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Printemps triste,

 

Aujourd'hui,

sombre journée de mai,

défleurie et humide,

dans le ventre automnal,

fermé au grand soleil,

mais point aux nuages faïencés .

Combien de printemps et d'été,

par des souffles d'automne,

ont-ils été maternés,

brièvement, sans chaleur ?

Combien de rosiers pourpres,

d'aubépines, de lilas,

en avril ou en mai,

ont-ils portés le gris

d'un résiduel automne ?

Il pleut encore.

 

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Résilience,

 

Vivre et traverser

un grand chagrin,

c'est un peu,

devenir papillon,

à Paris en plein hiver ;

du sombre s'accommoder,

pour en faire du bleu.

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L'histoire de la sorcière Jeanne Panne

Jeanne Panne

Jeanne était la fille de Jan de Deyster et de Cathelijne Goossen. Il n’est pas sans importance de mentionner que Jan de Deyster avait la réputation d’être un sorcier à Sint-Joris. 
Jeanne de Deyster épousa Jan Panne en 1617. Jan Panne tenait une boulangerie dans la Sinte-Mariestraat, l’actuelle Recollettenstraat. Ce fut un mariage fertile, et Jeanne mit onze enfants au monde. 
Jeanne n’était pas illettrée. Elle était une commerçante roublarde qui ne considérait pas la fraude de l’impôt sur le blé comme un grand délit.
Son mari décéda lorsqu’elle avait une bonne cinquantaine d’années. Elle perdit dix enfants, tous décédés de mort naturelle. En 1650, seul Joorkin était encore en vie. La nature ne l’avait pas gâtée. Elle avait des taches de naissance aux tempes, son corps présentait des traces d’abcès et elle avait “une tache rouge et ronde” sous son sourcil droit. 
En 1648, Jeanne Panne était sur le point de se remarier avec Frans de la Banst de Pervijze. La publication du mariage avait déjà eu lieu et les tourtereaux fêtaient l’événement à la lueur des bougies. Mais soudain, Jeanne se leva et, sans dire un mot, se rendit en pleine obscurité au magasin où elle resta un court moment. Elle revint ensuite dans la pièce en balbutiant et dit à son fiancé que l’esprit de son mari décédé la rendrait muette si elle se remariait. Le mariage n’eut pas lieu. 
Ce furent sans aucun doute Jan Jacobs et la mère de Ryckewaert Schroo qui accusèrent Jeanne Panne d’être une sorcière. Tant Ryckewaert Schroo que la fille de Jan (tous deux malades) décédèrent à la suite d’une visite de Jeanne.
Après son arrestation, elle fut condamnée à la torture par le bourgmestre et les échevins le 10 mai 1650. Avant de devoir porter le carcan le 12 mai, elle fut examinée par un certain Mr. Andries “exploicteur criminele der stede Brugge” (“inspecteur criminel de la ville de Bruges”) qui découvrit sous son sourcil droit une tache ronde qui s’avéra être insensible aux piqûres d’épingles qu’il lui infligeait. Le stigma diabolicum, la preuve que Jeanne Panne avait lié un pacte avec le diable, avait été trouvé. Après une dernière tentative pour exorciser le diable, Jeanne Panne a été mise au carcan le soir à 11h. 
Lorsqu’elle eut juré sur la Sainte Croix de renier le diable et imploré la miséricorde divine, Jeanne Panne a été libérée du carcan le 13 mai 1650. Le 14 mai, elle a confirmé ses aveux “libre ende buuten torture” (“libre et hors torture”). Le même jour, elle fut condamnée au bûcher. Le jugement a été exécuté le 16 mai 1650. Le procès eut lieu aux frais de la condamnée et ses biens furent confisqués.

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Le retour de Golem

 

 

 

Je me souviens du film dans lequel jouait Harry Baur. C’était en 1932, j’avais quatre ans. Depuis j’ai appris que ce n’était pas Harry Baur qui tenait le rôle du Golem, ce monstre né de l’argile pour défendre le peuple juif.

Harry Baur, je l’ai revu 10 ans plus tard. En juin 1942, à la gare de Lyon à Paris. Il m’a regardé avec une intensité presque physique. J’ignore ce qu’ont pu se dire au travers de leur regard cet homme désespéré et l’enfant qui le matin même avait fui son pays. C’est ce jour-là que j’ai pris conscience que je serais comédien.

Il était retenu par le bras par deux hommes en manteaux  de cuir, le chapeau droit sur la tête, des agents de la Gestapo qui l’entraînaient alors qu’il continuait de fixer le jeune garçon fasciné que j’étais.

-Viens. Viens vite.

C’était mon père.

Le temps a passé. Et voici que le vent de la haine se lève à nouveau.

- Il faut réveiller le Golem. De la terre dans laquelle on enterre les morts, avec la même glaise un nouveau Golem sera crée. Il sauvera le peuple juif aujourd’hui comme il l’a sauvé dans le passé.

Mon ami Michel aimait les formules amphigouriques.

Moi j’éprouvais une étrange sensation. Une nuit,  après le théâtre, j’avais dîné comme je le faisais souvent dans une brasserie proche, j’avais bu du vin, un peu trop peut-être, j’ai su que c’est moi qui avais été désigné. Je ne me suis endormi que très tard.

Je venais d’avoir 64 ans, je ne montais plus sur la scène que pour montrer à d’autres comment je voulais qu’ils s’expriment. Je leur montrais l’attitude du corps, le geste, et les traits du visage. Et la voix, surtout la voix, le rythme de la voix. Cette façon de dire qui n’est pas celle qu’on utilise dans la vie réelle.

La phrase et la ponctuation qui est la respiration du texte, plus que l’action, est le moteur de la pièce.

Tout le monde prononce les mêmes mots. Tous les auteurs racontent la même histoire sans cesse recommencée que La Bible, en premier, a  racontée. Mais la phrase de l’un n’est pas celle d’un autre. Ne serait-ce que la virgule dans le corps d’une phrase, et la pièce se termine en chef d’œuvre ou en four.

Le Golem auquel je pensais n’était pas un personnage de théâtre. C’était un personnage réel qui avait l’apparence d’un personnage de théâtre. Il serait double. Ne verraient son visage que ceux qui subiraient sa loi. Ils ne le verraient qu’une seule fois. A la dernière seconde de leur vie.

Son rôle serait d’être le poing du peuple juif. Vivre ou périr, c’est la loi de la vie.

Comme au théâtre cependant, le Golem renaîtrait chaque soir jusqu’à ce qu’il soit rendu à la glaise parce que la paix aura été rendue aux hommes de bonne volonté.

Le lendemain, j’en ai parlé à Cécile. Cécile avait été ma femme durant 20 ans, nous étions séparés depuis 10. Peut être que nous nous remarierons dans 10 ans, il y a des couples qui fonctionnent par cycles.

Je ne me souviens plus du motif de notre séparation. En revanche, je me souviens de plus en plus souvent de ce qui m’avait plu en elle au point que j’aurais été prêt à n’importe quoi pour l’épouser et la mettre dans mon lit. On appelle ça la passion. Je me demande à quoi on pense quand on parle de la passion du Christ. Je ne me moque pas. La mort devrait être l’aboutissement de chaque passion. C’est trop dur, après.

Cécile écrivait les pièces que je montais, j’étais trop exalté pour écrire. Ma main était incapable de suivre ma pensée. Cécile, au travers de l’incohérence de ma pensée, en saisissait la trame, la mettait en forme, et le texte s’exprimait sans qu’on dut en changer un seul mot.

