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Biographie : Hassane Amraoui
Depuis 20 ans, cet artiste prolifique au talent exceptionnel crée et expose, en solo ou en collectif, dans les lieux les plus prestigieux en Afrique du Nord (Algérie et Tunisie surtout), en Europe (France) ailleurs sur le continent mère Afrique (en 2007, il a participé à une exposition collective à Libreville au Gabon) et aussi, ces quatre dernières années, il est présent sur la scène culturelle montréalaise. Il est parmi les professionnels les plus remarqués de Diversité artistique Montréal (DAM) sous l’égide du Conseil des arts de Montréal (CAM).
Il est engagé dans la promotion du langage pictural ancestral des Arts Premiers jaillis de la culture Amazigh ou Berbère, fondatrice d’une expression artistique ancienne originaire du bassin méditerranéen.
Fort de cet enracinement dans les traditions profondes d’une culture transversale qui a inspiré les arts de la Renaissance et s’est mariée aux expressions arabo-berbères et négro-africaines, formé aux techniques modernes et confronté aux expressions universelles tant en peinture que dans tous les arts visuels, Hassane Amraoui s’est imposé par la qualité de ses oeuvres.
À Montréal, Hassane Amraoui s’est vite mis au diapason d’un mouvement culturel en mutation marqué du sceau de la diversité des expressions culturelles et des pratiques artistiques professionnelles nouvelles qui en résultent. Exposition individuelle a Montréal,
en 2012, La virée des ateliers, Espace Grov-Art, «Le désordre du Printemps», 2009 et 2010.
La virée des ateliers Immeuble Grover. En 2008 et 2007, Porte ouverte, journées de la culture Immeuble Grover, Montréal Plusieurs exposition collective a Montréal en 2011 à la Maison de la culture cote des neiges, titre : L’écorché vif, à la mémoire de l’artiste M’hamed Issaikhem, 3eme Printemps culturel nord Africain.
En 2010, Exposition présentée dans le cadre du Mois de l’histoire des Noirs, Les efforts de chacun font la richesse de tous, l’édifice Gaston-Miron. En 2009, Afrique contemporaine- chez Encadrex Montréal (Qc) Canada. En 2009 Galerie Cherif-fine Arts, Tunis. En 2008 : Galerie sous-marine d'art Aquart Thetford Mines, (Qc) Canada.
Il a pris part à la 6e exposition du Collectif Bain Mathieu en 2008. Hassane Amraoui a aussi présenté une exposition solo, intitulée Où va le monde? À la galerie Crescent Contemporain toujours à Montréal en 2006. Hassane Amraoui a réalisé dans son pays d’origine, l’Algérie, plusieurs fresques mesurant entre 15 et 40 m dans des grottes et sur des rochers. Entre 1997 et 2005, Hassane Amraoui a exposé dans la plupart des grandes galeries tunisiennes et algériennes, de même qu’à l’Hôtel de ville de Paris (2001).
Ses oeuvres sont exposés dans différents lieux publics (édifices, hôtels, banques) dont notamment le l’Hôtel Hasdrubal prestige à Djerba. On retrouve aussi de ses oeuvres dans différentes collections en Europe et dans le monde arabe dont des tableaux acquis par la commission d’achat des artistes tunisiens pour la Collection de l’État.
Diplôme en arts de l’École nationale de Batna (Algérie) et de l’École supérieure des Beaux-arts d’Alger (Algérie). Formation en photographie à la Maison de la presse d’Alger. Il a aussi suivi de nombreuses formations et participé à des ateliers de perfectionnement technique, administratif en Europe et au Canada.
Yves Alavo
Une oeuvre (La tribu du soleil) de Hassane Amraoui a été sélectionnée en 2009 pour le prix du concours interculturel de Montréal, prix Abe-Limonchik. En 2010 le prix du concours d’affiche du Festival PanAfrica International (Vues d’Afrique)
amraoui.hassane@gmail.com
Mon père est mort sans savoir que ma femme était morte depuis plus de six mois et que les nouvelles que je lui donnais à son sujet étaient fausses. Lorsqu'il croisait l'infirmière dans le salon, il me disait:
- Durant quelques minutes, je ne l'ai pas reconnue.
- Elle a changé, comme nous tous. C'est l'âge.
- C'est l'âge, oui.
Il retournait se mettre au lit. L'infirmière pouvait faire sa toilette et lui donner ses médicaments. La plupart ne servaient à rien mais durant des années il avait eu chez lui sur une console devant le poste de télévision, une grande variété de flacons dont il avalait le contenu, liquides ou pilules, dans un ordre déterminé et selon un horaire précis. Si l'infirmière avait cessé de lui en donner, il en aurait été profondément perturbé.
Il n’avait plus pour longtemps à vivre, le médecin me l'avait laissé entendre
Il avait commencé à déraisonner d'une manière étrange mais est-ce qu'il en est qui ne le sont pas? Une nuit, il avait ouvert la fenêtre de sa chambre et il avait crié qu'il ne se rendrait pas.
- Vous ne m’aurez pas. Jamais.
Je me suis souvent demandé quels étaient les monstres qui encombraient sa mémoire. C'est un de ses voisins qui m'avait téléphoné le lendemain matin. J'ai persuadé mon père de venir vivre chez moi. Après quelques jours il a retrouvé sa sérénité et j'ai eu le sentiment qu'il était heureux.
A midi nous nous attablions dans la cuisine pour manger. Souvent, lorsqu'il était en face moi, il me regardait attentivement et il secouait la tête.
- Quel âge as-tu? Laisse-moi deviner. Tu as déjà quarante ans. Est-ce que Thérèse va venir nous rejoindre ?
- J'ai cinquante cinq ans, papa. Thérèse n'est pas là.
La scène se répétait régulièrement mais je m'efforçais de ne pas m'énerver. Ensuite, c'était pareil à chaque fois, il me racontait en détail des évènements survenus durant sa jeunesse en accordant autant d'importance à des vétilles qu'à des incidents qui avaient marqué sa vie. Tous les vieillards atteints de la même affection agissent ainsi, m'a-t-on dit. C'est le début de la sénilité. Est-ce que moi aussi je finirai comme lui?
Parfois en revanche il me faisait des reproches avec animosité. Il me reprochait d'avoir été un mauvais fils, de ne l'avoir jamais aimé. Je lui répondais avec véhémence jusqu'à ce que je me souvienne qu'il était malade.
- Oui papa, tu as raison.
Thérèse était morte depuis six mois. Je le lui avais annoncé par téléphone le jour de son décès et il avait pleuré. A l'époque, il était encore chez lui et je lui téléphonais tous les jours.
