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La morale des fous de Dieu

 

La Fontaine nous dit qu'une femme fidèle,
Devenue veuve, alors qu'elle était jeune et belle,
Ne resta dans le deuil que le délai décent,
Son chagrin s'étant fait, très tôt, évanescent.

Le conteur ironise, sur ce, allègrement,
Mais nous paraît déçu par ce comportement.
Il faut se souvenir que, pour les grands seigneurs,
La morale imposait des lois avec rigueur.

Ils avaient du talent, des lettres, de l'esprit,
Certains prenaient plaisir, parfois dans leurs écrits,
À dénoncer des vices, soigneusement cachés,
Que l'on ne sait comment, ils avaient dénichés.

Mais les moeurs évoluent, et les valeurs aussi.
Peu de dérèglements causent de grands soucis.
La censure, abolie irréversiblement,
On ne dénonce plus et moins souvent, l'on ment.

 

Restant toujours tenu à respecter le droit,

Chacun devrait pouvoir agir selon ses choix.

À l'ère des fous de Dieu cela n'est plus possible;

Ceux qui osent choisir ont une fin horrible.

 

 

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Je trompe à l'envi ma vieillesse

 

Je me dis que, désormais,

Je ne parlerai qu'à moi-même.
Mes émois ne sont plus extrêmes,

Je me répète et n'y peux mai.

Or, je ne cesse d'accueillir

Des formes de beautés nouvelles,

Et des sujets qui m'interpellent,

En me forçant à réfléchir.

Mon goût de m'exprimer persiste,

Me fait réagir promptement.

Lors souvent, machinalement,

J'aligne des mots qui insistent.

Je trompe à l'envi ma vieillesse,

En me donnant la liberté

De cibler une indignité.

Je la dénonce sans faiblesse.

Je soliloque solitaire,

Pensant aux êtres que j'aimais,

Et quand revient le mois de mai,

Je fête un autre anniversaire.

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Du langage et des gestes

 

 

Propos

 

Le langage est l’outil parfait dont on use quotidiennement pour faire savoir ce que l’on désire obtenir, mais aussi pour exprimer des sentiments et des idées.

Une langue n’est accessible qu’à ceux qui en ont héritée ou qui l’on acquise par un apprentissage laborieux.

Entre gens d’un même pays, la communication est généralement aisée. Avec des étrangers, nos mots, ainsi que les leurs, sont comparables à des géodes. Lors, parfois, pour se comprendre, on recourt à la gestuelle.

L'expression corporelle des acteurs, des humoristes et des chanteurs de notre époque, les aident à faire réagir une audience.

Par ailleurs, il peut paraître puéril ou dérangeant, de voir gesticuler, surtout à la télévision, une personne qui accompagne chacune de ses phrases de gestes absolument superflus.

Il semble qu'un tel comportement soit de plus en plus répandu. Il nuit à la concentration de celui qui écoute.

Pour se faire comprendre de ses compatriotes, les mots bien choisis se suffisent.

 

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Il est souvent bien tard !

Il faut que je vous dise
A quel point c’est une forte surprise
Que cet instant que vous avez tant désiré
Soit le plus absurde que vous n’ayez rêvé !
Vous vouliez cesser de travailler un jour
Pour cela vous vous êtes éreintés nuit et jour
Noté sur maints cahiers des années remplies
Qui devaient libérer enfin votre vie
Les douleurs ne vous étaient permises
Tant vous buviez aux sources promises
Les ans n’allaient assez vite
Pour toucher à ces heures dites
Et les cheveux de gris à blancs
Ne scellaient qu’un chèque en blanc
Pour enfin les espérer tenir
Le chemin restant à parcourir.
Il faut que je vous dise maintenant
Que ces espoirs insensés tout ce temps
Ressemblent fort à des rêves fripons
Qui auraient gagné à goûter le bâton !
Mais il est bien tard et l’heure aux pleurs
Les vieux sont fatigués et pour leur malheur
Ils se voient soudain plus vieux qu’ils pensaient
Plus vieux qu’ils n’avaient pensé qu’ils seraient
En cadeau ils reçoivent une place toute pour eux
Avec le sourire des jeunes fous jadis comme eux
Rentrent chez eux pour la table qui les attend
Avec dessus plus rien qui ne les surprend.
L’absurde est là, enfin on le touche
Tant de labeur pour qu’enfin l’on se couche
Tant d’heures à guetter l’heure,
Tant d’heures à guetter la dernière heure !
Mais faut-il que je vous dise
De remonter la pendule de cette méprise ?

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Du 01 – 04 au 26 – 04 – 15, l’ESPACE ART GALLERY (Rue Lesbroussart, 35, 1050 Bruxelles) a le plaisir de vous présenter HAPPY ART, l’œuvre picturale de Madame MARIE-HELENE FROITIER, une jeune artiste Française qui vous plongera dans l’émerveillement originel, celui de l’Homme face à son rêve.

Qu’il s’agisse de toiles à grand, moyen ou petit format, MARIE-HELENE FROITIER appréhende l’espace avec le même bonheur.

Ce qui, au premier regard, ne manquera pas de frapper le visiteur, ce sont les myriades de détails emplissant l’espace. Il n’y a pas un atome de vide dans les œuvres de cette artiste. Mais il n’y a pas non plus que les seuls détails qui constellent l’espace scénique. Il y a aussi la présence matérielle de la couleur, consubstantielle à la forme. Car le dénominateur commun à son œuvre c’est l’amour de la couleur manifesté dans un chromatisme luxuriant. Néanmoins, ces seules composantes discursives ne suffisent pas à définir l’identité profonde de MARIE-HELENE FROITIER. Un onirisme candide plonge le visiteur dans un monde de fables et d’enfance élémentaire. Le rêve primordial se réveille au fil des rencontres avec chaque tableau. Il y a de l’Orient dans ses toiles. Il y a la mer et le soleil, déclinés dans un fauvisme « tendre », en ce sens qu’une harmonie délicate unit les couleurs et ne les oppose pas. La joie de créer explose le long des rythmes alternant dans chaque espace.

Avec ses scansions rythmiques obtenues par cette succession de petites coupoles de hauteurs différentes, COLORADO (50 x 50 cm – acrylique sur toile)

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enivre la composition d’une folie sensuelle.

