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Guitemie Maldonado, professeur d'histoire de l'art des XXe et XXIe s. aux Beaux-Arts de Paris, donne une conférence intitulée "La pédagogie aux Beaux-arts : questions, enjeux et débats" dans le cadre du séminaire "Histoire de la pédagogie de la création artistique : état de l'art et perspectives".

Vidéo Ecole des chartes durée: 2 heures 08

             

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Paul Ricoeur est un philosophe et universitaire français, Paul Ricoeur fut prisonnier de guerre de 1940 à 1945, puis attaché de recherches au C.N.R.S. jusqu'en 1948, année où il succéda à J. Hyppolite à l'université de Strasbourg. En 1956, il occupa une chaire de philosophie générale à la Sorbonne, qu'il quitta en 1966 pour       participer à la création de la nouvelle faculté des lettres et sciences humaines de Nanterre. Il est professeur invité aux universités de Louvain, de Genève, de Montréal et de Chicago.

Ricoeur apparaît comme un chercheur inlassable et passionné, d'inspiration pluraliste et personnaliste, soucieux de dialogue sans exclusive, ennemi es compromis éclectiques, confiant néanmoins en la convergence des méthodes : "Il existe, écrit-il, une communauté de recherche où tous les philosophes sont en débat avec tous par le truchement d'une conscience témoin, celle qui cherche à neuf hic et nunc . " Enseignant engagé, solidaire du combat du mouvement lié à la revue Esprit , défenseur des enjeux spirituels du protestantisme devant les " maîtres du soupçon ", il a consacré de nombreux travaux à des mises au point d'ordre pédagogique, civique, social, politique, éthique, théologique, parues notamment dans le recueil Histoire et Vérité (1955) ; dans les articles d'Esprit  (mai 1957 : " Le Paradoxe politique " ; mai 1964 : " Faire l'Université " ; juin 1968 : " Réforme et révolution dans l'Université ") ; dans Le Monde  (18 mars 1970 : " Lettre au ministre de l'Éducation nationale "). Représentant, de l'école de phénoménologie française, aux côtés de Maurice Merleau-Ponty, de Mikel Dufrenne et d'Emmanuel Lévinas, il en complète les recherches par l'investigation de la volonté et de la liberté, d'une part, par celle du langage (parole, signes, symboles et mythes), de l'autre. Sa démarche est celle d'une philosophie réflexive (mais non d'une " philosophie de la conscience ") attentive à s'instruire longuement tant à partir de l'histoire même de la philosophie que des disciplines non philosophiques telles que l'histoire des religions, l'exégèse, la psychanalyse, la linguistique. " Le cogito , estime-t-il, ne peut être ressaisi que par le détour d'un déchiffrage appliqué aux documents de sa vie.

" La pensée de Ricoeur prend son essor aux confins de l'existentialisme (par des études publiées en 1947 et 1948 sur Marcel et sur Jaspers), avec lequel il est en communauté de motivation, et de la phénoménologie (notamment avec son admirable traduction commentée des Ideen  de Husserl, publiée en 1950 sous le titre Idées directrices pour une phénoménologie ), à laquelle il emprunte sa méthode descriptive. Mais son " existentialisme " est en quête d'une ontologie : " La recherche de la vérité est tendue entre deux pôles, d'une part une situation personnelle, d'autre part une visée sur l'être [...]. Que l'être se pense en moi, tel est mon voeu de vérité. " Et, s'il reprend à la phénoménologie son style et ses instruments d'analyse, c'est en les distinguant soigneusement de l'idéalisme de Husserl.

Publiée en 1950, sa thèse (qui constitue le premier tome d'une Philosophie de la volonté ) s'assigne pour tâche la description éidétique du " volontaire et de l'involontaire ", selon le sous-titre même de l'ouvrage, et s'efforce d'"accéder à une expérience intégrale du cogito , jusqu'aux confins de l'affectivité la plus confuse " ; il lui faut " retrouver le corps et l'involontaire qu'il nourrit ". Le second tome, qui se propose une étude empirique de la volonté captive de la faute, de la volonté " serve ", s'intitule Finitude et culpabilité  et comprend deux volumes : L'Homme faillible  (1960) et La Symbolique du mal  (1963). La faiblesse de l'homme, sa  faillibilité, y est reconnue dans une structure de disproportion et de médiation entre un pôle de finitude et un pôle d'infinitude (cf. Platon, Descartes et Kant) : " L'homme est la joie du oui dans la tristesse du fini. " En ce qui concerne le passage de l'innocence à la faute, il échappe à la déduction et nécessite le recours au langage symbolique et mythique de l'" aveu " que la conscience religieuse fait de la culpabilité humaine ; il faut entreprendre une exégèse du symbole, qui a besoin de règles de déchiffrement, d'une herméneutique, et ressaisir le sens dans le discours philosophique, "trouver un équivalent spéculatif des thèmes mythiques " : souillure, chute, exil, chaos, aveuglement divin, etc. C'est au titre de discipline exégétique que la psychanalyse est prise en compte et située dans ses limites par l'ouvrage intitulé De l'interprétation. Essai sur Freud  (1965). À travers elle s'opère " une véritable destitution de la problématique du sujet comme conscience [...] L'interprétation qu'elle nous propose des rêves, des phantasmes, des mythes et des symboles est toujours à quelque degré une contestation de la prétention de la conscience à s'ériger en origine du sens. " Si la psychanalyse incite à une " régression vers l'archaïque ", la phénoménologie de l'esprit " nous propose un mouvement selon lequel chaque figure trouve son sens non dans celle qui précède mais dans celle qui suit " ; ainsi une " téléologie du sujet " s'oppose à une " archéologie du sujet ". Certes, nous sommes aujourd'hui en présence d'interprétations rivales de la culture et de la destinée humaines anthropologique, freudienne, marxiste. L'ouvrage intitulé Le Conflit des interprétations  (1969) fait face à cette mise en péril de l'unité du discours humain : " Nous sommes à la recherche d'une grande philosophie du langage qui rendrait compte des multiples fonctions du signifier humain et de leurs relations mutuelles. " Un prolongement à cette étude vient en 1986 et a pour titre Du texte à l'action  ; l'ensemble des deux livres constitue les Essais d'herméneutique . Nous devons aussi à Paul Ricoeur La Métaphore vive  (1975) et les trois volumes de Temps et récit , produits entre 1983 et 1985, dans lesquels il montre que le temps humain est un temps raconté. Dans À l'école de la philosophie  (1986), il livre quelques textes de ses débuts, consacrés le plus souvent à Husserl et, dans Soi-même comme un autre  (1990), il va du je, saisi de l'intérieur, au soi, pronom réfléchi.

 

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Survie virtuelle

Songerie

Quand engloutie dans le silence,
Je serai privée d'existence,
Sur des sites, mes poésies
Conserveront mon énergie.

Je le sais car je peux entendre
Des vers harmonieux et tendres
D'un ami qui a cessé d'être;
Certains ne le savent peut-être.

Faudrait trouver sans importance
De se dissoudre dans l'absence.
Empêcher cette absurdité
Engendre un défi à tenter.

Je ne pense pas que ce soit
La vanité, l'amour de soi,
Qui poussent à l'existentialisme
Mais le rejet du fatalisme.

6 juin 2017

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Vous le trouverez ici, directement sur le blog de mon site principal qui fonctionne en synergie avec celui-ci (si vous ne voulez rien rater des prochaines publications de ce nouveau blog abonnez-vous-y).

