Statistiques google analytics du réseau arts et lettres: 8 403 746 pages vues depuis Le 10 octobre 2009

Toutes les publications (149)

Trier par

 

        

 

 

 8

 

Pierre trainait encore en pyjama lorsque le docteur Meurisse avait téléphoné pour lui dire que la santé de son père s’était brutalement dégradée durant la nuit. Il avait peur que ce ne soit la fin. Julie était déjà partie. Pierre s’habilla rapidement.  Lorsqu’il arriva, son père était en train de mourir, il paraissait déjà inconscient. Il lui avait serré le poignet, il lui avait semblé qu’il avait souri. Il n’y avait auprès de lui que le docteur Meurisse et une infirmière. Son père, vraisemblablement, était mort en paix.

Les morts sont plus nombreux que les vivants mais la mort a-t-elle une logique ? Chacun d’entre eux, de son vivant, a crée quelque chose ou n’a rien crée du tout. Cela les distingue-t-il au delà de la mort ? Ou est-ce l’amour qu’ils ont éprouvé qui les distingue ? Il voulait le croire quel que soit le prix de l’amour.

Quelques jours plus tard, Pierre retournait au Cimetière du Sud. Le président Halloy devait être enseveli dans le caveau de famille, une construction ancienne avec une grille de fer forgé en façade. Elle disposait encore de quatre emplacements. Ses ancêtres avaient été prévoyants.

Le caveau  n’était pas très éloigné de celui qui abritait la tombe de son ami René. Peut-être que cette proximité fait que les morts demeurent amis plus longtemps que les vivants ?

Il y avait des représentants des tribunaux de l’arrondissement, un représentant du ministre qui avait dit quelques mots, des édiles communaux, le commissaire de police accompagné de Jean Cormier, quelques avocats et de nombreux amis qui n’étaient pas liés à la magistrature. Pierre ne savait pas que son père en avait autant.

C’est toujours pareil à ce qu’on entendait dire. Les enfants connaissent mal leur père. Un écrivain français du siècle dernier reconnaissait un père accompagné de son fils lorsqu’il voyait déambuler un couple d’hommes, un homme jeune et un homme plus âgé, qui ne se disait rien.

Un de ses amis avait dit dans son allocation d’adieux :

- Il était fier d’avoir refusé un titre de noblesse qui n’aurait compté que pour ses pairs, et dont la plupart de ses concitoyens ne l’auraient appris qu’à la lecture de sa notice nécrologique.

Pierre avait envie de pleurer. Julie était là, elle aussi. Elle était restée au dernier rang parmi les curieux habituels des funérailles.

Jacques Sturbois, le procureur du roi, était là lui aussi, le visage grave par habitude.

- René, ton père, décidemment, nous ne nous voyons plus qu’à l’occasion de funérailles. Peut être avons-nous tort.

La lecture du testament s’était faite chez maître Marget, un notaire de la génération de son père. Il avait conclu en disant :

- Tu es devenu assez fortuné, Pierre. Je suppose que tu t’en doutes. Tu devrais songer à te marier. Ton père m’en a souvent parlé.

- Avec qui ?

Le notaire avait rangé ses papiers.

- Toujours aussi moqueur.

Il n’avait pas évoqué Julie. Tous les amis de son père, à les en croire, avaient souvent parlé de lui et de sa future épouse. Une fille de notable qui formerait avec lui une de ces familles qui comptent dans la ville. De Julie aussi, ils auront parlé vraisemblablement.

Maître Marget, comme d’autres l’auraient fait, lui conseillait de se marier, de se ranger pour tout dire. Mais pas avec Julie. Un fantôme vieux de nombreuses années flottait encore autour d’elle. Qu’est-ce qu’ils savaient de l’amour, ces donneurs de leçons ? Se marier ? Il allait le faire. Il aspirait de retourner se coucher cette nuit dans le lit de Julie. Et de lui dire qu’il voulait se marier. Avec elle.

Julie était dans la cuisine, elle essuyait la vaisselle. Il avait pris une serviette pour l’aider.

- Marions-nous, Julie.

- Ce n’est pas possible, Pierre. Je te l’ai dit, j’ai rencontré quelqu’un.

- C’est ton amant ? Cela m’est égal pourvu que je reste avec toi.

- Ce n’est pas possible, Pierre.

Sa voix s’était faite tendre. Elle parlait sans le regarder.  L’assiette qu’il avait entre les mains, il la jeta contre le mur. Il sortit de la maison en claquant la porte d’entrée. Il n’était revenu que très tard dans la soirée.

Julie lui dit qu’ils devaient parler sérieusement. Il avait répondu : demain !

Le lendemain, après le petit déjeuner qu’ils avaient pris en silence, ils avaient parlé. Comme des gens raisonnables. Beaucoup. Chacun d’entre eux répétait les mêmes phrases sans écouter celles de l’autre. Celles que sans doute ils avaient répétées durant la nuit. Julie disait :

- Ce n’est pas possible, Pierre.

Et lui :

- Nous sommes liés, tu le sais. Jusqu’à la mort. Tu ne peux pas m’abandonner. J’ai besoin de toi. C’est trop tard.

Rien ne lui apparaissait plus convaincant que de dire qu’il avait besoin d’elle. A force de le répéter, elle comprendrait qu’il avait raison. Mais les mots ne lui sortaient plus de la bouche.

Heureusement, la sonnette de la porte d’entrée avait retenti. C’était Liliane. Elle les avait regardé l’un et l’autre.

- Je vous dérange ? Je peux revenir.

- Ce n’est pas la peine, tu finiras par le savoir. Julie ne veut pas se marier avec moi.

Ils étaient dans le petit salon autour de la table sur laquelle Julie servait le thé ou le café, ou un verre de vin ou d’alcool, selon l’heure ou les invités. On eut dit une réunion mondaine ou de celles qui suivent les funérailles d’un proche.

- Vous n’avez pas l’air très drôle.

- Tu trouves ça drôle ?

- Tu devrais t’en aller pendant un moment, Pierre. Cela vous ferait du bien à tous les deux. L’absence met les choses en place.

- Tu parles de l’absence des cimetières ?

Il s’était levé.

-Julie n’a pas encore eu l’occasion de te dire que j’ai cassé une assiette. Voilà comment j’ai fait.

Il avait ouvert la commode, il avait saisi une assiette et il l’avait jetée sur le sol. Les deux femmes n’avaient rien dit. Il était sort du petit salon, il avait pris son manteau et il avait claqué une fois encore la porte derrière lui.

Liliane n’était qu’une garce, pensait-il. Il la haïssait. Son influence avait pesé sur la décision de Julie, il en était convaincu. Il y a des êtres qui ne méritent pas de vivre.

Il avait pris la décision de s’installer dans la maison qu’il continuait de nommer la maison de son père, cette maison qui était devenue la sienne en si peu de temps. Dans la chambre qu’il avait si longtemps occupée.

Désormais, lorsque quelqu’un dirait : monsieur Halloy, c’est de lui qu’il s’agirait.