Un autre univers, à la fois parallèle tout en étant intrinsèque à l’onirisme scénique propre à l’artiste est celui du « théâtre ». Des personnages féminins posant au centre d’une scène, créée par le cadre de dimensions réduites (40 x 30 cm), sont campés dans l’instant de la pose. Le cadre est scéniquement conçu de façon identique aux autres : un monde fabuleux parsemé de fleurs où chaque recoin de l’espace est rempli par la couleur.

SWEET SPRING (40 x 30 cm – acrylique sur toile)

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est exemplatif de ce discours. Deux personnages féminins évoluent à l’intérieur d’un cadre à la fois renaissant et festif. La nature, du moins la vision sublimée de celle-ci, subjugue la totalité de la composition. Elle transparait jusque sur les vêtements des personnages.

La jupe de la femme, à l’avant-plan, devient par les motifs floraux déployés sur celle-ci, autre chose qu’un vêtement. Elle se mue en « allégorie », à proprement parler, du Printemps. Une sorte de papillon flottant dans les notes chromatiques. Un trait propre à l’artiste réside dans la fine stylisation de ses personnages. Cela permet leur évolution, carrément aérienne, à l’intérieur du cadre spatial. (MISS BOB SINCLAR – 40 x 30 cm – acrylique sur toile).

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Le dessin est placé au centre de la toile donnant à celle-ci une mise en perspective à l’intérieur d’un cadre dont la couleur entre en harmonie avec la scène représentée, créant ainsi un contraste souple. Toutes ces représentations de la Femme ne sont pas innocentes, en ce sens qu’elles s’inscrivent dans la vitrine de prédilection à l’élégie de la féminité, à savoir l’univers de la Mode. Selon l’artiste, seule l’image de la Femme symbolise l’élégance par excellence. Influencée par le légendaire René Gruau, qui pendant des années mit son immense talent, notamment, au service de la Maison Dior, une grande sophistication se retrouve dans le geste, témoin d’une mise en scène, traduisant une mise en « signe » dans l’espace scénique. Observons, à titre d’exemple, LA REVEUSE (40 x 30 cm – acrylique sur toile).

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L’évolution que le personnage occupe dans l’espace se structure en deux zones chromatiques bien distinctes : mauve : zone droite/rougeorangeblanche : zone gauche. A part la bouche, conçue comme une tache rouge-vif, le visage est privé d’attributs. Les deux zones chromatiques définissent, en fait, deux moments de la scansion du geste : à droite, (zone mauve) le bras et la main sont portés vers le haut. A gauche, (zone rouge – orange – blanc), le bras et la main reposent sur la hanche. La grande influence qu’a le dessin sur l’artiste se fait surtout sentir au contact des œuvres de petites dimensions. Il est à noter qu’elles représentent toutes des femmes filiformes. Il s’agit avant tout d’un hommage plastique, dans le sens le plus total du terme, rendu à la Femme.  

Même si le style demeure personnel, force est de constater qu’à l’analyse, MARIE-HELENE FROITIER se trouve à la croisée de deux écritures distinctes.

Dans l’une de ses toiles exposées, résident les fantômes d’un genre qui a donné énormément de fil à retordre aux historiens de l’Art depuis la fin du 19ème s, à savoir l’art dit « naïf ».

Cela se constate dans le traitement graphique qu’elle apporte à la faune et à la flore de LA CABANE PERCHEE – 1,16 x 89 cm – acrylique sur toile).

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Il s’agit, en l’occurrence, d’une « naïveté » sans malice, en ce sens que cette dimension « naïve » ne sous-entend que ce qu’elle veut bien montrer. Et rien d’autre. Aucune sorte de discours sous-jacent ne transparait de cette écriture. Les cygnes, évoluant dans la fontaine, sont deux points d’interrogation étirés de couleur blanche parmi les nénuphars. Le cheval, à l’arrière-plan, conçu de façon ramassée est proche de l’esthétique « naïve ». La végétation, soutenant et entourant la cabane perchée, assure une entité esthétique. La cabane se fond dans la branche de l’arbre qui la soutient et l’unit, tant dans la forme que dans le chromatisme, avec l’ensemble de la composition dans une haute note d’enfance cachée que l’on pourrait, alors et seulement alors, qualifier génériquement de « naïve ».  

Néanmoins, même si cette œuvre embaume la « naïveté », elle n’y entre jamais de plein pied. Car elle est trop personnelle pour se laisser accaparer par un discours trop rhétorique.

Mais quel contraste avec LANDSCAPE (1 m x 80 cm – acrylique sur toile)

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dont les arbres, si « naïfs » dans l’œuvre précédente, semblent cette fois remplis d’une si grande « nécessité » réaliste ! Quelle volonté géométrique dans la conception de ce mur surplombant la mer, lequel n’est en dernière analyse, qu’une succession de carrés agencés, laissant percevoir quelque velléité cubiste. Sans doute faut-il voir dans cette œuvre (laquelle n’est autre que sa dernière création), l’amorce d’une écriture nouvelle, à la fois plus incisive (le trait définissant la matérialité des arbres est conçu à la pointe du couteau), tout en gardant certains éléments constitutifs de son style. Dans ce cas-ci, une homogénéité chromatique divise le tableau en zones : le vert pour les arbres, le bleu et le blanc pour la mer, le rouge et le rose pour le ciel.  

Rien de commun avec les symphonies de couleurs explosant dans les autres toiles ne se retrouve associé à son écriture actuelle. Bien sûr, certains éléments demeurent, tels que les petites coupoles formant un mouvement rythmique, en haut vers la gauche du tableau. Et c’est là, la seule réminiscence échappée des autres toiles.

