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Les concerts de Chambre de l’Orangerie de Seneffe12272747075?profile=original

 

                         Ils se donnent chaque été dans le domaine du Château de Seneffe. La session 2012 a commencé à bureau fermé, c’est dire le succès remporté par cette festivité de charme et de beauté musicale. Le jeudi 19 juillet, « Brillant et Virtuose » a réuni  des compositeurs et des interprètes prodigieux. Fauré, Saint-Saens et Beethoven avec rien moins que Lorenzo Gatto et Jean-Claude Vanden Eynden. Le lendemain « Fêtes Nocturnes »  réunissait Schubert, Brahms, Michel Lysight - une première mondiale - et Martinu avec six artistes d’exception. Les sons du violon et du piano se sont invités avec leurs comparses dans les cœurs qui  ont vibré sous l’archet dynamique de la  talentueuse de Véronique Bogaerts et gémi avec la violoncelliste extraordinaire Marie Hallynck. La créative Sophie Hallynck nous a joué de la harpe d’une  façon innovante et inoubliable. Les musiciens masculins  n’étaient pas en reste avec le jeu subtil au piano de l’impétueux Muhiddin Dürrüoglu, la clarinette pleine de verve de Ronald Van Spaendonck et Vincent Heppe, alto aux modulations élaborées tantôt romantiques, tantôt mutines.

Mais le morceau qui a retenu particulièrement notre attention est cette pièce composée en 2010 par notre compatriote Michel Lysight appelée « Oxymores ». Une musique qui remplirait d’aise Claude Debussy qui trouve que la musique « doit chercher humblement à faire plaisir au public ». Le premier mouvement débute dans des gazouillis qui s’affrontent et se font des pieds-de-nez, clarinette vs violoncelle. Le piano intervient pour remettre un peu de sérieux sur scène. Rappelée à l’ordre, le violoncelle bascule dans une complainte jusqu’aux tréfonds de la gravité. Bien sûr la clarinette prend le contrepied ! Fâcherie syncopée du piano, moquée aussitôt par les deux instruments de mèche. Gloussement indigné du piano et chacun joue ensemble et tout seul. L’oxymore dans toute sa splendeur. Silence assourdissant du public, créativité muette du compositeur.  Le deuxième mouvement change de tempo car le piano a pris les rênes d’une mélodie triste, doucement musée par la clarinette puis par le violon. Les instruments s’entendent sur la tristesse. Le thème lancinant produit de purs soupirs. Un canon à trois voix émerge mais les dissonances sont dans l’air. L’air de rien, ils s’écoutent et des pizzicati en forme de gong scandent le diminuendo. Le troisième mouvement est fait de bulles sèches (oxymore, tu nous tiens !) au piano puis à la clarinette et enfin sous les doigts de Marie Hallynck. Les notes pointées s’accordent avec humour et frénésie. L’interaction  subtile de la partition, des interprètes et du public forme un moment musical inoubliable. Et des applaudissements nourris saluent cette première mondiale. Le compositeur Michel Lysight qui est présent est sans doute ravi.

« Fêtes Nocturnes » (1959), de Bohuslav Martinu est une pièce non moins intéressante et réunit les six artistes. « Yavait-t’une ville » de Nougaro s’insinue dans l’introduction. De subtils mélanges de timbres piano et harpe chatouillent l’imagination tandis que les cordes font superbement bande à part à la façon d’un antique folklore Ecossais ou Irlandais. La clarinette s’insinue dans les pauses et le piano a ri, d’une seule dent. Au deuxième mouvement la harpe sonne le glas, les violons gémissent la clarinette succombe. Puis la harpe se transforme en guitare, Fêtes Galantes ? Les ondes du piano s’y mêlent. C’est Beau. Place aux autres : les  cordes. Un vent s’engouffre par toutes les fenêtres et fait voler les mousselines. On est décidément dans le Lake District avec Keats. Mélancolique, son dernier souffle peut-être. Le troisième mouvement est fantastique, de la berceuse à l’appel au clairon… de la harpe. Souvenirs de boléro de Ravel, Sophie Hallynck, la harpiste frappe les cordes avec un battoir. C’est un mode de Niebelungen ou de Little People façon Murakami (1Q84) qui pirouettent devant un public médusé. Le dernier mouvement rejoué en bis entraîne encore plus d’applaudissements. Une nocturne musicale hors du commun, venez donc  emprunter cette sente magique l’an prochain ! Le plaisir durera jusqu’au dimanche et peut-être au-delàs. 

Préparez-vous à venir écouter les concerts « Classics &Classics »  organisés aussi par L’Orangerie asbl. Ils  se déroulent pendant tout l’automne à Bruxelles  dans la  D’ieteren Gallery. Ils proposent de découvrir des chefs-d’œuvre musicaux et de caresser des yeux  les très belles carrosseries du temps passé.

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La corresondance des arts

Il n'est pas d'art aisé, la critique le sait.
De sévères faiblesses écartent les profanes.
Sans efforts assidus, le vrai talent se fane.
Ont longtemps travaillé ceux qui ont du succès.

...

Les patineurs professionnels font des prouesses.
Dans leurs rangs, il ne peut se glisser d'amateurs.
Les figures imposées, au mépris de la peur,
Ne permettent jamais un geste de faiblesse.

...

La poésie était et restera un art,
En honneur,pratiqué partout, en douce France.
Les odes et ballades, offertes en abondance,
Ravissaient la jeunesse autant que les vieillards.

...

Les arts ont en commun la beauté, l'harmonie.
Ils suivent en cela la sublime Nature,
Qui semble se servir d'un compas qui mesure.
Ainsi et seulement naissent les symphonies.

Les savants soupçonnaient l'énergie esthétique.
Elle les a guidés à découvrir des lois,
Auxquelles sont liés leurs noms,certaines fois.
L'univers entretient des rapports numériques.

...

23/2/2006

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Tu es là, Federico ?

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Tu naquis près de Grenade la Maure, parmi les vergers en fleurs de Fuente Vaqueros, sous les neiges de la Sierra Nevada, où la glace et le feu à la tombée du soir se fiancent en silence, et tes amis vivaient du soleil de ton rire…

 

La balle a percé ta poitrine où sanglotait un rossignol et dans ta gorge où dormait la colombe du soir, ont fleuri des œillets rouges. La nuit a fermé tes paupières, les étoiles de tes beaux yeux se sont fermées…

 

Tu es couché dans la poussière, Federico

Dans le sang et le crépuscule,

Comme Ignacio Sanchez Mejias,

Tué par la corme du taureau

 

Bêtise a pour nom la corne Federico

Bêtise au front de taureau.

 

Tu rayonnais dans la lumière,

Et ta joie réjouissait la nuit,

Tu es couché dans la poussière,

Et qui pourra nous consoler ?

 

Tu portais le feu dans tes mains,

Et la vie paraissait plus belle,

Tu es couché dans la poussière,

Et rien ne peut nous consoler.

 

La violette a perdu son parfum

Et le fleuve sa voix de cristal.

Bêtise a pour nom la corne

Bêtise au nom de taureau.

 

Tu n’avais pas de cape rouge,

Mais les simples mots d’un poète

 

Tu es couché dans la poussière,

Comme Ignacio Sanchez Mejias

 

La lune a perdu son éclat,

Et les étoiles leur parfum

 

Bêtise a pour nom la corne,

Bêtise au front de taureau.

