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PASSERELLE DE LUMIERE

Dentelles de lumière entre ciel et mer

Repoussant les limites du possible

Les pas hésitent à parcourir ce chemin éblouissant

Au loin trace l'oiseau blanc

"Lentement de l'autre côté voguent les poissons "

Espace sans repère

Il existe encore des artistes

AA

Le MuCEM à Marseille (Musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée)12272968072?profile=original

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administrateur théâtres

12272975471?profile=originalEuropalia India oblige, les miniatures indiennes du Ramayana au musée du Cinquantenaire

La troisième exposition de l’automne au Musée du Cinquantenaire de Bruxelles vient de s'ouvrir. Elle rassemble 101 miniatures indiennes appartenant au Musée national de New Delhi.  Le choix fut fastidieux  parmi les 500 oeuvres de la collection. Europalia India oblige, le musée participe au voyage dans l'imaginaire indien. Le Ramayana, à l’instar du Mahabharata, est une grande épopée hindouiste classique de l’Inde. Compilé jadis par le légendaire poète Valmiki, il constitue l’un des monuments de la littérature mondiale.

12272975878?profile=originalLe Ramayana fut écrit à l’origine en sanscrit. Il décrit, en sept livres (kanda) de 24.000 couplets (shloka), l’histoire du prince Rama et de son épouse Sita. Le héros de l’épopée est Rama, prince héritier d’Ayodhya, qui, à la suite d’une intrigue à la cour, doit s’exiler pendant 14 années dans la forêt en compagnie de sa femme Sita et de son demi-frère Lakshmana. La belle et vertueuse Sita est enlevée par ruse par Ravana, le roi des démons, à dix têtes, qui habite sur l’île de Lanka (Sri Lanka). En compagnie de Lakshmana, Rama débute alors une quête longue et ardue à la recherche de son épouse. Après bien des aventures et des épreuves difficiles, Rama finit par triompher de Ravana et libère sa femme Sita, avec l’aide de l’armée des singes, dirigée par le général des singes, Hanuman. Le Ramayana est une histoire de courage, de fidélité, d’amitié, d’amour et de justice. Il possède une profonde signification religieuse. Les Indiens considèrent Rama comme une divinité et le vénèrent encore aujourd’hui comme une des dix incarnations du dieu hindou Vishnu, qui prit plusieurs avatars pour descendre sur terre.

12272975889?profile=originalLe Ramayana a été une source d’inspiration pour de nombreux artistes au cours des siècles, tant en Inde que dans les pays voisins, la Thaïlande, le Cambodge, le Laos, le Vietnam et l’Indonésie. Les miniatures sont exposées dans une seule salle pen accrochage vertical par trois. la raison est à la fois  la restriction des moyens du musée et des raisons de sécurité. il est conseillé d'acheter le  magnifique catalogue peu encombrant qui  reprend l'histoire passionnante de chaque oeuvre photographiée. Sur 50 écoles artistiques existantes, 21 sont représentées dans l'exposition par des miniatures inspirées du Ramayana et qui ont été réalisée par des artistes indiens entre le XVIe et le XIXe siècle.

Chez les artistes peintres rajasthani et pahari, l’épopée fait partie des thèmes de prédilection. Elle ne laissa pas non plus indifférents les empereurs moghols musulmans. Ainsi, en 1588, le célèbre empereur Akbar fit traduire le Ramayana en langue persane, et de nombreux artistes des ateliers de la cour s’en inspirèrent pour leurs oeuvres. L’empereur lui-même donna l’ordre de représenter le Ramayana dans des séries de miniatures. L’exposition fait découvrir un art de la miniature dans lequel l’artiste peintre indien révèle sa maîtrise dans la façon de représenter l’homme et la nature d’une manière unique.

(Photo: ©National-Museum.New Delhi)

« Ramayana – Miniatures indiennes du Musée national de New Delhi »

Du 21/11/2013 au 18/05/2014 au Musée du Cinquantenaire, Parc du Cinquantenaire 10 à

1000 Bruxelles. Renseignements : www.mrah.be

Visites guidées, informations et réservations : tél. 02.741.73.11 –

sec@mrah.be

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administrateur partenariats

Etat d'âme d'une facebookienne dubitative ...

Il me semble que de plus en plus que les gens se replient sur eux-même.
Les élans spontanés d'amitié sont plus rares, est-ce dû au fait que FB existe maintenant depuis un certain temps ?
Les amitiés virtuelles n'ont qu'un temps. Passer du virtuel au réel, c'est faisable pour autant que la distance soit acceptable, mais ensuite ?
Difficile ensuite que de prolonger, je temps de la surprise et la découverte passées, sans concrétisation due à un métier commun, un projet, une réalisation concrète.


Il en va des amitiés facebookiennes comme de celles de la vraie vie: ça va, ça vient, on ne sait trop quoi en penser. Il n'empêche que dans la vie, la vraie, on ne compte pas 300 amis à qui on peut filer un coup de fil en cas de pépin...
Les publications au début intéressent, sont commentées, puis, petit à petit, leur visibilité s'étiole comme noyée dans la déferlante des statuts de toutes sortes, grande lessive de frustrations ou de mises à nu de vie privée, de règlements de compte avec la société ou le pouvoir en place, de pétitions et dénonciations inutiles, ( depuis quand les dictatures, et les multinationnales tiennent-elles compte de pétitions sur FB ?) , de haine parfois et de propos douteux...ces propagandes -là, en revanche, elles sont suivies ...
Ah ! j'oubliais ! les buzzzz aussi, nouveau mot !


Lassitude peut-être ?
Juste placer son statut, que l'égo bien humain nous dicte et puis s'en foutre au fond du statut des autres....sauf quand il nous amuse , nous divertit...
Finalement, FB est la plus grande entreprise de voyeurisme jamais mise en place !
Avant, on se mettait à poil sur la plage des nudistes et maintenant on se met à nu sur la place publique....en toute impunité, le ventre replet de gavages indigestes que l'on digère quoiqu'il arrive.


Les romains avaient inventé les vomitorium, pour évacuer le peuple des théâtres, facebook est le vomitorium virtuel de la culture pour la société décadente du XXIe siècle.

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L'Association des Assassins Anonymes

 

Des citadins que le soleil rendait joyeux;

Dans le monde, leur ville paraissait enviable.

Charmés, les visiteurs les trouvaient fort aimables.

De la beauté du port, s'en mettaient plein les yeux.

Marseille, la bonne humeur et l'accent contagieux.

Le soleil, chaque jour, fidèlement l'inonde.

Or, les gens sont atteints d'une angoisse profonde,

Exposés corps et âme à des crimes odieux.

Chacun se barricade, se méfie en marchant,

Cela n'empêche pas de devenir victime.

Le nom de cette ville nous paraît synonyme

De terreur. On évoque, aussitôt, des brigands..

À l'exception des fous, l'humain est accessible.

S'il devient dangereux, il faut savoir pourquoi,

Essayer de créer en lui certains émois.

Les flèches vengeresses ratent souvent la cible.

Si soudain un prophète ardent, charismatique

Menait les criminels à créer l' AAA

Avec compensations garantie par l'état?

Se sont réalisés des projets utopiques.

J'imagine portée à l'écran cet exploit

Qui deviendrait crédible, réalisable en somme.

Pour changer les pensées, la conduite des hommes,

Il a suffi d'un être unique, bien des fois.

19 novembre 2013

 

 

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Lorsqu'il est question d'acquisition de langage et de facilité d'expression,

d'une élocution synonyme d'Art oratoire, et de liberté...

par le biais de la "Mise en bouche" goûteuse de textes

ou

Comment chercher à épanouir les personnalités en germination

en respectant leur singularité

J'ai le plaisir de vous présenter, amis du réseau Arts et Lettres, le tout premier atelier-laboratoire aux teintes automnales que j'ai eu l'honneur d'animer, durant la matinée, conçu sur mesure en faveur d'une École pratiquant la pédagogie de Maria Montessori, principalement axé sur le mode de l'oralité, associé à quelques références historiques et artistiques enrichissant cet apprentissage littéraire, dans le dessein, de familiariser ces quelques  membres composant les futures générations, au patrimoine littéraire avec le riche vocabulaire que celui-ci génère,  et surtout dans le dessein de susciter en eux le plaisir que procure de donner à voix haute les œuvres choisies...

Rien de fastidieux, de purement "intellectuel", dans cette nouvelle expérience tentée par mes jeunes élèves, mais au contraire, la sensation de découvrir tout un monde inconnu, gage d'échanges et peut-être de révélations sur des dispositions dont ils étaient loin, de se douter...