Durant une semaine, il n’était pas sorti de la maison. A l’exception d’un soir. Alfred, plus tard, raconta qu’il était venu au Réjane peu de temps avant la fermeture, et qu’il n’avait cessé de répéter :

- C’est trop con, la vie. De toute manière, c’est pour mourir.

- Mot pour mot, je lui ai répondu : ne dites pas ça, monsieur Pierre. Rentrez chez vous. Il avait l’air transfiguré. Le whisky sans doute.

Germaine, la bonne de son père lui préparait ses repas. Elle avait quelques années de moins que son père. Est-ce que pour son père, elle n’avait été que la femme qui lui servait de gouvernante ?  Il se disait : je ne vois partout que des histoires de sexe.

Il pensait à ce fameux vendredi où Julie était allée rejoindre des amis à la côte. Où cette garce de Liliane avait passé la nuit avec lui. C’est elle, il en était persuadé, qui avait été à la base du désamour de Julie. Il y a des êtres dont les propos sont un véritable poison qu’ils devraient avaler eux-mêmes afin que justice soit faite.

C’est quelques jours après qu’on ait découvert le corps sans vie de Liliane que Jean Cormier était venu le voir. On disait qu’il s’agissait d’un suicide. Ou de l’agression d’un de ces drogués qui venaient la voir à la tombée de la nuit. Autant chercher une aiguille dans une botte de foin. Le suicide était l’hypothèse privilégiée.

Jean avait téléphoné un matin. Il voulait bavarder.

- Si cela ne t’ennuie pas, bien entendu.

Il était venu dans l’après-midi.

-Je suis venu à plusieurs reprises dans cette maison. Rien n’a changé. Quand ton père avait envie de parler de choses et d’autres.

Il avait conservé son imper. Pierre lui avait proposé de s’asseoir, il avait répondu que ce n’était pas nécessaire mais il s’était assis confortablement dans un fauteuil, près de la cheminée, là où le président s’asseyait pour lire les romans dont on citait les titres dans la page culturelle de son quotidien. 

- Parfois, il faut nourrir cette bête que nous sommes, parfois il faut empêcher que certaines idées ne se répandent. Tu connais le proverbe. On sait comment les choses commencent, on ne sait jamais comment elles finissent.

- Je ne te comprends pas.

- Il y a quelques années, Pierre. Si la rumeur a été étouffée, ce n’est pas parce qu’elle visait Julie, c’est parce qu’elle risquait d’atteindre Pierre Halloy, le fils du président. D’après le docteur Meurisse, les médicaments ont été convenablement administrés à Gérard Leroy. Mais il est mort subitement comme si quelqu’un, personne ne songeait à Julie, lui avait fait absorber une substance particulière qui ne laisse pas de trace. Quelqu’un qui avait des notions de pharmacopée ? Ton père avait suggéré de ne pas trop touiller dans la marmite. Gérard était mort, et ceux qui l’entouraient étaient des gens honorables. Pas des délinquants.

Pour Marc-Antoine, c’est pareil, Pierre. Il ne s’agit peut être pas d’un suicide. Un témoin a vu des gens. Un homme, disait-il. On a trouvé des empreintes. Celles de Liliane et de Julie, c’est vrai. Mais pas seulement. Là aussi, ton père est intervenu. A quoi bon, avait-il dit. On lui a rendu service à Marc-Antoine. Je pense que cela à contribué à raccourcir la vie de ton père.

Jean Cormier s’était levé.

-Moi aussi, je vais quitter la ville, Pierre. Je ne sais pas pourquoi mais j’y suis moins attaché depuis que le président est mort. Le temps de boucler quelques dossiers. On parle d’une promotion. Pas mal, non ?

Lire la suite...

La mort ne veut pas de toi JGobert

La mort ne veut pas de toi.  Après avoir vécu tous les tourments de la terre, elle arrive à la fin de sa vie plus démunie encore qu’à sa naissance. Sur son lit de douleur, les soignants passent et repassent  sans lui dire un mot. Elle ne parle plus depuis longtemps. Enfermée dans ce que l’on appelle un corps torturé, elle commence à finir enfin de souffrir. Doucement elle s’éteint, retenant encore un souffle à peine audible par instant. Ses yeux s’ouvrent par moment et cherchent autour d’elle si la vie est toujours là. Dans son âme tourmentée, reviennent des brides de vie, des voix disparues. Dans les yeux de celle qui disait : vis, vis encore, je suis la vie.

La mort lui a tout pris. Elle a beaucoup aimé dans son existence et a adulé un homme avec qui elle a passé sa vie. Sa passion pour cette personne la remplissait de satisfaction, de félicité. Elle vivait avec lui tout l’amour de la terre, de l’azur au firmament, son bonheur se transformait en or et faisait étinceler le monde. Disparu un soir sans que nul ne sache pourquoi, elle a perdu tout espoir de le revoir et a voulu y croire encore. Une voix venue d’outre-tombe l’appelle enfin. Elle qui a été la force, le refuge, la continuité, elle, qui épuisée de tant de souffrance, reste là presque sans vie. Elle entend : Vis, vis encore, je suis l’amour.

La mort emporte tout. Ne voulant plus se battre, elle écoute sans bouger, sans que personne ne sache ce qu’elle refuse.  Elle a renoncé depuis longtemps et ne comprend pas cet appel soudain ressenti. Elle n’en veut plus de cette vie de solitude, de douleur, de souffrance. Elle veut cette mort qui la guette depuis tout ce temps blottie en elle comme une infamie, une honte. Elle refuse que tout recommence encore et encore, elle a rejeté cet état d’isolement, de châtiment et malgré elle, la voix lui dit : Vis, vis encore, je suis l’oubli.

Lire la suite...

Tic Tac (chanson française)

Tic Tac

(Paroles: SIDH / Compo: Hugues Maréchal)

 

T’as pas 3 vies

Un verre de vin ou un deuxième

Un p’tit bisou ou un « je t’aime »

T’as pas 3 vies

Cueillir le fruit, chanter l’été

Partir ailleurs et en tandem

 

T’as pas 3 vies

Sourire aux gens, parler chinois

Bonbons, biscuits, bouts d’ chocolat

T’as pas 3 vies

Marcher pieds nuis, attendre minuit

Appeler maman, casser des noix

 

Refrain          

Tic tac, je suis là.  Regarde moi

Tic tac, je suis là.

Tic tac, ne me crains pas

 

T’as pas 3 vies

Un verre de vin ou un deuxième

Un p’tit bisou ou un « je t’aime »

T’as pas 3 vies

Cueillir le fruit, chanter l’été

Partir ailleurs et en tandem

 

T’as pas 3 vies

Voler très haut, planer enfin

Boire un café, pincer ton cul

T’as pas 3 vies

Bercer ma fille, coller un pain

Danser reggae, nager toute nue

 

Refrain          

Tic tac, je suis là.  Regarde moi

Tic tac, je suis là.

