« En chaque être, sommeille un livre… souffle l’éditeur de Céline Verlant qui ouvre grand la fenêtre sur le rêve. C’est Chagall qu’elle contemple, lui et sa sagesse. Puisque comme le souligne Sholom Aleichem , « La vie est un rêve pour le sage, un jeu pour le fou, une comédie pour le riche et une tragédie pour le pauvre. »
Elle nous invite à contempler l’universalité de l’œuvre de Chagall (Chagallus Universalis) dans son petit livre en forme de fenêtre, édité chez Lamiroy, illustrée d’images expressionnistes d’Yves Budin.
Céline Verlant est à l’écoute de toute une mythologie artistique qui s’est transmise de grand-mère à petite fille lors de nombreuses visites dans les musées dont elles raffolaient. C’est ainsi que souvent se transmet le mystère de l’émerveillement.
Sensible aux vibrations de couleurs concertantes du peintre, elle nous guide avec délicatesse sur les pas du peintre vers des réalités essentielles : la beauté des fleurs, celle du bestiaire biblique ou domestique, des paysages, des astres et du ciel. Amour et émerveillement vont sans doute de pair pour créer un univers magique unique, protégé des fureurs du monde et du siècle, c'est le choix radical du peintre. Et Céline Verlant partage avec Chagall une conclusion faite de ses bleus universels et intemporels. L’amour est l’évidence, l’énergie qui commande la création dans tous les sens du terme. Et l’œuvre de Chagall est pour elle un millefeuille de bonheurs recréés, qu’elle se plait à parcourir avec amour et admiration, dans une liberté de ton dynamisante.
Tout en étant solidement documenté – Céline Verlant est historienne de l’art – , ce livre a la légèreté du rêve, et des personnages flottants –Luftmenschen –de l’œuvre de Chagall, maitre de la lévitation et de l'imaginaire. Quelle rencontre !
Dans son évocation de l’oeuvre du peintre, Céline Verlant propose quatre pistes (l’homme, la société, l’animal, la nature) qui se retrouvent sous forme de quatre thèmes présents comme par magie dans une gouache « Moi et le village » (1912), conservée aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, similaire à la toile du même nom (1911) conservée elle au Musée d’Art de New York. L’homme ne serait-il pas à la société ce que l’animal est à la nature?
Un hommage humble et émouvant. Si "pour les Juifs, le Mot est la seule patrie", Céline Verlant se sert de trois clefs, la création, l’interprétation et la transmission, pour célébrer l’hommage-anniversaire des trente ans de la mort du grand peintre. Ce livre est une merveilleuse introduction en tous cas à une autre promenade, celle que vous ferez dans la superbe exposition en cours aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique qui rassemble plus de deux cents œuvre du peintre légendaire du XXe siècle.
Marc CHAGALL
Exposition
28.02 > 28.06.2015
http://www.fine-arts-museum.be/fr/expositions/chagall
La Rétrospective Chagall (1908-1985) a eu plus de 300.000 visiteurs à Milan en septembre 2014 . C'est au tour des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique. Du 28-02-2015 au 28-06-2015.
Exposition en cours. rue de la Régence, 3 1000 Bruxelles
Plus de 200 œuvres de Marc Chagall provenant du monde entier ont été rassemblées pour cette importante rétrospective. L’exposition parcourt l’ensemble de sa carrière artistique, depuis les premières peintures en 1908 jusqu’aux dernières œuvres monumentales des années ‘80.
Si les grands thèmes chers à Chagall seront évidemment abordés, comme la culture juive, l’iconographie du village juif ou encore les traditions populaires, l’exposition se concentrera également sur sa rencontre avec la littérature du XVIIe siècle - et spécifiquement La Fontaine -, la découverte de la lumière et le traitement de la couleur. Un écho particulier sera donné à la période russe de l’artiste, au moment où son style si personnel le distingue d’un courant artistique imprégné par la révolution cubiste.
Fidèlement retranscrit, le langage poétique original de Chagall embarque les visiteurs dans un univers époustouflant, témoin de multiples cultures et traditions. La Rétrospective Chagall (1908-1985) a eu plus de 300.000 visiteurs à Milan en septembre 2014.