Car LANDSCAPE sanctionne, à coup sûr, une phase nouvelle dans le processus créatif de l’artiste. Formée à l’Académie des Arts Plastiques d’Epinal, MARIE-HELENE FROITIER, originaire des Vosges, peint depuis « longtemps », comme elle se plait à dire. Issue d’une famille d’artistes (son père est sculpteur), elle a commencé à peindre lorsqu’elle était encore au collège. Très vite, elle s’est intéressée à la mode (comme le prouvent ces tableaux de petites dimensions, axés sur l’image de la Femme). A Paris, elle a parfait sa connaissance sur le sujet. Mais ne se plaisant pas dans cette ville, l’envie de retourner dans les Vosges l’a prise. Dès lors, tout en n’abandonnant pas son intérêt vital pour la peinture, elle a décidé de suivre des études d’infirmière. Et sa passion pour la mode et le paysage n’a fait que s’accroitre. En 1997, elle a participé à sa première exposition, organisée par la Maison de la Jeunesse et de la Culture de Nancy. Si, jusqu’à présent, le dessin fut le moteur préalable à toute initiative créatrice, il ne l’est plus aujourd’hui. En effet, l’artiste ne passe plus par cette phase. Désormais, par un jeu de construction, elle peint directement sur la toile, sans le préambule du croquis. Au fur et à mesure des ajouts de couleurs, l’œuvre se précise dans sa matérialité. En tant que paysagiste, ses scènes de prédilection se situent dans les Vosges. Mais il s’agit, plus que tout, d’une interprétation personnelle du décor vosgien. La douceur qu’elle y apporte exprime la nécessité de réaliser une œuvre intime. Sa matière de prédilection est assurément l’acrylique. Mais elle utilise également la dorure ainsi que des liants mâtinés pour apporter au sujet un maximum de relief. L’artiste unit dans le même amour sa mission d’artiste à sa profession d’infirmière en réalisant des fresques dans les hôpitaux.  

HAPPY ART ! Une vision du bonheur constellée de couleurs étincelantes. L’œuvre d’une artiste qui a fait de la folie de l’instant créateur le fondement d’un credo qu’elle partage, généreusement, avec le visiteur dans une vision féérique de l’indicible.

 

François L. Speranza.

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Une publication
Arts
 
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Lettres

N.-B.: Ce billet est publié à l'initiative exclusive de Robert Paul, fondateur et administrateur général d'Arts et Lettres. Il ne peut être reproduit qu'avec son expresse autorisation, toujours accordée gratuitement. Mentionner le lien d'origine de l'article est expressément requis.

Robert Paul, éditeur responsable

 

A voir: 

Focus sur les précieux billets d'Art de François Speranza

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Marie-Hélène Froitier et François Speranza: interview et prise de notes sur le déjà réputé carnet de notes Moleskine du critique d'art dans la tradition des avant-gardes artistiques et littéraires au cours des deux derniers siècles 

(1er avril 2015  -  Photo Robert Paul)

12273089256?profile=original    (Photo Espace Art Gallery)

Accompagnement musical: Richard Clayderman

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Le goût du beau-parler

 

Soliloque

 

J'écris sans m'en apercevoir.

J'ai mis en vers nombreuses grâces,

Dont je voulais garder l'espace.

J'aime à me laisser émouvoir.

 

Les mots m'arrivent aisément.

J'apprécie la simplicité,

La clarté et la vérité.

 Je ne transcende nullement.

 

Je trouve toujours surprenant

D'être incapable de redire

Un quatrain que je viens d'écrire,

 Il est vrai, machinalement.

 

C'est par un excès d'assurance

Que je me relis vite et mal,

Un comportement anormal,

Dont m'échappaient les conséquences.

 

Je suis devenue indulgente

Mais voudrais ne pas décevoir.

Je devrais certes tout revoir;

La moindre erreur me mécontente.

 

Quand on décide d'échanger,

On se révèle idéaliste,

Nostalgique ou surréaliste,

Ayant le goût du beau-parler.

 

4 avril 2015

 

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Surprise printanière

 

(Pantoum)

Dans la froidure, en abondance,

Se répand dans les jardins blancs,

 De voiles agités par le vent,

Une poussière de faïence.

 

Se répand dans les jardins blancs

Sur les arbustes en somnolence,

Une poussière de faïence,

Les saupoudrant complètement.

 

Sur les arbustes en somnolence,

Secoués vigoureusement,

Les saupoudrant complètement,

Des rayons emplis de brillance.

 

Secoués vigoureusement,

Se déchirent les voiles immenses.

Des rayons, emplis de brillance,

S'installent magistralement. 

 

4 avril 2015

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Le monde de la raison

 

Soliloque

On existe par habitude,

Sans écouter battre son coeur,

Qui fait ce qu'il doit, en douceur.

On se fie à des certitudes.

Le corps humain est programmé,

On peut lui faire confiance.

Il paraît certes, à l'évidence,

Qu'il sera longtemps animé.

Point nous est besoin de connaître

Les effets de ses composants.

S'y intéressent des savants,

Soucieux de notre mieux-être.

La Nature offre des saisons,

Présentant des beautés suprêmes.

Crée l'instinct qui fait que l'on aime,

Dote les êtres de raison.

Celle-ci permet le contrôle

D'actes qu'il faut souvent choisir.

Or déréglée, laisse tenir,

Parfois, d'intolérables rôles.

L'effroi terrasse les terriens,

Quand la folie mène à la haine,

Se propage en semant des graines.

Agressés, ils ne peuvent rien.

Certains voudraient pouvoir créer

Le meilleur des mondes possibles,

Où nul au prochain n'est hostile.

La raison y triompherait.

Le sage essaie de vivre bien,

S'il est en zone restée sûre.

Il réfléchit, pèse, mesure,

Finit par se mêler de rien.

6 avril 2015

 

 

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Les yeux de Nina

 

Point de sortie dans tes

immenses yeux verts,

somptueux, je m'y perds ;

douceur de Lucifer,

pour eux,

 j'ai une tendresse de fer.

Ta petite tête précieuse,

met la mienne tout à l'envers,

j'en écris maints vers,

au cœur de l'hiver,

jardin tout littéraire,

fleuri sur une flaque de lumière.

Point de sortie dans tes

immenses yeux verts,

p'tits soleils chambouleurs,

beauté de lucifer,

pour eux dans mes yeux

se dessine le ciel.

NINA

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Une errance suave

 

 

 

Du ciel batik illimité,

D'un bleu layette dilué,

 Sont descendues des formes roses

Fasciné mon regard s'y pose.

 

Au-dessous, un bloc allongé

Semble de marbre violet.

Plus loin, bien plus bas, de l'or jaune.

De la tendresse qui se donne.

 

Soudain j'aimerais être artiste.

Or quel brillant aquarelliste,

Face à une telle splendeur,

                                                          Penserait la mettre en couleurs?