 

L’arène a pour nom la guerre,

Le coup de corne fut pour toi

 

Bêtise a pour nom la corne,

Bêtise au front de taureau.

 

Notre cœur est brûlant, une épée le traverse,

Mais tu revis en nous dans un air de guitare,

Une voix qui s’élève dans la douceur du soir.

A Fuente Vaqueros, les vergers sont en fleurs,

Le crépuscule rougit la Sierra Nevada,

Fiançailles éphémères de la glace et du feu,

Le crépuscule rougit les murs de l’Alhambra.

Dans le ciel de Grenade s’allument les étoiles,

Fontaines et jardins chantent dans la nuit bleue

Les orangers frémissent sous la brise du soir.

La nuit fleurit en nous, comme un fruit délicieux

La lune, lame d’argent, cisèle l’Alhambra…

Un parfum de jasmin s’élève comme un encens

 

La vie est douce à en crier

 

   «  - Tu es là Federico ?

 

      - Bien sûr que je suis là…

     J’ai toujours été là…

     Je ne vous ai jamais quittés. »

 

Note : Ignacio Sanchez Mejias était un célèbre torero espagnol qui fut tué dans l’arène. Deux ans avant sa propre mort, Lorca écrivit en son honneur Chant funèbre pour Ignacio Sanchez Mejias où il exprime son obsession (et peut-être son pressentiment) de la mort violente. Assassiné le 19 août 1936 par la garde franquiste, Federico Garcia Lorca fut l’une des toutes premières victimes de la guerre civile espagnole.

 

 

 

 

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Réflexion.

je comprends peu-à-peu, grâce à l'exercice de ma profession, que l'on peut aimer une personne que l'on accompagne, que l'on soigne, ressentir de l'attachement pour elle, voire de l'affection, et garder une distance, le "vous" et non le "tu", une attitude ; un genre de terrain neutre, intouché,  sur lequel une floraison apparait, une croissance se fait ! 
Jardin insoupçonné, espace nécessaire pour se multiplier, se mouvoir, s'ouvrir aux autres, au Monde.
Distance incolore, ni chaude, ni froide, point lourde ;  indispensable pour contempler et voir "elle" ou "lui", l'entendre.
Distance ; garde-fou !
J'ai pensé à tout cela en début d'après-midi, alors que j'étais assise dans le métro à la "station Parmentier", j'ai bien sûr réfléchi à la relation psychanalytique ; en cela, la continuation d'une psychanalyse est difficile, c'est douloureux de grandir sans l'autre !
Peur du vertige, de la chute, de l'obscurité, d'un cœur battant tout seul.
J'aime les situations équivoques, celles qui me permettent de dessiner,  d'inscrire un scénario dans ma tête : prémices de l'écriture.
 
C'est une forme de maîtrise ; je préfère imaginer que savoir, voir le bleu sur le noir, le mouvement sur l'inerte.
C'est ainsi que je conçois la vie ; pluie jamais mélancolique, tout en couleurs, en plein mois de novembre ; des notes musicales libérées des nuages, sur terre rebondissantes, comme les balles bleues et vertes de mon enfance solitaire, lente !
Tout à l'heure, mon chat a déposé un baiser, ce petit souffle frais échappé de sa truffe rose et douce, un rien humide,  sur mon front clair et lisse, alors que je sommeillais paisible.

Un instant de complicité, de bonheur et de joie !

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ADMINISTRATEUR GENERAL

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Et à titre d’information voici les deux prochaines expositions:

 

-Titre : « La collection permanente à l’espace Yen »

Artistes : collectif d’artistes de la galerie.

Vernissage le 05/09/2012 de 18h 30 à 21h 30 en la galerie même.

Exposition du 05/09 au 28/10/2012 à l’Espace Art Gallery II.

 

-Titre : « Artiste Plurielle »

Artistes : Bernadette Reginster (peintures et sculptures)

Vernissage le 26/09 de 18h 30 à 21h 30 en présence de Françoise Marquet (harpiste)

Exposition du 26/09 au 14/10/2012.

 

 

Au plaisir de vous revoir à l’un ou l’autre de ces événements.

 

Bien à vous,

 

                                                                  Jerry Delfosse

                                                                  Espace Art Gallery

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Unique en Belgique par son caractère collectif, la Résidence invite une dizaine d’écrivains francophones, chaque année au mois d’août. Au-delà d’être une belle opportunité d’écrire en toute quiétude, dans un décor magique et loin des soucis du quotidien, elle sort l’écrivain de son isolement, le met en exergue, lui offre un espace de travail, de représentation et de rencontres.

Favoriser la création littéraire et créer du lien social entre les écrivains, voici les objectifs de la Résidence d’auteurs du Pont d’Oye.

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Ci-dessous le dossier de presse complet

 

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Alvéoles (13)

Escadrilles

 

En moins d'une matinée, Denis Auger avait déjà planifié dix des vingt-quatre rendez-vous. Si tout se passait bien, il n'aurait qu'à s'occuper du reste ce soir. Il devait dormir, maintenant, car la nuit serait longue.

Jusqu'à présent, le sommeil était toujours venu, mais cette fois-ci, Denis lui courait derrière sans aucun succès. Probablement parce que c'était sa dernière opération, et que ses craintes augmentaient.

Mais que devait-il craindre ? Il avait rempli sa mission sans le moindre souci. À chaque fois, les couveuses avaient fonctionné – du moins en avait-il reçu le message sur son téléphone portable – libérant leur précieuse progéniture avant d'être récupérées.

C'était cela qui gênait Denis : il n'avait aucun contact avec les personnes chargées de récupérer le matériel. Il lui était impossible de savoir si toutes les couveuses avaient été retrouvées, impossible de savoir s'il y avait eu un problème, et si oui, comment le prévenir. Il avait pourtant interrogé son commanditaire. Il ne l'avait rencontré qu'une fois : c'était un grand homme très distingué, d'une extrême politesse. Il recevait ses instructions de cet homme directement sur son ordinateur portable, et pouvait si nécessaire communiquer avec lui par courrier électronique. Toute autre forme de contact était strictement interdite.

La réponse lui était parvenue le lendemain :

J'accuse réception de votre courriel. Notre ami commun, qui vous attend dans quarante-huit heures à l'endroit convenu, sera porteur de toutes les réponses utiles à vos questions.

Et, de fait, Denis s'était retrouvé face à un de ces hommes peu rassurants pour le traditionnel échange de véhicules.

— Vous devriez être porteur d'une réponse de la part...

— En effet.

La main gantée de l'homme s'était abattue à plat sur le visage de Denis, avec une rapidité et une force déconcertantes. Il s'était retrouvé au sol.

— Voici votre réponse.

L'homme était resté immobile et silencieux, face à Denis, pendant tout le temps où ce dernier s'était redressé.

— Vous n'aviez pas besoin faire de cela ! avait gémi Denis. La joue en feu.

L'homme n'avait pas répondu.

— Vous êtes dingue !

La seconde gifle était venue de gauche, encore plus rapidement, projetant à nouveau Denis à terre, les yeux écarquillés de surprise et de rage. L'homme s'était saisi ensuite de son appareil portable et avait composé un numéro abrégé. Deux secondes plus tard, la communication était établie.