Au début de notre mariage je lui faisais souvent l’amour après qu’elle ait écrit. Quelle que soit l’heure.  Habillés ou non. Dans la fièvre. J’y mettais la rage qu’on éprouve lorsqu’on se venge. Et j’avais le sentiment que l’auteur de la pièce, c’était moi.

- Jamais, je n’ai joui aussi fort.

 Ces jours-là, à table, elle me regardait manger et veillait à ce que mon verre ne soit jamais vide.

Il m’arrivait de la tromper parce que je voulais me détacher d’elle. Mais aucune autre ne m’étreignait le ventre comme la silhouette de Cécile lorsqu’elle me tournait le dos.

Je lui ai parlé du Golem.

- Le personnage, soit. Mais comment frappe-t-il ces crapules sans se faire prendre tout en se désignant ? Je ne vois pas la scène.

- Gorki, tu te souviens ? Brecht, les mendiants professionnels ? Hugo, Shakespeare, et d’autres. La lie de la société donne une représentation d’elle-même qu’aucune autre catégorie humaine n’est à même d’égaler. Et que faisons-nous tous les soirs sinon montrer ce que nous sommes ?

- Peux être que tu as raison. Tu le sais, je crains les bons sentiments au théâtre. Ils sont fort applaudis, et la pièce est vite oubliée.

Deux jours plus tard, la presse relatait que dans une banlieue de la capitale, on avait trouvé les corps étranglés de deux caïds suspectés d’avoir détruit des stèles juives, et d’avoir battu un rabbin, presqu’à mort, à proximité de sa synagogue.

On ignorait qui en était l’auteur. Même dans le quartier, personne n’avait eu envie d’en parler. Un policier, pour la forme probablement, avait noté sur un procès-verbal qu’un vieillard qui avait l’habitude de regarder la rue du haut de sa fenêtre du sixième étage, avait vu, lui semblait-il, un homme trapu, les bras ballants, marcher comme un automate.

Le policier avait écrit que la description était confuse, le vieillard était à moitié saoul, l’heure était imprécise. En tout cas, il ne ressemblait à personne de connu dans le quartier. Il n’avait pas ajouté que ça faisait deux crapules de moins.

Le lendemain, pour la première fois depuis longtemps, j’avais dormi jusqu’à dix heures du matin. Puis, j’ai cherché sur internet des photos d’Harry Baur. Je pensais que ça aiderait Cécile à peindre son personnage.

Lorsqu’il est mort, il était âgé de soixante trois ans. J’en avais soixante quatre, je sentais son personnage davantage que je n’en avais jamais senti d’autres que j’avais incarnés. Mais c’est vrai qu’un comédien dit toujours la même chose lorsque, pour la première fois, un personnage prend possession de lui.

Je voulais être le Golem, je voulais être Harry Baur. Je voulais dominer ce public qu’on devine sans le voir. Ah, la jouissance que je ressentais lorsque je jouais. Cette rumeur qui monte de la salle est faite, malgré le silence de chacun d’entre eux, de la respiration de tous les spectateurs. Certains soirs, cette rumeur me faisait frissonner. Je sortais de scène vidé mais heureux. J’avais bien joué, je le savais.

Je m’étais exalté devant Cécile qui griffonnait sur un carnet. Parfois elle ne traçait qu’un trait, ou la forme d’un visage qu’elle noircissait ensuite, ou mettait quelques mots qu’elle seule et Dieu étaient à même de relire, je lui en avais souvent fait la remarque.

Cécile avait un compagnon, et elle en changeait souvent. C’était la cause de son indifférence à mon égard. Elles sont nombreuses, les femmes qui raisonnent avec leur ventre. Un jour, elle se trainerait à mes pieds pour que je consente à lui faire l’amour à nouveau.

- Tu vois ce que je veux dire ?

C’était le lendemain du jour où la police avait découvert dans une décharge un cadavre enroulé d’un drap marqué d’une croix gammée. Là encore, il n’y avait eu chez une fille qui se promenait la nuit qu’une description confuse. La silhouette d’un homme trapu qui marchait lentement, les bras ballants.

- On aurait dit : un robot.

Il s’agissait du Golem, je le savais. Le temps d’aujourd’hui et celui du passé pouvaient être le même.

Cécile avait revêtu ce qu’elle appelait son bleu de travail. Un cache-poussière gris de deux tailles plus ample que nécessaire. Au début, c’était une façon de manifester qu’écrire était un travail d’artisan. Ecrire chaque jour, ne serait-ce qu’une page, quelques lignes même. Mais tous les jours. Comme l’ouvrier qui se rend chaque jour devant son établi.

C’était devenu un rite. Lorsque nous étions de jeunes mariés, son tablier était blanc et serré, pareil à celui des infirmières qui le portent à même le corps.

- J’ai le sentiment que tu es en train de monter deux pièces dans la pièce. Je ne vois pas encore l’articulation qui les relierait. C’est toi auparavant qui exigeait des auteurs de s’en tenir à l’unité d’action, qu’elle soit apparente ou non.

- Je t’ai dit que tu étais belle ?

- Rentre chez toi, Pierre. Et réfléchis à ce que je t’ai dit.

Je suis rentré chez moi. Ce studio que je baptisais avec un sourire de dérision de garçonnière parce que des filles, avant de se mettre au lit, disaient :

- C’est gentil, chez toi.

Et pourquoi pas deux pièces jouées simultanément ? Sur la même scène. Avec les mêmes comédiens. Chaque spectateur verrait la pièce qu’il veut voir.

La première scène se passerait en Tchécoslovaquie dans la cave du rabbin qui avait modelé le Golem. Je ferais le rabbin. Puis, je ferais le Golem recrée.

Le décor était encore flou. Quant aux comédiens, je pensais à l’un d’entre eux en particulier, un certain Thierry que le théâtre saoulait, l’un porterait une veste d’officier nazi et un autre un long manteau de cuir. A notre époque. Dès lors la tragédie irait de soi.

Cécile paraissait incrédule. Moi, j’usais d’une certaine emphase pour donner plus de poids à l’histoire que je lui déclamais. J’avais retrouvé l’énergie de mes débuts, quand je subjuguais les filles qui ne savaient plus qui elles désiraient, l’homme ou le comédien. Etre visible, quel puissant aphrodisiaque ! Je me sentais investi.

Un soir, nous avions travaillé assez tard, je lui ai dis que je n’avais pas envie de rentrer chez moi.

- Je suppose que ça ne t’ennuies pas que je passe la nuit ici ?

- Dans mon lit ? Il ne faut pas, Pierre. Nous allons gâcher quelque chose.

Elle me poussa vers la porte. Dehors, je me suis dis que j’avais eu tort de ne pas insister. J’aurais dû la brusquer. Elle avait hésité. Les femmes aiment les vainqueurs.

Un mois plus tard, la pièce était écrite, les rôles distribués, et le jour de la générale était fixé. Mais Cécile était éloignée de moi tout autant que la première fois que je lui avais parlé du Golem. Alors que moi, étrange phénomène, j’étais de plus en plus obsédé par l’envie de redécouvrir ce corps que je connaissais.

Je me souviens d’un temps où j’affirmais qu’à choisir entre un tableau de Rembrandt et la plus jolie des filles, s’il fallait que l’un ou l’autre disparaisse, être humain ou non, c’est la fille que je sacrifierais. Aujourd’hui, je sais que c’est faux.

