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LES QUATRE SAISONS...

Le printemps, c'est la vie qui effleure la terre

La faisant frissonner, ignorer ses misères...

C'est la couleur qui chante aux travers des averses

Le rayon qui réchauffe, les humeurs qui s'inversent...

Le printemps, c'est l'espoir qui fleurit dans nos coeurs

Moteur de nos envies, dispensateur d'ardeurs...

C'est l'aube émerveillée qui découvre le jour

Le berceau des désirs qui nous mènent à l'amour...

 

L'été, c'est l'évidence de toute luxuriance

Le soleil qui nous dore, apprécions notre chance!

C'est l'éclat de la vie qui nous fait avancer

Le temps des envies et celui d'être aimé!

L'été, c'est un combat pour apaiser la soif

La fatigue maîtrisée, les projets qui décoiffent!

C'est le temps d'être deux, envers et contre tous

Et l'on s'y multiplie, c'est la vie qui nous pousse!

 

L'automne vient en douceur sur le pas de la porte

Les couleurs sont splendides et c'est ce qui importe!

C'est la vie qui nous donne la douceur de l'éclat

C'est le regret déjà, c'est le temps des débats!

L'automne garde en lui des plans inassouvis...

Une chanson si douce et tout devient précis!

Les orages dénudent les arbres éblouissants

Faut contourner les pièges! Apprécier le présent...

 

L'hiver débarque alors, un matin de décembre

Et l'on regrette un peu les couleurs de l'ambre...

Et puis la neige vient et de son blanc manteau

Nous rappelle simplement combien le monde est beau!

L'hiver est mal aimé, nous cachant ses secrets

Si on l'ignore un temps, il se fera discret...

Il faut savoir comprendre quand le froid envahit

Et poser ses regrets pour entrer dans l'oubli...

J.G.

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Si le paysage est couché, l'homme est debout

Bien là,  dans le vertige de la  peinture. Tes cheveux sont racines en plein ciel
 Plus de sud, plus de nord.
Mes mains de géant, ivres du souvenir trouveront  un par un  tes cheveux . Englués de plaisir

 Flo paysage  150x120

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journal de bord, vendredi 24 juin 2011

"Hé, ma fenêtre n'est pas un bureau !", me dit, à voix haute, hier, rue de l'ERmitage, une de mes clientes.

 

Sur le coup, bien entendu, je reçois une secousse.

 

Dans un deuxième temps, je rigole. Je sais de qui ça vient. Je connais la cliente : une chouette femme, maladroite au possible, championne dans les commentaires à la grosse louche.

 

Il est vrai que ...

 

Là où elle habite, y a cinq boîtes aux lettres. J'avais un recommandé pour une personne habitant dans la même baraque. J'étais en train de rédiger (sur l'appui de fenêtre de la cliente qui me disait "Ma fenêtre n'est pas un bureau") un avis à la personne (à qui le recommandé était adressé) qui était absente.

 

Bref, le folklore habituel !

 

"Hé, ma fenêtre n'est pas un bureau !"

 

Elle avait envie de se faire entendre, la cliente. Elle rigolait, la cliente.

 

C'est fou comme on devient souple (même ... diplomate), avec le temps qui passe.

 

Surtout que ...

 

Dix minutes avant, dans la même rue, je m'étais farci encore un truc chiant avec une cliente ... que je me permettrai d'évoquer. Ca fait partie de la vie.

 

Retournons quelques maisons avant, Rue de l'Ermitage, toujours.

 

Une jeune ado, qui habite (encore) là, arrive devant moi, avec un sourire pour commencer.

Mais ... elle change bien vite de ton.

 

"Ca fait au moins quinze jours que je ne reçois plus mon courrier !", me dit-elle.

"C'est drôle, hier encore, j'ai remis une lettre à ton intention dans la boîte", je lui réponds.

Elle n'a pas l'air d'entendre cette dernière phrase.

Et ... elle poursuit, pas contente, dans l'idée qu'elle ne reçoit plus rien dans sa boîte aux lettres.

 

Voilà qu'à mon tour, je change de ton.

Et je réponds : "Faut dire que chez vous, c'est la confusion totale !"

Je m'apprête à continuer, à expliquer pourquoi j'ai dit "Faut dire que chez vous, c'est la confusion totale !"

"Et mon courrier ?", continue la cliente, en me ... coupant la parole.

 

Faut dire : je ne suis qu'à moitié étonné.

Y a quelques jours, au bureau, j'ai carrément reçu une plainte, sur un papier, qu'un chef m'a montré et fait constater. Cette cliente expliquait mordicus qu'elle ne recevait plus de courrier.

Oui, j'ai fait une erreur.

J'explique.

La femme qui est la compagne du père de la cliente a fait un chang'ment d'adresse.

J'en ai conclu, un peu trop vite, que tout le monde était parti. Faut dire : je ne rencontrais plus personne de cette famille (a priori partie). Faut dire : j'avais rencontré un autre couple qui habitait désormais dans la même baraque. J'avais établi un amalgame dans tout ça. Les locataires précédents devaient tous être partis. C'est parfois inévitable ... d'interpréter. Surtout quand on n'a pas de preuve tangible, concrète, palpable pour être sûr du contraire. Tant de cas de figure existent quand on fait, tous les jours, une tournée de quatre cents boîtes aux lettres et de presque ... quatre kilomètres.

Et, de bonne foi, lorsque je suis tombé sur des lettres adressées à la fille (qui ne recevait plus son courrier) ...

Je les renvoyais à l'expéditeur, avec la mention : "n'habite plus"

Oui, j'ai fait une erreur. Je le reconnais. J'assume.

 

Je reprends la situation hier, avec la cliente. Accompagnée d'un gars (un nouveau locataire de la maison où elle habite toujours ?)

"Faut dire que, chez vous, c'est la confusion totale !", lui dis-je.

"Et mon courrier ?", continue-t-elle, en me coupant la parole.

Je n'ai pas le temps d'essayer de lui expliquer le "pourquoi du comment" de mon erreur.

J'ai malheureus'ment la maladresse, au début de ma phrase, de dire "oui, mais la compagne de votre père est partie ..." (avec l'intention d'en dire plus). La jeune cliente, ado, me répond, du tac au tac : "Mais ça, ça ne vous regarde pas"

Je reprends au départ. Mon calme s'en va (on l'aura d'viné), mais j'assure encore.

"Mais enfin, monsieur, ça ne vous regarde pas !"

Et je réponds : "Si c'est pour me parler sur ce ton, je ne vous écoute plus !"

Je mets les deux trois lettres suivantes dans une nouvelle boîte. Je me retourne. Je poursuis mon pas.

Derrière, la jeune ado crie. Elle me traite de ... malade. Elle crie à mon intention : "Vous ne garderez pas votre boulot". Et je l'entends même qui crie à toute volée sur le trottoir, comme si elle faisait une crise de nerfs (je ne lui en veux pas, tout le monde a ses crises, je suis déjà passé par là ... à certaines périodes de ma vie).

 

Bon. Rien de grave, dans l'absolu. De l'électricité, dans l'air, oui.

 

Surtout que ...

 

Quelques maisons plus loin, avant de tomber sur la cliente qui m'a dit : "Monsieur, ma fenêtre n'est pas un bureau !" ...

Je suis tombé sur une autre cliente (qui s'est fait teindre les ch'veux en noir) qui m'a sourit. Qui m'a raconté que ... elle n'a pas retrouvé sa voiture (qu'on lui a volée), mais qu'après tout, c'est pas si important.

 

Un scénario ne chasse pas un autre, non. Mais il peut l'alléger franch'ment. La vie bouge. La vie avance.

 

Quant à cette cliente (autre), dont la voiture a été volée, qui m'a accueilli avec un grand sourire, qui m'a promis (dès qu'elle aura des nouvelles) de me le dire par SMS (merci pour cette complicité) ...

 

Il s'agit aussi de quelqu'un avec lequel je me suis déjà ... accroché, sur ma tournée.

 

Mais voilà, un jour n'est pas l'autre. Tout s'arrange à long terme.

Si la vie n'est pas un long fleuve tranquille, l'eau s'apaise toujours un peu après l'orage.

 

En soi, j'ai encore reçu un clin d'oeil, au bon moment.

 

 

 

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Poète du dimanche

FESTIVAL DE LA POESIE




Jeu de mots

A ma mère





Quels sont ces gens
Qui comptent
Leurs syllabes
Et coupent les mots
En pieds
Pour faire plus beau ?
Piet bot ?