Mon père était veuf depuis vingt ans. Il vivait seul. J'étais sa principale distraction. J'ai compris que sa santé mentale se dégradait lorsqu'il m'avait demandé des nouvelles de Thérèse quelques jours après que je lui avais annoncé qu'elle était morte. A chaque fois que je l'appelais, il me disait:
- Oui, je me souviens bien d'elle. Comment va-t-elle?
Si bien que je répondais qu'elle allait bien.
- Comme d'habitude.
Et il arrivait que je lui donne des détails quant à ce qu'elle avait fait ou ce qu'elle avait dit. Il m'arrivait de penser que ce n'était pas seulement à lui que je m'adressais. Je n'inventais pas ce que je lui disais. Les faits que je lui relatais, et à moi aussi par conséquent, étaient réels. Ils s'étaient produits lorsqu'elle vivait encore.
Lorsque le voisin de mon père m'a appelé pour me dire que mon père perdait la raison, j'en ai été heureux. Chez moi désormais chacun d'entre nous poursuivait le monologue qui lui tenait à cœur sans que l'autre n'en soit surpris. Il parlait de lui et de sa femme. Il la dépeignait avec amour. Il répétait qu'elle était belle. Ou bien il m'interrogeait sur Thérèse et Thérèse avait la vie que je lui inventais au travers de mes réponses. Etait-ce de l'invention ?
Thérèse était née le 14 septembre. Le jour de son anniversaire, j’ai débouché une bouteille de champagne et j'ai demandé à mon père s'il voulait que je l'aide à se lever. Son regard était plus vif qu'à l'habitude.
- Est-ce que Thérèse est là?
- Thérèse est morte, papa.
Mon père dépérissait. Je ne sais pas si j'appréhendais sa mort ou si je la souhaitais. Je ne comprenais pas qu'un vieillard puisse vivre plus longtemps qu'un être jeune qui est censé avoir une longue vie devant lui pour accomplir, plus tard sans doute, ce qu'il n'avait pas eu le temps d'accomplir durant sa jeunesse. En réalité, je lui reprochais la mort de Thérèse qu'il aurait pu échanger contre la sienne.
- Thérèse est morte, papa. Tu entends, elle est morte.
J'ai répété:
- Elle est morte, morte.
J'ai dû le faire entrer à l'hôpital où il attendrait sans souffrir la fin qui était proche. Il disposait d'une chambre pour lui seul et une infirmière le veillait constamment. C'était une jeune femme attentive et d'une santé triomphante.
Ce soir-là le médecin m'avait fait savoir que mon père ne passerait probablement pas la nuit et j'ai décidé de veiller à ses côtés. Je lui serrais le poignet pour lui transmettre les flux de ma propre vie. J'avais la sensation qu'il en avait conscience.
- C'est la fin.
L'infirmière était penchée au dessus de lui. A travers sa blouse de nylon je distinguais son corps. Je ne sais pas si c'était l'atmosphère de cette chambre, la lumière mate qui venait du mur et marquait d'ombres nos visages, l'odeur de désinfectant et la présence de ce cadavre qui avait été mon père mais je voyais sa lourde poitrine à peine dissimulée par un mince soutien, ses cuisses pleines et serrées et j'avais envie de la toucher. Elle m'a regardé un moment, peut-être qu'elle attendait quelque chose, j'ai pensé à Thérèse puis elle s'est écartée en disant:
-Il est mort.
JE VOUS SOUHAITE A TOUS CE QUE LA VIE OFFRE DE MEILLEUR: BEAUCOUP D'AMOUR, DE TOLÉRANCE, DE GENEROSITE...
A TOUS LES ARTISTES, UNE IMAGINATION SANS LIMITE.
Avis à mes amis. Un de mes textes, "Talons d'Achille", vient de se hisser au rang des lauréats du prix annuel de la nouvelle organisé par l' Association des Ecrivains et Artistes de Wallonie. Il sera bientôt en ligne sur www.areaw.org sous l'onglet "anthologie".
Traces de baisers
Sur une joue ridée
L'année commence.
Des flocons de neige
Rafraîchissent le vin chaud
Marché de Noël.
Je lève les yeux
L'étoile dans le sapin
Se met à rougir.
Entouré d'enfants
Jésus tout seul dans sa crèche
Semble intimidé !
Les sapins ornés
Comme le sont les coquettes,
Qui montre la voie ?
Sur toutes ces bûches
Les jésus en sucre rose
Paraissent bien seuls !
Noël enneigé
~Aussi blanc que ta chemise
Notre jardinet.
À l'encre dorée
D'une écriture hésitante
Finir les menus !
J'édite un calendrier pour 2014 qui présente 13 de mes œuvres surréalistes. 22 euros payable par Paypal port compris pour la Belgique.
André voulait fêter son cinquantième anniversaire, sa nouvelle demeure dans un faubourg élégant de la capitale, et la vente du dixième immeuble qu’il avait construit avec son seul argent sans l’aide aucune de la banque. Il était fier de ce qu’il appelait sa réussite et n’avait, disait-il, aucune raison de le cacher.
Il plaisait aux femmes. Peut-être un peu moins à la sienne. Il était généreux avec elle, il lui offrait le bijou de valeur qu’elle souhaitait pour l’exposer, c’est le mot, lors d’un dîner. Elle avait sa voiture, un cabriolet de marque courante, mais dont les sièges étaient en cuir et elle portait des vêtements discrets dont les connaisseurs reconnaissaient l’origine.
Le cuir parce qu’il se froissait entre les mains comme un chiffon quand il était de la qualité voulue, était la matière qu’elle appréciait le plus. Souple il moulait ses hanches et provoquait instantanément chez les hommes des associations d’idées dont elle jouissait.
Peu d’hommes ont conscience de frustrer leur femme des plaisirs que procurent ne seraient ce que les attouchements qui sont les mots des amants.
Deux jours après la fête d’anniversaire, Irène avait pris un amant italien. Luigi représentait une firme italienne. Célibataire, il occupait dans le haut de la ville un petit appartement coquet qui lui servait aussi de bureau. Il n’avait pas de secrétaire. Un ordinateur et le téléphone suffisaient à faire des affaires qui paraissaient excellentes.
C’était un beau garçon qui accentuait son accent italien lorsqu’il était en compagnie de femmes. C’était une coquetterie dont elles avaient conscience mais qui les faisait sourire et qui lui conférait un charme de plus. Parfois elles le reprenaient.
- Voyons Luigi, soyez sérieux !
Soit, disait-il avec un regard contrit, mais elles étaient à moitié conquises.