 

5 avril 2015

 

 

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Les pauvres sont ceux qui, par eux-mêmes, sont incapables d'assumer pleinement et librement leur condition d'homme dans le milieu où ils vivent. Quels que soient l'époque, la région, le type de société, dénuement, dépendance, faiblesse, humiliation accompagnent la condition des pauvres ; en outre, ceux-ci sont dépourvus de tout ou partie de moyens, variables selon les milieux, de tenir un rang social : argent, vigueur physique, capacité intellectuelle, qualification technique, science, honorabilité de la naissance, relations, influence, pouvoir, liberté et dignité personnelles. La précarité, sinon la déchéance, sont leur partage. Ils sont anonymes, isolés même dans la masse ; ils n'ont aucune chance de se maintenir ou de se relever sans l'aide d'autrui. Vivant au jour le jour, et dans l'attente perpétuelle de lendemains meilleurs, ils sont aussi accessibles à toutes les espérances, à toutes les illusions, à tous les mythes, que prompts au désespoir et à la révolte. Applicable à tous les types de société, cette définition inclut tous les frustrés, tous les laissés-pour-compte, tous les marginaux, tous les asociaux, à côté des chômeurs, des mal payés, des infirmes et des ratés. Elle n'exclut pas non plus ceux qui, par idéal ascétique, mystique et charitable, ont voulu délibérément vivre pauvres parmi les pauvres. L'histoire des pauvres est donc étroitement liée à l'évolution du milieu, sous tous ses aspects, social, économique, technique et mental.

Les problèmes, cependant, ne sont pas simples. Les mots pauvre, pauvreté sont ambivalents et ambigus. Le second recouvre une notion exprimant simultanément une vertu et une abjection ; il désigne aussi des réalités sociales nuancées. Ainsi, par pauvre, il faut entendre des types sociaux forts divers et le mot comporte, sinon des synonymes, du moins des équivalents nombreux. Historiquement, géographiquement et socialement, la condition du pauvre, essentiellement relative, comporte des degrés séparés par des seuils économiques, biologiques, sociaux.
À ces difficultés d'analyse s'ajoutent celles de la documentation. Les pauvres sont les muets de l'histoire ; leur passé s'inscrit en contrepoint de celui des autres couches sociales et constitue, en quelque sorte, l'envers du tableau.


Les pauvres dans les sociétés à prédominance rurale

Dans l'Antiquité
À lire la Bible, les pauvres apparaissent dès les premiers temps de l'humanité, avec Abel, Isaac et Joseph, victimes de l'envie de leurs frères, et avec la malédiction de Cham. L'histoire antique a été écrite, dans le silence, par les pauvres des peuples asservis et par des millions d'esclaves jusqu'au-delà de la chute de Rome. " Le pain et les jeux " étaient autant des moyens de faire avorter les germes de révolte que des manifestations ostentatoires de l'évergétisme hérité du monde hellénistique. Sans doute, la génération d'Antonin le Pieux connut-elle des institutions philanthropiques, mais c'était au IIe siècle après J.-C., alors que s'infiltraient des principes, insolites, de charité, appelés à transformer, lentement et non sans avatars, la condition des pauvres, et à la réhabiliter, au moins spirituellement.
Déjà, la religion juive avait inspiré aux anawim l'ascétisme d'une pauvreté volontairement humiliée devant Jaweh, dont les Esséniens, puis Jean-Baptiste sont des exemples. Des modèles analogues se rencontrent, à haute époque, dans les religions hindoues et se retrouvent dans l'islam, surtout en ses premiers siècles ; la tradition s'en était prolongée dans la communauté chrétienne de Jérusalem et parmi les ermites d'Égypte et de Cappadoce.

Au haut Moyen Âge

En Orient plus tôt qu'en Occident, les calamités naturelles firent refluer vers les grandes villes, Alexandrie, Antioche, Césarée, Constantinople, les foules d'indigents, en faveur desquels s'élevèrent les voix prophétiques de Clément d'Alexandrie, de Grégoire de Nysse et de Jean Chrysostome. Ce dernier avance le nombre de cinquante mille indigents dans la capitale impériale vers 400. Plus tard, Justinien dut légiférer sur leur sort. Moins nombreuses, mais aussi graves, semblent avoir été les misères pour lesquelles agirent Ambroise à Milan, Grégoire le Grand à Rome et Césaire en Provence. En se diluant dans la vie rurale, la société romaine à son déclin y transféra une pauvreté que la brutalité des moeurs mérovingiennes aggrava. L'identité s'établit entre pauvres et travailleurs des champs livrés à l'exploitation des puissants ; Grégoire de Tours décrit cette situation dans son Histoire des Francs au VIe siècle ; l'hagiographie montre que la réputation de sainteté naît des bienfaits aux pauvres ; seules les aumônes aux indigents inscrits sur les " matricules " et les hôtels-Dieu ouverts par les évêques, " défenseurs des pauvres ", accordent aux malheureux les secours réclamés par les décisions réitérées des conciles.
L'ordre carolingien est éphémère. Si la pauvreté est alors moins une indigence qu'une dépendance, la protection due aux faibles par les puissants se mue en coutumes abusives et s'inverse en violence. Les calamités naturelles aggravant leur détresse, les pauvres s'attroupent à la porte des aumôneries monastiques où se font des distributions de vivres et de vêtements. Ces rassemblements préludent à d'autres mouvements, annonciateurs peut-être d'une certaine conscience collective, destinés à imposer le respect des faibles protégés par la " paix de Dieu ". Les assauts de la misère étaient durs au XIe siècle, et le rapport entre l'accroissement démographique et l'extension des défrichements demeurait assez négatif pour expliquer le manque de travail et le désarroi des " jeunes " vers 1100. Les communautés villageoises ne suffisent ni à nourrir, ni à retenir tous " leurs " pauvres. Certains rejetés ou fugitifs, rebelles ou exclus, criminels en puissance ou en acte, " déguerpissent " et grossissent la cohorte des prédicateurs populaires et des ermites (Pierre l'Ermite, Robert d'Arbrissel) : affranchis des contraintes, ils trouvent là des sortes de structures d'accueil inspirées par le revival de la confraternité charitable attribuée à la communauté apostolique de Jérusalem. Cependant, la plupart des pauvres des campagnes bénéficient d'aumônes, de legs et de petits " dispensaires " locaux fondés parfois par d'humbles gens, dont les testaments commencent à émerger de la masse des archives. Mais, déjà, à la troupe des pauvres des campagnes vient se superposer celle, complexe et trouble, des pauvres des villes renaissantes.