La pièce serait un succès, je le sentais au travers de chacune des parcelles de mon corps. A nouveau, je serais l’homme qu’on admire, et Cécile me désirera à nouveau. Les faims de l’âme ou de l’esprit, c’est le corps qui les apaise.

A la fin de la dernière répétition, je l’avais prise à part.

- Demain soir, tu seras à moi à nouveau. Dans l’Antiquité, les vainqueurs avaient droit au triomphe. Tu seras mon triomphe à moi.

- Tu parles comme on parlait dans la porteuse de pain. Je croise les doigts pour toi.

Ce fut un four. Des spectateurs avaient quitté la salle discrètement. Les applaudissements de courtoisie retentissaient d’autant plus forts que l’acoustique de la salle faisait de chacun d’entre eux l’écho parfait de l’autre. Le battement d’ailes d’un seul papillon pouvait, parait-il, provoquer un séisme à l’autre bout de la planète. Du four d’aujourd’hui pouvait naitre le succès de demain. L’histoire du théâtre est pleine de ces métamorphoses. Peut-être. Mais que pensait ce seul et unique papillon qu’on écrase entre les doigts ? J’aurais voulu mourir.

Je suis sorti dans la rue. Je retenais à peine mes larmes. Cécile est sortie à son tour. Je suppose qu’elle me cherchait, elle est venue vers moi dès qu’elle m’a vue. Je n’ai pas pu les retenir. A quoi bon, d’ailleurs ! Les larmes coulaient sur mes joues.

Elle a entouré mes épaules. Elle s’est serrée contre moi.

- Ne pleure pas. Viens.

Nous avons passé la nuit chez elle. Les femmes aiment les combattants qui, le soir d’une bataille perdue, viennent chez elles, et y déposent leur armure.

 

 

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Dans mes songes sans aurore

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Ta force et majesté se profilent dans l'espace et l'or
de la chaude lumière ceigne l'envergure
de tes ailes éployées au vent.
Calme et pur, tu te découvres dans un cri,
et ton ombre planante se balance sur les pages
où tremble la solitude de mes larmes d'argent.
Oiseau du Dieu du ciel et des airs, toi qui portes un foudre
entre tes serres, que mon corps soit la proie de la grâce
de ton vol, et m'élève jusqu'au désert de tes cieux irisés.
Ô gardien de l'arbre de la connaissance,
fouette la mousse nacrée de l'air en silence,
révèle-moi ta puissance dans mes songes sans aurore,
et soustrait mon âme avant qu'elle ne s'évapore
aux confins de l'azur dentelé.


Nom d'auteur Sonia Gallet
recueil © 2014.

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Ecriture intuitive

Aimé, mon que j’aime, dans l'idée d’une belle histoire, à la source de mes espoirs, à la cime de mes émois, au pied de la fontaine d’amour, qui coule au jour le jour, chaque instant qui passe, je pense à toi, sans s’arrêter l’une après l’autre les secondes qui comptent les battements de mon cœur, ta présence me comble de bonheur, et le vent qui souffle, mon charmant, s’essouffle lentement d’impatience de te prendre dans mes bras pour t’aimer sans effort et te serrer fort au creux de mes rêves et pour l’éternité, qui jamais ne finit, qui respire et qui grandit petit à petit, dessiné comme un chemin qui trace la vie et le hasard qui croise ton regard à chaque mot que j’écris, pour te parler, pour inspirer ta présence, pour te conduire ici à me lire, à me croire, pour chanter la vie et la confiance et la gloire, aux couleurs du soir qui vient nous bercer de la mélodie des anges, le temps passe et rien ne change et rien n’efface mon sourire et rien ne laisse venir la tristesse, rien ne blesse la tendresse que j’ai déjà pour toi sans te connaître, je sais déjà que va naitre la magie et le lien qui nous unit est tissé de sagesse et de simplicité, comme la flamme de la bougie qui scintille pour nous éclairer et l’évidence de notre belle rencontre qui pétille déjà de lumière éternelle

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Les pensées et opuscules de Pascal

 

Lycéenne, j'aimais Pascal,

Tout autant que les romantiques.

J'admirais son esprit critique,

Son art de dire, peu banal.

Je savais de lui ses pensées

Les plus connues, paraissant sages,

Qu'il illustrait parfois d'images

Et voulait toujours nuancées.

Depuis le temps de ma jeunesse,

Tant de choses se sont passées!

Nombreuses m'ont bouleversée

Mais d'autres comblée de tendresse.

J'existe en étant d'un autre âge.

Or en relisant les Pensées,

Avec émoi, intéressée,

J'y découvris un bel un hommage.

Pascal révèle qu'il admire

Le peuple juif, qui eut des lois

Et garde une suprême foi.

Or qui d'autre eut osé le dire?

Partout, progressaient la torture,

La haine et les atrocités.

Ô ces infernales cités!

La honte les cernant perdure.

27 mai 2014

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La musique de Django.

   

Il était près de minuit. Rares étaient les fenêtres au travers desquelles on pouvait distinguer de la lumière. A cette heure-ci, la plupart des habitants dormaient.

Le sol était luisant, il avait plu toute l’après-midi. Les reflets de la lune au fur et à mesure que j’avançais, se trouvaient toujours devant moi. Peut-être qu’ils me guidaient. Je crois que j’étais ivre.

Au bout de la chaussée, à proximité d’une usine, il y avait un café, le Trombone, dont l’arrière-salle servait de local pour des réunions politiques ou bien de salle de spectacle pour applaudir des artistes de passage, des musiciens généralement, de ceux dont les noms ne s’affichaient pas encore en grand sur les affiches ou qui ne s’y affichaient plus.

Ce soir là, c’était Django qui se produisait. Le grand Django et quelques musiciens. Il avait fait halte dans la ville parce qu’un de ses musiciens y avait des amis, et il avait accepté de jouer devant un parterre d’amateurs sans protocole particulier, un verre de bière à proximité de sa guitare. Le lendemain, il avait un gala à Bruxelles, plus académique sans doute.

Durant l’après-midi, Elisabeth était venue rendre visite à Claire. C’est elle qui lui avait dit que Django jouerait ce soir pour ses amis.

Claire avait demandé :

- Tu crois que je peux venir ?

- Je connais son batteur. Je l’ai rencontré quand je travaillais à Paris. C’est un homme vraiment beau. Avec quelque chose de méchant dans le regard. Il te plaira, tu verras.

Elle se tourna vers moi.

- J’espère que tu n’es pas jaloux ? D’ailleurs, je veillerai sur elle comme si c’était ma fille.

Je n’aimais pas Elisabeth. Au début, j’avais éprouvé de la compassion pour elle et du mépris pour son mari. Il la trompait avec sa secrétaire depuis plus d’une année et ne s’était réconciliée avec sa femme que lorsque sa secrétaire s’était mariée, et avait trouvé du travail dans un département public qu’il ne supervisait pas.

Depuis, avec le scepticisme des femmes jalouses, Elisabeth mettait en doute l’amour et jusqu’à la simple amitié.  

C’était à l’époque où Claire et moi étions sur le point de nous quitter. Elle avait peur de mon instabilité. Elle avait dit :

- C’est mieux pour tous les deux.

Je répétais : c’est mieux, mais j’avais la poitrine serrée. J’avais besoin d’elle. Rien que d’être proche d’elle, j’avais besoin de la  serrer contre moi.