Mais ne ratez surtout pas cet article : il vaut bien un petit "clic' de souris et même davantage, car vous y trouverez quelques-unes des aquarelles de "démo" réalisées ici et là pour permettre aux participants de comprendre comment aborder les techniques d'aquarelle simplifiée que j'ai pu mettre au point pour mes carnets de voyage, et comment les appliquer rapidement et avec un succès quasi certain presque à tous les coups !

Je reviendrai bientôt (dans un prochain article de mon site principal) avec une vidéo, sur plusieurs variantes de sujets réalisés selon ces procédés d'aquarelle simplifiée, en reprenant quelques séquences tournées lors de ce même stage d'aquarelle en Provence, puis nous continuerons l'aventure du Grand Barrenc dont la vidéo également en cours de montage résume à elle seule combien mes expériences de travail en état de flow et de créativité augmentée s'avèrent payantes pour la réalisations de jolies aquarelles de voyage simples mais vivantes et colorées.

Alors, à tout de suite, sur le blog de mon site principal, et si vous voulez vous aussi apprendre les techniques de l'aquarelle simplifiée, inscrivez-vous sans tarder aux prochains stages d'été en Jura Oriental !

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administrateur théâtres

La mer est innocente

Elle ressasse, se met en colère, se fait tendresse et se fait berceau de rêves, tout comme les rivières. …mais  la mer ne se tait jamais.  Taire la parole, c'est ne pas la mettre au monde, c'est de l'amour mort-né.  Cette proposition d’écriture plurielle bien rythmée rompt le silence délétère, donne la parole à deux femmes qui ont souffert   et sera présentée au Festival d’Avignon cet été au Verbe Fou.

La source d’inspiration du trio est  un  texte :  Lampedusa Beach de Lina Prosa  qui a obtenu le “Premier Prix National pour le Théâtre Public Annalisa Scafi” à Rome en 2005.  Celui-ci fait partie de la Trilogie du Naufrage débutée  par Lina Prosa en 2003. Lampedusa Beach raconte le naufrage de Shauba, immigrée africaine clandestine, à proximité de l’île de Lampedusa. Le texte met en scène le temps de descente  du corps de la femme dans les abysses de la mer.  Pauline Rémond, maitre d’œuvre de l’écriture collective rebondit sur cette Odyssée moderne des clandestins et leur rêve d’une vie européenne et le relie à la parole d’une autre femme d’un tout autre lieu, noyée elle  dans une  rivière de viols successifs.

Deux violences s’articulent et s'explicitent  dans la parole de ces deux femmes, l’une sourde, presque invisible, comme la fêlure d’un vase que l’on n’ose toucher, l’autre abrupte dans des punchlines glaçantes et dans une chorégraphie fascinante de beauté, baignée d'innocence. Si la danse de la deuxième semble la porter inexorablement vers le fond, est-ce pour retrouver l’enfant ?

Une image très belle dans le texte  est celle de la perle de l’huître, une reine de la nature qui sait  pratiquer l’exorcisme. La mise en scène et en lumière de Maxim Prévôt nous donne à voir une lueur diffuse dans les mains d’une des deux femmes,  dans ce qui semble être  à s'y méprendre,  une boule de cristal.  Mais non, c’est un vase  rempli d’eau  transparente, un  élixir aigue-marine qui symbolise la beauté  immaculée de la Grande Bleue. Si celle-ci nous semble impitoyablement vorace, au vu des victimes des  barques de l’espoir qu’elle ensevelit,  il faut chercher autre part, la cause des malheurs. Est-ce l’homme qui pervertit la beauté du monde? Est-ce la rencontre et le partage d’un cornet de glace qui  soudain, dégèlerait les cœurs?

Le monologue muet de la danse de l’une entraîne la naissance de la parole de l’autre, et se transforme en dialogue. La parole et la danse coulent comme des larmes. Les yeux des deux comédiennes projettent leurs  indicibles  émotions. Le public est traversé par  le va-et-vient redoutable de  ces deux portraits de femmes  aux douleurs et aux modes d'expression complémentaires et se retrouve  presque en apnée. La gestuelle de Clara Parr Gribbell aura laissé dans l’âme, une  larme indélébile.  Devant le pire, c’est le silence qui est dévastateur. Et ni la femme, ni la mère ne se taisent. La parole est le viatique de la vie et comme la mer, elle est toujours recommencée…  

 

La mer est innocente
d'après " Lampedusa Beach " de Lina Prosa 
avec : Clara Parr Gribbell et Pauline Rémond
Mise en scène : Maxim Prévôt
Production : Compagnie les Rivages 

En avant-première, au théâtre de la Clarencière, à Bruxelles, le 1er juin 2017

 

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Accupuncture de l'âme

Il faut reboiser nos cœursdéfricher nos jardins de pierreslibérer nos élanscoincés dans la nasseL'attention à l'éphémèreles bonheurs minusculesles petits plaisirs de rien du toutdonnés et reçussont l'acupuncture de l'âme(Martine Rouhart)
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L'âme tranquille


La paresse n'est plus blâmable,
Privilège de l'âge d'or.
Elle peut sembler profitable,
Permet de vivre sans efforts.

Je fais face à l'immensité
Dans le silence qui perdure.
Mon esprit erre en liberté,
Du temps ignorant la mesure.

La force de mon énergie
Règle ma façon d'exister.
En ce jour, je n'ai nulle envie
Sinon d'accueillir la beauté.

Le ciel, très souvent, m'émerveille,
Me cause une joie exaltante.
Le contemplant, je m'ensoleille

Dans la lumière éblouissante.

 

En l'instant, ce n'est pas le cas
Sa couleur demeure la même
Un blanc qui n'a aucun éclat.
Va-t-il s'éclairer tout de même?

Je continue à regarder
Le décor de ma rue déserte
Elle fut sans doute inondée,
L'eau fait se courber l'herbe verte.

Tout stagne dans un morne état.
Me sens soudainement joyeuse
Or, je ne m'en étonne pas
Ni de moi ne deviens moqueuse.

5 juin 2017

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12273227466?profile=originalOn pourrait affirmer que le plus grand réformateur français fut un Réformateur malgré lui. De naturel timide, de santé fragile, porté avant tout à l'étude et vers la tranquillité, il a été conduit par des événements où il voyait la main de Dieu à entreprendre une tâche de conducteur d'hommes et de défenseur d'idées. De là une certaine dureté, une intransigeance qui ont créé autour de lui la légende d'un homme au coeur sec, d'un dictateur impitoyable, ambitieux et obstiné. Ses portraits, qui le représentent amaigri, avec la barbe en pointe, vieilli avant l'âge, renforcent cette légende d'austérité et de rudesse. En fait, c'est un homme affectueux et ouvert, soucieux de faire triompher la cause de Dieu, la gloire de Dieu.

Calvin est un Français, un Latin. De sa race, il a la clarté, la logique, l'amour des grandes lignes. Son rôle sera de mettre en ordre les inspirations enthousiastes de ses prédécesseurs, un Luther, un Bucer, un Farel, d'en constituer un corps de doctrines, de jeter les bases d'une organisation ecclésiastique, le régime presbytérien, qui est à l'heure actuelle celui de millions d'hommes dans le monde. C'est un esprit plus organisateur que créateur.