Il avait dit à Irène qu’il connaissait l’agent d’une des premières firmes italiennes de vêtements de cuir et puisque Irène adorait ces vêtements qui lui étaient comme une seconde peau :
- Si vous voulez, je vous conduis à ses bureaux, il vient de rentrer une toute nouvelle collection et il vous fera les prix qu’il fait à ses clients détaillants.
Elle voulait bien. Elle ne le dit pas mais elle pensa que Luigi était un ange.
Les détails de sa liaison avec Luigi, André ne les connut que quelques mois plus tard. Il y a toujours des amis ou des amies qui ont le sentiment de rendre service en révélant à un mari que sa femme le trompe, ou à une épouse heureuse que son mari a une double vie. Curieux service que celui qui torture mentalement ses amis !
Luigi avait dit à Irène que la jupe en cuir rouge écarlate qui moulait ses fesses lui allait à ravir. Qu’elle était si luisante qu’on pouvait imaginer que c’était l’eau de sa douche qui ruisselait sur ses hanches. De voir Irène en petite culotte, elle avait refusé qu’il se retire, elle avait dit en riant qu’il avait vraisemblablement, elle avait répété vraisemblablement, déjà vu des femmes en petite culotte, lui avait donné des idées comme on dit. Une coucherie comme un merci et tout serait resté comme avant.
Il faut croire qu’Irène avait non seulement apprécié les attentions de Luigi mais qu’elle avait été émue par le caractère que cette aventure donnait à sa vie. Comme un relief de feu, c’est l’adjectif qu’elle se murmura, qui soulignait l’histoire généralement si plate de la plupart des épouses.
Quand André fit appel aux services d’un détective spécialisé qui avait mis leur téléphone sur enregistreur, il apprit que leurs relations, téléphoniques en tout cas, étaient torrides. Les cassettes qu’André conserva quelques années après leur divorce auraient pu sortir de maisons spécialisées. Cela donne à penser quant aux jardins secrets des êtres humains.
André travailla beaucoup plus tard et Josette sa secrétaire resta au bureau jusqu’à ce qu’il lui intime l’ordre de rentrer.
- Personne ne m’attend. Vous savez bien que je vis seule.
Elle travaillait avec André depuis dix ans. Elle l’avait toujours accompagnée et il se souvenait de la jeune femme timide qu’elle était lorsqu’elle s’était présentée. Irène avait dit : elle est parfaite, cette jeune femme. Elle a l’air un peu gourde mais ce n’est que mieux. Elle n’est pas obligée de comprendre le dessous des choses.
- Je vais vous reconduire, j’y tiens.
Elle habitait un petit immeuble à proximité des quais. Un quartier populaire d’immeubles anciens et d’entrepôts.
- Où mangez-vous, d’habitude? Je suis certain que vous ne mangez rien quand vous rentrez tard ? Quelqu’un vous attend ? Non, bien, je vous emmène au restaurant.
Il avait repris ce ton qui n’était pas autoritaire mais déterminé comme il le définissait lui-même. Ce ton qui est la marque des chefs, de ceux auquel, tout naturellement, on obéit. Il le pensait d’ailleurs: « il y a ceux qui disent ce qu’il faut faire, et il y a ceux qui disent : oui, monsieur ».
Elle connaissait un petit restaurant thaïlandais, pas un restaurant de luxe mais « elle s’y rendait de temps à autre en rentrant du cinéma ou du théâtre, on y mangeait bien et pas cher. ».
- Et l’opéra, vous aimez ?
Après le restaurant, il avait ramenée Josette chez elle, il voulait voir comment elle vivait, ils avaient bu un verre d’alcool, ils avaient parlé de théâtre, des derniers films qui étaient sortis, ils s’étaient rendus compte qu’ils avaient beaucoup de goûts en commun, sinon que Josette, au contraire d’Irène, était une jeune femme timide, un peu effacée, et qui se contentait de peu. Il l’avait embrassée, elle n’avait pas trop résisté, et il l’avait prise sur le tapis du salon. Il n’avait plus aimé une fille sur le tapis d’un salon depuis son adolescence.
Irène prétendit devant leurs amis au moment de leur divorce qu’André avait connu Josette à la manière biblique, Dieu sait depuis quand il la baisait au bureau, pendant qu’elle s’efforçait de séduire les banquiers, Elle avait trouvé dans la poche du veston d’André une petite culotte froissée qui était celle de Josette.
- Salope, avait-elle crié au bureau devant les deux employées.
Une culotte ? Qu’est-ce que ça prouve ? Est-ce qu’elle se préoccupait, elle, des sous-vêtements de Luigi ou d’Irène lorsqu’ils se rencontraient ? Entre cinq et sept à ce qu’on disait.
Les larmes coulaient encore sur son visage si candide lorsqu’Irène était sortie sans se donner la peine de fermer la porte du bureau.
La situation devenait singulière. Irène et André partageaient toujours le même toit mais le lendemain de l’altercation au bureau, Irène s’était absentée, elle avait des courses à faire; avait-elle dit.
Le facteur avait remit une lettre à André. Un avocat lui faisait savoir que sa femme se préparait à demander le divorce pour adultère.
- Tu veux divorcer ?
- Comment continuer à vivre avec un homme qui me trompe avec sa secrétaire ?
- Moi je te trompe? Et Luigi? Tu me prends pour un con.
Ils cessèrent de se parler et ils montèrent se coucher comme ils le faisaient depuis vingt ans mais dos à dos.
Le lendemain André se leva le premier, bu une tasse de café, il en laissa pour Irène et quitta la maison le premier.
Au bureau il travailla comme si rien ne s’était passé, déjeuna ave Josette d’un sandwich qu’il fit livrer et rentra chez lui. Il avait besoin de réfléchir.
Sur la table de la cuisine il y avait la tasse qu’il avait utilisée le matin et le café qu’il avait laissé à l’intention d’Irène. Elle avait dû s’absenter toute la journée. Il pensa à nouveau qu’il avait besoin de réfléchir, c’était déjà une forme d’action, mais il ne savait pas comment s’y prendre.
Lorsqu’ Irène rentra, ni elle ni lui ne firent allusion à leur future séparation. Ils montèrent se coucher et, aussi étrange que cela paraisse, une pulsion soudaine et de la rage aussi, le poussa à se porter vers sa femme, elle fît à peine semblant de résister, et ils firent l’amour avant de se retourner.
C’est ce matin-là qu’André emplit une valise de vêtements, il pensa qu’il valait mieux quitter la maison.
- Ce n’est pas la peine de nous disputer. Je te ferai écrire au bureau ?
- Au bureau, oui.
Elle était encore en chemise de nuit. C’est vrai qu’elle était appétissante. Il lui vint à l’esprit qu’il n’avait jamais fait l’amour avec sa femme le matin. Finalement, quinze ans de mariage n’épuisent pas le sujet en matière érotique.