Organisée par les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique en partenariat avec le Palazzo reale de Milan, 24 ORE, Arthemisia Group, GAmm Giunti, cette rétrospective, placée sous le commissariat de Claudia Zevi, a été réalisée en collaboration avec Meret Meyer et Michel Draguet.
L’exposition réunira des œuvres de plus d’une vingtaine d’institutions internationales : Tate, MoMA New-York, Centre Georges Pompidou, Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, Museo Thyssen-Bornemisza, Fondation Beyeler, Fondation Maeght, Nagoya City Art Museum Japan, Musée de Saint-Pétersbourg, etc.
En Pratique :
Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique. Rue de la Régence 3 -1000 Bruxelles.
Tél : +32 0(2) 508 32 11.
E.mail : info@fine-arts-museum.be
Site web : www.expo-chagall.be
Service de réservations
reservation@fine-arts-museum.be
Tél. 02/508.33.33
Prix :
Normal : 14,50€ en semaine, 17,50€ le week-end
Seniors (+65ans) : 12,50€ en semaine, 15,50€ le week-end
De 6 ans à 26 ans : 7,50€ en semaine, 8,50€ le week-end
http://www.levif.be/actualite/belgique/chagall-ce-poete-qui-reve-d-amour/article-normal-371661.html
Commentaires
A midi, l'été
(42 gouaches pour illustration du livre de Longus "Daphnis et Chloé)
[1954 / 1956]Mine graphite, gouache et encre sur papier
42 x 32 cm
Inscriptions :Non signé, non daté
Une exposition au Centre Pompidou montre comment, de 1918 à 1922, le peintre a rompu avec Malevitch et Lissitzky, tenants du suprématisme
https://www.centrepompidou.fr/cpv/resource/c7pG96e/rrEeojz
Chagall contre les gourous du carré
"A la construction habituelle des catalogues du Centre Pompidou, celui qui accompagne l'exposition Chagall, Lissitzky, Malevitch, L'Avant-Garde russe à Vitebsk, 1918-1922 (Ed. du Centre Pompidou, 288 p. 44,90 €), ajoute une trentaine de pages -modestement nommées Annexes. Elles présentent une très -instructive anthologie de textes des trois artistes et du groupe Ounovis créé par Malevitch. Si la plupart des écrits de Chagall et de Malevitch avaient déjà été traduits, ils étaient dispersés dans diverses publications. Ceux de Lissitzky et d'Ounovis le sont pour la première fois en français. On y mesure la force de conviction qui émanait de Malevitch en lisant, dans une lettre de Lissitzky, que le suprématisme lui " est apparu en tant qu'un système -planétaire possédant la force de la nature et des possibilités -absolues. J'ai aperçu un artiste qui a traversé la nature de la -peinture en direction de la nature du monde entier ". Un prophète autrement dit.
Dans l'inventaire des villes où l'histoire de l'art moderne s'est faite au XXe siècle, il est rare de trouver mentionnée Vitebsk, qui se trouve désormais en Biélorussie. Berlin, Munich, New York, Paris, mais pas Vitebsk. Une raison de cet oubli est simple : l'épisode dure peu, de 1918 à 1922, et finit mal. Une autre est qu'il ne réunit que deux protagonistes aujourd'hui célèbres : Marc Chagall (1887-1985) et Kazimir Malevitch (1879-1935). El Lissitzky (1890-1941) y a pris également une part importante, mais sa -notoriété est moindre, ce qui est regrettable.
Or, ce qui se passe à Vitebsk -durant ces cinq ans, c'est la transformation en école d'une théorie esthétique dont l'influence s'est exercée ensuite tout au long du siècle : le suprématisme. C'est aussi la manifestation à l'état pur de l'incompatibilité entre deux définitions de l'artiste et de l'art, l'une exaltant le collectif, l'autre le singulier subjectif : Malevitch contre Chagall. Et, entre eux, cet enjeu : la formation d'une génération d'artistes. Consacrer une -exposition à leur face-à-face est une excellente idée. Celle-ci est parfaitement exécutée, déroulement clair, scénographie habile et discrète, prêts rares. Il s'y vérifie que la rétrospective monographique n'est pas le seul genre d'exposition possible et qu'il est même loin d'être le plus instructif et le plus fidèle à la réalité de la vie artistique, quel que soit le lieu et quelle que soit la date.