Les pauvres dans la ville

À son début, au XIIe siècle, le développement urbain recrute des pauvres à la campagne et, on l'a dit, la ville, à son tour, sécrète la pauvreté. Elle offre, ou plutôt les pauvres croient qu'elle offre, des possibilités d'embauche, et l'on vit, aux derniers siècles du Moyen Âge, s'organiser des marchés du travail, la place de Grève à Paris, par exemple, où les manoeuvriers, de bon matin, offraient leurs bras à la journée. Plus sûrement, aux périodes de guerre, comme la guerre de Cent Ans, la ville, à l'intérieur de ses remparts, attire les réfugiés du " plat pays ". Dans l'anonymat de leurs bas quartiers, les plus grandes cités permettent aux faillis, aux exclus, aux bâtards, prostituées, condamnés et bannis fugitifs de se refaire une vie. Tavernes, champs de foire, porches des églises, distributions d'aumônes des confréries, des " tables " ou " plats " des pauvres sont des lieux de rencontre où se nouent des solidarités horizontales spontanées, voisines et parfois génératrices de complicités. Le mouvement s'est accéléré après la peste de 1348 avec les troubles et les crises économiques des XIVe et XVe siècles. Paris en fut au temps de Villon un modèle achevé. Ainsi, la galerie des pauvres s'enrichit, si l'on peut dire, de figures nouvelles, et la terminologie qui les désigne désormais en langue vulgaire est d'une truculente variété.
Cependant auprès des visages des truands, caïmans, vagabonds, qui composent les " classes dangereuses ", on ne peut oublier les pauvres traditionnels qui " méritent l'aumône. Les voilà plus nombreux, mendiant "à grant rage de faim pour Dieu " (Gerson) : veuves sans ressources et chargées d'enfants, malades, enfants trouvés ; ce sont les " maintes misères cachées " des " pauvres honteux ", impossibles à compter, qu'un maréchal de Boucicaut, sous Charles V, s'efforçait secrètement de soulager. Que les mendiants valides ne doivent pas être condamnés en bloc pour refus de travail, c'est une découverte des villes les plus industrialisées de ce temps, telle Florence, l'insuffisance du salaire ou le chômage justifiant des secours : c'est la pauvreté laborieuse. Certains frères mendiants, dominicains et franciscains, eurent ce discernement. Professant la pauvreté absolue pour se rapprocher du Christ et voués par destination à l'apostolat urbain, les Mendiants devaient naturellement comprendre l'infortune des pauvres involontaires. Les théologiens et les canonistes du XIIe siècle leur avaient ouvert la voie ; vers 1230, le " vol " de l'indigent en extrême nécessité était légitimé. Cent ans plus tard, à Florence, la parole d'un Taddeo Dini et les aumônes des confréries (Or San Michele) affirmaient la nécessité du partage et du don personnalisé.
Pour dénombrer les pauvres et distinguer leurs catégories, les recensements fiscaux, en usage dès le XIIIe siècle dans les villes méridionales, répondent imparfaitement : leur importance numérique, de 30 à 40 p. 100 de la population, amena les autorités municipales à se saisir de ce problème d'ordre public. Les pauvres devenaient une masse disponible pour des démagogues ambitieux : on le vit partout vers 1380. Les institutions charitables étaient débordées. Sans en exclure l'Église, souvent à sa demande, les communes contrôlèrent la gestion des hôpitaux, les distributions, les déplacements des mendiants. Sans souscrire aux condamnations du pauvre par les humanistes, qui omettaient de voir en lui un homme, les franciscains de l'observance (avec Bernardin de Feltre) amenèrent les villes italiennes à instituer les monts-de-piété, dont les prêts à intérêt modique respectaient la dignité du pauvre laborieux. À une expansion économique éphémère, vers 1500 succéda une recrudescence de la pauvreté. Pour rationaliser l'assistance, on regroupa les petites maisons en hôpitaux généraux. Le foisonnement des libéralités individuelles fit place à des bureaux des pauvres ou aumônes générales, alimentés par des cotisations obligatoires. Ainsi, surtout dans les pays protestants, le sort des pauvres, passé de la charité privée au contrôle urbain et étatique, tomba dans le domaine de la " police des pauvres ".