Devant ces crimes
Mes idées fuient au galop
Cupidon
O raison
Funeste oraison

Idées poinçonnées par l’horloge rythmique
Ma pensée dit
Non ! À la rime pénitentiaire
Non ! À la rime galère
Non ! Au génocide d’idées
Elle RECLAME droit de Cité

Devant l’Inquisition
Des Beaux Esprits
Le poète comparaît
Inquiet

La rime en bataille
Il craint le fouet mais
Sur une page
Blanche
S’étale sa…rébellion
Et, en boustrophédon
Oh ho
Nous lisons
JE NE SUIS PAS UN FABLIAU
JE NE M’APPELLE PAS BOILEAU
Je suis poète du dimanche j’aime jouer avec les mots les faire rouler hors des enclos
Il connaît ce poète
La vigueur des « maux »
Il en sait toutes les nuances
Pourtant frôlant
L’impertinence
Il clame toujours
Plus haut

Je ne suis pas un fabliau je ne m’appelle pas Boileau
Je suis poète du dimanche j’aime jouer avec les mots
Les faire rouler hors des enclos

Il y a les mots discours
Que l’on n’emploie pas tous les jours
Drôlichons, abscons

Les mots « faubourg »
Les mots tendres
Qu’on aime entendre
Tous les jours
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Le jardin aux nénuphars

Le jardin aux nénuphars

Le ciel n’est pas toujours bleu. Il a lui aussi ses caprices: tantôt gris, tantôt plein de cumulus ou de nimbus, tantôt blanc, tantôt noir, surtout quand la neige blanche tombe du ciel. Si le lac est clair, c’est uniquement parce que le ciel est bleu. Seul le lac de pierre reste insensible aux changements du ciel.
Le lac de pierre fondait toujours depuis ce jour d’octobre, quand le petit poisson doré avait commencé à le serrer entre ses petites nageoires brulantes. Goutte par goutte, l’eau s’accumulait chaude dans le creux de la montagne. Là, depuis longtemps, les cheveux blancs-dorés de Tissa avaient formé une majestueuse cascade, avant qu’ils ne soient tués par le manque d’amour du petit poisson. Afin de pouvoir se retrouver, ne fut-ce que pour quelques instants de bonheur, les jeunes amoureux avaient construit un pont en pierre entre le rivage de Mures et celui de la Meuse. Mais, avec le temps, le pont s’était émietté, et finalement il n’en restait qu’un amas de cailloux et de sable. Depuis lors, les eaux de Tissa s’étaient retirées dans cet endroit sombre qui abritait le Lac de pierre. Un lac muet et triste.
Le petit poisson Tiny travaillait ardemment, jour après jour, afin de faire fondre la glace du lac. Et, petit à petit, à la surface de la pierre apparurent quelques gouttelettes chaudes et fatiguées qui, mélangées avec de la terre et du gravier, ont fait naître une matière noire et dense : la boue.
Le petit poisson se lamentait effrayé: « Où sont les cheveux abondants de Tissa ? Où sont ses eaux dorées ? Où est le pont qui traversait le tumulte de notre amour ? »
Le pont était ruine et les eaux n’étaient que de la boue. Tiny était fatigué, voire découragé. Il était las de ne serrer contre sa poitrine que de la pierre et toujours de la pierre. Il demeurait, triste, au bord du lac boueux en se disant : « Ainsi donc… C’est ici que tout se termine, dans la boue… »
Et alors il entendit une voix qui venait de très, très loin, juste du Pays des souvenirs. C’était la voix de Blaga, qui lui murmurait un fragment de poème :
- « Ne sais-tu pas qu’uniquement dans les lacs avec de la boue au fond poussent les nénuphars ? »
Irrésolu, et en regardant la boue, le petit poisson lui répondit :
- Oui, je vois la boue, mais où est le lac ? Où sont les nénuphars ? Où est la poésie ?
La Voix de Blaga se tut. Il n’aimait guère expliquer ses poèmes. À cet instant-là, une autre voix, plus petite, venant d’en bas, du tréfonds de la terre, lui murmura: « Nénuphars, nénuphars ! Ne refuse pas les nénuphars ! Le lac est toujours dans le conte, ne sais-tu pas ? Il est toujours en train de naître. Jusqu’à sa mort il naîtra toujours et toujours. »
Le petit poisson sauta de joie, en se tapant le front avec sa paume : « Que je suis stupide ! C’est évident, le lac doit naître et c’est uniquement moi qui peux le faire naître. La boue reste collée sur le fond du lac. Elle est laide, c’est vrai… Elle est pourtant la force qui va nourrir mes nénuphars. Et je vais attendre qu’ils poussent à partir de ce moment même et dans cet endroit même. Tissa et moi seront de nouveau ensemble, avec chaque nénuphar qui naîtra de son être. »
Les jours et les nuits passaient comme les secondes et comme les saisons. Et un beau jour le printemps fut de retour. Le lac n’était qu’un étang, il devait encore s’agrandir. Le soleil jouait gaiement dans ses ondes claires, enfantines, et le ciel ne lui parlait que dans des nuances de bleu. Sur la surface tranquille de l’eau des canards sauvages nageaient sans arrêt, avec leurs poussins accrochés à leur mère comme une traine vivante. Ce fut vers le milieu de mars quand le premier nénuphar blanc et timide sortit sa tête de l’eau, afin de saisir le soleil et de connaître le monde dans lequel il venait d’arriver comme ça, à l’improviste. - Bonjour, monsieur Soleil. Bonjour monsieur Ciel. Où suis-je?
- Tu es sur la terre, l’une de mes enfants – lui répondit le soleil.
- Tu te trouves sur une planète de mon royaume – lui dit le ciel.
- Ainsi donc : je suis sur la terre et je vis dans le royaume du ciel. Mais qui suis-je? Qui sont mes parents ?
- Mais, saisis-toi ! Tu as les racines dans la boue, mais tu te nourris de lumière et ton corps est blanc comme le lait, fin comme le museau de l’agneau non encore sevré et frais comme les eaux de montagne. Tu es une partie d’Elle – dit le soleil.
- Elle… C’est qui Elle? – demanda le nénuphar.
- C’est une longue histoire… En fait Elle c’est toi. C’est toi et ce n’est pas toi… Comment je viens de te dire, tu es une partie de son être. Quand vous serez tous réunis, alors vous pourrez la voir, car vous serez Elle, enfin entière, accomplie et puissante – dit le ciel.
- Je ne comprends plus rien - dit le nénuphar. C’est pourtant Elle ma mère, pas vrai?
- Non. Ta mère est la boue – dit le soleil.
- Ainsi donc, je suis quelque chose de répugnant, si je vis dans la boue. Suis-je la boue ?
- Non. Tu es une fleur – dit le ciel – l’une des plus mystérieuses de toutes les fleurs, car tu gouvernes les quatre éléments essentiels du monde : la terre, l’eau, l’air et le feu. Ta racine est dans la terre, la tige est soutenue par l’eau, et la fleur et les feuilles respirent l’air et se nourrissent du feu du soleil. N’aye pas honte ! Tout ce qui est vie sur la terre se nourrit de la boue. Elle est la nourriture primordiale. Tu n’es pas le seul être qui fait ça. Tous font pareil, autrement ils ne pourraient pas exister. Les plantes prennent l’eau et la lumière et préparent la matière organique végétale. Les animaux herbivores se nourrissent des plantes, herbes, feuilles et fruits. Mais les animaux carnivores dévoreront ces derniers, pour vivre.
- Et l’homme ? – demanda le nénuphar.
- L’homme, pour contenter tout le monde, mange tout : plantes, fruits, animaux herbivores et carnivores, insectes, vers et mollusques. Omnia. Tout. C’est d’ici que vient son nom : homme. L’homme, étant tout, se nourrit de tout ce qu’il y a sur terre. C’est lui le maître, un maître impitoyable et destructeur. Vois-tu les eaux, comment elles se révoltent depuis quelque temps ? Pourquoi crois-tu qu’elles font ainsi ? Eh bien, elles ne supportent plus la tyrannie de l’homme, trop cupide et trop égoïste pour mener une vie équilibrée. J’ai été moi aussi blessé par l’homme et je me venge comme je peux. Regarde les typhons et les tornades et les vents fous des ouragans ! J’ai permis au soleil de punir l’homme en incendiant champs et forêts. L’homme doit être secoué un peu, pour devenir plus humble. Lui, la créature, se croit Créateur. Il est convaincu que c’est lui qui a créé la terre, et même l’univers. Il ne lui connait pas encore toutes les lois, mais essaye d’imiter le Grand œuvre, en se conduisant selon des lois temporaires, qui aujourd’hui sont, demain elles ne sont plus. En vertu de ces lois passagères, il donne des sentences et opère dans la chair des êtres et des choses, en les détruisant de l’intérieur. L’homme est l’animal le moins réussi, le plus destructeur de l’univers. L’évolution de la matière vivante est en fait involution, l’homme représente la matière organique dans son stade ultime de décadence.
- Ô, ciel, tais-toi ! J’espère que l’homme ne t’a pas entendu, car il te détruirait s’il savait comment tu le juges.
- Tu dis qu’il me détruirait… Que des paroles vaines, non fondées ! Mais il est incapable de le faire, car la Nature est beaucoup plus forte que l’homme ; elle a ses propres lois et quand elle ne supportera plus la domination accablante de l’homme, elle s’en secouera comme des poux. Et tout deviendra poussière. Moi, le ciel, avec mon fils le soleil et avec ma petite fille, la terre, referont le monde tout comme au début, à partir des quatre éléments primordiaux. Il y aura un nouveaux Commencement, un nouvel Adam, une nouvelle Eve, une nouvelle histoire et un nouveau drame de l’humanité. Car tout est cyclique et l’histoire se répète sur les trajectoires d’une spirale. Le soleil donnera de nouveau aux êtres terrestres la lumière et le désir de s’élever aux cieux. Ainsi se fait-il qu’à la fin, toi et d’autres êtres – tous les êtres de la terre – viendront dans mon royaume. Mais, afin d’arriver aussi haut, vous devez d’abord vous trainer dans la boue. C’est ainsi que le veut la loi. Ne me demande pas plus, car moi non plus je ne connais pas plus que ça – dit encore le ciel, après quoi il s’amuït.
- Qui est madame la Loi ? – insista le nénuphar.
- Ce n’est pas une « madame », c’est une règle ordonnée par Quelqu’un. Voici, moi aussi je reste cloué ici haut, car ce fut sa volonté. Elle m’a dit de monter la garde dans le royaume. Personne ne l’a vue mais tous l’écoutent et la suivent aveuglement.
- Mais comment se fait-il que j’apparus, comme ça, soudainement, sur le lac ?
Ici se ciel se tut. Se tut aussi le soleil. Seulement un petit canard eut à lui dire :
- Il n’y a pas si longtemps que j’ai vu par ici un petit poisson doré, qui agonisait. Il gisait, la bouche sèche, largement ouverte, sur un lambeau de terre crevassée par la sècheresse. De temps en temps, un tressaillement de la queue le réveillait, en le poussant à se battre encore et encore pour cette miette de vie qui lui restait… « De toute cette eau que j’ai eue… De toute cette eau qui a coulé en Tissa… Ses merveilleux cheveux blancs-dorés, où sont-ils ? L’amour, où est l’amour ? » - se demandait amèrement le petit poisson, en mordant goulûment l’air, en quête d’une goutte d’eau, d’une goutte d’amour.
Un Homme, qui portait sur la tête une couronne d’épines, est descendu de la montagne. Il a marché jusqu’au fond de l’étang, où il s’est mis à creuser des petits trous dans la boue. Dans l’un de ces petits trous il trouva Tiny, la bouche ouverte, criant sans voix, au secours. L’homme l’a pris dans sa paume, l’a aspergé de ses larmes pures et a soufflé un souffle de vie sur son corps. Ensuite, il s’assit au milieu de l’étang et commença à pleurer. Il croyait que personne ne le voyait, mais j’étais cachée sous une pierre, près du rivage et j’ai tout vu. Tandis que l’Homme regardait pensif la boue sèche, de ses yeux doux et tristes se mirent à tomber, une par une, des perles d’argent. Pic, pic, une perle et ensuite une et encore une… Une perle pour chaque petit trou dans la boue. Ensuite, l’Homme a déclenché un grand orage, immense orage. Les eaux abondantes, venant du ciel, ont rempli l’étang et, peu après, le jardin se remplit des nénuphars. C’est toi qui fus le premier à avoir vu la lumière. Le Jardinier a regardé encore une fois le merveilleux Jardin aux nénuphars.
- Et après ?
- Après il a pris la route.
- Où est-il parti ? – s’intéressa le nénuphar.
- C’est ce que je lui ai demandé aussi : Où vas-tu, Jardinier ? Il s’est tourné vers moi, en me parlant ainsi : « Je pars garder mon troupeau de moutons et de chèvres, car, s’il n’y a pas de berger, ils deviennent une proie facile pour les loups ».
Je l’ai suivi, car j’étais très curieuse de connaître moi aussi les moutons et les chèvres. Lorsqu’il arriva chez lui, le Berger-Jardinier trouva beaucoup de moutons déchirés, certains étaient mangés à moitié, d’autres boitaient ; et les autres, muets d’effroi, couraient chacun au petit bonheur la chance. Le berger chassa les loups d’un seul regard. Pourtant, il trouvait chaque matin quelques moutons déchiquetés. Que des moutons.
- Qui les déchiquetait cette fois? – demanda curieux le nénuphar.
- C’est ce que je lui ai demandé moi aussi : Qui a mangé tes moutons, Berger ? Et le Berger m’a répondu ainsi : « Quand il n’y a plus des loups, la chèvre devient loup pour le mouton ; pire, même le mouton devient parfois loup pour le mouton. Le mal leur a attaqué l’être et leur a abîmé l’âme. Je dois monter la garde, afin de séparer les moutons des chèvres et faire attention à ce que les moutons ne se mangent pas entre eux ; je dois même les faire s’aimer les uns les autres, chose qui n’est pas toujours facile».
- Dans le Jardin de chez nous, mes frères ne se déchirent point les uns les autres. Nous, les nénuphars, nous nous entendons bien entre nous, partageons l’eau et le soleil, et de l’air il y en a assez pour tous. Comment se fait-il qu’uniquement dans le Jardin aux nénuphars la haine et les crimes n’existent pas ?
- Simple : vous êtes issus de ses larmes. Là où il tombe une larme d’amour sur un sol sec, un nénuphar blanc apparait.
- Mais qu’en est-il du petit poisson doré, Tiny ? Qu’est-ce qu’il lui est arrivé après que le Jardinier l’ait sauvé ?
- Après le départ du Jardinier, Tiny est resté pleurer dans l’étang plein de nénuphars. Et il pleure encore aujourd’hui. C’est comme ça que l’étang est devenu un grand lac et ne sèche jamais, car Tiny pleure sans cesse. Une larme pour chaque goutte d’eau des cheveux de Tissa. Une larme pour chaque goutte d’amour qu’il n’a pas été capable d’accueillir à temps.
- Mais il y a une chose que tu ne m’as pas dite : qui est Elle ? Tu disais, qu’une fois tous réunis, nous la verrons et nous la connaîtrons. Maintenant nous sommes tous là et Elle n’est toujours pas visible... Où est-Elle ? Pourquoi ne veux-tu pas me le dire ?
- Mais je te l’ai déjà dit… Je m’étonne que tu n’aies pas compris.