Le plus ardu fut de chercher un endroit pour y passer les nuits. Chez Josette ? L’appartement était charmant mais modeste. Hélas, il n’avait plus l’indifférence de la jeunesse quant au confort depuis qu’il possédait une jolie maison près du bois.
Ce soir-là, lorsque les deux employés furent partis, seul avec Josette, il lui dit qu’il avait quitté la maison.
- J’ai pris une chambre à l’hôtel, ce n’était plus possible.
- Tu aurais pu loger chez moi.
Il était émerveillé. Tant de gentillesse et de spontanéité dans la gentillesse. Elle n’avait pas hésité un instant.
- Et je dérangerais ta vie ? Même si tu n’as pas d’ami sérieux, tu as des parents, des amis, des habitudes que je risquerais de déranger.
- Dis-moi la vérité : ce qui s’est passé entre nous, ce n’était que l’aventure d’une nuit. Je ne t’en voudrai pas tu sais. Mais, j’ai cru un moment…
Les larmes mouillaient ses yeux. Le lendemain, en revoyant la scène, et ce qui s’en était suivi, les baisers, le retour chez elle, le repas chez le vietnamien où ils avaient mangé ensemble la première fois, à peine le prix de quelques sandwiches, et ses caresses sitôt revenu chez elle, il se disait en riant que ce qu’on appelle ironiquement des romans de gare ne traduisaient que la réalité. Il fallait être fou ou cynique et blasé pour ne pas voir que c’est là que se trouve le reflet de l’amour véritable.
Pourquoi ne pas le dire, il était flatté aussi de la manière dont, alors qu’il repoussait la porte, elle s’était serré contre lui, avait saisi sa main, et l’avait posée sur sa poitrine en gémissant. Jamais il ne s’était senti si nécessaire à l’épanouissement physique d’une femme, et capable de la combler.
Désormais, disposant de moyens honorables, il pouvait jouir d’un célibat retrouvé ou songer avec l’expérience qu’il possédait à reconstruire sa vie sur des bases bien réfléchies. C’est vrai, on y perd un peu du hasard des rencontres adolescentes mais par contre les choix, parce qu’il y a des choix, sont soigneusement pesés.
Etre marié et ne pas l’être en même temps, c’était une situation ambiguë devant laquelle il manquait de repères. Désormais s’il lui venait à l’idée de coucher avec Irène et d’en jouir comme cela avait été le cas hier encore, il devrait la séduire et attendre son bon vouloir. Le corps d’Irène lui parût soudain plein de secrets et le plaisir qu’il en avait tiré beaucoup trop mince.
Il se dit qu’il était temps de penser à Josette parce que c’est elle qu’il trompait en pensée.
- Tu vas déménager, dit-il. Nous allons chercher un appartement confortable.
- Mais moi, je n’ai pas besoin de plus que ce que j’ai. Comment le payer ? Et le jour où tu ne voudras plus de moi ? Tu mérites beaucoup mieux, j’en suis consciente.
- Un ange ! Ca existe donc encore ? Il la prit dans ses bras. Un ange !
Il fallu peu de temps pour que le couple qu’il formait avec Josette s’impose à tous ses amis Et c’est d’elle désormais qu’il attendait qu’elle soit l’expression féminine de sa réussite. D’ailleurs, Josette avait des gouts identiques à ceux d’Irène tant en matière de bijoux, de voiture ou de vêtements. Mais, et c’était une grande différence, André devait insister pour qu’elle accepte ce qu’il lui offrait.
Avez-vous remarqué ? Lorsqu’un homme trompe sa femme, c’est souvent avec une femme qui ressemble à la sienne. Au fond, c’est faire preuve de fidélité à son égard.
Leur union commença à se déliter lorsqu’elle raconta lors du premier anniversaire de leur mariage qu’elle avait fait la connaissance d’un jeune peintre d’origine italienne qui les avait invités tous les deux, son mari et elle, au vernissage de son exposition. Ses tableaux, dit-elle, étaient très beaux. Elle ajouta qu’il avait promis de leur faire des prix.
Non il ne se nommait pas Luigi mais Alberto.
Nous étions quelques uns à fêter le premier anniversaire de leur union. C’est moi qui en mon for intérieur fit cette boutade. Il y eut cependant un silence soudain autour de la table.
C’est André qui le rompit en portant un toast. Heureux anniversaire, dit-il.
Message à l'attention des amis de notre réseau Arts et lettres,
J'ose espérer que chacun de votre côté, vous vous apprêtez à vivre une chaleureuse célébration de Noël, que vous en fassiez une festivité profane, ou au contraire sacrée, loin de l'aspect mercantile qu'est devenue cette fête, et surtout que personne parmi vous ne restera solitaire en cette veillée du 24 Décembre et jour du 25 inclus.
Je vous présente également tous mes vœux les plus florissants à l'aube de ce nouvel an.
Que les souhaits qui vous tiennent à cœur s'accomplissent, et que notre seul vrai trésor, la santé, nous permettent la réalisation de nombreux projets...
Et surtout, surtout, soyons un brin utopistes, que l'année 2014 soit le moins possible éprouvante en barbarismes de par le monde...
Floralement vôtre,
Une Valérianacée
Post-scriptum : Je vous ai concocté un court dossier concernant cette corolle hivernale, à partir de mon impulsion de vous faire partager un texte de Colette nous livrant un portrait de la Rose de Noël.
J'espère qu'il suscitera votre intérêt.
Soliloque
Un au-revoir n'est jamais triste.
On sait que revient le printemps,
Chaque saison en fait autant.
Sans cesse s'ouvrent d'autres pistes.
On sait que revient le printemps;
L'énergie circule et subsiste.
Sans cesse s'ouvrent d'autres pistes.
Tu trouvais cela exaltant.
L'énergie circule et subsiste,
Sauvée par son pouvoir troublant.
Tu trouvais cela exaltant,
Chercheur demeuré humaniste.
Sauvée par son pouvoir troublant,
Ta pensée fait que tu existes.
Je lui prête ma voix, te cite.
Dans ma maison tu es présent.
22 décembre 2013
Une réalisation Actu TV à l'initiative d'Arts et Lettres
Me voilà heureuse,
comme ça, pour rien !
Juste la hâte,
de vous l'écrire.
Toute ma peau se dilate,
pour boire,
se désaltérer de la vie toute entière,
en un seul instant !
C'est une sensation fort agréable,
précieuse et rare,
qui peut s'apparenter à un envol.
C'est comme écrire déjà ;
l'aube d'un texte, d'un poème,
une floraison hors saison !