Bref, j'escompte bien les aider à développer des aptitudes enfouies, comme un trésor !

Heures Automnales :

Ou

« Le Temps des Vendanges »

 

Atelier « Jeunes graines » et «Jeunes Pousses»

 

Duo de Fables :

 

I)                           Le Renard et les Raisins

 

Certain renard gascon, d'autres disent normand [1],

Mourant presque de faim, vit au haut d'une treille [2]

Des raisins mûrs apparemment[3],

Et couverts d'une peau vermeille[4].

Le galand [5]en eut fait volontiers un repas;

Mais comme il n'y pouvait point atteindre:

«Ils sont trop verts, dit-il, et bons pour des goujats.[6]»

 

Fit-il pas mieux que de se plaindre?

 

Jean de La Fontaine

(1621-1695)

(Fable Xl du Livre III inspirée d’Ésope et de Phèdre)

12272973471?profile=originalLe renard et les raisins de Calvet-Roignat.

Quelques clefs de compréhension du texte dépeignant la scène :

 

Tandis que notre renard à la fierté exacerbée de Gascon doué en même temps d’une indécision légendaire de Normand et que la faim tenaille, au point d’en quasiment défaillir, jette son dévolu sur les fruits d’une haute treille (pied de vigne grimpante comestible cultivée pour le plaisir au sein du jardin d’agrément) treille d’où pendent des grappes de raisins parvenues à maturité, il s’aperçoit que son appétit est démesuré puisqu’il ne peut atteindre les grains convoités dont il se réjouissait de faire son régal.

Que trouve-t-il alors comme parade censée masquer son erreur d’appréciation de ses capacités ? Il joue tout simplement au précieux dégouté, avisant en pure mauvaise foi que l’objet de sa tentation n’est pas suffisamment de qualité pour son fin palais pourvu de papilles gustatives et afin de sauver la face, en lieu et place de reconnaitre son erreur, fait apparaitre un mépris de mauvais aloi, justifiant son renoncement forcé (impossibilité d’atteindre ce repas frugal de gourmet…°), par un dédain illégitime, se plaisant à se tirer de ce mauvais pas en exécutant une pirouette qui lui fait invoquer le faux prétexte de la non maturité du produit devenu soudainement à ses yeux médiocre, d’où la citation « bons pour les goujats », personnes de condition modeste, inférieure à la sienne qui elles, sauront se satisfaire de ce piètre mets si l’on en croit son argument et qu’il considère de haut depuis que messire Renard a compris qu’il lui fallait renoncer à sa récolte inaccessible !

Ainsi son honneur est quitte et son amour-propre préservé, bien qu’il sache pertinemment qu’il ne fait que se mentir à lui-même !!!

Enfants, l’espoir du devenir de notre race humaine, écoutez le poète, je vous en prie !

Écoutez ce fabuleux fabuliste de l’époque baroque lié au règne de Louis XIV dit le Roi Soleil, légendaire par son amour des arts, certes, mais aussi par son pouvoir absolu, qui par le biais des conventions, du masque, c'est-à-dire du « déguisement » que revêtent les personnages en prenant le contour de nos « amies les Bêtes », brosse les travers du genre « bipèdes » auquel nous appartenons !

Car, ne nous y trompons pas, les défauts sur lesquels s’attarde notre plume bienveillante, jamais gratuitement odieuse, s’attache bien à dessiner notre portrait, quelque soit notre tempérament…

Faisant confiance à votre intelligence sensible, je ne doute pas que vous avez su deviner à quelle faille, Jean de La Fontaine fait appel au cœur de ce récit, ainsi que la morale qu’il nous faut en tirer !!!

 

II)              Le Renard et les Raisins

 

Un Renard ne pouvant atteindre aux Raisins d’une treille,

dit qu’ils n’étaient pas mûrs, et qu’il n’en voulait point.

Quand d’une charmante beauté,

Un galant fait le dégoûté,

Il a beau dire, il a beau feindre,

C’est qu’il n’y peut atteindre.

 

Charles Perrault

(1628 – 1703)

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Raisins verts à la noix de Jacob Foppens Van Es

© Tout droit de reproduction réservés



[1] : Il ne s’agit pas, chez La Fontaine, de vouloir à tout prix préciser l’origine du renard mais bien plutôt de faire allusion à certaines caractéristiques régionales le Normand ne peut s’engager clairement (« P’ être bin qu’oui, p’têt bin qu’non), tandis que le Gascon ne veut pas perdre la face.

 

[2] : L’ensemble des ceps qui grimpent le long d’un treillis, d’un mur,... Cf. « L’Ivrogne et sa Femme » « Un jour que celui-ci, plein du jus de la treille / ... » (Livre III, fable 7, vers 9).

 

[3] : Selon toute apparence.

[4] : Vermeille exprime la couleur or en langage littéraire…

[5] : Mot  s’orthographiant au XVIIème de deux façons, Galand ou Galant,  ici  employé dans le sens de malin, mais peut aussi vouloir dire amant dans la signification de l’amour courtois…

[6] : Valets employés dans l’armée (voir le Littré…) de mœurs peu raffinées, d’où l’extension de son appellation dans la vie courante désignant un  homme vulgaire et grossier dans ses manières.

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Date limite de remise des dossiers pour le Prix Charles Spaak 2014: le 15/12/2013.



REGLEMENT DU PRIX CHARLES SPAAK 2014


Art. 1 Le Prix Charles Spaak a été créé en 1991 par l'Université Européenne d'Ecriture dans le cadre de la Chaire Charles Spaak. Ce prix est attribué par voie de concours destiné à favoriser l'écriture du scénario. 

Art. 2 Ce concours de scénarios est organisé dans le cadre de l'U.E.E., projet labellisé Eureka Audiovisuel. 

Art. 3 Toute personne physique de plus de 18 ans issue d'un pays européen peut participer à ce concours. 

Art. 4 La participation au Prix Charles Spaak est gratuite. 

Art. 5 Participation et date limite de remise des documents. 
Les participants doivent fournir les pièces suivantes: 
a) une demande de participation écrite et signée indiquant que le candidat a bien pris connaissance du règlement et l'accepte, accompagnée d'un curriculum vitae et de deux photos; 
b) un synopsis du scénario en huit exemplaires ne dépassant pas soixante lignes; 
c) un scénario dactylographié en huit exemplaires. 
Toute pièce manquante implique la nullité de la demande de participation. 
Date limite de remise des documents: le 15 décembre. 

Art. 6 Caractéristiques de l'oeuvre présentée: 
- Oeuvre originale non réalisée. Aucune adaptation d'une oeuvre littéraire éditée ou non ne sera acceptée. 
- Sujet au choix. 
- Le scénario présenté doit être l'oeuvre d'un seul auteur. Il ne peut être proposé qu'un seul scénario par auteur. 

Art. 7 Le scénariste s'engage à ne pas faire participer l'oeuvre qu'il présente au Prix Charles Spaak à d'autres concours pendant la période du concours et à ne pas retirer son scénario du concours avant la date d'attribution du Prix. 

Art. 8 Un jury se réunira afin de déterminer le lauréat du Prix Charles Spaak. Les scénarios non retenus ne seront pas retournés. 

Art. 9 Au cas où le scénario était adapté à l'écran ou édité, le lauréat indiquera clairement au générique ou en page de garde que "son scénario (synopsis, adaptation et dialogue) a obtenu le Prix Charles Spaak (année) de l'Université Européenne d'Ecriture, Bruxelles". 

Art. 10 Il ne peut y avoir d'ex aequo pour le Prix Charles Spaak. 

Art. 11 L'U.E.E. se donne le droit d'annuler à tout moment ce concours. Dans ce cas, aucun dédommagement ne sera dû mais les oeuvres seront mises à la disposition de leur auteur dans les bureaux de l'U.E.E. 

Art. 12 La participation au concours implique la parfaite adhésion au présent règlement. Seul le directeur de l'UEE est habilité à statuer sur les cas non prévus par ce règlement. 

Art. 13 Le secrétariat du Prix Charles Spaak est le siège de l'U.E.E.: 489, av. Brugmann, B-1180 Bruxelles. T.: + 32 2 344 65 70. 

Le PRIX CHARLES SPAAK a été décerné cette année à Maud GARNIER, scénariste et réalisatrice, pour son scénario LA PEAU CLAIRE.