L'histoire commence vingt ans plus tôt, quand Chagall naît à -Vitebsk en 1887. Il vient à Paris en 1911, trouve un atelier à la -Ruche, à Montparnasse, et s'intègre à l'avant-garde internationale appelée cubisme. Avec une -remarquable rapidité, il en tire ses conclusions : la perspective n'est pas intangible, l'espace se -renverse sens dessus dessous, un sujet peut être suggéré par des -allusions et des fragments au lieu d'être représenté entièrement, la couleur n'est pas assujettie à la réalité. Surgissent aussitôt des toiles de grand format et de grande étrangeté qui convainquent Apollinaire et Cendrars.
Au printemps 1914, Chagall est reconnu à Paris et à Berlin. Pour rejoindre sa fiancée et l'épouser, il part alors pour Vitebsk – et s'y trouve bloqué par la déclaration de guerre. Vient la révolution d'Octobre qui fait de lui, comme de tous les juifs de l'empire russe, un citoyen aux droits égaux à ceux de ses compatriotes. Il peut ainsi proposer en août 1919 de créer une école d'art et un musée à Vitebsk.
Prophète d'un ordre nouveau
Nommé commissaire aux beaux-arts pour la ville, il s'engage dans la réalisation de son projet, pour lequel il dispose de l'hôtel particulier d'un banquier confisqué par les autorités communistes. Les premiers -élèves s'inscrivent fin novembre, quelques jours après la célébration de l'anniversaire d'Octobre 17, dont il conçoit les décors -déployés dans les rues, qui suscitent l'enthousiasme. Il constitue une première équipe d'enseignants, venus de Moscou, dont le très intéressant Ivan Pouni, connu en France, où il émigra en 1924, sous le nom de Jean -Pougny. Malgré difficultés matérielles et querelles d'ego, l'école fonctionne.
En mai 1919, Chagall fait venir -Lazar Lissitzky, jeune artiste très engagé dans la révolution depuis 1917. En octobre, ce dernier, de passage à Moscou, invite -Malevitch à les rejoindre. Proposition logique : Malevitch est déjà la figure majeure et le théoricien du suprématisme, l'auteur du Carré noir sur fond blanc, l'inventeur d'une abstraction fondée sur la géométrie orthogonale et la couleur pure. Mais il est régulièrement attaqué par la critique. Aussi accepte-t-il l'invitation. " Un exil ", écrit-il dans une lettre, mais " de façon tout à fait inattendue des gens de Vitebsk m'ont fait sortir de la tutelle du froid et de l'obscurité qui me menaçaient ". Les protagonistes sont en place. Chagall s'efforce de faire fonctionner école et musée. -Malevitch et Lissitzky s'appliquent à diffuser le suprématisme et à rallier les élèves à leur cause.
Cause ou foi ? " Voici qu'en remplacement de l'Ancien et du -Nouveau Testament vient le -testament du suprématisme ", écrit Lissitzky en avril 1920. Malevitch, au même moment : " Je vois dans le suprématisme, dans les trois carrés et la croix, des principes qui ne sont pas seulement picturaux, mais, plus généralement, sont les principes de tout, un principe nouveau, une religion. " Et encore : " Je voudrais ensemencer un tel Temple. " Schéma trop connu : Malevitch en prophète d'un ordre nouveau, Lissitzky en meilleur disciple, les élèves en innocents à qui révéler la vérité. Pas de place pour -Chagall dans cette église.
Interdits transgressés
Celle-ci se nomme Posnovis, ce qui signifie " partisans du nouvel art ", puis Unovis, " affirmateurs du nouveau en art ". Selon eux, Chagall n'est pas assez nouveau. Pour un peu, il serait accusé d'être réactionnaire. Dans une -lettre révélée par l'exposition et qui laisse pantois, Malevitch lui propose sur un ton comminatoire de venir expliquer dans son atelier ce qu'est le cubisme – dont Chagall est l'un des protagonistes à partir de 1911… Assez vite, ce dernier lâche prise. Sa classe passe chez Malevitch fin mai 1920, et Chagall quitte Vitebsk le 5 juin pour Moscou. Fin de partie.