L'élancement réciproque,
de parfums, point entêtants,
vierges mais pourpres,
entre deux fleurs voisines,
au coeur d'une vallée féconde,
de soleil et de pluie gorgée !
Voici mon Cher Ami,
un peu de mon bonheur,
ce soir pour vous seul.
Bien à vous.
NINA
Dans le ciel,
des êtres chers,
aimés,
un peu des anges,
dont les yeux d'or,
lorsqu'ils les ouvrent,
plus ou moins grands,
diffusent,
l'ensoleillement sur terre,
lorsqu'ils les ferment,
l'onctueuse nuit noire,
veloutée et chaude ;
des murmures alentours,
le bruissement du ciel,
devenu invisible.
Papier métallisé,
argenté et froissé,
en altitude, grandiose ;
soleil sombre,
première neige.
Sentiment de paix,
point furtif,
d’originel souffle,
tiède et bleu ;
La vie réinvitée,
ici, partout.
Mienne.
La richesse n’intéresse pas la plupart des filles lorsqu’elles ont vingt ans. Néanmoins, elles sont séduites par la situation qu’elle vous procure auprès de ceux qui en ont moins. Entre Pierre et George, c’est Georges qu’elle avait choisi. Georges, son père et l’usine du père de Georges, d’un seul oui l’avait propulsée dans le monde des gens biens.
Pierre était le secrétaire du père de Georges. C’était un garçon sensé et raisonnable, il comprenait Isabelle et il fût son témoin de mariage.
Georges était un garçon simple. Il n’était pas attaché au besoin de paraître. Sa voiture, un cabriolet anglais, une Aston-Martin, était la voiture la plus sale de la ville. L’une d’entre elles en tout cas. Lorsque son père souhaitait qu’il profitât de ses passages à l’usine pour la faire laver, il répondait :
- Ta Bentley, je comprends. C’est une question de standing, mais moi ?
Mariés, Georges et Isabelle firent leur voyage de noces à Bali.
C’est au retour, en embrassant Pierre qui était venu les attendre à l’aéroport qu’elle prit conscience que c’est Pierre qu’elle aurait du épouser. Il s’était penché pour l’embrasser et durant un instant elle avait eu le sentiment que c’était son mari qui l’embrassait. Elle ne pouvait pas se l’expliquer, elle y avait réfléchi le soir même, c’était comme si leurs corps s’étaient reconnus.
Georges, après avoir embrassé celui qui était son meilleur ami, l’invita à dîner pour le lendemain soir.
- On t’en dira des choses, Pierre. Bali, c’est formidable. Isabelle a adoré. Si tu avais été à ma place, tu aurais adoré aussi.
- A ta place, à ta place…
Ils se mirent à rire mais pour chacun d’entre eux la nature du rire avait été différente.
Le lendemain, comme promis, ils dinèrent ensemble, Georges dit que Bali était spectaculaire, elle ressemblait à ce qu’en disaient les brochures touristiques, et les balinaises étaient typiques, les mêmes brochures le confirmaient.
Ils burent une bonne bouteille et un peu plus tard, ils se séparèrent en riant de ce même rire qu’ils avaient eu la veille.
Parce que quelques mois plutôt, Pierre aurait terminé la nuit dans l’appartement de Georges.
- Hé oui, Pierre. Entre Isabelle et toi, je choisis Isabelle.
- Je ferais comme toi.
Isabelle se redressa
- Vous, les hommes ! Et moi, personne ne demande son avis aux femmes.
Deux mois à peine après son mariage, Isabelle s’ennuyait déjà. Georges était souvent à l’étranger, son père lui avait confié le contrôle des filiales étrangères. Chez elle, le plus gros des tâches dévolues à une épouse, étaient le lot d’une servante. L’ennui corrode les plus belles unions.
- Je m’ennuie Pierre.
Pierre lui tenait compagnie lorsque Georges était absent. Et lorsque Georges l’appelait au téléphone, elle lui transmettait le bonjour de Pierre.
Un soir que Pierre l’embrassait avant de renter chez lui, elle le retint.
- Reste Pierre.
Il arrive qu’un mari ait une maîtresse de laquelle il attend les élans dont il prive son épouse. Il arrive qu’une épouse ait un amant qui lui confirme qu’elle est la plus séduisante. Cela pourrait donner à penser qu’une tragédie est peut être en train de naitre. En réalité, dans la vie courante, il dépend des médias qu’une tragédie soit un fait dit de société ou une bête histoire de cul. Les histoires de fesses, on en parle peu. Elles sont souvent le pain d’unions parfaitement honorables, à deux ou à trois, et souvent heureuses.
- Je t’aime. C’est toi que j’aurais du épouser.
En général, entre amants on s’aime bien ou on s’aime beaucoup, s’aimer tout court suppose beaucoup d’amour. Et de mensonge. Pas seulement l’abandon de son corps.
Aimer la femme d’un ami est une situation inconfortable pour l’esprit. Etre son amant oblige à des manœuvres complexes pour être fidèle à sa maîtresse et à son ami. Il y a peu de solutions faciles. Le meurtre de son ami vous lie à sa femme indéfiniment. La rupture d’avec sa femme vous sépare de lui pour très longtemps sinon pour toujours. Comment faire ?
Heureusement la vie dispose de solutions simples et souvent répétées mais les héros n’en sont pas conscients.
Parce que l’excitation du début de sa liaison avec Pierre qui avait ajouté du piment à leurs ébats avait laissé place à des angoisses, Isabelle convint avec Pierre dont Georges deviendrait un jour le patron, qu’il valait mieux rompre.
- Tu comprends Pierre. J’aime Georges.
- Je te comprends Isabelle. L’amour compte plus que le sexe.
Michel, c’est dans le salon d’un hôtel de luxe qu’elle l’avait rencontré. Le salon des hôtels de luxe était le terrain de chasse préféré de Michel. Endroit neutre, les engagements n’y étaient pas profonds.
C’est curieux, pensait Isabelle. De tromper son mari avec des inconnus lui apparaissait plus honorable que de le tromper avec son meilleur ami.
Joyeuses fêtes de fin d'année autour du sapin et bonne année 2014. Merci pour tous les partages tellement divers et de si grand intérêt. Longue vie à ce réseau d'amis, à ses cadres sans oublier son fondateur bien sûr qui lui confèrent sérieux et qualité quotidiennes.Amitiés de Périgueux. Joyeux réveillon !
C'est sous ce titre que les érudits alexandrins désignèrent quatre discours de Démosthène (384-322 avant JC), qui furent prononcés à un certain intervalle, mais qui présentent des affinités de sujet, en ce qu'ils se proposaient tous d'inciter les Athéniens à une guerre totale contre Philippe de Macédoine.