— Bonjour, monsieur. Je viens de donner à monsieur Auger les explications que vous souhaitiez lui communiquer. Pardon ? Une correction ? Non, monsieur, je me suis limité au strict minimum. Oui, bien entendu monsieur. Uniquement en cas de récidive. Je suis sûr que monsieur Auger comprendra. Merci monsieur. Au revoir.

En raccrochant, il avait posé son regard sur Denis, qui entre-temps s'était à nouveau relevé. On pouvait y lire comme une envie folle de lui briser les côtes à coups de poing.

— Laissez tomber, dit Denis. J'ai pigé.

L'homme avait tiré de sa poche les clés de la camionnette, et les lui avait tendues. Denis les avait saisies d'un geste circulaire, puis tourné les talons en murmurant : « connard », suffisamment haut pour qu'il soit entendu. L'homme était resté de marbre. Il ne l'avait pas revu depuis.

Denis comprenait bien que la réussite d'une telle opération nécessitait un parfait cloisonnement des tâches. Tout en cherchant un sommeil qui ne viendrait probablement pas, Denis se dit qu'en fin de compte, il n'avait pas demandé grand chose. Il ne voulait pas savoir « qui faisait quoi » – à vrai dire il s'en fichait complètement – mais en revanche il tenait à savoir si cela marchait.

Ceci dit, Denis avait déjà pu satisfaire partiellement sa curiosité, car il avait reconnu une couveuse déjà utilisée lors de l'avant-dernier changement de camionnette. C'était l'une des toutes premières qu'il ait manipulées ; le métal avait été griffé par erreur lorsqu'il avait glissé la couveuse dans un sac à dos. Elles étaient donc remises dans le circuit après recyclage.

Néanmoins sa préoccupation principale – comment les porteurs étaient-ils dissuadés de témoigner, et avec quelle efficacité – demeurait sans réponse valable, et cela le mettait de plus en plus mal à l'aise. Si ne fut-ce qu'un seul porteur était capable de le repérer et de l'identifier, c'est toute l'opération qui serait mise en danger. Denis ignorait si son point de contact aux allures si distinguées était le véritable cerveau de l'affaire, mais il était évident qu'en cas de pépin, Denis serait réduit au silence. Cela faisait partie des risques qu'il avait acceptés au départ.

Denis sentit l'espoir du sommeil lui échapper définitivement lorsqu'une pensée nauséabonde lui traversa l'esprit : peut-être avait-on décidé de le réduire au silence même s'il n'y avait aucun pépin.

 

Milos commençait à s'inquiéter.

Plus d'une heure s'était écoulée depuis le dernier message de Sabrina, et même s'il s'était habitué à la voir apparaître et disparaître selon ses humeurs, ses missions et – parfois il le croyait – la vitesse du vent et la forme des nuages, une pointe d'inquiétude était venue faire son nid dans sa tête, et refusait obstinément d'en sortir.

Autant Sabrina s'était montrée froide et dominante lors de leur premier entretien (et à vrai dire aussi, les rares fois où il l'avait vue au Centre), autant lorsqu'ils étaient ensemble elle se montrait fantasque, enjouée, câline. Il n'avait pas affaire à deux femmes différentes selon les circonstances, mais plutôt à deux sœurs jumelles : l'une était danseuse et peintre, l'autre chercheuse et championne d'athlétisme. Ils avaient été courir un soir ensemble dans la forêt de Soignes, au sud de Bruxelles : Milos avait décidé que ce serait la première et dernière fois. La forme physique de Sabrina était celle d'une athlète de haut niveau.

Elle lui avait aussi fait une forte impression sur le plan technologique lors de leur première réunion. L'entrée en matière avait révélé une femme volontaire, mais lorsque la conversation s'était orientée vers la « chute des dominos », Sabrina s'était montrée très bien informée.

Milos s'était attendu à un feu nourri de questions, et n'avait pas été déçu, mais il était sur son territoire technologique, et s'était senti pleinement en confiance. Il avait commencé son exposé :

— Vous savez mieux que moi que les systèmes d'information les mieux gardés disposent de plusieurs types de protection. Non seulement ils sont équipés de protections diverses destinées à mettre les bâtons dans les roues des gens comme moi, mais aussi, les dernières avancées technologiques leur permettent de tracer tout trafic réseau susceptible d'être à l'origine d'une attaque. Autrement dit : les dragons gardent la chambre de la princesse, et une armée de dobermans est prête à vous donner la chasse à la première occasion.

Morhange avait eu un geste impatient. Milos avait observé ses autres interlocuteurs, impassibles, et avait continué :

— Face à ces deux obstacles, la méthode la plus efficace consiste en l'usurpation d'identité : dès lors, le dragon vous connaît, et les chiens restent en cage. C'est ce qui dissuade nombre de pirates, car pour arriver à leurs fins, ils doivent se transformer en agents secrets : voler une carte magnétique, un code, une grille chiffrée, que sais-je encore : en tout cas quelque chose qu'il leur est impossible de dérober en restant confortablement installé derrière un clavier.

Milos avait beau fouiller ses souvenirs, il ne pouvait affirmer qu'à ce moment Morhange avait exprimé quoi que ce soit, mais Sabrina avait pressé le pas :

— Nous savons tout cela, monsieur Kinski. Pourriez-vous nous dire comment vous avez procédé pour le site de l'OTAN ?

Milos avait fait comme s'il comptait bien y venir directement :

— Dans votre cas, l'usurpation d'identité ne m'aurait probablement pas posé de difficultés, mais je tenais à ce que nous soyons mis en contact, et pour cela il me fallait faire du bruit. J'ai donc fait le nécessaire pour réveiller le dragon, le prendre de vitesse, repeindre la chambre de la princesse en rose avant de tirer ma révérence en entraînant les chiens derrière moi.

— Vous semblez bien vous amuser à user de vos métaphores, avait dit Morhange, mais je crois qu'il est temps de passer au vif du sujet.

Milos avait caché son triomphe : Morhange était intervenu exactement comme prévu pour manifester sa vexation. Il est vrai qu'après l'intrusion de Milos, le « who's who » du site www.nato.int s'était mis à afficher les portraits des principaux responsables de l'organisme la tête en bas. Pour un site Internet aussi visible sur la toile, c'était très vexant. Sabrina avait enchaîné :

— Vous vous êtes introduit dans notre réseau interne.

— Votre réseau parallèle, avait rectifié Milos. Votre LAN1 est double. Votre réseau administratif est assez classique. On peut le comparer à celui d'une entreprise privée. L'autre réseau véhicule vos données sensibles. Aucune station de travail n'est reliée aux deux systèmes. Je l'ai vérifié.

— Vous semblez dominer la topologie de notre réseau, mais cela ne nous en dit pas plus.

— Je suis entré dans votre réseau administratif assez facilement. J'ai appris que l'OTAN avait récemment renouvelé son parc d'imprimantes. Comme c'est de plus en plus souvent le cas, ces machines ne sont pas votre propriété : seules les pages imprimées sont facturées. Ce prix couvre la mise à disposition des machines, leur entretien, etc. Mais pour que votre fournisseur puisse déterminer quel est le montant dont l'OTAN doit s'acquitter à chaque échéance, il faut procéder à un relevé des compteurs. Il y a belle lurette que ceci est automatique : chaque imprimante communique automatiquement le nombre de pages imprimées par période de temps. Ceci suppose qu'une communication sécurisée soit établie entre les imprimantes reliées au réseau administratif de l'OTAN et son fournisseur.

