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Commentaires

  • que sont les amis devenus Un homme magnifique: sa page: https://artsrtlettres.ning.com/profile/PlasschaertDaniel

  • administrateur partenariats

    Quelle personnalité ! mais aussi, quel charme.

  • Je vais me permettre de rappeler ici quelques textes que Daniel Plasschaert nous a déjà transmis sur son blogue, et qui illustrent avec bonheur sa personnalité profondément poétique.

    Tout d'abord, un extrait des "Odes au jardinet":

    Les semis

    Quand on laboure, ce n’est pas grave si on est de mauvaise humeur. Il m’arrive même de frapper des grosses mottes de terre sur le sol en jurant. C’est du travail de force, on commence en chemise et on termine noir comme de la fumée. Par contre, pour ce qui est des semis, il vaut mieux penser à de belles et bonnes choses. Les semis bourgeonnent mieux lorsqu’on les entoure de nuages de senteurs douces. À quoi où à qui pensez-vous que le commandant Danofsky pense lorsqu'il sème ses magnifiques plantules ? 
    Tout d'abord, le commandant nettoie ses oreilles et ses cheveux, se frotte la barbe avec de la teinture d’ortie et saute nu dans le puits, une, deux, trois fois de suite. Tout au fond du puits il y a une valise avec des ustensiles réservés à la cuisine des grands jours. L’eau garde les petites cuillères bien propres et les casseroles brillantes et lisses. 
    Voici pour vous, une pensée cuite du commandant Danofsky. D'abord, il prépare un plat délicieux, un plat qu'il adore : les carbonnades flamandes au pain d'épice et au miel. Le plat doit mijoter une journée entière et lorsqu'une odeur brûlante de sucre mou et de viande marinée sort de la casserole, il se penche et respire un grand coup. Il hume le plat et fait ressortir par ses oreilles des notes de musique qui vont s'enrouler autour des bourgeons nouveaux nés. Il faut très vite les récupérer, les rouler dans la farine et les faire dorer de chaque côté pour qu’elles gardent leur sonorité de beurre bien doré.
    Ne vous inquiétez pas si vous entendez pleurer les jeunes floraisons aux extrémités de l’arbre, ils ont faim, ils ont grand faim d’harmonie et de contrepoints. Voici des quintes qui s’accrochent, des duos de triolets qui s’ouvrent au vent, des quartes, des octaves minuscules qui se hissent sur la pointe des nouveaux jets.
    Tout n’est que symphonies et ballets au grand jour des semaisons. Si ça vous fait rêver et vous donne envie, dites-vous bien qu’on n’arrive pas à un tel résultat en une saison. Il faut des années et des années pour accorder tous ces violons et toutes ces harpes dans le jus d’une chlorophylle bien verte et juteuse. Et jamais de gros mots en cas de malheur, ni de semence de datura sur la pointe de la langue. Vous ne connaissez pas le datura ? Allons donc ! C'est le passé d'une rature qu'on a joué aux dés. 




    Le réveil de la salade

    La salade s’est réveillée de bonne heure au son de la limace. Un drame se joue sous mes yeux et je me sens impuissant. Je vois. Une limace et son oncle qui digèrent lentement le vert tendre de la feuille et progressent vers l'intérieur du corps. À quelques mètres de là, un troisième baveur se presse pour les rejoindre. Le combat, inégal, se déroule en silence. Personne n’interviendra dans l’issue de la lutte, car la loi importe plus que la vie des combattants. 
    J’ai connu l’époque où dans une situation pareille nous aurions tenu conseil avec les habitants les plus proches et aurions sacrifié un sachet de sciure bien sèche que nous aurions dispersé sur leur route. Elles se seraient engluées, seraient mortes dans d’atroces souffrances, et pourquoi, pour qui, pour où ? Pour une feuille de salade qui fait tout un plat de ses chemises alors qu’elles repoussent, repoussent et repoussent encore. 
    Rien de plus lassant que ces êtres sans fleurs qui sous l’apparence d’un cœur tendre dissimulent des radicaux amers. Régalez-vous limaces ! D'ici quelques jours, la salade ne sera plus que feuilles froissées qu'elle me tendra en disant : voici mon testament autographe. Je lègue ma chlorophylle à la lumière et mes nuances de vert et de blanc au commandant Danofsky. Je pardonne à mes bourreaux ainsi qu'au chat qui vient de me pisser dessus. Laissez moisir en paix mon cœur tendre, à l'abri des pluies de juin. 



    La marguerite

    Il ne faut pas écraser sans arrêt par manque d'attention les choses qu’on croise sur son chemin. Je sais bien que les fleurs refleurissent si on les laisse faire, mais je sais aussi que ce n’est pas difficile de faire un pas sur le côté et de marcher sur les cailloux de l’allée. Ils ont l’habitude eux. Ils sont durs et ne sont pas dans l'obligation de fleurir. Tout ce qu’ils ont comme devoir, c’est crissoter légèrement sous la semelle lorsqu’on passe. Pour le reste, les cailloux ressemblent à de très vieilles fleurs qui ont passé l’âge de se déguiser. Ils aiment la chaleur, mais supportent sans effort apparent les plus grandes neiges qui leur permettent de reprendre du brillant pendant la saison d’hiver. Mes marguerites, quant à elles, je les appelle mes œufs sur le plat. Rien à voir avec les cailloux si ce n'est la forme du jaune. Mous cailloux font trempette à mou pain. Et molle tartine font cuisine à matines.
    Tenez, puisque nous parlons des marguerites, ce qui est amusant, c'est qu'il y en a toujours beaucoup les années ou les poules pondent bien. Lorsqu'on en voit une, c'est qu'il y en a plein qui s’apprêtent et se font belles sous la terre. Blanches sous bruns, c'est pas aussi facile d'en sortir propre. Elles sortent volontiers sans me prévenir et bougent toutes en même temps, à gauche le matin et à droite le soir. La nuit elles replient leurs pétales et on ne les voit plus. Et c'est ça qui est dangereux, car on risque facilement de les écraser si on ne fait pas attention. Ce n’est pas parce qu’elles ne servent à rien qu’il faut les ignorer. 
    Chaque fois que vous cueillez une marguerite, je vous conseille de faire ce qui suit. Vous lui parlez d’amour et vous tournez autour de sa corolle en sifflotant. Certaines personnes s’embrassent et arrachent les pétales une à une en priant. Elles prient d’amour. Elles prient pour ce qu’elles ont maintenant, mais qui va s’en aller. Mais si vous devenez l’ami des marguerites, rien ne s’en ira. C’est cela leur trésor, le trésor des marguerites. Un amour qui ne s'en ira pas.

    Daniel Plasschaert
  • Vraiment surprenant et d'un naturel confondant. De la responsabilité du personnel enseignant dont j'ai fait partie.

    Devant de tels textes, j'aurais eu certainement le réflexe de féliciter en premier lieu pour l'humour et toute la classe en aurait profité.

    Pourquoi toujours soupçonner ainsi un élève d'avoir été piquer à droite ou à gauche !

    Quelle richesse et dans tous les domaines. Bravo

  • Un artiste multi-talentueux!

    Adyne

  • administrateur partenariats

    Et que j'ai apparemment raté au moment de sa sortie hier...

  • administrateur partenariats

    Un rendez-vous que je manquerai certainement pas !

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