Le premier discours est de 351; il contient un plan de guerre détaillé, selon lequel l'offensive devait être portée chez l'ennemi, ce qui lui retirerait l'initiative stratégique et politique. La guerre traînait depuis six ans, et du fait de leur inertie les Athéniens étaient partout arrivés trop tard. Plus que de promptes décisions, Démosthène demandait que l'on envoyât non des armées de mercenaires, mais, autant que possible, des citoyens athéniens. Il proposait en outre un plan de financement détaillé pour l'équipement des expéditions.
Le second discours fut prononcé en 344-343: Athènes avait été obligée, deux ans plus tôt, d'accepter une paix qui donnait à Philippe la suprématie dans la Grèce septentrionale. Or il se servait des mécontents du Péloponnèse pour s'opposer à Sparte et, à travers celle-ci, à Athènes. Démosthène s'efforce de démontrer que, dès le début, toute l'action de Philippe a été dirigée contre Athènes qui, à vrai dire, est le seul et véritable obstacle à ses projets de conquête. L'analyse pénétrante des actions et des intentions du roi l'amène à proclamer l'impérieuse nécessité qu'il y a d'agir au plus vite, et le pousse à s'en prendre avec force aux partisans d'un accord avec la Macédoine.
La troisième "Philippique" (dont nous possédons deux rédactions, qui semblent être de Démosthène lui-même) est de 341. La paix avec Philippe s'était gâtée à la suite de ses menées contre les possessions athéniennes de la Chesronèse. Mais le dernier choc était maintenant imminent; il eut lieu en 338, à Chéronée. La voix de Démosthène s'élève à présent pour opposer la politique profondément immorale de Philippe à la politique que la tradition impose à tous les Grecs, et en particulier aux Athéniens. Mais à l'éloquente évocation des gloires passées fait contraste la condamnation de l'avilissement dans lequel la Grèce était tombés; l'immoralité, devenue maîtresse des milieux politiques, était une maladie répandue dans toute la Grèce; comme s'il prévoyait l'avenir, l'orateur laisse échapper des mots amers, révélant sa crainte que les erreurs de son peuple ne soient voulues par un démon qui l'entraîne à l'abîme. Et cependant, il n'est pas possible d'indiquer une autre voie aux Athéniens: "Mieux vaut mille fois mourir que s'avilir en flattant Philippe". Dans ce discours, sévère et d'un ton élevé, se révèle la haute conception morale de Démosthène.
La quatrième "Philippique" -réunion de fragments de différents discours de Démosthène- présente cependant d'indubitables caractères d'authenticité. On pense que ce discours ne fut jamais prononcé, mais qu'il dut être diffusé par écrit, sans poursuivre un but précis, mais seulement pour tenir en éveil, à Athènes l'esprit antimacédonien. Si ces quatre discours offrent, du fait d'une situation différente au moment de leur composition, bien des divergences dans les sujets et le ton, on retrouve cependant dans tous les qualités majeures de l'oeuvre de Démosthène, aussi bien du point de vue artistique que du point de vue politique. L'analyse que l'orateur fait chaque fois des actions de Philippe est très perspicace: bien qu'il condamne ses méthodes et ses buts, on voit clairement l'admiration que l'Athénien éprouvait pour l'infatigable activité, pour l'habileté diplomatique et guerrière, pour l'audace des projets et des réalisations du roi de Macédoine. Il eut une sûre intuition des questions concernant la guerre; quelques observations de Démosthène, sur la manière démodée dont les Grecs faisaient la guerre, en comparaison des méthodes modernes de Philippe (il menait une guerre totale et il conservait toujours l'initiative stratégique) frappent par leur justesse, et aujourd'hui encore, ont un intérêt certain.
Mais dans toutes les "Philippiques", apparaît avec évidence la passion avec laquelle Démosthène cherche à secouer l' apathie de ses concitoyens. Il fait la satire de leur armée de mercenaires, qu'il appelle des "épistolaires", car ils ne sont actifs que dans les lettres et les comptes rendus des généraux; il raille les magistrats qui, au lieu d'aller à la guerre, restent à célébrer les fêtes religieuses; il compare la stratégie des Athéniens, -qui ne sont pas capables d'autre chose que de parer comme ils peuvent les coups de Philippe, -à la défense des combattants barbares ("Lorsque l'un d'eux reçoit un coup, il porte aussitôt la main à l'endroit touché; et quand il lui en arrive un autre en un autre point, ses mains se précipitent là: mais il ne sait ni parer, ni prévoir"); il fait la caricature des Athéniens qui se promènent en oisifs et demandent quelles sont les nouvelles, comme si le fait qu'un Macédonien est en guerre contre Athènes n'en était pas une suffisante.
Les "Philippiques" sont un témoignage de la valeur morale de l'oeuvre de Démosthène, où la voix de la tradition athénienne retentit comme une remontrance et un reproche. On ne peut l'accuser de n'avoir pas secondé la marche des événements, dont on allait en faire sortir l'unité de la Grèce; pour les Grecs, cette unité était un esclavage: c'est une tout autre unité que prêchait Démosthène, en poussant Athènes à reprendre la guerre contre les Barbares au profit de tous les Grecs.
LA GRANDE-DUCHESSE DE GÉROLSTEIN
Un spectacle sur-mesure pour vos fêtes de fin d'année!
Du 20 au 31 décembre 2013 au Théâtre Royal de Liège
Direction musicale: Cyril Englebert | Mise en scène: Stefano Mazzonis di Pralafera
Ou comment sabrer le champagne avec panache!
A la guerre comme à la guerre! Bruxellois, si vous voulez un dépaysement courrez à Liège, à pied, à cheval ou en voiture, en train pourquoi pas (ils font une offre à 5 euros aller-retour pour les fêtes, renseignez-vous à la SNCB!) Pas de traîneaux, y pas de neige! C’est à deux pas de la place de la République ou de la rue Joffre, des noms qui ont des airs de France, on s’y croirait déjà ! Où donc? Mais à l’Opéra, c’est là où l’on fête avec brio liégeois, l’Esprit Français. On y mange aussi, et délicieusement de surcroît, dans un valeureux décor fraîchement rénové digne des salles Viennoises, pour un prix très doux.