Des lettres à la théologie

Jean Cauvin, dit Calvin, naît le 10 juillet 1509 à Noyon (Picardie). Il grandit dans cette ville cléricale, dominée par une lourde cathédrale. Son père est procureur ecclésiastique et s'occupe, non sans avoir à connaître des querelles, des affaires du clergé. L'enfant est pourvu dès l'âge de douze ans de bénéfices ecclésiastiques qui lui donneront le moyen de faire de très complètes études. Il signera parfois d'un pseudonyme, Charles d'Espeville, nom d'une cure de village dont il est bénéficiaire. Au collège des Capettes, il est l'ami des jeunes nobles de la région, en particulier des Montmor de Hangest, famille épiscopale. Ceux-ci vont continuer leurs études à Paris, sous la direction d'un précepteur, et Calvin les accompagne. Ils s'inscrivent d'abord au collège de La Marche où enseignait un des maîtres les plus célèbres de la pédagogie, Mathurin Cordier, auquel Calvin a toujours témoigné la plus grande reconnaissance et qu'il devait appeler plus tard pour la fondation du collège de Genève. Mais la fantaisie de leur précepteur fit passer les jeunes étudiants au collège Montaigu. Les humanistes ne ménageaient pas leurs sarcasmes à ce rempart de la scolastique médiévale : « Collège de pouillerie », disait Rabelais, auquel faisait écho Érasme. Calvin y travailla jour et nuit, délabrant sa santé pour la vie. Il y acquit une forte connaissance de l'Antiquité latine et patristique. Ses oeuvres sont remplies de citations, en particulier de saint Augustin et du Maître des sentences, Pierre Lombard.

Peut-être a-t-il rencontré sur les bancs de Montaigu un jeune cavalier espagnol qui vint s'y asseoir à la même époque, Ignace de Loyola. L'un et l'autre, ayant la même vision de la gloire de Dieu comme le montrent leurs devises : « Pour la plus grande gloire de Dieu » et « A Dieu seul la gloire », ont été à la tête de mouvements aussi opposés que ceux des Jésuites et des Réformés.

Après qu'il eut passé quatre ans à Montaigu, Jean fut dirigé par Gérard Cauvin, son père, vers le droit ; il se rendit donc à Orléans et à Bourges où venaient de se créer des universités brillantes. Dans ces deux villes, il rencontra un homme qui eut sur lui une grande influence, Melchior Wolmar, originaire du Wurtemberg. Cet helléniste distingué enseigna les rudiments du grec à celui qu'on devait appeler plus tard le prince des exégètes. Il lui ouvrit aussi sans doute l'esprit aux doctrines luthériennes, qui déjà circulaient en France sous le manteau. Le jeune étudiant de vingt ans écoute, juge, prend peut-être position pour la Réforme, si l'on en croit les traditions qui citent Bourges et le village voisin d'Asnières comme les lieux de ses premières prédications.

La conversion . En 1531, la mort de son père libéra le jeune homme de ces études de droit qu'il avait entreprises par obéissance. Jean se tourna vers les lettres. L'humanisme d'Érasme le sollicitait alors plus que le réformisme de Luther. Son premier et unique essai dans cette voie est un commentaire du De clementia  de Sénèque. Le peu de succès rencontré dans ce travail d'étudiant l'orienta sans doute vers une autre voie, celle de la théologie. Il semble qu'on pourrait dater sa « conversion » de l'année 1533. Il l'a décrite, d'abord dans la Préface à son Commentaire des Psaumes  : « Par une conversion subite, Dieu dompta et rangea à docilité mon coeur », ensuite dans l'Épître au cardinal Sadolet.  C'est non seulement une rupture avec l'Église de sa jeunesse, qu'il appelle dans ces deux textes importants « un bourbier d'erreurs », mais surtout une repentance profonde et un pardon, une vraie conversion morale au Sauveur Jésus-Christ, amenant une certitude de délivrance et de salut.

Les événements allaient donner à cette conversion religieuse l'occasion de se manifester. En cette année 1533, la soeur du roi, Marguerite de Navarre, vit la Sorbonne condamner son ouvrage, Le Miroir de l'âme pécheresse,  où elle proclamait sa foi au Christ rédempteur. Elle se plaignit de cette censure à François Ier, qui obligea la Sorbonne à désavouer cette condamnation. Bien plus, le recteur de l'Université, Nicolas Cop, voulut prendre une position encore plus nette et prononça, le jour de la Toussaint 1533, devant les facultés réunies, un discours sur les Béatitudes, vraie proclamation en faveur de l'évangélisme. Le discours avait été rédigé par Calvin, adaptant des textes d'Érasme et de Luther. Mais le Parlement ordonna l'arrestation de Nicolas Cop et de Calvin. Celui-ci s'évada du collège Fortet où il avait sa chambre et se réfugia à Angoulême chez son ami Louis du Tillet. La persécution consommait la rupture. Le discours de Cop est pour Calvin l'analogue de l'affichage des quatre-vingt-quinze thèses par Luther à Wittenberg.

A Angoulême, Calvin profita de sa retraite forcée, dans une bibliothèque riche de plus de quatre mille volumes et manuscrits, pour se livrer à l'étude et sans doute pour écrire les premiers chapitres de son Institution chrétienne , qu'il lisait à mesure à un cercle d'amis éclairés. Cette époque est aussi pour lui celle de nombreux voyages, à Nérac, à la cour de Marguerite de Navarre, et plus tard à Ferrare, à la cour de la cousine de Marguerite, Renée de Ferrare, à Paris et enfin à Bâle, lieu privilégié pour l'étude. C'est là qu'il publiera chez Thomas Platter et Balthazar Lasius sa première édition de l'Institution chrétienne .

L'« Institution de la religion chrétienne »

Dans la nuit du 17 octobre 1534, de petites affiches, des « placards » furent apposés en plusieurs endroits, à Paris et jusque sur la porte de la chambre de François Ier au château d'Amboise. C'était une attaque violente contre la messe, rédigée par le pasteur Antoine Marcourt, de Neuchâtel. Le roi s'emporta contre ce qu'il considérait comme un crime de lèse-majesté. Ne se contentant plus de se grouper en petits cercles d'humanistes, les évangéliques passaient à l'action, se livraient à la propagande. Le roi ordonna des persécutions. Des bûchers s'allumèrent, des martyrs y souffrirent la mort, et parmi eux Étienne de La Forge, riche marchand ami de Calvin.

Ces « brûlements » ne furent guère appréciés par des princes allemands, favorables à la Réforme, dont François Ier recherchait l'alliance contre Charles Quint. Pour les calmer, l'ambassadeur Guillaume du Bellay déclara que ces condamnés n'étaient que des révolutionnaires, des anabaptistes, dont il fallait réprimer les excès. Calvin voulut prendre leur défense et exposer leur foi « de peur, dit-il, que me taisant je ne fusse trouvé lâche et déloyal ». Ce fut alors qu'il publia son Institution chrétienne . « C'était seulement un petit livret contenant sommairement les principales matières et non à autre intention qu'on fût averti quelle foi tenaient ceux que je voyais ces méchants et déloyaux flatteurs diffamer vilainement et malheureusement. » (Préface au Commentaire des Psaumes .)

Rédigé en latin, l'ouvrage parut en 1536 à Bâle, petit volume, de format presque carré, facile à passer sous le manteau. Calvin l'a sans cesse retravaillé et augmenté au cours des éditions successives : en 1536, il a six chapitres ; en 1539 paraît à Strasbourg une deuxième édition latine en dix-sept chapitres ; en 1559, il contient quatre-vingts chapitres, divisés en quatre livres.