— Et vous avez intercepté ces communications.

— Cela n'a même pas été nécessaire. Je suis entré dans le système de votre fournisseur assez facilement, puis je me suis mis à la recherche des paramètres de communication entre leur système comptable – un vieux truc, croyez-moi – et les imprimantes installées sur le site de l'OTAN. De là, pénétrer votre réseau administratif s'est avéré assez simple.

— Et comment avez-vous fait ensuite ?

— Vos réseaux parallèles ne communiquent pas l'un avec l'autre, mais je me suis dit que, ne fût-ce que pour certaines raisons fonctionnelles, à certains moments, les hauts responsables de l'OTAN doivent faire converger les deux types d'informations – secrètes et non secrètes – vers le même terminal.

— Aucune station de travail n'est reliée aux deux systèmes. Vous l'avez dit vous-même.

— En effet. Si nous nous limitons aux stations de travail.

Milos avait laissé un silence intéressé s'installer, avant que Morhange ne l'invite à continuer.

— Quelques-uns de ces responsables disposent de terminaux bien plus accessibles qu'on ne le pense. Un simple téléphone portable, par exemple.

Un nouvel instant de silence s'était ouvert, puis le dialogue avait repris entre la jeune femme et lehacker, laissant sur la touche les autres responsables, de plus en plus nerveux.

— Ils ne sont pas reliés en permanence non plus, avait soufflé Sabrina.

— C'est vrai. Vos serveurs « poussent »les informations vers ces téléphones portables, mais là encore, les paramètres de communication sont assez faciles à détecter. Quelques instants plus tard, j'étais sur votre réseau « interne », comme vous l'avez appelé.

— Vous n'aviez pas besoin de cela pour pirater le « who's who ».

— Si.

— Monsieur Kinski, ne me dites pas que vous n'avez pas trouvé la DMZ2 où se trouve le serveur web dès que vous avez pénétré notre réseau administratif.

— Je l'ai trouvée. Mais si je m'étais amusé à pirater votre « who's who » à partir de là, cela n'aurait pas été bien grave. N'oubliez pas que je voulais aussi réveiller les dobermans.

— Vous les auriez eu aux trousses de toute façon.

— Peut-être. Mais vous auriez accordé moins d'importance à l'incident. Et quand les chiens seraient revenus bredouilles, vous auriez écrit un joli rapport avec quelques recommandations, et puis basta.

Milos avait fait une pause, puis avait ajouté :

— Si nous sommes ici ensemble à parler d'une éventuelle collaboration, mademoiselle Bassalah, c'est parce que les chiens se sont rués à ma poursuite car l'alerte rouge avait été déclenchée. Et qu'après quelques instants, au moment précis où ils allaient me rattraper, d'un coup, ils m'ont vu disparaître.

 

 

 

1Local Area Network : réseau local

 

2Demilitarized zone : un sous-réseau protégé par un pare-feu.

Alvéoles est disponible en texte intégral ici...

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Inventer des mots

Inventer des mots venus de nulle part, pousser les murs de sa mémoire pour agrandir le monde et  y cacher ses trésors.
Chercher longtemps, trouver quelquefois le bonheur et la joie, se réveiller un matin, après avoir rêvé des nuits entières à des mots de lumière, et se dire que ce qui m'a rendu la plus heureuse …. ce sont les choses qu'on ne dit pas,


Les secrets qu'on garde au fond de soi, c'est souvent dans ce qui reste à dire que sont cachés les plus beaux souvenirs.

Jaire le tour de ses jours au grand complet,  fermer la porte à clé sur son secret, c'est un drôle de jardin rempli de tout ce qui n'est rien pour les autres et qui… pour nous est la vie.
C'est le silence le plus intense que je connaisse où se referment les blessures de nos tendresses, qui me rassure, qui me sourit, et qui me réchauffe le cœur comme un soleil.


C'est parfois dans un regard, dans un sourire que sont cachés les mots qu'on n'a jamais su dire, que l'on garde pour toujours au fond de soi, et qu'on emporte là où….. les mots n'existent pas.

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L'alternance des genres

 

 

On peut opter pour l'un ou l'une.
On a le libre choix des mots.
Chacun, souvent, a sa chacune.
On choisit le plus à propos.

On dit: le décès ou la mort,
Le chemin ou la longue route,
La destinée ou bien le sort,
L'incrédulité ou le doute.

Au gré de notre fantaisie,
On emprunte au vocabulaire,
Soit un pré soit une prairie
Pour créer un espace vert.

Notre poésie est chantante
Car les sons secs du masculin
Sont suivis de notes charmantes,
Grâce infinie du féminin.

16 juin 2006

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Bourges des Lys (la ville où je vis)

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  A la mémoire de Marcel Bascoulard

 

« A Cœur vaillant, rien d’impossible. » (Devise de Jacques Cœur)

 

Le fier marchand de Bourges verse sa corne d’or sur la ville qu’il aimait. Son cœur et sa coquille ornent encore le blanc palais que le roi jalousait. Il le servit pourtant de ses écus, mais il trahit aussi la demoiselle qui le servit de son épée.

 

Aquarelle médiévale aux maisons de guingois où sautille le moineau des colombages, je trébuche sur le pavé du royaume des Lys et me perds dans le labyrinthe enchanté de tes ruelles fleuries de passeroses où œuvre encore peut-être, sous la cathédrale de lumière, l’alchimiste aux yeux d’émeraude.

 

Jean de Berry et son cortège chamarré d’insouciance, sortant des Riches Heures de son précieux palais, dans sa houppelande d’azur semée de lys d’or, Macée de Léodepart, la dame de Cœur, navrée de sa disgrâce, les chanoines satisfaits de la Sainte-Chapelle, plus belle, dit on, que celle de Paris, et qui n’est plus ; comme le dit le Roman de la Rose : « Tout se passe et rien ne dure, ne ferme chose tant soit dure. »… Maître Guillaume Pelvoysin, le très savant maître d’œuvre, Charles de Valois, septième du nom, avec son long nez morose sous son grand chapeau de velours pourpre et Louis le onzième, le rusé compère, riant de ses bons tours, Luther allumant l’incendie depuis la « Pierre de crie »… Hommes d’armes et échevins, jongleurs et cracheurs de feu, comédiens d’Italie, étudiants d’Allemagne, bouchers de la place Gordaine, marchands de la Halle au Blé, menu peuple de ce temps-là, se mêlent aux passants modernes.

 

Ville ajustée, à taille humaine, musicale et joyeuse, capitale éphémère et mille fois meurtrie, tu ne veux pas que l’on t’éveille du beau songe où tu t’assoupis sous le soupir d'une fontaine.

 

 

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LES MOTS QU'ON NE DIT PAS!

J'aurais pu te dire tout ce manque de toi!

Comme le ciel est bleu à travers tes yeux...

Respirer la mer en serrant tes doigts

Caresser ta peau et toucher les cieux...

J'aurais pu bien sûr insister un peu!

Forcer ton désir si prompt à surgir.

Pleurer dans tes bras, susciter tes voeux...

Mais je t'aimais trop pour n'en pas rougir!