 

Maria, une servante violée à l'âge de 15 ans par son patron, se rend compte à quel point son existence n'a aucune valeur aux yeux des autres. Elle se raccroche à la peinture comme à une bouée de sauvetage. Cependant, à cette époque de Contre-Réforme, les femmes n'ont pas accès à la Guilde des peintres et ne peuvent accéder aux commandes de sujets religieux.

 

La jeune femme ne s'arrête pas à ces interdits et, jouant de ses charmes, elle devient le modèle d'un peintre pour apprendre les techniques et découvrir les secrets de la fabrication des couleurs. Elle n'aura de cesse d'ignorer les règles jusqu'à la transgression ultime et sera jugée comme hérétique à cause de ses peintures et dessins sacrés.

 

La date limite de remise des dossiers pour le CHARLES SPAAK 2014 est le 15 décembre 2013. Pour obtenir le Règlement du concours, il suffit de s’adresser au secrétariat de l’Université Européenne d’Ecriture, 489 av. Brugmann, 1180 Bruxelles,

T. + 32(0)2 / 344 65 70.

 

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Charriée jusqu'à l'estuaire

 

 

Sous le soleil, l'esprit errant,

Bien souvent, plus que je ne nage,

Fatiguée en fin du voyage,

Je flotte sur le lent courant.

Les yeux contemplant l'horizon,

Qui paraît limiter le fleuve,

Où des vaguelettes se meuvent,

Je prends congé de ma raison.

Ô disparaître sur les flots,

Sombrer dans le profond mystère,

L'oubli venant y satisfaire,

L'âme se dissolvant dans l'eau!

Charriée jusqu'à l'estuaire,

Portée un temps par l'eau salée,

Assez vite au loin en allée,

Délivrée du poids de la terre.

18 novembre 2013

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administrateur théâtres

IN VINO VERITAS ! "La mémoire de la cave a toujours été sous-estimée par rapport à celle, tant exploitée, dans les romans, du grenier. La grande supériorité de la cave sur le grenier, c'est qu'en plus du passé, qu'ils détiennent l'une et l'autre, …la cave a de l'avenir." Cette citation de Bernard Pivot donne le ton. On va mélanger ce soir sagesse, philosophie, art de vivre et dégustations en tous genres. Les portes du paradis sont largement ouvertes sur la compagne séculaire de l’homme : l’ivresse. Celle des sens, celle  des mots, celle du vin et du champagne, n'en déplaise aux vins jaloux des bulles!

12272969698?profile=originalCe duo de plaisir inédit est une invitation à partager en un peu plus d’une heure l’univers complexe du vin, son vocabulaire, sa poésie et sa sensualité. Des textes choisis  d’écrivains amoureux du vin émaillent l’écriture inventive de Pascale Vander Zypen et Christian Dalimier. La bouche gourmande, ils se mirent dans la robe du  vin où se reflètent toutes  les émotions humaines : de l’amour, à l’extase, à la dispute.  Car l’air de rien,  la dispute est souvent dans l’air.  La dispute qu’elle soit pensante ou effervescente, c’est  comme le cumin dans la cuisine marocaine, une sorte de piment pour les mariages heureux et pour  le plaisir des papilles. La saveur des mots rejoint l’humour libérateur et on hume les effluves  à s’en étourdir.  Les deux comédiens se saoulent de mots, d’appellations, de millésimes. Rien de pédant, tout pour le plaisir et dans tous les registres!12272970086?profile=original «  Entre deux verres »  est l’un de leurs sketches  particulièrement désopilant : une conversation entre un bordeau et un bourgogne ( et pas n’importe lequel, un Vosnes Romanée Conti)  avant d’être bus d’un trait et sans honte par des bouches indélicates.  A travers la robe des vins on entrevoit les petits travers de la vie de couple, ou de famille avec baptêmes, mariages, funérailles. Ils font  le tour de la question  dans une bonne humeur grandissante. Et le public trinque mentalement avc eux, savourant mises en bouche et mises en scènes spirituelles.  Notre préféré est ce conte de fées joué dans un vrai château (domaine de Vaqueyras) où un certain Lucas di Montepulciano des Abruzzo ... s'est entiché  de la  belle demoielle de Vaqueyras couvée par un  père intraitable.   A Baudelaire de conclure déjà, et  bien trop tôt ! On en redemande ?  : Il faut être toujours ivre. /Tout est là : c'est l'unique question. /Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve. /  Mais de quoi ?/ De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. /Mais enivrez-vous./ Et si quelquefois, sur les marches d'un palais, sur l'herbe verte d'un fossé, dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l'ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l'étoile, à l'oiseau, à l'horloge, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est ; et le vent, la vague, l'étoile, l'oiseau, l'horloge vous répondront : « Il est l'heure de s'enivrer ! Pour n'être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous ; enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. » Bouquet capiteux pour les comédiens: c'était  ce soir-là la centième représentation, fleurie d'applaudissements généreux.

 De la salle, on passe au bar pour une dégustation conviviale de trois crus, la parole se délie entre spectateurs… Et ce soir-là on se retrouve aussi  à la table très bavarde de Mmmmh (spécialiste épicerie fine, ustensiles et cours de cuisine depuis 2003)!  Une façon de conclure dans la ligne du nouveau théâtre Saint-Michel  qui a décidé d’offrir à son public des saveurs humaines bien vraies pour  damner le pion à l’univers frelaté des bonheurs technologiques qui ne cessent de nous grignoter esssence et existence.   

 

http://www.theatresaintmichel.be/Entre-deux-verres

Du 15 au 18 et du 22 au 24 octobre Du 14 au 16 et du 21 au 23 novembre
Théâtre Saint-Michel
Durée : 01h30 - Tarifs : 12 à 22€ - ABO TSM

 

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LE MONDE | 17.11.2013 à 15h34 • Mis à jour le 18.11.2013 à 08h44 | Par Josyane Savigneau

De passage à Paris en septembre 2007, au moment de la sortie de son roman Un enfant de l'amour (Flammarion), Doris Lessing, morte dimanche 17 novembre à l'âge de 94 ans, éclatait de rire lorsqu'on lui parlait du Nobel.

Son nom avait été mentionné pour ce prix dès 1976, "une vieille histoire". Trois semaines plus tard, à quelques jours de son 88e anniversaire, le Nobel de littérature lui était attribué. A Londres, ce jeudi 11 octobre 2007, elle revenait de faire des courses, les bras chargés de paquets, et a vu un attroupement devant sa maison.
Passée la première surprise, "Oh ! mon Dieu!", elle a retrouvé son sourire moqueur pour commenter : "Ils ont pensé, là-bas les Suédois : celle-là a dépassé la date de péremption, elle n'en a plus pour longtemps. Allez, on peut le lui donner !"
Il est vrai qu'elle était la plus âgée des lauréates depuis la création du prix en 1901. Ce qui a permis au secrétaire perpétuel d'affirmer avec un humour tout à fait involontaire: "Elle est un sujet de débats entre nous depuis un certain temps et aujourd'hui c'était le bon moment. Je pense pouvoir dire que dans toute l'histoire du prix, c'est la décision qui a été la plus soigneusement pesée."
Les Nobel ont dit voir en Doris Lessing "la conteuse épique de l'expérience féminine, qui, avec scepticisme, ardeur et une force visionnaire, scrute une civilisation divisée". Une description bien tiède pour cette battante, cette insolente radicale qui pensait rejoindre le bataillon des très grands écrivains n'ayant pas eu le Nobel pour n'être pas assez politiquement correct, elle qui, justement, jugeait le politiquement correct comme "la plus puissante tyrannie des esprits dans ce qu'on appelle le monde libre."
DE L'ENFANCE REBELLE AU COMMUNISME
La petite Doris May Tayler, née le 22 octobre 1919 en Perse, dans une famille de la classe moyenne qui a déménagé en 1924 en Rhodésie du sud – actuel Zimbabwe, alors colonie britannique –, n'a pas attendu l'âge adulte pour devenir une rebelle. Elle a décidé de quitter l'école à 13 ans et, dans un entretien au Times, en 2009, s'en disait "très heureuse" . "Sinon j'aurais dû aller à l'université du Cap, un lieu sinistre, pour y étudier l'histoire et la littérature. Et pourquoi faire? Je pouvais lire moi-même." Et écrire.
Sa décision a été prise très tôt. A la dernière page du premier volet de son autobiographie Dans ma peau (1995, avant La Marche dans l'ombre – 2000 – où le récit se termine en 1962 et "n'aura pas de suite") elle écrivait: "J'étais née de mon propre être – du moins je le croyais. Je ne voulais pas savoir. Je ne rentrais pas dans ma famille. Je la fuyais. La porte s'est refermée et voilà tout."