Les pauvres dans l'État mercantiliste

Pendant les trois siècles modernes, la pauvreté paraît liée aux avatars de la démographie et de l'économie. Le chômage, les dévastations (guerres de religion, guerre de Trente Ans, Fronde), l'endettement, les saisies judiciaires, en Angleterre la substitution des pâturages aux labours ont lancé beaucoup de vagabonds sur les routes ; si la ville les accueille, elle leur propose des tâches éphémères, sans qualification, et les loge, en marge des riches, sous les combles des maisons, dans des masures sinon dans les " cours des miracles ". La morale pour beaucoup n'existe pas : absence de mariage, naissances illégitimes, abandons d'enfants ; des indigents ne connaissent des églises que le porche où ils mendient. La criminalité et l'insécurité règnent la nuit en ville et le jour sur les routes. Le banditisme est endémique en certains secteurs comme les pays méditerranéens. Des révoltes éclatent lors des disettes. La pauvreté a fourni ses troupes à la guerre des Paysans en Allemagne, à la rebeyne lyonnaise de 1529, aux révoltes anglaises de 1536 à 1780, en passant par celles de 1607 et 1630, aux " va-nu-pieds " normands, aux Bretons insurgés contre le " papier timbré ", enfin aux émeutes frumentaires du XVIIIe siècle. Les simples miséreux, inoffensifs, sont plus nombreux ; mais les " présences inquiétantes " et les " menaces obsédantes " inspiraient aux contemporains une méfiance générale. Dieu lui-même aurait difficilement reconnu les siens ! Il fallait la vertu de Pierre Fourier, de Vincent de Paul et de Louise de Marillac pour voir le Christ en ses " membres souffrants ". Pour la plupart des chrétiens, le pauvre était l'instrument du salut de son bienfaiteur, car " l'aumône éteint le péché ". Même pour les plus charitables, le pauvre, anonyme, reste, derrière le Sauveur, un être impersonnel. La réprobation de la pauvreté était formelle chez ceux qui, liant la tradition biblique et l'idéal humaniste, associaient le malheur au péché et le succès à la bénédiction divine. Les pauvres n'y auraient pas trouvé leur compte, sans le ressourcement d'une charité pérenne.
Pour tous, le sort des pauvres est un mal à soulager, surveiller, réglementer, encadrer. Éternels mineurs, les pauvres attendirent longtemps qu'on cherchât les causes de l'infortune. Considérant l'utilité sociale, le mercantilisme voit dans le seul travail la solution du paupérisme. Mendiant et vagabond sont répréhensibles ; depuis Élisabeth Ière, les lois anglaises sur les pauvres sont des modèles de répression. Les villes gagent des " chasse-coquins ". L'ordre public et un souci de rééducation postulèrent la mise au travail et le renfermement des pauvres. Partout, peut-être en Espagne dès le XVIe siècle, des chantiers préfigurent les ateliers de charité, sous le nom d'hôpital, de workhouse , de spinhuis ... ; des rafles y rabattent les vagabonds. D'autres sont envoyés aux galères.
La plupart des pauvres, exempts de ces rigueurs, végètent et bénéficient des pratiques séculaires de la charité. D'ailleurs, la " police des pauvres " n'était pas unanimement approuvée. De Vincent de Paul au milieu du XVIIe siècle à Massillon en 1705, des protestations s'élevèrent en faveur de " ceux qui sont réduits à feindre d'être malheureux ". " Ne vaut-il pas mieux donner à de faux besoins que courir le risque de refuser à des besoins véritables ? " Bossuet célébrait " l'éminente dignité du pauvre ". Vauban conseillait une justice fiscale qui soulagerait les pauvres. Jean-Baptiste de La Salle fondait des écoles pour leurs enfants.
Vers 1700, la pauvreté est objet d'enquêtes. Les dénombrements fiscaux (rôles du vingtième) révèlent, au cours du siècle, la proportion des non-imposables, donc des pauvres. Les économistes cherchent les causes de la pauvreté et sont près de l'imputer, au-delà des circonstances conjoncturelles, à l'organisation sociale. Le travail producteur reste, pour eux, la loi naturelle suprême. Le pauvre qui s'y soustrait est un délinquant ; sa pauvreté, un vice. " Au grand banquet de la nature, il n'y a pas de couvert vacant pour le pauvre " (Malthus). On prête à Voltaire d'avoir stigmatisé la charité pour son aveuglement. Au siècle des Lumières, certains n'étaient pas assez éclairés pour muer leur sensiblerie en une vraie sensibilité à toute misère. L'Encyclopédie reconnaît le droit au travail, mais traite l'aumône en pratique superstitieuse génératrice d'oisiveté. Au contraire, l'État, guidé par la philanthropie, doit organiser la bienfaisance. Le principe d'utilité marie postulats philosophiques et exigences économiques. Les pauvres doivent s'y conformer et l'État y veiller. Malgré de bonnes intentions et d'incontestables réalisations, les pauvres ont peu bénéficié du despotisme éclairé. En France, à la veille de 1789, Turgot développe les ateliers de charité et, sous la Constituante, le comité de mendicité n'innove pas.

Au temps de la révolution industrielle

En Angleterre puis sur le continent, en France d'abord, à Rouen, de nouvelles pauvretés apparaissent avec l'usine. Leurs problèmes en furent perçus au milieu du XIXe siècle. Les doctrines économistes du XVIIIe prévalaient encore. La persistance du régime électoral censitaire prouve l'" incapacité " légale des pauvres. Mais la misère ne consiste pas dans cette infériorité politique ; elle réside dans l'insuffisance de salaire par rapport à la longueur de la journée de travail, dans la précarité de l'emploi, l'insalubrité du logement, la déficience de l'hygiène, dans le désarroi moral et la dépendance. De la prolétarisation, peu prennent conscience. Les descriptions d'un Villeneuve-Bargemont, d'un Villermé, d'un Lamennais, les protestations de quelques évêques et les efforts d'un Frédéric Ozanam sont aussi lucides que sont virulentes les analyses socialistes de Proudhon et de Marx.
Au milieu du XIXe siècle cette pauvreté ouvrière restait un phénomène urbain, limité aux industries mécanisées (textile, métallurgie). Ses victimes se recrutaient dans les campagnes, où les formes ancestrales de pauvreté, liées aux caprices de la nature, sont aggravées par la concurrence des marchés. L'exode rural, sur de nouveaux chemins, engendre, par millions, un nouveau type de pauvres : les émigrants d'Europe centrale, d'Italie, d'Irlande, vers les Amériques ; leur trafic au XIXe siècle a remplacé la traite négrière du XVIIIe siècle et préludé à l'exil des " personnes déplacées " du XXe. La science quantitative fait alors la tragique découverte d'une véritable marée de pauvres, de toutes catégories et de toutes nations, dont les notions de Tiers et de Quart Monde sont l'actuelle expression. L'histoire des pauvres n'appartient pas qu'au passé.

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COQUETTERIE EN JAUNE

12273090069?profile=originalTimides le matin elles virevoltent le soir se faisant admirer comme les stars des catalogues

Soleil dans le jardin  Soleil dans les coeurs

Le pinceau garde alors un peu de cette splendeur

12273089501?profile=originalPhotos   et  Huile sur carton ( 50 x60) AA

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12273089890?profile=originalIl s'agit d'un Essai de Charles-Louis de Secondat, baron de Montesquieu (1689-1755), publié sans nom d'auteur à Amsterdam chez Desbordes en 1734. L'ouvrage, le plus célèbre de Montesquieu après les Lettres persanes et De l'esprit des lois, connut six éditions de 1734 à 1746. L'édition définitive date de 1748.

Les Considérations couronnent une constante méditation sur l'histoire romaine, ponctuée par le Discours sur Cicéron (1709?), la Dissertation sur la politique des Romains dans la religion (lue à l'académie de Bordeaux en 1716, éditée en 1799), le mémoire perdu sur la Sobriété des habitants de Rome comparée à l'intempérance des anciens Romains (1732), et poursuivie tout au long de l'Esprit des lois. Mais on n'oubliera pas que les Considérations sont contemporaines des Réflexions sur la monarchie universelle en Europe (publiées en 1891) et d'une analyse de la Constitution anglaise. Leur sens est donc autant politique qu'historique: un retour à l'Empire romain est impossible dans l'Europe moderne.