L’après-midi touchait à sa fin lorsqu’Elisabeth se leva pour partir. Je suis parti à mon tour.  

J’éprouvais une sensation étrange. Cette ville dont je connaissais chaque rue m’était devenue étrangère. Elle m’était hostile comme l’étaient les villes qui hantaient mes cauchemars. Je la connaissais, je savais comment me rendre à tel ou tel autre endroit mais je n’y parvenais jamais, et je me réveillais soulagé mais trempé de sueur. Les maisons, les voitures, même les gens que je croisais avaient une densité que je n’avais jamais remarquée, jamais ressentie.

Je me suis attablé dans un café pratiquement vide, et j’ai bu de l’alcool. Le soir était tombé quand j’ai décidé d’aller écouter Django, j’ai toujours aimé sa musique. Sa musique était âpre, c’est le mot qui me venait à l’esprit, et j’avais besoin de cette âpreté qui bouscule les existences trop lisses et vous noue l’estomac. Je priais pour qu’il pleuve. A verse.  

Il était près de minuit lorsque je suis arrivé au Trombone. Django était attablé, entouré de quelques amateurs qui lui parlaient en riant comme s’ils étaient des amis de toujours. Lui, la guitare sur les genoux, au lieu de répondre, grattait quelques mesures. Tout le monde avait l’air d’avoir bu.

- Bernard !

Philippe me faisait des signes de la main. Il avait le regard trouble des ivrognes. Sa femme l’avait quitté le mois dernier. Il ne comprenait pas pourquoi. Il avait une situation en vue qui en faisait un homme respecté. Et bel homme, à ce que disaient les femmes que leur couple fréquentait.

Lucie l’avait quitté au bout de sept ans de mariage. Sept ans, c’est une période critique, lui avait-on dit pour le consoler, mais ça ne l’avait pas consolé.

J’avais envie de rire. Les hommes que leurs femmes ont quittés se regroupent souvent dans les mêmes endroits sans qu’ils l’aient expressément  recherché. Les femmes que leurs maris ont abandonnées, se regroupent-elles instinctivement dans des endroits dédiés ? C’était une réflexion idiote.

- Il y a longtemps que tu es là ?

- Depuis, le début. J’aime beaucoup Django, j’aime beaucoup le Jazz. Je ne sais plus qui m’en a parlé.

- Moi, c’est Elisabeth qui m’en a parlé. Elle connaît son batteur, elle l’a rencontré à Paris. Un homme auquel aucune femme ne résiste, je suis curieux de le voir.

- Il est parti, d’ailleurs c’est Elisabeth qui est venue le chercher. D’abord, il a fait non de la tête. Je les voyais bien, j’étais au premier rang. Puis il a fait un signe à Django, et ils sont sortis. Puis elle est revenue, elle était seule. Au bout d’un moment, elle m’a fait un geste de la main, et elle est partie à son tour. Et toi ? Tu es seul ? Et Claire ?

Je n’ai pas répondu. J’aurais du lui dire que Claire était venue avec Elisabeth. Elisabeth était entrée seule, elle avait parlé au batteur, il avait dit : non, puis il l’avait suivie, et il n’était pas revenu. C’était criant de vérité, c’est Claire qui l’attendait dehors. Elle était sensible à ces aventures d’une nuit qui excitent l’imagination autant que les sens. Il lui arrivait de me dire lorsque nous étions dans un endroit public, un musée, une église même :

- Viens, rentrons, j’ai les sangs tout remués.

Nous rentrions au plus vite parce qu’elle avait le visage livide.

J’ai quitté le Trombone sans me préoccuper de la pluie qui tombait de plus en plus fort. Je voulais qu’elle me voie quand elle sortirait de l’hôtel quitte à l’attendre toute la nuit. Je ne savais pas ce que je lui dirais mais je savais qu’il fallait que je lui parle.

A proximité de l’hôtel, celui où descendent les personnalités de passage, j’ai vu la voiture de Claire.  Ce n’était pas la première fois qu’elle garait sa voiture à cet endroit, elle habitait un peu plus loin. Mais j’ai pensé à ce qu’avait dit Philippe, à ce que j’en avais déduit, c’était aussi clair que si j’avais assisté à la scène de séduction à laquelle elle avait dû s’être livrée.

Je n’ai pas osé entrer dans l’hôtel à cette heure-là. J’ai été tenté de le faire, mais j’ai eu peur du scandale que cela aurait provoqué. Soit, ai-je pensé, je l’attendrai en face de l’hôtel, je ne pourrai pas la manquer. Toute la nuit. Même s’il continuait à pleuvoir.  Et j’ai attendu toute la nuit.

Il devait être sept heures du matin lorsqu’une grosse voiture est sortie du garage. Une voiture américaine immense comme les affectionnaient les musiciens de l’époque. Une Cadillac rose avec des fleurs peintes sur les portières. Ils étaient cinq qui sortirent de l’hôtel avec leurs instruments serrés dans une housse. Quand ils ouvrirent le coffre, la batterie s’y trouvait déjà. Le batteur, un grand gaillard moustachu la repoussa au fond du coffre. C’est à la douceur avec laquelle il poussa son instrument que j’ai deviné qu’il était le batteur. Mis à part les cinq musiciens, personne d’autre ne sortit de l’hôtel. Personne !

J’ai attendu qu’ils soient tous partis. Je me suis dirigé vers la maison de Claire. Je priais pour qu’elle n’y soit pas. Je ne pouvais pas avoir passé toute la nuit dehors, le cœur serré, empli de haine, heureux de souffrir, uniquement parce que je me serais trompé ? J’ai sonné. Très vite la porte s’est ouverte. Elle était devant moi en robe de chambre.

- J’étais folle d’inquiétude. Mon dieu, mais tu tiens à peine debout. Tu es glacé. Où as-tu passé la nuit ?

Elle m’a déshabillé, elle m’a mis au lit, et elle s’est étendue auprès de moi.

C’est la dernière fois que nous passions la nuit ensemble.

 

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L'île de Sein

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Inspirée d' une photo de Raymond Martin

Sur L'île de Sein

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Une aquarelle d'Adyne Gohy

En concordance avec une poésie

de Raymond Martin

Suite en Ré des Pics

Peindre avec le verbe, l'encre est vigoureuse,

 Page froissée, feuille jaunie aux lignes raturées,

Plume d'espoirs inassouvis au sein de la strophe rêveuse,

Accrochée à la rime embaumée d'un éternel été.

 

Le frêle esquif, attentif à l'anneau amarré,

 Frémit dans l'espoir d'une aventure prochaine.

Froide rectitude du recteur de l'Ile de Sein désœuvré,

 Troublé et incertain, face à l'appel de la sirène.

 

Ré, Sein, quels sont les mots pour décrire à souhait ces perles,

 Océaniques aux beautés profondes, désirées et antiques,

Raides face au vent vengeur et à l'onde qui déferle,

Telle une armée puissante au glaive machiavélique.

 

 

Ré, note de musique lignée à la portée d'un Do,

Résonance de l'accord mineur du clavier de la mer,

Sein, habitée de korrigans, ludiques lutins protecteurs des bateaux,

Seins, exaltés aux caresses amoureuses des baisers volontaires.

 

Pics élevés en harmoniques, de l'Armorique émeraude,

Silence de la mer calmée, jeux des guifettes grivoises,

Sur les rochers acérés que le sel érode.