Antonia Iliescu

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journal de bord, jeudi 23 juin 2011 (4)

Une dernière colère à exprimer. Un coup de sang, à mon échelle.

 

On m'a demandé d'éliminer une photo, dans un des multiples albums que j'ai construits sur ... facebook.

 

Je l'ai fait ... par respect pour le pote qui me l'a demandé.

 

Mais ... j'ai des choses à dire, à redire là dessus.

 

Je vais entrer un peu dans le vif du sujet.

 

A trois ou quatre amis chanteurs, nous avons monté un spectacle autour des chansons de ce grand artiste qu'est ... Georges Chelon. Nous l'avons régulièr'ment présenté ... dans des p'tits endroits, où le public qui venait nous voir était ravi.

 

Il se fait que ...

 

Georges Chelon se produit quand même régulièr'ment en Belgique. Quelqu'un a l'intelligence de le faire tourner. Bravo.

 

Le week-end dernier, je pense, il passait dans le coin. Les potes sont allés le voir. J'aurais tant voulu être de la partie, mais bon, j'avais d'autres priorités ce jour-là.

 

Suite à ça ...

 

Un des potes qui est allé le voir m'appelle hier. Et me demande de supprimer, de mon album, la fameuse affiche des spectacles "Chelon" que nous avions donné. Parce que, paraît-il, il y a des photographes pirates, sur "facebook", qui pourraient en profiter. C'est sûr'ment pas faux, non. Mais ... merde merde merde. Jusqu'où va-t-on ?

 

Oui, toute l'énergie, tout le coeur qu'on met pour diffuser un artiste qu'on connaît, qu'on aime (et qui en profite ... positiv'ment, quand même) doit, une fois de plus, être mis sous scellé, sous camisole.

J'enrage.

 

C'est pas tout.

 

J'aim'rais, le plus fidèl'ment possible, restituer le témoignage du pote chanteur, qui est allé voir Chelon, concernant un détail ... qu'il m'a raconté et que je ne souhaite pas passer sous silence. Tant pis s'il y a des mécontents.