Tic tac, suis moi là-bas

 

T’as pas 3 vies

Un verre de vin ou un deuxième

Un p’tit bisou ou un « je t’aime »

T’as pas 3 vies

Cueillir le fruit, chanter l’été

Partir ailleurs et en tandem

 

T’as pas 3 vies

Rouler dans l’herbe ou la fumer

Faire la cuisine, se lever tôt

T’as pas 3 vies

Ecrire des mots ou les barrer

Faire du vélo, du pédalo

 

Refrain          

Tic tac, je suis là.  Regarde moi

Tic tac, je suis là.

Tic tac, il fait si froid

 

La mort est là.

 TicTac.mp3

Lire la suite...

Femmes (chanson française)

Femmes

(Paroles : Sidh / Compo : Hugues Maréchal)

 

 

Je t’apprendrai mes sourires

Aujourd’hui je me perds

Tant de gens aux abois

Autour de moi

La légèreté de vivre

Est-ce ce qu’il y a de pire ?

Je préfère croire en d’autres possibles

Avant de m’endormir

                              Sensible

 

Je t’apprendrai mes combats

Sous mon visage d’enfant

Pour gagner une part de moi

Avancer droit devant

Sauver le reste d’une vie

Je veux combattre l’ennui

L’homme n’a pour pire ennemie

Que la femme qu’il croyait acquise

                                                 Guerrière

 

Refrain

J’ai la force et la douceur

J’ai la maitrise ou la peur

Je suis toutes ces femmes à la fois

Je rêve de vieillir avec toi                                        R Bis

 

Je t’apprendrai mes silences

Quand tu y vois de la distance

Je crée, j’invente, je me déploie

Il n’y a pas de lois

Refaire le monde en privé

Pour pouvoir mieux l’aborder

M’évader, me protéger, rêver

Me déconnecter

                                                 Secrète

 

Je t’apprendrai la rondeur

Je caresserai tes peurs

Sentir le cœur qui bat vite

Qui se précipite

Mêler nos doigts trop pressés

Nos pieds dans les draps glacés

Me sentir exister

Sous l’audace de tes baisers

                                        Sensuelle

 

Refrain

J’ai la force et la douceur

J’ai la maitrise ou la peur

Je suis toutes ces femmes à la fois

Je rêve de vieillir avec toi                                        R Bis

 Femmes.mp3

Lire la suite...

Tourment,

La turbulence d'un cœur,

 derrière un visage sage se cache,

 guette l'orage de celui indécis pour lequel il se perd,

se vêt d'un pourpre pull-over, dont l'échancrure claire,

indifférent le laisse.

la turbulence d'un coeur,

 dans un corps résonnant,

paré d'une laine blanche, se dissimule,

 guette l'espérée indiscipline de celui si mutique,

pour lequel en vain il se dévêt, se perd.

Oh froid de neige,

sur la place du grand soleil,

 en plein juillet vert,

vois-tu comme je suis seule et sombre !

De vous une ombre.

 

Lire la suite...

NORMAL-PARANORMAL (SUITE N°9)

L'étrange se situe à tous les niveaux et joue aux surprises qui font peur ou vous laisse "froid".

Au lit dès 21 heures, la nuit promettait de ne pas être paisible : trop de choses en tête et j'avais étonnamment froid,  un de ces froids qui ne vous laissent pas d'espoir de vous réchauffer avant un bon moment.   Vers 22 heures, je décidais donc de me lever, afin de me préparer une tasse de chocolat chaud, pour me détendre et me réchauffer.

La journée avait été ensoleillée et m'avait permit de porter une tunique, plutôt qu'un pull, pour aller faire mes courses.  Décidée à la porter le lendemain dans ma maison bien chauffée, j'avais laissé cette dernière sur un cintre suspendu à la clenche de la porte du hall de nuit.

Comme d'habitude, dans ces cas là, je me promenais dans ce petit hall, tout en sirotant ma boisson.  Mais ce soir là, je me calais contre le chambranle de la porte de la cuisine pour regarder ma tunique qui bougeait.  Non pas seulement le tissu qui aurait pu être légèrement animé par mon seul passage, mais toute entière mue par le cintre qui remuait les épaules et de droite et de gauche et encore et encore, comme si une main le manipulait. Ma tunique s'était transformée en marionnette sans ficelle visible. Loin de me réchauffer, une vague de froid planait autour de moi. 

Intriguée, j'allais vérifier si les autres portes étaient bien fermées et si les boudins étaient à leur place au bas de celles-ci.  Tout allait bien.  Le chauffage fonctionnait, la température du reste de la maison était agréable, sauf là, à cet endroit précis.  Pas de fenêtre, pour expliquer un éventuel tirant d'air.... et la tunique continuait à se trémousser.  J'enfilais mon gilet.  J'avais de plus en plus froid, malgré le chocolat, chaud mais pas brûlant, que je continuais à boire à nouveau adossée contre le chambranle.   Je n'avais certes pas envie d'applaudir au spectacle, mais je n'avais pas peur non plus face à cette pantomime inexpliquée.  Chocolat à bonne température, je ne soufflais pas sur ma tasse, tout paraissait en ordre côté fermeture des portes, le chauffage fonctionnait bien, alors quoi ?

Sans ralentir, la "danse" se termina tout à coup.  Je restais encore un petit moment au même endroit, puis, indécise, je terminais ma tasse et regagnais ma chambre.  Après m'être enfin réchauffée, grâce à un chauffage électrique d'appoint posé dans cette dernière, je me remis au lit.

J'avais déjà beaucoup de choses en tête, avant de me relever, une autre s'était ajoutée à la liste.  Je finis quand même par m'endormir.

Le lendemain matin, la tunique inerte était toujours à sa place ainsi que ma tasse de chocolat vidée  la veille et posée sur le plan de travail de la cuisine.

Fiction ou réalité ? A vous de décider.  J'ai toujours froid dans mes idées, concernant ce sujet.  J'ai rangé depuis ma tunique et mes questions dans mon tiroir aux souvenirs étranges.

Claudine QUERTINMONT D'ANDERLUES.

Lire la suite...

Equilibre/Déséquilibre

 

Cher Ami,

 

La vie amoureuse, affective, enfin la vie tout court, reste pour la plupart d'entre nous le parcours d'un funambule ; un équilibre précaire, jonglage entre joies et peines, certitudes et incertitudes ; le blanc et le noir se superposent, parfois se mélangent.

Oui parcours funambulique, avec juste en dessous du fil, un filet plus ou moins proche, lorsqu'il existe !

Ce filet que je qualifierais de "salvateur" au quotidien se tisse, par l'homme ou la femme dans l'entre-deux, cheminant, évoluant sur le fil ; il s'agit là je pense, d'un filet pictural, poétique, musical, en tout cas créatif : sonorité d'une source intérieure ; ressource.

Celui qui vit tout au long de son existence en équilibre précaire, comme la plupart d'entre nous, qui aura réussi à tisser ce filet en dessous, rebondira toujours en cas de chute, restera bien vivant. Mais, celui qui cheminera sans filet, en cas de chute prendra le risque de se perdre.

Mais comment procéder pour apprendre à l'autre le tissage de ce filet "libérateur" ?