Une théologie en français . En 1541, Calvin traduit lui-même en français son texte latin de 1539. C'était la première fois que des thèmes théologiques étaient exposés en langue profane : le message évangélique, estime Calvin, n'est pas seulement pour les clercs, il est pour « servir à nos Français ». L'Institution  est un des premiers monuments de la langue française, comme l'a reconnu Gustave Lanson dans un article important de la Revue historique  (1894). Souvent rééditée, traduite en plusieurs langues, elle est le livre de base de la pensée réformée, sur lequel les siècles ont passé sans en atténuer la vigueur. L'« Épître au Roi de France Très Chrétien, François premier de ce nom », qui en est la préface, est considérée à bon droit comme un chef-d'oeuvre. Malheureusement, le roi ne l'a sans doute jamais lue.

De l'étudiant timide au chef d'Église

Peu après la publication de 1536, Calvin, qui avait définitivement réglé ses affaires dans son pays natal, formait le projet de se rendre à Strasbourg pour y continuer paisiblement ses études. La route directe de Paris en Alsace, par la Champagne, étant fermée par les guerres, il fut obligé de faire un détour par la Suisse. Arrivé à Genève, il pensait n'y passer qu'une nuit. Mais, sa présence ayant été signalée, il reçut à l'auberge la visite de Guillaume Farel qui, quelques mois auparavant, avait établi la Réforme dans la ville. Ici se place l'entretien célèbre au cours duquel Farel réussit à retenir Calvin à Genève pour affermir à ses côtés l'oeuvre naissante : « Après avoir entendu que j'avais, raconte Calvin, quelques études auxquelles je voulais me réserver libre, quand il vit qu'il ne gagnait rien par prières, il vint jusqu'à une imprécation qu'il plût à Dieu de maudire mon repos et ma tranquillité d'études que je cherchais, si en une si grande nécessité je me retirais et refusais de donner secours et aide. Lequel mot m'épouvanta et ébranla tellement que je me désistai du voyage que j'avais entrepris. » (Préface du Commentaire des Psaumes .) Ainsi, par une « adjuration épouvantable, comme si Dieu eût d'en haut étendu sa main pour l'arrêter », Farel retint à ses côtés l'étudiant timide qui devait accomplir à Genève une oeuvre aussi marquante.

Ce ne fut pas sans peine. Calvin était dans la ville un étranger et un inconnu. Une page du registre des délibérations du Conseil de la cité porte que l'on donnera à ce nouveau lecteur en la sainte Écriture un salaire, mais le secrétaire en a même oublié le nom (« ce Français », ille Gallus,  note-t-il sur ses registres). Calvin ne sera bourgeois de Genève que quatre ans avant sa mort. Pour l'heure, il organise la vie de l'Église naissante ; il promulgue des ordonnances, rédige une confession de foi, établit un catéchisme, qui forment comme la charte de cette communauté. Mais il faut que la confession de foi soit signée par tous les citoyens de Genève. La cité, qui avait en mai 1536 décidé par la voix de son Conseil de « vivre selon l'Évangile », devait maintenant, en chacun de ses membres, ratifier cette décision. Cette signature rencontra beaucoup de difficultés. Les factions politiques se heurtèrent : les uns, prêts à soutenir Guillaume Farel, s'appelaient les Guillermins ; les autres, qui se tournaient vers la ville de Berne et ses « articles », étaient appelés les Articulants ou, plus populairement, les Artichauts. Sur leur refus de célébrer la cène à la manière de Berne, avec du pain azyme et non avec du pain ordinaire, les trois prêcheurs, Farel, Calvin et Coraud, leur collègue aveugle, sont bannis et prennent le chemin de l'exil. Calvin en est comme soulagé : « Bien que je me reconnaisse timide, mou et pusillanime de ma nature, il me fallut toutefois dès les premiers commencements soutenir ces flots impétueux, auxquels, bien que je ne succombasse pas, je ne me trouvais pas garni d'une si grande magnanimité. Aussi quand, par le moyen de certains troubles, on me chassa, je m'en réjouis plus qu'il ne fallait. » (Préface du Commentaire des Psaumes .)

Il va donc, pense-t-il, pouvoir reprendre paisiblement à Strasbourg ses chères études. Mais Martin Bucer, usant d'une remontrance semblable à celle de Farel, lui demande avec insistance de prendre en charge la communauté des Français qui, fuyant la persécution, s'étaient réfugiés à Strasbourg, ville libre. Épouvanté par l'exemple de Jonas, le prophète rebelle dont lui parle Bucer, Calvin cède. Il jette alors les bases de la liturgie et de l'organisation qui marqueront le culte réformé. L'influence de Bucer sur Calvin est profonde, en particulier pour ce qui est de l'institution des anciens, appelée à servir de base au régime presbytérien où l'autorité est exercée par des conseils et non par une hiérarchie.

A Strasbourg (1537-1541), malgré une vie pauvre et difficile, Calvin accomplit un grand travail théologique. Outre la deuxième édition de l'Institution chrétienne,  il publie le Commentaire sur l'Épître aux Romains  et la Réponse au cardinal Sadolet.  Évêque de Carpentras et humaniste éminent, Sadolet, célèbre par son irénisme, avait considéré que le bannissement de Calvin était une occasion favorable pour écrire aux Genevois et les inciter à rentrer dans le giron de l'Église catholique. Embarrassés pour lui répondre, les Genevois demandèrent à Calvin de le faire. Il accepta avec simplicité et rédigea en huit jours une réponse à la fois alerte et profonde. Il prend la défense des réformateurs accusés d'orgueil et de rancune, il explique le sens de sa conversion et du message du salut par l'illumination de la parole de Dieu.

C'est l'époque de son mariage avec Idelette de Bure, veuve d'un anabaptiste liégeois, qui lui fut une aide fidèle et une admirable compagne. De ce mariage naquit un fils, Jacques, qui ne vécut que quelques jours. Idelette mourut en 1549, après une maladie patiemment supportée.

Entre 1539 et 1541, Charles Quint, désireux de rétablir l'unité religieuse de son empire, organisa plusieurs colloques entre théologiens des deux confessions à Francfort (avril 1539), Haguenau (juin 1540), Worms (novembre 1540) et Ratisbonne (avril 1541). Malgré sa jeunesse, Calvin fut appelé à y participer, car sa science théologique était reconnue de tous. A Francfort, il se lia particulièrement avec Melanchthon, dont il publia en 1546 le livre classique, les Loci communes.  Ces colloques ne donnèrent aucun résultat.

L'organisation de la Réforme

Cependant, la situation politique de Genève avait changé : en 1540, les Guillermins avaient repris le dessus. Ils s'efforcèrent alors d'obtenir le retour de Calvin ; Farel lui écrivit à plusieurs reprises, mais il refusait : « Plutôt cent autres morts que cette croix sur laquelle il me faudrait mourir mille fois chaque jour. » Farel insista, alla même le voir à Strasbourg et Calvin lui reprocha « ses foudres avec lesquelles il tonne de si étrange façon ». Calvin cédera, écrivant à Farel (24 octobre 1540) : « Si le choix m'était donné, je ferais n'importe quoi plutôt que de t'obéir en cette affaire. Mais, comme je me souviens de ce que je ne m'appartiens pas, j'offre mon coeur comme immolé en sacrifice au Seigneur. » Tout l'homme est dans ce mot. Désormais il prit comme emblème une main qui offre un coeur. Il était lié par son obéissance à Dieu, dans un esprit de total sacrifice.

Pourtant il ne se hâte pas, et c'est seulement le 15 septembre 1541 qu'il remonte dans la chaire de Genève, reprenant sans transition l'explication de l'Écriture sainte à l'endroit où il l'avait laissée quatre ans plus tôt. Il est revenu avec la volonté de reprendre son oeuvre de construction de l'Église, et son premier travail sera d'établir des Ordonnances  et d'écrire un Catéchisme.