Doris Lessing s'est mariée une première fois à 19 ans, a eu deux enfants, puis, après un divorce, a épousé Gottfried Lessing, dont elle gardera le nom pour écrire. Elle a eu avec lui un fils, a divorcé de nouveau et ne donnait sur tout cela qu'un avis définitif: "Le mariage n'est pas un état qui me convient." Elle n'aimait pas qu'on lui parle d' "engagement politique" , mais elle a toujours été une combattante et une révoltée.
Communiste dans sa jeunesse africaine, elle a rompu avec le parti en 1956 lors des événements de Hongrie: "Je me suis déjà beaucoup expliquée là-dessus, disait-elle au Monde en 1981. J'étais en Rhodésie du Sud, dans une société très réactionnaire, très inculte, très provinciale. Au début de la guerre, il y a eu un afflux de réfugié, de communistes. Pour la première fois j'ai rencontré des gens qui avaient lu, qui avaient réfléchi et j'ai adopté leur point de vue sur l'affreuse condition des Africains. Avant, je n'avais rencontré personne qui pensait ainsi. C'était une réaction assez enfantine en faveur d'un monde nouveau, un tout petit parti communiste à Salisbury." Ensuite, dans le second volume de son autobiographie, qui commence en 1949, elle revient sur l'influence du parti communiste, à cette époque, sur les intellectuels européens.
ICÔNE FÉMINISTE
En 1949, elle a quitté l'Afrique pour Londres, seulement avec le fils de son second mariage. Dans ses bagages elle avait plusieurs manuscrits, mais le premier publié sera, en 1950, Vaincue par la brousse. Son talent est immédiatement remarqué.
Une soixantaine de livres suivront (une trentaine sont traduits en français, principalement chez Albin Michel et Flammarion) – romans, poèmes, opéras, autobiographie, pièces de théâtre. Ses deux opéras sont adaptés de son cycle de science-fiction Canopus in Argo (cinq volumes, de 1979 à 1983), en collaboration avec Philip Glass.
Dès 1951, elle entreprend le cycle Les Enfants de la violence, un extraordinaire récit de formation en cinq volumes (publiés de 1952 à 1969), où, sur fond d'Afrique Australe violente et étouffante, elle décrit l'apprentissage de l'existence de son héroïne, Martha Quest, adolescente à la veille de la seconde guerre mondiale, partagée entre désir de liberté et soumission à sa condition de femme. Le regard aigu de Doris Lessing sur la vie des femmes est déjà présent.
Mais c'est avec Le Carnet d'or, en 1962, qu'elle va devenir, sans l'avoir voulu, une icône du féminisme des années 1960 et 1970. Son personnage est une romancière qui tient son journal en plusieurs carnets : noir pour son travail littéraire, rouge pour son engagement politique, bleu pour la quête soi à travers la psychanalyse, jaune pour ses sentiments les plus privés. Quant au carnet d'or, qui doit tenter de rassembler tout cela, il faut laisser à ceux qui ne l'ont pas encore lu le bonheur de découvrir ce qu'il en est. Les Français ont mis longtemps à reconnaître ce chef-d'œuvre. Il n'a été traduit qu'en 1976, et a reçu le prix Médicis étranger.

Doris Lessing a détesté être enfermée dans cette étiquette de romancière féministe, comme dans toute étiquette. Certes, sa réflexion sur la condition des femmes est constante, certes aussi l'Afrique est très présente dans ses romans et dans ses volumes de Nouvelles africaines, mais son œuvre est beaucoup plus vaste, plus diverse, passant par la science-fiction, par la recherche d'une éthique, notamment à travers le soufisme, par une critique sociale implacable, en particulier dans Mémoires d'une survivante (1974), plongée dans une société en pleine désagrégation, ou La Terroriste (1985), histoire de la dérive suicidaire d'un groupe d'apprentis révolutionnaires.
Doris Lessing sera à jamais une femme à la fois bienveillante et en colère contre un monde absurde – elle était interdite de séjour au Zimbabwe, pour avoir critiqué le régime –, avec un humour redoutable et un esprit constamment caustique.
Elle a fait scandale en 2001 au Festival du livre d'Edimbourg, jugeant les féministes "horribles avec les hommes". "Je maintiens ma position" , réaffirmait-elle au Monde en 2007. "Après avoir fait une révolution, beaucoup de femmes se sont fourvoyées, n'ont en fait rien compris. Par dogmatisme. Par absence d'analyse historique. Par renoncement à la pensée. Par manque dramatique d'humour."
On se souviendra aussi du tour qu'elle a joué à son éditeur en 1981 en lui envoyant, sous le pseudonyme de Jane Somers, Le journal d'une voisine. Il l'a refusé, le jugeant "détestable" . Un autre l'a trouvé "déprimant". Le livre a été finalement publié, et seul Ivan Nabokov, son éditeur français d'alors, a reconnu Lessing en Somers. Dévoilant sa supercherie, Doris Lessing n'a fait qu'un commentaire: "J'ai voulu vérifier que seul le succès attire la reconnaissance et le succès. Ceux qui se targuent d'être experts de mon œuvre ne reconnaissent même pas mon style…" Elle en savait long, comme tous les grands écrivains, sur le mensonge et l'illusion. Toute son œuvre les combat pour toujours.