Ne serait-ce pas, en suscitant chez cet autre, de l'admiration  ; cet éclat, cette voix de l'amour, ou d'une amitié forte ? En étant pour cet autre, une référence, un solide repère, peut-être une forme de filiation ?

Cet autre, voudra au commencement ressembler "à cet ami, cet amour, ce père etc ....", s'y exercera souvent avec acharnement, jusqu'à, peu-à-peu devenir LUI. Oh toujours les fameuses gammes me direz-vous ; c'est un travail sans doute inconscient : cheminement psychanalytique ou non.

 C'est il me semble, la réussite la plus intime qui soit ; re-naissance !

Oh mon cher Ami, nous revoici dans l'affectif à nouveau, et bien tant pis.

Bien à vous à l'infini.

Votre très chère NINA

 

Lire la suite...

CLARA BERGEL : DE L’EXISTENCE DU SUJET

                                   CLARA BERGEL : DE L’EXISTENCE DU SUJET

 

Du 19-03 au 06-04-14, L’ESPACE ART GALLERY (35, Rue lesbroussart, 1050 Bruxelles) se propose de nous faire découvrir une exposition consacrée à l’œuvre de l’artiste Française CLARA BERGEL.

Il y a dans la peinture de CLARA BERGEL une dialectique ressentie du décor, en ce sens qu’au contact avec sa peinture, le visiteur se trouve plongé dans un univers où le temporel et l’intemporel se confondent dans un même élan. Ses œuvres représentent souvent un décor divisé en son centre par une immense baie vitrée servant d’écran imaginaire, lequel, par le traitement délicat des couleurs, se confond avec ce qu’il y a au-delà de celui-ci, c'est-à-dire l’extérieur. Intérieur et extérieur deviennent consubstantiels, mariés par des couleurs tendres, parfois blafardes, ex. : CUPIDON (60 x 60 cm – technique mixte),

12273000466?profile=original

lesquelles « séduisent » dans l’acception latine du terme (trahissent) le regard en l’égarant dans une myriade de reflets changeants, comme une image issue de la réalité qui se réfléchirait sur l’eau d’un lac. 

Deux visions fort sensibles de la ville de Londres, l’une diurne (CUPIDON), l’autre nocturne NUIT A LONDRES (60 x 60 cm – technique mixte),

12273001074?profile=original

produisent le même effet diaphane. Cet effet est obtenu par une luminosité à outrance provocant un véritable éblouissement. Une fête des sens, car même si les personnages sont absents de ces deux toiles, celles-ci grouillent de vie. Les objets disposés dans l’espace adoptent carrément le statut de sujets.

Entre l’intérieur et l’extérieur, la frontière est fort ténue. Pour nous l’indiquer, un ensemble de pilastres en assurent la démarcation tout en accentuant la verticalité de la composition. Cette verticalité témoigne de la « réalité imaginaire » d’un écran lequel prolongerait le regard du visiteur.

La vue extérieure de CUPIDON nous offre une vision de l’architecture victorienne surmontée de l’Union Jack. De même que, sur la droite de la composition, une cabine téléphonique, d’un rouge éclatant, typiquement londonienne nous rappelle dans quelle ville nous nous trouvons.

Tandis que NUIT A LONDRES nous donne à voir un univers saisissant, baigné par un éclairage fauviste, unissant dans une même féerie chromatique intérieur et extérieur.

Il y a manifestement une opposition dynamique entre ces deux vues. Malgré le côté fauviste de la réalisation nocturne, il règne dans cette toile une atmosphère à la fois chaude et calme. Tandis que dans la vue diurne, l’opacité volontaire de l’œuvre provoque chez le visiteur un sentiment plus mitigé. Il y a plus de vie, peut-être même moins de « retenue », en ce sens que certains éléments, adéquatement placés, suscitent un semblant de « désordre » : la paire de chaussures rouges, un peu en retrait sur la droite de la composition - la statuette ailée de Cupidon, trônant en oblique, décentrée par rapport à son axe, sur son socle. Cela provoque un sentiment de « nonchalance » qui confère à l’ensemble une irrésistible légèreté.

TORII (60 x 60 cm – technique mixte)

12273001666?profile=original

est à la fois une opposition ainsi qu’une symbiose entre cette haute civilisation ancestrale qu’est le Japon avec la civilisation occidentale.  La présence de personnages évoluant au cœur de la ville de Tokyo sur la droite (en extérieur), écrasés par une architecture de conception occidentale, symbolise le stress ainsi que l’impact de la société de consommation. Tandis que l’intérieur (lequel trouve également une partie de son espace sur la droite) évoque la civilisation ancestrale par le biais d’un intérieur traditionnel sobre, presque minimaliste. Sur la gauche de la composition, l’extérieur engage un dialogue avec la nature par une évocation de la végétation ainsi que par les poissons rouges nageant dans un étang. Entre les parties intérieure et extérieure, l’artiste confère une place d’importance à la culture par la présence de l’écriture hiéroglyphique. De même qu’à l’arrière-plan, une symbiose entre cette même écriture et la topographie (le plan de la ville de Tokyo) éclot dans le mystère d’un flou opaque. 

MANNEKEN (50 x 65 cm – technique mixte)

12273001864?profile=original

nous présente un intérieur cossu (paire de chaussures à l’avant-plan cfr. CUPIDON), assez morne par opposition à l’extérieur où divers symboles de la ville de Bruxelles sont évoqués : Tintin et Milou ainsi que la Grand-Place et le Manneken Pis, un plan de la ville et bien sûr, l’empreinte du bilinguisme : un panneau de signalisation écrit dans les deux langues nationales.

Au vu de son œuvre, CLARA BERGEL nous pose, a posteriori, un questionnement, à savoir qu’est-ce qu’un sujet ? Est-ce la présence de personnages fait le « sujet » ou bien est-ce notre imaginaire qui le crée ? C’est là toute la problématique qui régit, notamment, l’art « abstrait ».

Bien que loin d’être « abstrait » au sens où l’Histoire de l’Art l’entend communément, l’œuvre de cette artiste recèle une « abstraction » toute personnelle dans la dimension onirique de son univers pictural. Ce sont les objets, chargés de rêve, sans être « surréalistes » à proprement parler qui participent de l’abstraction du quotidien jusqu’à le circonscrire dans une intemporalité abolissant l’espace et mettant en exergue un temps rêvé : la présence de pilastres sveltes, grimpant vers le haut, souligne le côté subtil et ténu de la ligne de démarcation entre l’intérieur et l’extérieur. Il est à noter qu’à l’exception de TORII (pour des raisons évidentes), tous les intérieurs se ressemblent, tant dans l’espace que dans l’architecture. Les objets suggèrent une atmosphère menant à l’action. Dans le cas de CUPIDON, ce sont la statue ainsi que les chaussures de couleur rouge, agencées à l’avant-plan, à droite, associés à la couleur laiteuse baignant le tableau qui donnent non seulement une atmosphère onirique, mais aussi une idée progressive du sujet en développement dans l’imaginaire du visiteur. Mais il s’agit ici d’un sujet non agissant physiquement : Cupidon tient son arc de la main gauche. L’artiste se permet une licence picturale en ceci que dans l’iconographie antique, le fils de Vénus s’apprête à décocher sa flèche fatale au bout d’un arc bandé. Ici, la flèche a manifestement atteint un cœur et l’action a déjà été accomplie. Le « sujet » a déjà agi. Il se situe au-delà de l’acte posé. C’est au regardant, à présent, de le poursuivre et le terminer. Par conséquent, le « sujet » est double : personnage et visiteur se complètent dans la même aventure. Rappelons, d’emblée, que dans toute forme de création, la démarche est identique : le récepteur complète par l’imaginaire l’action du personnage. Mais dans l’œuvre de CLARA BERGEL, cette démarche est flagrante.