 

J'aurais pu je crois, écouter la voix

Qui criait en moi ce rêve insensé

Et de ton passé ne faire qu'une croix...

Mais j'avais ce tort de bien trop t'aimer!

 

J'aurai pu, peut-être, vivre à tes côtés

Protéger ton rire, tes moments heureux!

Et mon avenir ne pas boycotter...

Mais j'étais trop fière, excusez du peu!

 

Tu aurais pu dire que j'étais ta vie!

Que sans mon sourire tu t'étais perdu

Que frôler mon ombre était ton envie...

Serions en amour, si... tu l'avais pu!

J.G.

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Alvéoles (12)

Sabrina avait repéré l'homme qui la suivait peu après avoir quitté le Centre. C'était un grand gaillard aux cheveux presque blancs, coupés en brosse. Il devait avoir une quarantaine d'années. Il était au volant d'une mini bleue et avait pris trois fois à droite, tout comme elle, en laissant deux voitures entre elle et lui.

Au hasard d'un virage, Sabrina avait aperçu un petit accessoire à l'oreille de son poursuivant. Probablement une oreillette bluetooth. Sabrina n'aurait pas pu dire s'il était en communication, mais peu importait.

Elle accéléra. Son poursuivant fit de même.

La jeune femme glissa son portable dans sa poche, et mit son sac sur ses genoux. Sa propre voix lui envahit l'esprit. Elle récita la leçon qu'elle avait répétée jusqu'à l'essorage quelques années auparavant.

Un : échapper à son poursuivant. Deux : annuler sa destination présumée. Trois : trouver un endroit sûr pour réfléchir.

Elle pensa à envoyer un message à Milos, mais se ravisa aussitôt. Ne pas utiliser son portable. Elle l'éteignit, l'ouvrit et enleva la batterie. D'une main elle ôta aussi la carte SIM, qu'elle laissa tomber dans le guide métallique de son siège. Arrivée à un carrefour, elle s'aida de ses jambes pour avancer puis reculer avec énergie, puis jeta un coup d'œil sous elle. La carte était pulvérisée. Dans son rétroviseur, la mini bleue s'était rapprochée : il était temps de prendre le large.

— J'espère pour toi que tu t'es entraîné dernièrement, murmura Sabrina en dirigeant sa voiture vers le parking d'une grande surface.

L'homme gara sa voiture à environ cinquante mètres d'elle. Il sortit, resta un instant près de sa voiture, puis se dirigea vers elle en la fixant. Sabrina n'avait pas trente ans, chaussait ses baskets, et elle était au meilleur de sa forme. Près d'un kilomètre la séparait de la station de métro : elle parviendrait à le distancer. Elle serra son sac contre elle et se mit à courir.

Tout en accélérant, Sabrina se demanda qui pouvait bien avoir intérêt à la faire suivre. Morhange lui faisait confiance, et Milos travaillait seul. Ses activités pour le compte du CILTI ne lui avaient rien fait commettre d'illégal sur le territoire belge. Ce n'était donc pas la police. Elle se raisonna vivement :d'abord échapper à ses poursuivants. Comme pour se punir d'avoir mélangé les directives, elle accéléra encore. Son corps bien entraîné obéit avec une facilité déconcertante.

Arrivée à cinquante mètres environ de la station de métro, elle risqua un coup d'œil vers son poursuivant. Elle avait creusé l'écart, mais il ne renonçait pas : il était probablement seul. Elle monta quatre à quatre les escaliers, traversa une petite esplanade et s'engouffra dans la station de métro.

L'affluence était moyenne : Sabrina ralentit et se fondit parmi les passagers. Elle jeta quelques rapides coups d'œil à l'arrière et ne vit personne qui ressemblât de près ou de loin à son poursuivant.

Peut-être ne l'avait-il pas vue prendre la direction du métro : une galerie commerçante située juste à côté de la station aurait très bien pu lui fournir un excellent endroit pour se cacher. Mais le simple fait d'y penser lui fit bénir les entraînements qu'elle avait suivis.

En cas d'attente, toujours privilégier les endroits où le danger ne peut venir que d'un côté. Deux au maximum.

Sabrina surveilla donc les deux escaliers, chacun à l'extrémité du quai. Rien. Il y avait aussi un escalator juste derrière elle : mais il était à sens unique, en direction la sortie. Encore deux minutes d'attente, d'après le panneau. Deux minutes en sa défaveur. Sabrina s'efforça de rester aussi immobile que les autres personnes autour d'elle. Elle repéra les caméras de surveillance (trois sur l'autre quai, en face d'elle) et se glissa légèrement derrière un passager corpulent pour ne pas apparaître intégralement sur l'image : si son poursuivant était de la police et qu'il avait accès aux écrans de contrôle, il devrait les examiner de très près pour la voir. Il n'en prendrait probablement pas le temps.

Lorsqu'enfin la rame de métro fit grincer les rails pour annoncer sa venue, Sabrina vit la longue silhouette de l'homme débarquer derrière elle. Il avait pris l'escalator à contre-sens.

L'engin s'immobilisa. C'était un « boa » de couleur brune, une rame mise en service quelques années auparavant, dont la longueur était équivalente à celle du quai. Idéale pour desservir le réseau aux heures de pointe, cette rame offrait un avantage à son poursuivant : les wagons communiquaient tous entre eux. Les portes s'ouvrirent dans un bruit mou et soupirant : Sabrina s'engouffra dans la rame et s'assit à la fenêtre opposée au quai.

Elle avait vu l'homme, mais lui ne l'avait pas vue. Elle attendit , le visage baissé, que les portes se ferment. Le flot des passagers entrant dans la rame se tarit. Le signal de fermeture des portes envahit l'habitacle. Sabrina regarda à l'extérieur et vit vaguement quelqu'un qui ressemblait à son poursuivant sur le quai.

À la fermeture des portes, elle tenta un coup d'œil plus appuyé, et l'aperçut. Il était bien dehors.

La jeune femme se leva pour mieux le voir.

C'est alors qu'il la repéra, et son regard se verrouilla à celui de la jeune femme. Il ne réagit pas. La rame s'ébranla, laissant l'homme presque seul sur le quai.

Sabrina prit une longue inspiration : elle n'avait plus qu'à se laisser conduire, trouver une cabine téléphonique et avertir Milos de venir la chercher quelque part. Si elle ne pouvait plus se rendre ni chez lui ni chez elle, il était hors de question d'annuler son rendez-vous : elle ne pouvait pas se permettre de laisser Milos nourrir le moindre soupçon vis-à-vis d'elle, sinon la « chute des dominos » s'évanouirait avec son concepteur. Il ne lui resterait que la copie de son disque dur, sur la caméra.

Sabrina choisit mentalement sa station de sortie tout en se demandant pourquoi l'homme n'avait pas tenté sa chance en montant à bord. Il aurait pu monter et arpenter toute la rame avant qu'elle ne parvienne à l'arrêt suivant.

Peut-être avait-il cru l'avoir perdue.

Non, cela ne tenait pas debout. Sabrina l'avait observé au moment où il la rame avait démarré : il était resté impassible.

Ce détail aurait dû alarmer Sabrina bien plus tôt. C'était comme s'il s'était contenté de vérifier qu'elle était bien à bord. Son cœur bondit dans sa poitrine.

Ce type n'est pas seul !