Et le souffle divin, envoûtant, s'étendit sur la mer d'Iroise.

Partenariat Arts 
12272797098?profile=originalLettres

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Au ralenti dans le silence

 

Je reste en éveil au repos,

Face aux tulipes qui pâlissent,

Au grand hibiscus en son pot.

Pas le moindre souffle ne glisse.

Silence et immobilité!

La stagnation semble parfaite

Et pourtant, en réalité,

Tout change comme dans ma tête.

L'énergie subrepticement,

Agit en cet instant tranquille.

Je m'entends penser lentement,

Méditer est souvent utile.

Pendant que mon regard se pose,

Sur un arbuste ou une fleur,

Je capte des mots qui s'imposent:

Harmonie, essence, couleur.

Mon odorat ne capte rien.

Le soleil assèche sans doute.

En ces jours devenus anciens,

Des parfums flottaient sur les routes.

La nuit tombée, à la fraîcheur,

Des cèdres et des feuilles de menthe,

Mêlées, sortiront des senteurs.

M'y exposer, souvent, me tente.

N'ayant pas l'envie de bouger,

De rien poser sur la balance,

Sereinement, suis à songer,

Au ralenti, dans le silence.

24 mai 2014.

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Mon nouveau choix

 

J'ai sans cesse acheté des livres,

Qu'en diagonale, je lisais.

J'avais tant de choses à vivre,

Des défis qui se proposaient.

Je me disais: à ma retraite,

Je pourrai les lire à loisir,

Avec une attention parfaite

Et certainement du plaisir.

Sur de multiples étagères,

Les ouvrages que j'ai classés,

En français, ou langue étagère,

Bien protégés sont entassés.

Je continue certes à chérir

Mon considérable héritage.

Je me complais à l'enrichir

Or, il ne me rend pas plus sage.

Me voilà libre de mes choix

Mais à nouveau le temps me presse.

L'important a changé pour moi;

Je m'abandonne à la tendresse.

26 mai 2014

 

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Lumière dans la Nuit des églises
Lausanne 24 mai 2014

Une conscience aiguë éveillée en Dieu dans un monde en rupture d’humanité. Une jeune femme juive au seuil de la mort vit d'une vie intérieure intense et moderne pour nos consciences d'aujourd'hui sa quête spirituelle avec une rigueur exigeante.
- Bouleversant de profondeur et d'authenticité. Etty était parmi nous par la ressemblance de l’actrice Anouk Juriens mais surtout de par le vécu du texte si bien porté de l'intérieur.

Tandis qu'à Bruxelles la bêtise destructive se déchainait, à Lausanne, c'était une consolation de voir jaillir la lumière de l'Esprit au milieu de la nuit. Un esprit qui s'éveille, vit et s’abandonne en Dieu peut éclairer des milliers d'hommes à la ronde et longtemps, très longtemps derrière lui comme un phare qui éclaire la direction du salut.

Hommage aussi à tous les défunts stellaires de nos familles éprouvées par la Shoah, qu'ils vivent pour l'éternité dans l'amour et la paix de Dieu.

 

Etty Hillesum

Mémoires juives

Etty Hillesum, jeune femme juive, est décédée dans le camp de concentration d’Auschwitz. Elle laisse un journal intime. Cent ans après sa naissance, deux comédiens et un flûtiste vous plongent dans « Une vie bouleversée ». Un spectacle méditatif en sept stations pour donner vie à un cheminement spirituel, avec la comédienne Anouk Juriens.

  • L’esprit saint, pl. Saint-François, Lausanne. A 20 h, 20 h 45, 21 h 30, 22 h 15 et 23 h.

Les écrits d'Etty Hillesum

Une écriture incisive et lucide, un amour de la vie incroyable... Le journal et les lettres d'Etty empoignent les passions à bras-le-corps

Etty Hillesum avait le projet de devenir écrivain. Elle considérait parfois son journal comme un travail préparatoire pour un roman. Ce journal et ses lettres sont devenus son œuvre. Elle y fait preuve d’une lucidité sans faille sur elle-même, sur les autres, sur les événements… Et ce qui aurait pu verser dans la complaisance narcissique est traversé par un humour tenace et une humilité remarquable.

En la lisant, on n’oublie jamais qu’Etty est juive, ni qu’elle se veut totalement solidaire de son peuple. Certes, elle n’évoque pas la synagogue et son parcours est résolument singulier. Il croise les évangiles, Paul, Augustin… Mais on aurait tort de vouloir en faire une chrétienne "clandestine". Avant de s’extasier sur ses pages les plus sublimes, il faut la suivre dans son long cheminement et entendre que l’expérience de la foi ne fait pas l’économie des tourments, des passions, mais au contraire demande qu’on les empoigne à bras-le-corps. Etty Hillesum n’est pas une « sainte nitouche », mais une femme qui a pris le risque d’aimer en plein vent, certaine que la force de l’amour serait chemin de vérité.

C’est pourquoi, tout au long de son journal, elle qui a ouvert grand ses bras et son cœur répète qu’elle reçoit plus largement encore. Elle ne cesse de rendre grâce pour la vie dont elle affirme qu’elle est " dans sa profondeur insaisissable, étonnamment bonne", même si la sauvagerie fait rage tout autour. Et sa gratitude la pousse à vouloir donner plus encore : "Toi qui m’as tant enrichie, Dieu, permets-moi aussi de donner à pleines mains", écrit-elle. Comme si elle avait engagé avec Dieu une course à l’amour !

 La quasi-intégralité des écrits d’Etty Hillesum a été publiée en français (dix des onze cahiers ont été conservés, le septième n’ayant jamais été retrouvé) : Les écrits d’Etty Hillesum, Journaux et lettres, Seuil, « Opus », 2008. Ils sont accompagnés de quelques lettres qui lui ont été adressées par ses amis ou sa famille, ainsi que de quelques autres la concernant.

Jean-François Bouthors, éditeur et écrivain, mars 2009

 

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Philosophia Perennis

L'Esprit et la raison

Le Permanent est supérieur au périssable,

La constance au changement

Et l'Eternel au temporel;

L'Esprit est la Cause de la matière

Et la raison sa perte.

De Cause à effet

La Cause est permanente

Et l'effet transitoire

Et exister, c'est se

Tenir hors de sa cause

Car nécessairement

L'action fait disparaître

Et oublier la Cause.

Charitas

Ordre et mesure en tête, être sa propre loi;

Charitable rigueur rend justice pléniére

Et réajuste l'ordre humain au divin Ordre

Car le Juste est sans loi, hormis la Charité.

Orélien des SOURCES.

( écrit sous le pseudo: ANONA )

Tiré de mon livre: " La Poétique de l'En-Soi " - épuisé -

 

 

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Au bout du silence........

12273020656?profile=original

                                               Je voudrais apprendre à éteindre tous les mots,

                                                tous les bruits , toutes les voix .

                                                Je voudrais ne plus bouger du tout

                                                 pour danser lentement dans ma tête.

                                                 Je voudrais fermer très fort les yeux

                                                  pour découvrir la lumière de la nuit.

                                                  Je voudrais aller jusqu'au bout de la nuit

                                                   Je voudrais aller jusqu'au bout du silence

                                                    pour entendre sa toute petite musique .

Dédié à Robert Paul  .