 

Les potes auraient évoqué une émission de radio qu'ils ont fait (ou ... compt'raient faire) en hommage à Georges Chelon.

La personne qui s'occupe de lui leur aurait dit ... que pour faire une émission sur lui, on pourrait l'inviter. Comme si c'était une faute, un affront que d'évoquer (même respectueus'ment) un artiste en son absence.

Je dis OK.

Mais ... quand on ne sait pas comment contacter une personne, la démarche n'est pas forcément évidente.

La personne qui s'occupe de Georges Chelon a-t-elle donné des moyens concrets aux potes ... pour qu'ils puissent inviter l'artiste sur antenne ?

 

C'est pas tout.

 

Le pote aurait évoqué (concernant l'émission, sans inviter forcément l'artiste) le fait que ... ça permettait aux tous jeunes de découvrir Georges Chelon.  Et aux plus anciens de le redécouvrir. J'approuve.

La personne qui s'occupe de l'artiste aurait répondu : "Mais il est connu !"

 

Mettons quand même les choses au clair.

"Mais il est connu !"

Comment répondre à ça ?

Georges Chelon est effectiv'ment connu dans le monde de la chanson. Dans les années 60, il en a sorti, des succès. "PERE PRODIGUE", "SAMPA", "MORTE SAISON". Il a fait l'Olympia, pas mal de fois. Et ..  des pointures comme Serge Lama ou Pierre Perret (je crois) ont du faire, en leur temps, sa première partie. Et ... c'est le grand ami de Salvatore Adamo. Tout ça, oui !

Mais ...

Ca n'empêche pas que ...

Même si le gars poursuit son chemin, même si le célèbre Michel Drucker l'a régulièr'ment invité sur ses plateaux de télé, on ne l'entend pratiqu'ment plus sur les médias ... depuis les années 70.

Pour une grande frange du grand public, il est devenu, par la force des choses, un inconnu.

 

Ceux qui l'aiment, ceux qui le chantent, ceux qui le célèbrent contribuent autant à sa (re)diffusion que les milieux officiels ... qui ne s'raient pas les derniers à faire main basse sur les autres, dès que l'occasion se présente.

 

C'est pas tout.

 

J'ai déjà eu, à mon échelle, un contact avec la personne qui fait tourner Georges Chelon en Belgique. Elle s'app'lait ... Jacqueline, si mes souv'nirs sont bons.

S'agit-il de la même personne ... que celle qui est citée ici plus haut ? Mystère !

Je lui avais un jour téléphoné.

J'avais eu une réponse très brève : "Monsieur, je suis désolée, je ne travaille pas le samedi". Mouis, OK. Faut mettre des limites dans le travail, sans quoi on se fait bouffer, je suis d'accord. N'empêche que ... une réponse pareille, de la part de quelqu'un qui fait tourner un artiste (de talent), je ne trouve pas ça très professionnel. Mettre les formes et un minimum de diplomatie, ça me paraît quand même ... la moindre des choses.

 

Bon bon. Je suis p'têt mal tombé. Et ... tout le monde a ses humeurs, comme on dit.

 

Mais je suis bien placé, pour naviguer dans le monde de la chanson, pour y croiser des gens et des gens ...

Mais je suis bien placé pour savoir qu'il y en a aussi, parmi tous ces gens, des intrigants, des opportunistes, des gens qui se la pètent, là dedans ... simplement parce qu'ils ont le pouvoir, le fric de faire tourner un artiste, de pouvoir dire qu'ils le connaissent, qu'ils le représentent.

Présentateurs de télé ou de radio, j'ai des visages et des noms en tête.

Epouses ou cousines d'artistes, j'ai des visages et des situations en mémoire.

 

Si Georges Chelon me lit, surtout, qu'il ne m'en veuille pas. Qu'il sache que je l'aime beaucoup. Que je serai toujours dans les premières lignes de tranchée pour défendre son talent.

 

 

 

 

 

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journal de bord, jeudi 23 juin 2011 (3)

Sous une pluie (diluvienne ou autre) ...

 

De coups de théâtre en coups de théâtres ...

 

Un client, sur ma tournée, rue de Vergnies, a déchiré son recommandé devant moi. Après l'avoir signé, quand même.

 

Je me suis marré comme un tordu. C'était franch'ment nerveux.

 

"Hugues, t'es quand même un biestosse !", dirait ... quelqu'un que je connais.

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journal de bord, jeudi 23 juin 2011 (2)

Un vent de fatigue m'a submergé toute la journée, hier. C'était mercredi. Milieu de la semaine, oui.

 

Sentiment de vide. D'écroul'ment passager.

 

Rien n'avait l'air d'avancer.

 

Tiens ...

 

Une amie de Grenoble ne m'a plus donné de nouvelles depuis que ... je lui ai souhaité, par GSM, un heureux anniversaire.

 

Et si ce silence était un moyen tacite ... pour me dire poliment, mais fermement : "Hugues, t'as pas compris que je ne veux plus être en contact avec toi ?"

 

En effet ...

 

La dernière fois que je l'ai vue, y a deux ans ...

 

Je m'étais engueulé avec sa mère.

J'avais mangé à l'oeil chez elle (avec son accord, mais enfin ...)

Et tout le reste que je ne soupçonne pas.

 

A moins que ...

Mon amie de Grenoble se repose en Italie depuis des mois.

A moins que ...

Mon amie de Grenoble n'ait plus de crédit sur son portable.

 

Tiens ...

 

La conteuse à qui j'ai envoyé un mail, y a plus d'un mois, ne m'a pas répondu. Toujours pas, non.

 

Je lui avais dit que je l'avais filmée, lors de sa dernière prestation (à laquelle j'avais assisté), que j'avais gardé un clip.

 

J'espérais lui faire plaisir.

 

Je lui avais dit que je ne diffus'rais pas le clip (ni sur "facebook", ni sur "youtube", ni sur "dailymotion"), sans son autorisation.

Je lui avais dit (si ma mémoire est bonne), que je pouvais lui envoyer, via une clé USB, ce document rien que pour elle.

 

Je me basais sur le fait que ...

Elle m'avait dit, peu de temps avant, que les critiques, c'était important pour s'améliorer.

Un clip, n'est-ce pas révélateur à ce sujet ?

 

Je ne comprends pas.

En général, quand on manifeste ce type d'intérêt à une personne, celui ou celle qui est concerné(e) ne tarde pas à répondre.

Surtout quand cette manifestation se fait dans le respect.

 

Et si cette "non-réponse" était voulue, délibérée ...

Et si, dans le regard de cette conteuse, Hugues était perçu, d'office, comme encombrant, intrusif, indésirable ... même (et surtout, peut-être) lorsqu'il se montre aimable, attentif, respectueux de l'autre ?

Et si une porte (de plus) se refermait ...

 

Déjà, y a deux mois, quand j'avais fêté mon anniversaire chez moi, je lui avais envoyé une invitation. Sans obtenir une réponse (même négative) de sa part.

 

En effet ...

 

Je me suis déjà fâché avec cette conteuse. Pour laquelle j'avais éprouvé un élan de tendresse, un batt'ment de coeur très fort et très sincère (comme cela m'arrive régulièr'ment avec ... de charmantes demoiselles).

Elle m'a, effectiv'ment, écrit, un jour : "je marche sur des oeufs avec toi", suivi de "crois-tu que ce soit une bonne chose que d'exposer ses sentiments sur un plateau d'argent ?"

Je ne lui avais pas donné tort. Elle avait eu la franchise de me le dire, de me l'écrire. Même si, de mon point de vue, je n'expose pas mes sentiments sur un plateau d'argent (je me montre tel que je suis). Mais bon, on a chacun ses perceptions. Et elle m'avait dit aussi, la première fois qu'on s'était vus : "C'est fou comme on a envie de te donner des câlins !"

 

Bref : il s'est passé un "petit quelque chose" avec cette conteuse (avec qui n'y a-t-il pas de "petits quelques choses", d'une manière ou l'autre, quand on approfondit une rencontre ?)

Mais je suis réaliste (rien qu'en me basant sur mes expériences de vie, de rencontre) : ne suis-je pas coulé, d'office, dans le regard de cette conteuse, quoi que je dise, quoi que je fasse ?

A-je eu le tort de lui faire trop peur ? Le vase est-il brisé à jamais (ou ... pour un bout de temps, encore) ?

 

A moins que ...

La pote conteuse soit retournée en Ardenne.

A moins que ...

Son ordi se soit planté.

A moins que ...

Elle soit la dernière à se représenter ce qui me passe par la tête.

 

C'est fou ... les films qu'on se crée.

C'est fou ... les intrigues romanesques qu'on pourrait, une fois de plus, dév'lopper dans des romans ou des nouvelles.