Une brûlure dans son mollet gauche vint le lui confirmer. Une sensation de faiblesse extrême monta de ses jambes vers son bassin, et son champ de vision commença à se rétrécir. L'instant d'après, une voix jeune et distinguée lui dit :

— Ma chérie ? Tu ne te sens pas bien ?

La bouche pâteuse et la gorge sèche, Sabrina voulut parler, appeler à l'aide, mais elle ne put même pas remuer les lèvres. Elle sentit vaguement que l'homme aux belles manières la saisissait sous les aisselles.

— S'il vous plaît ? Vous pouvez laisser ma femme s'asseoir ? Elle attend un bébé. Merci. Merci beaucoup.

À partir de cet instant, Sabrina ne sentit plus rien. Ce n'est qu'en entendant son faux mari qu'elle comprit qu'on l'avait allongée sur une banquette.

— Voilà. Ne crains rien mon amour. Donne-moi ton sac, ne le garde pas comme cela contre ton ventre, ce n'est pas bon. Je suis là, tu n'as rien à craindre. Au prochain arrêt nous arrêtons la rame et j'appelle les secours, ok ? Tout va bien se passer. Pardon, excusez-moi, laissez-la respirer, s'il vous plaît.

La voix elle-même s'éloignait, et le noir déjà omniprésent sembla peser plus encore sur Sabrina.

À propos de respirer, elle se dit que l'injection qu'on lui avait faite dans le mollet gauche allait peut-être la tuer. Et elle trouva cela triste.

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Des médailles qui coûtent cher

 

 

Peut-on imaginer un sportif tout seul, s'entraînant sans répit et dangereusement, qui ressent un besoin de perfection suprême mais qui n'est nullement obsédé par la compétition?

Il y a des chercheurs acharnés, en groupe ou solitaires, qui eux également travaillent avec ferveur. Ils ont pour but de trouver des moyens qui permettront aux gens de vivre mieux. Les progrès tangibles qu'ils obtiennent leur font éprouver parfois des joies valant bien des médailles

Les athlètes de haut calibre rêvent d'être acclamés, comme des dieux, pour leurs performances corporelles époustouflantes. Ils endurent des souffrances à la limite de la tolérance et ils ne prennent pas conscience qu'ils risquent de ressembler à des robots.

Je trouve scandaleux que des gouvernements gaspillent stupidement, des sommes énormes afin que leur pays puisse se glorifier de gagner des médailles sportives.

Il y a dans le monde des besoins immenses plus urgents à satisfaire que des envies de spectacles exagérément dispendieux, procurant des exaltations éphémères.

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Se perdre le soir,

 

Coucher du soleil,

mon corps tout alangui, rougi,

aérien et serein,

soupire sur une chair bleue, non rugueuse ;

fruit à cueillir, mûr,

avec un rien de bouche,

des ongles manucurés d’azur.

Ciel, sur votre dos sans fin, superbe,

frissonne, ondule une dentelle noire et tiède;

ce  châle, de mes épaules,

 tombé sans faire exprès, incidemment,

longtemps !.

Début d’étreinte déjà,

des poussières de parfums de roses et de lilas,

se posent sur votre peau brune, assoiffée,

d’où s’écoule un ruisselet de sueur,  un peu sucré;

premiers pas d’un corps d’adolescente,

lisse encore, sans limite,

dans l’alcôve du vôtre se retrouvant un peu ;

puis un chat bleu,

sur une chaise blanche,

 ronronne, savoure juste l’instant !

 

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Forteresse

L'amour est une forteresse
Dont les murs sont faits de promesses
C'est là que dorment les amants
Cachés de tout, cachés du temps

Et quand leurs lèvres se rejoignent
C'est tout l'univers qui s'éloigne
Autour le silence est parfait
Comme un instant d'éternité

Tourne le... tourne le... tourne le temps
Tout autour des amants...

L'amour est une forteresse
Dont les murs sont faits de tendresse
Aussi fins qu'un papier de soie
Mais qui ne se déchirent pas

La peau et la peau qui se touchent
Les mots qui naissent sur la bouche
Disent tout bas comme un secret
Qu'on peut tout prendre et tout donner

Tourne le... tourne le... tourne le temps
Tout autour des amants...

L'amour est une forteresse
Qu'il faut réinventer sans cesse
Pour qui oublie de la rêver
Elle disparaît à tout jamais

Si devant vous des amants passent
Quoi qu'ils se disent ou quoi qu'ils fassent
Ne vous posez pas de question
L'amour a toujours ses raisons

Tourne le... tourne le... tourne le temps
Tout autour des amants...

Tourne le, tourne le, tourne le temps
Tout autour des amants...

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Alvéoles (11)

Je suis sortie ! Tu as droit aux félicitations du Jury, petit pirate ! Je t'emmène dans un resto libanais pour fêter ça, ok ? J'arrive. J'ai faiiiim !

 

Milos somnolait lorsqu'il avait reçu le message de Sabrina. Il l'avait laissée partir à son rendez-vous avec Morhange, puis s'était pelotonné dans ses couvertures pour profiter encore un peu de son lit.

Il avait environ une demi-heure devant lui : juste de quoi paresser, prendre une douche et se faire beau.

L'idée de partager un repas au restaurant avec Sabrina lui plaisait beaucoup. Leurs conversations étaient agréables, elle appréciait le bon vin tout comme lui, et son côté femme-enfant à la Jessica Alba l'amusait beaucoup. Milos ne comptait plus vraiment le nombre d'hommes qu'il avait vus se retourner sur le passage de Sabrina. Le vrai moment de délectation venait juste après, quand leur regard glissait vers Milos tout en se colorant de jalousie.

Milos n'était pourtant pas dupe. Il était même certain que le début de leur relation avait été chaudement encouragé par le CILTI : on ne noue pas de relations avec un hacker de sa trempe sans prendre de mesures pour limiter les risques. Sabrina avait été chargée de sa surveillance, c'était l'évidence même. Milos n'avait jamais abordé le sujet de manière directe avec elle, car après tout il s'en fichait : il savait que c'était un passage obligé pour rentrer, tôt ou tard, dans la légalité. Il lui avait dit un soir :

— Tu sais, j'apprécie vraiment ta compagnie, même si je me demande parfois jusqu'où ta hiérarchie t'a encouragée à te rapprocher de moi.

Elle n'avait rien répondu, mais la tristesse dont s'était teinté son regard avait ému Milos. Il était resté sur ses gardes et ne lui avait jamais fait de confidences susceptibles d'intéresser le Centre ; de son côté Sabrina ne l'avait pas poussé à en faire.

En se dirigeant vers la douche, Milos laissa revenir à lui les souvenirs de leur premier regard.

On l'avait conduit dans une salle de réunion, où il avait été présenté à Morhange et ses deux collaborateurs directs (deux américains : Sheppard, le responsable de l'infrastructure et Wilson, qui coordonnait les « développements spéciaux »). Sabrina était présente aussi, mais Morhange ne l'avait pas citée. Milos avait poliment serré la main des hommes, et en s'asseyant, avait jeté le premier pavé dans la mare tout en adressant un regard radieux à Sabrina :

— Mademoiselle ne m'a pas été présentée. Est-elle la responsable des opérations ?

Morhange avait pris la parole :

— Non. Sabrina est une de nos architectes réseau.