De plus, le sujet est un thème qui dans sa peinture prête à discussion : que ce soit dans CUPIDON (où les personnages brillent par leur absence) ou dans TORII dans lequel une foule compacte évolue dans l’univers extérieur, le sujet, à proprement parler, est tué dans l’œuf, en ce sens que son identité est absente. L’artiste nous dépeint une foule anonyme où l’individu n’existe pas.

Lorsque l’on interroge cette artiste autodidacte sur la pertinence du regard  dialectique qu’elle pose sur l’existence des espaces intérieur et extérieur qui régissent la philosophie de son œuvre, celle-ci argumente sur le fait qu’il s’agit de « portraits » personnels, réfléchissant des pulsions intérieures et que l’antagonisme entre ces deux espaces souligne le mystère de l’inconnu (vue extérieure) opposé aux traces de vie, même les plus infimes (vue intérieure). Elle ne part jamais d’idées préconçues car les villes qu’elle peint, malgré qu’elles soient connues, demeurent imaginaires, précisément dans la magie de l’agencement de ces deux espaces, pensés comme deux univers à la fois antagonistes et complémentaires, car ils nous parlent de l’univers intime de l’artiste.

Sa technique est mixte et peut inclure, entre autres, la photo, le collage et l’acrylique. Elle dirige sa propre école de peinture à Grenoble, le « Studi02 ».

Si le sujet n’agit pas physiquement, il agit plastiquement, en ce sens que l’artiste fige son acte dans une intemporalité dialectique (un dialogue avec sa propre existence), offrant ainsi l’opportunité au visiteur d’être son alter ego dans l’action de compléter son acte par la pensée qu’il suscite en le conscientisant.

François L. Speranza.

12273002454?profile=original

 

 

Une publication
Arts
 
12272797098?profile=original

Lettres

N.-B.: 

Ce billet est publié à l'initiative exclusive de Robert Paul, fondateur et administrateur général d'Arts et Lettres. Il ne peut être reproduit qu'avec son expresse autorisation, toujours accordée gratuitement.

 

A voir: 

Focus sur les précieux billets d'Art de François Speranza

12273002094?profile=original

Clara Bergel et François Speranza: interview et prise de notes sur le déjà réputé carnet de notes Moleskine du critique d'art dans la tradition des avant-gardes artistiques et littéraires au cours des deux derniers siècles (19 mars 2014).

(Photo Robert Paul)

12273002488?profile=original

Collection "Belles signatures" (© 2014, Robert Paul)

Lire la suite...

       7

 

Julie était revenue le lundi vers la fin de la journée. Ses amis l’avaient déposée devant la porte.

Le temps avait été beau, elle avait pris des couleurs. Ses yeux brillaient comme au temps où ils ne pouvaient se voir sans avoir envie de se toucher. Pierre lui demanda si elle voulait manger quelque chose.

Ils burent un verre de vin, puis ils montèrent se coucher.

- Liliane a passé la nuit avec toi ?

- Qu’est-ce qui te fait dire ça ?

- Elle est fort séduisante.

Elle lui montra une épingle à cheveux. Pierre avait pensé : la garce, elle a du la perdre sciemment.

- J’ai rencontré quelqu’un, Pierre.

Elle avait sa main dans la sienne. A la lueur de la lampe de chevet, il ne voyait pas si elle regardait le plafond ou si elle avait les yeux fermés. Elle s’était tue.

Il ne savait pas si elle dormait ou si elle faisait semblant. Lui, il était resté éveillé jusqu’au matin.

Les jours suivants, ni lui ni elle, n’avaient évoqué ce qu’elle avait dit la nuit de son retour.

Annie, son mari et Julie, n’avaient pas été seuls à la côte. Annie avait invité François. Julie ne se souvenait pas bien de son patronyme, très vite ils s’étaient appelés par leur prénom. Un veuf qu’Annie prétendait marier à Julie.

- Marier ? Mais Annie, tu le sais que je ne suis pas seule.

- Je parle de mariage. Quelqu’un avec qui on vieillira. Pas seulement pour faire l’amour.

Julie y pensait parfois. Mais après avoir fait l’amour malheureusement. Et parfois, elle pensait qu’elle n’était pas normale. Elle aspirait à une vie routinière mais prévisible. Pierre souhaitait sans doute un  mode de vie similaire, elle en était consciente. Mais elle avait le sentiment que ce n’était pas ensemble qu’ils pouvaient y parvenir. Il y avait beaucoup de choses entre eux. De celles qui réunissent. Ou qui séparent. 

Elle avait acceptée de venir à la côte parce qu’Annie était une amie véritable. Pas une compagne des sorties clandestines. D’ailleurs Annie et Liliane se connaissaient à peine. Il y a les amis du jour et les amis de la nuit. Les uns et les autres peuvent se croiser quotidiennement, ils viennent de planètes différentes. Julie était partagée. A partir d’une certaine heure elle passait du monde du jour à celui de la nuit sans s’éloigner de chez elle. Mais son corps et sa façon de penser et de sentir devenaient différents. Au point qu’il y avait des décisions qu’elle ne prenait que l’avant-midi, et d’autres qu’elle n’envisageait qu’à la tombée du soir. L’absence de Pierre avait rendu plus vive cette distorsion des sensations et des besoins.

Au début elle en avait été surprise, puis elle s’était aperçue que même les souvenirs prenaient une tonalité différente. Ils avaient le charme des alcools un peu forts.  

Annie était une amie du jour. De quelques années son aînée, elle considérait Julie comme une jeune sœur ignorante de la vie, et qu’elle se devait de protéger. Pierre, ce fils de famille sans responsabilité réelle lui déplaisait. Ce qu’elle savait de lui, c’est que le jour où Julie avait eu besoin de lui, il avait fui.

François était veuf d’une amie d’enfance qui l’avait suivi dans la capitale où il avait ses affaires. Il était le propriétaire d’une entreprise de distribution de mazout qui disposait de sept camions-citernes, et il possédait en outre quatre stations d’essence. Il prenait un air faussement contrit, et disait à Annie qui avait été la meilleure amie de sa femme :

- Je suis fortuné, c’est vrai.

Mais il ajoutait :

- C’est toujours ainsi, plus vous êtes heureux, plus quand vous cessez de l’être la facture est élevée.

- Tu ne peux pas rester seul, François. Il faut te remarier.