 

 

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journal de bord, jeudi 23 juin 2011

Les piles et les lampes de poche peuvent être recyclées naturell'ment.

 

Un sachet de collecte se trouve à la disposition des gens.

 

D'accord.

 

Les facteurs les ont distribués, hier, comme "toutes boîtes".

 

Et cette fois ...

 

Fallait les mettre dans toutes les boîtes aux lettres, sans exception. Y compris (on l'aura compris) dans celles où il est écrit : "pas de publicités".

 

Sur le coup, quand la chef l'a annoncé, au micro, ça ne m'a pas seul'ment étonné. Ca m'a carrément fait ch...

Mais bon, les imprévus de dernière minute, au boulot comme ailleurs, c'est jamais gai (surtout pour moi). Après, on digère. Après, on essaie de comprendre le pourquoi du comment. Après, on agit en connaissance de cause.

 

En fait ...

 

Il s'agissait ici d'une "toute boîte" à but non commercial, à but ... informatif. Comme les imprimés électoraux. Donc, tout le monde devait être au courant.

 

Ca se tient. Même si, fondamental'ment, je ne trouve pas ce procédé très démocratique (mais là, je n'engage que moi).

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En effeuillant la marguerite

 

Chaque fleur me semble un poème.

L’une m’émeut par sa splendeur,

Une autre a une grâce extrême.

Leur vue m’alimente en bonheur.

 

La marguerite, en sa blancheur,

Modeste, est tout à fait charmante.

Or, on la meurtrit jusqu’au coeur,

Une tradition distrayante.

 

C’est qu’on lui prête le pouvoir

De sentir comment on nous aime.

On s’empresse de le savoir,

S’attendant au pire, quand même.

 

La poésie, comme les fleurs,

Possède une tendre attirance.

Grandiose, elle vient d’ailleurs,

Parfumée des vents de l’errance.

 

22 juin 2011

 

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guerre plus jamais guerre la der des der

Nos remerciements à : Monsieur Raoul


MOTS MAUX 2
18 mai, Les 18 jours de la Résistance Belge sont terminés pour ton grand-oncle Il aura fait les 8 premiers jours, les prisonniers se sont pour la plupart, fait cueillir au petit matin Ma mère pleure, elle est femme de prisonnier, je suis enfant de prisonnier, murmure -t-on autour de moi et j’ajoute haut et clair "de guerre " Ce mot prisonnier me déplaisait beaucoup
Laisse-moi te raconter, laisse-moi te dire, encore et toujours, et inlassablement les étrangetés d’une guerre, de toutes les guerres Ma mémoire, mise à vif regorge de souvenirs qu’elle me jette en vrac. Je les croyais perdus oubliés pour jamais ; Eh bien non. Imagine-toi
Nous étions, nous les petits, dans la cour de récréations où nous nous adonnions à un jeu étrange ; Chaque fois qu’une bombe sifflait sur nos têtes, qu’un V1 à la forme oblongue, passait pesamment dans le ciel Nous nous mettions à l’arrêt, scrutant la "chose" et comptions jusque trois A trois, nous entendions le "Boum" ! La déflagration.
Dire qu’en 1938 Monsieur Spaak assurait la «Belgique sur pied de paix renforcé…"
Nous sommes deux ans plus tard ; deux années plus loin, trop loin 1 940 La Presse est muselée LE SOIR VOLE Les Belges auront les nouvelles du "faux soir" journal écrit par les collaborateurs du nouveau régime.
1940 Nous commençons déjà à avoir faim et froid. Nous payons avec des tickets de rationnement quelques grammes de pommes de terre pour un mois. 200 grammes de sucre ;
1 kg de gruaux d’avoine (dont je retirais des morceaux de paille en mangeant) Tu sursautes 200 gr de sucre ! C’est presque ce que tu emploies pour tes crêpes Tu me regardes interloqué
Est-ce possible que les enfants ne mangeaient pas de crêpes avec du vrai sucre ; de la confiture et toutes ces choses "normales"?

1940 INTRODUCTION A LA QUESTION JUIVE. Tu vois mon petit pourquoi tu es parti Pourquoi je te raconte l'histoire et "l'Histoire" dans ses moindres "détails" ?


1940 Londres ensevelie sous UN MILLION de kilos de bombes l'Angleterre ne gémit pas. Londres, entrailles à l'air prend son thé chaud. Quadrille étrange dans le sens fort du terme : Hollande, France, Belgique tous les avions accourent à la rescousse avec de longs roulements de tambour… Pavane Pas de deux les avions, ailes tendues à mort, envahissent un ciel déjà lourd ; un ciel rouge Chorégraphie macabre ! Je fouille, ma mémoire, cherche, traque la plus petite idée pour t'expliquer le comportement de jadis, mais je ne me souviens que "ICI RADIO LONDRES " Les corbeaux volent bas ce soir ; Nous répétons "Les corbeaux volent bas ce soir" Phrase magique qui viendra bientôt allumer les cœurs

2001 11 septembre (Comme on dit pudiquement) Il ne s'agit pas d'une guerre mais d'une riposte. Vengeance ? Non ! Défense ciblée ? Oui Paix ! Paix !
Je demeure dans une déroute et du cœur et de l'âme (j'allais écrire de l'arme…) Je reste au guet d'une attaque imminente, d'une agression de partout, de nulle part que nous a promis
Bel Laden. Je tremble, j'imagine, vois, sens la fumée ...Respire les gaz
Comment pourrais-je,, rester calme, tranquille, voire impassible Comment pourrais-je ne pas voir, revoir le côté tragique de "demain", Ne pas entendre les pleurs des "mamans" Comment te faire comprendre sans te faire peur le mot « guerre »




extrait de " LE BRUIT DES BOTTES " a colon
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SI VOUS NE DÉSIREZ PLUS NOTRE CYBERFANZINE, VEUILLEZ NOUS LE FAIRE SAVOIR MERCI
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IRMA

12272743671?profile=originalElle me regardait et le bleu du ciel un instant se fit interrogatif ?

Pourquoi voulez -vous que je vous parle ?

Les chèvres sont plus sages que vous

J'ai vu tant de choses ....

Et ne veux plus m'en souvenir

Elle s'en alla courbée avec son temps

C'était un jour d'été dans ce vieux village du Haut -Var .....IRMA

(d'après une photo ) AA

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journal de bord, mercredi 22 juin 2011 (3)

A proximité de la Grand'PLace de Bruxelles, dans une rue adjacente, près d'une église, là où des dessinateurs s'expriment, on refait la route.

 

Les échafaudages ne manquent pas.

 

Le célèbre bluesman de la région d'Ostende est-il en congé ?

 

Quelques rues plus loin, je prends un café.

 

Là où, très souvent, j'ai pensé à toi ... qui n'habitait pas loin.

 

Je vois des gens qui passent.

 

Un théâtre. Un taxi. Des marches d'escalier, pas très loin, à droite. Des feux rouges. Des gens qui traversent. Des tables en bois d'une autre terrasse, à côté.

 

Là où, quand je m'assieds, je me souviens de toutes les fois où je m'y suis assis et où j'ai pensé à toi.

 

Là où quelques-uns, qui te connaissent, de près ou de loin, se sont déjà attardés pour me parler un peu/beaucoup de toi.

 

Là où ceux/celles qui me parlent de toi finissent aussi par me manquer, en me parlant de toi (ou d'eux).

 

Mon café se termine toujours trop vite.

 

Un sentiment d'infini revient toujours.

 

Mais qu'à c'là ne tienne, j'ai eu de tes nouvelles ... pas plus tard qu'avant-hier.

 

 

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journal de bord, mercredi 22 juin 2011 (2)

Le célèbre Nagui se produisait hier, quelque part, dans Bruxelles.

 

Faut dire : on était le 21 juin.

Faut dire : c'était la Fête de la Musique.

 

Les festivités ne devaient manquer, ni dans la capitale, ni dans le reste du pays.

 

"Tiens, Hugues, tu ne participes pas à la Fête de la Musique ?", me demande-t-on volontiers.

 

Eh bien, les cordonniers sont parfois, sont souvent ... les plus mal chaussés.

 

D'accord, cette année, je limite un peu les concerts. Je ne les refuse pas, loin de là. Mais je ne vis pas (ou plus) dans cette hantise, cette obsession. Vivre, vivre, vivre, telle est ma devise, ces derniers temps. S'il ne se passe rien (ou ... s'il se passe autre chose), c'est du pain béni, aussi. Ma musique, je l'emporte surtout avec moi. Ma musique, je vis avec. En me reposant, en ne foutant rien, très curieus'ment, je l'entends remonter, vibrer. J'ai sûr'ment besoin de ça pour envisager les concerts qui risquent encore de se présenter dans les jours, dans les mois futurs.

 

Dolce farniente, ça ne se refuse pas !