Les Ordonnances  établissent les quatre ministères qui sont à la base de l'Église réformée : les pasteurs, les docteurs, les anciens et les diacres. Les pasteurs ont la charge de la prédication de la Parole et de l'administration des sacrements ; ils se réunissent chaque semaine en une « congrégation » pour l'étude de la Bible et pour les censures mutuelles. Les docteurs sont chargés de l'enseignement de la jeunesse. Les anciens sont les surveillants des membres de l'Église, chargés de la « cure d'âme » et de l'admission à la sainte cène ; il y avait douze anciens, se réunissant en consistoire, qui veillaient à ce que la table sainte ne fût pas profanée par la participation de personnes vivant notoirement dans le désordre, le manque d'amour fraternel ou l'incrédulité. Les diacres s'occupaient des malades et des pauvres et assuraient le service des hôpitaux ; c'est le fameux diaconat, qui montre la préoccupation sociale de la Réforme calviniste.

Le Catéchisme  est écrit très rapidement en 1542. Beaucoup plus complet que celui de 1537, il se présente sous forme de questions et réponses. C'est un remarquable exposé doctrinal plutôt qu'une oeuvre pédagogique. Divisé en cinquante-cinq chapitres, ce catéchisme était expliqué aux enfants et aux adultes chaque dimanche après le culte dominical.

Au même moment, Calvin fait paraître son Petit Traité de la sainte cène , où, en quelques pages très denses, il expose sa doctrine sur ce sacrement. Il s'efforce de réduire le désaccord qui s'était manifesté entre Luther et Zwingli, au colloque de Marbourg, en 1529. En voici la conclusion : « Nous confessons donc tous d'une bouche qu'en recevant en foi le sacrement selon l'ordonnance du Seigneur nous sommes faits vraiment participants de la propre substance du corps et du sang de Jésus-Christ... Cela se fait par la vertu secrète et miraculeuse de Dieu et l'Esprit de Dieu est le lien de cette participation, pour laquelle cause elle est appelée spirituelle. » Cette affirmation de la présence du Christ dans la cène aurait dû rassembler les membres désunis de la Réforme naissante. Ce ne fut pas le cas.

Lutte sur deux fronts

Au cours des années (1541-1564) que Calvin a consacrées à Genève, il n'a guère connu que des luttes. Son labeur était considérable. Il assurait chaque jour une prédication à la cathédrale Saint-Pierre, plus un enseignement théologique. Peu à peu, par ses écrits, il donnait une structure à la doctrine de la Réforme, en précisait les données. Sa correspondance, plus de quatre mille lettres, nous le montre s'adressant aussi bien aux princes qu'aux persécutés, aux grands qu'aux humbles. Son combat se livrait sur deux fronts, celui des moeurs et celui de la doctrine. Plaque tournante de l'Europe, entre l'Italie, la France et l'Allemagne, Genève était une ville commerçante et ouverte, aimant le plaisir et la vie facile. Calvin s'efforça de tempérer cet épicurisme. Il trouva en face de lui les représentants des grandes familles genevoises, qui s'insurgeaient contre les rigueurs de « ce Français » et voulaient continuer à banqueter, à danser et à s'amuser malgré les Ordonnances.  Un jour, le conflit s'aggrava. Deux procès étaient en cours, l'un contre Laurent Meigret, réfugié français, ami de Calvin, l'autre contre Ami Perrin, ambassadeur auprès du roi de France, qui était, avec toute sa famille, très opposé à Calvin. Le peuple de Genève prenait parti pour l'un ou pour l'autre et l'on était prêt à en venir aux mains. Le 16 décembre 1547, le Conseil des Deux-Cents tint une séance mouvementée. Malgré les avertissements, les protestations et les menaces, Calvin se rendit jusqu'à la salle des séances et réussit à apaiser le tumulte. « Tout faible et craintif que je suis, rappelait-il à la fin de sa vie, je fus néanmoins contraint pour rompre et apaiser les combats à la mort de mettre en danger ma vie et de me jeter tout au travers des coups. »

Sur le terrain de la doctrine, la lutte ne fut pas moins violente. Calvin était obligé d'admonester les timides, les « moyenneurs », les Nicodémites, comme on les appelait par allusion à Nicodème, le docteur de la Loi, venu voir Jésus de nuit par manque de courage. Il fallait sortir de l'humanisme, des compromis pour prendre en faveur de l'Évangile et en face des persécutions qui se déchaînaient une position courageuse. C'est alors qu'il écrivit son Excuse de Jean Calvin à Messieurs les Nicodémites sur la complainte qu'ils font de sa trop grande rigueur.  Il lutta aussi contre les anabaptistes, contre les libertins, par où il faut entendre non les débauchés, mais les ultraspiritualistes qui prétendaient à des illuminations directes. Deux de ces libertins, Quintin et Pocque, appartenaient à la cour de Marguerite de Navarre. Celle-ci se plaignit de ces attaques et Calvin lui écrivit une très belle lettre, à la fois digne et respectueuse, où il dit en particulier : « Un chien aboie s'il voit qu'on assaille son maître ; je serais bien lâche si, en voyant la vérité de Dieu ainsi assaillie, je faisais du muet sans sonner mot. »

Il combattit aussi ceux qui s'opposaient à sa doctrine. Un ancien carme, devenu médecin, Jérôme Bolsec, s'éleva contre la prédestination à laquelle un pasteur avait fait allusion. Calvin lui répondit dans L'Élection éternelle de Dieu  qui résume sa position. Bolsec fut banni de Genève et se vengea en publiant quelques années plus tard (1577) son Histoire de la vie, moeurs, actes, doctrines, constance et mort de Jean Calvin , qui est un ramassis de calomnies. Après avoir servi quelque temps d'arsenal aux polémistes catholiques, ce livre, réfuté point par point, n'est plus pris en considération.

L'affaire Servet . La lutte la plus rude fut celle qui opposa Calvin à Michel Servet. Né à Villeneuve en Aragon, en 1511, Servet commença ses études à quatorze ans à Toulouse. Esprit précoce et génial, il voyage beaucoup et publie en 1531 un petit livre sur Les Erreurs de la Trinité  où il nie la doctrine traditionnelle. En 1534, Calvin essaie de le rencontrer à Paris, pour le ramener à la vérité, mais il ne vient pas au rendez-vous. Une correspondance théologique s'établit entre les deux hommes. En 1553, Servet publie sa Restitution chrétienne,  dont le titre même marque l'intention de répliquer à l'Institution chrétienne.  Les idées de Servet sont panthéistes. Son livre contient beaucoup de nouveautés, en particulier un exposé sur la circulation du sang qui devance d'un siècle la découverte de Harvey. Trente lettres adressées à Calvin terminent le volume.