- Oui. J’y ai pensé. Mais avec qui ?

Annie réfléchissait très vite. Elle se promit de tout faire pour les mettre en présence, Julie et lui. François était un homme vigoureux dont elle devinait les besoins qui devaient l’être tout autant. Il ne fallait surtout pas qu’il s’amourachât d’une femme qui, à l’aide de quelques caresses, ne songerait qu’à profiter de son argent. La femme qui lui conviendrait, elle en était convaincue, c’était la jeune Julie. Son mari partageait son avis. Il partageait toujours l’avis de sa femme.

Annie et son mari avaient l’habitude, dès que venait le beau temps, de se rendre dans un hôtel de la côte face à la plage. Ils y faisaient de courts séjours consacrés à la promenade en regardant la mer.

C’est là qu’ils invitèrent Julie et François en confiant à l’un et à l’autre qu’ils leurs préparaient une surprise. Sans tout dire, Annie dit certaine choses. L’évocation de la mer auréolait ses propos d’un caractère romantique particulièrement bienvenu, pensa-t-elle.

François était arrivé dans l’après-midi. A trois, ils étaient allés attendre Julie à la gare.

C’est à table que Julie et François firent réellement connaissance. Annie les avait bousculés.

- Vous n’allez pas vous dire : monsieur et madame ? Voilà, c’est Julie et c’est François.

Un François timide comme un tout jeune adolescent. Durant presque tout le repas il parla presque seul de sa femme, de son enfance, de son métier, on eut dit qu’il se livrait à une véritable confession. Il avait les yeux fixés sur le visage de Julie qu’il n’osait pas regarder dans les yeux.

Pour ce qui le concernait, Annie pensait que c’était gagné. Elle servait le vin pour lui donner du courage et faisait briller les yeux de Julie.

Julie le trouvait bel homme. Un peu rustaud d’allure mais les gestes délicats. Elle avait accepté l’idée de passer la nuit avec lui avant même que François ne l’ait envisagé. Lui qui se demandait s’il ne risquait pas de brusquer celle dont il rêvait déjà de faire sa femme.

-Ne prenez pas exemple sur nous. Continuez la soirée aussi longtemps que vous le souhaitez. Nous, nous n’avons plus l’habitude de veiller.

Annie s’était levée. Elle embrassa Julie et François.

- Assied-toi auprès de Julie, François. C’est plus convivial que de lui faire face maintenant que vous êtes deux.    

François regarda Julie qui continuait de sourire. Il s’assit auprès d’elle.

-Maintenant que nous sommes seuls, je peux vous le dire, Julie. C’est une soirée merveilleuse.

Dans sa chambre, il avait réservé la suite matrimoniale, il avait à peine regardé Julie qui se déshabillait. Ils se connaissaient à peine, il craignait de la choquer. Julie n’imaginait pas qu’il y ait des hommes, au delà d’un certain âge, que la vue d’une femme nue pouvait encore intimider. Elle eut pour François un accès de tendresse soudain. C’est avec précaution qu’elle se glissa sur lui.

- Voulez-vous être ma femme, Julie ?

- Taisez-vous.

A la table du déjeuner, le lendemain matin, Annie leur proposa de faire une promenade dans l’arrière pays, et François leur proposa de passer la fin de l’après-midi au casino avant de dîner. Ils étaient tous les trois ses invités ; dit-il.

Au casino, il offrit à Julie des plaques pour jouer, elle ne voulait pas, il avait du insister, et il s’assit à la table de roulette.

Souvent, cela se passe de la même manière chez les novices. Julie gagna deux mille euros qu’il refusa qu’elle lui donne, et lui en gagna trois fois plus. Le mari d’Annie ne le dit pas à haute voix mais il pensa qu’il y avait des gens cocus.

François, après qu’ils soient retournés à l’hôtel, s’absenta durant une heure.

A table, sous sa serviette, Julie trouva une boite emballée à la marque d’un bijoutier réputé de la côte. C’était un bracelet constitué de deux anneaux d’or entrelacés, un blanc et un jaune.

- Chance au jeu, chance en amour.   

Cette nuit là fût pour François et Julie une nuit d’amour véritable. Il lui demanda une fois encore de devenir sa femme et elle promit de réfléchir. Puis, ils se tournèrent dos à dos. Ils faisaient semblant de dormir mais ne parvinrent pas à fermer l’œil avant un long moment. François, c’était la tendresse, la sérénité ; se répétait Julie.

Elle ne s’était jamais posé la question : ses parents s’aimaient-ils? Vraisemblablement. Mais rarement, elle les avait vus qui s’embrassaient. Est-ce que cela prouvait quelque chose ? Peut être le faisaient-ils lorsqu’ils étaient plus jeunes. Comme la plupart des gens, ils ressentaient des pulsions sexuelles, et ils dormaient dans le même lit. En réalité, elle était incapable de dire à quoi ils ressemblaient lorsqu’ils s’étaient mariés. La photo de circonstance qu’elle avait regardée un jour, conventionnelle et retouchée, ne découvrait rien de leurs sentiments. Plus tard, le souvenir qu’elle en avait eu était celui qu’elle découvrait à chaque fois qu’elle les voyait. Un couple de gens patauds et profondément conventionnels sans plus aucun souci de plaire physiquement. Lui était déjà ventru, et sa mère avait les hanches larges. Est-ce que cet homme et cette femme qui étaient ses parents pouvaient se désirer l’un l’autre ? Ou être désirés par d’autres ? Quelle était la raison de leur mariage ? Le père avait dit un jour, et sa femme avait ri en disant qu’il était un imbécile, que la première fois qu’ils s’étaient rencontrés, ce fut le coup de foudre.

Lire la suite...

À pas de loup

 

Grâce à ma fidèle mémoire,
Je fais revivre mon histoire.
Nombreuses scènes de ma vie
Sont dépourvues de poésie.

Mais j'ai su vaincre la tristesse
Ou le désespoir qui agresse.
L'énergie demeurant en moi,
Me vint en aide maintes fois.

Quand seulette, je chante ou danse,
Que ma joie soit faible ou intense,
Je ne me soucie pas du tout
De partager cet instant doux.

Or, s'il me semble empreint de grâces,
Je désire en garder la trace.
Je le traduis en jolis vers
Qui révèlent mon univers

Si vous désirez les entendre,
Vous pouvez venir me surprendre.
Serez chez moi comme chez vous
Pénétrez-y à pas de loup!

21 décembre 2008

Lire la suite...

Petit conte candide JGobert

Cet amour vécu que je n’ai pas su évaluer ne m’a jamais quitté. La compagnie des femmes m’a toujours plu et je m’y suis toujours sentie chez moi. Dans ce cocon, doux et chaud, j’y ai connu la douceur des bras de femmes.  Elles vivaient ensemble par tradition. Les femmes ne cherchaient pas le contact des hommes et parfois, si l’une d’entre elles partaient. Elle rentrait bien vite rejoindre sa place.  Ces femmes ne se mariaient pas. Aujourd’hui,  on dirait qu’elles sont indépendantes, singulières, célibataires. Elles avaient néanmoins des enfants qu’elles mettaient au monde, un peu volés, toujours aimés.