                                                                                                                                                   Chantal Roussel

                                                                                                                                   (  texte et huile sur toile , 2014 )

    https://www.youtube.com/watch?v=dTCNwgzM2rQ&feature=share&list=FLCahrsgMM6ON_TAbJIv3b9g&index=8                                               ;

                                                 

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L'azur du ciel pâlit à l'éclat de la Rose

Et l'or pur du soleil déteint sur son pistil;

L'air s'enivre soudain à ce parfum subtil

Et le vent suspendu, de légers pleurs, l'arrose.

Nature en sa splendeur consent à une pose

Et de ses doigts fleuris affine son profil;

L'Aragne* tisserande a dénoué son fil,

 Aux pieds de Flore, " Amour ", rêveusement, repose.

N'entends-tu pas le chant inaudiblement beau

Du Jardin embaumé plein de vie et de grâce,

Dans les trilles joyeux de l'Ode et du ruisseau?

Printemps et bel Eté, jouïssez de l'étreinte,

L'Automne s'en viendra, en sa lueur éteinte...

Rose, éternelle Fleur, sois mon ultime sceau,

Cassolette du soir lorsque ton âme passe...

Orélien des SOURCES. (R-J L)

- * Aragne: la tisseuse d'illusions

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Le pays d’où je viens JGobert

Je viens d’un pays où la démocratie a baissé les bras, les hommes de l’ombre gèrent la vie de la cité. Ils sont puissants, intolérants, exécrables. Ils dirigent selon leur bon vouloir. La vie s’organise sous leur contrôle. Les puissants sont entourés d’hommes de main qui obéissent à l’aveugle et appliquent les ordres. Ils prélèvent la dîme et font la loi.

 La misère y règne en maître et chacun cherche à s’évader ou à partir. Naïve, je me suis crue plus maligne que les autres. J’ai rencontré un bellâtre qui m’a promis mont et merveille. Dans ce dénuement, j’y ai cru et de belles promesses en mots d’amour,  je l’ai suivi.

Ma famille est honnête, pauvre mais honnête. Mon père, un besogneux travaillant toujours à perte et ma mère élevant mes frères et sœurs qui n’arrêtent pas de se multiplier.  Quand ils ont rencontré Stan, les regards se sont croisés et j’ai senti directement la mésentente s’installer. Mon père ne l’a pas accueilli sincèrement.  Ma mère, avec des cadeaux plein les bras, a été plus vite convaincue et n’a plus émis de difficultés.

Mon père m’a fait la leçon et malheureusement, je n’en ai tenu aucun compte. Dans mon pays, les filles se marient encore et respectent les traditions.  Mais après maintes discussions et avec l’approbation de mes parents, il a été décidé que le mariage se ferait chez Stan,  dans son pays.

Le jour du départ arrivé, c’est en pleurs que tout le monde s’est quitté, moi avec ma petite valise, mes parents avec du chagrin et Stan avec un superbe sourire.

Le voyage commencé parut très long et les gestes de tendresse ont vite disparu. La fatigue aidant, j’ai mis cela sur son compte. Arrive enfin l’endroit où ma nouvelle vie commence. Une petite bicoque mal entretenue et qui me donne la chair de poule. Un frisson me glace et j’aperçois des yeux qui m’épient. Stan me bouscule et j’entre à contre cœur dans cette maison mal éclairée et mal odorante. Je réalise soudain que mon conte de fée a pris fin. A des milliers de kilomètres de chez moi, j’ai le sentiment que rien ne va se dérouler comme prévu.

Après avoir demandé des explications à Stan, c’est une gifle que me fait office de réponse et je m’écroule dans un coin de la pièce.  A partir de ce moment, la vie bascule vers l’horreur et de fiancé, je passe à la violence peu commune d’un homme prêt à tout pour se faire obéir.  Je prends mes quartiers dans une pièce sombre et après avoir hurlé comme une possédée, je reçois le premier d’une longue série de coups qui feront de moi quelqu’un de docile.

Dans la pièce voisine, une jeune dame assisse impassible reste immobile la plupart du temps. Elle aussi a connu le même scénario et est à bout de force.

La société où déambule Stan ressemble à celle d’où je viens, elle est faite d’hommes puissants et généreux. Toujours à la recherche de nouvelles expériences, Stan rabat pour eux le gibier et ils le consomment goulument.

De tristes soirées en rencontres malsaines, la vie a pris un tour des plus cruels. Et de fil en aiguille, c’est sur le trottoir que Stan m’installe pour que je gagne ma vie et que je puisse manger.

Désespérée, pitoyable, minable, j’arpente ce bout de trottoir toute la nuit les yeux rougis de tant de misère. Mes compagnes de boulot sont là aussi.  Certaines n’ont plus d’espoir depuis longtemps et gardent la force de se battre pour subsister.

Pour moi, la vie a pris un chemin où il n’a plus de retour possible. Ma famille a renoncé à moi comme j’ai renoncé à elle. Je m’efforce de ne plus y penser pour oublier mes origines. Je suis de nulle part maintenant. Je n’appartiens à personne sauf à ce bourreau qui me soulève le cœur.

 

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12273012070?profile=originalC'est une brève formule sacramentelle attribuée par la tradition au Grec Hippocrate (460/459-375/351 av. JC.). Au XIXe siècle, les spécialistes mirent en doute son authenticité, en le faisant remonter aux prédécesseurs du grand médecin grec, c'est-à-dire aux Asclépiades, qui se le transmirent en tant que formule d' initiation. Quoi qu'il en soit, on peut la considérer comme relevant de l'école hippocratique. Le "Serment" est un document précieux qui nous révèle que l'art médical, séparé désormais du contrôle sacerdotal, était dès cette époque réglementé par des lois qui en définissaient les responsabilités et les devoirs. En outre, chacune de ses phrases s'inspirant de nobles principes, il démontre la haute considération dont jouissait la profession de médecin, dont Hippocrate, dans plusieurs de ses oeuvres, fait l'éloge et qu'il désigne à l'admiration des hommes. Le "Serment" se compose de trois parties: la première est constituée par une invocation aux dieux, la deuxième renferme un exposé des devoirs du médecin et la troisième l'imprécation. Voici la traduction intégrale du "Serment": "Je jure par Apollon, médecin, Par Esculape, par Hygie et Panacée, par tous les dieux et toutes les déesses, les prenant à témoin que je remplirai suivant mes forces et ma capacité, le serment et l'engagement suivant: Je mettrai mon maître au même rang que les auteurs de mes jours, je partagerai avec lui mon avoir et, le cas-échéant, je pourvoirai à ses besoins; je tiendrai ses enfants pour des frères et, s'ils désirent apprendre la médecine, je la leur enseignerai sans salaire ni engagement. Je ferai part des préceptes, des leçons orales et du reste de l'enseignement à mes fils, à ceux de mon maître, et aux disciples liés par un engagement et un serment suivant la loi médicale, mais à nul autre. Je dirigerai le régime des malades à leur avantage, suivant mes forces et mon jugement, et je m'abstiendrai de tout mal et de toute injustice. Je ne remettrai à personne du poison, si on m'en demande, ni ne prendrai l'initiative d'une pareille suggestion; semblablement, je ne remettrai à aucune femme un pessaire abortif. Je passerai ma vie et j'exercerai mon art dans l'innocence et la pureté. Je ne pratiquerai pas l'opération de la taille, je la laisserai aux gens qui s'en occupent. Dans quelques maisons que j'entre, j'y entrerai pour l'utilité des malades, me préservant de tout méfait volontaire et corrupteur, et surtout de la séduction des femmes et des garçons libres ou esclaves. Quoi que je voie ou entende dans la société pendant l'exercice ou même hors de l'exercice de ma profession, je tairai ce qui n'a jamais besoin d'être divulgué, regardant la discrétion comme un devoir en pareil cas. Si je remplis ce serment sans l'enfreindre, qu'il me soit donné de jouir heureusement de la vie et de ma profession, honoré à jamais parmi les hommes; si je le viole et que je me parjure, puissé-je avoir un sort contraire".