L'ouvrage va, en vingt-trois chapitres, des "commencements de Rome" au seuil de la destruction de l'Empire d'Orient: "Je n'ai pas le courage de parler des misères qui suivirent [le renforcement des Turcs sous Bajazet]: je dirai seulement que, sous les derniers empereurs, l'Empire, réduit aux faubourgs de Constantinople, finit comme le Rhin, qui n'est plus qu'un ruisseau lorsqu'il se perd dans l'Océan" (fin du dernier chapitre).

Méditation sur les causes qui menèrent une ville à l'empire du monde, et l'empire du monde à une ville, les Considérations, on le voit sur ce court extrait, sont aussi un magistral exercice de "style romain" (Voltaire), où se forge l'instrument de l'Esprit des lois.


D'Alembert a parfaitement résumé la trame des Considérations, par ce qu'il appelle "l'étude réfléchie de l'Histoire", entendons l'histoire philosophique, qui fuit l'accumulation érudite des "détails" au profit d'"un grand nombre d'objets distinctement aperçus et rapidement présentés sans fatigue pour le lecteur". "C'est sous ce point de vue qu'il faut envisager l'ouvrage de Montesquieu. Il trouve les causes de la grandeur des Romains dans l'amour de la liberté, du travail et de la patrie [...]; dans la sévérité de la discipline militaire; dans ces dissensions intestines qui donnaient du ressort aux esprits, et qui cessaient tout à coup à la vue de l'ennemi; dans cette constance après le malheur, qui ne désespérait jamais de la République; dans le principe où ils furent de ne faire jamais la paix qu'après des victoires; dans l'honneur du triomphe, sujet d'émulation pour les généraux; dans la protection qu'ils accordaient aux peuples révoltés contre leurs rois; dans l'excellente politique de laisser aux vaincus leurs dieux et leurs coutumes; dans celle de n'avoir jamais deux puissants ennemis sur les bras, et de tout souffrir de l'un jusqu'à ce qu'ils eussent anéanti l'autre.

Il trouve les causes de leur décadence dans l'agrandissement même de l'État, qui changea en guerres civiles les tumultes populaires; dans les guerres éloignées qui, forçant les citoyens à une trop longue absence, leur faisaient perdre insensiblement l'esprit républicain; dans le droit de bourgeoisie accordé à tant de nations, et qui ne fit plus du peuple romain qu'une espèce de monstre à plusieurs têtes; dans la corruption introduite par le luxe de l'Asie; dans les proscriptions de Sylla, qui avilirent l'esprit de la nation et la préparèrent à l'esclavage; dans la nécessité où les Romains se trouvèrent de souffrir des maîtres, lorsque leur liberté leur fut devenue à charge, dans l'obligation où ils furent de changer de maximes en changeant de gouvernement; dans cette suite de monstres qui régnèrent, presque sans interruption, depuis Tibère jusqu'à Nerva, et depuis Commode jusqu'à Constantin; enfin dans la translation et le partage de l'Empire, qui périt d'abord en Occident par la puissance des Barbares et qui, après avoir langui plusieurs siècles en Orient sous des empereurs imbéciles ou féroces, s'anéantit insensiblement comme ces fleuves qui disparaissent dans des sables. [...] En laissant beaucoup voir il laisse encore plus à penser, et il aurait pu intituler son livre: Histoire romaine, à l'usage des hommes d'État et des philosophes" (d'Alembert, Éloge de Montesquieu).

L'expansion romaine met donc en oeuvre la totalité d'un fonctionnement social, où les visées réfléchies se conjuguent aux effets involontaires (par exemple, l'effet paradoxalement bénéfique des dissensions intérieures). C'est évidemment sur cette notion de système social ordonné par une logique interne que reposera la construction de l'Esprit des lois. Mais l'expansionnisme de Rome, produit obligé de sa structure particulière, se renverse quasi fatalement en logique de décadence quand la conquête détruit les causes de la conquête. Rome fournit le cycle grandiose d'un parcours politique complet, de la monarchie à la république et au despotisme, où l'Histoire peut, comme le remarque d'Alembert, prendre une forme systématique, fondée en vraisemblance, sinon en vérité.

Mais l'intérêt épistémologique du système romain tient moins à sa permanence qu'à sa singularité, comme le montrent les Réflexions sur la monarchie universelle en Europe, que Montesquieu garda en portefeuille. Ce texte très court est tout à fait décisif, car il définit la spécificité de l'Histoire européenne, de l'Histoire moderne: "C'est une question qu'on peut faire si, dans l'état où est actuellement l'Europe, il peut arriver qu'un peuple y ait, comme les Romains, une supériorité constante sur les autres. Je crois qu'une pareille chose est devenue moralement impossible: en voici les raisons." Ces raisons tiennent aux nouvelles techniques militaires (armes à feu), qui équilibrent les forces des nations; au nouveau droit de la guerre, qui interdit de financer la guerre par le saccage des villes et l'esclavage des adversaires ("Aujourd'hui, les victoires ne donnent que des lauriers stériles"); à l'importance du commerce dans la puissance moderne, alors que le propre du commerce est de varier sans cesse, et donc de déplacer la puissance et de la limiter (par l'inflation); à la géographie, qui contrecarre en Europe les grands empires; à l'instabilité des politiques monarchiques; à la rapidité des communications et des informations, etc. Bref, la guerre est devenue moins décisive que les dispositions civiles (mariages, traités...), l'État moderne ne se laisse plus détruire, car on est entré dans un système d'équilibre européen.

On mesure sans peine l'intérêt d'une telle analyse pour la vision géopolitique de Montesquieu: à la coupure entre l'Europe et l'Orient se superpose une division entre Histoire antique et Histoire moderne, fondée sur une différence de civilisation.

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CONSEIL...

Dans un univers coloré

Dansent les éblouissements...

Au creux de tes rêves insensés

Sommeille l'essence de ton tourment...

A l'aube de ton renouveau

Se cache bien la fin du temps...

Et si tu trouves le monde si beau

C'est qu'il s'enfuit au firmament...

Au jour le jour va donc puiser

Un peu de vie en condensé.

Tu trouveras félicité

Avec l'envie de tout donner!

J.G.

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La rose,

Une rose désembrumée

à l'aube se déploie,

et tout le bleu du ciel boit ;

au dessus de sa silhouette claire,

un visage est penché,

cette ronde lumière

l'ensoleille toute entière.