Les petits garçons partaient et ne revenaient pas. Peu curieuse, je ne sus jamais où allaient ces petits garçons. La vie était paisible dans ce monde de femmes où il n’y avait pas de place pour la guerre, l’hostilité, les batailles  où le bonheur coulait doucement et remplissait  la vie. Dans cette enclave secrète n’aboutissaient que les projets heureux. Les femmes étaient programmées pour le bonheur et l’on chassait parfois les esprits chagrins.

Les petites filles s’élevaient dans la douceur, la beauté, dans les arts et la musique. Elles embellissaient de jour en jour  et devenaient des fleurs sauvages d’une éclatante beauté.

Chacune avait ses tâches et des responsabilités, Douceur pour une, Tendresse pour l’autre, Affection pour une troisième. Toutes avaient un rôle à jouer.

Parfois ces demoiselles choisissaient  Bonté,  Amitié,  Humanité et la vie se déroulait dans un climat de générosité. Une petite fille choisit un jour Amour et le garda pour elle, les autres se sentirent lésées, blessées par ce choix et une autre prit Passion ce qui contraria la plupart.

Une autre encore choisit Plaisir,  une autre Triomphe et sans que l’on ne s‘en aperçoive Jalousie fit son entrée. Haine suivit de peu, Mépris et Colère arrivèrent bien vite.  Rien n’était prévu pour ces sentiments négatifs et il fallut mettre fin à cet enchainement peu commun.  Toutes ces demoiselles furent d’abord raisonnées et ensuite chassées par leurs mères. Elles se retrouvèrent au milieu des hommes où la vie ne fut plus jamais pareille.

JGobert

Lire la suite...

 

          6

 

C’était trop tard pour sauver leur union. Depuis peu de temps, elle se posait la question sans aucune réticence : est-ce qu’elle imaginait de vieillir avec Pierre ?  Il faudra bien, pensait-elle, qu’elle renonce un  jour à l’exaltation des sens qu’il lui procurait à chaque fois qu’il la touchait. Cette impatience qui était la sienne l’émouvait et lui faisait peur à la fois. Est-ce qu’il aimera la femme qu’elle deviendra lorsque son corps aura été corrompu ? Pierre était fragile. Il agissait par à-coups. Quelques années auparavant, il avait fui en disant seulement par téléphone : je pars. Elle n’oublierait jamais cette nuit-là.

Un vendredi après-midi, elle préparait une valise à l’heure où il rentrait du bureau.

- Tu t’en vas ?

Il avait eu peur. Il savait qu’elle le quittait.

- Pour le week-end, Pierre.

Elle avait dit qu’elle passerait le week-end entier à la côte. Une amie qu’elle avait perdue de vue l’avait relancée.

- Je rentrerai dimanche soir ou lundi matin. Cela ne t’ennuie pas de passer deux jours sans moi ?

- Vous serez seules ?

La question avait été spontanée. Il avait regretté de l’avoir posée.

- Je ne sais pas ? Je suppose qu’elle sera accompagnée de son mari.

Julie avait une amie avec laquelle elle avait renoué lorsque Pierre l’avait quittée. Mariée. Elle venait rarement chez Julie. D’un côté il y avait eu Liliane, de l’autre il y avait eu Annie. C’était une amie de classe dont le mari de cinq ans plus âgé était dévoué à sa femme comme aux premiers jours de leur mariage. Ils ne disaient pas mariage ni l’un ni l’autre, ils disaient : comme aux premiers jours de notre union.

Pierre avait conduit Julie à la gare. Il était malheureux. Après l’avoir déposée, il souhaitait la battre. Puis il avait téléphoné à Liliane pour l’inviter à dîner afin de prouver à Julie qui l’apprendrait de Liliane, qu’il pouvait se passer d’elle.

Liliane l’avait remercié. Elle avait dit qu’il y avait longtemps qu’elle souhaitait un dîner en tête à tête avec lui.

- Nous ne sommes pas des inconnus l’un pour l’autre.

Nous parlions très souvent de toi lorsque tu es parti. J’apporterai le champagne.

- Tu es folle. Il ne s’agit pas d’une fête parce que Julie passe un week-end avec une amie.

- La fête, c’est que nous allons passer la soirée ensemble, toi et moi.   

Il regrettait de l’avoir invitée. Il se sentait ridicule. Il avait agi comme un adolescent. Mais il était trop tard.

Liliane avait mis une robe bleue, serrante, et souligné sa taille d’une large ceinture de tissus rouge nouée sur le côté. Elle avait l’air d’un paquet cadeau dont il suffisait de tirer sur la ceinture pour le découvrir. Peut-être était-ce l’impression qu’elle voulait donner. Il était difficile de connaître les motivations de Liliane. Ses intentions véritables n’étaient jamais innocentes.

- Une véritable garce.

C’est de cette manière que Julie l’avait définie en haussant les épaules.

Il était huit heures lorsqu’elle était arrivée. Il avait préparé un repas froid, le seul à l’exception des omelettes, qu’il était capable de préparer.

- Foie gras et homard, tu es un ange.

Elle l’avait embrassée. Sur les joues. Deux ou trois fois. Il ne se souvenait jamais du rituel habituel de sorte que ce fut aussi sur les lèvres. Après le repas qu’ils avaient pris en plaisantant mais, pour Pierre en tout cas, l’esprit ailleurs, Liliane s’était assise dans la bergère du petit salon. Elle attendait que Pierre lui serve un verre de whisky. Elle avait déboutonné le premier bouton de sa robe.

- Il fait tellement chaud. Ne t’inquiètes pas, je n’irai pas plus loin.

C’est elle qui avait augmenté le son de la radio pour mieux entendre une émission musicale, disait-elle. Le son est un mur qui étouffe les sentiments. Elle buvait beaucoup. Elle avait demandé un peu de whisky.

- Avec des glaçons, c’est moins alcoolisé.

Le visage entre les mains, les coudes appuyés sur la table, elle paraissait réfléchir.

- Tu crois que c’est elle ?

- Elle quoi ?

- Marc-Antoine. C’est elle qui l’a tué ?

Il s’était dressé.

- Tu es folle, Liliane. Je crois qu’il est temps de rentrer.

- Elle le voyait bien : c’est de moi qu’il était amoureux.

Elle n’était pas tellement ivre qu’elle voulait le montrer mais c’est de cette manière, souvent, que des messages se transmettent.

- Il est temps de rentrer Liliane.

- Tu ne vas pas me laisser rentrer dans cet état. Je vais dormir dans la petite chambre comme je le faisais lorsque tu n’étais pas là. Parfois, je dormais dans la grande chambre. La chambre de Gérard. Je veux dire la chambre de Julie. Avec elle.

Il faisait semblant de ne plus l’écouter. Il rangeait les plats dans l’évier pour les rincer. Lorsqu’il entendit qu’elle montait vers l’étage, Il se versa un verre de whisky. Puis, il monta se coucher à son tour.