 

Quant à cette fameuse "Fête de la Musique" ...

 

Même les années où je prospecte (notamment là), le pari n'est jamais gagné, évident.

 

D'abord, pour passer quelque part, dans le cadre de la "Fête de la Musique", il faut être au courant des endroits où elle a lieu.

 

Deux années de suite, j'ai envoyé ma candidature dans pas mal d'endroits, en Wallonie.

 

Vers le mois de mars, à peu près, sur Internet, sur un site adapté, pas mal de lieux, dans le pays, sont renseignés.

 

Je me suis déjà appliqué (au moins deux ou trois ans de suite), à rédiger des lettres de candidature et les envoyer tout azimuths.

 

Sur à peu près quarante (ou cinquante) adresses ...

 

A peine cinq ont répondu. Avec la mention suivante : "Notre programme est déjà établi"

 

Il m'est même arrivé, en connaissance de cause, d'anticiper l'année suivante.

Il m'est même arrivé, en connaissance de cause, d'avertir les mêmes centres organisateurs, quand je donnais un spectacle à gauche ou à droite. Histoire de créer des liens. Histoire de ne pas me faire oublier. Histoire de me battre pour avancer dans ma musique.

Il est même arrivé que certains centres officiels, à qui j'écrivais, me répondaient textuell'ment : "Monsieur, veuillez nous retirer de votre mailing list". Sans me donner d'explications complémentaires.

 

Mais bon ...

 

Cet aspect, en coulisses, des festivités musicales, a son bon côté, aussi.

D'abord, j'apprends énormément.

 

Et puis ...

 

En dehors de la "Fête de la Musique", j'ai déjà chanté (et je chant'rai encore) dans pas mal d'endroits magiques où plein d'autres n'aboutiront p'têt jamais.

 

Je connais ma chance, aussi.

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journal de bord, mercredi 22 juin 2011

Ainsi donc ...

 

Trier, le matin, rien que trois bacs remplis de petites lettres, même en prenant un rythme rapide, ça ne prend pas moins de ... trois quarts d'heure. Eh oui !

 

Autrement dit ...

 

J'ai pas tort, une fois de plus, le matin, d'arriver trois quarts d'heure à l'avance au boulot.

 

Ca permet, soyons clairs, d'être plus cool par la suite, quand il faut accomplir les tâches nécessaires, avant de partir en tournée.

 

C'est drôle ...

 

Autant j'aime la marche (je ne fais pas des randos pour rien) ...

Autant certains moments, où je suis obligé d'activer mes deux jambes pour me déplacer, me paraissent insupportables.

Ne fut-ce que ...

Cet instant où, après avoir pris le tram qui me mène au boulot, m'être laissé bercer (dans le tram), ne fut-ce que le temps d'une route, le temps de trois arrêts, je dois descendre (rue de la Brasserie) du tram, marcher quelques pas avant de franchir les ailes du bureau, c'est trop, certains matins, mes jambes se passeraient bien d'être activées, d'être forcées à la marche. Même cinq minutes.

 

Ah ...

 

Oui, il est important que les actes accomplis, en se reposant, en avançant, soient synchros avec ... les demandes de notre corps. Mais bon ...

 

Ce sentiment, je le vis aussi après le boulot, dans d'autres lieux.

 

Je pense à la fin d'après-midi, hier, lorsque j'ai du descendre dans le Centre Ville, pour une visite médicale ... imposée par la poste.

 

L'idée de devoir prendre un bus, de devoir marcher sur la Place Flagey, de me diriger vers l'arrêt. Oh, les pas à faire n'étaient pas nombreux. Mais ils me paraissaient ... interminables.

 

Et ce bus qui était hyper bourré.

Et ce bus qui, Porte de Namur, s'arrête indéfiniment. On se demande quand il va redémarrer. On voit plein de gens qui descendent. Comme si c'était le terminus. Et puis, des gens qui s'agitent dedans. Et puis, on comprend, à petites doses, à doses quand même violentes, que le bus ne continuera pas. Et le chauffeur qui ne dit rien. Et la situation qui n'est pas claire. Et moi qui me suis assis, qui aim'rait bien me laisser conduire jusqu'au Centre Ville, sans tous ces couacs, sans vivre tous ces (re)lancements. Et voici, et voilà. Et final'ment, le chauffeur du bus qui annonce quand même que ... c'est le terminus (en bouffant la moitié de ses mots).

 

Et ce métro qu'il faut prendre, in extremis, Porte de Namur, pour se rendre, dans le Centre Ville. Mon rendez-vous est à quatre heures moins le quart. Et il est ... moins vingt-cinq.

 

Arrivé au fameux "centre" de la poste où je dois me rendre pour la visite médicale, c'est encore le labyrinthe. Je repère, dans la gal'rie où ça se trouve, une inscription. Je rentre. Un hall. Des gens qui sortent. Des gens qui rentrent. Arrivé au niveau de l'ascenceur, je m'aperçois qu'il faut placer un badge quelque part ... pour avoir accès à l'intérieur du bâtiment.

 

Donc ...

 

Je repars en sens inverse. Je remarche dans la gal'rie. Je tombe sur un autre escalator, avec ... l'inscription de la poste. Je monte trois étages. Conformément à ... ce qu'on m'a dit, au boulot, quelques heures avant. Et là, encore, je suis bloqué. Faut à nouveau un badge pour pénétrer plus loin. Je redescends au premier étage, où y a une hôtesse d'accueil. Une néerlandophone. Qui me reçoit très gentiment, certes. Mais qui doit regarder son PC, avant de me fournir un badge qui me permettra ... de regagner le troisième étage. Et il reste ... deux minutes.

 

La visite médicale a quand même lieu. Un test urinaire, pour commencer. Une dame qui me pose des questions générales. Qu'elle écrit dans un dossier. Une entrevue avec un méd'cin. Sympa. Qui, au bout du compte, quand il localise mon asthme, me dit, avec ces mots à lui (quand je lui ai parlé de mes difficultés) : "Quand vous rentrez trop tard au boulot, si votre chef vous dit quelque chose, n'ayez pas peur de lui faire constater vos difficultés de respiration" (il caricature même, avec sa voix, quelqu'un qui n'en peut plus de respirer).

 

Voilà, voilà.

 

Dehors, y a du beau soleil.

 

Mais ... lorsqu'il faut rentrer chez moi, depuis le Centre Ville, tout ce qu'il faut faire me paraît à nouveau lourd, lourd, lourd. Marcher, marcher, marcher. Tout le boul'vard qui mène au métro, c'est trop. Descendre l'escalator, attendre le métro, prendre le métro, sortir du métro, c'est trop trop trop.

 

Une éclaircie, dans toute cette panade, dans tout cette dynamique de pas forcés, apocalyptiques ...

 

J'ai trouvé (enfin) la force de m'ach'ter une sangle pour ma guitare.

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Une équipe de 80 personnes, dont 21 comédiens, s'affaire en salle de répétition et sur le site de l'Abbaye de Villers-la-Ville afin de donner corps à cette création mondiale au théâtre de l'adaptation du célèbre roman d'Umberto Eco.
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Les deux principaux protagonistes: Guillaume de Baskerville (qui sera joué par Pascal Racan) et Adso de Melk (qui sera joué par Jérémie Petrus).

 Déjà 20.000 spectateurs ont réservé leur place à ce jour...

 

Voir en plein écran
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Un pas plus loin

Comme mon billet initial le laisse supposer l'écriture est toujours vitale pour moi. J'écris des nouvelles inspirées des petites choses de la vie ou de personnages du passé qui se sont gravés dans ma mémoire. En témoigne "Une vie... si on veut" que je vous propose en lecture.

 

 

 



Elle avait été belle, dans les années cinquante. Cette beauté ne venait pas seulement de la fraîcheur de ses vingt ans mais aussi de son côté miniature car elle était petite mais bien proportionnée, avec des attaches très fines, surtout aux chevilles et aux poignets. Le New Look de Christian Dior, aux robes très féminines, à la jupe dansante dont l’ampleur s’arrêtant à mi mollet était soutenue par un jupon à froufrous, lui allait à ravir. Le corsage ajusté et décolleté mettait en valeur la poitrine menue et les épaules sans salières. Les longs cheveux châtains d’Alberte, lustrés et brillants, cascadaient jusqu’à sa taille. Cette chevelure à elle seule attirait l’œil et la singularisait. Ses grands yeux verts, candides dans leur vacuité, exprimaient une réserve un peu hautaine. On aurait dit un petit chien de dame, tenu en laisse par un dromadaire, tandis qu’elle s’ébrouait aux côtés de sa mère, grande femme solennelle, massive comme une tour.