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"Comment ne pas gagner le prix Nobel"
LE MONDE | 08.12.2007 à 13h57 • Mis à jour le 17.11.2013 à 16h27
Extraits du discours écrit par Doris Lessing à l'occasion de la réception du Prix Nobel de littérature 2007. Souffrante, l'écrivaine britannique n'a pas pu assister à la cérémonie à Stockholm.
"Postée sur le pas de la porte, je regarde, entre des nuages de poussière volante, dans la direction où il reste encore des forêts sur pied, c'est ce qu'on m'a dit. Hier, j'ai parcouru en voiture des kilomètres de souches d'arbre et de traces carbonisées d'incendies, là où, en 1956, s'étendait la forêt la plus magnifique que j'aie jamais vue. Entièrement détruite. Les gens doivent manger, ils doivent trouver du combustible pour leurs feux.
Ceci se passe au nord-ouest du Zimbabwe, au début des années 1980 ; je rends visite à un ami. Il est là pour "aider l'Afrique" ; ce qu'il a découvert ici, dans cette école, l'a choqué au point de lui provoquer une dépression dont il a eu du mal à se remettre. Cette école ne diffère en rien de toutes les écoles bâties après l'indépendance. Elle consiste en quatre grands cubes de brique, plantés côte à côte directement dans la poussière, un deux trois quatre, avec une moitié de salle à un bout, la bibliothèque. Ces salles de classe ont bien des tableaux noirs, mais mon ami garde les craies dans sa poche, sinon on les volerait. Il n'y a pas d'atlas, pas de globe terrestre dans l'établissement, pas de manuels scolaires, pas de cahiers ni de stylos bille ; la bibliothèque ne contient pas le genre de livres qu'aimeraient lire les élèves, seulement des ouvrages de rebut des bibliothèques des Blancs (...).
Pendant que je me tiens avec mon ami dans sa chambre, des gens entrent timidement, et tous, tous mendient des livres. "S'il te plaît, envoie-nous des livres quand tu rentreras à Londres." (...)
Je doute que beaucoup de ces élèves se verront décerner des prix.
Le lendemain, je me trouve dans une école du nord de Londres, un très bon établissement. Ces élèves reçoivent la visite hebdomadaire d'une personnalité (...). La venue d'une célébrité est chose normale pour eux.
Mais l'école enveloppée de poussière volante du nord-ouest du Zimbabwe est présente à ma mémoire. Je regarde ces visages légèrement curieux et tente de leur raconter ce que j'ai vu la semaine d'avant. (...) Je suis sûre que chacun d'entre vous ici, en prononçant son discours de réception, doit connaître ce moment où les visages que vous regardez deviennent inexpressifs. Vos auditeurs n'entendent pas ce que vous dites : aucune image mentale ne correspond à ce que vous leur expliquez. Dans le cas présent, (...) leur est-il vraiment impossible d'imaginer une pauvreté aussi nue ?
Je fais de mon mieux, ils sont polis.
Je suis certaine que, dans le lot, il y en aura qui obtiendront des prix. (...)
Restée avec les professeurs, je demande, comme toujours, si la bibliothèque marche et si les élèves lisent. Et ici, dans cette école pour privilégiés, j'entends ce que j'entends toujours quand je me rends dans des écoles ou même des universités : "Vous savez bien comment ça se passe. Beaucoup de nos élèves n'ont jamais rien lu, et la bibliothèque ne fonctionne qu'à moitié." (...)
Oui, en effet (...). Tous, nous le savons. Nous sommes dans une "culture à fragmentation", où nos certitudes datant d'il y a seulement quelques décennies sont remises en question, et où il est fréquent que les jeunes hommes et les jeunes femmes qui ont bénéficié d'années d'études ne sachent rien du monde, n'aient rien lu (...).
Ce qui nous est arrivé, c'est une invention incroyable : les ordinateurs, Internet et la télévision. Une révolution. Ce n'est certes pas la première révolution que nous, l'espèce humaine, affrontons. La révolution de l'imprimerie (...) a changé notre vision du monde et nos modes de pensée. Téméraires, nous l'avons acceptée sans réserve, comme toujours, sans jamais nous demander : "Que va-t-il maintenant advenir de nous avec cette invention de l'imprimerie ?" De la même façon, nous n'avons jamais pris une seule fois le temps de nous demander : (...) comment nos esprits vont-ils évoluer avec la nouveauté d'Internet (...) ?
Encore très récemment, tous ceux qui étaient un tantinet cultivés respectaient le savoir, l'éducation, et traitaient donc aussi avec respect notre grand fonds de littérature. Certes, nous savons tous que, pendant cet état de grâce, les gens faisaient souvent semblant de lire, feignaient de respecter le savoir, mais c'est un fait établi que les travailleurs et les travailleuses aspiraient à lire. (...)
La lecture, les livres faisaient autrefois partie intégrante de la culture générale. En s'adressant aux plus jeunes, leurs aînés doivent mesurer combien la lecture contribuait à l'éducation de l'individu, d'autant que les jeunes générations en savent tellement moins. Et si les enfants ne savent pas lire, c'est parce qu'ils ne lisent pas.
Cette triste histoire est connue de nous tous.
Mais nous n'en connaissons pas la fin.
Nous pensons au vieil adage : "La lecture apporte à l'homme plénitude." (...)
Cependant, nous ne sommes pas le seul peuple au monde. Il n'y a pas si longtemps, je recevais un coup de téléphone d'une amie qui me disait être allée au Zimbabwe, dans un village dont la population n'avait pas mangé depuis trois jours mais discutait de livres et des moyens de s'en procurer. (...)
J'appartiens moi-même à une petite organisation qui a démarré avec le projet d'introduire des livres dans les villages. (...) Ayant moi-même financé une petite étude sur ce que les gens voulaient lire, j'ai découvert que les résultats étaient comparables à ceux d'une étude suédoise dont j'ignorais l'existence. Les gens voulaient lire ce que veulent lire les Européens, si tant est que ceux-ci lisent : romans de toutes sortes, science-fiction, poésie, romans policiers, pièces de théâtre, Shakespeare. Les ouvrages pratiques, par exemple comment ouvrir un compte bancaire, venaient en bas de liste (...). Le problème avec l'approvisionnement des villageois en livres vient de ce qu'ils ignorent ce qui est disponible (...).
Parfois je reçois des lettres de gens habitant dans un village qui n'a peut-être pas encore l'électricité ou l'eau courante (à l'exemple de notre famille dans notre cabane de torchis tout en longueur) : "Je serai écrivain moi aussi, parce que j'ai le même genre de maison que tu as eue."
Mais la difficulté est là. Non, ce n'est pas vrai.
L'écriture, les écrivains ne sortent pas de maisons vides de livres.
Voilà la différence, voilà toute la difficulté.
Afin d'écrire, afin de s'engager en littérature, il doit exister une relation intime avec les bibliothèques, les livres, la Tradition.
Là, je parle de livres qui n'ont jamais été écrits, d'écrivains qui n'ont pas pu percer parce que les éditeurs sont absents. Je parle de voix inaudibles. Il est impossible d'évaluer ce grand gâchis de talents, de potentiels. Mais même avant ce stade de la création d'un livre qui exige un éditeur, un à-valoir, des encouragements, il manque autre chose.
On demande souvent aux auteurs : "Comment écrivez-vous ? Avec un microprocesseur ? Une machine à écrire électrique ? Une plume ? A la main ?" Mais la question essentielle est celle-ci : "Disposez-vous d'un espace, de cet espace libre qui devrait vous entourer quand vous écrivez ?" A l'intérieur de cet espace, qui est proche d'une forme d'écoute, d'attention, vous viendront les mots, les mots que diront vos personnages, des idées : l'inspiration.
Si l'écrivain ne peut pas trouver cet espace, alors poèmes et histoires peuvent être mort-nés. (...)
Sautons à une scène apparemment très différente. Nous sommes à Londres, une des mégapoles. Il y a un nouvel auteur. (...) Le nouveau ou la nouvelle venu(e) dans le monde des lettres est salué(e) par tous, croule peut-être sous les à-valoir. (...) Le ou la voilà fêté(e), applaudi(e), promené(e) illico dans le monde entier. Nous, les seniors, qui avons déjà tout vu, plaignons le ou la néophyte qui n'a aucune idée de ce qui se passe vraiment. Il ou elle est flatté(e), ravi(e). Mais demandez-lui au bout d'un an ce qu'il ou elle pense. Je l'entends déjà : "C'est la pire chose qui aurait pu m'arriver." Certains nouveaux auteurs ayant bénéficié d'un grand lancement se sont arrêtés d'écrire ou n'ont pas écrit ce qu'ils voulaient, avaient l'intention d'écrire.
Et nous, les seniors, souhaitons murmurer à ces oreilles innocentes : "Avez-vous toujours votre espace ? Le seul lieu qui vous soit personnel et nécessaire, où vos voix intérieures peuvent vous parler et où vous pouvez rêver. Cramponnez-vous-y, ne le lâchez pas !"
Mais il faut aussi une forme d'éducation.
Mon esprit est plein de somptueux souvenirs d'Afrique, que je peux ranimer et contempler à loisir. Ces couchers de soleil, or, pourpres et orange, qui envahissent le ciel au soir ! Les buissons aromatiques du désert de Kalahari fleuris de papillons, de phalènes et d'abeilles ! Ou encore moi assise au bord du Zambèze, dont les eaux vert foncé et luisantes - c'est la saison sèche - roulent entre de pâles berges herbues où s'assemblent tous les oiseaux d'Afrique. (...) Mais que dire du ciel nocturne d'un noir merveilleux, encore vierge de pollution, criblé d'étoiles effervescentes !
J'aimerais que vous vous imaginiez quelque part en Afrique du Sud, dans un magasin indien d'une zone pauvre, par temps de grande sécheresse. Les gens, surtout des femmes, font la queue, munies de toutes sortes de récipients pour l'eau. Tous les après-midi, ce magasin reçoit un camion-citerne d'eau de la ville voisine et les autochtones attendent cette eau si précieuse.
L'Indien se tient avec les paumes de main à plat sur son comptoir ; il observe une femme noire penchée au-dessus d'un gros paquet de feuilles qui a l'air d'avoir été arraché d'un livre. Elle lit Anna Karénine. Elle lit lentement, formant les mots avec ses lèvres. Le livre semble difficile. C'est une jeune femme avec deux enfants en bas âge accrochés à ses jambes. Elle est enceinte. L'Indien est peiné parce que le voile de sa visiteuse, normalement blanc, est jaune de poussière. (...)
Cet homme est curieux. Il demande à la jeune femme :
"Que lis-tu ?
- Ça parle de la Russie, répond-elle.
- Sais-tu où se trouve la Russie ?"
Il le sait à peine lui-même.
La jeune mère le regarde bien en face avec dignité, même si elle a les yeux rougis par la poussière.
"J'étais la meilleure de ma classe. Mon professeur l'a dit, j'étais la meilleure." (...)
Elle a jeté un regard reconnaissant à l'Indien, consciente qu'il l'aimait bien et la plaignait, puis est ressortie dans les nuages de poussière volante. (...) L'histoire qu'elle lisait chez l'Indien occupait son esprit. Elle songeait : "Varinka me ressemble avec son foulard blanc, et elle s'occupe d'enfants elle aussi. Je pourrais être cette jeune fille. Et le Russe, il l'aime et va lui demander de l'épouser... - elle n'avait fini de lire que cet unique paragraphe. Oui, et un homme viendra me chercher moi aussi et m'emmènera loin de tout ça, il m'emmènera avec les enfants, oui, il m'aimera et prendra soin de moi." (...)
Elle reste absorbée dans ses pensées. "Mon professeur m'a dit que, là-bas, il y avait une bibliothèque plus grande que le supermarché, un grand bâtiment, plein de livres." Malgré la poussière lui volant au visage, la jeune femme sourit en marchant. "Je suis intelligente, pense-t-elle. Mon professeur m'a dit que j'étais intelligente. La plus brillante de l'école, elle a dit. Mes enfants sont intelligents comme moi. Je les emmènerai à la bibliothèque, cette maison pleine de livres, et ils iront à l'école, ils seront professeurs... Mon professeur m'a dit que je pourrais être professeur. Ils partiront loin d'ici pour gagner de l'argent. Ils habiteront près de la grande bibliothèque et vivront bien."
On peut toujours se demander comment ce lambeau de roman russe a pu finir sa course sur le comptoir de ce magasin indien. Mais ceci serait une autre histoire, peut-être un jour quelqu'un la racontera-t-il. (...)
Nous sommes blasés, nous dans notre monde - ce monde si menacé. Nous sommes les champions de l'ironie et du cynisme. Nous hésitons devant l'usage de certains mots et de certaines idées, tant ceux-ci sont usés jusqu'à la corde. Mais pourquoi ne pas réhabiliter certains mots qui ont perdu leur pouvoir d'expression ?
Nous possédons une mine - un trésor - de littérature, qui remonte aux Egyptiens, aux Grecs et aux Romains. Tout est là, cette profusion littéraire, prête à être sans cesse redécouverte par quiconque a la chance de tomber dessus. Un trésor. Imaginez qu'il n'ait jamais existé. Comme nous serions vides, pauvres ! (...)
Nous disposons d'un héritage d'histoires, de contes, transmis par les anciens conteurs - nous connaissons les noms de certains, mais pas de tous. Cette lignée de conteurs remonte à une clairière au milieu de la forêt où brûle un grand feu et où les anciens chamans dansent en chantant, car notre patrimoine d'histoires est né dans le feu, la magie, le monde des esprits. Et c'est encore là qu'il est conservé aujourd'hui.
Interrogez n'importe quel conteur moderne, et il vous dira qu'il y a toujours un moment où il est touché par le feu de ce qu'il nous plaît d'appeler l'inspiration, l'enthousiasme, et cela remonte à la naissance de notre espèce, au feu, à la glace et aux grands vents qui nous ont modelés, nous et notre monde. (...) Le conteur sera toujours là, car ce sont nos imaginaires qui nous modèlent, nous font vivre, nous créent, pour le meilleur et pour le pire. Ce sont nos histoires, le conteur de nos histoires, qui nous récréent - qui nous recréent - quand nous sommes déchirés, meurtris et même détruits. C'est le conteur, le faiseur de rêves, le faiseur de mythes, qui est notre phénix, ce que nous sommes au meilleur de nous-mêmes au plus fort de notre créativité.
Cette pauvre jeune femme qui chemine dans la poussière en rêvant d'une éducation pour ses enfants, croyons-nous être mieux qu'elle - nous qui sommes gavés de nourriture, avec nos placards pleins de vêtements, et qui étouffons sous le superflu ?
C'est, j'en suis convaincue, cette jeune fille et les femmes qui parlaient de livres et d'éducation alors qu'elles n'avaient pas mangé depuis trois jours qui peuvent encore nous définir aujourd'hui."