Chorégraphies aux reflets passé-présent, musique des folies parisiennes, parole franche et légère, parodie au premier et au second degré sont au rendez-vous. En effet le directeur général de l’Opéra Royal de Wallonie-Liège qui est aussi metteur en scène, remet l’œuvre au goût du jour, Frères Taloche à l’appui pour la mise en abyme, ou abîme, comme vous voudrez, (on accepte les deux orthographes…) Quoi ? Un vieil opéra bouffe du Sieur Offenbach qui signa en 1866 un œuvre sulfureuse à propos de la hiérarchie dictatoriale et de l’esprit belliqueux des va-t’en guerre de l’époque, dans la plus pure tradition de l’opéra-comique. Il veut retrouver le genre primitif et vrai d’une grande musique qui amuse et qui émeut, où c’est le public raillé qui le louange ! « Napoléon III et l’impératrice Eugénie, le tsar Alexandre II, le prince Bismarck, les rois du Portugal et de Suède, le vice-roi d’Egypte ou le prince de Galles se pressent aux premières représentations de cet opéra-bouffe! Et pourtant à l’époque nul ne sera dupe: ils sont la cible d’Offenbach. Lui seul pouvait réussir le tour de force d’être adulé par ceux dont il s’inspirait si cyniquement! »
Stefano Mazzonis di Pralafera a décidé de monter une « Grande-Duchesse de Gérolstein » (1867) revisitée, en réécrivant le texte dans le style de la téléréalité culinaire (si cela vous dit quelque chose, sinon, allez juger sur pièce !) Après la mise en bouche succulente des frères Taloche, nous pénétrons dans les grandes cuisines de la duchesse avec moultes tables roulantes et fourneaux étincelants, un âtre dans lequel rôtit un agneau, des serveuses en noir et blanc, des poêlons de cuivre, des bacs de bière sur roulettes. « Dansons, dansons, c’est la danse du cuistot » chante une joyeuse foule de bon-vivants à cœurs déployés. Décors astucieux de Jean-Guy Lecat. Parfois, oui on chante, on boit et on danse par nostalgie de la fin-de-siècle ou pour des années folles à venir! Pour conjurer la guerre! Quand tout est perdu, il vaut mieux… rire!
Le chef Boum (un Lionel Lhote très convaincant) se rengorge: « Qu’il est bon d’être MOI! » Tout un programme ! Mais pour le plongeur Fritz (Sébastien Broy, pour la première fois sur la scène de l’OPRLW) et sa chère Wanda (qui n’a rien d’un poisson, l’exquise Sophie Junker) : « Au diable la consigne et vive l’amour !». La Dame duchesse est bien en émoi, car elle veut son Fritz ! En tailleur de brocard jaune la dame au p’tit chien promène son Pékinois ou ce qui en tient lieu avec des airs de Madonna. Patricia Fernandez est débordante d’« esprit » regorgeant de lascivité et de sensualité. Son désir rime avec empire, sa dictature élève et abaisse ses serviteurs, la loi est au fond de la voix. « Ah que j’aime les militaires! » entonne-t-elle avec légèreté ! On est à deux pas de la guerre de 1870. Et nous « fêtons » bientôt le centenaire de 14-18… cette guerre qui a changé définitivement la face du monde! Et nous regardons impuissants, les images de conflits qui sévissent d’un bout à l’autre de la planète…
Même si la duchesse peut tout acheter selon son bon plaisir, cette jeune domestique, la petite Wanda, lui porte vraiment sur les nerfs! Mais c’est l’histoire du Sabre qui soudain fait resurgir la voix de nos aïeuls dont l’enfance a été bercée par ces musique de la Belle Epoque « Voici le sabre ; voici le sabre tu vas le mettre à ton côté ! » Tout-à-fait ce que chantait mon grand-père s’exclame une sexagénaire, pendant la pause, il m’en souvient encore! Ici la parodie de la parodie rend le spectacle encore plus pétillant qu’au temps des crinolines! La maîtresse de la chorégraphie est Laurence Fanon qui valse spirituellement entre jeux d’amour et de massacre…
La réécriture est très adroite, entre sabre, plumeaux, panache, cocarde, toque et tire-bouchon. On est franchement menés joyeusement en bateau! Le vocabulaire culinaire et militaire filent le parfait amour ! Immanquablement il y aura une histoire de vengeance, puisque dame Jalousie se cache dans tous les couloirs! Mais sur le ton de la fantaisie, précise la Grande Dame ! « Il faut qu'il tombe, sous nos coups! » rugissent les conjurés déconfits (Paul, Puck et Redbul)! Ah la perte de pouvoir, quel détestable affront! Il y a ce superbe ballet de préparation de la chambre nuptiale du jeune couple avec une troupe de danseurs fascinants. La chambre des mariés sera tour à tour envahie par les vœux de bonheur nuptial de l'armée de danseurs et par les cris d’une foule guerrière : « Au fourneau, au fourneau ! Il faut aller vaincre ou mourir ! »
Il y a cette longue scène d’aveu pathétique où la duchesse s’adresse à Fritz pris au piège de son glorieux palace, et le supplie en cachant son identité : « Ah dites-lui que je l’aime et que je suis belle » ! Un air de nos aïeules ? Il y a les costumes inventifs de Jérôme Bourdin… Il y a cette finale de réalisme matérialiste : le bonheur est peut-être là, « quand on n’a pas ce que l’on aime, on aime ce que l’on a ! » Sagesse populaire, conclue par des folies bergères de Moulin ...Liégeois, tailles et couleurs de guêpes courte vêtues, très toniques qui vous donneront la frite! Il n’y a plus qu’à sabrer le champagne! Et joyeux centenaire à tous!
LA GRANDE-DUCHESSE DE GÉROLSTEIN
Un spectacle sur-mesure pour vos fêtes de fin d'année!
Du 20 au 31 décembre 2013 au Théâtre Royal de Liège
Direction musicale: Cyril Englebert | Mise en scène: Stefano Mazzonis di Pralafera
Ou comment sabrer le champagne avec panache !
http://www.operaliege.be/fr/activites/operas/la-grande-duchesse-de-gerolstein
Je dédie ce poème au fondateur de notre réseau, monsieur Robert Paul, ainsi qu'à tous ses membres.
Un an déjà est filé sans souci de sa traîne,
Radieux ou morose selon les saisons et les chocs,
Du cœur ou des consciences et de leurs entrechocs,
Qui laissent joies, supplices, douleurs qui vous gangrènent.
Un an déjà est filé sans souci de sa traîne,
Constellée d’enchantements blancs ou noirs, roses ou gris,
De rêves réalisés ou brisés ventre-saint-gris,
Par la fée Carabosse ou la bonne fée marraine.
Un an déjà est filé sans souci de sa traîne,
Miroitant sous les lampions de décembre illuminé,
Du faste des repas pour la nouvelle année,
Précédée du doux Noël qui conduit aux étrennes,
Un an déjà est filé sans souci de sa traîne.