Arrêté à Vienne (Isère), où il était médecin de l'évêque sous le nom de Villeneuve, Servet est interrogé par l'Inquisition et jeté en prison. Il s'évade et, jugé par contumace, il est condamné à être brulé en effigie avec tous les exemplaires de son ouvrage que l'on a pu saisir. Il erre quelque temps et, on ne sait pourquoi, peut-être par bravade, se rend à Genève où il est reconnu et arrêté. Un long procès commence, où Calvin intervient sur le plan théologique. Le Conseil de Genève est incertain ; il consulte les villes suisses qui concluent toutes à la culpabilité ; le 26 octobre 1553, le Conseil prononce sa sentence. Servet est condamné au bûcher. Calvin s'est efforcé, sans y réussir, de faire modifier le genre de mort. « C'est pourtant à Calvin, écrit un historien, qu'on a toujours fait un crime de ce bûcher, qu'il voulait qu'on ne dresse pas. » Aux portes de Genève, à Champel, sur le lieu du bûcher, a été dressé en 1903 un bloc de granit portant cette inscription : « Fils respectueux et reconnaissants de Calvin, notre grand réformateur, mais condamnant une erreur qui fut celle de son siècle et fermement attachés à la liberté de conscience selon les vrais principes de la Réformation et de l'Évangile, nous avons élevé ce monument expiatoire. »

La mort de Servet souleva des protestations, en particulier celle de Sébastien Castellion, défenseur de la tolérance.

La formation des ministres

Après le procès de Servet, les luttes se calmèrent et Calvin put se consacrer à une oeuvre qui lui tenait à coeur, la fondation de l'Académie de Genève (1559). Un collège avait été créé en 1541, mais Calvin voulait organiser un enseignement supérieur, pour la formation des pasteurs réclamés de toutes parts, en France et ailleurs, et aussi pour celle de l'élite. Plusieurs professeurs qui avaient dû quitter Lausanne vinrent à Genève et constituèrent un corps professoral de grande valeur. Théodore de Bèze en fut le recteur. Le nombre des étudiants atteignit rapidement plusieurs centaines. Le livre du recteur nous a conservé leur nom et leur lieu d'origine  (provinces de France et pays d'Europe). Établie en 1559 par le premier synode, tenu à Paris, qui officialisa la confession de foi et la discipline, l'Église réformée de France comptait en 1561 deux mille cent cinquante églises. Il fallait des conducteurs pour toutes ces paroisses, et Calvin écrivait : « Envoyez-nous du bois et nous vous renverrons des flèches. » A l'Académie, Calvin et Bèze enseignaient la théologie et commentaient l'Écriture sainte, d'autres professaient le grec et l'hébreu, la philosophie, la physique et les mathématiques. Un dessin d'étudiant nous a laissé un portrait de Calvin dans sa chaire, engoncé dans sa pelisse et courbé par une vieillesse précoce.

Car c'était un grand malade, dont les dernières années furent particulièrement douloureuses. Fièvres, migraines, crachements de sang, coliques néphrétiques l'assaillaient sans cesse, sans arriver à le détourner de ses tâches. En février 1564, quatre mois avant sa mort, il écrit à Rondelet, Saporta, Dortoman, professeurs de la Faculté de médecine de Montpellier, gagnés à la Réforme, une lettre où il décrit ses nombreuses souffrances. Le 28 avril 1564, il adresse ses adieux aux pasteurs de la ville réunis autour de lui, retraçant son ministère et ses difficultés : « J'ai vécu ici en combats merveilleux (étonnants). J'ai été salué par moquerie le soir de cinquante ou soixante coups d'arquebuse. Que pensez-vous que cela pouvait étonner un pauvre écolier timide comme je suis et j'ai toujours été, je le confesse... Et même tout ce que j'ai fait n'a rien valu... Je n'ai écrit aucune chose par haine à l'encontre d'aucun, mais j'ai toujours proposé fidèlement ce que j'ai estimé être pour la gloire de Dieu. »

Les derniers jours furent douloureux. Il s'écriait parfois dans ses grandes souffrances : « Seigneur, tu me piles, mais il me suffit que c'est ta main. » Le 27 mai 1564, il mourut paisiblement. Ses funérailles au cimetière de Plainpalais furent d'une extrême simplicité. Aucune pierre, aucune inscription ne marquèrent le lieu de cette sépulture, qui nous reste inconnu. Il faut chercher son souvenir ailleurs, surtout dans ses écrits innombrables, ses traités et ses lettres.

Un réformateur de la fécondité de la grâce

En cinquante-cinq ans d'existence, Jean Calvin est ainsi devenu, presque malgré lui, le réformateur d'une ville et, à partir de ce modèle de république chrétienne des conseils, celui qui a dressé, au travers de l'Europe et bientôt au-delà des mers, une chrétienté qui ne s'appellera jamais calviniste, mais tantôt réformée, quant à la substance de son message à l'écoute des saintes Écritures, tantôt presbytérienne, si l'on s'attache à l'importance des laïcs, élus comme anciens, dans la direction des paroisses et le gouvernement de l'Église. Ce modèle d'Église sera destiné à jouer un grand rôle dans la participation des chrétiens à la création du monde moderne, puisque l'activité des puritains est la fille assez raidie, mais profondément efficace, de la discipline calvinienne. Si Luther a été le grand réformateur du salut par la grâce, Calvin est le grand réformateur de la fécondité active de la grâce. De même, l'Institution chrétienne , « oeuvre d'enseignement qui a poussé comme un arbre pendant plus de vingt-cinq années de méditation » (Karl Barth), a été le livre qui a nourri la théologie des Églises réformées et qui a assuré la survie et la renaissance des paroisses à travers les dispersions et les persécutions, alors même que les pasteurs étaient martyrisés et que les synodes étaient interdits. Calvin s'est révélé, à l'usage des siècles, l'un des plus grands architectes de l'Église chrétienne et un pédagogue incomparable.

Pourtant, c'était un homme effacé derrière sa tâche. A Genève, il ne fut presque toute sa vie qu'un réfugié français assez difficilement admis. Genève elle-même est demeurée longtemps une ville assiégée par la Savoie. Ce n'est pas le catéchisme de Calvin qui est devenu le catéchisme officiel des Églises réformées, mais le catéchisme de Heidelberg, rédigé par deux théologiens d'une génération plus jeune, Ursinus et Olevianus. L'Institution chrétienne  enfin ne peut pas se comparer à l'ampleur systématique et spéculative de la Somme théologique  de saint Thomas au XIIIe siècle, ni à celle de la Dogmatique  de Karl Barth au XXe.

Tel est le destin contrasté de cet homme, indomptable et obéissant, dont l'oeuvre, durant sa vie et après sa mort, a dépassé incomparablement la personnalité. Calvin, au tempérament timide et énergique, au style dru et clair, est certainement l'un des Français dont l'oeuvre a le plus compté dans l'histoire universelle, sans qu'il y ait jamais prétendu, car il se voulait témoin et non héros.

 

 

Robert Nisen - LE TESTAMENT DES SIECLES  - Robert Nisen

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Futur, conditionnel et présent

Songerie

À sa grand-mère. il avait dit:
Serai ton bâton de vieillesse.
Certes, une émouvante promesse
Qui l'avait rendue attendrie.

Lui avait-elle alors appris
Qu'il faut prier la providence.
Une soudaine violence
Peut anéantir un abri.

Le futur, en conjugaison,
Ne laisse pas de place au doute.
On partira sur une route,
Sans embûches en toute saison.

Le conditionnel est le temps
Qui fait se déployer des si.
Lors, on hésite ou l'on agit.
Décider peut sembler urgent.

Mon fils ne fut pas le soutien
De sa grand-mère bien aimée;
Obligé d'y renoncer, mais

Assidûment, il est le mien.

4 juin 2017

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Passager comme le zéphyr

Quand un émoi trouble mon être,
Très souvent, j'accueille des mots.
Ma mémoire ouvre une fenêtre,
Ils s'en échappent aussitôt.

Je semble trouver naturel
Qu'ils forment des phrases qui riment
Selon l'étrange rituel
De l'énergie qui les anime.