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Traduit par Isabelle D. Philippe © The Nobel Foundation 2007

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administrateur partenariats

   Je peins peu...

    Lorsque je prends le temps de me promener sur les pages des artistes que je connais  (virtuellement ou non), artistes engrangeant des dizaines, voire centaines de j'aime sur une semaine; des dizaines et des centaines de commentaires, et qui publient des dizaines d'oeuvres....je me dis souvent que je peins peu.


    Je produis peu.
    Oui.


    Je peins pour mon plaisir.
Quand j'ai le temps.
Quand vers 22h parfois, il me prend l'envie de faire un pastel, ou une abstraction...
Aussi, quand un modéle a le temps d' offrir à mes crayons et mes pinceaux ses douces courbes, plénitude du galbe charmant...
Lorsque , le coeur au vent, j'ai le temps de planter mon chevalet au milieu d'arbres, de prairies et de vieilles pierres témoins du passé...


    Alors je suis impitoyable, recherchant la beauté, la perfection du trait de la forme et de la juste couleur, je crée , je restitue, je sublime les images s'offrant à ma vue avec mon coeur et mon âme, avec sincérité.
    Je peins peu mais je peins avec amour.

   Suis-je normale ?

   Liliane

12272971101?profile=original"Romance"

Acrylique 50X50

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Question

12272969658?profile=original

Ici, Méphisto n’est que métaphore mais pourtant, je vendrais mon âme au Diable pour accaparer la tienne. Pas pour la connaître, non, en égoïste pour qu’elle me soit dévouée et que tu m’appartiennes corps et âme !

Nullement envie de te rendre asservie, esclave de mes sentiments, j’ai cela en horreur, le machisme des mâles m’horrifie mais que nous partagions tout, oui !

Nous nous mettons en scène, c’est déjà un fameux partage !

Oh, regarde la ressemblance !

Ne serais-je pas le…

Non, je suis parfois trop ange pour cela !

Mais, dis-moi ton avis ?

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12272973267?profile=originalVoir ou télécharger le billet complet en PDF (biographie et commentaires sur l’œuvre), 8 pages illustrées de 29 photos, sur mon site.

Paul Strand est né à New-York le 16 octobre 1890 dans une famille originaire de Bohème (dans l'actuelle Tchéquie). Ses grands-parents sont arrivés de Bohème vers 1840. Son père, Jacob Stransky, a changé son nom en Strand peu de temps avant la naissance de Paul, son fils unique. Il tient une quincaillerie.

Paul Strand a reçu son premier appareil photo, un Brownie, à l'age de 12 ans mais il ne s'y intéresse guère, plus préoccupé de tours à bicyclettes ou de jeux en rue avec les gamins du quartier. Deux ans plus tard, en 1904, ses parents font le sacrifice financier important de l'inscrire dans une école privée, l'Ethical Culture School, pour le soustraire à l'influence, qu'ils redoutent, des jeunes de l'école publique du quartier, le Upper West Side de Manhattan. Un de ses professeurs de sciences est Lewis Hine, qui donne un cours de photographie en option libre et encourage ses étudiants à utiliser la photographie comme outil éducatif. Hine poursuit le projet à cette époque de photographier les immigrants qui débarquent à Ellis Island puis de suivre leur difficile intégration à la société américaine dans les quartiers de taudis dans lesquels la plupart se retrouvent. Lewis Hine l'emmène à la Photo-Secession Gallery et lui fait découvrir l'oeuvre de Alfred Stieglitz, David Octavius Hill, Julia Margaret Cameron, Gertrude Käsebier et Clarence White. C'est à ce moment, alors âgé de 17 ans, qu'il décide de ce qu'il fera dans la vie : il sera artiste en photographie. Lewis Hine lui enseigna non seulement les rudiments de l'art photographique, mais également les principes de la réflexion morale et de la pensée humaniste qui étaient en vigueur à l'Ethical Culture School.

Il passe dès lors la majeure partie de son temps libre à faire des photos avec la chambre 8x10" (20x25 cm) que lui prête son oncle de façon presque permanente et il est membre du Camera Club de New-York. La cotisation annuelle de 50 $ lui donne accès à une chambre noire et un studio de prise de vue pour le portrait, avantages considérables qui lui en font supporter « l'atmosphère stupide et en plein amateurisme. » Sa mère pense que photographe n'est pas une profession convenable pour quelqu'un qui veut réussir dans la vie, mais son père semble le comprendre dès le départ. «Mon père n'était pas un intellectuel, dira Strand, mais il a été immédiatement intéressé par ce qu'il a vu lorsque je l'ai emmené à la Photo-Secession Gallery, et il a développé une sensibilité extraordinaire pour les images. Il sentait que l'art était important.»

Il n'est pas intéressé par des études supérieures, que par ailleurs sa famille aurait de grandes difficultés à financer, et il travaille comme employé de bureau dans l'entreprise familiale jusqu'à ce qu'elle soit rachetée par une autre compagnie. Bravant l'inquiétude et les fortes réticences de sa famille, il rassemble ses économies, environ 400 dollars, et part pour un voyage de 6 semaines en Europe, débutant à Naples et passant par Rome, Venise, Lucerne et Paris pour visiter les principaux musées et monuments et parcourant de longues distances à pied. À son retour il trouve un emploi, qu'il détestera, dans une compagnie d'assurances, qu'il quittera à fin de l'année 1911 pour s'installer comme photographe professionnel.

[. . .]