On ne les voyait jamais l’une sans l’autre et la génitrice avait l’air d’exhiber un trésor sur lequel elle faisait bonne garde. L’imagination pouvait dessiner dans l’air un dais enchâssant la belle fille, à l’égal de la Vierge ou du Saint Sacrement. Les galants se tenaient donc coi, comme à la procession. La mère, comme la fille, n’étaient pas prêtes à se commettre avec le premier venu. Pourtant toutes deux se déridaient lorsque l’un de leurs jeunes voisins les abordait avec une plaisanterie. Il était si cordial et si naïf qu’on l’accueillait comme le bon enfant qu’il était. Et si drôle que la jeune fille pouvait se laisser aller de temps à autre à un éclat de rire aigu qui la défoulait, soulevait sa poitrine comme une houle, lui renversait la tête et faisait frémir l’épais manteau de sa chevelure.

Si le cœur d’Alberte a battu parfois un peu plus vite en croisant tel ou tel jouvenceau, elle a su rejeter la tentation d’un coup d’épaule, le même qu’elle produisait pour dompter sa chevelure lorsque quelque mèche folle venait serpenter sur son corsage. On lui avait appris à se maîtriser, à ne pas déchoir, à viser haut, à se proclamer un morceau de choix, promis aux plus fins becs. « Nous autres », professait-on dans la famille, nous ne sommes pas comme tout le monde, nous avons des principes, de l’éducation, du bien au soleil et une moralité à toute épreuve.

Ainsi Mademoiselle Alberte promenait son insolente jeunesse par les rues de la petite ville, satisfaite d’elle-même, de sa mise et des saluts respectueux des passants… et consciente des espérances qu’elle pouvait légitimement entretenir, vu son rang social et la fortune de ses parents.

Le temps passait doucement et sans heurts. Un ou deux prétendants, bien sous tous les rapports, furent autorisés à approcher la déesse, en gardant toutefois la distance réglementaire que Madame Mère imposait implicitement et inexorablement car elle ne quittait pas les promis d’une semelle. Mais à chaque fois quelque chose clochait. « On » n’était du même monde. La réserve et le respect – parfois les deux à la fois – laissaient à désirer. « On »  n’offrait guère d’espérance de réussite matérielle, en contrepartie du don d’une belle fille bien dotée et les projets tournaient court.

Alberte – à peine se l’avouait-elle à elle-même – se prit un moment à soupirer en secret pour l’époux de sa cousine mais elle n’allait pas perdre son pucelage d’une manière si indigne. L’objet de son désir qui venait parfois hanter ses rêves était un militaire haut gradé, plein de morgue et d’appétits. Il avait remarqué la façon d’Alberte de le regarder droit dans les yeux, le menton levé et en s’efforçant de ne pas rougir. Il l’aurait bien croquée mais que d’ennuis en perspective ! Sa femme qui ressemblait à Alberte, mais avec une tête en plus et encore plus de cheveux, était bourrée de talents. Bonne musicienne, elle chantait à ravir, était polyglotte et d’une activité infatigable. Cette force de la nature fut pourtant emportée en quelques mois par une banale leucémie. Le veuf supputait les chances qu’il aurait auprès d’Alberte mais il fallait laisser passer une période de deuil décente, entre acte qu’il occupa agréablement en compagnie de filles faciles. Si encore il avait été discret mais non, ses frasques étaient de notoriété publique. Cela Alberte ne le lui pardonna jamais. Lorsqu’il jugea qu’il pouvait songer à se remarier, il se déclara. Alberte le prit de haut et le repoussa, sous prétexte qu’en souvenir de sa cousine bien aimée – en réalité elle l’avait toujours jalousée et détestée – elle ne pouvait consentir à cela. Elle, au moins, lui restait fidèle par delà la mort. Le fringant militaire eut le front d’éclater de rire, avant de claquer la porte, en la traitant de mijaurée.

Alberte mit plusieurs mois à digérer l’affront. Si elle avait parfois des rêves brûlants et pratiquait un certain auto-érotisme qui n’était que le prolongement du culte qu’elle se rendait à elle-même, personne n’en sut jamais rien. Elle pouvait se dévêtir, contempler avec orgueil son corps intact dans la psyché, soutenir amoureusement ses seins dans ses mains mises en coupe, tomber en pâmoison à la renverse sur le lit, c’était des choses inavouables qu’elle tut, même à son confesseur. Elle atteignit ainsi la trentaine, continuant à porter épandue sur le dos sa longue chevelure et restant fidèle aux toilettes de ses vingt ans. Elle continuait, bien entendu, à sortir avec sa mère, pour courir les magasins de mode, aller de temps à autre au cinéma ou au théâtre. Le père, depuis longtemps avait disparu, réduit à néant dans le bain-marie conjugal. Et si falot que nul se souvenait de l’aspect de sa personne.

Alberte se jugeait parfois bien malheureuse. Elle avait eu une amie lors de son adolescence, une seule amie qu’elle dominait et qui eut le mauvais goût de périr d’une pneumonie. Quel choc devant ce petit cadavre, perdu dans sa robe blanche de communiante, sous laquelle pointaient deux tout petits seins naissants ! Le nez aussi pointait au milieu du visage et, sous la peau fine des tempes, on distinguait un réseau de fines veines bleues, qu’elles s’amusaient toutes deux à savonner très fort, comme si cela avait eu le pouvoir de les faire disparaître. Alberte avait eu une crise de nerfs devant ce visage de marbre tel un couvercle à jamais rabattu et cette bouche pâle qui prenait tout à coup un pli narquois. La mère de la défunte se précipita pour lui bassiner les tempes à l’eau froide.

Dans la chambre voisine des pommes avaient été mises à mûrir et leur odeur la soûlait. Elle prit ces fruits en grippe et refusa désormais d’en manger car, à chaque fois que leur parfum frappait ses narines, elle revoyait Huguette sur son lit de mort, revivait toutes les avanies qu’elle lui avait fait subir, comme le jour où elle l’avait obligée à manger un ver de terre, pour lui prouver son amour. La pauvre petite l’avait fait en pleurant avec un haut-le-cœur dont le souvenir à présent donnait aussi la nausée à son bourreau.

A part cela, Alberte s’ennuyait ferme. Sa mère ne permettait pas qu’elle s’abîme les mains à tenir le ménage. Alors elle lisait des romans à l’eau de rose, s’attelait à des puzzles géants qu’elle ne terminait jamais, se mettait une demi heure au piano, à moins qu’elle ne se rabatte sur sa broderie mais au bout d’une heure, elle grinçait des dents et rejetait la nappe dont le tissu souillé par la sueur alignait d’innombrables points de croix qui, tout à coup, se mettaient à grouiller, à danser une gigue hallucinante qui faisait mal aux yeux. Elle courait alors au bout du jardin en mordant son mouchoir. Elle se meurtrissait la poitrine à l’écorce du grand chêne, en se retenant de hurler puis elle remontait vers la maison, le visage souillé de larmes, de morve et de salive.

Sa mère la débarbouillait comme une enfant, l’aidait à quitter sa robe qu’il fallait mettre à tremper tout de suite si on ne voulait pas qu’elle soit irrémédiablement gâchée. Puis elle lui préparait une tisane sédative qu’elle l’obligeait à boire, malgré son dégoût.

C’est les nerfs, soupirait la mère monumentale. Cette petite – elle avait alors dans les trente ans – est une sensitive.

La maison s’emplissait, peu à peu, d’ouvrages de dames inachevés : tricots, tapisseries, napperons ou têtières festonnées. Madame Mère se décida un jour à mourir. Enfin ! se dit simplement l’orpheline, en jetant à la poubelle la grande nappe qu’elle n’était jamais parvenue à finir. Ce n’est pas qu’elle n’aimait pas sa mère mais en somme elle l’avait trop « vue », comme les bouquets répétitifs du papier peint de sa chambre qu’elle s’obstinait parfois à dénombrer le soir.

Le soulagement que procurait à Alberte sa soudaine solitude ne dura pas. Elle n’avait pas assez d’imagination pour remplir toutes ces heures vides et la présence imposante de Madame Mère continuait à remplir à bloc la maison. Il semblait parfois à Alberte qu’en ouvrant une porte elle allait la découvrir, vêtue de gris comme de son vivant et prête à lui demander des comptes. Cette statue du commandeur se profilait à l’occasion derrière son épaule dans le miroir d’une vitrine quand elle se risquait à une petite promenade dans la grand’rue. Elle courut chez une diseuse de bonne aventure qui la persuada de fréquenter plus souvent le cimetière si elle voulait recouvrer la paix de l’âme. Alberte s’y appliqua et commanda une inscription pour le caveau familial, une épitaphe flatteuse, à la fin de laquelle elle se déclarait inconsolable d’une si grande perte. Et, peu à peu, le fantôme de Madame Mère consentit à perdre du terrain, pour se résoudre finalement en fumée.