 

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L'histoire véritable de Jésus de Galilée

 

 

Il n’y avait plus beaucoup de convives à table.  Après que Jésus se soit levé, Judas s’était levé à son tour. Ils s’éloignaient en se parlant. Judas avait entouré les épaules de Jésus. Pierre avait toujours soupçonné qu’il lui portait une amitié trop marquée.

Il faisait torride. Dès le milieu de l’été, Bethléem est un véritable chaudron. Impossible de sortir, la tête découverte.

 Il se demandait de quoi ils pouvaient parler. Jésus faisait de grands gestes. Il marchait à grands pas. De temps en temps, il se retournait pour parler à Judas qui avait  peine à suivre. Pierre  ne les aimait pas beaucoup ni l’un ni l’autre.

Au début, Jésus et les siens n’étaient rien. A peine un groupuscule qui n’inquiétait pas Jean-Baptiste, le plus entreprenant de tous les leaders qui s’opposaient aux autorités hébraïques.

- Rejoins-nous ; disait-il à Jésus.

Il l’avait demandé à plusieurs reprises mais à chaque fois, Jésus riait.

- Continue de te laver les pieds.

 Il fût un temps où Pierre, l’intendant de Jésus,  s’était demandé si Jean-Baptiste n’était pas plus habile que Jésus. S’il ne valait pas mieux le suivre. Puis, parce que même les romains ne s’en préoccupaient pas,  il avait conclu qu’il ne représenterait jamais rien auprès des hébreux non plus.

Jésus, il le voyait bien, avait une autre allure. Ce n’était pas seulement un tribun dont la voix portait loin mais son discours était original.

- Après la mort, vous serez devant mon père. Il vous jugera. Ceux qui sont les premiers aujourd’hui et ici seront les derniers alors que les plus pauvres, les plus nombreux d’entre nous, seront les premiers, et à la droite de mon père.

Jésus pensait que ce qu’il disait correspondait à la réalité. Il était le fils de Dieu et le roi des juifs.

- Tu ne crois pas sérieusement que ce que tu dis est vrai ?

Judas pensait que Jésus voulait juger de sa rhétorique. Parfois cependant, il avait le sentiment que Jésus était convaincu de ce qu’il disait. Il refusait de n’être que le fils d’un charpentier ?

Il y avait des classes sociales différentes en Palestine. Des marchands, des ouvriers et des paysans, des pauvres et des riches. Des autorités civiles et religieuses. Et des artistes qui, le soir venu, à la lueur d’un feu, amusait un auditoire mélangé qui leur jetait des pièces de monnaie.

Tout le monde se plaignait de la présence des romains qui occupaient le pays. Ils se mêlaient peu cependant de la vie des hébreux. Mais il s’agissait d’occupants dont les distractions étaient différentes de celles qu’appréciaient les hébreux hormis les courses qui réunissaient tous les amateurs dans de vastes stades. Les mêmes stades où se réunissaient les autorités militaires lorsque le représentant de Rome se livrait à des proclamations qui confirmaient son autorité.

Pierre était un fils de marchands. Ce sont souvent les fils de marchands qui sont heurtés par la facilité apparente avec laquelle leur père a gagné l’argent que les fils dépensent si aisément. Ils disent que c’est cet argent qui est la base de toutes les injustices sociales. Les moins nantis cependant, il en était convaincu, c’était leur désintérêt pour l’argent qui était la cause de leur misère. La preuve, c’est qu’ils ne cherchaient pas une meilleure condition.  

Jésus considérait Pierre comme un de ses fidèles parmi les plus dévoués. Judas, c’était autre chose.

Peut- être parce que Judas connaissait la liaison qu’il entretenait avec Myriam ? Et qu’il n’en avait jamais parlé avec quiconque. Même avec Jésus. On peut être le fils de dieu, on en est pas moins un homme. Myriam était belle.

Pierre, lui aussi, était amoureux de Myriam. Peut être voulait-il simplement jouir d’elle ou en faire sa compagne et la mère de ses enfants, qui le sait ? Ce qui est sûr, c’est que la présence d’un autre constitue bien plus qu’une injure qu’on essuie de la main. La jalousie amoureuse, le sentiment qu’un autre jouit de ce qu’on considère comme sa propriété, provoque une haine véritable qui obscurcit le cerveau. Seule la mort du rival permet de jouir aussi fort que ne le fait la possession de celle qu’on désire.

Depuis quelques temps Jésus hésitait entre une carrière politique qu’il devinait croissante et Myriam qui lui devenait indispensable.

Il la prenait par la main, et ils s’éloignaient tous les deux sans prévenir qui que ce soit. Ou bien, il marchait à la tête de ce peuple dont il était désormais le seul roi, un bâton à la main. Il hésitait et jouissait de chacune de ces situations, tour à tour, durant la nuit. La nuit, les rêves n’engagent à rien.

Pierre de son côté  était déterminé à parler avec Myriam.

- Oui ou non, Myriam. Veux-tu être ma compagne ?

- Pierre, tu sais bien que j’en aime un autre.

- Et lui, est-ce qu’il t’aime ?

Il lui prit les mains. Il avait ce regard qui l’avait toujours subjugué.

- Je te trouve belle. Je ferai de toi une femme qui compte. Mon père et moi, nous nous partagerons les affaires. Tu seras fortunée, toi aussi.

Il l’avait prise entre les bras. Elle n’osa pas se refuser. Le sort de Jésus désormais était scellé. Qui donc trahit le mieux sinon celle qu’on aime ?

Il faut le reconnaitre, la plupart du temps l’amour est une comédie. Ce sont les grandes déclarations qui en font une tragédie à même d’émouvoir le peuple.

Pierre était le fils d’un de ces marchands qui occupaient les marches du temple.  Le jour du Shabbat les fidèles s’y pressaient. Les fidèles fortunés occupaient le siège qui leur était réservé durant toute l’année. Ils constituaient une clientèle qui aimait à montrer sa piété et son aisance. En outre, certains membres du Sanhédrin y recevaient  des sommes d’argent destinés à des œuvres. L’entente était bonne entre les uns et les autres.

L’époque était mûre pour la prolifération de véritables sectes dont les chefs haranguaient les fidèles, et se faisaient concurrence. En réalité, ce n’étaient que de boutons d’acné sur le visage imposant de l’empire romain.

 Toutefois, le plus gênant, le seul en vérité, était celui qu’on surnommait le Galiléen, le fils d’un charpentier qui promettait à ceux qui le suivaient de survivre après leur mort dans un paradis géré par son père. Le paradis pour demain : la formule, un véritable slogan, était belle.

Judas lui disait :

- Fais attention, Jésus. Tu te fais des ennemis qui savent qu’ils ont pour eux, et leur conscience et les romains.

- Les romains ? Judas, jamais les nôtres ne leur vendront l’un de nous.