12272973294?profile=originalC'est en 1915 qu'il estime être devenu réellement un photographe. Il avait travaillé sérieusement durant huit ans, et soudain il a ressenti qu'il avait franchi un nouveau pas et eût plus de confiance en la qualité de ses photos. Il en rassemble donc une sélection qu'il va soumettre à Stieglitz. Ce dernier est impressionné, il appelle Edward Steichen qui se trouvait au fond de la galerie, et déclare à Strand qu'il peut dorénavant considérer le 291 comme sa maison. Pour le jeune Paul Strand, c'était comme se voir offrir le monde sur un plateau. En mars 1916, il expose pour la première fois chez Stieglitz et plusieurs de ses photos sont publiées au cours de l'année dans Camera Work. La revue paraîtra pour la dernière fois en 1917, pour des raisons financières, avec un numéro qui lui sera entièrement consacré. Dans son introduction, Stieglitz déclare que les photos de Strand sont dépourvues de tout artifice, de toute tentative de mystifier un public ignorant et les photographes eux-mêmes. «Ces photos, dit-il, sont l'expression directe du temps présent.» À 25 ans, Strand rejoint le groupe prestigieux des artistes du cercle de Stieglitz, Edward Steichen, Frank Eugene et Alvin Langdon Coburn, pour ne citer que les photographes. Stieglitz ne faisait aucune différence entre les différentes formes d'art et nombre de peintres le soutenaient dans ses efforts pour faire reconnaître la photographie comme art à part entière.

[. . .]

Incorporé à l'armée en 1918, il est envoyé à Rochester (Minnesota) pour suivre une formation d'infirmier à la clinique Mayo. Lorsqu'il assiste à une opération chirurgicale, il a l'idée de réaliser des films d'opérations pour les montrer aux étudiants en médecine. Il passera 18 mois dans le Minnesota comme technicien en radiographie dans un hôpital militaire. À la fin de son service militaire, en 1919, il s'essaye à la photo publicitaire mais, au début de 1922, quand cette activité commence vraiment à devenir profitable, il est contacté par des personnes qui envisagent de réaliser des films médicaux et Strand accepte immédiatement de devenir leur cameraman. Il avait acquis une petite expérience dans ce domaine en ayant travaillé avec le peintre Charles Sheeler avec qui il avait réalisé le film Mannahatta l'année précédente. Ses commanditaires l'encouragent à acheter la meilleure caméra qu'il puisse trouver pour réaliser ce genre de film et son choix se porte sur une Akeley. À peine a-t-il passé la commande que les investisseurs se désistent, et Strand l'achète à son propre compte grâce à un petit héritage qu'il venait de faire, du montant exact du prix de la caméra, soit 2.500 dollars. Les gens de chez Akeley lui ont expliqué qu'il n'y a à New-York que 4 ou 5 «spécialistes de l'Akeley» et qu'il pourra facilement gagner sa vie comme cameraman indépendant pour des sujets d'actualité ou des studios de Hollywood. N'ayant plus d'autres perspectives, il franchit le pas, achète le matériel et durant 10 ans il filmera des événements sportifs et autres pour Pathé News et Fox Films et, occasionnellement, des scènes d'action pour Hollywood. Mais la photographie reste sa principale préoccupation, qu'il ne peut satisfaire que lors des temps libres quand il n'a pas de commande à satisfaire. En 1922, Paul Strand a épousé Rebecca Salsbury, une artiste peintre amie de Georgia O'Keefe. Le couple occupe un appartement dans la maison familiale de Strand, et ce n'est que 4 ans plus tard qu'ils auront les moyens de prendre des vacances en été, dans le Colorado, au Mesa Verde National Park où Strand commence à faire des gros plans d'enchevêtrements de racines, de champignons ou de troncs d'arbres, et ensuite à Taos (Nouveau Mexique) dans une maison louée à Mabel Dodge Luhan. Il poursuivra cette recherche durant plusieurs années et ce n'est que durant l'été 1929 qu'il se confronte à de larges paysages, lorsque le couple visite la péninsule de Gaspé.

12272973487?profile=originalDepuis 1915, depuis sa découverte d'un recueil du poète Edgar Lee Masters, Spoon River Anthology, il caresse le rêve de faire le portrait global d'un village dont les habitants raconteraient leur histoire individuelle, mais il n'arrive jamais à trouver le village idéal. Il fera dès lors plusieurs séjours au Nouveau Mexique et, en 1932, alors que son mariage bat de l'aile et que son épouse rentre à New-York, il part pour Mexico. Comme beaucoup d'intellectuels américains de gauche à cette époque, il est attiré par le Mexique et les suites de la révolution. Il a rencontré le compositeur Carlos Chávez chez Mabel Dodge Luhan l'année précédente, et ce dernier a insisté pour qu'il y vienne faire des photos. L'accueil de Chávez est particulièrement chaleureux et, en personnage influent qu'il est, il organise une exposition des oeuvres de Paul Strand dans un bâtiment du Ministère de l'Education et obtient pour lui et son neveu, Augustin Velásquez Chávez, la mission gouvernementale d'établir un rapport sur l'enseignement artistique dans les écoles rurales de l'État du Michoacán.

[. . .]

Strand était très enthousiaste devant les réformes sociales de la révolution mexicaine et les oeuvres de grands peintres muralistes Diego Rivera, David Alfaro Siqueiros et José Clemente Orozco, aussi, quand Carlos Chávez lui propose de diriger un plan de 5 ans pour la réalisation de films qui refléteraient les préoccupations des Mexicains, il se met immédiatement au travail pour élaborer des propositions. Il est alors nommé directeur de la photographie et du cinéma au Département des Beaux-Arts du Ministère de l'Education. Strand, Chavez et le ministre sont d'accord sur le fait que les films doivent s'adresser d'abord aux dix-huit millions d'Indiens dont la plupart sont illettrés, et qu'ils doivent répondre aux plus hauts critères esthétiques, partant du principe que le meilleur de l'expression artistique parlerait au plus grand nombre. Le seul film qui sera réalisé est Redes, un semi documentaire-semi fiction, sur une grève de pêcheurs de Alvarado, près de Veracruz dans le Golfe du Mexique. Il n'y a qu'un seul acteur professionnel, tous les autres personnages sont incarnés par les pêcheurs d'Alvarado et leur famille. Le film fut réalisé sous la direction de Fred Zinneman, alors jeune directeur n'ayant encore aucun film à son actif, et tourné par Paul Strand avec sa camera Akeley. Il semble bien, toutefois, que Strand fut le véritable « patron » et la tension a très vite été vive entre les deux hommes, Zinneman reprochant à Strand de ne pas avoir « l'esprit cinéma », de ne pas saisir le mouvement et d'imposer un rythme trop lent au film.

[. . .]

Il est maintenant divorcé et s'est éloigné de Stieglitz, sans toutefois que la rupture ait jamais été totale entre les deux hommes, et il fréquente le Group Theatre fondé en 1931 par Lee Strasberg, Harold Clurman et Cheryl Crawford. Le Group Theatre est un collectif fortement influencé par l'esthétique et le cinéma soviétiques de Eisenstein, Dovzhenko et Pudovkin. En ces années de dépression qui font suite à la crise de 1929, les réalisations soviétiques ont un attrait certain pour nombre d'intellectuels de gauche en Amérique. Harold Clurman et Cheryl Crawford partent à Moscou en 1935 pour voir par eux-mêmes ce qui s'y fait en matière théâtrale et de cinéma. Strand les rejoint et rencontre notamment Eisenstein qui lui dira, après avoir vu quelques extraits de Redes, qu'il est essentiellement un photographe plutôt qu'un cinéaste. Il l'invite néanmoins à travailler avec lui sur un nouveau film, mais les difficultés pour l'obtention d'un permis de travail se révèlent insurmontables et Strand revient en Amérique. Il avait emporté sa caméra Akeley et son matériel photographique à Moscou, mais n'y aura fait aucune photo ni tourné le moindre mètre de pellicule.

À son retour il est invité à participer à un documentaire sur le Dust Bowl et durant dix ans il se consacrera principalement au cinéma documentaire sans pour autant abandonner complètement la photographie. Il fondera ainsi Frontier Films qui produira différents films documentaires jusqu'à sa disparition en 1942, dont Native Land, un film sur les violations des droits civiques aux Etats-Unis, dirigé, filmé et édité par Paul Strand et Leo Hurwitz. En 1936 il s'est remarié et c'est à l'occasion de son voyage de noces qu'il réalise une nouvelle série de paysages en Gaspésie.