Milos s'était alors levé et, en faisant le tour de la table de réunion, avait tendu la main à la jeune femme :

— Sabrina, c'est votre prénom, j'imagine ? Je m'appelle Milos Kinski.

— Sabrina Bassalah.

En revenant vers son fauteuil, Milos avait ajouté :

— Enchanté, mademoiselle Bassalah. Je suis ravi de faire votre connaissance, et de connaître à la fois votre nom et votre prénom. Ce n'est pas le cas de tout le monde, mais je suis sûr que cela va s'arranger.

Morhange n'avait pas réagi, laissant Milos enfoncer le clou :

— Pourquoi votre responsable des opérations n'est-il pas convié à cette réunion ?

C'est Sabrina qui avait répondu :

— Il nous rejoindra si M. Morhange l'estime nécessaire.

Milos avait encaissé le coup sans rien laisser paraître, mais le message était clair : la jeune femme protégeait son supérieur. Il avait rebondi :

— L'ordre du jour a-t-il changé ? Nous devions voir en quoi je pouvais contribuer à vos opérations, mais si vous ne me dites pas en quoi elles consistent, comment voulez-vous...

— Nous allons vous expliquer cela, monsieur Kinski, avait répondu Morhange. Rassurez-vous : chacun d'entre nous en sait assez à ce propos pour vous informer. Mais auparavant nous souhaitons en savoir plus sur ce qui vous a techniquement permis de pirater le « who's who » du site www.nato.int sans être inquiété.

Milos avait eu un petit sourire :

— Vous voulez d'abord que je vous montre mes armes, pour qu'ensuite vous puissiez imaginer quelles opérations elles peuvent faciliter ? C'est mettre la charrue avant les bœufs.

— Nous voulons en savoir un peu plus, pas que vous nous dévoiliez tout de but en blanc. Vous faites un pas, nous en faisons un. Et ainsi de suite, jusqu'à ce que nous soyons assez près l'un de l'autre pour envisager de travailler ensemble. Vous pouvez aussi ne pas faire ce pas, et nous n'en ferons pas non plus.

Milos s'était installé au fond de son siège, regrettant instantanément de donner à Morhange l'impression d'avoir correctement cadré le débat. Il avait cherché le regard de Sabrina, et constaté qu'elle n'avait pas arrêté de le fixer depuis qu'il s'était assis. Elle avait soutenu son regard durant un long instant avant que Morhange ne reprenne la parole :

— Monsieur Kinski ? Vous êtes toujours avec nous ?

 

*

 

Lorsqu'il ouvrit les yeux, Dominique comprit tout de suite qu'il avait dormi longtemps : les chênes et les sapins qu'ils avaient quitté au matin avaient fait place aux platanes et aux cyprès. La voiture était arrêtée à l'ombre, toutes fenêtres ouvertes.

Dominique ôta ses lunettes solaires pour mieux se réveiller. Il cligna des yeux : c'était bien la lumière du sud : vive, palpitante, généreuse.

Il se tourna vers le siège du conducteur, pensant y trouver Judith. Il était vide. En un seul mouvement il ouvrit la porte et bondit à l'extérieur du véhicule.

— Judith ?

Il entendit un cri effrayé juste derrière lui et fit volte-face. Judith était là, les yeux grands ouverts.

— Dominique ! Qu'est-ce qui se passe ? Tu m'as fait sursauter !

Il étaient nez à nez.

— Pardonne-moi mon amour, je me suis réveillé, je ne t'ai pas vue, j'ai cru...

— Tu as cru quoi ? Que j'allais abandonner mon tout nouveau mari ?

— Oui, enfin... non, mais tu avais disparu, et...

— En effet, j'avais disparu, dit Judith en ouvrant de grands yeux. Pour faire pipi, c'est mieux, je trouve : montrer ses fesses aux automobilistes dès le lendemain de mon mariage, ce n'est pas mon genre.

— Je veux bien, mais j'ai le palpitant à 180, maintenant. Pourquoi ne m'as-tu pas réveillé en t'arrêtant ?

Judith saisit le poignet de son mari.

— J'avais envie de te regarder t'éveiller, c'est pour ça que j'ai ouvert les fenêtres. Sauf que tu dormais profondément, et que ma vessie n'allait plus tenir longtemps... Ton cœur est à 130, mon mari.

— Merci mon médecin préféré, dit-il en se demandant comment Judith faisait pour compter ses pulsations cardiaques tout en parlant.

— Je suis désolée de t'avoir laissé, Mimmo.

— Ne te tracasse pas. J'ai juste été surpris... On repart ?

— Avec plaisir. Je te laisse le volant.

— Ah, oui, au fond, où sommes-nous ?

— Un peu au sud de Nyons.

— Waouw, tu as bien roulé !

— Et toi tu as bien dormi, mon amour. Tu connais le chemin à partir d'ici ?

— Oui, oui, ne t'inquiète pas. Et puis on a le GPS.

— Ah oui, l'assistant du conducteur moderne, dit Judith sur un ton faussement sarcastique.

— Ne critique pas ma bella machina, ni aucun de ses accessoires, je te prie. Tu pourrais réveiller mes instincts siciliens les plus basiques.

Judith se rapprocha de son mari tout en lui murmurant :

— Tu l'aimes, ta voiture, hein ? Elle est puissante, soumise, elle ronronne quand tu lui caresses les zones érogènes... Accélérateur... Levier de vitesse électronique...

— Voilà, tout juste.

— Un peu comme moi, n'est-ce pas ? ajouta-t-elle.

— Pff... Vous ne jouez pas dans la même catégorie.

Elle vint coller son ventre à celui de son mari :

— Tiens donc ? Et moi, je suis dans quelle catégorie, alors ?

— Celle des emmerdeuses, pour le meilleur et pour le pire.

— Ah bon ? C'est tout ?

Judith déboutonna la chemise de Dominique et promena ses mains sur son torse. Il lui sourit et rechaussa ses lunettes de soleil avant d'ajouter :

— Non, ce n'est pas tout. Tu entres aussi dans la catégorie des viles tentatrices qui veulent la perte des hommes. Maman m'avait prévenu.

— Oh, mais c'est qu'on appelle maman au secours... Les lunettes noires ne suffisent pas à cacher ton désarroi ? Tu es à court d'arguments ? Allons, allons, mais je ne lui veux que du bien , moi, à cette homme-là...

La voix de Judith s'était faite douce et amusée. Devinant ses intentions, Dominique avait reculé lentement, jusqu'à s'appuyer contre la voiture, les fesses contre la portière avant. Les mains de Judith descendirent vers la boucle de la ceinture de son mari, qui jeta un regard circulaire.

— Ne t'inquiète pas, dit-elle toujours plus doucement, j'ai eu largement le temps d'observer les alentours. Nous sommes seuls.

— Je vois... je commence à me douter de la vraie raison de notre arrêt.

Judith fit sauter la boucle de ceinture avec délicatesse, et persévéra vers le bas.

— La vraie raison ? Je l'ai sous la main, mon cher mari.

Plutôt que de baisser les yeux pour vérifier les propos de sa femme, Dominique décida de l'embrasser.

 

*

 

Faustine restait assise, les bras ballants. Des larmes coulaient lentement de ses yeux grands ouverts. Cela avait commencé au petit matin, au moment où elle était revenue dans la chambre de Daniel, à peine rassurée quant à l'état de Valérie :

— Ce gars était sympathique, tu sais. J'avais encore chaud. Il souriait tout le temps.