Je transcris sans faire de pause,
Ni qu'intervienne ma pensée,
Les vocables qui se proposent,
Choisis comment, je ne le sais.

Je n'ai pu percer le mystère
De mon écriture spontanée,
Élégante, toujours sincère,
Paraissant parfois surannée.

Il est la source d'un plaisir
Qui se renouvelle sans cesse,
Passager comme le zéphyr
Qui délicatement caresse.

3 juin 2017

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ADMINISTRATEUR GENERAL

 

Espace Art Gallery vous présente son sommaire :

 

1.4 Actuellement à EAG

2.4 Prochainement à EAG

3.4 Informations diverses :

Adresse, nouvelles, projets, liens, …

4.4 En pièce jointe : Bruxelles Culture 1 juin : page  18 !

 

 

1.4 Actuellement à EAG

  

Exposition juin :

 

Ophira GROSFELD (Be) aquarelles & encres de Chine

« Pinceau rythmique »

 

NAHALAL (Fr) peintures

« Paysages intérieurs »

 

Claudio GIULIANELLI (It) peintures

« Dialogues avec la nature »

 

Audrius LAUCIUS (Lituanie) sculptures

« L’impulsion cinétique »

 

 

Le VERNISSAGE a lieu le 31/05 de 18h 30 à 21h 30 et l’exposition du mardi au samedi inclus de 11h 30 à 18h 30. Et sur rendez-vous le dimanche.

 

Vernissage qui sera agrémenté d’extraits de Musique Celtique interprétés par la harpiste Françoise MARQUET.    

 

Le FINISSAGE les 24 & 25 juin 2017 de 11h 30 à 18h 30.

 

 

2.4 Prochainement à EAG

 

La galerie est fermée en juillet pour vacances

En août c’est un Salon d’été

La rentrée Culturelle aura lieu le 6 septembre

 

3.4 Informations diverses

 

 

Espace Art Gallery 35 rue Lesbroussart 1050 Bruxelles. Ouvert du mardi au samedi de 11h 30 à 18h 30. Et le dimanche sur rendez-vous. GSM : 00 32 497 577 120

 

Nouvelles de la galerie :

 

Nouvelles de la galerie dans mes agendas point 3.4 de juin 2017 :

 

Changement : La prochaine fête de remise des recueils aura lieu le samedi 24 juin 2017 en la galerie de 18h 30 à 22h 30. Renouvellement de la fête-concert et édition d’un recueil d’art dans le prolongement du 10ème anniversaire de l’Espace Art Gallery en 2015. L’Espace Art Gallery édite 1 nouveau recueil d’art concernant 12 artistes qui ont exposé dans la Galerie. Ces recueils seront offerts gracieusement à ces 12 personnes.

 

Infos sur http://www.espaceartgallery.eu/editions/ Une troisième séance publique sera dédiée afin d’offrir le cinquième volume de cette collection aux artistes ayant bénéficié d’un article d’exposition sur Arts et Lettres en 2016. Un concert précédera cette séance de remise des recueils et sera suivie du verre de l’amitié. 

 

Le premier « Tiré à part » édité par « Les Éditions d’Art EAG » a été publié pour le billet d’art de l’artiste Jacqueline Kirsch. Publication réalisée à la demande de l’artiste à partir de son billet repris dans la collection « États d’âmes d’artistes » aux « Éditions d’Art EAG ».

Des « Tirés à part » seront imprimé recto-verso couleurs pour les prochains artistes. Tirages  pour 100 exemplaires et plus au prix de 5 € pièces et pour moins de 100 exemplaires au prix de 7 € pièces. Voir le lien comme exemple : http://www.espaceartgallery.eu/editions/

 

Le deuxième tiré à part est en préparation pour l’artiste peintre française Christine Bry. Sa maquette est en cours. Il en est de même pour le troisième tiré à part pour l’artiste française Odile Blanchet. Tous deux repris dans le recueil n° 5 de 2016. Ils seront remis aux artistes lors de la remise des recueils du 24 juin 2017. Voir la description ci-avant.

 

La galerie a créé une nouvelle page « Événements », qui fait suite à la nouvelle page « Collections », sur son site. Ainsi toutes les activités autres que les expositions dans la galerie seront présentées. Tel que les vernissages événements avec reportage photos sur les participants présents et les ambiances, concerts, présentations de livres, soirées annuelles de remises des recueils d’art aux artistes présents dans les recueils d’art, présence à d’autres événements extérieurs, partenariats avec d’autres galeries ou associations culturelles, etc…

 

D’autres projets sont dans les cartons et seront annoncé prochainement dans cette même rubrique. Soyez attentif à la lecture de mes prochaines programmations…

 

Infos artistes et visuels sur :

 

Site de la galerie : http://www.espaceartgallery.eu

Le site de l’Espace Art Gallery se prolonge également sur

Le Réseau Arts et Lettres à l'adresse: http://ning.it/KUKe1x

Voir: https://artsrtlettres.ning.com/ (Inscription gratuite)

Les critiques de François Speranza sur Arts et Lettres :

Voir : http://bit.ly/265znvq

La galerie est devenue éditrice d’art pour fêter ses 10 ans :

Voir : http://www.espaceartgallery.eu/editions/

Présentations des événements dans la galerie :

Voir : http://www.espaceartgallery.eu/category/evenements/

Ma nouvelle page Facebook qui présente toutes mes actualités :

Voir : https://www.facebook.com/www.espaceartgallery.eu/

 

4.4 En pièce jointe : Bruxelles Culture

 

Découvrez en pièce jointe « Bruxelles Culture » le magazine qui facilite la vie culturelle des amateurs d’arts.

 

Au plaisir de vous revoir à l’un ou l’autre de ces événements.

 

Bien à vous,

 

                                                        Jerry Delfosse

                                                        Espace Art Gallery

                                                        GSM: 00.32.497. 577.120

                                                        Voir:         http://espaceartgallery.eu

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L'ennemi ( 6 )

Je pourrai aller où je veux maintenant. C’est comme si je venais de gagner les clefs de la liberté. Ma mère a eu tellement peur qu’il me semble qu’elle n’aura plus jamais peur tant elle tremble encore. Même si je sais qu’elle a toujours peur et qu’elle ne veut pas le montrer. Je le lis dans ses yeux. Une nuit de grand vent alors qu’au dehors les arbres se déchaînaient, que la porte de l’écurie claquait je l’entendis crier : ” C’est lui ! ” Ce cri m’a réveillé. Très vite j’ai compris et à chaque fois que cela s’est produit il n’y a plus eu d’étonnement de ma part. C’était toujours quand il y avait du vent et celui qui aurait pu frapper à la porte était son fils. De dix huit ans plus âgé que moi, la France, la belle France nous l’avait enlevé pour nous plonger dans la peur et la rancune. Je ne pourrai jamais jouer avec mon frère. Mais je peux parcourir à en perdre haleine les chemins aux hautes herbes là, où personne ne passe, grimper avec fougue aux arbres que je connais bien. Chaque branche, je la connais. Elle est comme une amie qui me dit : ” Je te tiens, ne crains rien “. Et je vais très haut presque à la cime d’où je vois l’étendue de la forêt, des champs et là-bas tout au loin une usine ferroviaire qui avance, qui se met à déverser une colline de gravats, de ferrailles, de papiers. La colline avance sur mon territoire. Il faut que j’aille voir de plus près cet envahisseur ennemi qui se rapproche. De plus en plus vite chaque jour. Maintenant j’ai sept ans. Je ne sais ni lire ni écrire mais je connais le froid de la blanche neige, les fruits sauvages que j’aimais vendre à des yeux curieux et inquiets dont j’ai appris le langage , la musique que j’ai inventée avec ces instruments que les enfants inventent mais surtout je connais la solitude, cette compagne merveilleuse avec laquelle je parle sans cesse et qui me dit : ” Vis “

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administrateur partenariats

Un billet écrit avec le coeur.