En 1945 le Musée d'Art moderne de New-York organise une rétrospective de son oeuvre, la première grande rétrospective du MOMA consacrée à un photographe. C'est durant la préparation de cette exposition que la directrice du département photographie, Nancy Newhall, fortement impressionnée par son travail, lui propose de réaliser en commun un livre sur la Nouvelle-Angleterre.

Ils vont travailler de concert durant 5 ans à la préparation du livre Time in New-England, Strand parcourant le pays à la recherche d'images de nature, de gens et d'architecture qui soient représentatives de la tradition de la Nouvelle-Angleterre, et Nancy Newhall écumant la Bibliothèque publique de New-York à la recherches de textes représentatifs de cette région, berceau des États-Unis d'Amérique. Ils se rencontraient périodiquement et travaillaient à la mise en relation des images et des textes en des combinaisons souvent plus poétiques que rationnelles. Le livre paraît en 1950 et, quoique Strand ait été déçu par la qualité de la reproduction de ses photos, il a été séduit par la réalisation d'un livre dans lequel images et textes s'enrichissent mutuellement. Ce sera un grand tournant dans sa carrière.

Au cours de ce travail en Nouvelle-Angleterre, il repense à son idée du portrait d'un village, non pas dans l'esprit de ce que faisaient alors les photojournalistes de Life et autres revues du moment, l'actualité ou l'élément événementiel ne l'intéressaient pas, il envisageait de rendre la nature même d'un village particulier où des gens particuliers vivent et travaillent. Mais il ne le trouve pas en Nouvelle-Angleterre, et le livre en préparation demande une attention de chaque instant. Après la parution de Time in New-England, il éprouve quelques doutes sur ce projet de livre sur un village américain. Il est perturbé par ce qui se passe alors en Amérique. Leo Hurwitz et nombre de ses anciens collègues sont sur liste noire, considérés comme de dangereux radicaux par l'industrie cinématographique et ont la plus grande peine à trouver du travail, et il commence à envisager un séjour en Europe quoiqu'il ne soit pas lui-même inquiété. « Le climat moral et intellectuel des Etats-Unis était tellement empoisonné par le maccarthysme que je ne voulais pas travailler dans un village américain à cette époque. Ce n'était pas un rejet de l'Amérique, c'était un rejet de ce qui se passait en Amérique en ce moment précis. J'eus donc l'idée de voyager, pour voir ce qui se passait ailleurs dans le monde. »

Son second mariage s'est terminé par un nouveau divorce en 1949 et, au printemps 1950, il part pour la France avec Hazel Kingsbury, qu'il épousera en 1951, une photographe qui a travaillé pour la Croix-Rouge et a parcouru les zones de combats en Europe et en Extrême-Orient. Durant les premiers mois ils parcourent la France en long et en large à la recherche du village idéal, sans jamais le trouver, mais Strand réalise de nombreuses photos qui feront l'objet d'un livre publié en 1952, La France de profil, avec des textes de Claude Roy.

En 1949 Paul Strand se rend à un festival de cinéma en Tchécoslovaquie, où Native Land se verra récompensé, puis en Italie, au festival du film de Perugia (Pérouse) où les cinéaste néo-réalistes italiens réfléchissent à l'évolution de leur art et à sa diffusion au-delà des frontières nationales. C'est là qu'il rencontre Cesare Zavattini avec qui il évoque son projet du portrait global d'un village. Trois ans plus tard, Zavattini sera son guide en Italie et lui fera connaître son village natal, Luzzara, sur le Pô, où il réalisera enfin son vieux rêve. Le livre paraîtra en 1955 en Italie sous le titre Un Paese, avec des textes de Cesare Zavattini.

En 1954 il a séjourné 3 mois sur l'île de South Uist (Hébrides Extérieures) pour des prises de vues qui donneront le livre Tir a'Murhain, Outer Hebrides (paru en 1962) avec 106 photos et des textes de Basil Davidson. D'autres livres suivront, Living Egypt (paru en 1969), dans lequel il rend compte de l'évolution de la société égyptienne, des grands travaux et de l'industrialisation mais, comme dans ses autres ouvrages, de la vie quotidienne plutôt que des grandes attractions touristiques. Comme on ne trouvera ni Versailles ni le Mont Saint Michel dans La France de profil, on ne trouvera pas les pyramides dans Living Egypt. Il voyage également en Roumanie, au Maroc, puis au Ghana, à l'invitation du président de la république Kwame Nkrumah, ce qui donnera le livre Ghana: An African Portrait (paru en 1976) avec à nouveau un texte de Basil Davidson.12272973881?profile=original

Au début de leur séjour en France, les Strand vivent à Paris, à l'hôtel puis dans un appartement au cinquième étage sans ascenseur du 13e arrondissement, puis en 1955 ils cherchent une maison dans les environs. Ils n'ont pas décidé réellement de vivre définitivement en France, c'est principalement pour pouvoir disposer enfin d'une chambre noire, et d'un peu plus d'espace, qu'ils achètent une maison dans le petit village d'Orgeval, à une trentaine de kilomètres de Paris. À bientôt 65 ans, une chambre noire bricolée dans une salle de bains lui semble désormais un handicap à éviter. Ils pensent pouvoir la revendre facilement quand ils envisageront de retourner aux États-Unis. Orgeval sera dès lors leur port d'attache, où ils rentreront après leurs nombreux voyages, où ils recevront des amis et des visiteurs, dont de nombreux jeunes photographes américains avec qui Strand aimait s'entretenir.

En 1965, en signe de protestation contre la guerre du Vietnam, il avait refusé publiquement par une lettre dans le Times une invitation à un déjeuner à la Maison Blanche ...

(lire la suite de la biographie et les commentaires sur l’œuvre de Paul Strand sur le PDF, 8 pages, 29 illustrations.)

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Patience et espérance

 

Soliloque

Soudainement contraint de quitter son logis,

Isolé, en souffrance, étendu sur un lit,

On essaie, de son mieux, d'accueillir la sagesse.

La patience amoindrit certains maux qui agressent.

Un état n'est jamais constant, restant figé;

Or, que l'on soit heureux, chagrin ou affligé,

Les émois qu'on ressent, se dissolvent, éphémères.

L'espérance adoucit la douleur passagère.

Mais ce qui réconforte, est certes l'assurance

Qu'au bien de tout malade, des gens de compétence,

Dévoués, sans répit, s'activent acharnés.

À soigner leurs prochains, ils se sont destinés.

Quand un ami subit un tourment qui l'afflige,

On peut parfois lui dire: certes, noblesse oblige,

Courage et endurance, avant d'être guéri!

Le malheur qui s'impose, enseigne et aguerrit

16 novembre 2013

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Jean Claude Renard - Oracles

Cours le risque du dieu.

Aime sans savoir pourquoi tu aimes.

Qui n'a rien t'offrira tout.

Ne maudis aucun secret.

Fuis ton sosie.

Sois ce qui se fait avec soi.

Exorcise la mort de la mort.

Soupçonne — mais n'affirme pas.

Demeure vérifiable par défi.

Profane sans cesse toute idole.

Étant le
Nul, et n'étant rien de ce qui est — toi seul nous

rends intérieurs.

Apparais sous ce qui disparaît.

On t'enterrera peut-être debout.

Va-t'en vers les impossibles couleurs.

N'offense pas tes filigranes.

Il n'y a pas de voie.
Tu l'es toi-même — et son terme.

Fais des connivences ton domaine.

Libre est autre part ce qui en toi lié.

Vénère le vertige.

Tais-toi : tout parle!
Parle : tout se tait!

Attends l'accueil inconcevable.

Ne reste, pour
Personne, l'inconnu.

Annule ta voix dans la
Voix.

C'est prodige que tu puisses penser l'impensable.

Extrais de toi plus que toi.

Passe de l'absence au mystère de l'absence.
Ne demande pas :
D'où?
Qui?
Où? —
Vis-en seulement

la non-réponse.

La chute te relevera-t-elle ?

Au bout du mur, l'inaccessible dit ton nom

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Naissance de l'Art ou peut-être Foi !

Une vie entière,

aubale toujours,

consacrée à cet unique Amour

que je touche au plus près,

à force de le penser,

inaltérable et chaud.

Sans un mot.

Emerveillement tout le temps ;

 étonnement.

La pensée a une peau,

sa chair tantôt pluie, tantôt soleil

 a le talent d’une mère prometteuse,

 de la terre toute entière,

ce manteau de lumière !

Vous,

 qui n’atteindrez jamais le crépuscule, même clair,

 et pourtant oh combien éternel,

 vous demeurez !

aube

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