuse de chuter dans leur jeu qui,  pour son mari, serait une tragédie.

A notre époque où l’Europe a fait tomber les frontières intérieures, il est encore des gens vaniteux, prétentieux, imbus d’eux-mêmes pour se croire supérieurs aux autres et oser le faire sentir.  La belle-sœur, d‘un pays voisin européen, ne les juge que pour ce qu’ils sont. Son indifférence, son détachement montre qu’elle a compris depuis longtemps le niveau misérable de cette famille. Se battre contre la stupidité et l’antipathie n’apporte rien de positif  et ne risquerai que de la briser dans un combat inutile et sans intérêt. Elle en reste néanmoins amer.

La bêtise humaine n’a jamais eu de frontière.

 

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Commentaires

  • Bonsoir Yvette.  En somme, une fête de famille comme beaucoup en vivent. Et cependant, c'est au sein d'une famille que cela se passe. L'endroit qui devrait être le plus doux au monde même pour ceux qui sont différents. Difficile et cruelle cette vie.

    merci pour ton commentaire.

    Amitiés

    Josette 

  • Une fête de famille banale en somme... Comme la plupart de nous en ont connu ou en connaissent encore. Des cadeaux pratiques qui pourront encore servir 'après', à 'l'étrangère' qui n'intégrera jamais le cercle de famille, l'hypocrisie, la vanité, tous les sentiments sont réunis pour une fête 'parfaite'

    J'adore ta plume, Josette... On vit réellement cette réunion, je peux même y mettre des visages.

    Amicalement,

  • Bonjour Gilbert,

    Des paroles de sage qui amènent la paix. Tout vient de soi. D'abord s'apprivoiser, s'aimer et ensuite tout sera plus facile. Certains font de la résistance et ne s'accordent rien. La souffrance est présente malgré les réflexions et reste bien encrée. Un lourd fardeau à laisser sur le bord de la route.

    Amitiés

    Josette

  • Cohabiter avec soi n'est déjà pas facile, alors avec les autres ça l'est encore moins ! Il faut donc résoudre la première équation, après le reste suit. Tout en restant prudent. Prudence est mère de sûreté ne dit-on pas ?

  • Merci Freddy pour ton passage.

    Amicalement Josette

  • Bonjour Rolande,

    Le rejet est un grand sujet et des pages et des pages ne suffiraient pas pour en décrire un certain nombre. Quoi qu’il en soit, ce mal fait gratuitement par ces personnes a droit à des commentaires plus fins, plus aiguisés, même si nous perdons notre temps avec cette incompréhension.

    Amitiés

    Josette

  • Bonjour Nicole,

    Cet écartement est difficile à comprendre pour ceux qui le vivent et plus encore dans le contexte d’un repas de famille. C’est l’ensemble contre un. La base d’un combat comme dans l’arène. C’est la bestialité de l’homme.

    Merci Nicole pour ton commentaire

    . Amitiés

    Josette

  • Bonjour Liliane,

    La différence fait toujours beaucoup de dégats, qu’elle soit physique, artistique, intellectuelle, culturelle, morale,  Tout ce qui ne rentre pas dans le moule est considéré comme dérangeant. Ces écartements qui font si mal et qui n’ont pas de légitimé sont une défense incompréhensible de l’autre. C’est la société qui engendre ces comportements.

    Merci de votre commentaire

    Josette.

  • Bonjour Josette,

    Tout à fait d'accord avec les réactions de nos amies !

    Des situations de rejet, pas nécessairement dues à des différences de culture, de nationalité, d'origine etc. nous pourrions en citer des centaines. Hélas !

    Depuis longtemps, nous avons adopté des solutions qui nous arrangent pour éviter les heurts et les réunions de famille ont lieu une seule fois par an. De préférence dans un endroit "neutre". Ou chez l'un ou l'autre descendant, sans nécessairement réunir tout le monde. De petits groupes amicaux qui s'entendent bien de préférence.

    En fait, les solutions adoptées par Liliane.

    Honni soit qui mal y pense ....Et tant pis pour les mal et ou bien pensants.

    Bonne soirée amicale. Rolande.

  • Bonjour Josette,

    Il n'est point besoin d'être de nationalité , d'origine, ... différente , pour connaître ... et redouter,  ce genre de situation... ce type "d'écartement "  a toujours existé  ... et se révèle souvent à la faveur... ou la défaveur ? des repas de famille et autres réunions ...

    Rares sont les personnes qui pratiquent la simplicité, la sagesse de l'écoute attentive , le respect , la tolérance ...partager un moment avec l'une d'elles n'en est que plus précieux  et nourrit le cœur !!  

    Belle  journée à toi ! Amitié, Nicole  

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