— Daniel ? De quoi me parles-tu ?

— J'avais encore chaud.

— Tu as chaud ? C'est ça ? Tu as trop chaud ?

— Non.

— Tu as froid ? Quelque chose ne va pas ?

— Il était tout sourire, c'est juste que...

— Daniel ? Tu m'entends ?

— Oui, oui...

— Je vais chercher le médecin.

— Il avait les mains moites. Mais sympa, il était sympa.

— Je reviens.

— Il y a le bouton.

Bien sûr. Il fallait bien que ce soit son mari, en plein délire, qui lui dise quoi faire. Elle avait pressé le petit interrupteur rouge situé à droite du lit, et patienté en tentant de garder son calme. Quelques minutes plus tard, une infirmière était venue : la température de son mari était toujours très haute (mais elle ne grimpait plus, c'était bon signe), ce qui pouvait entraîner des discours incohérents. Le médecin arriverait plus tard, « avec aussi un diagnostic pour la vue de monsieur », avait-elle dit.

Faustine attendait encore et encore, car elle n'avait pas le choix, et pour ne pas céder à la panique, elle s'accrochait à l'image de sa fille. Valérie n'accusait plus qu'un bon 39° et dormait paisiblement. Le virus l'avait épuisée, mais elle se défendait très bien. Pour Daniel, le match était bien plus engagé, et Faustine sentait ses propres forces la quitter peu à peu.

Le discours de Daniel tournait en rond dans la tête de Faustine. Un homme souriant, avec qui il avait bu quelque chose. L'homme avait les mains moites mais chaudes. Et Daniel avait fait des efforts avant. Quels efforts ? Il lui avait bien dit avoir accepté un petit boulot, un colis à porter au milieu de nulle part. Elle lui avait demandé si cela lui semblait réglo, il avait dit : « Oui, mon amour, rassure-toi, c'est pour un projet scientifique ». Elle lui faisait confiance : jamais Daniel n'aurait accepté un travail douteux.

Faustine se calmait peu à peu. La surprise causée par les propos incohérents de son mari était passée, et contre toute attente, l'arrivée imminente du médecin la rassurait plutôt que d'aiguiser son impatience. Sans vraiment s'en rendre compte, elle commença à interroger Daniel.

— Daniel ? Tu m'entends ?

— Où est Valérie ?

— Dans une autre chambre. Vous avez tous les deux la grippe A. Elle va bien, elle se repose.

— Merde, c'est de ma faute ?

— On n'en sait rien, mon amour. C'est qui ce type sympa qui avait les mains moites ?

— Il m'a payé.

— Il t'a payé ? Pour ton travail, c'est ça ?

— Sympa, mais les mains moites. Désagréable.

— C'est le type qui t'a employé, c'est ça ? Il avait l'air malade ?

— Sais pas. Crois pas. Non.

La colère monta en elle. Sa famille souffrait, ils étaient à l'hôpital, son homme ne voyait pas. Que ce soit ou non à cause de ce type, l'esprit fatigué de Faustine se rua vers le présumé coupable.

— Daniel ? Est-ce qu'il avait l'air malade ?

— Non, non. Pas malade. Les mains moites.

— C'est le type qui t'a payé et que tu as vu hier matin, c'est ça ?

— Oui.

— Et il n'avait pas l'air malade mais il avait les mains moites ?

— Fatigué, Faustine. Pas l'air malade. Il m'a remercié. Payé.

— Ok, il t'a payé. Puis il est parti ? Tu connais son nom ? Son numéro de téléphone ?

— Dans mon portefeuille.

— Ton portefeuille est à la maison, mon amour. On l'a oublié. Tout est allé vite, je n'ai pas pensé à le prendre.

— Il y a le bouton.

— Le bouton, oui, j'ai appuyé, l'infirmière est déjà venue. Le médecin ne va plus tarder.

— Non, je veux dire...

— Tu veux dire quoi ?

— Le bouton sous la machine.

— La machine ? Quelle machine ?

— Je l'ai déposée au col des Vosses.

— C'était ça ton travail ? Déposer une machine ?

— Et appuyer sur le bouton. J'ai mal à la tête.

— Le médecin arrive.

— C'est à cause de la lumière.

La porte de la chambre s'ouvrit, laissant entrevoir un jeune homme avec un stéthoscope autour du cou, qui les salua poliment. Faustine ignora son bonjour :

— Daniel ? Que viens-tu de dire ?

— Je ne vois pas bien, mais ça revient.

Faustine se retourna vers le médecin.

— Cela devrait même aller mieux assez vite, dit-il d'un ton satisfait. Si vous voulez bien m'accorder quelques minutes, je vais vous expliquer tout cela.

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été 2012

Cet été vous pourrez voir les toiles

de

BENOIT-BASSET

à

KNOKKE-LE-ZOUTE

GALERIE DANIEL BESSEICHE

                                                     Dumortierlaan 111 -   8300 - Knokke

                                                                             Belgique

                                               http://www.dbesseiche.com/knokke-le-zoute.html

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Mère courage

Un vieil hommage aux femmes toujours d'actualité.



En avoir autant
Sur le coeur
Et ne rien dire
Et pouvoir vivre
Et faire tout vivre
Autour de toi

Avec la foi
Avec la joie
Et le plaisir de servir !
***
Souffrir
Supporter sans te plaindre
Te consumer
Et sans t'éteindre
Inconditionnellement aimer
Etre ange
Et donner sans échange !
***
C'est si étrange
Qu'autour de toi
Il n'y ait de loi
Qui te consacre
Reine des coeurs
Reine des mères
De l'univers !
***
Tu sèmes sans
Toujours cueillir
Tu aimes sans
Toujours trop jouir
Tu donnes tant
Sans t'apauvrir
***
Laisse-moi t'offrir
Ces humbles mots
Qui dans le flot
Des sentiments
Saluent ta rage
Et ton courage
***
Des mots d'amour
Et de tendresse
Des mots qui pansent
Ces maux qui blessent
Des mots caresses
Venant de l'âme
D'une autre femme
Qui sait reconnaître
En ta flamme
L'ardent amour
Qu'en toi tu portes
Et la main forte
Qu'au monde tu tends
Salut à toi
A travers l'air
L'espace le temps
Et tous les âges
Salut à toi
Mère courage!
 
Khadija, Agadir, 2009.
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Matinale de mon peuple

 

Matinale de mon peuple ( extrait )

 

 

Que furent la terre qui s'ouvre,

le typhon qui s'abat sur la maison natale,

à côté de vous, Proconsuls des ténèbres !

 

Les enfants meurent de soif au milieu des fontaines.

A la porte des camps, avant de disparaître,

les jeunes hommes injurient leurs bourreaux :

"A quoi servirait de mourir

quand la vie est pour eux !"

Une avalanche de projecteurs, de chiens, de barbelés,

dévore leurs pauvres corps.

 

Vers la ville, nous lançons des phrases.

Qu'une charpente frémisse, la forêt peut renaître.

Pour toute réponse nous parvient

un vol affolé de cigognes.

 

Nous le jurons, sur ton visage, frère,

la dynastie du saccage

n'aura pas de postérité.

 

Jean Sénac

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