Joyeux Noël et bonne année 2014. Que celle-ci soit meilleure que celle qui nous quitte et réalise nos vœux, grands et petits. Amicalement, Claudine.
Claudine QUERTINMONT D’ANDERLUES.
"L' art comme expérience" est une oeuvre du philosophe nord-américain John Dewey (1859-1952), publiée à New-York en 1934. Ce livre est un recueil de dix conférences faites par l'auteur, en 1931, à l' Université de Harvard. Dewey y présente une théorie de l' art qui, par certains côtés, se rapproche des plus récentes doctrines esthétiques, mais qui constitue, par son essence et par ses méthodes d'investigation, un retour à l' empirisme anglais. Il ne faut pas oublier que Dewey est un des représentants les plus éminents du pragmatisme; et s'il s'intéresse aux problèmes éducatifs, c'est surtout du point de vue sociologique. Son esthétique se ressent de sa philosophie, surtout dans sa façon d'aborder les problèmes.
La conception du beau comme une manifestation parfaitement isolée du reste des concepts humains, l'affirmation que le beau est le résultat d'une activité spéciale d' individus spéciaux, l'idée que l' émotion esthétique ne peut naître que dans la contemplation d'objets spécifiquement artistiques et qu'il faut séparer le phénomène esthétique de tous les autres phénomènes, attitude qui a pour résultat d'isoler les objets d' art dans les musées et autres lieux spécialement réservés car ils n'ont rien à faire avec notre vie quotidienne et les autres choses qui nous entourent: voilà autant de pensées que Dewey s'applique à combattre. Dans son livre l' "Ecole et la société" où il tend à introduire l' éducation dans la vie sociale, l'auteur examine la qualité esthétique en tant que manifestation d'une expérience commune et non comme un phénomène à part. Partant de là, il étudie et analyse les émotions du coeur humain par rapport aux expériences communes et conclut que la joie, la crainte ne sont pas des états d'ame statiques et momentanés, mais un concours d' expériences intérieures suscitées par un événement qui se déroule en dehors de nous. Toute "expérience" est le résultat d'un jeu réciproque de forces mises en mouvement entre un événement extérieur et une créature vivante, et ce jeu n'est ni causal, di désordonné: il suit un rythme, un processus, il y a un commencement et une fin. Quand ce processus se développe sans dissonnances, harmonieusement, il revêt par cela même une qualité esthétique, indépendante de tout effort pour créer une oeuvre d'art. Celle-ci naît du besoin de donner une expression à cette expérience déjà dotée d'un caractère esthétique; mais cette expression a une valeur intrinsèque. Les choses extérieures et les émotions, actuelles ou passées, agissent donc comme moyen d'expression; mais l'expression, en elle-même n'est pas artistique ou esthétique: toute émotion tend à s'exprimer, mais ce peut être en un geste ou un cri, etc... L'expression esthétique, au contraire, est due à une transposition. L' émotion, au cours de son développement attire à soi d'autres états d'âmes, d'autres sentiments analogues, de façon à produire un ordre, une unité supérieure à celle qui est due à la simple émotion initiale. Cette unité expressive multiforme fait naître une émotion d'un caractère différent: c'est l' émotion artistique qui n'est pas absolument étrangère au développement normal de l' expérience émotive, mais s'en distingue cependant. Conséquence importante, étant donné les préoccupations sociologiques de Dewey: l'oeuvre d'art étant une oeuvre d'expression, elle doit pouvoir être communiquée aux autres.
L' art, d'après Dewey, tend donc essentiellement à mettre les hommes en rapport les uns avec les autres et à constituer entre eux un lien d'expériences immédiates communes, ce qui est l'unique moyen d'échapper à l' individualisme. Par ailleurs, l'union de la forme et du contenu de l'oeuvre d'art n'est que l'expression de l'union intime de la passivité et de l'activité qu'implique toute expérience concrète. Ne pas réagir à une émotion par d'autres émotions et actions est le fait d'une passivité étrangère à l'homme. L'art de donner une forme à cette émotion représente la plus haute expression du potentiel de l'activité humaine. Et si la philosophie s'intéresse aux problèmes esthétiques, c'est justement parce que le beau, en réalisant la synthèse du particulier et du général, de l'ancien et du nouveau, et surtout du réel et de l' idéal, a une signification plus profonde que celle des divers éléments de l'oeuvre d'art proprement dite, quand ils sont isolés et voués à un jugement purement cérébral.
Pourquoi le fils attaque-t-il quelquefois sa mère ? Il n’est qu’à observer l’attachement viscéral, charnel, ombilical d’un fils à sa mère quand il est petit pour comprendre immédiatement la raison qui va pousser le fils à attaquer sa mère plus tard.
Les garçons sont plus sensibles que les filles. Les chiffres montrent plus de désarrois chez les garçons en cas de rupture amoureuse que chez les filles.On aurait pu penser le contraire de prime abord. Ce n’est donc pas parce que les garçons se cachent derrière des trains électriques, des arcs et des flèches, des révolvers ou autres signes “virils” au vu desquels on a cette tendance à les ranger dans un masculin “barbu”, insensible, guerrier ou que sais-je encore qu’ils n’auraient pas une sensibilité profonde et même supérieure à celle de la gent féminine ? Au passage notons que les jouets qu’on leur offre partent de l’idée qu’il faut faire d’eux des hommes et que, comme tout enfant d’ailleurs, ils se mettent à coller à l’image qu’on leur présente. Bref, les garçons au fil du temps, modelés par les clichés sociaux et parentaux voient s’éloigner les jupes de leurs mères, ces doux refuges qu’ils ont palpés, enveloppés de leurs petites mains, dans lesquels ils se sont tapis pour se protéger de ceux qui auraient voulu leur dérober ce havre de paix et de sécurité que pour rien au monde ils n’auraient cédé.
Mais voilà, progressivement, les petits garçons “à leur maman ” vont devoir assumer un destin que les grands leur ont concocté ! La maman va y prendre sa part et va nourrir, malgé elle, le ressentiment que tout être humain peut avoir à l’égard de celui qui nous repousse gentiment en arguant que c’est pour notre bien !
Le garçon va prendre conscience qu’en grandissant il n’est pas “correct” de toucher sa mère. Alors qu’auparavant elle lui témoignait de l’encouragement aux embrassades à n’en plus finir, aux calins éternels; maintenant elle lui enseigne la distance, le respect, le savoir-vivre et le devoir en société. L’incompréhension et l’hostilité vont alors prendre la place de l’amour. L’abandon est consumé, il persistera, prendra divers visages mais ne sera jamais tout à fait effacé et ni même parfois complètement pardonné .
Mamans, n’oubliez jamais !