En fin d'année scolaire, fleurissent les dessins offerts, les textes écrits au tableau.

Le professeur, surpris par ces hommages spontanés, reçoit avec grâce ces cadeaux souvent maladroits, empreints de pudeur, parfois hésitants dans leur forme, autant de témoignages attendrissants d'élèves reconnaissants pour la patience, l'écoute, la gentillesse dont il a su fait preuve durant l'année.

Certains ados remercient alors que plus que d'autres, ils ont été réprimandés...eh oui, c'est souvent le cas.

La réprimande est aussi un manifestation de l'intérêt que l'on porte à cet enfant, le faire progresser, ne pas ignorer ses difficultés, lui reconnaître des qualités, lui donner une affection parfois inexistante ou mal distribuée à la maison.

C'est cela aussi que le métier d'enseignant, dans les écoles d'élèves faibles, défavorisés, où le quotidien se révèle une difficulté chaque jour renouvelée.

Nous sommes aussi des guides, parfois. Un phare. C'est une tâche délicate, importante, capitale, qui laisse des traces indélébiles.

Sur mon bureau en désordre, un petit papier plié, que je promis de lire plus tard, afin de ne pas la gêner. Je venais de recevoir de ses mains un dessin, et je sais qu'elle a pris le temps de le faire, d'une gamine, fragile, un enfant-proie, dont j'ai flouté le prénom.

Ce texte est maladroit, truffé de fautes, car oui, elle n'a pas réussi ses primaires, et non, elle ne fera pas de hautes études.

Emotion.

Parce qu'elle a écrit.

Elle a dépassé ses faiblesses, oh non, ici, jamais nous ne verrions ce genre d'orthographe, non, nous, nous savons écrire. Enfin, plus ou moins bien, suivant nos aptitudes et ceux qui ne savent pas ou pas bien, publient autre chose ou bien se contentent de lire les beaux textes des autres ou alors, ils admirent les images superbes des artistes du crayon, du pinceau, du maillet, de l'objectif...clic !

Elle a écrit.

Et c'est le plus important pour elle.

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Je fais un des plus beaux métiers du monde.

Liliane, professeur depuis 36 ans.

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Au Rythme des Marées

une aquarelle d'Adyne Gohy

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a inspiré

Le Passage du Gois

Un poème de Raymond Martin

 

 

Paisible, envoûtante, lunaire ou terrestre au gré des saisons et marées, cette étendue

Sauvageonne attirant  le quidam en quête d’un trésor aquatique et burlesque, anoblit

Ce paysage mythique vaseux et sableux, reliant ou déliant l’île d’Her  de jadis au continent.

 

Flanqué d’un râteau au bout d’un bras hésitant, orné d’un seau couleur d’un bleu des mers du sud, un être penché aux pas incertains, zigzague sur le sable enchevêtré d’algues, surprises par la fuite de la mer au loin vers l’océan.

 

Ce n’est pas l’or du Rhin qu’il désire, non, c’est celui d’un haut-fond fertile à son heure.

Breton un jour, Poitevin un autre, mystère des alliances, cet espace paisible parfois dangereux,

Offre à l’indécis d’un jour son lot de trésors, l’or du Gois.

 

Repues de plancton et grassouillettes, les palourdes, la coquille béante,  se retrouvent en un instant

Au fond d’un bleu des mers du sud. Flotte dans l’air, déjà, un fumet de sauce marinière.

Les coques ensablées pour quelques instants ressentent les dents ajourées des râteaux empressés.

 

Dépourvues de perles, ces perles océaniques,  les huîtres, s’offrent aussi au gratouilleur d’occasion

Pour  parachever cette course aux trésors, avant que la marée ne remonte.

  de courants marins, passage du Gois, tu es passage, et pour des millénaires encore.

 

Raymond  Martin

 

Mars 2015

 

D’après  une aquarelle de : Adyne  Gohy 

 

 

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Les roches 4/4 : LAVE & CHARBON

Merci de me confier vos avis sur cette série de 4 poèmes.

La puissance du feu a œuvré dans la Terre

Qui a sursauté, éructé, craché et vomi

Tout son saoul pour élever les longs flancs arides

Des volcans de Sicile, de France, d’Islande, de Grèce...

Parfois coiffés de fumées et brumes épaisses

Leurs laves sombres arrangées en dures rides

Figent la montagne comme un froid tsunami

Image des temps de jeunesse de la Terre.

Une autre force du feu dort en profondeur.

Souvenir du déluge de vie végétale :

Le charbon (la houille), la lignite et l’anthracite

Forment des masses colossales, bien protégées.

L’humain sut les exploiter à s’en faire piéger,

Rapportant à l’air ce que les temps de jadis

Avaient caché, ces géants aux forces fatales,

Croyant en son bonheur, mais creusant son malheur.

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Les roches 3/4 : ARGILE

Merci de me confier vos avis sur cette série de 4 poèmes

Qu’elle soit très pâteuse ou sèche à craqueler

Qu’elle soit figée ou bien prête à modeler

On la triture, la cuit : cette roche est facile !

Finalement c’est une roche assez docile.

Elle apprécie l’eau qui l’emporte dans son flot,

La dépose, la reprend, l’entrepose : c’est son lot.

Elle est une indomptable passagère des crues

Et quand elle fait masse toute chose elle obstrue,

Colmatant la terre, les racines elle englue,

Les étouffe, les limite, aspirant leur peu d’eau

Quand celle du ciel généreux lui fait défaut.

Quand elle se dépose avec parcimonie,

Elle devient riche et nourricière : une amie !

On lui reconnaît aussi une autre noblesse

Quand elle peut soigner la peau qu’elle caresse.

Elle qui est née des schistes, des micas, des gneiss.

Des nuances de gris, rouge, vert au blanc palot

Elle avive la couleur des fresques avec l’eau.

Informe elle s’offre à toutes formes mobiles.

Simple et tolérante, elle est comme ça, l’argile

Se prêtant au jeu de qui peut la bousculer,

Conservant la forme selon son modelée.

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Les roches 2/4 : CALCAIRE

Merci de me faire part de votre avis sur cette série de 4 poèmes.

Escaliers de géants, descendant des plateaux

À l’herbe sèche et rase, abandonnés des eaux,

Ou prairies entaillées de roches d’un gris blanc

Travaillées par les pluies qui sont bues dans l’instant,

Channel passant entre les géants qui le gardent,

(Falaises de Douvres et Calais qui se regardent),

Grands plateaux crayeux où méandrent les rivières

(Myriades de squelettes, tassés au fil des ères),

Steppe de la Crau, plaine de Salisbury

La Dobroudja qui au bord de la Mer Noire rit,

Et les karsts de Slovénie, de Croatie

Ciselés de grottes, de failles, de pics aussi ;

Et le jardin du Rhône qui met face à face

En ordonnant leurs zones par des tranches d’espace

Les maquis de silice, les garrigues calcaires.

Et calcite, aragonite, …, marbres de la Terre.

Terres sèches, dures et sévères le plus souvent,

Les zones calcaires savent souffrir sous les vents,

Patienter pour les pluies, ainsi que geler, cuire,

Mais elles offrent leur roche tendre pour bâtir.

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