Voilà Alberte maîtresse de sa vie à cinquante ans… mais pour en faire quoi ? Elle n’a ni métier, ni talents. C’est vrai, elle est rentière, « pas réduite à la mendicité », comme disait Madame Mère mais elle se sentait bien démunie.

Si au moins mes parents avaient fait de moi une secrétaire, je pourrais gagner ma vie, au lieu de courir après les loyers impayés, prendre des avocats et assigner les locataires fautifs devant le juge de paix. Tout compte fait, me voilà à la portion congrue, se répétait-elle en boucle.

Elle congédia la femme d’ouvrage et se mit en tête d’entretenir elle-même la maison. Cela consista surtout à se couvrir la tête d’un foulard et à se casser les ongles. Le ménage ne lui réussissait pas plus que la broderie. Ses cheveux avaient viré au gris. Elle les portait toujours très longs, un peu fourchus depuis que sa mère n’était plus là pour y veiller. Par goût ou par nécessité, elle portait toutes les vieilles robes qui encombraient deux armoires à glace. Elles ne les avaient guère usées dans sa vie de parade et, chaque année, on la rhabillait de la tête aux pieds, au printemps et pour l’hiver. Certaines de ses toilettes préférées étaient devenues un peu étroites mais comme ses soucis la faisaient maigrir et qu’elle mangeait de moins en moins, elle parvenait à s’y glisser.

A la Toussaint, pour se rendre au cimetière, traînant une grosse potée de chrysanthèmes or sur un caddie déglingué, elle portait des bottillons démodés et un manteau d’opossum un peu pelé, sa chevelure grise et terne étalée sur le dos, étendard poignant du temps qui passe. Chacun remarquait ses yeux cernés et un peu fixes, sa façon de répondre aux saluts d’un petit coup de tête, sa hâte à s’éloigner pour que personne ne s’aventure à lui parler.

Mademoiselle Alberte ressemble à une folle à présent, constatait in petto l’un ou l’autre, en la croisant mais le respect demeurait pour la survivante d’une de ces familles bourgeoises honorablement connues par tous dans une petite localité. Même mariée et centenaire, elle serait restée Mademoiselle Alberte, du clan un tel. On avait été tellement habitué, du temps de sa jeunesse, de ne la voir jamais sans sa mère que certains reconstituaient en esprit les deux silhouettes si dissemblables.

Peu à peu la maison, jadis si claire, si bien entretenue, aux vieux meubles cirés, aux voilages immaculés, grisonna elle aussi. La poussière, les toiles d’araignée, la fine brume de l’abandon s’en firent maîtres.

Alberte se mit à parler toute seule. Elle reprochait à ses parents ce qu’elle était devenue, s’abreuvait à la nostalgie de ses vingt ans. Comment imaginer alors qu’un jour elle serait vieille… La vie passe si vite et est faite de tant de jours creux. Cette montagne de riens finit par créer un vide abyssal qui menace de vous avaler.

Quelques jours heureux flottent sur la mémoire d’Alberte. Des jours de grand soleil ou de neige absolue, de givre aux fenêtres, des sonores nuits de gel où le ciel est de cristal. Elle se souvient d’un compliment qu’elle a longtemps savouré comme un bonbon. Il lui revient à la mémoire la Saint Nicolas où elle a reçu une si jolie poupée, avec de vrais cheveux et un visage en biscuit. La poupée qu’elle a soustraite aux griffes de sa mère quand celle-ci a décidé de donner tous ses jouets aux pauvres, sous prétexte qu’elle était grande maintenant.

Cette poupée trône toujours dans sa chambre, vêtue de soie qui fut rose. Le temps a foncé son teint si délicat – c’est à présent presque une poupée nègre – et pâli le bleu de ses yeux de porcelaine.

La santé d’Alberte s’est dégradée mais elle ne consulte aucun médecin. Tous des charlatans, disait sa mère. Elle se soigne avec des tisanes dont elle lit la recette dans le livre tout dépenaillé que compulsait avec respect Madame Mère, comme s’il s’agissait des Evangiles. Elle a de petits ennuis qu’elle essaie d’oublier. Elle s’essouffle pour un rien et a décidé de dormir sur le canapé du salon dont les coussins empoussiérés la font éternuer.

Au dessus de sa tête dorment ses robes, ses manteaux, ses chaussures, les vieux bijoux de famille qu’elle a tout à fait oubliés. Elle porte longtemps la même robe, toujours à cause des escaliers, se lave quand elle y pense – et ce n’est pas souvent.

Quelques années passent encore. Une nuit elle se sent si mal que, dans un sursaut, elle va réveiller la voisine qui loue un de ses biens. On l’assied dans un fauteuil, enveloppée qu’elle est dans un vieux manteau, beaucoup trop long, peut-être celui de sa mère, oublié à la patère du corridor. Elle demande un verre d’eau, affirme que ça va passer mais le médecin de garde puis l’ambulance sont là, avant qu’elle ait pu se retourner. La voisine inspecte son fauteuil. Grâce à Dieu, elle ne l’a pas souillé mais comme elle sentait mauvais !

A l’hôpital on la baigne, on coupe ses cheveux qui ne forment plus qu’une masse embroussaillée. Le jour où elle entend que, lorsqu’elle ira mieux, il lui faudra entrer dans une maison de repos et de soins, elle décide de se laisser mourir. Elle y emploie toute l’énergie dormante qui sommeillait en elle. Elle refuse le boire et le manger. On lui impose un goutte à goutte qu’elle parvient à arracher. Il faut l’endormir pour parvenir à lui poser une sonde nasale. Pour la première fois de sa vie, elle se bat pour gagner. Et elle gagne ! Le but, c’est la mort, la délivrance, c’est passer de vie à trépas. Elle sourit quand elle touche la ligne d’arrivée, hors d’haleine, comme il se doit. Il se peut qu’on l’acclame, qu’on lui tende un bouquet.

La maison revient à un parent éloigné qui s’empresse de la vendre, dégoûté par la crasse qui y règne. Mais il faut d’abord la vider de ses meubles, de sa vaisselle, de ces mille choses qu’on accumule au cours d’une vie. Malgré tout l’héritier a eu un petit choc en ouvrant les garde-robes pleines de robes diaphanes et fanées, semblables à de grands papillons morts dont les ailes perdent peu à peu leur éclat. A la poubelle ! Ces brassées de tissus meurtris, aux faibles cris soyeux dont le parfum ranci nuance un peu l’odeur de poussière qui règne à chaque étage. Il n’a pas le courage pourtant de décrocher les voilages qui pendent de travers, les stores à demi retroussés, les doubles rideaux gorgés de mites.

Un passant qui a bien connu Alberte soupire quand il longe cette maison à l’agonie. Il lui semble distinguer un peigne cassé sur un appui de fenêtre. Il revoit la belle fille aux longs cheveux. « Mon Dieu, qu’est-ce que c’est de nous ! », murmure-t-il. C’est peu, comme oraison funèbre. Il recule un peu pour prendre du champ et frissonne soudain. La fenêtre sous toit bée au bord du grenier dont on peut distinguer les poutres. Une poulie est installée pour descendre sans doute les vieilles malles et les défroques d’un passé déjà à demi enseveli sous la poussière. Il lui semble qu’une mince silhouette en robe fleurie se balance légèrement au bout de cette poulie. Il remue les épaules pour chasser cette vision. Mais non, mais non, se morigène-t-il, pauvre idiot, tu le sais pourtant que Mademoiselle Alberte est morte de sa belle mort, dans un lit.

 

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Devenue existentialste

 

« La fleur tombe en livrant ses parfums au zéphyre.

À la vie, au soleil, ce sont là ses adieux. »

Que laisse le poète quand il ferme les yeux,

Au moment où son corps, exténué, expire?

 

Les parfums libérés, sans délai, s’évaporent,

L’éphémère beauté se consume en déchets,

Devient petits morceaux de tissus desséchés,

Que le vent et la pluie, à la terre incorporent.

 

Qu’advient-il des beautés gravés en des écrits,

Des émois exaltants, et des aveux d’une âme,

Révélant les bonheurs d’une vie et ses drames,

En mots harmonieux qui éveillent l’esprit?

 

Existentialiste, non pas par pur orgueil,

Mais pour donner un sens à ma brève existence,

À l’amour de la vie, que je conserve intense,

Je voudrais que ma mort n’entraîne pas de deuil.

 

Quand la voix d’un humain a cessé de vibrer,

Les vers qu’il a laissés triomphent du silence,

Son âme et son esprit sont tirés de l'absence,

Si son oeuvre n’a pas disparu enterrée.

 

20 juin 2011

 

 

 

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