Dans leurs œuvres, ce qui les sépare est patent. Malevitch, -Lissitzky et leurs disciples créent selon des règles. Le tableau doit être construit par des figures géométriques – équerre et compas – qui sont occupées par des aplats de couleur sans modulation. Les éléments de base sont le cercle, le carré, le triangle, le noir, le blanc et le rouge – le rouge du drapeau de la révolution. Lissitzky y ajoute des gris et des ocres, dont -Malevitch se passe. Ces éléments sont combinés selon des schémas eux-mêmes géométriques qui se succèdent en série, selon un -modèle scientifique, expérience après expérience.
A la fin de 1919, Lissitzky commence à développer selon cette méthode ce qu'il nomme " Proun ", abréviation de " projets pour l'affirmation du nouveau en art " : des peintures qui ressemblent souvent à des architectures, assemblages de plans portés par des axes. L'exécution est minutieuse, comme celle d'un ingénieur. Le mur des Proun, dans l'exposition, a la puissance d'une démonstration logique. La proximité avec les compositions suprématistes de Malevitch est aussi flagrante, si ce n'est que le chromatisme de celles-ci est bien plus intense et les compositions -souvent structurées par une ou des croix, ce qui ne surprend pas étant donné la fréquence des références religieuses dans les écrits de Malevitch. Il cherche la forme la plus pure, qui serait celle de la transcendance. Repris par leurs élèves, ce système produit des variations si disciplinées qu'il est impossible de distinguer ce qui serait de tel ou tel, de Nikolaï Souietine ou Lazar Khidekel, par exemple.
Chagall, c'est l'inverse. Non seulement il ne croit pas à un système, mais il se plaît à les mélanger tous. Dans une composition de rectangles colorés qui pourrait être suprématiste, il fait entrer une chèvre qui passe devant une fenêtre. Donc le pan de jaune est un mur. Donc l'œuvre n'est pas abstraite, contrairement à ce que l'on croit de loin. Dans une grille à la Lissitzky, il introduit le profil d'un homme à casquette dont on ne sait s'il rit ou râle. Chagall ne prend pas au sérieux la doctrine cubiste en 1912 – pas plus que Picasso, du reste. Il ne prend pas plus au sérieux celle du suprématisme.
Par esprit de contradiction, par provocation ou peut-être parce qu'il ne peut pas faire autrement, il transgresse les interdits dont ses rivaux assomment leurs classes. En montrant des œuvres méconnues, dont son tableau N'importe où hors du monde, prodigieux d'invention, l'exposition rappelle qu'avant de devenir, après son exil hors d'URSS à Berlin en 1922 puis à Paris en 1924, le peintre facilement séduisant des fantasmagories chamarrées, Chagall a été un artiste d'une liberté absolue."
Philippe Dagen
© Le Monde
Dernière semaine !
Des NOCTURNES exceptionnelles sont ajoutées ces jeudi 25, vendredi 26, samedi 27 et dimanche 28 juin. La semaine est moins chargée que le week-end. Il est conseillé de réserver votre ticket. Bonne visite!
FLASH NEWS: L'expo Chagall vient de dépasser les 90000 visiteurs !
Je suis allée voir l'expo dimanche passé et j'ai encore toute cette beauté dans le cœur et l'esprit...
Superbe, merci pour cette belle rubrique
J'ai rencontré Céline Verlant et pu acquérir son livre
C'est un petit bijou que je recommande à tous les amoureux de Chagall.
J'ai envie d'ajouter que le rêve et l'amour sont les moteurs de l'art...
Merci encore pour cette magnifique rubrique.
Amicalement
Jacqueline
" L'art c'est l'effort inlassable d'égaler la beauté des fleurs sans jamais y arriver " Marc Chagall " Dans l'art tout est possible si à la base, il y a l'amour! "