Une rose désembrumée

à l'aube se déploie,

et de l'inanimée rosée,

s'hydrate se désaltère ;

au dessus de son cœur offert,

des yeux tout étonnés,

cette clarté solaire

la découvre toute entière.

Ainsi la voilà nue,

à midi sous le saule,

autour d'elle,

l'enfance volubile,

tourbillonne et chantonne.

La rose saoule de chants,

 de la tombée du soir s'impatiente.

NINA

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administrateur théâtres

12273088864?profile=original«  En chaque être, sommeille un livre… souffle l’éditeur de Céline Verlant qui ouvre grand la fenêtre sur le rêve. C’est Chagall qu’elle contemple, lui et sa sagesse. Puisque comme le souligne Sholom Aleichem , « La vie est un rêve pour le sage, un jeu pour le fou, une comédie pour le riche et une tragédie pour le pauvre. »

Elle nous invite à contempler l’universalité de l’œuvre de Chagall (Chagallus Universalis) dans son petit livre en forme de fenêtre, édité chez Lamiroy, illustrée d’images expressionnistes d’Yves Budin.

 

Céline Verlant est à l’écoute de toute une mythologie artistique qui s’est transmise de grand-mère à petite fille lors de nombreuses visites dans les musées dont elles raffolaient. C’est ainsi que souvent se transmet le mystère de l’émerveillement.

 

Sensible aux vibrations de couleurs concertantes du peintre, elle nous guide avec délicatesse sur les pas du peintre vers des  réalités essentielles : la beauté des fleurs, celle du bestiaire biblique ou domestique, des paysages, des astres et du ciel.  Amour et émerveillement vont sans doute de pair pour créer un univers magique unique,  protégé des fureurs du monde et du siècle, c'est le choix radical du peintre. Et Céline Verlant  partage avec Chagall une conclusion faite de ses bleus universels et intemporels. L’amour est l’évidence, l’énergie qui commande la création dans tous les sens du terme. Et l’œuvre de Chagall est pour elle un millefeuille de bonheurs recréés, qu’elle se plait à parcourir avec amour et admiration, dans une liberté de ton dynamisante.

 

 Tout en étant solidement documenté – Céline Verlant est historienne de l’art – , ce livre a la légèreté du rêve, et des personnages flottants –Luftmenschen –de l’œuvre de Chagall, maitre de la lévitation et de l'imaginaire. Quelle rencontre !

12273088258?profile=original

chagall-11108dig-l.jpgDans son évocation de l’oeuvre du peintre,  Céline Verlant propose quatre pistes (l’homme, la société, l’animal, la nature) qui se retrouvent sous forme de quatre thèmes  présents comme par magie dans une gouache « Moi et le village » (1912), conservée aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, similaire à la toile du même nom (1911) conservée elle  au Musée d’Art de New York.  L’homme ne serait-il pas à la société ce que l’animal est à la nature? 

 

Un hommage humble et émouvant. Si "pour les Juifs, le Mot est la seule patrie", Céline Verlant se sert de trois clefs, la création, l’interprétation et la transmission, pour célébrer l’hommage-anniversaire des trente ans de la mort du grand peintre. Ce livre est une merveilleuse introduction en tous cas à une autre promenade, celle que vous ferez dans la superbe exposition en cours aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique qui rassemble plus de deux cents œuvre du peintre légendaire du XXe siècle.

Marc CHAGALL

Exposition

28.02 > 28.06.2015

 http://www.fine-arts-museum.be/fr/expositions/chagall

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La Rétrospective Chagall (1908-1985) a eu plus de 300.000 visiteurs à Milan en septembre 2014 . C'est au tour des  Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique. Du 28-02-2015  au  28-06-2015.

Exposition en cours. rue de la Régence, 3   1000 Bruxelles

Plus de 200 œuvres de Marc Chagall provenant du monde entier ont été rassemblées pour cette importante rétrospective. L’exposition parcourt l’ensemble de sa carrière artistique, depuis les premières peintures en 1908 jusqu’aux dernières œuvres monumentales des années ‘80.

Si les grands thèmes chers à Chagall seront évidemment abordés, comme la culture juive, l’iconographie du village juif ou encore les traditions populaires, l’exposition se concentrera également sur sa rencontre avec la littérature du XVIIe siècle - et spécifiquement La Fontaine -, la découverte de la lumière et le traitement de la couleur. Un écho particulier sera donné à la période russe de l’artiste, au moment où son style si personnel le distingue d’un courant artistique  imprégné par la révolution cubiste.

Fidèlement retranscrit, le langage poétique original de Chagall embarque les visiteurs dans un univers époustouflant, témoin de multiples cultures et traditions. La Rétrospective Chagall (1908-1985) a eu plus de 300.000 visiteurs à Milan en septembre 2014.

Brochure (PDF) 

Organisée par les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique en partenariat avec le Palazzo reale de Milan, 24 ORE, Arthemisia Group, GAmm Giunti, cette rétrospective, placée sous le commissariat de Claudia Zevi, a été réalisée en collaboration avec Meret Meyer et Michel Draguet.

L’exposition réunira des œuvres de plus d’une vingtaine d’institutions internationales : Tate, MoMA New-York, Centre Georges Pompidou, Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, Museo Thyssen-Bornemisza, Fondation Beyeler, Fondation Maeght, Nagoya City Art Museum Japan, Musée de Saint-Pétersbourg, etc.

En Pratique :

Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique. Rue de la Régence 3 -1000 Bruxelles.

Tél : +32 0(2) 508 32 11. 

E.mail : info@fine-arts-museum.be

Site web : www.expo-chagall.be

Service de réservations

reservation@fine-arts-museum.be

Tél. 02/508.33.33

Prix :

Normal : 14,50€ en semaine, 17,50€ le week-end

Seniors (+65ans) : 12,50€ en semaine, 15,50€ le week-end

De 6 ans à 26 ans : 7,50€ en semaine, 8,50€ le week-end

http://www.levif.be/actualite/belgique/chagall-ce-poete-qui-reve-d-amour/article-normal-371661.html

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Pâques

 

12273089263?profile=original 

 Pâques arrive avec le printemps,

Quand tout est clair et tout est beau.

C'est le moment du renouveau.

À la campagne la vie éclate,

Et, à la ville, les gens sont gais.

Chacun s'en va en liberté,

Parmi les fleurs et les oiseaux.

 

 

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