Il ne parvenait pas à s’endormir. Il entendit les pas de Liliane dans le corridor. Il devinait ce qui allait se passer. Liliane poussa la porte, elle ne portait que sa culotte. Elle l’ôta avant de se glisser dans le lit.

Lire la suite...

Il m’est tant ardu, même après deux lectures, d’évoquer sans émotion le dernier livre de Thierry-Marie Delaunois. Au départ, j’avais cru à un simple roman tendre et imaginatif… à son image. Mais c’est beaucoup plus que cela.
Si je devais comparer ce roman, et surtout ce qu’il dégage, je n’hésiterais pas une seule seconde à faire le parallèle avec « Le Petit Prince », d’Antoine de Saint-Exupéry. Au-delà de la notion des personnages d’Oscar (qui semble encrouté dans sa condition d’outsider ronchon) et de Colibri (qui parait vivre sa vie comme un rêve, bien en recul de tout concept de réalité, en faisant tout pour ne pas grandir), il grandit au fil des pages une autre dimension. Ou plutôt devrais-je dire, d’autres dimensions.µ
On découvre qu’Oscar est un brave type que la vie (et surtout l’amour…) ont tant brisé qu’il lui est impossible de vivre sans jouer les vieux amers ou en faisant le clown. Que Colibri (de son vrai nom Juliette) reste cantonnée dans les merveilles de l’enfance pour faire face au plus grand deuil qui soit. Que chez chaque personnage, principal ou secondaire, les apparences sont trompeuses, et que derrière toute attitude dite « normale », se cache une blessure intime.µ
Au départ, j’avoue que j’étais un peu déçue, tant les personnages semblaient rester sur leur « quant-à-soi ». Mais en cours de lecture, quelle ne fut pas ma stupeur en découvrant peu à peu que dans ce petit village perdu, chacun porte son secret et tente de le dissimuler derrière des rumeurs fort campagnardes. Les premiers chapitres sont des constats, mais l’histoire évolue sur les notions de perte, de deuil, de sacrifice. D’ailleurs, le sacrifice ultime d’Oscar sera celui de sauver Colibri des flammes. Il y perdra la vie, elle y perdra sa capacité de rêve et l’innocence de son jeune âge. On a peur pour elle… Elle avait déjà perd sa mère bien avant le commencent du récit, et l’incendie lui arrachera son père et ce vieil Oscar, qui éprouvait pour elle le seul lien tendre, pur et désintéressé qu’il n’avait plus connu depuis des siècles.

Pourtant, cet opus est loin d’être un drame, même s’il m’a tiré quelques larmes des yeux. Dans le fond, derrière les deuils, se cache les notions de changement et d’évolution, et malgré le chagrin, Thierry-Marie nous fait entrevoir une lueur d’espoir au travers de chacun des destins qu’il dépeint.
Car il nous faut avouer que c’est bien là le sujet principal (en tout cas, en regard de ma propre subjectivité) : que le changement, que tout changement est souvent dû à un acte radical ou à un traumatisme, et que sans eux, personne ne peut évoluer.

Certes, Oscar meurt, le père de la petite aussi, mais c’est cela qui lui apporte le désir d’une réalité plus forte, de rêves moins factices. Et restent aussi un certain nombre de points de suspension : malgré son début de rébellion face à ses chimères passées, on doute fort qu’elle ne se remette jamais à rêver. Simplement car c’est bel et bien dans sa nature profonde, quelles que soient les embûches de la vie.

Mon conseil serait le suivant : lisez deux fois « Raconte-moi Mozart ». Et optez pour deux niveaux de lecture. Le premier étant l’émotion pure face à un récit riche en philosophie de vie et d’émotions sincères, le second comme une réflexion sur la destinée. Et si une méchante larme vous vient aux yeux, ne l’essuyez pas, ne la niez pas. Car elle vient directement de votre cœur.

Virginie Vanos – 23 mars 2014

Lire la suite...

Hommage et gratitude

À tous les états concernés.

Des catastrophes innombrables

Surviennent ponctuellement,

Meurtrissent des milliers de gens,

Privés d'un secours concevable.

L'apprenant, sans aucun délai,

Font tout ce qui peut être fait

Des états ayant des ressources.

La souffrance impose une course.

Face à la solidarité,

Chacun se sent réconforté

Et accueille ému la croyance

Qu'on peut vaincre l'indifférence.

Je ressens de la gratitude

Envers ceux qui ont l'habitude

De décider sans hésiter,

D'agir avec humanité.

24 mars 2014

Lire la suite...

Le temps de nouvelles grâces

 

Pendant quelques mois, il s’absente.

Éblouissant, il reviendra.

Dans les jardins, il répandra

De tendres couleurs odorantes.

Éblouissant,, il reviendra,

Dans un flot d’énergie vibrante,

De tendres couleurs odorantes.

Le poids des ans s'allègera.

Dans un flot d’énergie vibrante,

La joie partout se répandra

Le poids des ans s'allègera

Ô les surprises exaltantes!

La joie partout se répandra,

On entendra la vie qui chante.

Ô les surprises exaltantes

Et l'énergie rajeunissante.

17 mars 2014

Lire la suite...

C'est un autre printemps

 

Doux ami,

J’ai caressé mes joues,

jusque sous les cernes des yeux,

attendrie, j’ai souri.

Il n’y coulera plus de larmes

ou alors des larmes de joie,

quand le rire est devenu fou.

J’ai caressé mes joues,

attendrie, j’ai souri.

C’est au printemps que je rends grâce,

en hommage à la vie,

qui chaque année s’y renouvelle.

J’ai reçu le don d’innocence,

j’accueille la beauté,

dans un élan de joie.

Un autre printemps,gloria!

21/3/90

Lire la suite...
administrateur partenariats

Chers amis,

Depuis la création des partenariats poésie- peinture sur Arts et Lettres en décembre 2012,

de nombreuses publications ont émaillé le quotidien du fil d'actualité.

Les échanges et la convivialité se sont renforcés,

les poètes et les peintres

n'ont pas ménagés leurs forces créatives.

Les photographes également ont prêté leurs précieux clichés

aux textes offerts, souvent se commentant eux-même, ils ont toutefois éveillé la créativité en

conviant les pinceaux à une inspiration réussie !

Ce blog leur rend hommage.

Il reprend les liens vers les blogs de partenariats poésie et peinture

ayant été initiés au départ d'une photo.

12272999678?profile=original"Crépuscule", l'âme au coeur.

Interprétations peinture-poésie entre les membres d'Arts et lettres.

12272972067?profile=original

« Les fruits de l'automne », une photo de Michel Lansardière,

un pastel de Liliane Magotte et une aquarelle de Jacqueline Nanson, une histoire…

Les liens seront déposés progressivement.
Pour débuter, un beau souvenir, celui du premier blog d'interprétations " Crépuscule"

Un partenariat 

Arts 12272797098?profile=originalLettres

Lire la suite...
RSS
M'envoyer un mail lorsqu'il y a de nouveaux éléments –

Sujets de blog par étiquettes

  • de (143)

Archives mensuelles