- Ils les vendraient tous s’il s’agissait de sauvegarder leur autorité.

- Le monde n’est pas ce que tu crois, Judas.

- Vivement dans ce monde que tu promets. Ou tout le monde sera beau et gentil. Et recevra en retour tout ce qu’il aura donné ici.

- Tu n’y crois pas ?

-Judas secoua la tête.

- Et toi ?

- A en mourir.

- A en mourir ?

Judas regardait son ami avec commisération. Combien d’êtres humains sont-ils prêts à mourir en contrepartie de la gloire. Ont-ils raison, ont-ils tort ?  Lui-même y rêvait sans doute, ce pessimiste qui ne croyait à rien de ce qu’on lui avait appris de ces ancêtres qui avaient reçu les tables de la loi de Salomon lui-même. Gravées dans le marbre afin qu’elles durent plus longtemps sans doute.

 L’un d’eux,  un nommé Moïse,  leur avait fait traverser la mer rouge  pour les sauver.

Judas était un sceptique, il y en avait déjà un certain nombre. Et s’il accompagnait Jésus, ce n’était parce qu’il était crédule et tenait pour justes les harangues de son ami, presque son frère, mais pour le protéger. Trop de gens se prétendaient ses amis et ses disciples depuis que le succès lui faisait une sorte d’auréole.

Une dizaine d’entre eux se faisaient appeler ses apôtres et jouissaient de sa notoriété. L’un d’entre eux pour montrer son courage et sa dévotion n’hésitait pas à repousser ceux qui l’approchaient de trop près, un fils de marchands au langage châtié, un certain Pierre dont Judas se méfiait. Ses paroles coulaient de source sans aucune difficulté. Judas se méfiait des beaux parleurs.

A dire vrai, Pierre n’était pas celui qu’on croyait. L’amour qu’il portait à Myriam et la jalousie qu’il éprouvait à l’égard de Jésus l’avaient transformé. Qu’il retourne dans son royaume des cieux, pensait-il. Il le dit un soir qu’il était chez son père ébahi de retrouver ce fils dont il avait craint qu’il ne faille de nombreuses années avant que ne vienne la maturité. Cette maturité qui ne reconnait qu’un seul dieu sur terre : l’argent ! C’était l’époque durant laquelle Ponce Pilate, l’envoyé de Rome, dirigeait le pays des juifs.

Ponce Pilate n’aimait pas la mission que Rome lui avait confiée. Rome ? En réalité des rivaux qui de la sorte l’avaient éloigné du Pourvoir. La plupart du temps, il voyageait ou restait confiné dans sa luxueuse demeure

Entouré de ses serviteurs les plus proches et de quelques juifs qui lui relataient la chronique avec une sorte d’humour assez particulier, et qui le faisait rire même après leur départ. Le père de Pierre était l’un d’eux. Un jour, il se plaignit.  

- Ce Galiléen, une sorte de terroriste habile qui prétend être contre les marchands alors que ce sont ceux-ci qui nourrissent les pauvres. En réalité il combat les romains.  Il ne vaut pas mieux que les deux voleurs qui seront crucifiés demain.

- Pas mieux ?

Ponce Pilate méprisait ces juifs qui lui dressaient un tableau assez complet du territoire qu’il administrait. Il n’était pas assez naïf  pour croire tout ce qu’ils lui disaient mais un échange de propos anodins lui permettait de savoir l’essentiel.

Ici, semblait-il, il s’agissait de l’élimination d’un citoyen juif un peu trop bruyant au goût des autorités. Ponce Pilate décida de fermer les yeux puisque des juifs eux-mêmes, des citoyens parfaitement honorables, fermaient les leurs.

Un certain Jésus, un galiléen dont il suffisait de faire courir le bruit qu’un des siens l’avait dénoncé. Pour de l’argent. Trente deniers, disait-on. Il sera crucifié parmi d’autres voleurs.

Ponce Pilate se leva pour se laver les mains, un tic qui le prenait à chaque fois qu’il tendait la main à baiser à certains d’entre eux.

 

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«...Lune Pleine...»

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Et là, tout au fond de la vallée inondée de lune pleine se jouait une mystérieuse symphonie d'ombres vaporeuses s'étirant de partout, s'envolant vers le firmament, revenant vêtues de larges auréoles lumineuses folâtrant, telles de géantes lucioles, entre les arbres bercés par les vents, et sur les fleurs endormies dans les champs, allant se mirer dans la psyché tranquille de la rivière toujours progressant en mouvements chantants. Elles se déplaçaient, et se courbaient, et se redressaient avec grâce, et lenteur, et souplesse, et ondoyaient, se transfiguraient en corolles animées de lents mouvements harmonieux.

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Une féerie secrète dont j'étais seule témoin s'animait autour de la planète. Et tandis que les petits et les grands et les vieux, indifférents au spectacle, partout alentours dormaient dans leurs chaumières, la lune prenait possession des cieux et de sa lanterne magique faisait naître des faisceaux précieux hors desquels venaient sourdre d'hiératiques mélopées reprises en chœurs murmurés par la voix des étoiles qui l'environnaient pendant que ses rayons allaient se joindre aux ombres qui, prises dans leurs charmes, se mariant aux musiques célestes, glissaient parmi les cimes des grands sapins dessinant la ligne d'horizon au loin sur les crêtes des vallons allant, s'évaporant, s'évadant, s'effaçant contre le noir de la nuit...

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Où j'aspirais à les rejoindre. Où je les suppliais de m'emporter. Les priais, à genoux les priais, mains levées vers elles leur quémandais charité, les implorais de ne pas s'en aller sans me prendre avec elles, de m'enlever, de ne pas me laisser prisonnière de cette terre si avide de mes larmes et de mes cris, et de ce cœur endolori qui bat en moi à grands coups violents d'appels à l'aide que nul n'entend. Ni mes plaintes. Ni mes vocables semblables à d'incandescentes escarbilles se métamorphosant en vers et en couplets de pleurs s'éparpillant, voletant et s'effritant au gré des ondes en fines particules de buées cristallines point d'écho ne trouvant.

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Car le monde est sourd.

Replié sur lui-même.

Et si méchant.

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Mais là, soudain, la nuit déjà se finit. Et la lune pâlit, faiblit, expire, s'éteint. Et le jour, voilà le jour qui parait. Et toute ma rêverie s'y engloutit. Et mon espérance de m'évanouir en elle pour l'éternité. Alors je me pétrifie, céans, contemplant les prés et les sentiers se faisant livides sous le levant. Condamnée à rester au sol. Muette. Car à qui irais-je les raconter mes secrets récits d'enfant triste connus rien que de moi ?

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Et je frémis.

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Sachant qu'il me faudra attendre à nouveau, attendre, attendre une fois de plus la prochaine nuit, et tant d'autres après et encore, je le devine, jusqu'à ce qu'enfin un soir au couchant venant, l'une d'elles, l'ultime, veuille bien m'élever pour toujours vers la grande étendue des silences où les rayons de lune me tiendraient par la main, où les étoiles me guideraient sur ses chemins, où les ombres alanguies m’entraîneraient en valsant, m'unissant à l'espace, me délivrant de ces souvenances si navrantes qui me hantent, les diluant en pensées cosmiques ignorées de ceux-là dont l'imaginaire, si dépouillé de lumières, oncques ne voit ni ne sait ni n'apprend...

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R_B

© Marchienne-au-Pont ce 25 mai 2014

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